Tout le monde connaît Manu Kant, l’un des trois piliers de la philosophie avec Descartes, Platon et Florent Pagny.
Je voudrais aujourd’hui rendre hommage à une philosophe dont la démarche est par trop méconnue: Claudie Kant.
Dès son plus jeune âge, Claudie Kant se passionnit pour le cricket, la cuisine et les prolégomènes. Elle aimait aussi beaucoup la musique sacrée et les animaux, et c’est tout naturellement qu’elle nomma son chat Grégory I.
Comme son illustre homonyme, elle aurait pu devenir philosophe. Mais la vie d’ascète ne l’intéressait que peu, car elle était avide à sept heures, mais le reste du temps aussi. Et que on a beau dire, on a beau faire, mais philosophe, ça nourrit pas son homme et a fortiori sa femme non plus.
Claudie rêvait d’élever à son paroxysme le noble art philosophique, elle voulait devenir plus célèbre que BHL et Frederic Beigbeder réunis, elle rêvait de Thierry Ardisson, de Michel Drucker et de cafetières Moulinex.
Elle voulait devenir la Pascal Obispo de la philosophie moderne.
Mais las, malgré un brillant ouvrage intitulé “Prolégomènes de la maïeutique substantifique dans l’exégèse de la moutarde de Dijon et inversément”, salué par l’ensemble de la profession, ce qui ne fait d’ailleurs pas grand monde, elle ne devenut jamais une star du petit écran. Tf1 lui proposa d’intervenir dans une émission spéciale de sans aucun doute. Elle devait expliquer pourquoi cette jeunesse en mal de répères, abrutie par les jeux vidéos, se laissait ainsi aller à la violence, puis montrer ses nichons. Chose que son intégrité lui ordonna de refuser, car le cachet n’était pas assez élevé.
France 3 lui proposa un petit rôle dans “j’utilise fréquemment le mot nonobstant et c’est mon choix”, mais elle fut coupée au montage, après plusieurs phrases de plus de 5 mots consécutives.
La seule émission télé à lui proposer une place de chroniqueuse fut une émission musicale sur la tsr, où elle devut répondre aux questions sms de jeunes adolescents en mal de questionnements existentiels. Elle décidit d’abandonner après qu’on lui déclarut “kikoo T tro bonne toua tu C”
Dès lors, elle s’adonna aux plaisirs faciles, drogue, stupre, calendriers de rugbymen, pâtes à la carbonara et trombone à coulisse.
Elle se mit à courir les bars, à sprinter les bistrots, à marcher les estaminets, à trotter les auberges, à galoper les tavernes (faut me dire si ça devient lourd, hein), à déambuler les gargottes. Mais du fond de sa déchéance, le violon dingue de la philosophie venait toujours jouer des trémolos lancinants dans les circonvolutions cérébrales de sa mémoire avinée.
(les plus observateurs d’entre vous noteront que cette phrase ne veut rien dire)
Et souvent, aux alentours de 3 heures du matin, par là autour, on la peut retrouver dans quelque établissement brumeux des faubourgs enfumés de la banlieue de Gänsbrunnen, le regard torve et le pas alambiqué, se lançant dans l’une ou l’autre de ses flamboyantes diatribes, qui sont à l’origine d’une part importante mais méconnue de la philosophie moderne.
Citons par exemple son plus célèbre monologue: “tu vois, moi, jveux dire, hein, la maïeutique….Marcel, encore une bière, steplait…j’en étais où? Non mais tu vois les jeunes aujourd’hui, ils s’en foutent quoi… mais d’mon temps hein…j’veux dire…fait soif dans ce pays bordel…elle vient ste bière Marcel…je disais quoi?? ah oui…tu sais, moi, j’aurais pu faire une carrière dans la politique, hein, mais tu vois, les gars, tous des pourris…jte dis, tous des pourris…huhu..je t’ai parlé du prolégomène de la maïeutique, déjà?”