Comme il faut toujours répondre aux désirs de son lectorat, des photos de nichons, les origines des expressions avoir d’autres chats à fouetter, pas de quoi fouetter un chat, donner sa langue au chat, mettre le chat en rut devant les b½ufs et tu l’aimes ton chaton ? alors reprends-en une tranche
Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Une période d’obscurantisme. Les blogs n’ont pas encore été inventés pour apporter paix, amour et connaissance aux peuples et, quand la conjoncture n’est plus ce qu’elle était, on préfère fustiger le premier bouc émissaire venu ou, en période de fièvre caprine, le premier koala émissaire venu.
Quand le prix de l’avoine augmente brusquement, le premier réflexe est donc de dire « C’est de la faute aux étrangers ». Mais le bon roi Fulgence XLVIII , qui a eu un terrible accident de labrador étant jeune, ne l’entend pas de cette oreille. En effet, c’est une période marquée par l’instabilité politique. Les frontières sont en constante évolution, les profs de géo en dépression nerveuse et les étrangers d’aujourd’hui pourraient très bien devenir les voisins de demain si on arrive à marier le petit et à empoisonner le grand. Fulgence XLVIII s’arrange donc pour faire courir le bruit dans la population que ce n’est pas la faute aux étrangers, mais aux chats. A l’époque, en effet, bien loin d’orner tes cartes postales de vacances, le chat est encore considéré comme créature maléfique. Voire famélique, la croquette de régime pour matou d’appartement ne sera d’ailleurs inventée que bien longtemps plus tard.
Chaque fois que la situation l’exige, flambée des prix, mauvaise récolte, nouvel impôt, épidémie, (et alors là, tu te dis que je vais glisser un truc un peu olé olé dans la liste, genre pour provoquer l’hilarité de par l’aspect saugrenu et inattendu de cet élément)(tu te trompes du tout au tout)(je ne suis pas si prévisible que ça)(je suis un peu vexé) concert de Michel Sardou, les bourreaux municipaux ont pour ordre de capturer quelques chats et de les fouetter jusqu’à ce que flagellation s’ensuive. Seulement, ces fiers artisans estiment que ces nouvelles tâches nuisent à la bonne image de leur corporation. Incapables de désobéir à un ordre royal, car ils ont le sens du devoir autant que l’amour du travail bien fait, ils renâclent tout de même, invoquent la surcharge de travail en cette période de crise ou tentent de minimiser les fautes reprochées aux vils félins.
Aujourd’hui, le fouet n’est plus guère employé qu’en cuisine et dans quelques salons SM branchés, où le chaton n’est que rarement admis, et les bourreaux ont tous perdu leur travail ; leur art séculaire a été sacrifié sur l’autel du politiquement correct et ils ont dû se reconvertir, ils sont désormais patrons ou organisateurs de concerts de Tokio Hotel, et très peu de gens fouettent leur chat, ou alors seulement s’il a fait un truc vraiment grave comme pisser sur le canapé ou organiser une soirée electro en l’absence de son maître. L’expression, par contre, est restée.




