Sinon moi, dans la vie, je suis Genevois. Pas un vrai de vrai, mais quand même. Pour situer, le vrai de vrai Genevois, il sort de temps en temps de sa ville pour les vacances ou pour aller à la campagne, le week-end, à Carouge, mais si tu le forces à rester outre-Allondon un peu longtemps, la pollution lui manque, il suffoque, il blêmit. Moi, la vie m’a expliqué un jour comme ça que j’allais devoir m’installer vachement plus loin que Versoix, au début j’ai eu un peu peur, mais finalement je me suis rendu compte que c’était plein de gens très sympas.
Par contre, j’ai gardé quelques habitudes. J’ai un sourire condescendant quand quelqu’un s’extasie sur le jet d’eau. Je dis 80 et pas 80. Je considère qu’Annemasse et le Salève, c’est un peu à moi. Je connais le début du Cê qué laino par coeur. Et puis, depuis quelques années, j’aime le hockey plus que le foot.
Parce qu’à Genève, avant, on avait une équipe de foot. Elle est tombée tellement bas qu’ils sont obligés d’utiliser son stade pour des concerts de Tokio Hotel. Déjà, engager Karembeu et un escroc pour se sauver c’était pas glorieux mais faire venir un chanteur fraîchement amputé des cordes vocales, comment veux-tu ? Maintenant, à la place, on a une équipe de hockey. Et en toute objectivité, c’est vrai que le hockey c’est nettement mieux que le foot.
Pas en tant que joueur, hein, malheureux, c’est un blog sérieux et responsable, ici, je suis pas en train de t’inciter à faire du sport. Surtout pas un sport à base de patins. Ou alors du patinage artistique, et tu m’envoies des photos de toi dans ton costume à paillettes, ça me fera rêver. Mais en tant que spectateur, un peu bête et chauvin mais pas trop, le hockey, c’est mieux. Déjà, tu remarqueras que les hockeyeurs ne passent pas leur vie à se rouler par terre, sinon ils attrapent des pneumonies.
Et puis le supporter, au hockey, il a des avantages. Parce que c’est vrai, quand tu es supporter, l’arbitre n’est jamais bon. Il siffle contre nous, c’est n’importe quoi, il siffle contre les autres, ce n’est que justice. Mais en hockey, comme les règles sont plus compliquées, des fois on a le droit de se jeter dans son adversaire mais des fois pas, et qu’en plus tu passes les 3/4 du match à ne pas tellement savoir où est le puck, c’est quand même nettement plus facile d’être de mauvaise foi. C’est des fois frustrant, cette histoire de puck, par contre. Au hockey, ils sont obligés d’allumer une lampe rouge quand il y a but, comme ça les supporters savent qu’ils doivent être contents même si, au fond d’eux, ils ont un peu de chagrin, ils étaient persuadé que le palet était première porte à gauche et non, apparemment, selon les dernières informations, il serait dans le but sans qu’ils aient rien vu venir. Par contre, comme il y a trois tiers-temps, ils ont deux fois plus d’occasions de boire de la bière pour se consoler, c’est bon pour l’économie.
Pour le journaliste aussi, le hockey, c’est mieux. Parce que le hockeyeur, sous ses dehors de brute épaisse, est resté un grand enfant. Il aime donner des noms d’animaux à son équipe. Du coup, les Aigles, après avoir battu les Dragons, vont manger les Lions alors que les Abeilles ont perdu contre les Pandas roux. Forcément, pour la métaphore, c’est plus pratique que le FC contre l’AJ. Et comme force est de constater que le journaliste sportif manie l’envolée lyrique aussi bien que le carreleur le chalumeau, il est parfois super heureux de pouvoir meubler avec des histoires de serres, d’ailes et de rémiges.
Mais surtout, un sport où la Suisse bat régulièrement la France, c’est quand même classe.










