Amores Perrault

Petit préambule: Cette note est peut-être un peu différente de ce que je fais d’habitude. Mais peut-être pas. On peut pas savoir. Et c’est ça qui est fou

Il était une fois des gens. Ils avaient déjà sept enfants, Paul, Henri, Mathieu, Arnaud, Clément, Perkolator et Poucet, lorsqu’ils décidèrent de se laisser aller à la contraception.
Or, il advint qu’une terrible crise économique frappa le royaume. Les malheureux parents avaient de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts (car leurs mains tremblaient à cause de l’alcool) et, en plus, ils étaient un peu serrés financièrement, autant te dire que c’était pas choucroute tous les jours.

– Oh putain, j’ai une idée de ouf !
, dit un jour le père, que nous appellerons le père, à la mère, que nous appellerons la mère.
– Encore une de tes combines foireuses ?
, lui répondit-elle, car son époux était inventeur de profession. Brillant, mais pas du tout reconnu. Il avait en effet inventé l’ouvre-boîte, mais la boîte de conserve mettrait encore plusieurs siècles avant de faire son apparition. De même, il était le créateur de la télécommande (longtemps avant la télévision) et de la bière (longtemps avant le football) et ses contemporains ne surent jamais relever tout le génie de ses créations. (De la même manière et par la force des choses, il était également l’inventeur du régime, mais là non plus, personne n’en comprit l’intérêt, les magazines féminins étant encore bien loin de faire leur apparition).

– Laisse-moi raconter… Je me disais, vu que pour nourrir les mômes, c’est plus trop ça, on pourrait les paumer dans la forêt, ni vu ni connu.
– Ah ben pour une fois, je dois le reconnaître, c’est génial.

Mais Poucet avait dissimulé des micros sous le lit de ses parents, car il se destinait à une carrière de paparazzi. Il découvrit ainsi ce plan machiavélique et dissimula dans ses poches des petits cailloux, qu’il lâcha le long du chemin afin de le retrouver. Alors tu vas me demander, mais comment ils ont reconnu leurs cailloux au milieu de tous les autres cailloux ? Mais à l’époque, les chemins étaient fort peu caillouteux et il était tout à fait possible de faire usage de cet habile subterfuge, hélas fortement déconseillé aujourd’hui, si tes parents t’abandonnent dans la forêt, je te conseille plutôt de te servir de ton iPhone pour retrouver ton chemin, et n’oublie pas de live blogger toute l’aventure.

Quelle ne fut pas la surprise des parents quand leurs sept enfants frappèrent à la porte comme un seul homme !

– Et voilà, encore une de tes idées foireuses qui a foiré !
– Non mais attends, demain, on recommence, mais ce coup-ci on vend tous les cailloux du pays à une usine de cailloux !

Aussitôt dit, le lendemain fait. Mais Poucet, qui n’était pas la moitié d’un imbécile, mais un imbécile tout court, avait garni ses poches de boulettes de pain. Alors tu vas me dire, où avait-il trouvé du pain ? et je vais te répondre non mais arrête avec tes questions, je raconte, là.

Mais tu peux t’en douter, les oiseaux, qui sont de véritables rapaces, mangèrent tout le pain, et Poucet et ses six grands frères, soit dit en passant encore plus bêtes que lui, se retrouvèrent plantés comme des buses au-milieu de la forêt.

– Ah ben là, on est mal

, dirent-ils d’une seule voix.

Comme le sens de l’orientation n’était pas leur fort, ils se perdirent complètement. Or, en ce temps-là, un ogre vivait dans la forêt (ils ont depuis tous été interdits par le gouvernement et se sont tournés vers des professions moins scabreuses, comme avocats, traders ou charpentiers).
– Bonjour, on pourrait dormir ici ?
, demandèrent-ils d’une seule voix à l’épouse de l’ogre, qui était palefrenière sur licornes, mais ça n’est pas d’une importance fondamentale pour la suite de l’histoire.
– Ben si vous voulez, mais il faut savoir que mon époux mange des enfants, car il est communiste.
– Communiste ? Il a voté pour le NPA ?
– Oui da.
– Génial, on adore Antoine de Caunes.

Puis Poucet relut le scénario du conte dans lequel il était embringué.
– Attends, attends. Bon. On se déguise en filles, l’ogre mange ses propres filles, on lui vole ses bottes, on retourne chez nos parents et tout le monde danse la ronde de l’amitié ?
, demanda-t-il à madame Ogre.
– C’est un peu ça, ouais.
– C’est complètement idiot, ça marchera jamais.
– Moi j’aime bien le passage où mon mari dit « ça sent la chair fraîche »
– Ouais c’est classe, ça, on garde.

Puis l’ogre rentra.
– Ça sent la chair fraîche.
– Tu m’étonnes, choupinou, j’ai fait du gigot.
– C’est pas de la bouffe de capitaliste, ça ?
– Bah y avait une promo.
– Ok lol.

Puis les sept garçons se marièrent avec les sept filles de l’ogre, fondèrent le Nouveau Nouveau Parti Anticapitaliste, Antiabandons et Antioiseaux, intentèrent un procès retentissant à leurs parents, et écrivirent sur leur aventure un roman qu’Eric Naulleau jugea particulièrement mal écrit.
Puis tout le monde dansa la ronde de l’amitié.

Walzer für Niemand

Petit préambule: Cette note est peut-être un peu différente de ce que je fais d’habitude. C’est une nouvelle qui me traînait dans un coin de la tête et que je n’avais pas envie de laisser prendre la poussière toute seule dans un Moleskine.

Elle monta les escaliers bien plus lentement que d’habitude, en fouillant son sac. Elle ne retrouvait pas ses clés. Elle aurait aimé que quelqu’un se foute d’elle. C’est la dixième fois que tu les perds cette semaine, record battu. Elle aurait peut-être même aimé une réaction courroucée. Bien sûr qu’elles sont là, tes clés, tu les perds tous les jours et, au final, elles sont toujours dans ton sac.
Cela faisait longtemps que cela ne lui avait pas fait aussi mal. Entrer, trouver la lumière éteinte, adresser quelques mots au chat, manger devant la télé. En remettant la main sur son trousseau de clés, elle décida qu’elle appellerait une copine, histoire de se faire un cinéma ou une bonne vieille soirée à dire du mal autour d’une bière.
C’était peut-être l’approche de ses trente ans. On a beau se dire qu’on s’en fout, il y a toujours un moment où on se laisse rattraper par les « une belle jeune fille comme vous, célibataire ? » qui se font plus compatissants et moins rieurs, les « vous savez, l’horloge biologique… », les « mais tu leur fais quoi pour pas réussir à en garder un ? », souvent assortis de bons conseils, tous les articles de magazine féminins qui expliquent comment être heureuse quand même quand on est célibataire.
C’était peut-être la conversation du week-end dernier, les retrouvailles avec quelques amies du lycée. Pas parce qu’elles étaient quasi toutes mariées jusqu’aux yeux, pas parce qu’elles insistaient lourdement sur sa chance d’être libre, mais à cause de cette remarque, l’air pourtant banale, lâchée par sa vieille copine Maria : « T’as quand même vraiment pas de chance avec les mecs ».
Ça l’avait plombée. Parce que mine de rien, elle avait fini par se convaincre qu’elle était seule par choix, qu’elle aimait ça, et n’avait même jamais songé à se plaindre de cette série de coups du destin qui faisait que cet été, elle partirait trois semaines en trakking plutôt que « quelques jours au camping parce que tu comprends, avec les gosses… »
Mais pourtant, en y réfléchissant bien… Il y avait eu cet artiste dépressif il y a quoi ? sept ans ? Là, ok, elle était partie, même si ça avait été un déchirement. Juste avant de devenir folle.
Puis celui qui avait décroché une bourse, de façon totalement inespérée, et avait pu partir étudier à New York. Leur relation épistolaire avait duré au moins un mois. Il n’était jamais revenu et elle repoussait chaque été d’une année l’idée de lui rendre visite.
Celui qui avait eu une révélation mystique. Elle aurait préféré qu’il la quitte pour une fille plus jolie qu’elle plutôt que pour un grand gourou. Il lui répondait qu’il n’y avait pas de filles plus jolies qu’elle, et qu’il ne fallait pas appeler Wikram gourou, qu’il était à la fois bien plus et bien moins que ça, mais qu’elle ne pouvait pas comprendre. Aux dernières nouvelles, son ex s’appelait désormais Oiseau de Lumière, était plus heureux qu’il ne l’avait jamais été et vivait en un lieu qu’il ne pouvait révéler.
Celui qui avait recroisé, complètement par hasard, une ex qui vivait pourtant à plus de sept mille kilomètres. Il avait fait des aller-retour émotionnels pendant quelques mois avant de se faire jeter, quasi simultanément, par les deux.
Et puis le dernier en date. Adrien. Ni sa carrière, ni sa foi, ni sa bite ne semblaient vouloir les séparer. Ils as’étaient plus ou moins mis d’accord sur des prénoms et avaient décidé d’où ils se marieraient s’ils se mariaient. Quand il avait eu ce terrible accident de ski. Elle aurait préféré qu’il la quitte pour une fille plus jolie que pour cette salope de faucheuse.
Elle était de ces gens à qui on dit « je sais pas comment tu fais, à ta place je serais au quatrième dessous ». Elle ne pleurait qu’en cachette. Elle avait même rencontré quelques mecs, mais ne les laissait jamais entrer dans sa vie.
Mais là, ce soir, elle se sentait vraiment seule. Au point de délirer, ou alors il y avait quelqu’un assis juste devant son appartement ?

***

– Tu fais quoi ici ?
– Je viens pour ton anniversaire.
– C’est dans un mois.
– Je sais.
– Je ne comprends pas, là.
– Si à trente ans, tu n’es pas mariée, alors tu m’épouses. Tu me l’avais promis. Il n’y a que ton nom sur la sonnette, j’ai vérifié.
– Mon dieu, tu te souviens de ça ? C’est fou comme le romantisme peut avoir l’air effrayant, par moments.
– Tout est prêt. L’église, les faire-parts, le repas, la musique. Tout est prêt.
– Je… Enfin c’est un peu étrange, là, on ne s’est pas vu depuis, quoi, sept ans ?
– Cinq ans et demi. La soirée chez Michaël. Je t’avais ramenée.
– Ah oui, j’avais oublié. Enfin, tu veux entrer, boire un café ? Tout est prêt, tu dis ?
– Tout. J’ai eu du temps, en cinq ans et demi…
– Tu comprends, j’ai pas eu d’histoire sérieuse depuis deux ans et là.
– Une année et demi, en fait.
– Je… Oui, c’est juste, une année et demi.
– L’accident de ski.

John Connor, c’était les Corons

La sortie ciné de la semaine, c’est Terminator Renaissance.

Je sais pas si tu te souviens de Terminator. C’était un film avec plein de robots du futurs un peu idiots qui revenaient dans le passé pour tuer Sarah Connor. Quand tu sortais du cinéma, tu disais des trucs genre « trop bien, la scène avec l’explosion ! Et la poursuite, géniale ! Et le moment où le méchant dit « Sarah Connor ? », excellent ! »
Mais y avait toujours un pote qui douchait ton enthousiasme avec des questions à la con genre « mais pourquoi les robots du futur ils ont pas juste essayé de tuer la grand-mère à Sarah Connor, tranquille ? », s’ensuivait un débat passionné sur les problèmes inhérents aux voyages dans le temps encore plus absurde que quand tu avais revu « Retour vers le futur » en suisse allemand. A la fin, un mec mettait tout le monde d’accord en disant « Non mais c’est un film, c’est trop pas possible les voyages dans le temps, sinon on le saurait, les mecs du futurs seraient venus nous le dire, on va boire une tisane ? »

Des années plus tard, tu te rends compte que c’est grave possible, ces histoires. Le mec qui a éliminé Nadal à Roland Garros, c’est grave un robot du futur. Et à force de manipuler le continuum espace temps, les mecs ils ont tout déréglé. Comment tu expliques, sinon, que Schwarzie soit devenu gouverneur de Californie ? Comment tu expliques Rachida Dati ?
Même que s’ils continuent à faire n’importe quoi, les cons de robots du futur, on va finir par se retrouver avec un présent antérieur où Schwarzenegger et Rachida Dati sont tous deux présidents et se lancent dans une guerre sanglante suite à un léger désaccord sur la solution à apporter quant à la question afghane (je cite, « et ta mère, elle s’intéresse à l’Afghanistan ? LOL »)

Or donc, dans Terminator Renaissance, les robots du futur décident carrément de remonter jusqu’au XVe siècle et d’aller en Italie buter Léonard de Vinci, Raphaël et même le Caravage (tudu tudu, tudu tudu), car leurs calculs indiquent que si on empêche la Renaissance, John Connor ne sera pas héros de la révolution mais champion de kéno.

Des gentils du futur observent un schéma de Da Vinci un peu compliqué. Et se disent que c’est trop de la balle.

On ne le sait que trop peu, mais c’est cette scène de fusillade qui a inspiré à Michel-Ange la célèbre Création de l’Homme visible sur le plafond de la Chapelle sixteen.

Un mur. Avec des trous dedans.

On ne le sait que trop peu, mais c’est ce méchant robot du futur qui a inspiré à Léonard de Vinci son célèbre homme de Vitruve.

On vit une période très DJ*

Au commencement, il y eut les related videos sur youtube : parce que tu avais, dans un moment de faiblesse, voulu te réécouter Chop Suey, tu te retrouvais, mi-fasciné mi-effrayé, à regarder la reprise du même plat chinois par Jojo et son banjo. Puis, c’était plus fort que toi, tu cliquais tant et plus que finalement, mi-horrifié mi-horrifié, tu étais désormais en train de regarder la vidéo de Mariette et son bandonéon en train de reprendre Je te donne seule devant sa webcam.

Puis vint facebook et ses people you may know et plus les créateurs du célèbre réseau social de perte de temps affinaient l’algorithme, moins tu connaissais ces gens que tu étais supposé connaître. Et plus tu te rendais compte que quatorze de tes amis étaient fans des couchers de soleil et vingt-trois du cancer de la prostate. Pendant cinq ans, tu as donc refusé de parler à quiconque.

Mais pendant ce temps-là, la mode s’étendit. Tu t’en rendis compte le soir où tu décidas de sortir de ta tanière pour aller au cinéma voir « La Nuit au musée 42 ». A la sortie, un employé du cinéma vint te dire « les gens qui ont aimé ce film ont aussi aimé Astérix, les glaces à la vanille, danser le fandango et les arbres ».

Puis au restaurant, le serveur t’affirma sans sourciller « si vous avez aimé le steak de boeuf au poivre vert vous aimerez aussi le filet d’agneau aux champignons, la bavette à l’échalote et la salade aux 7 porcs ». Effrayé, tu t’enfuis, mais comme tu avais un peu bu (de « les clients qui ont apprécié le pinot de Toul ont aussi commandé le Gewurztraminer vendanges tardives » en « si vous avez apprécié la mirabelle, ne manquez pas la williamine », tu t’es même retrouvé à commander une Suze).

Tu rentras ensuite à la maison avec Hanneke, ta jeune épouse, mais au centième « convaincu par la brouette norvégienne ? ne manquez pas le poney renversé », tu décédas d’une crise cardiaque en pensant que rien de tout ceci ne serait arrivé si tu étais resté tranquille chez toi à cliquer sur le fameux « lien bien au hasard » du célèbre blog « bon pour ton poil » qui, à cette époque, était devenu blog officiel du gouvernement moldave.

*Je t’en prie, ne cherche pas la signification du titre.

Le noir pour naître à Barcelone

Le sport à la télé, c’est bien. Parce que, mieux encore que devant la Nouvelle Star, tu peux te laisser aller un moment à être un beauf, de mauvaise foi, râleur et chauvin.

Sauf que tous les peuples ne sont pas égaux devant le chauvinisme. Quand tu es suisse, par exemple, les occasions sont rares. De temps en temps, le hockey te donne satisfaction, mais c’est du chauvinisme dont tu ne peux pas profiter puisqu’il n’est partagé que par des étrangers parlant des langues barbares bourrées de Ð ou de Ж. Le tennis t’a tellement gâté que tu t’es pris à te prendre de pitié pour un numéro 2 mondial qui n’a gagné que 1 992 252 dollars cette année, la crise n’épargne personne, mais le problème du tennis c’est que les matches durent cinq heures.

Bref, il faut savoir te contenter de peu. Par exemple, ce soir, dans le match Barcelone – Manchester United (j’ai entendu un présentateur se demander si c’était le match du siècle. J’aime pas trop trop me moquer des journalistes sportifs, c’est un peu facile, mais enfin, au moment où il l’a dit, ce siècle avait neuf ans) l’arbitre est suisse. Donc je suis pour l’arbitre.

Etre fan d’arbitre demande un temps d’acclimatation. Au début, c’est difficile de s’enthousiasmer pour la vigueur d’un coup de sifflet, la beauté froide d’un brandissement de carton. Difficile aussi de changer ses habitudes. Après des années passées à mettre toutes les erreurs des fuchsia ou des magenta sur le dos de l’arbitre, voilà qu’au contraire tu dois accuser les joueurs de toutes les erreurs dont il pourrait être victime – Non mais il pourrait tackler à hauteur du genou, là, que ça se voie bien. Holala mais Cristiano Ronaldo ne se laisse même pas tomber, là, c’est scandaleux, il avait cent fois le temps de se laisser tomber ! Et puis, si tu as la chance d’aller voir le match au stade, applaudir à tout rompre chaque décision arbitrale pourra, je ne te le cache pas, te susciter quelques légères inimitiés de la part des plus obtus des spectateurs ce serait un peu facile de préciser qu’environ 97% des spectateurs font partie de la catégorie des plus obtus.

Par contre, l’avantage, en étant fan de l’arbitre, c’est que tu ne perds jamais un match. Le lendemain, tu pourras en causer fièrement avec tes collègues : on a été bons, hier soir, hein ? Bon à un moment, on a sifflé un hors jeu un peu douteux, mais sinon, quel match. Tu ne perds jamais de match et, en plus, tu n’en gagnes jamais non plus : tu vois bien que c’est la solution idéale, pour un Suisse !

Bang bang

Quand j’ai commencé à analyser les plus beaux textes de la chanson française, car oui, les paroliers sont les poètes modernes, ils magnifient la langue comme la bolognaise magnifie les pâtes, un refrain s’est mis à me hanter comme une évidence.

Puis je découvris que Guy Carlier s’en était déjà emparé avant moi, et c’est la mort dans l’âme que je me résolus à renoncer à faire des tartines de la substantifique moelle de ce chef d’oeuvre.

Puis vint un jour où je me dis « Bah, de toutes façons, ça se verra pas, plus personne ne sait qui c’est, Guy Carlier. »

Elle a les yeux revolver – Marc Lavoine.

Si, par un merveilleux hasard, tu ne te souviens plus de cette chanson, c’est là. Le meilleur moment est entre 2:12 et 2:24.

Un peu spéciale, elle est célibataire

Ça a l’air un peu spécial, comme entrée en matière, mais il faut se replacer dans le contexte. Dans les années 80, non seulement il était légal de faire n’importe quoi avec ses cheveux et son Bontempi, parfois même en même temps, mais en plus, les filles étaient obligées de se marier à 13 ans et les femmes célibataires étaient très spéciales.
Ou alors, à la limite, il veut juste dire « t’as vu la meuf, elle est trop spéciale, ça m’étonne pas qu’elle soit célib, lol », mais ce serait pas très sympa.

Le visage pâle, les cheveux en arrière
Et j’aime ça

Car tous les goûts sont dans la nature, il aurait pu préférer aux visages pâles les iroquois et aux cheveux en arrière les iroquois, c’est comme ça. Mais là ça tombe bien, il aime les filles pâlottes à chignon.

Elle se dessine sous des jupes fendues

Elle est étudiante aux Beaux Arts et nulle en auto-portraits. Alors en cours d’auto-portrait elle triche un peu, elle dessine des jupes et elle dit au prof « Voilà, ton dessin, il est sous cette jupe, je l’ai fendue pour qu’elle puisse respirer ».

Et je devine des histoires défendues
C’est comme ça

Ben oui, c’est interdit, si on dit de faire des auto-portraits, faut faire des auto-portraits, sinon c’est n’importe quoi.

Tell’ment si belle quand elle sort
Tell’ment si belle, je l’aime tell’ment si fort

Cette chanson a provoqué le suicide de milliers de professeurs de français.

[refrain]
Elle a les yeux revolver,

d’un beau gris métallisé

elle a le regard qui tue
Elle a tiré la première,

Cette chanson a provoqué le ricanement de milliers d’adolescents.

m’a touché, c’est foutu
Elle a les yeux revolver, elle a le regard qui tue
Elle a tiré la première, elle m’a touché, c’est foutu

Mais ne vous inquiétez pas, Marc Lavoine n’est pas vraiment mort, tout ça n’est qu’une métaphore pour dire qu’elle l’a foudroyé du regard.

Un peu larguée,

Elle vient de se faire larguer, un mec un peu lâche, elle a essayé de lui tirer dessus avec ses yeux, il a fui.

un peu seule sur la terre

Pour les mêmes raisons, elle a pas des masses d’amis non plus.

Les mains tendues, les cheveux en arrière

Du coup, pour s’occuper et se sentir utile, comme elle a déjà le chignon, elle s’inscrit au Secours Catholique, pour tendre la main aux gens dans le besoin.

Et j’aime ça

Marc Lavoine aime ça (il paraît que les concepteurs de facebook adorent cette chanson)

A faire l’amour sur des malentendus

Genre tu lui demandes l’heure, elle comprend un peu de travers, elle est étrangère ou sourde, je sais pas, elle t’emmène chez elle, et vous vous livrez à une exploration frénétique mais enrichissante du kama sutra ? (ou même pas chez elle, d’ailleurs, il paraît qu’une fois, dans le parking des anges…)(enfin, c’est une autre histoire)
Ça arrive, ça ?

On vit toujours des moments défendus

Défendus, défendus, c’est vite dit, moi si une fille m’emmène sous sa jupe fendue, même sur un malentendu, les chances pour que je me défende sont assez minces.

C’est comme ça

Et j’aime ça.

Tell’ment si femme quand elle mord
Tell’ment si femme, je l’aime tell’ment si fort

Voilà. C’est exactement là que je voulais en venir. Si un jour j’écris une anthologie de la chanson française, elle s’appellera « Tell’ment si femme quand elle mord ». C’est la plus belle phrase jamais écrite. Obispo, avec « le temps c’est de l’amour », Fugain, avec « ça vit de chasse et de pêche un oiseau », Pagny avec « vous n’aurez pas ma liberté de penser », Bruel avec « tu verras tout c’qu’on peut faire si on est deux », tous des amateurs. Même « aimer, c’est toucher les ailes des oiseaux », c’est pas aussi beau.
Non mais prenez-en de la graine, un peu.
Tell’ment si femme quand elle mord.
Voilà, ça y est, je pleure.

[Refrain]

Ça va un peu mieux.

Son corps s’achève sous des draps inconnus

Elle a des draps très spéciaux achetés dans un magasin de draps pas très réputé. C’est comme ça.

Et moi je rêve de gestes défendus
C’est comme ça

Pendant ce temps-là, Marc Lavoine (qui ne précise malheureusement pas la nature de ses propres draps) rêve de gestes interdits, genre un service dans le filet, une tackle sournois voire carrément une passe en avant au rugby (la chanson ne le dit pas).

Un peu spéciale, elle est célibataire
Le visage pâle, les cheveux en arrière
Et j’aime ça

Non mais c’est vrai, c’est pas si spécial que ça d’être célibataire, on l’a tous été un jour ou l’autre dans sa vie (si un lecteur de ce blog a rencontré sa moitié avant sa naissance, toutes mes excuses). Bon après certains le redeviennent plus souvent que les autres, mais c’est pas la question, c’est beaucoup moins spécial que danser la polka en tutu rose, être capable de se lécher les coudes, avoir un lémurien domestique, être fan de Marc Lavoine ou de Grenoble…
Un peu spéciale, elle a un lémurien, le visage pâle, les cheveux en arrière (un maki) et j’aime ça (le lémurien, pas le sushi),
ça aurait eu plus de classe, comme chanson.
Bref, revenons-en à notre tellement si bien chanson.

Tell’ment si femme quand elle dort
Tell’ment si belle, je l’aime tell’ment si fort

C’est comment, tellement si femme quand elle dort ? Une démarche féminine, je vois, une logique féminine, je vois (mais si je vois)(me faites pas dire ce que je dis pas)(je vois, je comprends pas toujours, mais je vois), mais une façon de dormir féminine ? (non mais je suis un gros dormeur, c’est pour ça que je sais pas)(pas plus que je ne sais comment terminer ce post)

[Refrain]

Allez, tous en choeur.

Fais moi mal

L’événement du moment, c’est donc le festival de Cannes (à ne pas confondre avec les championnats du monde de hockey), un festival très bien où des gens essaient de monter des marches avec des cannes, des très belles cannes forgées et tout parce que c’est des gens du gratin. Forcément, y a de temps en temps des accidents. Et forcément, ça met plus longtemps. Alors pour passer le temps, on leur passe des films (là, par exemple, je viens d’avoir un accident de zeugma).

Le film-événement du festival, cette année, c’est Vengeance, un film de Johnnie Ito avec Johnny Halliday, Johnny Bravo, Johnny Weissmüller, Johnny Guitar et Sylvie Testud, pas la tenniswoman, l’autre.

C’est un film très fort et très engagé, sur le thème de la vengeance.


Johnny est furieux, car on lui a échangé des vignettes Panini pourries contre les siennes, alors qu’il avait demandé Zazie pour finir son album.


Il est vraiment vraiment énervé, il les finit jamais, ses albums alors pour une fois qu’il touchait au but, ça l’agace. Seulement, comme tout est écrit en étranger, il se perd. Il décide alors d’adopter une petite chinoise pour l’aider à retrouver son chemin.


Mais comme il n’a pas ses lunettes Optique 2000, il se trompe et adopte un vieux chinois, le commissaire Van Loc.


Soudain, il retrouve le voleur de Panini et lui tend une embuscade.


Soudain, il reperd le voleur de Panini. Il est très triste, car c’est un film avec des émotions.

Attention, aileron spoiler : A la fin, Johnny est tellement triste qu’il décide d’abandonner son métier, la chanson, car vendeur de lunettes n’est en fait qu’une couverture, pour s’adonner à son nouveau hobby, la dépression. Pour ce faire, il quitte la Chine et part pour Gstaad. Arrivera-t-il à lire les panneaux en suisse allemand ? Réussira-t-il à s’intéresser à l’album Panini du championnat suisse de foot ? Réussira-t-il à obtenir Carlos Varela et les 113 entraîneurs annuels du FC Sion ? On le découvrira dans Vengeance 2.

For what it’s worth

Il était une fois un blogueur face à la plus sévère panne d’inspiration depuis la création du coati par dieu le cinquième jour vers 17h43.

Une grippe cochonne terrifiait le monde entier alors qu’elle était plus inoffensive que le premier serial killer venu, un journaliste sportif confondait Brett Sinclair et Anne Sinclair, pendant que Richard Gasquet se battait pour prouver que non, la cocaïne n’avait pas pu influencer ses résultats, des gens décidaient que « The boat that rocked », en français, ça se disait « Good morning England », tant de choses qui étaient à l’humour absurde ce que la Russie est au hockey, mais le malheureux blogueur ne trouvait pas d’angle et Ségolène Royal ne s’en excusait même pas.

Il s’en alla trouver la fée de l’inspiration, qui demeurait dans une cabane au fond des bois. Mais en chemin, un doute l’étreint. Je veux dire, attends, la fée de l’inspiration elle habite dans une pauvre cabane dans les bois ? Faut pas déconner, la fée de l’inspiration, elle peut vendre des tas de livres, de disques et de pochettes d’allumettes chaque année et elle vit dans le dénuement ? Si ça se trouve, c’est Amélie Nothomb ! Il rebroussa donc chemin et décide plutôt de créer un groupe facebook. Où on lui dit de trouver une Muse. « Ça tombe bien, se dit-il, j’ai tous leurs albums », mais force est de constater que c’était toujours le trou noir plus que la révélation. « Un placebo m’aurait été tout aussi utile qu’une Muse », ajouta-t-il, car il était aussi blagueur que connaisseur en musique moderne.

« Placebo, Muse… oh, mais ça me donne une idée », eureka-t-il. « Au lieu d’essayer de chercher une nouvelle idée, je vais refaire un post que j’ai déjà fait, personne n’y verra rien », lolla-t-il. Tout ça pour te dire que non, finalement, je ne vais pas bloguer aujourd’hui.

Morituri te salutant

Je ne vais pas te le cacher plus longtemps : on est dimanche soir. Et puisque tu n’aimes pas le hockey, tu es probablement en train de regarder les Experts, les Experts Las Vegas ou les Experts Vevey sur une des 114 chaînes de ta TNT.

Penchons-nous donc sur l’origine de l’expression : S’ennuyer comme un rat mort.

A première vue, le rat n’est pas un animal qui s’ennuie plus que, disons, le paon, l’outarde ou le coati. Il s’ennuie beaucoup plus que les fruits de mer (trois mois pour parcourir deux mètres, tu t’ennuies jamais)(ohlala l’an dernier on a été en vacances de l’autre côté du rocher, c’est beau ! mais par contre ils ne savent pas cuisiner… et le service… on est mieux chez nous ! tiens je t’ai ramené un souvenir de là-bas), mais beaucoup moins que l’homme, seul animal connu à s’ennuyer assez pour envisager sérieusement de regarder « On n’est pas couché » le samedi soir. Par contre, le rat mort, il ne s’ennuie pas plus qu’un autre, mais moins que l’homme, qui aime tellement s’ennuyer qu’il a inventé le paradis pour pouvoi continuer de faire des colliers de trombone dans l’au-delà.

Il faut donc chercher l’explication ailleurs.

Nous sommes à l’Antiquité, un mardi soir, en plein empire romain. Jechercheunjeudemotenus est un riche marchand, spécialisé dans l’import-export. Il dispose d’une flotte de bateaux ultra-modernes, fonctionnant à l’esclave sans plomb. Mais la crise est aux portes de l’Empire et pour ne pas se retrouver fort dépourvu, il cherche à diversifier son activité.

Il a alors une idée géniale : proposer à des gens de profiter de ses bateaux pour regarder la mer et les dauphins. Mais le ramage ne permet pas aux bateaux d’avancer très vite et les voyages durent des mois. L’idée peine à prendre, jusqu’au jour où il a une seconde idée géniale : le plumage des clients. Il augmente ses prix suffisamment pour que les gens se disent « Ohlala c’est super cher, ces croisières, ça doit être trop la classe » et affluent en masse sur son bateau.

Malgré la longueur monotone du voyage et le fait que les distractions sont rares à bord, sa petite entreprise ne connaît pas la crise.

Par contre, les esclaves qui font avancer le bateau à la force de leurs bras mordorés, eux, trouvent le boulot un peu monotone. D’où l’expression s’ennuyer comme un rameur, tombée en désuétude suite à l’interdiction de l’aviron.

Six, the number of the pony

Lectrice, lecteur, public chéri mon amour,

C’est chaque année le même dilemme : faut-il faire un post pour dire « youhouhou, c’est l’anniversaire de mon blog ! » ?

Parce que ce qui peut passer pour du regardage de chevilles et de l’enflement de nombril, en fait, est surtout l’occasion de dire, une fois par année, merci de lire mes bêtises, de revenir, d’en parler à vos collègues et à votre grand-tante Irma, merci d’être là et de n’être pas las. Même si, ces derniers temps, je pense que ça se voit, l’inspiration me fuit comme les levreaux fuient dans la chaleur des phares des Opel corsa le soir au fond des bois, et des autres voitures aussi. Bon ok, le nombril, les chevilles, un peu, quand même : je l’aime bien, ce blog, moi.

Mais, bon, en fait j’ai déjà dit tout ça l’an dernier, et personne ne m’a offert de cheval mort pour me féliciter, alors à quoi bon ?

Du coup, je me suis dit, c’est mon anniversaire de blog, je vais les faire bosser un peu. Donc voilà. J’ai ressorti un post de mes brouillons. Un truc que j’avais commencé et que je n’avais pas pu finir, j’ai un emploi du temps si chargé, je dois continuellement regarder la Nouvelle Star et mettre à jour mon statut facebook, c’est inhumain. Tu vas voir, y a deux-trois idées assez fortes, dedans. Tu le lis, tu complètes, soit dans les commentaires, soit sur un fichier texte, soit sur les murs de ta ville, soit sur ton chat, soit sur ta poitrine dénudée, bref, je sais pas, tu improvises, quoi, tu es grand, tu m’envoies ça. Je publie dans une rubrique à part, quelque part. C’est pas vraiment un concours, parce que je déteste départager, après j’ai encore plus de cheveux blancs et je me mets à suffoquer, à blêmir et à insulter des vieilles dames, c’est juste un truc :

clique ici

et ah, oui, mon adresse mail c’est bonpourtonpoil (comme le blog dis-donc ! truc de fou !) @gmail.com (comme le maître du monde dis-donc ! truc de fou !)

Oui, je sais, tu aurais préféré un concours de nichons. Je garde l’idée pour l’année prochaine. Je veux dire, je pourrais très bien te remettre ça,

mais ce truc me met face à mon hypocrisie (ou alors c’est à cause des américains que je laisse les décolletés et que je censure les débraguettés?), alors j’aime pas trop.