M6 est très web 2.0
Prenez la blogosphère: les blogs les plus populaires parlent de blogs, et les posts les plus populaires des blogs qui se hasardent à parler d’autre chose sont ceux qui parlent de blogs. Il paraît même que le premier concours du meilleur blog officiel de concours de blogs qui parlent de blogs est prévu pour bientôt (il aura un blog associé).
Et bien c’est pareil sur M6. Cette année, le single de la Nouvelle Star, composé par la bien nommée Marie-Jo Zarb (c’est vrai, ça lui va bien comme nom Marie-Jo) et qui existe en trois versions dans l’Internet, gnan-gnan, absurde ou hongrois ancien, s’intitule « J’irai chanter ». Et parle de chanter. Un peu comme si y avait des émissions de télé qui parlent de télé.
La Nouvelle Star, pour ceux qui connaissent pas, c’est un grand karaoké filmé et, chaque semaine, on peut voter pour savoir à qui on permet de enfin rentrer chez lui. La semaine dernière, par exemple, c’était Bruno, un jeune homme au fier regard de basset artoisien, dont l’univers musical est situé à mi-chemin entre Prince et Vincent mc Doom.
Il pourra désormais panser ses plaies et penser à sa reconversion en regardant son ex (parce que non, ils ne sont plus ensemble, nous apprend la presse spécialisée, elle l’a quitté le soir où il a chanté Goodbye my lover, ce qui veut dire que quelqu’un a eu le courage de l’écouter ce soir là), la sémillante Cindy, une jeune fille dont l’univers musical se situe à mi-chemin entre Nadiyah et Cuche et Barbezat. Parce que la Nouvelle Star, c’est aussi la grande et belle aventure de la vie, des couples se font, se défont et, parfois, des gens chantent.
Les candidats sont choisis par un jury qui fait semblant de les écouter, puis qui choisit un belge, un suisse, un corse et un beau gosse, non sans rappeler que cette année, le casting est vachement bien (alors que l’an dernier, y avait que des tocards). Le jury, composé de gens qui ont fait un peu de musique dans leur vie mais qui, maintenant, préfèrent gagner leur vie et de Dove Attia, est payé pour dire des tas de trucs qui ne veulent rien dire, comme « tu dégages une véritable authenticité » et pour faire des comparaisons douteuses comme « Pierrick, t’as un vértiable univers, quoi, tu sais, t’es le plus grand des rockeurs français » (Pierrick étant un jeune candidat de la saison dernière, dont l’univers musical se situait entre Laurel et Hardy), voire même « Dominique, tu me rappelles Mahalia Jackson » (Dominique étant une jeune candidate dont l’univers musical se situe entre la sirène des pompiers et Aretha Toutsuite de gueuler comme ça sinon j’appelle les pompiers), une plaisanterie qu’ils avaient déjà faite l’an dernier à Myriam a’Bêle (une jeune ex-gagnante dont l’univers musical se situe entre Lara Fabian et Lara Fabian). Le jury pousse aussi un coup de gueule par émission. Y a même une fois où ils ont compris pourquoi.
Chaque semaine, le public vote pour désigner qui, selon lui, est le meilleur chanteur puis les candidats chantent. En général, un truc de Balavoine. Pendant ce temps, un sympathique animateur rappelle qu’il faut voter dans un style très proche du vendeur de poissons dans le port d’Amsterdam. A la fin, un type débarque avec une enveloppe et fait semblant qu’il y a du suspense alors que tout le monde sait très bien que Christophe va perdre en finale mais que c’est pas grave, comme ça il pourra prendre le temps de faire l’album dont il a réellement envie, comme Julien Laurence et Roland Karl avant lui.
Ensuite, le jury signe pour une saison supplémentaire, mais cette fois c’est la dernière, les vainqueurs partent animer des supermarchés, les perdants aussi, sauf Amel Bent qui a fait une immense carrière (un tube) et les téléspectateurs se demandent un peu pourquoi ils ont suivi toute la saison alors que de toutes façons, je suis sûr que c’est tout du truqué et moi je finis mon post sans dire de mal de Steeve Estatoff (un jeune homme dont l’univers musical est à mi-chemin entre Kurt Cobain et Maurice Gruchon, le chanteur de LeTaL DeAtH, un groupe de metal très bien qui avait fait la première partie de Sad Agony à la fête du lycée y a trois ans).