Archive for April, 2008

GTA, vends-toi

Wednesday, April 30th, 2008

Sinon, hier, y a GTA4 qui est sorti, je sais pas si tu en as entendu parler, c’est un jeu où il faut voler des voitures et faire de la violence.

C’est un jeu très contesté parce que les adolescents, ils y jouent, ils perdent tous leurs repères et c’est pour ça qu’après, ils font de la violence dans la société. Toi, naïvement, à cause de l’héritage de mai 68 à qui nous souhaitons un joyeux anniversaire, tu te disais que peut-être le jeu vidéo n’était pas une cause, mais plutôt un symptôme, genre si Kevin est pas sorti de sa chambre depuis 12 jours et massacre des gens virtuels, c’est peut-être parce qu’il avait un problème à la base, si on en parlait, enfin quand il aura reposé cette batte ? Mais non, en fait Kevin il est gentil et adorable, c’est le jeu vidéo qui l’a rendu violent. De mon temps, c’était Marilyn Manson qui rendait les adolescents violents, maintenant c’est GTA, franchement, on est pas aidés, heureusement qu’ils vivent dans une société d’amour, d’espoir et de tolérance sinon ça serait limite le bordel.

Cela dit, je sais pas toi, mais moi, un jeu où on peut voler des voitures et frapper des gens, je trouve ça chiant, c’est un peu comme les footballeurs pro qui jouent à Pro Evo Soccer, je vois pas bien l’intérêt de refaire à l’écran des gestes de tous les jours. Par contre, on parle encore trop peu des conséquences néfastes que peuvent avoir sur la santé des jeunes certains autres jeux vidéos culte.

(ah oui, j’ai oublié de te prévenir, c’est un post pour geeks)


Des accros à Tetris prêt à toutes les extravagances pour terminer une ligne


Je sais pas si tu te souviens de Port of Call. J’avais toujours un mal de fou à faire entrer mes bateaux au port en manuel


Attention, abuser de Lemmings peut avoir des conséquences grave. Et pour ce niveau là, j’aurais plutôt pris un creuseur


Attention, si vous décidez de jouer aux Sims dans la vraie vie, rappelez-vous que les vrais objets pèsent lourd
(dans le cadre de la réinsertion progressive de Kaly à la vie bloguesque, c’est lui qui s’est chargé des photoshoppages de ce post)(apparemment, il aime les pandas)


Si vous décidez d’organiser des combats de Pokémon dans la vraie vie, rappelez-vous que le hanneton n’évolue qu’au niveau 42 et qu’avant, il ne possède que les attaques agiter les ailes comme un débile en espérant que ça impressionne l’adversaire et se cogner dans les vitres comme un débile en espérant susciter la compassion. (par contre après le niveau 42, il récite des poèmes en slave)

Ich bin so stolz

Monday, April 28th, 2008

Sinon, bientôt, en Suisse, on organise un tournoi de foot avec nos amis et néanmoins voisins autrichiens.
Comme nous, en Suisse, c’est bien connu, on a pas l’habitude de recevoir de la visite, Suisse Tourisme a fabriqué un joli petit dépliant à l’égard des hôteliers, je te laisse méditer dessus.

On y trouve quelques informations précieuses genre il ne faut pas lancer de pierres aux gens, ils risqueraient de mal le prendre, des trucs super utiles à tous les hôteliers mentalement déficients. Parce que bon, dans certaines vallées alpines, il y a des aubergistes qui n’ont plus vu le moindre client depuis 1873, il faut donc leur expliquer comment se comporter. Surtout que l’Euro c’est compliqué. Comme même les pauvres ont le droit de jouer au foot, on va se trouver avec des portugais, des roumains et des polonais plein nos rues, que faire si ils se mettent à cuire de la morue dans de la vodka, peut-on appeler la police ?

Heureusement un stagiaire toxicomane qui s’ennuyait esprit éclairé a eu l’idée de ce fascinant fascicule et, désormais, plus de risques d’impairs. Par exemple, si on vous demande comme ça, sans réfléchir, de me citer deux clichés sur les portugais…

Ca y est ?

Range cet épilateur immédiatement, les clichés sur le Portugal c’est fier et modeste. Ce qui est plutôt classe.

Sauf que, tout ceci n’est pas trés complet, ils auraient pu dire bien des choses en somme. Et, sans vouloir me vanter, faire appel à moi, qui m’y connais super bien en pays.

Par exemple, tenez.

L’Autriche, qui coorganise l’Euro, est un pays réputé avant tout pour le charme et l’humour de ses habitants, quoi de plus drôle qu’un joddler tyrolien en train de commander un Apfelstrudel à la terrasse d’un café d’Innsbruck ?

L’Autriche tire son prénom de l’Allemand “autre ich”: c’est un pays où on dit ich, comme en Allemagne, mais un autre, car ce n’est pas l’Allemagne. Pour reconnaître si un quidam vous parle allemand ou autrichien, il suffit de lui donner un ballon de football. L’Autrichien ne saura pas qu’en faire. Attention, si votre interlocuteur place le ballon dans un coffre, il s’agit d’un suisse allemand.
Longtemps, l’Autriche a joué un rôle prépondérant dans l’Histoire de l’Europe, grâce à ses importantes fabriques de compositeurs. Je te laisse un peu faire une liste des Autrichiens connus, tu verras rapidement que ceux qui ne faisaient pas de musique ont très mal tourné: un futur président des Etats-Unis, un psy, un dictateur, des skieurs, que des choses pas très recommandables.

L’Autriche est connue pour sa gastronomie, ses saucisses de Vienne, ses chocolats viennois, ses tartelettes de Linz, ses escalopes milanaises et là-dedans, dis-moi, que deviennent, que deviennent, les valses de Vienne ? Cependant, ce pays ne parvient pas à attirer autant de touristes qu’il le souhaiterait. Les vacanciers filent tout droit par le Brenner vers l’Italie ou la Croatie. Les indigènes en éprouvent de la rancoeur, qu’ils noient dans l’alcool. L’Autrichien boit, mais la caravane passe.

Comme les gens s’intéressent de moins en moins à la musique classique, les Autrichiens modernes doivent trouver de nouvelles activités pour exprimer leur créativité. En hiver, le ski. Et, comme le vin autrichien n’est pas très bon, en été, ils s’occupent à réaménager leurs caves.

Truitez-les tous

Sunday, April 27th, 2008

De temps en temps, mais pas pendant les heures de bureau sinon tu risques de te faire coincer les doigts très fort, tu traînes sur facebool*, copains de Sophie Davant ou (plus rarement) amatrices-lubriques.com et tout à coup tu retombes sur Maurice Flonchard ou Pétronille Klozk, que tu avais complètement perdu de vue depuis la soirée de fête du bac (Et tu espères sincèrement que cette histoire de pelle à tarte est oubliée). Tu les contactes et là, c’est comme si les années n’avaient jamais passé, vous vous retrouvez comme au temps jadis, sauf qu’il n’y a pas interro de maths mardi matin.

Enfin je veux dire, ça doit se passer comme ça, de temps en temps. Sinon, ce genre de sites n’auraient pas le succès qu’ils ont. Peut-être même que des fois, Jean-Pierre Bouchinot et Marina Flubert se revoient, 20 ans après, se rappellent du baiser langoureux qu’ils avaient échangé en sixième (mais la sixième suisse, quand même, sinon c’est un peu dégoûtant), remettent ça, mais en bien moins maladroit parce que bon, puis, dans la foulée, font des bébés dont les producteurs hollywoodiens rachètent les droits. Ça doit bien arriver quelquefois.

Sauf que toi, quand tu recontactes Elsbeth Früüglü, ça ne se passe pas du tout comme ça. Tu lui demandes ce qu’elle devient, tu apprends qu’elle a une douzaine de gosses, une maison avec des volets bleus et un gros chien noir et du coup, quand elle te demande et toi tu deviens quoi, soit tu te lances dans un discours sur les valeurs petit-bourgeoises de notre société de consommation, soit tu crées une diversion, par exemple en simulant une alerte à la bombe.
Ou alors elle te dit qu’elle a décroché 3 ou 4 licences, travaillé un moment comme responsable d’un truc que tu comprends même pas, mais qui a l’air classe, puis qu’elle a changé de voie et qu’elle est maintenant présidente d’un petit état d’Amérique du Sud qu’elle a racheté pour une bouchée de pain, et quand elle te demande et toi, tu lui expliques que tu as préféré privilégier ta vie de famille plutôt que ta carrière, mais tu es bien obligé, dans le mail d’après, de lui avouer que ta vie de famille, c’est un chat de 3 ans qui prend un peu de bide mais pas trop, ça va.

Parfois, au cours de l’échange épistolaire, tu découvres que ohlala comme par hasard, on travaille désormais dans la même ville et tiens, si on allait boire un verre un de ces jours ? et au moment des retrouvailles tu as une petite pointe d’appréhension, nous entendrons-nous encore après toutes ces années surtout que, maintenant tu t’en souviens, vous ne vous disiez déjà pas grand chose à l’époque, Elsbeth Früüglü est le 49e nom que tu as tapé, un peu en désespoir de cause, dans le moteur de recherche de facebool*, vraiment, tes vieux potes pourraient faire l’effort d’être un peu plus geek que ça. Et bon, en effet, vous n’avez pas grand-chose à vous dire.

Revigoré par cette expérience, car tu es prêt à saisir n’importe quel prétexte pourvu qu’il y ait apéro, tu décides de recontacter Fulgence Heffenstrüd dès ton retour à la maison, avec un peu de chance, il n’est rien devenu.

* note pour les correcteurs: ceci n’est pas une faute de frappe mais un excellent jeu de mot offert par une amie**
** par contre, elle est fan d’Indochine

Alcools

Saturday, April 26th, 2008
Alcools

Je repasse sous jiwa, qui me semble mieux que deezer (mieux et moins connu, finalement, internet c’est très démocratique) et je crée une playlist d’alcooliques

funiculi funicula

Thursday, April 24th, 2008

La brume cotonneuse nimbe la ville d’une dépressive aura automnale, mais un je-ne-sais-quoi de printanier embaume l’air, d’ailleurs y a des fleurs alors c’est bien la preuve. Un jeune homme, bien plus printanier que cotonneux, si tu veux mon avis, quitte son bureau à midi précises, car la scène se passe en Suisse et qu’on ne rigole pas avec ces choses-là. Il opte plutôt pour le libanais. Las, il trouve porte close. Mais il n’est pas homme à se laisser abattre et trouve une solution de repli, une sandwicherie américaine spécialisée dans le pain mou et le fromage aléatoire.
L’ambiance est vaguement orange et capillairement tecktonisée. La queue avance comme seules les queues savent le faire. Soudain, le moment qu’il attendait depuis de longues minutes arrive enfin. C’est à lui de parler. Heureusement, il s’était préparé bien à l’avance.

– Je vais prendre le menu salade.

Manger de la salade en ces lieux, c’est follement subversif, se dit-il. Et pourtant, la dame de la caisse ne se laisse pas impressionner.

– Sauce italienne ou française ?*

Et là, c’est le drame. Italienne ou française ? Comment choisir ? L’arôme délicat et envoûtant du vinaigre balsamique, son mariage subtil à l’huile d’olives pressées avec amour sur une gondole ? Des siècles de tradition culinaire se mêlant subtilement à l’envahissant modernité du lieu ? Il hésite. Comment trancher entre deux arts de vivre à la fois si proches et si éloignés. L’Italie c’est Rome, le soleil, les filles belles comme le soleil qui se lève sur la Toscane évanescente, les opéras de Verdi, les soirées pizza, le far niente. La France, c’est Melun, le cinéma français, la belote, les apéros de Verdi (c’est un bar pas mal)(ils font des apéros), le far breton. Si j’opte pour la française et que je digère mal, se dit-il, je pourrai toujours accuser le Cheeseburger, probablement suédois, les conditions de jeu déplorables, mais si je prends l’italienne, y aura peut-être un cadeau dedans, je me rappelle quand j’avais été en Italie, j’avais eu un cadeau dans mon croissant mou à la confiture, je l’avais donné à un enfant aveugle.

– Monsieur ? Il y a des gens qui attendent !

Derrière lui, la file s’allonge. Il sent la sueur perler à son front.

– On a faim, gronde la foule.

– Comment osez-vous vous plaindre, alors que des milliards d’enfants tibétains meurent chaque jour au Darfour ?

– Des milliards ?

– Oui bon, mais vous savez ce que c’est, avec Darfour, je positive**.

Il abandonne la foule à ses lazzis et se retourne vers la caissière fulminante.

– Je peux pas avoir un peu des deux ? Genre française mais avec des origines italiennes ? Ca doit être pas mal, ça, non ?

– Monsieur…

– On ne vous a jamais dit que vous étiez très fulminante ?

– Il faut vous décider ou j’appelle la police.

– Bon ben… française, déjà qu’ils ont perdu la coupe du monde sur un coup de tête.

– Frites ou potatoes ?

* Oui, faut être suisse pour comprendre.
** Je sais, mais je me dis que c’est peut-être plus clair la deuxième fois.

j’ai mangé des chipolatas avec de la salade, ça va pas du tout ensemble*

Tuesday, April 22nd, 2008

A la Préhistoire, la terre était encore peu peuplée, ce qui n’avait que peu d’influence sur le métro aux heures de pointes. Cela avait en revanche une influence directe sur les relations entre les peuples puisqu’il est beaucoup plus facile de ne pas détester ses voisins quand on ignore totalement leur existence.

Mais, parfois, il arrivait que deux tribus convoitent le même mammouth. Comme l’Homme, bien qu’encore peu civilisé, présentait déjà certaines amusantes caractéristiques qu’il a su conserver jusqu’à aujourd’hui, ça finissait parfois en méchoui mais bien généralement en baston. Puis on jetait la moitié du mammouth, parce que c’est quand même gros et moins bon réchauffé.

Le grand chef UhHgRuhr, sage ou parano, c’est selon, aimait à être informé des agissements des autres cavernes: ont-ils découvert le feu, où en sont-ils politiquement et, surtout, les rumeurs selon lesquelles UhGruuuuuuuuuuuuuhr et Ughraha auraient une aventure sont-elles fondées ? Il décida donc d’affecter quelques jeunes gens à son service d’information. Ils suivaient une école où ils apprenaient les ficelles du métier genre peut-on mener une interview à coups de massue, entraînaient leur mémoire parce que c’est pas évident de te rappeler de tous les détails quand, sur le chemin du retour, tu es tracé par un tigre à dents de sabres ou un panda laineux et, si il restait encore un peu de temps, intégraient quelques notions de déontologie.

La nouvelle profession était très convoitée. Nombre de jeunes gens rêvaient de la pratiquer. Pourtant, plus les années passaient, plus les vieux gens qui la pratiquaient trouvaient que, vraiment, c’était plus comme avant. Ils ne recommençaient à trouver noble leur profession qu’au moment où quelqu’un prétendait que “non mais n’importe qui peut le faire, suffit juste de courir vite”.

Il faut dire qu’en cette période d’inculture, on avait tendance à confondre messager et message. Et que, quand les nouvelles étaient mauvaises, le chef UhHgRuhr devenait de mauvaise humeur donc, pour éviter, on s’arrangeait pour les arranger. Il faut dire aussi que les envoyés spéciaux avaient tendance à revenir le plus vite possible. Premièrement parce que l’information n’attend pas, deuxièmement parce que plus les années passaient, plus la perspective d’une bonne tranche de mammouth ravigote à leur retour au bercail leur semblait plus importante que celle de servir l’information. Du coup, ils s’arrangeaient pour rentrer avant les concurrents, pour avoir les meilleurs morceaux, je sais pas si t’as déjà goûté la rate de mammouth mais c’est moyen. Et que finalement, si ils donnaient une information fausse, genre UhhGRrRugr de la tribu troisième caverne à gauche et après c’est tout droit est décédé hier des suites d’une courte maladie rigolote, le temps qu’ils rentrent, statistiquement, ça pouvait très bien être devenu vrai. Et finalement, parce que leur métier n’était pas toujours reconnu à sa juste valeur à l’étranger et qu’on a beau dire, entre servir l’information et servir de cible à des fous furieux armés de javelot, détaler est souvent le choix le plus sage. L’enquête de fond était donc souvent délaissée au profit de la course de fond.

Puis l’on inventa, tour à tour mais pas coup sur coup, l’écriture, l’apéritif, l’imprimerie, l’attachée de presse et, aujourd’hui, cette noble profession a bien changé.

*oui va falloir que j’arrête de demander des titres aux gens de msn

Difficile de battre un champion

Monday, April 21st, 2008

Vous le savez peut-être, les Chinois, ces êtres frustes qui mangent des bébés tous les matins car ils n’ont pas le bonheur d’être, comme nous, des démocrates, entendent organiser les Jeux Olympiques. J’en entends déjà parmi vous qui s’insurgent: quoi, les Jeux Olympiques ? à des barbares ? quel scandale ! je m’en vais les boycotter. Partout dans le monde, des protestations s’élèvent.

Mais les Chinois, avilis par des siècles de propagande maoïste, ne comprennent pas que c’est pour leur bien, le barbare est parfois long à la détente. Ils ont donc décidé de se venger mesquinement et de s’attaquer à un emblème de notre belle démocratie, de porter un coup brutal aux valeurs éternelles de la France, pays des droits de l’Homme, et de boycotter les produits Carrefour. Alors que tout le monde sait pourtant qu’avec Carrefour, je positive.

Une action violente qui a suscité l’émoi aux quatre coins de la planète, sauf en bas à gauche, où c’est aussi plein de barbares. Je suggère donc d’organiser un grand concert de soutien, avec des tas de guitares et peut-être même de l’oud.

Conception graphique: KaLy, jeu de mot: KaLy, un lundi matin

Je t’échange Behrami contre Cissé et Bayrou

Saturday, April 19th, 2008

Dans les médias suisses, pour une raison qui m’échappe, on essaie de nous faire croire que le monde, en attendant les championnats d’Europe de foot, ne vit plus que pour une seule chose, terminer son album Panini.

Du coup, j’ai décidé… Non ben non, pas de collectionner les Panini, sois sérieux 5 minutes. J’ai décidé d’arrêter de ressembler à une vignette de l’album Argentina 78 et je me suis donc rendu dans un salon de coiffure.

Où on ne m’a pas tendu d’album Panini mais un catalogue de coiffure. Ca ressemble beaucoup, sauf que les gens sont déjà collés et que y a pas les écussons des pays.

Dans les salons bas de gamme, on te demande “Je vous les coupe comment?”, tu réponds “euuuh…courts?” et ça suffit. Dans les salons classe, on te file un catalogue. C’est plein de beaux gosses (je crois, sinon ils feraient pas mannequins mais palefreniers, comme vous et moi) avec des tas de coupes de cheveux mode, tu as l’impression que des danseurs de tecktonik se sont rendus à un concert d’un groupe pop anglais, je sais plus lequel, je les confonds tous, mais un de leurs morceaux a été repris pour une pub, avec quelques racailles qui sont restées de l’an dernier. Tu optes plutôt pour le britpoppeux (non, pas Pete Doherty, je te dis que j’ai été chez le coiffeur, pas chez l’équarrisseur).

Tu te dis quand même qu’ils ont tous l’air un peu tarte, dans ce catalogue et ça te fait plaisir, les beaux gosses à l’air tarte sont quand même vachement rassurants, tu te dis que y a une justice quelque part. Alors que les beaux gosses type sympa, intelligents que malgré tous tes efforts tu n’arrives pas vraiment à détester, en plus en général, ils savent jouer de la guitare, te feraient douter de l’existence de dieu si tu n’étais déjà rosilicorniste convaincu.
Par contre, tu te demandes si toi aussi, tu vas finir avec l’air crétin, si c’est le prix à payer pour avoir l’air fashion. Tu te souviens vaguement d’un passage à London où, effectivement, dans le magasin hype et trendy où tu t’es réfugié pendant une des 247 averses de la journée, les vendeurs avaient l’air très très tarte, mais comme c’est des anglais on dit pie alors ça va, et tu te surprends une fois de plus à attendre avec impatience le retour du grunge. Tu te dis que la mode, c’est quand même la meilleure preuve de l’absurdité de la vie, tous ces gens qui tiennent à avoir l’air tarte en même temps.

Puis au bout d’une demi-heure de coups de ciseaux et de rasoir, de discussions laborieuses sur la météo et la géographie, et 13 tonnes et demi de cheveux au sol, on te tend un miroir et là tu te rends compte que tu as vachement la même gueule que la dernière fois, quand tu avais juste demandé court, alors franchement, est-ce bien la peine d’infliger des catalogues Panini à tout le monde ?

L’héritage déplorable de 12068 av. J.-C.

Thursday, April 17th, 2008

Les hommes préhistoriques vivaient souvent dans de luxueuses cavernes tout confort, foyer agencé, vue sur la mer, WC et douche séparés. Puis, un jour, ils décidèrent, plein d’usage et raison, qu’il était grand temps de se caser, d’arrêter un peu avec le nomadisme, que cette vie de patachou n’était plus de leur âge de pierre.

Mais tu imagines bien que ça ne s’est pas fait comme ça.

Tellement d’années avant Jésus-Christ que les gens pensaient que c’était un footballeur, Jésus Christ, l’Homme commença à domestiquer vaguement deux-trois bestiaux, tels le poney sauvage des steppes et l’huitre bigarrée, histoire d’avoir toujours à proximité de quoi se faire un sandwich. Il continuait de nomader, moins qu’à la désopilante époque de la traque au mammouth, mais quand même.

C’est à cette époque que le jeune Uhgrgurh le fou tint ce langage à son chef, UuhGruhr le rusé. “Tu vois, on pourrait construire des tas de petites cavernes individuelles, genre en bois, les unes à côté des autres, pas trop près comme ça on n’aurait plus besoin de dormir à côté de UuhGruhr, qui ronfle quand même un peu, mais pas trop loin comme ça on pourrait se faire des soirées djembé de temps en temps et on limiterait la période de nomadisme à juillet-août, on planterait un peu de sorgho et des chèvres comme ça on n’aurait pas besoin d’aller chercher la bouffe trop loin, on vivrait pieds nus et les portes n’auraient pas de clés”. Un programme politique ambitieux qui ne convainquit pas UuhGruhr: “Bien sûr, l’idée me semble audacieuse, mais je crois que le peuple n’est pas prêt et que dois-je faire, je vous le demande, Uhgrgurh, que dois-je faire, fouler ainsi au pied la volonté du peuple ?”, répondit-il et, pour mieux marquer sa foi en la démocratie naissante, il asséna un coup de massue sur le crâne du godelureau.

Uhgrgurh, qui était un jeune rebelle dans sa tête, décida pourtant de tenter l’expérience. Il fuit, partit s’établir dans une vallée du coin et s’y installa un trois pièces avec jardin, quelques arpents de terrain et deux trois moutons laineux. L’ère était à la verdoyance outrancière et sa petite entreprise ne connut pas la crise. Si bien que, lassés de marcher inlassablement sans raison, quelques congénères vinrent s’établir aux alentours. Le premier village était né, très vite, aux fermes s’ajoutèrent une forge, un bar, un supermarché et Uhgrgurh abandonna son métier de fermier pour se lancer dans l’organisation de safaris pour les habitants plus âgés nostalgiques de la chasse.

UuhGruhr le rusé, qui commençait à avoir des cors aux pieds, eut vent du succès du concept de village et décida de revenir s’y installer. Deux ans plus tard, grâce à un vibrant discours sur la nécessité de préserver les valeurs traditionnelles de la vie locale face à l’insécurité provoquée par la sédentarisation massive et aux difficultés manifestes d’intégration des nomades, il se fit élire maire. Sa première mesure fut de faire bannir le jeune Uhgrgurh, accusé de fomenter un complot contre la pérennité villageoise, car déjà à l’époque, il n’y avait pas tellement de moralité à la fin des histoires.

Derrière les oreilles

Friday, April 11th, 2008

La programmation du Paléo est sortie hier. Je te préviens d’entrée, si tu es jeune, branché et hype, il te faut la critiquer: “Han vraiment, je mets plus les pieds dans ce festival de beaufs, j’y crois pas, ils ont même pas invité Roultaboul et les Banaboo, vraiment c’est devenu trop commercial, je préfère les festivals qui ont une âme comme Benicasim ou Roskilde”.

Parmi les groupes invités du Paléo, cette année, les BB Brunes, un groupe dont le premier album, Blonde comme moi, a fait un malheur. Un groupe très vite adopté par des fans en délire, au point que je compte un peu sur eux pour relancer le marché des commentaires incompréhensibles, même si je m’y prends peut-être un peu tard. Un groupe qui, si j’en crois la très sérieuse Wikipedia, doit sa carrière à Luis Rego, c’est dire.

Nous allons aujourd’hui nous intéresser, si vous le voulez bien, chers amis de la musique et de la gastronomie, au single Dis-moi sorti en juin 2007, ça ne nous rajeunit pas.

Les BB Brunes tirent leur nom de leur passion: la coiffure, ce qui peut sembler étonnant si, pour toi, la rock’n’roll attitude c’est avant tout Slash et Kurt Cobain. Mais n’oublions pas qu’avant eux il y a eu Dick Rivers. De plus, la coiffure est, la tecktonik et Jilian le prouvent hélas, un thème central des préoccupations des jeunes d’aujourd’hui. Il faudra t’y faire, il y a eu la chanson engagée, place à la chanson dégagée.

Bref, dis-moi.

Moi.

Une légère envie de violence quand elle relace ses bas

Donc le narrateur de la chanson, Benedikt Brunes, est coiffeur, il fait la conversation à une cliente, il est justement en train de lui parler de ses problèmes conjugaux: sa jeune épouse, Bernadette Brunes met toujours un temps fou à relacer ses bas, lui au début ça le délassait mais maintenant ça l’énerve, limite il lui foutrait des claques.

Je ne suis plus à vendre, Houna, je n’ suis plus comme ça

Soudain, affolé par l’énormité de cette révélation, il change de sujet. Il avait pensé vendre son salon, peu rentable, et se lancer à corps perdu dans la conchyliculture mais il a changé d’avis, il n’est plus comme ça.

Des rumeurs adolescentes disent que je ne suis pas
A toi

Des adolescents prétendent qu’il aurait d’autres clientes.

et je pense qu’une part de vrai se cache

Il ne le nie pas. Et en profite pour faire une litote, ce qui est moins classe qu’un zeugma, mais bien quand même.

{Refrain:}
Dis-moi si j’dois partir ou pas

Il hésite, tout de même, devrait-il vendre son salon, alors que les affaires commencent à marcher, devrait-il le garder ? Il est indécis (notez dans ce passage le subtil hommage aux Clash)

Dis-moi ! ouh ouh

(Notez, dans ce passage, le subtil hommage à Dorothée)

Dis-moi si tu aimes ça, Houna

Il a fini son travail et tend un miroir à sa cliente pour qu’elle lui dise si elle trouve ça assez dégagé.

Car je suis fou de toi, Houna
Quand tu n’ m’appartiens pas !

Soudain, il avoue à sa cliente qu’il éprouve un léger béguin pour elle, surtout quand elle décide d’aller se faire couper les cheveux au salon d’en face, un peu plus cher mais les coiffeurs sont moins bavards.

Une violente envie de descente lorsque t’embrasses ces gars

Du coup, il est tellement jaloux quand elle embrasse ces gars, c’est plus fort que lui, qu’il descend à la cave rechercher du gel.

Je n’ferai point l’enfant, tout ça ne m’atteint pas

Mais il prétend s’en foutre comme de sa dernière coupe au bol. Surtout qu’il a d’autres soucis.

Des rumeurs adolescentes disent que je ne suis pas
Un homme à femmes

En effet, dans les couloirs du lycée voisin, il se murmure qu’il n’aurait jamais passé son examen de coiffeur pour dames et donc qu’il exercerait illégalement le brushing. Une bien pénible affaire.

et rien d’autre qu’un homme à toi !

Notez au passage que les rumeurs adolescentes maîtrisent super mal l’art ancestral de la double négation. Je ne suis pas rien d’autre qu’un homme à toi signifie qu’il est autre chose, aussi. Ou pas.

{au Refrain}

Quand tu me mords où ça dérange
Et tu m’attaches les bras

C’est un salon SM. Ca se fait beaucoup à Paris. Je crois.

Quand je fais sautiller sa frange
Ses cris se tirent dans les graves

Tu m’étonnes qu’avec les bras attachés, sa frange soit loupée !

Quand les voyeurs en redemandent
Moi, je ne veux que Houna
De plus belle,

Beaucoup de jeunes fétichistes capillaires (ça se fait beaucoup à Paris) viennent le regarder couper les cheveux, ils trouvent ça très sensuel. Tu noteras au passage que le chanteur est un peu incohérent, il parle soudain à sa cliente à la troisième personne.

des plus belles jambes
Et de la place pour trois !

Et alors qu’ils étaient en train de s’attacher les bras, il lui annonce qu’il compte agrandir son salon de coiffure histoire de pouvoir accueillir jusqu’à trois clientes à la fois, ce qui lui permettra de parler à la troisième personne sans passer pour un demeuré, et se lancer également dans l’épilation gambettale.

Dis-moi si j’dois partir ou pas
Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi si tu aimes ça, Houna
Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi ! Non, je ne craquerai pas

Il se montrera très courageux si elle lui dit que sa coupe est toute ratée. C’est bien. C’est un beau message d’espoir.

Dis-moi ! ouh ouh
Dis-moi si tu aimes ça, Houna
Car je suis fou de toi, Houna
Quand tu n’ m’appartiens pas !

Voilà. La chanson est finie.