Abdallah-Geronimo Cohen

Je ne sais pas si on en a entendu parler, mais la conférence Durban II se tient actuellement à Genève, contrairement à la conférence Mexico VIII qui ne se tient pas à Grenoble.

On m’a un peu appris à tirer le tarot, j’ai donc posé la question aux cartes, leur réponse, en gros: il y aura toujours du racisme après cette conférence. Je sais, c’est dur à accepter, mais c’est comme ça. (Enfin, pour être précis, les cartes m’ont dit que la Papesse en opposition avec la Roue du destin avec le Petit cheval malicieux dans le secteur gauche de la défense pouvait signifier soit une rencontre, soit un deuil, soit une escalope de porc, soit que le racisme n’allait pas être mort, mais inutile d’entrer dans une scabreuse profusion de détails.)

Bref, revenons-en à nos moutons noirs. La conférence sur le racisme a plutôt bien débuté puisqu’en moins de 24 heures, tout le monde traite déjà tout le monde de nazi. C’est très positif : nazi, c’est une considération politique, pas raciale. La conférence « Pompaples IV » sur le politisme n’est pas prévue avant dans 15-20 ans, on avisera à ce moment-là.

Par contre, Durban II a un gros problème: le document final qui a été décidé avant le début (tu peux pas comprendre, c’est de la diplomatie) mesure 140 pages. Trois Amélie Nothomb. C’est complètement idiot. Aujourd’hui, c’est en 140 caractères qu’il faut savoir exprimer son opinion, voire un peu moins si tu veux qu’on te retweete. 140 pages pour dire que le racisme c’est nul, franchement, c’est n’importe quoi. De toutes façons, les journaux et les blogs vont en sortir une phrase et gloser dessus pendant six mois: autant qu’il ne fasse qu’une phrase.

Non, ce qu’ils auraient dû faire, c’est une liste de pour et de contre:

Contre le racisme :
– Ok mais on fait quoi des métissés ?
– Statistiquement, il y aura toujours plus d’étrangers que de pas étrangers.
– De nos jours, plus besoin d’accuser les étrangers de nos malheurs, mieux vaut les mettre sur le compte des banquiers.
– Le racisme, c’est très compliqué, surtout pour les racistes : nombre d’entre eux se retrouvent à détester des religions, des nationalités, alors que par définition, le raciste doit détester des races (par exemple: les épagneuls)

Pour:
– Les conférences internationales contre le racisme rapportent plein de fric à la Suisse quand elles se déroulent à Genève.
– Le racisme aide à se forger une identité nationale.
– Franchement, sans vouloir polémiquer, les épagneuls, je peux pas les blairer.
– Franchement, la musique moderne, ce serait un peu de la merde si personne n’avait songé à enchaîner les Noirs dans les champs de coton.

Ça va se Savoie

C’est à partir d’aujourd’hui que nos voisins français peuvent librement choisir leur numéro de plaques d’immatriculation. Selon nos informations, il s’agit là d’une première étape. Dans 5 ans, on forcera les gens à aller vivre dans le département dont ils arborent fièrement le numéro à l’arrière de leurs voitures.

Mais ces choix s’opèrent-ils en vertu de simples critères régionalistes ou d’autres facteurs entrent-ils dans la balance ? Reportage exclusif.

– Bonjour, je vois que vous avez choisi le 13, pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce choix ?
– Vé, je suis fier d’être Bucco-rhodanien, ô bonne mère !
– Vous le faites très mal, l’accent, je vous ai pris pour Tex.
– Qué Tex ? Fan de chichoune ! Je suis d’Endoume, ô purée.
– Toujours pas, mais maintenant on dirait Michel Leeb. Ou Boujenah. Un Michel, en tout cas.
– Je le fais vraiment si mal ? Je l’avais pourtant répété, je me suis repassé l’intégrale de Massilia Sound System et de Patrick Bosso…
– Ah oui, faut vraiment avoir envie…
– Vous comprenez, je suis du Nord, je voyage beaucoup, j’en avais marre des blagues sur les Ch’tis.
– Sacré biloute.

***

– Bonjour, je vois que vous êtes immatriculé dans le 42.
– Oui…
– Vous êtes un geek, c’est ça ?
– Un quoi ?
– Un geek. Les gens qui ont des ordinateurs.
– Non non, enfin j’ai bien un ordimini pour mon fils… mais je ne vois pas le rapport.
– Je sais pas, on m’a dit en conférence de rédaction, les geek adorent le 42 à cause du film « Le guide du routeur intergalactique »
– Je connais pas, désolé… Non, le 42 c’est parce que j’adore Saint-Etienne, cette ville au destin si riche, cette ville au passé footballistique intense, où la passion ne demande qu’à se réveiller. Cette ville où sont nés les plus grands poètes de notre temps, Maurice Montuclard, Muriel Robin, Mickael Furnon, Sliimy.
– Oui, mais…
– En plus, les habitants de Saint-Etienne s’appellent les Stéphanois. C’est fascinant. Comme si les habitants de Saint-Denis s’appelaient les Marcelois.
– Ouais c’est bien ce que je disais, sale geek.

***

– Monsieur, dites-moi, comment avez-vous choisi le 23 ?
– Parce que j’adore faire du vélo.
– Ah ?
– Oui et le vélo, ça creuse. Ah ah ah, elle est bonne, non ?
– Non pas tellement.
– Sinon, j’avais pensé aussi au 10, l’Aube, parce que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.
– Hum.
– Ou alors le 18, mais j’avais pas les moyens. En plus, mon auto-radio c’est un Sony, et c’est incompatible, Sony et Cher.
– Je vois, vous aimez les jeux de mots.
– Vous voulez dire le Brie. Le Brie de Meaux, pas les jeux.
– Arrêtez, maintenant, même Laurent Ruquier a zappé.
– Non en fait, je ne voulais pas celui là, je voulais le 27. Je suis arrivé au guichet, je leur ai demandé « Vous avez l’Eure, s’il vous plaît », ils m’ont dit oui, il est 38.
– Quelle Isère.
– C’était nul, ça.
– Oui bon, je suis journaliste, pas blagologue.
– Sinon, l’autre jour, je disais à ma femme, « Passe moi la salade » et elle a répondu « Alpes de Haute-Provence »
– Ah ah ah excellent. Je la connaissais, mais avec les Deux-Sèvres.

***

– Bonjour, vous avez choisi le 69…
– Hin hin hin
– Pouvez-vous nous expliquer…
– Hin hin hin
– Bon je vois qu’on fait sa crise d’adolescence.
– Non mais c’est juste une blague quoi.
– Vas-y, vas-y, explique la aux téléspectateurs qui nous regardent ta blague.
– …
– On fait moins le malin, hein ?
– Alors c’est à cause de Lance Armstrong, qui a marché sur la lune en 69.
– Ah, oops, au temps pour moi, j’avais compris que… Bref, vous êtes donc un fan de la noble aventure spatiale américaine ?
– Quoi ? Non. Mais parce que en langage de poète, la lune ça veut dire les fesses. Hin hin hin hin.

***

– Ah, enfin, nous trouvons quelqu’un avec des plaques du 75, bonjour monsieur. Vous avez choisi d’exprimer fièrement votre amour de Paris, la capitale, la ville-lumière…
– Ben…
– …terre de tous les possibles, carrefour des civilisations, vous avez choisi, ainsi, de montrer votre passion pour la France dans ce qu’elle a de plus éternel…
– C’est que…
– …oh, bien sûr, vous vous exposez aux quolibets de quelques provinciaux jaloux, mais il faut comprendre, eux qui n’ont pas la chance…
– En fait, j’ai demandé trois fois 25 et on m’a donné ça… Je peux encore l’échanger vous pensez ?

Clèves charogne

Pendant ce temps, le pittoresque président de nos amis français n’aime pas la princesse de Clèves. Y en a qui croivent que ce serait un genre de pure combine si qu’il critiquerait la culture pour se faire croire pour un gars qui cause comme que les petites gens ils causent, du moins dans les romans de Fred Vargas et dans l’imaginaire torturé de ceux qui croient qu’il existe des grandes et des petites gens.

Pourtant, il n’est pas le seul à dénigrer la littérature. Ainsi, Simon Beaufoy, scénariste de Slumdog Millionaire, a visiblement détesté « Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire ». Tout comme ceux qui ont choisi de lui donner l’Oscar de la meilleure adaptation : à ce train-là, on pouvait aussi donner la récompense à Dev Patel, meilleur acteur mono-expressif de l’année.

Tout ça pour te dire que, dans l’optique d’être en phase avec les tendances en vogue dans notre société, voici mon résumé de l’intrigue de la princesse de Clèves.

C’est l’histoire d’une gamine de 16 ans qui va au Louvre. Là, elle rencontre un mec qui lui demande si elle veut l’épouser. Mais elle comprend « Est-ce que tu veux du poulet ? » et répond que oui, ok, pourquoi pas, car elle est friande de ce sympathique volatile. Bien embêtée lorsqu’elle se rend compte de sa funeste erreur, elle décide de fuir, car ça se passe à une époque lointaine, entre jadis et auparavant, où il n’était pas permis de dire « Non mais je m’étais trompée, lol, en fait je veux épouser Rinaldo, mais mes parents veulent pas, VDM ». Elle embarque donc dans le premier avion pour les Etats-Unis, cachée dans la soute, déguisée en meule de fromage. Mais son habile subterfuge est bien vite découvert par la mafia locale et la malheureuse se retrouve serveuse topless dans un bar louche de la banlieue sordide de Cleveland. Mais un jour, elle sert un client pour le moins charmant, Ron LePrince, qui lui dit « sans mentir, si votre ramage est semblable à votre balconnage, viens me voir jouer contre les Phoenix Suns, t’as vu », tant il est vrai que le charmant jeune homme est pivot de l’équipe locale de basket, les Cleveland Cavaliers, qui domine la NBA de la tête et des épaules mais en play-off c’est un nouveau championnat qui commence, il faut rester concentrés et ne sous-estimer aucun adversaire, l’important, c’est le collectif.
Outrée de voir sa protégée partir avec le premier venu, la mafia décide alors d’user de son influence pour faire arbitrer le prochain match par un Suédois.

Lapin d’icitte

Il était une fois un petit lapin qui s’appelait Hans. Il était très gentil, très poli avec les vieilles dames, ses oreilles se dressaient fièrement.

Puis, un jour, il devint un grand lapin. Qui s’appelait Hans.

Puis, un jour, ce fut la crise. Hans se retrouva au chômage et s’en fut en sautillant à l’Agence Lapinesque pour l’Emploi.

– On a bien un truc pour vous !
– Ouais, super, super !
– C’est un poste temporaire, par contre. S’il vous plaît, monlapin, je suis en train de vous parler, là, attendez que j’aie fini pour…
– Ouais pardon, lol, je suis un peu trop chaleureux. Vous disiez ?
– Voilà, il faudrait aller distribuer des oeufs.
– Des oeufs ? Non mais oh, je suis pas une poule, je ponds pas des oeufs !
– Non mais faut pas les pondre, juste les distribuer, en plus, c’est des oeufs en chocolat !
– Non mais oh, je suis pas un Suisse, je ponds pas des oeufs en chocolat.
– Oui mais… Je vous ai déjà dit de ne pas entreprendre de rapports sexuels avec mes collègues de sexe féminin durant nos entretiens, que diable !

Hans s’en fut donc fêter son nouvel emploi au bistrot du coin.

– Mais alors, c’est quoi t’est-ce que tu vas faire ?
lui demanda un ami qui adorait manger des discours de Nicolas Sarkozy
– Distribuer des oeufs.
– Ah ouais, ouais super… c’est complètement con, comme job non ? Pourquoi tu fais ça ?
– J’ai pas bien compris, les humains ils ont un dieu, son fils est mort alors ils cachent des oeufs.
– C’est quoi un dieu ?
– Un mec qui distribue des carottes gratuitement si tu fais pas des péchés.
– C’est quoi des péchés ?
– Genre pratiquer le nanisme.
– Ah ouais les lapins nains je les aime pas. Mais pourquoi on a pas de dieu, nous ?
– Il est dit que le Grand Nanabozo créa le Monde et les Lapins à son image mais le quitta, furax, quand le Premier Lapin tenta de le violer.

Puis Hans partit travailler. Il distribuait force chocolats et moult friandises, tout en s’efforçant d’être discret, car les enfants ne devaient pas le voir, c’était stipulé sur son contrat.

Mais Hans n’était pas de ceux qui accomplissent fièrement leur dur labeur, contribuant ainsi à la grandeur de la nation. Lui, ce qu’il aimait, c’était se rouler dans les champs de pissenlits en picolant de la liqueur de carottes.

Et ce qui devait arriver arriva : il déboula, ivre mort, le poil jauni par ses activités rouladesques, dans le jardin de la famille Müller, dans un pavillon de banlieue, balança une douzaine d’oeufs n’importe où, tenta de s’accoupler avec le lièvre en plastique qui accompagnait si harmonieusement la famille de nains qui décoraient le jardinet tondu au cordeau, tout cela sous le regard réprobateur des nombreux invités présents à la Oster-Party des Müller, dont la petite Ermelinda, 6 ans, en pleurs.

– Maman, maman, il fait quoi le lapin ?
– Mais voyons, ma chérie, tu sais bien que les lapins n’existent pas !

(C’est un post avec plein de dialogues, je pense en effet en revendre les droits à Luc Besson).

Moralité:
Rond comme un ballon et plus jaune qu’un citron, c’est Pâques, man ! Pâques, man.

La vérité est ailleurs

Si ça se trouve, là, tu es peut-être en train de regarder la Nouvelle Star. Il y a une phrase que tu vas entendre environ 412 fois : « Tu as un univers ». Du coup, peut-être que toi, tu comprends. Et que tu pourras m’expliquer.

Au début, je le comprenais au premier degré. Ça aurait expliqué bien des choses. Genre tu entends un type couiner sur du Obispo ou du Balavoine, le jury s’extasie comme s’il n’avait jamais rien entendu de toute sa vie. Et un des jurés dit « Tu nous a emmenés dans ton univers ». Moi, la première fois, je me suis dit ok, il les a emmenés sur Xllwt32, une géante gazeuse peuplée de géants verts de 7 mètres 12 mangeurs de chair humaine et de pâtes au thon, après ça, tu hésites à dire « ta chanson était toute nulle », faut comprendre. Par exemple, à l’heure où je te parle, y a un mec qui chante il vient probablement d’un univers où tout est liquide. Surtout lui.

Bon. Mais c’est pas crédible. Si tous ces mecs avaient des univers, qu’est-ce qu’ils viendraient faire ? Imagine, tu as un univers entier à toi. Tu vas d’une planète à l’autre, paraît que sur Xllorq y a des bars sympa et que les Xffrtiennes sont plutôt entreprenantes, tu te démerdes pour vivre un éternel été (sur Xwwuh, il fait une moyenne de 611 degrés), ce genre de choses. Tu ne vas pas t’amuser à chanter devant Lio et Philippe Manoeuvre pour éventuellement devenir le mec qui amène les candidats sur le plateau dans trois ans.

Ou alors ils viennent étudier le nôtre ? Pour l’envahir ? Ils se disent que la télé, c’est un bon endroit ? Ou alors ils veulent nous asservir ? Ça se tient. J’ai écouté le dernier single de Christophe Willem, c’est sûr, il nous veut du mal. Et le jury serait complice ? Bon, oui, pour Dove Attia et Lio c’est crédible. Et Miss Dominique est peut-être un alien polymorphe. Mais tout de même, ça me semble louche, ils auraient choisi une autre émission pour ça, genre Questions au gouvernement, je pense. Et Manoukian est clairement d’une autre galaxie.

Voilà pendant que tu m’expliques, je vais zapper sur le foot. Un sport nettement plus universel.

Pour Picpus changer à Trocadéro

ACTE I
Un mec qui fait un magazine, un sémillant jeune homme

– Salut, tu pourrais nous relire quelques pages pour notre magazine touslesfestivalsdumonde.com* ? Je te paie en tickets de festivals.
– Ah super, je te prends deux Benicassim, un Sziget et trois Eurocks.
– Ah non il me reste que le festival de la Paille à Métabief et la fête à la saucisse dans le Morbihan… Mais bon si tu y réfléchis bien, le festival de la Paille, c’est un peu comme les Vieilles Charrues.

***
ACTE II
Un mec qui a un site, le sémillant jeune homme

– Bonjour, j’aurais besoin d’une traduction pour mon site internet.
– Oui, je peux faire ça..
– Bon par contre je peux pas vous payer pour le moment, mais je fabrique des meubles en bois, choisissez-en donc un.

***
ACTE III
Un autre mec qui a un autre site, le sémillant jeune homme

– Bonjour, j’aurais besoin d’une traduction pour mon site internet.
– Tout à fait, je prends une étagère les 100 signes.
– Ah mais c’est un site de vente d’articles personnalisés. Combien ça fait en t-shirts FC Vufflens ?

***
ACTE IV
Le sémillant jeune homme, une apprentie bouchère-charcutière

– Je voudrais 200 grammes de viande hachée.
– Y en a un peu plus, ça ira quand même ?
– Très bien, par contre, vous prenez les poêles en fonte ?
– Oui, mais je suis obligée de vous rendre la monnaie en archets de contrebasse.

***
ACTE V
L’administration fédérale des finances

Monsieur,
Suite à un contrôle minutieux de votre dernière déclaration d’impôts, il apparaît que vous nous devez encore la somme de treize lapins, une machine à café, soixante boules à neige et deux claviers pour sourds. Veuillez impérativement nous payer à l’aide du camion de déménagement ci-joint.

***
ACTE VI
Un chauve éditeur, un sémillant jeune homme

– Bonjour, je dois vous dire que nous sommes très intéressés par votre livre « Le troc c’est trop cool ». Nous avons adoré et, d’ailleurs, nous comptons vous payer vos droits d’auteur en ouvrages de Marc Lévy.

***
ACTE VII
Le sémillant jeune homme, une apprentie bouchère-charcutière

– Je voudrais 200 grammes de viande hachée.
– Je ne peux pas vous servir. On en peut plus de vos étagères, de vos boulons, de vos pingouins, de vos slips en flanelle…
– Oui justement, à ce propos, je viens d’avoir une idée géniale. Regardez ce bout de papier, là, d’un côté j’ai écrit sa valeur en étagères et de l’autre, pour faire joli, j’ai mis un type connu mort.
– Super, j’adore les types connus morts. Mais si tout le monde fait comme vous, à la fin du mois, je vais avoir plein de bouts de papier.
– Justement, vous me les donnez, je les mets dans un coffre et quand vous en avez besoin, je vous les redonne avec un plus petit bout de papier avec un mort moins connu dessus en prime.
– C’est complètement con comme système, ça marchera jamais.
– On parie ?
– Ok on parie seize bouts de papier avec un mort moyen connu.
– Hervé Villard ?
– Ça marche.
– Comment je vais me sortir de ce post, moi ?
– Je sais pas, le dialogue est trop long, je ne sais même plus si c’est moi qui parle.
– Lol
– Lol

* Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé seraient fort truite.

Pâle chute

Si tu lis des blogs, tu sais certainement, depuis environ hier, qui est le rappeur OrelSan. Si tu ne lis pas les blogs, tu peux aller voir cet article, ou me laisser résumer mais alors en deux minutes parce que ce n’est pas le sujet du post.

En gros: des blogueuses ont découvert une chanson qui date d’il y a deux ans (ah, internet et sa réactivité), avec des paroles, ils disent que c’est de l’humour, je trouve ça aussi drôle qu’un sketch de Dieudonné. Elles se sont insurgées (ah, la blogosphère, ses mouvements de foule, ses appels à la censure et à la délation). Du coup, les conseillers en comm du gars ont publié un communiqué de presse : «Ce texte met en scène un jeune homme qui, apprenant que sa petite amie l’a trompé, décide de noyer son chagrin et sa colère dans l’alcool. Sous influence, il se met alors derrière son ordinateur et écrit cette lettre en forme d’exutoire de la passion qui le dévore. Nous sommes alors exclusivement dans l’expression d’une pulsion que toute personne à qui ce type de mésaventure serait arrivé aurait pu être amené à ressentir dans ce genre de situation. En aucun cas ce texte n’est une lettre de menaces, une promesse de violence ou une apologie du passage à l’acte. Comme toute création artistique, aussi violente soit elle, cette narration ne peut et ne doit pas être sortie de son contexte. »

Alors, sur le côté création, on peut effectivement en discuter. Par contre, le coup de la pulsion que toute personne aurait pu ressentir me laisse dubitatif. Et du coup, c’est là que je voulais en venir. Imagine. Tu rentres chez toi, tu constates que ton épouse Gabrielle et le jardinier sont nus dans les draps en satin que tu avais hérités de ta grand-mère, et qu’ils ne sont manifestement pas en train de biner. Comment tu réagis ?

    • Poli

    Bonjour monsieur, nous n’avons pas été présentés… Non non ne vous dérangez pas pour moi, je vais regarder la télé un moment… Vous prendrez une bière ?

      Curieux

    Oh tiens, chérie, on a jamais fait ça, nous ? Tu permets que je prenne quelques notes ?

      Moderne

    Mon lapin, tu me donneras le nom de ton ami, pour que je puisse le tagger correctement sur facebook.

      Nostalgique

    Hans ? C’est toi ? Oh mais ça fait combien de temps qu’on s’était pas vus ? Tu deviens quoi ? Tu l’as depuis longtemps ce tatouage ?

      Pragmatique

    C’est quoi déjà notre mot de passe eBay ? Je vais aller revendre le collier en velours que je comptais t’offrir pour la Saint-Fernando

      Choqué

    Je comprends enfin pourquoi tu changes les draps toutes les semaines, on voit bien que c’est pas toi qui paie la lessive dans cette baraque !

      Distrait

    Bonjour mon roudoudou, comment s’est passé ta journée ? Quoi de neuf ?

  • Libérez nos camarades les vaches

    Si tu es passé récemment à moins de 100 mètres d’un poste de radio allumé, tu sais probablement qu’y a un bateau qui mène au pays des rêves, s’il pouvait le faire en silence ? merci. Pep’s, l’interprète de Liberta, avait déjà remporté en 2007 le premier prix en catégorie musique du Festival de Romans grâce à cette chanson. Ce prix ne récompensait pas, comme on pourrait le croire, les gens à qui on a envie de lancer des chaussures à la figure, mais la création sur internet. Il concourait à l’époque avec un clip fait par des enfants de 14 ans. Avec une chanson écrite par des enfants de 14 ans, aussi, je crois.

    Tu sais qu’il y a un bateau qui mène au pays des rêves

    Non, je ne savais pas.

    Là-bas où il fait chaud, où le ciel n’a pas son pareil

    Bon par exemple, moi, je me souviens très rarement de mes rêves. Donc ça pourrait m’intéresser, ce coup du bateau. Mais il faudrait être plus précis: il part d’un endroit dans le Sud où il n’y a qu’un seul ciel, c’est ça ?

    Tu sais qu’au bout de cette terre
    Oui, les gens sèment

    Un port avec un estuaire envahi par des jardiniers, donc. Genre, je sais pas, un autre Finistère ?

    Des milliers de graines de joie

    J’espère que c’est pas une métaphore pour parler du cannabis, hein ! Les trucs illégaux, c’est pas très bien.

    Où pousse ici la haine

    Ils plantent là-bas des graines où pousse ici la haine ? C’est très compliqué, le jardinage.

    On m’avait dit p’tit gars
    Là-bas on t’enlève tes chaînes

    On est un peu familier, je trouve.

    On te donne une vie
    Sans te jeter dans l’arène

    Ah forcément. te donner une vie pour que des lions te la reprennent aussitôt, c’est con. On est en temps de crise, faut pas gâcher comme ça.

    Comme ici tout petit
    Après neuf mois à peine
    On te plonge dans une vie
    Où tu perds vite haleine

    Aujourd’hui encore, trop d’enfants de neuf mois sont obligés de travailler pour gagner leur vie.

    Alors sans hésiter, j’ai sauté dans la mer

    Avant qu’on t’enlève tes chaînes ? C’est un peu imprudent. Pour votre santé, ne nagez pas enchaînés.

    Pour rejoindre ce vaisseau
    Et voir enfin cette terre

    Heureusement que c’est pas un avion qui y mène, du coup.

    Là-bas trop de lumière

    Non mais arrête de te plaindre cinq minutes, tu veux ?

    J’ai dû fermer les yeux

    Du coup, ça vaut pas tellement la peine de voir enfin cette terre.

    Mais rien que les odeurs
    Remplissaient tous mes v½ux

    C’est donc un pays qui sent super bon. Genre le pays du sucre Candi.

    I just wanna be free in this way
    Just wanna be free in my world

    Je veux juste être libre dans ce sens, je veux juste être libre dans mon monde

    Vivere per libertà
    Vivere nella libertà

    Vivre pour la liberté, vivre en liberté
    Il faut se remettre dans le contexte: le mec il se balade les yeux fermés. En plus, il a quand même coursé un bateau à la nage avec des chaînes, il doit pas avoir complètement repris ses esprits. Du coup, forcément, il sait plus trop bien où il est. C’est pour ça qu’il parle anglais et italien, il se dit qu’il a plus de chances d’être compris.

    Alors une petite fille aussi belle

    Il a toujours les yeux fermés. Mais bon, si ça se trouve, il la connaissait déjà avant, la petite fille.

    que nature

    Elle était très très belle et très très nature. Ou un peu belle et un peu nature. Ou moche et urbanisation. (Pour votre santé, préférez les petites filles nature, qui contiennent moins de sucre que les aromatisées)

    Me prit par la main et me dit : suis cette aventure

    Belle, nature, mais obscure un peu.

    On disait même, oh oui, que la mer l’enviait

    La mer adorerait être une petite fille nature, tout le monde sait ça.

    Que la montagne se courbait pour la laisser passer

    Ce qui est embêtant si elle aime le ski.

    Elle m’emmena au loin avec une douceur sans fin

    C’est une idée géniale: quand des clandestins se planquent dans des bateaux pour venir chez nous manger notre pain, au lieu d’envoyer la police les mettre dans des charters, tu leur envoies une petite fille. Ils ne se méfieront pas et hop, elle les ramène au loin. C’est plus humain et tout aussi efficace. Faut juste prévoir beaucoup de petites filles.

    Et ses bouclettes dorées dégageaient ce parfum

    Faut juste prévoir beaucoup de petites filles qui se lavent les cheveux.

    Qui depuis des années guidait ce chemin
    Ton chemin, mon chemin, le chemin

    Alors je comprends à quoi il fait allusion quand il dit ton chemin. C’est parce qu’une fois, j’avais mal fermé mon shampoing au kiwi dans ma valise. Depuis, il est vrai que mon chemin le chemin ce chemin vers les pays sent toujours un peu les cheveux. Je ne sais pas comment il est au courant de cette anecdote, par contre.

    Refrain

    Pour arriver enfin à ces rêves d’enfants

    Elle l’a emmené à Eurodisney je pense. Tous les enfants rêvent d’aller à Eurodisney.

    Qui n’ont pas de limites comme on a maintenant

    C’est une des plus belles phrases de la chanson française, pas loin de « c’est pas marqué dans les livres que le plus important à vivre c’est de vivre au jour le jour ».

    J’ai vu des dauphins nager dans un ciel de coton
    Où des fleurs volaient, caressant l’horizon
    J’ai vu des arbres pousser, remplaçant les gratte-ciels
    J’ai vu au fond de l’eau une nuée d’hirondelles

    Tout ce passage me rappelle une chanson engagée et courageuse d’une des plus grandes artistes de notre temps : Un monde parfait d’Ilona.

    C’est une chanson très belle, très engagée, qui me donne envie de dépecer des dauphins.

    Ricolage passif

    Nous sommes en 1292, un mardi. Uri, Schwyz et Unterwald ont quitté l’empire des Habsbourg pour fonder ce qui ne s’appelle pas encore la Confédération Helvétique. Mais la période est dure économiquement et dans la région, il pousse surtout des cailloux.

    – Faudrait qu’on trouve un truc pour arrondir un peu les fins de mois, un genre de spécificité culturelle à nous.
    – Y a bien les pommes…
    – Non, le Guillaume a ruiné toute la récolte en s’entraînant avec ses flèches,

    se dirent les responsables cantonaux des finances lors de leur réunion annuelle.

    Or, il advint qu’à cette époque, un vieux sorcier vivait caché dans la montagne. La rumeur disait qu’il détenait un terrible secret: le secret bancaire, qui rend riche, heureux et fort en tennis celui qui le possède. Trois hommes choisis parmi les plus robustes du pays partirent alors à sa recherche. Bien que très courageux, ils étaient un peu effrayés, car on disait que le sorcier transformait tout ceux qui l’approchaient en chamois. « Cette rencontre, je la redoute », dit même l’un des trois suisses. « Ah tiens, nous arrivons près de die Quelle, la source », ajouta-t-il, inventant ainsi le concept du bilinguisme qui ferait, des siècles plus tard, de l’administration fédérale un endroit où c’est la rigole toutes les jours. Pour marquer l’événement, il décida alors de graver son nom dans l’écorce d’un épicéa en bois, se servant pour cela de son couteau suisse (ou camif).

    « Ah, ils arrivent enfin, les petits comiques », s’exclama alors le sorcier, qui était caché derrière le susmentionné épicéa et les observait depuis des heures. « C’en est trop, rétorquèrent alors comme un seul homme les trois hommes, nous ne nous laisserons pas cataloguer ainsi », inventant ainsi l’humour un peu lourd. « On pourrait peut-être négocier », ajoutèrent-ils, inventant ainsi la neutralité et le compromis. Mais le sorcier n’était pas homme de dialogue. « Négocier, mon cul », répondit-il avec à propos.

    Les trois hommes s’en retournèrent donc la queue entre les jambes. Mais ils ne pouvaient se résoudre à avouer leur échec, ils auraient été la risée de tout le village. « Alors le secret bancaire, c’est un truc vraiment classe, hein. Ça rend super riche et tout. Si un jour on nous le pique, on est foutus. Par contre, bon, faut que personne s’en approche, sinon, on est morts, grave », inventant ainsi la paranoïa et le repli sur soi-même qui font, aujourd’hui encore, la joie et la fierté du peuple helvétique.

    Vu à la télé

    Parfois, des comiques deviennent réalisateurs. Ce qui prouve que réalisateur est un métier plutôt facile, puisque jamais, par exemple, on n’a vu de comiques devenir charcutière, ou alors ça ne se sait pas, ils n’osent pas le dire tellement leur rosette est moyenne.

    Donc après Coluche, les Nuls, les Inconnus, les Deschiens, les Grolandiens, Dany Boon, Laurent Baffie, Patrick Sébastien et tant d’autres, Gad Elmaleh réalise Coco. Dont je ne vais absolument pas te parler vu que parler d’un film que je n’ai pas vu, c’est franchement trop pas mon genre.

    Par contre, tu me connais, j’ai des suggestions à faire à certains comiques n’ayant encore rien réalisé.

    Jean-Marie Bigard, par exemple, qui aime à écumer les plateaux télé, non seulement pour y faire sa promo, mais aussi pour y évoquer son vécu, son ressenti, ses convictions, pourrait faire un film très intimiste, mais non dépourvu de cet humour gaulois qui a fait son succès. Ça s’appellerait « des Salopes au Vatican » (quand bien même on me signale dans l’oreillette qu’il a déjà fait un film, étrangement passé inaperçu)(enfin passé inaperçu de moi, quoi)

    Stéphane Guillon pourrait tourner un remake des « Hommes du Président », mais truffé des fines saillies qui ont fait le succès de son désormais célèbre sketch sur DSK. Pour trouver l’inspiration pour remplir un long-métrage des jeux de mots délicieusement graveleux inspirés par les frasques du mari d’Anne Sinclair, il pourrait faire appel à un co-scénariste, Matteo, 7 ans et demi, comique le plus en vue de l’école primaire des Joyeux Lapinots.

    Et le meilleur comique de France et de Navarro à l’heure actuelle, Nicolas Sarkozy, dialoguiste de génie, pourrait probablement concurrencer les meilleurs films d’actions américains avec son hilarant « Casse-toi pauvre con »