funiculi funicula

La brume cotonneuse nimbe la ville d’une dépressive aura automnale, mais un je-ne-sais-quoi de printanier embaume l’air, d’ailleurs y a des fleurs alors c’est bien la preuve. Un jeune homme, bien plus printanier que cotonneux, si tu veux mon avis, quitte son bureau à midi précises, car la scène se passe en Suisse et qu’on ne rigole pas avec ces choses-là. Il opte plutôt pour le libanais. Las, il trouve porte close. Mais il n’est pas homme à se laisser abattre et trouve une solution de repli, une sandwicherie américaine spécialisée dans le pain mou et le fromage aléatoire.
L’ambiance est vaguement orange et capillairement tecktonisée. La queue avance comme seules les queues savent le faire. Soudain, le moment qu’il attendait depuis de longues minutes arrive enfin. C’est à lui de parler. Heureusement, il s’était préparé bien à l’avance.

– Je vais prendre le menu salade.

Manger de la salade en ces lieux, c’est follement subversif, se dit-il. Et pourtant, la dame de la caisse ne se laisse pas impressionner.

– Sauce italienne ou française ?*

Et là, c’est le drame. Italienne ou française ? Comment choisir ? L’arôme délicat et envoûtant du vinaigre balsamique, son mariage subtil à l’huile d’olives pressées avec amour sur une gondole ? Des siècles de tradition culinaire se mêlant subtilement à l’envahissant modernité du lieu ? Il hésite. Comment trancher entre deux arts de vivre à la fois si proches et si éloignés. L’Italie c’est Rome, le soleil, les filles belles comme le soleil qui se lève sur la Toscane évanescente, les opéras de Verdi, les soirées pizza, le far niente. La France, c’est Melun, le cinéma français, la belote, les apéros de Verdi (c’est un bar pas mal)(ils font des apéros), le far breton. Si j’opte pour la française et que je digère mal, se dit-il, je pourrai toujours accuser le Cheeseburger, probablement suédois, les conditions de jeu déplorables, mais si je prends l’italienne, y aura peut-être un cadeau dedans, je me rappelle quand j’avais été en Italie, j’avais eu un cadeau dans mon croissant mou à la confiture, je l’avais donné à un enfant aveugle.

– Monsieur ? Il y a des gens qui attendent !

Derrière lui, la file s’allonge. Il sent la sueur perler à son front.

– On a faim, gronde la foule.

– Comment osez-vous vous plaindre, alors que des milliards d’enfants tibétains meurent chaque jour au Darfour ?

– Des milliards ?

– Oui bon, mais vous savez ce que c’est, avec Darfour, je positive**.

Il abandonne la foule à ses lazzis et se retourne vers la caissière fulminante.

– Je peux pas avoir un peu des deux ? Genre française mais avec des origines italiennes ? Ca doit être pas mal, ça, non ?

– Monsieur…

– On ne vous a jamais dit que vous étiez très fulminante ?

– Il faut vous décider ou j’appelle la police.

– Bon ben… française, déjà qu’ils ont perdu la coupe du monde sur un coup de tête.

– Frites ou potatoes ?

* Oui, faut être suisse pour comprendre.
** Je sais, mais je me dis que c’est peut-être plus clair la deuxième fois.

j’ai mangé des chipolatas avec de la salade, ça va pas du tout ensemble*

A la Préhistoire, la terre était encore peu peuplée, ce qui n’avait que peu d’influence sur le métro aux heures de pointes. Cela avait en revanche une influence directe sur les relations entre les peuples puisqu’il est beaucoup plus facile de ne pas détester ses voisins quand on ignore totalement leur existence.

Mais, parfois, il arrivait que deux tribus convoitent le même mammouth. Comme l’Homme, bien qu’encore peu civilisé, présentait déjà certaines amusantes caractéristiques qu’il a su conserver jusqu’à aujourd’hui, ça finissait parfois en méchoui mais bien généralement en baston. Puis on jetait la moitié du mammouth, parce que c’est quand même gros et moins bon réchauffé.

Le grand chef UhHgRuhr, sage ou parano, c’est selon, aimait à être informé des agissements des autres cavernes: ont-ils découvert le feu, où en sont-ils politiquement et, surtout, les rumeurs selon lesquelles UhGruuuuuuuuuuuuuhr et Ughraha auraient une aventure sont-elles fondées ? Il décida donc d’affecter quelques jeunes gens à son service d’information. Ils suivaient une école où ils apprenaient les ficelles du métier genre peut-on mener une interview à coups de massue, entraînaient leur mémoire parce que c’est pas évident de te rappeler de tous les détails quand, sur le chemin du retour, tu es tracé par un tigre à dents de sabres ou un panda laineux et, si il restait encore un peu de temps, intégraient quelques notions de déontologie.

La nouvelle profession était très convoitée. Nombre de jeunes gens rêvaient de la pratiquer. Pourtant, plus les années passaient, plus les vieux gens qui la pratiquaient trouvaient que, vraiment, c’était plus comme avant. Ils ne recommençaient à trouver noble leur profession qu’au moment où quelqu’un prétendait que « non mais n’importe qui peut le faire, suffit juste de courir vite ».

Il faut dire qu’en cette période d’inculture, on avait tendance à confondre messager et message. Et que, quand les nouvelles étaient mauvaises, le chef UhHgRuhr devenait de mauvaise humeur donc, pour éviter, on s’arrangeait pour les arranger. Il faut dire aussi que les envoyés spéciaux avaient tendance à revenir le plus vite possible. Premièrement parce que l’information n’attend pas, deuxièmement parce que plus les années passaient, plus la perspective d’une bonne tranche de mammouth ravigote à leur retour au bercail leur semblait plus importante que celle de servir l’information. Du coup, ils s’arrangeaient pour rentrer avant les concurrents, pour avoir les meilleurs morceaux, je sais pas si t’as déjà goûté la rate de mammouth mais c’est moyen. Et que finalement, si ils donnaient une information fausse, genre UhhGRrRugr de la tribu troisième caverne à gauche et après c’est tout droit est décédé hier des suites d’une courte maladie rigolote, le temps qu’ils rentrent, statistiquement, ça pouvait très bien être devenu vrai. Et finalement, parce que leur métier n’était pas toujours reconnu à sa juste valeur à l’étranger et qu’on a beau dire, entre servir l’information et servir de cible à des fous furieux armés de javelot, détaler est souvent le choix le plus sage. L’enquête de fond était donc souvent délaissée au profit de la course de fond.

Puis l’on inventa, tour à tour mais pas coup sur coup, l’écriture, l’apéritif, l’imprimerie, l’attachée de presse et, aujourd’hui, cette noble profession a bien changé.

*oui va falloir que j’arrête de demander des titres aux gens de msn

Difficile de battre un champion

Vous le savez peut-être, les Chinois, ces êtres frustes qui mangent des bébés tous les matins car ils n’ont pas le bonheur d’être, comme nous, des démocrates, entendent organiser les Jeux Olympiques. J’en entends déjà parmi vous qui s’insurgent: quoi, les Jeux Olympiques ? à des barbares ? quel scandale ! je m’en vais les boycotter. Partout dans le monde, des protestations s’élèvent.

Mais les Chinois, avilis par des siècles de propagande maoïste, ne comprennent pas que c’est pour leur bien, le barbare est parfois long à la détente. Ils ont donc décidé de se venger mesquinement et de s’attaquer à un emblème de notre belle démocratie, de porter un coup brutal aux valeurs éternelles de la France, pays des droits de l’Homme, et de boycotter les produits Carrefour. Alors que tout le monde sait pourtant qu’avec Carrefour, je positive.

Une action violente qui a suscité l’émoi aux quatre coins de la planète, sauf en bas à gauche, où c’est aussi plein de barbares. Je suggère donc d’organiser un grand concert de soutien, avec des tas de guitares et peut-être même de l’oud.

Conception graphique: KaLy, jeu de mot: KaLy, un lundi matin

Je t’échange Behrami contre Cissé et Bayrou

Dans les médias suisses, pour une raison qui m’échappe, on essaie de nous faire croire que le monde, en attendant les championnats d’Europe de foot, ne vit plus que pour une seule chose, terminer son album Panini.

Du coup, j’ai décidé… Non ben non, pas de collectionner les Panini, sois sérieux 5 minutes. J’ai décidé d’arrêter de ressembler à une vignette de l’album Argentina 78 et je me suis donc rendu dans un salon de coiffure.

Où on ne m’a pas tendu d’album Panini mais un catalogue de coiffure. Ca ressemble beaucoup, sauf que les gens sont déjà collés et que y a pas les écussons des pays.

Dans les salons bas de gamme, on te demande « Je vous les coupe comment? », tu réponds « euuuh…courts? » et ça suffit. Dans les salons classe, on te file un catalogue. C’est plein de beaux gosses (je crois, sinon ils feraient pas mannequins mais palefreniers, comme vous et moi) avec des tas de coupes de cheveux mode, tu as l’impression que des danseurs de tecktonik se sont rendus à un concert d’un groupe pop anglais, je sais plus lequel, je les confonds tous, mais un de leurs morceaux a été repris pour une pub, avec quelques racailles qui sont restées de l’an dernier. Tu optes plutôt pour le britpoppeux (non, pas Pete Doherty, je te dis que j’ai été chez le coiffeur, pas chez l’équarrisseur).

Tu te dis quand même qu’ils ont tous l’air un peu tarte, dans ce catalogue et ça te fait plaisir, les beaux gosses à l’air tarte sont quand même vachement rassurants, tu te dis que y a une justice quelque part. Alors que les beaux gosses type sympa, intelligents que malgré tous tes efforts tu n’arrives pas vraiment à détester, en plus en général, ils savent jouer de la guitare, te feraient douter de l’existence de dieu si tu n’étais déjà rosilicorniste convaincu.
Par contre, tu te demandes si toi aussi, tu vas finir avec l’air crétin, si c’est le prix à payer pour avoir l’air fashion. Tu te souviens vaguement d’un passage à London où, effectivement, dans le magasin hype et trendy où tu t’es réfugié pendant une des 247 averses de la journée, les vendeurs avaient l’air très très tarte, mais comme c’est des anglais on dit pie alors ça va, et tu te surprends une fois de plus à attendre avec impatience le retour du grunge. Tu te dis que la mode, c’est quand même la meilleure preuve de l’absurdité de la vie, tous ces gens qui tiennent à avoir l’air tarte en même temps.

Puis au bout d’une demi-heure de coups de ciseaux et de rasoir, de discussions laborieuses sur la météo et la géographie, et 13 tonnes et demi de cheveux au sol, on te tend un miroir et là tu te rends compte que tu as vachement la même gueule que la dernière fois, quand tu avais juste demandé court, alors franchement, est-ce bien la peine d’infliger des catalogues Panini à tout le monde ?

L’héritage déplorable de 12068 av. J.-C.

Les hommes préhistoriques vivaient souvent dans de luxueuses cavernes tout confort, foyer agencé, vue sur la mer, WC et douche séparés. Puis, un jour, ils décidèrent, plein d’usage et raison, qu’il était grand temps de se caser, d’arrêter un peu avec le nomadisme, que cette vie de patachou n’était plus de leur âge de pierre.

Mais tu imagines bien que ça ne s’est pas fait comme ça.

Tellement d’années avant Jésus-Christ que les gens pensaient que c’était un footballeur, Jésus Christ, l’Homme commença à domestiquer vaguement deux-trois bestiaux, tels le poney sauvage des steppes et l’huitre bigarrée, histoire d’avoir toujours à proximité de quoi se faire un sandwich. Il continuait de nomader, moins qu’à la désopilante époque de la traque au mammouth, mais quand même.

C’est à cette époque que le jeune Uhgrgurh le fou tint ce langage à son chef, UuhGruhr le rusé. « Tu vois, on pourrait construire des tas de petites cavernes individuelles, genre en bois, les unes à côté des autres, pas trop près comme ça on n’aurait plus besoin de dormir à côté de UuhGruhr, qui ronfle quand même un peu, mais pas trop loin comme ça on pourrait se faire des soirées djembé de temps en temps et on limiterait la période de nomadisme à juillet-août, on planterait un peu de sorgho et des chèvres comme ça on n’aurait pas besoin d’aller chercher la bouffe trop loin, on vivrait pieds nus et les portes n’auraient pas de clés ». Un programme politique ambitieux qui ne convainquit pas UuhGruhr: « Bien sûr, l’idée me semble audacieuse, mais je crois que le peuple n’est pas prêt et que dois-je faire, je vous le demande, Uhgrgurh, que dois-je faire, fouler ainsi au pied la volonté du peuple ? », répondit-il et, pour mieux marquer sa foi en la démocratie naissante, il asséna un coup de massue sur le crâne du godelureau.

Uhgrgurh, qui était un jeune rebelle dans sa tête, décida pourtant de tenter l’expérience. Il fuit, partit s’établir dans une vallée du coin et s’y installa un trois pièces avec jardin, quelques arpents de terrain et deux trois moutons laineux. L’ère était à la verdoyance outrancière et sa petite entreprise ne connut pas la crise. Si bien que, lassés de marcher inlassablement sans raison, quelques congénères vinrent s’établir aux alentours. Le premier village était né, très vite, aux fermes s’ajoutèrent une forge, un bar, un supermarché et Uhgrgurh abandonna son métier de fermier pour se lancer dans l’organisation de safaris pour les habitants plus âgés nostalgiques de la chasse.

UuhGruhr le rusé, qui commençait à avoir des cors aux pieds, eut vent du succès du concept de village et décida de revenir s’y installer. Deux ans plus tard, grâce à un vibrant discours sur la nécessité de préserver les valeurs traditionnelles de la vie locale face à l’insécurité provoquée par la sédentarisation massive et aux difficultés manifestes d’intégration des nomades, il se fit élire maire. Sa première mesure fut de faire bannir le jeune Uhgrgurh, accusé de fomenter un complot contre la pérennité villageoise, car déjà à l’époque, il n’y avait pas tellement de moralité à la fin des histoires.

Derrière les oreilles

La programmation du Paléo est sortie hier. Je te préviens d’entrée, si tu es jeune, branché et hype, il te faut la critiquer: « Han vraiment, je mets plus les pieds dans ce festival de beaufs, j’y crois pas, ils ont même pas invité Roultaboul et les Banaboo, vraiment c’est devenu trop commercial, je préfère les festivals qui ont une âme comme Benicasim ou Roskilde ».

Parmi les groupes invités du Paléo, cette année, les BB Brunes, un groupe dont le premier album, Blonde comme moi, a fait un malheur. Un groupe très vite adopté par des fans en délire, au point que je compte un peu sur eux pour relancer le marché des commentaires incompréhensibles, même si je m’y prends peut-être un peu tard. Un groupe qui, si j’en crois la très sérieuse Wikipedia, doit sa carrière à Luis Rego, c’est dire.

Nous allons aujourd’hui nous intéresser, si vous le voulez bien, chers amis de la musique et de la gastronomie, au single Dis-moi sorti en juin 2007, ça ne nous rajeunit pas.

Les BB Brunes tirent leur nom de leur passion: la coiffure, ce qui peut sembler étonnant si, pour toi, la rock’n’roll attitude c’est avant tout Slash et Kurt Cobain. Mais n’oublions pas qu’avant eux il y a eu Dick Rivers. De plus, la coiffure est, la tecktonik et Jilian le prouvent hélas, un thème central des préoccupations des jeunes d’aujourd’hui. Il faudra t’y faire, il y a eu la chanson engagée, place à la chanson dégagée.

Bref, dis-moi.

Moi.

Une légère envie de violence quand elle relace ses bas

Donc le narrateur de la chanson, Benedikt Brunes, est coiffeur, il fait la conversation à une cliente, il est justement en train de lui parler de ses problèmes conjugaux: sa jeune épouse, Bernadette Brunes met toujours un temps fou à relacer ses bas, lui au début ça le délassait mais maintenant ça l’énerve, limite il lui foutrait des claques.

Je ne suis plus à vendre, Houna, je n’ suis plus comme ça

Soudain, affolé par l’énormité de cette révélation, il change de sujet. Il avait pensé vendre son salon, peu rentable, et se lancer à corps perdu dans la conchyliculture mais il a changé d’avis, il n’est plus comme ça.

Des rumeurs adolescentes disent que je ne suis pas
A toi

Des adolescents prétendent qu’il aurait d’autres clientes.

et je pense qu’une part de vrai se cache

Il ne le nie pas. Et en profite pour faire une litote, ce qui est moins classe qu’un zeugma, mais bien quand même.

{Refrain:}
Dis-moi si j’dois partir ou pas

Il hésite, tout de même, devrait-il vendre son salon, alors que les affaires commencent à marcher, devrait-il le garder ? Il est indécis (notez dans ce passage le subtil hommage aux Clash)

Dis-moi ! ouh ouh

(Notez, dans ce passage, le subtil hommage à Dorothée)

Dis-moi si tu aimes ça, Houna

Il a fini son travail et tend un miroir à sa cliente pour qu’elle lui dise si elle trouve ça assez dégagé.

Car je suis fou de toi, Houna
Quand tu n’ m’appartiens pas !

Soudain, il avoue à sa cliente qu’il éprouve un léger béguin pour elle, surtout quand elle décide d’aller se faire couper les cheveux au salon d’en face, un peu plus cher mais les coiffeurs sont moins bavards.

Une violente envie de descente lorsque t’embrasses ces gars

Du coup, il est tellement jaloux quand elle embrasse ces gars, c’est plus fort que lui, qu’il descend à la cave rechercher du gel.

Je n’ferai point l’enfant, tout ça ne m’atteint pas

Mais il prétend s’en foutre comme de sa dernière coupe au bol. Surtout qu’il a d’autres soucis.

Des rumeurs adolescentes disent que je ne suis pas
Un homme à femmes

En effet, dans les couloirs du lycée voisin, il se murmure qu’il n’aurait jamais passé son examen de coiffeur pour dames et donc qu’il exercerait illégalement le brushing. Une bien pénible affaire.

et rien d’autre qu’un homme à toi !

Notez au passage que les rumeurs adolescentes maîtrisent super mal l’art ancestral de la double négation. Je ne suis pas rien d’autre qu’un homme à toi signifie qu’il est autre chose, aussi. Ou pas.

{au Refrain}

Quand tu me mords où ça dérange
Et tu m’attaches les bras

C’est un salon SM. Ca se fait beaucoup à Paris. Je crois.

Quand je fais sautiller sa frange
Ses cris se tirent dans les graves

Tu m’étonnes qu’avec les bras attachés, sa frange soit loupée !

Quand les voyeurs en redemandent
Moi, je ne veux que Houna
De plus belle,

Beaucoup de jeunes fétichistes capillaires (ça se fait beaucoup à Paris) viennent le regarder couper les cheveux, ils trouvent ça très sensuel. Tu noteras au passage que le chanteur est un peu incohérent, il parle soudain à sa cliente à la troisième personne.

des plus belles jambes
Et de la place pour trois !

Et alors qu’ils étaient en train de s’attacher les bras, il lui annonce qu’il compte agrandir son salon de coiffure histoire de pouvoir accueillir jusqu’à trois clientes à la fois, ce qui lui permettra de parler à la troisième personne sans passer pour un demeuré, et se lancer également dans l’épilation gambettale.

Dis-moi si j’dois partir ou pas
Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi si tu aimes ça, Houna
Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi ! Non, je ne craquerai pas

Il se montrera très courageux si elle lui dit que sa coupe est toute ratée. C’est bien. C’est un beau message d’espoir.

Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi si tu aimes ça, Houna
Car je suis fou de toi, Houna
Quand tu n’ m’appartiens pas !

Voilà. La chanson est finie.

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On peut grosso modo classer les gens en deux catégories principales, ceux de sexe féminin, également appelées femmes, et ceux de sexe masculin, également appelés mais après le match par contre si possible.
Régulièrement, des membres de ces deux groupes entrent en interaction. Or, leur utilisation du vocabulaire n’est pas complètement identique et parfois, de légers malentendus peuvent s’en suivre.

S’ajoute à cela le fait que les femmes aiment à poser, pour une raison qui échappe aux scientifiques, sauf aux scientifiques femmes mais elles sont tenues par le secret de fonction, des questions auxquelles il n’y a pas de réponse. Pour ma part, je pense qu’autour de 14-15 ans, elles sont envoyées dans un camp ninja ultra-secret où on leur enseigne l’art subtil de la question qui tue, alors que toi tu crois qu’elles sont en camp de poney. Citons, par exemple « tu trouves que j’ai grossi? », « quelle robe, la bleue ou la verte? » (à noter que dans les deux cas, il faut éviter, toi qui as des lettres, de répondre 42) et, surtout, l’arme secrète, le fameux « à quoi tu penses ».

En général, cette question est posée dans des circonstances très précises, je vais pas te faire un dessin (je dessine super mal)(ce serait super dommage que tu croies que j’ai dessiné des pandas qui dansent joyeusement la farandole alors qu’en fait, je voulais représenter une position super rare du kamasutra, qui nécessite un petit tabouret en bois et l’intégrale de Mike Brant). Tu sais ce que c’est, excès de dopamine, tu sens l’assoupissement te gagner, tes pensées s’égarent dans de vertes prairies et au moment où un tu penses à quoi te ramène à la réalité, tu es tellement perdu que, déjà, tu es pas sûr de vraiment savoir à quoi tu penses et si jamais tu arrives à le formuler, ça va être tellement compliqué de refaire tout le chemin que bon, tu préfères improviser.

L’erreur classique du débutant, c’est de répondre « à toi ». On va te demander des précisions et tu peux pas répondre « je pense à toi, je me demande ce que tu deviens, tiens, je devrais t’appeler un de ces quatre, on pourrait se faire une bouffe », ça passera mal.

Tu pourrais aussi te dire que c’est le moment idéal pour aborder de graves questions genre « Et toi, tu vas les boycotter les JO de Pékin? Moi je pensais boycotter le tir à l’arc et le pentathlon », voire, plus polémique, « Finalement, le dernier Radiohead, je trouve qu’il casse pas des briques », ça peut créer une diversion, mais c’est à double tranchant, car si elle enchaîne sur l’influence de l’origami dans l’oeuvre tardive de Rostropovitch, tu vas vite te retrouver à court d’arguments.

Le mieux, donc, c’est d’être très honnête et de dire « je pense à une fourchette ».

un gecko m’a tuer

Evariste Clapouchard était du genre poissard. Du genre, plus précisément, à toujours s’arranger pour n’être pas là où il fallait. Ou pour y être, mais pas au bon moment.

Il se rappelait très bien de la chute du mur de Berlin. Ce jour-là, il était à La Bourboule, en train de manger une choucroute chez son oncle Wandrille. Ratée, la choucroute. Ce n’est qu’à son retour de vacances, deux semaines plus tard, qu’il s’était rendu compte, sous les quolibets de ses camarades, qu’un truc avait probablement dû se passer. Mais, curieusement, c’est un événement que l’Histoire n’a finalement que très peu retenu qui manquait le plus à son histoire personnelle. Le fameux souper de classe de fin d’année chez Bérénice Bourchaud. Une année avant son arrivée. Tout le monde parlait encore de cette soirée avec des étoiles dans les yeux, sauf Hector Zwlunj, qui n’avait pas d’yeux, suite à un accident de tabouret particulièrement malheureux. Evariste regrettait de n’avoir pas vécu cette soirée mémorable (ce soir-là, il s’en souvenait, il avait regardé le Gendarme à Saint-Tropez), tout comme il regrettait de ne pas avoir connu Bérénice Bourchaud, partie à Dniepropretrovsk suite à un malencontreux accident d’Erasmus, à la seule évocation de laquelle les yeux de tous les garçons de sexe masculin de la classe devenaient égrillards, même ceux d’Hector Zwlunj. Mais, une année plus tard, Evariste n’en avait cure, car il se disait que le souper de classe de cette année allait être encore mieux. Une année et trois heures plus tard, il se surprenait à raconter à tout le monde la scène où le Gendarme fait une grimace.

Fan de hockey sur plexiglas sulfurisé, Evariste avait pourtant renoncé à assister à la finale du championnat régional pour aller assister à un film cinématographique en compagnie d’une jeune fille de sa connaissance, intelligente, drôle et en plus c’était une des seules du lycée Bernard Menez à ne pas sortir avec Hector Zwlunj. Ce n’est que le lendemain, en découvrant dans son journal le compte-rendu du match, remporté au terme d’un suspense haletant par son équipe, qu’il découvrit au hasard d’une photo de liesse qu’il s’était fait poser un lapin, cela dit, le film était super, surtout la scène où le Gendarme découvre comment neutraliser les extra-terrestres.

La vie d’Evariste ne fut qu’une suite de rendez-vous ratés et ce n’est que deux ans après son mariage avec Célimène Flosof qu’il se rendit compte qu’il avait raté ce soir-là une retransmission du Gendarme fait du ski qui aurait été pénible moins longtemps.

Et c’est tout naturellement qu’une fois arrivé à la fin du post qui lui était consacré, Evariste Clapouchard se rendit compte que la chute, pourtant ô combien cocasse, était partie refaire sa vie dans un post du blog Crochet et Tricot.

Making-of divin

[09:32] raph: si on poste deux fois en deux jours ils vont être tout perdus les gens
[09:33] Kaly: huhuhuhuhu
[09:33] Kaly: ha oui les gens ils ont l’habitude d’avoir au moins 15 jours pour lire nos posts
[09:33] Kaly: du coup ils s’en régalent
[09:33] raph: ils les apprennent par coeur
[09:33] Kaly: un peu comme un coulis de fraise sur un gateau au chocolat
[09:33] Kaly: c’est excellent
[09:33] raph: ils les récitent devant le sapin de noël
[09:33] Kaly: et tu le gardes pour la fin, quand t’as mangé le gateau
[09:34] Kaly: mais si on te met trop de coulis
[09:34] Kaly: c’est ecoeurant
[09:34] Kaly: (cette métaphore s’est classée 17ème au championnat d’europe de métaphores)

Over the rainbow

Souvenez-vous. Tout avait commencé par quelques skyblogs d’apparence anodine, quelques commentaires guimauvés lâchés ça et là sur des sujets pourtant sérieux avec force gifs clignotants et moult tigres trop mignons. Personne ne s’était vraiment inquiété. Et pourtant, à l’époque, on aurait peut-être pu agir.

Ils passent maintenant aux choses sérieuses. Les sportifs français, d’abord, ont décidé de ne pas boycotter les Jeux Olympiques de Pékin, mais de montrer l’étendue de leur colère en arborant un badge. J’aime autant te dire que la Chine tremble de tous ses membres et qu’elle hésite à envoyer une lettre d’excuse au Dalaï Lama. Alors oui, bien sûr, tu dis que c’est trop facile, tu dis que ça sert à rien, mais c’est encore plus facile de ne pas mettre de badge.
La ligue contre le cancer a lancé un site internet fermement déconseillé par la Ligue contre l’épilepsie. Avant elle, la Ligue communiste révolutionnaire avait également succombé à un choix de couleurs pour le moins coloré. De là à dire que l’on se ligue contre nous, il n’y a qu’un pas que je n’hésiterais pas à franchir, cédant ainsi à la facilité du mauvais jeu de mot, si l’heure n’était pas si grave.

Les Bisounours complotent pour envahir le monde. Ils ont déjà tenté de prendre le contrôle de l’Elysée, mais il y a encore du boulot. Ils sont organisés, dangereux. Leur but, instaurer la dictature du trop mignon. Si on les laisse faire, il y aura des chatons partout et jamais on ne laissera aux poneys le temps de devenir lourds comme des chevaux morts. La viande poussera sur des arbres, les bébés naîtront dans des choux-fleurs, les gens morts partiront vraiment pour un long voyage. Et on sera obligés de danser la farandole. Tout le temps.