Il n’y a que ceux qui n’ont jamais joué qui n’ont pas tenté leur chance

Comme tout le monde, cette semaine, tu as joué à l’Euromillions. Tu l’as fait en rigolant, sans y croire, mais quand même, tu attends un peu de savoir si tu vas pouvoir signer ta lettre de démission et acheter cette bicoque d’à peine 13 pièces à Nassau.

Tu as commencé par jouer tes numéros fétiches, la date de l’anniversaire de ton chien, le nombre de tes gencives, le 42 et pour les étoiles le 3, à cause de ces vacances si romantiques que tu avais passées à Troyes.

Tu as pas pu t’empêcher de les dépenser dans ta tête, ces sous. Tu en as donné à la famille, aux amis, et même aux petits enfants aveugles. Tu t’es dit, en passant, qu’avec tout cet argent qu’on allait refiler comme ça à un mec juste parce que son chien était né le bon jour et qu’il avait jamais lu H2G2, on pourrait probablement résoudre deux ou trois fois la faim dans le monde, ça t’a inspiré un peu de misanthropie et, du coup, tu as racheté un deuxième billet parce que si ça se trouve, ce mec, là, avec son chien moche et ses goûts littéraires pourris, il les mérite pas vraiment, ces millions. Si ça se trouve, il va même pas t’en donner un peu.

Là, tu sais très bien qu’au tirage, tu vas perdre ton veau, ta vache, tes cochons. Ca va même pas t’empêcher de dormir. Perdre 100 balles, c’est terrible mais quelques centaines de millions, ça fait moins peur, tellement tu arrives même pas à imaginer combien de glaces cannelle basilic (vous, les riches, vous avez des goûts si excentriques) ça peut représenter. Tu stresses pas trop. En plus, à un moment, avec ton argent imaginaire, tu avais offert un pneu en or massif à ton oncle Wenceslas qui collectionne les pneus, ça avait fait des jaloux, tout le monde s’était disputé et tu avais fini par te dire que c’était mieux avant.

Et tu avais raison. Car l’argent, finalement, n’apporte que des joies matérielles futiles, les vrais bonheurs de la vie ne s’achètent pas. Et surtout, ces millions, c’est moi qui devrais les gagner, j’estime.

Comme c’est Caucase

Cette nouvelle importante t’a probablement échappé, préoccupé que tu étais, et c’est bien normal, par un concours de nichons sauvage sur un blog bleu pourtant pur et innocent l‘actualité brûlante de ces derniers jours, mais le Nicaragua vient de reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.

Tu trouveras mon billet un peu fade mais je ne me prononcerai pas trop, d’autres l’ont fait de manière bien plus rigolote. En gros imagine que Kevin vole les billes de Maurice et que le grand frère de Maurice récupère les billes, casse les deux jambes de Kevin, brûle sa maison et mange son chat, tout ça sous l’oeil d’un surveillant qui promet d’envisager de dire au frère de Maurice que c’est pas bien, et tu as un bon résumé géopolitique de la situation.

Par contre, tu t’es probablement posé cette question, et c’est légitime: Comment, moi aussi, déclarer mon indépendance ? Peut-être par exemple te sens tu bafoué dans ton identité parce que l’Etat t’interdit de parler le langage que tu avais inventé pour parler avec Rudy, ton ami imaginaire ? Quelles que soient les raisons, je ne suis pas là pour juger.

Admettons, par exemple, tu décides, avec les gens de ton immeuble, de créer la République Démocratique Autonome Bolivaro-Michel Druckerienne du 27bis, rue des Acacias. Avant toutes choses, il faut préparer le terrain. Quel sera ton drapeau ? Ta monnaie ? Ton régime ? (En ce moment, je te conseille plutôt la démocratie, très in, même si les dictatures font un très beau retour au premier plan. Evite par contre la théocratie, sauf si tu es bouddhiste, c’est très mal vu)

Il faudra ensuite acheter de quoi tenir un siège (méfie-toi des attache-siège en rotin de chez Ikea), des fois que l’Etat dont tu te déclares indépendant refuse, car tu sais comment sont ces gens.

Une fois le siège tenu, tu ne peux pas encore t’entraîner pour le match contre le Groenland de la phase qualificative pour les prochains championnats du monde de polo-velo. Il faut d’abord te faire reconnaître. Ca marche comme ça avec les pays. Si un seul te reconnaît, tu n’existes pas officiellement. Par exemple, lors d’un congrès international des pays, un émissaire fidjien dit « tiens, pour les vacances, j’étais au 27b rue des Acacias, c’est très beau, mais quels voleurs! », les autres vont lui répondre « non mais t’es con, ou bien, ça n’existe même pas ? »
Mais si une douzaine se mettent à parler de toi, tu sais comment sont les gens, les autres vont douter et, pour ne pas avoir l’air bête, dire « ah oui, ma belle-soeur y a été, elle m’a ramené un superbe poncho, par contre elle a été malade trois semaines, ils mangent des trucs bizarres ». A ce moment-là, c’est gagné: tu es enfin reconnu.
Le mieux, donc, pour être reconnu par la communauté internationale, c’est de lui envoyer des photos de toi.

C’est doux, c’est neuf ?

Je sais pas si tu en as entendu parler, mais Edipresse a été obligé de supprimer 50 emplois, et crois-moi bien que ça les a beaucoup fait pleurer.

Le problème, c’est le recul des recettes publicitaires.

Alors ne t’inquiète pas, les recettes publicitaires, dans leur ensemble, ont encore de beaux jours devant elles. Pour une raison qui m’échappe, des tas de gens sont persuadés qu’il faut absolument dépenser plein d’argent pour venir te dire à la télé, dans ton journal ou dans ton internet que le nouvel Omo lave plus blanc que blanc. Seulement, ils ont plus envie d’en mettre dans les journaux, de la pub, parce que ça a fini par se voir que les gens ne lisaient que leur horoscope et les mots fléchés.

Du coup, les malheureux publicitaires sont obligés d’explorer de nouvelles voies pour faire entendre leur voix. Il y a déjà eu les placements de produits dans les films, les placements de produits dans les blogs qui, de scandaleux espace de liberté de parler de ses problèmes gastriques sont devenus des lieux respectueux d’une morale néo-libérale saine et réjouissante où l’on parle de crème pour la peau et de ses 7230 classements de blogueur le plus influent du monde. Mais cela ne suffit pas. Si tu es le chef de la compagnie mondiale de la publicité, je te fais part d’une idée pour le moins époustouflante qui m’est venue comme ça, au volant d’une voiture bleu-gris, alors que j’essayais d’oublier qu’un de mes collègues avait écouté The Final Condom d’Europe la veille. Et ah tiens, j’aurais pas dû en parler.

L’idée, donc, c’est de personnaliser toujours plus avant la publicité. Demain, vous, moi, chacun, sauf ta voisine chauve à cause de son lumbago, pourra devenir le vecteur de cette merveille de la communication moderne qu’est la pub grâce à ce concept génial, le placement de produit dans des vieilles blagues: C’est l’histoire d’un homme qui, n’ayant pas entraîné son cerveau avec la méthode du docteur Konishiwa, souffre de déraison. Il décide de repeindre son plafond avec la nouvelle peinture Vegetaline à l’huile de bois. Il rencontre sur le nouveau Meetoc un de ses congénères, devenu fou car il n’a pas pu acheter le dvd de la saison 17 de la nouvelle série que le monde s’arrache (et qui parle de médecins qui résolvent des enquêtes). Celui-ci s’exclame alors: « Tiens-toi bien à ton pinceau Offenstrue (si tu en avais acheté deux, le troisième t’aurait été offert), j’enlève l’échelle Ikea en acier inoxydable ».

Rentrée Academy

Je sais pas si tu as eu vent de cette info capitale mais la première école de télé-réalité vient d’ouvrir ses portes à New York.

Alors si tu es le chef de M6, je te fais part, comme ça, gratuitement, d’une idée qui m’est venu entre la poire et le fromage (c’est une expression, hein, je ne mange jamais de poires, ça fait vulgaire): une série qui se passerait dans une école de télé-réalité. Ça s’appellerait…

Oui voilà, « poubelle la vie » c’est une excellente idée.

Extraits:
La cour de l’Académie Raphaëlle Ricci. Harassés par le poids du savoir, mais heureux d’appartenir à l’Elite de leur génération, Mike et Styven discutent
Mike: « Tu as pris quoi, en option, toi ? »
Styven: « Je voulais prendre Ile de la tentation, mais j’ai pas les moyennes en langue de putisme. Et puis je suis célibataire… Comme j’ai les moyennes en rien, j’ai finalement pris Loft Story. Et toi ? »
Mike: « J’ai raté les examens d’entrée en Pekin Express. J’ai eu les moyennes en langue, alors ça allait pas. Ils m’ont mis en Star’Ac, du coup. »

La cantine. Ermelinda pose violemment sa fourchette, l’air dégoûtée
Ermelinda: « Non mais c’est incroyable ! Une chenille, dans ma salade ! »
Styven: « Laisse, c’est normal. Cette semaine, c’est l’option KohLanta en cuisine. »

La classe de blagues scatologiques de M. Bigard. Ermelinda et Suzette chuchotent à voix basse. Mais pas trop sinon après on entend pas à la télé.
Ermelinda: « Dis, tu as fini tes devoirs, toi ? »
Suzette: « Oui, et je te passe pas mon cahier, la dernière fois on s’est fait prendre et j’ai dû aller au confessionnal ! »
Ermelinda: « Non, non, c’est pas ça… C’est pour le cours d’Audimat de cet après-midi… »
Suzette: « Quoi, tu l’as pas encore fait ? Mais on avait ce devoir depuis un mois ! »
Ermelinda: « Oui, je sais, je sais, mais j’ai oublié et puis je savais pas trop comment faire… »
Suzette: « Non mais ma pauvre, si tu es même pas capable d’un truc aussi simple que tromper ton copain devant les caméras, tu arriveras jamais à rien, dans la vie. »

Mike rentre chez lui, dans la banlieue louche de Pontarlier, pour le week-end. Il est nerveux à l’idée de faire signer son carnet de notes à ses parents.
Raymonde Froubeche: « Mais qu’est-ce que c’est que ces notes ? Quand ton père va voir ça… »
Fondu au noir. Intérieur jour. Solo de musique genre un peu inquiétante
Robert Froubeche: « Mais enfin Michel… »
Mike: « Mike, à l’école ils ont dit que je m’appelais Mike maintenant »
Robert Froubeche: « Mais enfin Michel ! Ta mère et moi nous saignons aux quatre vents pour t’envoyer dans cette école et voilà comment tu nous remercie ? Jamais, tu m’entends, jamais je ne me serais permis, à ton âge. Comment comptes-tu être accepté à la Star’Ac avec un vingt de français ? »

Dix ans plus tard. Chez Jean-Luc Delarue
Styven: « C’est toujours moi qu’on choisissait en dernier quand on faisait les groupes pour le cours de piscine, je l’ai très mal vécu. »

Sioux

La dernière fois que j’ai mis ce blog en pause, l’inspiration est revenue à la vitesse d’un panda roux au galop. A tel point que je crois que j’ai encore des brouillons qui datent de cette époque dans les cartons.
Si ça se trouve, ça va faire pareil ce coup ci.

Pour vous faire patienter, une photo de chaton.

oh et un bouton qui ne sert à rien

Pékin express

Demain, c’est le 8.8.08. A priori, comme ça, on s’en fout.

Sauf que c’est aussi le début des Jeux Olympiques de Pékin, ils sont comme ça, les Chinois, ils aiment bien les 8. Des sauvages.

Alors les Jeux Olympiques de Pékin, c’est tout d’abord de la controverse car les jeux ne devraient se dérouler que dans des pays où l’air est pur, les droits de l’homme respectés, ceux des journalistes aussi, le gouvernement incorruptible, les gens gentils, les femmes girondes et, si possible, où les gens ne mangent pas trop du chien, mais on peut quand même pas les organiser en Andorre tous les deux ans.

Mais c’est aussi, un peu, du sport. Alors pour toi qui ne t’apprête pas à faire vaciller le gouvernement chinois en boycottant les jeux, mais qui préfère passer tes nuits à tenter de comprendre la différence entre un ippon et un waza-ari, voilà, après le succès interplanétaire de celle d’il y a deux ans, la liste des sports qui seront pratiqués à Pékin.

Tir à l’arc

Sport passionnant. Des sportifs tentent de mettre des flèches dans des cibles avant de se faire attraper par Robin des Bois.

Athlétisme
Sport fascinant. Des gens courent, sautent ou lancent des trucs. L’épreuve reine de l’athlétisme est sans doute le javelot, qui ressemble un peu au tir à l’arc mais sur cible mouvante et avec une bien plus grosse flèche. Et sans arc.

Baseball
Sport américain qui ressemble un peu à la balle au prisonnier, mais avec des battes. Et sans prisonniers, quand bien même la finale c’est en général Cuba-USA.

Badminton
Sport de plage dans lequel il faut faire passer un volant par-dessus un filet, à ne pas confondre avec le rallye.

Basketball
Sport facétieux. Des sportifs particulièrement peu rusés tentent de mettre un ballon dans un panier, mais n’y arrivent pas car il est percé, un peu comme dans le mythe de Sisyphe mais avec un panier.

Volleyball de plage

Sport pour voyeurs au cours duquel des gens se roulent dans le sable.

Boxe
Sport poétique. Il s’agit de donner des coups sans trop en prendre afin de grimper au boxe office.

Cyclisme
Sport pharmaceutique. Il consiste à faire avancer son vélo plus vite que ceux des autres.

Canoë/kayak

Sport pour scrabbleurs au cours duquel on rame beaucoup. A Pékin, le favori est sans doute Windows Vista.

Plongeon
Sport humide. Destin inéluctable de tous ceux qui n’ont pas su trouver la bonne réponse quand le grand Diego, en primaire, leur a dit « Chiche t’ose pas sauter des 10 mètres » Lors des compétitions de plongeon, il est toutefois interdit de faire exprès d’arroser le plus de gens possibles pour faire marrer les copains.

Equitation
Sport révoltant. Je le répète, on ne joue pas avec la nourriture.

Football
Sport de balle. Il ressemble un peu au basket mais sans les trous ni les mains.

Escrime
Sport laborieux. Il comporte quatre épreuves, le sabre, l’épée, le fleuret et le sabre-laser, mais je t’avoue que j’ai jamais bien vu la différence. A noter que dans l’escrime moderne, il est interdit d’embrocher son adversaire, et c’est bien malheureux de voir que notre société rejette peu à peu toutes les traditions ancestrales, reniant ainsi l’esprit original de ce sport sous des prétextes fallacieux. Mais c’est bien pour les escrimeurs suisses, dont la carrière aurait été un peu plus courte sinon.

Gymnastique
Sport noble. Des filles de 14 ans font des roulades sous l’oeil avisé de jurés de 64 ans.

Trampoline
Sport à rebondissements.

Handball
Sport allemand. Voir football, mais sans les pieds.

Hockey
Sport sans glace dans lequel deux équipes de plusieurs joueurs se cherchent des crosses.

Judo
Art martial japonais, ou chinois, de toutes façons c’est pareil, les arts martiaux asiatiques se ressemblent tous, dans lequel il vaut mieux faire ippon que waza-ari, si tu veux mon avis.

Pentathlon moderne

Sport moderne. Les participants doivent enfiler le plus vite possible leur jeans slim, sans se décoiffer.

Aviron

Sport approximatif

Voile
Sport à vapeur. Il devrait faire une de ses dernières apparitions aux Jeux Olympiques, tant le port du voile est contraire avec les idéaux sportifs.

Tir
Sport bruyant. Semblable au tir à l’arc, mais avec des carabines, des pistolets, des fusils, des tanks, très compatible avec les idéaux sportifs (ramener plus de médailles que les métèques).

Natation
Sport aquatique, dans lequel il faut nager plus vite que les autres.

Natation synchronisée

Sport aquatique, dans lequel il faut nager à la même vitesse que les autres.

Tennis
Sport de la balle, mais nettement moins intéressant depuis quelques mois.

Taekwondo
Sport martial, très différent du judo.

Triathlon
Sport triple, sorte de décathlon pour flemmards.

Tennis de table

Sport divin. Voir tennis, mais avec une table.

Volleyball
Sport tordant. Voir volleyball de plage, mais sans la plage.

Haltérophilie
Sport épaulé. Epreuve lors de laquelle les participants doivent savamment doser leur piqûre matinale puis soulever des trucs.

Water polo

Sport équestre qui nécessite des chevaux capables de tenir 2×30 minutes en apnée.

Lutte
Sport ancestral au cours duquel des adversaires jouent à je te tiens tu me tiens par la culotte, le premier qui touche par terre aura une tapette.

Ce post est très long

Et puisqu’on parle de Cali, penchons-nous donc sur ce problème ô combien épineux, comment rompre avec classe ? (c’est hypra classe de faire chanter à 22’000 adolescentes « ça y est c’est le grand jour tu t’en vas », si après ça elle a pas compris que votre histoire allait s’arrêter brusquement après onze minutes de bonheur sans nuages, elle est sotte)(t’as vu je fais des sortes de suites logiques entre mes posts, c’est pas un peu la classe ?)(par contre les suites de parenthèses, c’est totalement has been)

Force est de constater que le web2.0 donne à cet art ancestral de nouvelles perspectives insoupçonnées. Longtemps, le délicat passage au statut d’ex s’est fait de visu. Cette technique est d’une inefficacité éprouvée. On commence par gesticuler, pleurer, se jeter des meubles à la figure puis, de fil en aiguille, par rester dormir, la conversation prend des détours inattendus et on se retrouve à dire « ah tiens, c’est marrant ce truc là » « oui, c’est super rare, ça vient du kama sutra luxembourgeois, c’est mon amant qui m’a appris » « aïe » « oui par contre je maîtrise pas très bien, attends je vais l’appeler » « bon en tous cas c’est super, tu connais d’autres trucs? » « oui mais là je dois filer, j’ai mon tournoi de tchoukball, on a qu’à se revoir la semaine prochaine » « ok et la nouvelle secrétaire a promis de m’apprendre le tentrisme » « on dit tantrisme » « non tentrisme, c’est une pratique de méditation sexuelle basée sur le camping » « super » « oui, tu as un créneau dans deux semaines, je pourrais te montrer » « mais au fait on a pas décidé, le cheval en rotin, tu le gardes ou tu me le laisses ? oh ah tiens ça aussi c’est marrant » et du coup tout est à refaire, c’est le bordel.

Il faut donc éviter cette promiscuité corporelle peu propice à une rupture saine et équilibrée. Au fil des siècles, l’homme, mais aussi la femme, des fois, les scientifiques ont des preuves, a donc mis à profit tous les moyens de communication que l’époque lui offrait l’époque. Si le signal de fumée n’a eu que très peu de succès, parce que tu es pas forcément envie que toute ta tribu lise « je m’en fous, de toutes façons je te trompais avec Belette Malicieuse » d’une part, à cause des risques d’interférence les jours de bise d’autre part (d’ailleurs, dans l’exemple suscité, le vent a créé un amusant quiproquo puisque la phrase originale était « je m’en fous, de toutes façons je te trompais avec Belette Audacieuse »)(tu avoueras que ça change tout), la lettre a longtemps tenu le haut du pavé. Aujourd’hui, elle fait un peu romantique dépressif, ce qui n’est plus considéré comme classe. Le télégramme et le fax sont rapidement tombés en désuétude.

Le sms est une alternative intéressante. Cependant, il est limité à 140 caractères, ce qui est embêtant. Car, depuis 1642, une loi oblige à utiliser certaines phrases lors de toute rupture. On ne sait pas pourquoi, personne n’a jamais songé à la révoquer. Tu devras donc impérativement dire, « tu es quelqu’un de formidable », « tu mérites mieux que moi » et « j’aimerais qu’on reste amis », sans quoi ta rupture ne sera pas avalisée par la fédération nationale. C’est comme ça. On sait que c’est ridicule de dire ça, mais il le faut, même si le risque d’entendre « ahaha oui mais alors non je ne suis pas formidable du tout, tu te rappelles de l’accident de poney de ton labrador ? » est là. Et en 140 caractères, c’est difficile de tout caser, même après huit ans de pratique du langage sms olympique. (tkk1 d tro lol jtekit t tro tr bi1 pr moa mdr)(ah si tiens). MSN a aussi ses avantages. L’utilisation de smileys peut en effet adoucir le choc. De plus, si tu as un peu de répartie, tu pourras facilement te faire une belle place sur bashfr, à condition de dire « lol trompé de fenêtre O_o » une fois dans la conversation.

Mais le mieux, grâce au 2.0, c’est le mail. Surtout si l’éconduit a une adresse gmail, la technologie moderne se chargeant alors de diffuser des publicités adaptées à la situation, chatons, sites de rencontre, clubs de golf, cd de Cali.

Ok, je sors (après Miossec)

Je sais pas si tu as été dans un festival cet été. Si oui, tu as forcément vu Cali, le chanteur, (à ne confondre ni avec Cali des cailloux, la graphiste blogueuse peintre multi-talents, ni avec Cali de la météo, qui prend sûrement son métier très à coeur, ni avec Medellin) Il a chanté dans 8132 festivaux, dont celui de la chaussure en raphia de Béton-Bazoches.

Pour le reconnaître, c’est facile. Il court sur la scène en agitant le bras et en hurlant le nom de la ville où tu te trouves mieux qu’un gps.

Moi, jusqu’à y a deux semaines, je le prenais pour le dernier grand romantique. Malheureusement, par la faute de deux viles moqueuses, cette douce illusion s’est effondrée comme un château de cartes au soleil.

Mais quand même, j’ai encore un vieux doute. Maintenant qu’il ne chante plus l’amour, mais la révolution, Cali est-il plus proche de Che Guevara ou de Florent Pagny ? Pour le savoir, intéressons-nous aux paroles de « 1000 coeurs debout »

Est-ce que tu vois, toi aussi, quand tu fermes les yeux,

Oui oh je te vois venir les yeux fermés. Mais c’est de la poésie. C’est profond. C’est beau.

quand tu serres le poing,
Haut vers le ciel,

Là encore, y a une ellipse.

est-ce que tu sens l’odeur délicieuse de la liberté

Par contre, on saura jamais ce que tu étais supposé voir.
Je signale au passage que si tu écoutes cette chanson en conduisant, n’essaie pas de serrer le poing haut vers le ciel les yeux fermés, ou ça va te pincer très fort.

Quand tu craches des soleils, la tête haute, dans le vent,

Ça aussi, il faut éviter. Quiconque crache des soleils contre le vent finit brûlé au troisième degré.

quand tu chantes à tue-tête
A l’amour qui revient

Ça c’est un domaine qu’il connaît bien, Cali. Avant, Cali, c’était des chansons d’amour. Sa nana partait, il était triste, elle revenait, il était content, elle repartait, il était content, elle revenait, déboussolé, il se demandait quand c’était, le bonheur. Elle partait et revenait tellement en l’espace d’un seul concert que des scientifiques norvégiens ont calculé que la durée moyenne d’une relation de Cali est d’environ 8 secondes 32. Du coup, pour son troisième album, celui de la maturité, il a décidé de faire la révolution.

, couronné de lauriers

Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, il ne terminera jamais cette phrase. Donc quand l’amour revient avec ses herbes aromatiques sur la tête, on ne sait pas ce qui se passe. Enfin immédiatement au moment où il revient, oui, on peut imaginer, quoique si tu chantes à tue-tête l’amour risque d’avoir la migraine, mais ensuite, on sait pas. C’est de l’ellipse poétique.

Nous sommes des milliers, un fleuve extraordinaire

Tu m’excuses mais des milliers, ça fait plus rivière que fleuve, quand même. Enfin ça dépend pour quoi.

Notre force est sublime, elle emportera tout

Voilà, pour tout emporter, comme un ouragan, qui passait sur moi, il faut être des dizaines de milliers, environ.

Et s’ils essaient encore ils se frotteront

Je ne sais pas qui est ce ils, et ce qu’ils sont supposés essayer, mais ça a pas l’air sympa.

à mille c�oeurs debout

Donc sur des milliers, il ne sont que mille à avoir le coeur debout. Je suis pas chirurgien mais je pense que c’est pas normal.

Le combat a fait rage, le combat était dur, il a fait des ravages
C’est écrit sur les rides de nos pères ivres de fierté, ils n’ont rien lâché, jamais
Il y a là la victoire qui nous tend des bras d’or
Et puis ces rues qui chantent et ces drapeaux dehors
Je te prendrai la taille et puis nous goûterons à ces instants de vie

Pour un mec qui change de petite copine aussi souvent, je le trouve un peu naïf, le Cali. Je veux dire, tu veux séduire une fille, tu lui dis viens, on va manger polonais, regarder un film ouzbek, je sais pas, mais si tu espères la prendre par la taille, tu l’emmènes pas faire la révolution, ou alors faut qu’elle soit sacrément gauchiste, quand même.

Nous sommes des milliers, un fleuve extraordinaire
Notre force est sublime, elle emportera tout
Et s’ils essaient encore ils se frotteront à mille c�oeurs debout

Ça, c’est fait.

Est-ce que tu entends l’écho noir du naufrage,
Quand la nuit gémissait, on rampait sous la peur

Je comprends pas, il l’a faite en bateau, sa révolution ? C’est imprudent.

Et la douleur des autres nous tenait éveillés

En même temps, quand tu rampes après un naufrage, tu as meilleur temps de pas t’endormir, sinon tu risques de te noyer très fort.

Est-ce que tu te souviens de l’enfant africain qui vivait en dessous
De ses parents raflés

Le bateau a méchamment dérivé, là.

Des fusils de la honte qui encerclaient nos écoles, je n’oublierai jamais

Alors autant je comprends bien qu’on n’oublie pas ça, autant j’ai du mal à vraiment saisir de quel événement on parle. A mon avis, Cali, il a dû faire toutes les guerres pour être si fort aujourd’hui. Il a dû faire toutes les guerres de la vie, et l’amour aussi.

Nous sommes des milliers, un fleuve extraordinaire
Notre force est sublime, elle emportera tout
Et s’ils essaient encore ils se frotteront à mille c�oeurs debout
Est-ce que tu vois, toi aussi
Quand tu fermes les yeux, quand tu serres le poing
Haut vers le ciel, est-ce que tu sens l’odeur délicieuse de la liberté

Moi, je trouve cette chanson très forte. Oui, Cali a le courage de le dire, la guerre c’est pas joli, la liberté c’est bien, Eric Nollot est méchant. Mais comme il est prudent, il commence avec des causes faciles. Quand tu cries merde à Franco, tu peux partir du principe que les gens seront relativement d’accord avec toi. C’est le niveau 1. Pour la tournée suivante, il s’attaquera à des thèmes plus audacieux, fi à Charlemagne, bouh à Napoléon, à bas Alexandre le Grand.

Respectez la vie des hommes en jaune

C’est l’été, c’est les vacances, le soleil darde ses rayons mordorés, tu décides de donner quinze jours de congé à ta conscience écologique et de sillonner les routes de France et de Navarro au volant de ton fidèle destrier qui fait du 6 litres au cent, sauf quand tu profites un peu que sur les routes de France et de Navarro les radars arrivent pas à te rattraper pour rouler à 131 kilomètres heure (environ).

Méfie-toi d’un piège inéluctable, preuve supplémentaire de l’existence d’un terrible et sinueux complot mondial: le Raccourci.

Un piège d’autant plus retors qu’il se dissimule souvent sous des traits familiers pour te prendre dans ses rets. Tu as dîner de famille, tu évoques ton prochain voyage pour Zanzibar ou Montcuq et là ton oncle Jean-Hans te lance « ah ben nous, on sort toujours juste après le péage de Choufflottes-sur-Meuse, c’est plus direct », avant de s’étonner: « et comment tu fais, toi ? ah, tu suis les panneaux ? tiens, faudrait que j’essaie… », mais tu sens bien qu’il dit ça comme il dirait faudrait que j’essaie les tripes à l’huile de chorizo.

Du coup, tu décides de tenter l’Aventure. Et là, c’est le drame. Tu sors à Choufflottes-sur-Meuse. Tu peux continuer à gauche sur la N147 (Porphyse-sous-Choufflottes) ou à droite sur la N212/212 moins le quart (Sainte-Gudule). Tu essaies quand même de déchiffrer la carte, manque de bol entre tes plans Languedoc-Roussillon, France du Nord et Routes un peu chelou au centre de pas grand chose, il te manque juste le secteur où tu te trouves juste là maintenant, et inutile de préciser que ton oncle Jean-Hans est sur répondeur. Comme tu sais pertinemment que quel que soit ton choix, ce sera le mauvais, tu décides de partir à gauche et, à 100 mètres, de faire un tourner sur route.

Tu finis quand même par trouver la bonne route, continues quelques kilomètres, avant de te retrouver derrière trois camions, un tracteur et un belge qui s’est manifestement perdu et avance à 3 kilomètres heure en dodelinant du clignotant tous les 10 mètres. De fil en aiguille, il commence à être l’heure d’avoir faim et tu essaies de te remonter le moral en te disant qu’au moins, le repas sera meilleur que les sandwiches mous de l’autoroute. Tu t’arrêtes donc dans la riante bourgade de Scheultenberg (vitraux, musée de la saucisse, cartes postales pittoresques, usine de pneus). Tu demandes à un indigène où il y a un bon restaurant, pas loin. Il t’indique l’auberge des trois canards et du pneu, à à peine 11 kilomètres, sur la route du col. Tu décides de faire semblant de pas comprendre le patois local et continue sur la route principale, avec le mal que tu as eu à la trouver, tu vas pas la reperdre, bordel.

Tu finis par trouver une auberge. Mais on te signale que la cuisine est fermée avec un regard qui veut dire Non mais tabarnak ces touristes ils se figurent qu’on peut manger à 12 heures 18, tu m’étonnes qu’ils deviennent nerveux avec des horaires pareils, non mais 12 heures 18, on commence comme ça et on finit danseuse au FBI, quand je raconterai ça à Mathilde, elle va bien rire, comme avec le coup du cheval, fan de chichoune. (C’est une auberge où ils sont super forts en regards).

Bref tu continues jusqu’à la prochaine grande ville, Poiteranges d’Arzière, il ne te faut que trente minutes pour parcourir les 13 kilomètres, tu es grisé par la vitesse et le soleil et tu t’arrêtes dans un restaurant typique dont le nom provient d’un animal farouche et fier de la région, l’hippopotame. Tu manges un plat traditionnel à base de viande hachée et de pain.

Puis tu repars, non sans t’être arrêté au magasin de souvenirs local, ils font de superbes chevaux en raffia. 300 mètres plus loin survient le nouveau drame, habilement déguisé en déviation.

Mais tu finis par arriver, après 712 marches arrière et autant de pleurs. Tu te consoles quand même en traversant des villages riants et enchanteurs, dont un qui organise la fête de la tomate farcie, tu reviendrais bien, si seulement tu avais la moindre idée de l’endroit où il se trouve. Tu constates qu’effectivement, le Raccourci t’a fait gagner 100 mètres. Par contre, à l’Hôtel de la Marmotte Chenue, ils ont loué ta chambre à des Belges, tu avais dit que tu arrivais avant 17 heures et là il est tout de même 4 heures du matin. Et c’est après 3 heures de sommeil enrichissant dans ta voiture que ton oncle décide de te rappeler et te signale que non, nous on passe plus par Choufflottes-sur-Meuse, on a regardé la carte et c’est plus long que de sortir à Saint-Tabouret-sous-Mogettes.

Miss Sion ? Impossible ! (oui oh mais faisez-en des titres)

Il est, dans l’humanité, des mystères complètement insondables.

Admettons. Tu es journaliste pour Poitou-Charentes Hebdo. Y a forcément un moment où tu devras interviewer une participante à Miss Poitou-Charentes, Miss Italia Poitou-Charentes, Miss Poitou-Charentes unijambiste, Miss Fête des Fromages. Forcément. Mathématiquement, c’est impossible d’être journaliste régional et de ne jamais interviewer de candidate à un concours de beauté.

Alors là, comme tu es journaliste et que tu poses des questions bêtes, au lieu de lui demander ce qu’elle pense de la maïeutique néo-socratique ou si elle est pour la réintroduction du pangolin en Alsace, tu lui demandes pourquoi elle s’est inscrite. Ahaha vraiment, ces journalistes, qu’ils sont bêtes. Bref. Là elle te répond « c’est une amie qui m’a inscrite ». Toujours.

Jamais personne ne marche sur les traces d’Eveline Glanzmann ou de Brigitte Voss volontairement. Jamais.

Bon, je sais pas si vous avez des amis. Moi, je connais un type, il était de mes trois derniers déménagements. Sachant que ça fait plus de 20 ans que je n’ai pas habité dans le même bâtiment qu’un ascenseur, je crois qu’on peut en déduire que ce type est un vrai pote.

Après, on n’habite plus le même village, on se voit moins, on se téléphone pas tous les jours, tu vois ?, mais quand on se voit on a toujours plein de trucs à se dire. J’imagine un peu le jour où la conversation donne un truc genre: « et toi tu fais quoi ce week-end? » « ah je vais voir les Pandas Urbains, un groupe d’electro-punk fusion norvégien » « ça a l’air pourri » « avec mon pote Hans et sa soeur Liselotte » « ça a l’air super, je peux venir avec vous? » « ah non désolé, toi ce week-end tu participes à Miss Picardie », je pense que ça pourrait mettre assez rapidement à mal des années de complicité et que, malgré notre passion commune pour le mojito, notre belle amitié n’y survivrait pas.

Après, bien sûr, je te l’avoue sans honte ni ambages, je n’ai jamais été une jolie fille. J’en ai, bien sûr, rencontré quelques unes, au gré de mes pérégrinations de par le vaste monde, mais je dois avouer que je n’ai pas du tout pensé à les inscrire à des concours de miss. Peut-être que les jolies filles ont des amies particulièrement facétieuses. Et qui s’ennuient beaucoup. Peut-être que les amies des jolies filles habitent la campagne, qu’elles n’ont que très peu de distractions. Mais beaucoup d’humour. Qu’elles adorent les blagues. Tiens, je m’ennuie aujourd’hui, si j’inscrivais Ermelinda à Miss T-Shirt Bleu, ce serait vraiment follement distrayant, il y a sûrement des tas de cases à cocher, qu’est-ce qu’on va se marrer. Après, Ermelinda se dit ohlala la pauvre, elle a dû passer au moins dix minutes à cocher des cases, je peux quand même pas lui dire non mais oh les concours de beauté c’est débile, moi je préfère les concours de haiku, tiens, je vais t’en faire écouter 273 que je viens de composer. Alors elle apprend à défiler, à être pour la paix dans le monde et à sourire même quand les journalistes lui posent sans cesse les mêmes questions. Et se demande quand l’un d’eux se décidera à lui demander « oui mais votre copine, là, elle serait pas un peu conne ? »