Archive for March, 2006

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Friday, March 31st, 2006

En exclusivité, quelques révélations sur le prochain James Bond, avec Daniel Craig dans le rôle de Sean Connery, qui s’appellera Casino Royale, à ne pas confondre avec Casino Royale.

Ca raconte l’histoire de Gunther un type qui vient de l’Oberland, comme Ursula Andress, sauf que lui quand il sort de l’eau, il garde des schlappes en plastique. Un jour, il gagne des tas de sous à la loterie suisse à numéros et, comme il est en veine, il décide d’aller les jouer au casino.

James Bond, qui est devenu blond suite à un grave accident de teinturerie, doit l’empêcher de gagner la timbale. En effet, les services secrets suspectent Gunther d’appartenir à un terrible complot mondial visant à renverser le gouvernement américain pour imposer l’ordre mondial du schwiizerörgeli.


Seulement, James Bond a décidément une drôle de tête, maintenant, et personne ne veut le croire quand il prétend être le célèbre agent secret. Quand il explique aux gens que regardez, c’est bien moi, j’ai des tas de gadgets rigolos, les gens lui répondent que ça prouve rien, l’inspecteur Gadget et Beate Uhse aussi ont des tas de gadgets rigolos. James Bond déprime et décide de se reconvertir dans la vente de timbres.

Mais avant, arrivera-t-il à déjouer le terrible complot, à convaincre Gunther de ne pas porter de sandales sur ses chaussettes et, accessoirement, à convaincre le monde incrédule que royale, ça s’accorde avec pizza mais pas avec casino?


Pour contrer Gunther, James s’entraîne à la roulette, mais il n’est visiblement toujours pas complètement remis de la période où les méchants étaient russes


Un méchant poursuivi par superman. Cette scène sera finalement coupée au montage pour trompage de film


James essaie de convaincre qu’il est vraiment James en draguant deux James Bond girls à la fois, mais seule Emilie Boiron est dupe

(images allocine)

Baby sexy

Wednesday, March 29th, 2006

In Blog We Trust et Bon pour ton poil présentent la nouvelle émission qui va faire fureur:

à la recherche du nouveau patron

Le jury se compose de Jean-Maurice. Il aime à répéter qu’il connaît le monde du travail, qu’il a bossé avec les plus grands. Les téléspectateurs aiment ses répliques souvent cinglantes. Kevin était marchand de savon. Il est passionné par ce qui est propre et lisse. Ramuntcho s’en fout complètement de l’émission, il est juste là parce qu’on lui a dit qu’il y aurait des belles filles. Enfin Raymonde a longtemps bossé comme indépendante. Si elle a accepté de faire cette émission, c’est par passion, mais avant tout parce que c’est bien payé.

Dans une première phase, le jury choisit 15 candidats parmi les 25 000 qui se présentent au pré-casting


(Fofo, clique-ici)


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Le jury fait un premier tri parmi les candidats: ont-ils une véritable authenticité lorsqu’ils annoncent un licenciement? Leurs plans sociaux dégagent-ils une vraie émotion? Sont-ils originaux dans leur manière de rabâcher des banalités? Et surtout, est-ce qu’ils proposent une machine à café?


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Ensuite, les meilleurs candidats se retrouvent pour la terrible épreuve du théâtre. Ils n’ont que quelques heures pour préparer leur discours pour expliquer aux actionnaires pourquoi, malgré le recul de 132% du chiffre d’affaires, il faut continuer à leur faire confiance. Pour certains, c’est la panique.


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Certains se lancent dans d’audacieuses improvisations.


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Les sélectionnés sont bien contents (même si, sur certains forums, on prétend qu’ils seraient pistonnés).


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A partir de maintenant, le jury n’a plus son mot à dire. Ce sont les actionnaires qui votent, par sms. Qui sera le nouveau patron? Combien touchera-t-il d’indemintés de licenciement? Parviendra-t-il à déjouer les embûches des syndicats et à délocaliser tranquille en Chine? Et surtout, est-ce qu’il propose une machine à café?

l’écart ôte son kilt

Tuesday, March 28th, 2006

Depuis deux jours, l’expression qui amène le plus de gens ici en passant par un moteur de recherche avec mes sabots, c’est “les carottes sont cuites”.

Pourquoi cette soudaine recrudescence carottière? Il est possible qu’alors que le printemps tente péniblement de s’installer, un quelconque magazine féminin ait recommandé à ses sémillantes lectrices un merveilleux régime pour maigrir en perdant du poids et le rendre fou de désir sur la plage cet été (et en supplément spécial notre grand test “êtes-vous un ragondin”), uniquement à base de carottes vapeur, le célèbre régime de Vichy. Mais dans ce cas là, pour savoir si elles sont cuites, vous feriez mieux de lâcher votre pc et d’y planter un couteau, dans vos carottes.

Ou alors, les gens se passionnent subitement pour l’expression “les carottes sont cuites”, qui signifie que c’est la fin des haricots. Il y a probablement concours sous roche. Un magazine féminin demande d’où vient l’expression et il faut répondre et on gagne des super prix, par exemple son poids en carottes et ne manquez pas nos 102 pages spéciales comment maigrir en imitant le cri du ragondin et notre supplément spécial astrologie poitevine. Et comme j’ai le coeur sur la main et que j’aimerais bien le poser, merci, ça devient lourd, je vais les aider à résoudre leur concours, ne me remerciez pas, c’est tout naturel, mais bon si vous gagnez le voyage à Saint-Fulrad, pensez à me ramener un pot de moutarde à l’ancienne, merci.

Donc, bref, on s’égare, venons-en au fait, parce que sinon le texte va commencer à être long et que après, comment on fait pour aller à la pêche? L’expression les carottes sont cuites ne vient donc pas d’un obscur film d’art et d’essai croate avec un cheval, une grosse carotte et une casserole. Au contraire.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Le baron Jean-Maurice de Ploutargic a une entreprise florissante mais néanmoins française de transports en commun. Il possède de nombreux carosses qu’il achète en Helvétie voisine, parce que le vendeur lui offre un coucou gratuit pour 12 carosses achetés et il trouve que ça fait bien dans son salon.

Or, voilà qu’un jour, le bon Roy décide de quintupler l’impôt sur le carosse d’exportation, histoire de soutenir l’économie nationale (quelques jours plus tard, il partira, fâché, d’un congrès intitulé “soutenir l’économie nationale, c’est pas très cool, ou bien”, mais prétendra que son courroux est dû au fait que le marquis invité s’était à cette occasion exprimé en latin au lieu de causer français comme vous et moi, mais cela n’est qu’une péripétie de l’Histoire, décidément souvent péripétitienne).

Apprenant la nouvelle, Jean-Maurice sent que sa petite entreprise florissante va déflorer rapidement. “Par la malpeste, me voilà bien, bordel à cul!”, s’exclame le malheureux, “mes carosses sont suisses.” Au fil des siècles, l’histoire s’est perdue et l’expression est devenue “les carottes sont cuites”.

Certainement le plus grand post de sa génération

Friday, March 24th, 2006

Internet est un magnifique terrain d’échanges et de discussion. Mais, parfois, il arrive que les avis divergent, surtout quand on s’attaque à des sujets aussi pointus que Pierrick, le rockeur de la Nouvelle Star qui dégage une vraie authenticité, nous entraîne dans son univers et rappelle Kurt Cobain à ses fans et Mabrouk à ses détracteurs (c’est-à-dire la plupart des gens ne souffrant pas de surdité et l’ayant déjà entendu chanter).

Et quand les avis divergent, y a toujours un moment ou un jeune défenseur de la liberté d’exprimer le même avis que lui assène cette phrase que Maurice Diderot lui envie: “c’est facile de critiquer, mais je suis sûr que tu serais pas capable de faire pareil”.

Fort heureusement pour les critiques de cinéma, c’est n’importe quoi. Si il fallait être capable de faire pareil pour critiquer, la vie serait tout de même compliquée.

Déjà parce que si, comme moi, vous attirez l’orage à chaque fois que vous chantez sous la douche (mais après on m’a dit que cette eau qui tombait du ciel, en fait, sous la douche, c’est normal), ça vous oblige à dire du bien de tous ceux qui chantent juste. Même Florent Pagny. Même Patrick Fiori.

Et parce que tant que vous n’avez pas publié votre premier roman, à chaque fois qu’un de vos amis vient vous demander ce que vous avez pensé de tel ou tel bouquin, vous êtes obligé de lui répondre “houlala oui, c’était merveilleux, toutes ces pages, avec des tas de mots partout et même, incroyable, un chiffre en bas de la page”. Même s’il vous demande votre avis sur, par exemple, au hasard, Harry Potter.

Pas grand monde ne pourrait donner son opinion sur les jeux vidéos, parce que bon, pour en faire un soi-même, y a du boulot. Ce qui donnerait lieu à d’improbables conversation: “Ah les sims c’est vraiment génial, t’imagines, tu peux même leur acheter un canapé! Un canapé! Incroyable!”

Pareil pour les films, parce qu’avec un téléphone portable et Windows Movie Maker, même Brice de Nice, tu peux pas faire. Du coup, pareil, “j’ai vraiment adoré Titanic, c’était magnifique, plein de scènes et le bateau, il est vraiment super bien fait, mieux que la maquette que j’avais faite en sixième. Et en plus Céline Dion, quelle voix”

(Par contre, il serait tout à fait possible de critiquer le jeu d’acteur de Michael Youn et les talents de compositrice de la jeune Cindy, celle qu’est droit d’chez nous, qué?)

On ne pourrait même plus dire du mal du Matin, à moins de posséder des rotatives et un générateur de grilles de sudoku. Et, faute de savoir dessiner, on serait même obligé d’y admirer les aventures d’Hägar Dünor et de Nelson (mais pas de rire, hein, je pense que s’extasier sur le dessin suffirait)

Et les compétitions de patinage artistique seraient beaucoup moins drôles: Nelson Monfort serait obligé d’admirer tous les concurrents et s’exclamerait des trucs du genre “Quel magnifique patineur que ce Brian, incroyable” malgré les douze chutes de ce dernier, pendant que Candeloro admirerait sans retenue tous les candidats capables d’aligner deux phrases sans tomber.

Interlude

Wednesday, March 22nd, 2006

Tout le monde connaît les philosophes Aristote, Socrate et Platini. Mais moins connu est le terrible destin d’Esthomaque de Plouzargues, un philosophe totalement ignoré de son vivant avant de rester totalement ignoré après sa mort.

“Je n’ai qu’une philosophie”, disait ce grand homme, “toujours le poing levé”. Dès son plus jeune âge, il passait son temps le poing en l’air, ce qui lui valut l’antipathie* de ses camarades de classe qui le prenaient pour le chouchou de la maîtresse mais, comme ils ajoutaient en grec ancien, “on peut pas trop lui taper dessus parce qu’il a des lunettes”.

Mais les années passèrent et Esthomaque continua de se promener le poing en l’air. Il se fit très vite prendre en grippe (aviaire (et contre tous)) par les gens d’arme, qui le prenaient pour l’inventeur de la manifestation altermondialiste anti-on verra après quoi pour le moment on manifeste.

Finalement, Esthomaque mourut de faim à l’âge de 23 ans, faute de pouvoir entrer dans sa cuisine.

* Antipathie, n.f., de Antilles, un endroit où il fait plus chaud qu’à la Brévine et pa’tie, partie avec l’accent antillais – fait de pas trop aimer quelqu’un, par exemple par jalousie parce qu’il est parti refaire sa vie au soleil au lieu de se geler comme vous et moi.

Sarah Connor

Tuesday, March 21st, 2006

Au XXIe siècle, partout dans le monde, des millions de gens souffrent de voisins chiants. Les exemples sont légion. Même à l’étranger.

Lorsque on est soumis à un voisin chiant, inutile de déménager: ce serait courir le risque de tomber de Charybde en Priscilla. Ils sont bien organisés. Ils peuvent prendre de nombreuses formes. Ils sont rusés.

Leur forme préférée est celle du voisin chiant bruyant, celui qui est persuadé que tout l’immeuble a super envie de partager ses joies, ses peines, sa techno balkanique, ses ébats passionés et ses trous dans le mur.

Mais attention, le voisin chiant peut également surgir sous la forme du voisin maniaque, qui n’aura pour sujet de conversation que le chien des Schmidt qui n’est pas très propre et les enfants des Rodriguez qui ont de nouveau tout dégueulassé dans l’entrée ; et qui, à la première occasion, ira vous dénoncer en haut lieu parce que vous avez dépassé de 13 secondes votre temps de lessive.

Il peut aussi se matérialiser en voisin chiant paranoïaque, qui vous épie derrière son judas, qui est persuadé que vous faites exprès de rentrer de soirée à trois heures du matin pour l’empêcher de dormir, que vous avez fabriqué un appareil qui dérègle son frigo et que vous passez votre temps à vous moquer de lui (mais ça, c’est vrai).

Mais sa forme préférée, de loin la plus dangereuse, c’est celle du voisin chiant sympa. Il commencera par vous donner un peu de sel pour votre gâteau banane-rutabaga, vous prêtera sa tondeuse, sa machine à friser les canapés et son teckel, puis vous invitera à la barmitzva de sa grand-mère. A ce moment-là, vous n’oserez plus sortir de chez vous, de peur de devoir soutenir une conversation sur la grippe aviaire des bovins, la nouvelle coiffure de Darius Rochebin, la dysenterie du petit dernier et la faim dans le monde.

Certains scientifiques bien informés estiment que les voisins sont des agents doubles, qui pourrissent la vie des gens pour les besoins d’un complot visant à nier l’existence d’extra-terrestres. (D’autres scientifiques pensent qu’en fait, ils font ça par pure malice, et la plupart des scientifiques s’en foutent et préfèrent aller jouer au golf)

Rendez-vous dans dix ans

Friday, March 17th, 2006

Avec toutes ces histoires de CPE, non seulement on ne parle plus de tout de grippe bavière et de batchikumba, mais en plus certains événements de l’actualité ne reçoivent pas l’attention qu’ils mériteraient.

L’un des plus grands chanteurs de tout le cinéma français sort un nouvel album, “Des souvenirs devant”. L’album de la maturité, n’hésitent pas à dire certains.

Alors à propos de souvenirs, rappelons-nous de cette époque où Patrick triomphait, faisait hurler les treizenaires comme aucun M Pokora ne les a plus fait hurler depuis, mais c’est pas les mêmes alors si ça se trouve les jeunes d’aujourd’hui ont des capacités de hurlage moins élevée, à cause de la couche d’ozone, mais quand même. Et rendons hommage à ce monument de la chanson française, à cette oeuvre qui mériterait d’être élevée au panthéon de la chanson engagée, non loin de “Ma Liberté de Penser” et de “Big Bisous”, à ce morceau qui, à lui seul, aurait justifié la création de la rubrique jukebox de ce blog. (et j’ai trouvé les paroles ici, ce qui me permet de rendre également hommage à un jeune chanteur atexte qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait au moins autant que Jean-Pierre François)

Alors regarde
Paroles et musique: Patrick Bruel

Le sommeil veut pas d’ moi, tu rêves depuis longtemps.
Sur la télé la neige a envahi l’écran.

C’est vrai qu’en cas d’insomnie, rien ne vaut une bonne compétition de biathlon pour retrouver le sommeil.

J’ai vu des hommes qui courent, une terre qui recule,
Des appels au secours, des enfants qu’on bouscule.

Par contre, avant le ski, y a eu un reportage sur le Paris-Dakar, ils ont expliqué que en fait, dans la course, y a des tas de gens qui luttent contre l’avancée du désert alors quand même, c’est pas bien grave si on écrase un ou deux gamins de temps en temps, de toutes façons ils seraient morts quand même et en plus ils sont noirs. Mais avant de se faire écraser, les gamins, ils crient quand même au secours, alors Patrick, qui est un chic type, ça le travaille.

Tu dis

C’est un chic type, mais sa meuf parle en dormant, ou alors il l’a réveillée et ça, c’est pas très sympa.

qu’ c’est pas mon rôle de parler de tout ça,

En effet, c’est le boulot de Gérard Holtz.

Qu’avant d’ prendre la parole il faut aller là-bas.

Ca, par contre, c’est n’importe quoi. Si les gens ne parlaient que de ce qu’ils connaissent, que deviendraient les blogueurs?

Tu dis qu’ c’est trop facile, tu dis qu’ ça sert à rien,

En même temps, Patrick, si tu la réveilles au beau milieu de la nuit pour lui parler du Paris-Dakar, estime-toi heureux qu’elle te dise que c’est trop facile qu’ça sert à rien, elle pourrait être beaucoup plus grossière.

Mais c’t encore plus facile de ne parler de rien.

Ca, par contre, je suis pas tout à fait d’accord. Ne parler de rien, ça va un moment, surtout au milieu de la nuit, mais y a un moment où ça devient difficile. Genre par exemple, le moment où faut aller faire les courses et là vous vous demandez si il restait du beurre, ou pas?

Alors regarde, regarde un peu…
Je vais pas me taire parce que t’as mal aux yeux.

Voilà. Je pense que cette phrase est la plus merveilleuse de la chanson française. Il aurait pu dire “Il n’y a pire manchot que celui qui ne veut pas courir” ou “Pas de bras, pas de genoux”, mais non, le grand Patrick a eu cet éclair de génie dont tous les poètes, de Maurice Rimbaud à Mam’Zelle Ti Keur auraient rêvé.

Alors regarde, regarde un peu…
Tu verras tout c’ qu’on peut faire si on est deux.

Mais là, tout de suite, l’élan poétique retombe comme un soufflé trop mur fauché par un chasseur tragique. En fait, s’il l’a réveillée au milieu de la nuit, c’est parce qu’il s’est dit, en bon poète, que quand on arrive pas à dormir, autant tirer son coup, ça passe le temps. Mais comme ça le gêne quand même un peu de balancer ça en se brûlant le pourpoint, question d’éducation tout ça, il commence par l’engueuler parce qu’elle s’en fout du Paris-Dakar.

Perdue dans tes nuances, la conscience au repos,
Pendant qu’ le monde avance, tu trouves pas bien tes mots.

Et comme, pour une raison qui nous échappe, elle préfère balbutier et borborygmer plutôt que de revisiter le kamasutra, il remet la compresse.

T’ hésites entre tout dire et un drôle de silence.

Et c’est peut-être mieux, hein, si elle disait tout elle risquerait de dire des choses que vous regretteriez, tout ça.

T’as du mal à partir, alors tu joues l’innocence.

Patrick, lui, il trouverait super logique qu’à deux heures du matin, elle fasse ses valises et parte sur place voir si elle peut aider. Elle, bon, le seul truc qu’elle trouve à dire pour se défendre c’est que c’est pas elle qui conduisait ce putain de camion et que si Luc Alphand gagne, est-ce qu’il pourrait nous ramener une plaque de beurre?, c’est pas très malin, soit.

Alors regarde, regarde un peu…
Je vais pas me taire parce que t’as mal aux yeux.

Je vais pas te faire un enfant dans l’dos parce que t’as mal au coeur, ça aurait été sympa aussi.

Alors regarde, regarde un peu…
Tu verras tout c’ qu’on peut faire si on est deux.

Ensuite, il retente encore sa chance, il est tenace et il a du mal à comprendre qu’on lui résiste alors qu’un classement Sofres-tf1 l’a classé parmi les 50 personnalités françaises les plus sexy, juste devant Jean Reno et l’abbé Pierre.

Dans ma tête une musique vient plaquer ses images,
Sur des rythmes d’Afrique mais j’ vois pas l’ paysage
Encore des hommes qui courent, une terre qui recule;
Des appels au secours des enfants qu’on bouscule

Et alors là, Patrick, il se dit bon, vu que de toutes façons je peux pas dormir, je vais écrire une chanson et y aura un super clip avec des enfants qu’on bouscule dans tous les coins et ensuite j’irai à tf1 dire que la faim dans le monde c’est mal et que je le dis dans mon album de la maturité, ça va être bien.

Alors regarde, regarde un peu…
Je vais pas me taire parce que t’as mal aux yeux.
Alors regarde, regarde un peu…
Tu verras tout c’ qu’on peut faire si on est deux.

Et ensuite, il dit à sa meuf: voilà, j’ai composé une super chanson pour dire que l’injustice c’est pas juste et que toi t’es trop nulle de même pas vouloir que l’injustice elle disparaisse, alors maintenant, on baise?

trois couleurs, fuchsia

Thursday, March 16th, 2006

Finalement, quand on y réfléchit bien, entre le débat électoral de lundi soir et la nouvelle star de hier soir, y a pas tant de différences que ça.

C’est le même instinct carnassier qui nous pousse à regarder cette pauvre Anne-Lise se noyer toute seule et cette malheureuse Cindy, celle qu’a un accent droit d’chez nous, qué?, se vautrer lamentablement – avec les mêmes conséquences: Anne-Lise va quand même être élue à cause d’histoires de géométrie, Cindy ira quand même en finale parce que M6 a besoin d’un suisse par émission de téléréalité, les téléspectateurs finiront par quand même se demander si c’est bien la peine, tout ça.

Et finalement, y a pas beaucoup de différences entre le journaliste qui mène le débat électoral, qui est persuadé de tout connaître mais qui raconte n’importe quoi, qui planque son incompétence derrière de l’agressivité, que ça gène pas d’interrompre les gens d’un air supérieur, et Manu Katché.

Et finalement, ça finit toujours par être énervant, parce que le seul candidat qui a quelque chose à dire et qui le chante juste, il disparaît comme par magie de l’écran, histoire de laisser sa place au populiste qui fait du r’n’b et de l’audimat. Et finalement, on se dit, pourquoi s’énerver devant sa télé alors qu’on pourrait s’énerver en lisant des blogs?

Alors du coup, faudrait peut-être pousser le concept un peu plus loin, Maurice, et imposer aux candidats aux élections de passer devant un jury.

Le jury seraient 4, dont un noir et une femme à cause des quotas et un vendeur de savon. Ils auraient un peu trempé dans la politique mais pas trop – assez pour pouvoir répéter qu’ils s’y connaissent sans que ça se voie trop, mais assez peu pour être obligé de raconter n’importe quoi à la télé pour gagner leur soupe. Y en aurait un, il répéterait inlassablement “Moi, je connais la politique, j’ai accompagné les plus grands” ; on pourrait prendre Baltique, par exemple, ou alors un type qui a fait des podcasts, ou alors Nicolas Sarkozy, qui accompagne très souvent des plus grands (en plus, ça éviterait qu’il candidate).

Les candidats passeraient devant eux les uns après les autres. On leur dirait “Arlette, c’est pas mal ce que tu fais, mais c’est un peu vieillot, quoi, ça me parle pas, y a pas de vibes tu comprends? Faut que tu travailles, représente-toi dans cinq ans” ou alors “Galouzeau, franchement, je suis pas trop fan de ce style là, quoi, mais pourtant tu balances vraiment un univers, t’es vraiment habité, pour moi c’est un immense oui”, de temps en temps on se foutrait un peu de leur gueule, “Olivier, on t’a déjà dit que t’étais fait pour la politique? Non? C’est normal”, histoire de passer au zapping le lendemain et d’avoir des trucs à mettre dans le grand bétisier qui sera sur le dvd, (et dans la version suisse, y aurait une petite différence, faudrait récolter quatre non pour passer au tour suivant).

Ensuite le public voterait par sms “houlala c’est très serré entre Nicolas et Ségolène, votez, houlala”. Et, à la fin, le vainqueur sortirait un conseil des ministres bâclé et le public se rendrait compte qu’il s’est un peu fait rouler juste au moment où commencerait “Président academy” sur la chaîne concurrente.

les onglets débarquent

Monday, March 13th, 2006

Ces derniers temps, on a pas mal parlé navigateurs dans les commentaires. Comme ce sujet passionne visiblement, je ne pouvais le passer sous silence.

Nous sommes l’avant-dernier mardi du Moyen-Âge. Le jeune Christophe Colomb rêve d’une carrière sur les planches. Il a developpé un tour de magie qui, pense-t-il, le rendra célèbre: il arrive à faire tenir un oeuf dur en équilibre sur une table. A chaque fois qu’il est invité quelque part, il fait le coup de l’oeuf. Forcément, ses amis trouvent ça un peu lourd et finissent par le lui dire. (Ils lui disent, dans le texte, “Colomb tu fais chier”, mais ce n’est pas mon genre d’humour)

Christophe décide alors de bouder dans son coin. Or, à cette époque, la terre est aussi plate qu’un film de Michael Youn. Passionné de navigation, il décide d’y aller en bateau.

Au bout de pas mal de jours de navigation, Christophe Colomb arrive à Cuba. Mais comme il ne croise pas Fidel Castro, il est persuadé d’avoir découvert l’Inde. A peu près aussi imaginatif qu’un supporter de foot moyen, il baptise tout ce qu’il croise: les habitants sont des Indiens, les animaux des cochons d’Inde, les oiseaux des dindes, la musique du indie rock, les villes Indianapolis ou San Salvador.

Quand il revient en Europe, il ne rencontre qu’un intérêt poli, vu que l’Inde a déjà été découvert quelques milénaires auparavant, à l’occasion de la coupe du monde de cricket. Mais jusqu’à sa mort, Christophe Colomb n’en démordra pas. Il sera juste un peu surpris de, je cite, “pas trouver un seul resto qui fasse un curry convenable”.

Mais le voyage de Colomb lancera une mode, celle des grands navigateurs. Tous veulent découvrir un coin de terre, histoire de pouvoir eux aussi donner des nouveaux noms. Des siècles avant le facétieux Bertrand Picard, c’est Magellan qui aura l’idée de faire le premier tour du monde. Malheureusement, il n’arrivera jamais au bout de son voyage. Des siècles avant l’invention des surgelés Picard, il mourra aux Philippines, d’une maladie liée à la malnutrition contractée alors qu’il traversait l’actuelle Indonésie.

Sur sa tombe on écrivit: “Désolé, ce navigateur ne supporte pas Java. Cliquez sur ok pour redémarrer.”

parfois

Friday, March 10th, 2006

“Excusez-moi, monsieur, vous avez une petite minute?”

Là, faut jamais leur répondre. Jamais. Même pas ahlala que nenni, je suis pressé, j’ai un opossum en double file, parce que tu leur ouvres la brèche qui leur permet de s’engouffrer dans le couloir de bus.

Avant, c’était moins difficile de s’en débarasser. Ca demandait un peu de courage et d’entraînement, mais c’était faisable. Ils te récitaient leur poème et là tu leur disais, coche la case qui ne convient pas, que hélas, tu avais signé un contrat de 32 ans avec ton opérateur téléphonique, que hélas, tu étais réticent à la lecture, que hélas, tu aurais bien pris leurs magnifiques cartes postales en rotin suédois mais que tu détestais aider les étudiants, car ils feraient mieux de faire un vrai travail, comme par exemple vendre des cartes postales dans la rue, au lieu d’embêter les braves gens, mon bon monsieur, où va le monde. Bon bien sûr, avant de réussir à les faire fuir, il fallait s’entraîner un peu, et tu te retrouvais bien souvent avec une quinzaine de séléction formidable du mois et de nouvel opérateur bon marché pas cher en train de s’empoussiérer au fond de l’armoire avant de maîtriser le coup.

Ils ont dû sentir qu’on commençait à les voir venir. Alors ils ont changé de tactique et leur fusil d’épaule. Maintenant, quand ils t’abordent dans la rue, c’est pour te refiler des bonnes actions.

“Monsieur, vous savez que de nos jours il y a des petits enfants aveugles qui meurent de faim sans même savoir si la candidate du Lubéron elle a ouvert la boîte avec les 500 000 euros dedans?”

Et là, c’est le drame. Parce que bien sûr, tu te sens obligé de répondre que ohla, mais non, mais c’est dramatique, mais que peut-on faire franchement, de nos jours, si c’est pas malheureux, mourir de faim alors que les Américains viennent d’inventer un nouveau truc, là, ils en ont parlé à la télé, vous vous rendez compte, la télé?

Et là, il est déjà trop tard. Parce que, malgré leur ton monocorde de présentateur de télé-achat dépressif, ils ont déjà réussi à t’expliquer tout ce qu’ils allaient faire de merveilleux avec ton don et vous n’êtes pas obligé de donner beaucoup, monsieur, vous donnez ce que vous voulez, dix mille balles par mois, monsieur, c’est pas un problème, vous avez l’air généreux monsieur, généreux et sympathique ahahaha, alors, combien vous donnez, je vais vous montrer quelques photos d’enfants aveugles en train de pleurer la disparition de Groucho, leur labrador, pendant que vous réfléchissez, ah oui je sais, les temps sont durs, monsieur, moi même hier j’ai dû renoncer à donner du caviar à mon poisson rouge, il le digère mal, le mieux ce serait que vous signez ici et comme ça vous nous autorisez à retirer 4223 francs 50 sur votre compte immédiatement et le reste dans trois jours et si vous nous donnez en sus votre numéro de téléphone, nos agents vous appelleront chaque année un peu avant Noël pour vous dire qu’on fait une merveilleuse action spéciale, merci monsieur, vous êtes bien bon.