Il arrive parfois que de jeunes blogueurs insouciants installent un truc à stats. Ils ne savent pas, les malheureux, (musique dramatique) qu’ils viennent de mettre le doigt dans un engrenage infernal.
Parce que, à l’instar de la télé-réalité, du chocolat chaud et des écharpes vertes, le truc à stats rend accro très vite. Au début, le compteur de visite du jeune blogueur reste encore modeste, il connaît tous ses visiteurs par leur ip, il se dit “tiens, je me demande ce que devient ce bon vieux 12.24.452.33.quine à 33 dans la salle.fbx.proxad.net, ça fait un moment qu’il n’est plus revenu”. Il regarde aussi, amusé, ses mots-clés en se disant qu’il va pouvoir faire un psot rigolo avec “la boisson nous a couté le labrador” et “cochons d’inde déguisés”. Il rêve voyage et évasion en découvrant qu’il a des lecteurs au Belize et à Singapour (tout en supposant qu’il s’agit là de pauvres égarés, mais si ils sont venus exprès, je veux bien des cartes postales).
Mais très vite, le jeune blogueur devient un vieux blogueur totalement accro à ses statistiques. Le matin, entre la clope et le café, il lui faut consulter. S’il n’a eu que 32 visites au lieu des 33 habituelles, il entre dans une phase profonde de remise en question, part s’installer dans un ashram…une ashram?…bon ok, part s’installer dans une grotte et se met à la méditation transcendentale. Par contre, si la courbe s’inverse dans le sens inverse, là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté, strass, paillettes et flonflons.
Et devenu accro aux stats, il se met à consulter frénétiquement la liste de ses referrers (les sites d’où sont venus les gens qui sont viendus chez lui, pour les non-jargonistes). Pas par vanité, tu penses bien, mais parce qu’il se dit que les gens qui le linkent partagent peut-être ses passions pour les loutres, les tractopelles et la pâche au vairon. Mais aussi un peu par vanité, avouons-le.
Et donc, dans le monde cruel et impétueux dans lequel nous vivons aujourd’hui (musique dramatique), il est de vils marauds pour profiter lâchement des faiblesses des moins forts d’entre nous. Il est des sites, fourbes et malicieux, qui font semblant d’être des referrers pour que le jeune accro aux stats innocent les prenne pour de nouveaux amis avec qui aller jouer. En général, il s’agit de sites frivoles, aux moeurs légères et aux demoiselles dénudées. Mais il arrive parfois que d’autres profitent sournoisement de la naïveté du blogueur statisticodépendant, sans pour autant vendre de la fesse.
Quelqu’un peut m’expliquer ce que messieurs Dean, Sharpton et Kerry, des gens probablement respectables bien que politiciens américains, peuvent bien foutre (mais habillés, heureusement) dans mes stats?