C’est pas moi, c’est Murphy

Il y a bien longtemps que ce blog, jadis haut lieu de l’effervescence scientifique et de l’émulation intellectuelle, n’a plus ouvert de véritable débat philosophique de fond. Or, un jeune lecteur de Melun me soumet cette intéressante question : Pourquoi diable, me demande-t-il, se fait-on trois fois plus draguer dès lors qu’on est casé ?

Et il met là le doigt sur un sujet sensible. Prenez un jeune homme, avec ce qu’il faut de sémillance, installez-le dans un train dans l’indifférence générale. Envoyez-le dans le wagon adjacent trouver l’âme soeur, ou au moins l’âme cousine, laissez mijoter quelque temps, disons suffisamment pour l’apparition des premiers surnoms ridicules, puis remettez-le dans le wagon initial. Des rames entières de jeunes filles lascives et nubiennes accourront alors, l’oeil pétillant, la moue concupiscente et le genou aguichant, lui lançant sans vergogne aucune de compromettants « Excusez-moi, cette place est libre ? »

Comment expliquer ce mystérieux phénomène ?

Certains ont alors supposé que les femmes seraient des agents du FBI, connectées en permanence à un réseau secret appelé à remplacer facebook, où l’on peut découvrir par simple voisinage ferroviaire si une personne est in a complicated relationship, et engagées par une organisation para-catholique pour juger de notre capacité à résister à la tentation. Mais cette thèse semble légérement empreinte de paranoïa.

D’autres se sont simplement dit que les jeunes gens au coeur fraîchement conquis faisaient plus d’efforts pour repasser leurs chaussettes snoopy et/ou manger cinq fruits et légumes par jour, ce qui est bon pour le teint, mais cette déduction est quelque peu passéiste, puisque les études prouvent que l’homme moderne, ou post-néo-cyber-metro-über-dodo-sexuel, n’hésite plus à se nourrir de façon équilibrée, jusqu’au jour où il rencontre, en même temps qu’un individu du sexe dit féminin, le régime quinoa-épeautre.

Or, une autre explication semble tenir la corde. Nous l’avons vu précédemment, la passion des femmes pour les plantes vertes ne peut s’expliquer que d’une seule façon : elles sont nées à la campagne. Or, on le sait, à la campagne, tout le monde se connaît. Et c’est tout naturellement, par esprit critique, qu’elles veulent vérifier la véracité des propos qu’elles n’ont pas manqué d’entendre rapporter, non sans une légère exagération due à l’enivrement d’une histoire naissante, quant aux talents du jeune homme dans des domaines aussi variés que la tonte du rhododendron et la chasse à l’épagneul breton.

La mère de Poum a trois fils

Il n’y a pas de sot métier, dit un dicton. Fulgencio n’était pas tout à fait d’accord. Mais il ne le disait pas trop fort, de peut d’attrister ses parents. Il exerçait, en effet, sans conviction ni grand talent, la profession pratiquée par tous les membres de sa famille depuis tant de générations que plus personne n’en avait le compte exact : Sphinx.

Fulgencio se disait, avec fatalisme, qu’avec son physique, on ne lui proposerait jamais autre chose et, de fait, ses rares tentatives, à l’adolescence, pour tenter sa chance dans une autre filière s’étaient soldées par des échecs. Les recruteurs renâclaient. Fulgencio était victime des préjugés. Oh, on ne le lui avait jamais dit clairement, mais il savait bien que dès qu’il avait les ailes tournées, les gens jasaient : « On sait bien comment ils sont, ils ne peuvent pas s’empêcher de poser des énigmes à tout va et de boulotter ceux qui répondent faux ! Moi, avec cette crise, je peux pas me permettre de perdre des clients comme ça. » Et il ne pouvait leur donner complètement tort. Son stage dans la police s’était ainsi très mal passé, Fulgencio ayant insisté pour demander à chaque automobiliste arrêté ce qui a trois pattes à midi, monte à cheval et fait piou piou. De même, son entraîneur lui avait gentiment mais fermement suggéré de cesser toute activité footballistique le jour de la défaite par forfait contre le SC Vignoble-sur-Mer (gardien de but, il exigeait que les tireurs de pénaltys adverses lui disent ce qui est blanc le matin, pèse 300 kilos et ne mange pas de saumon).

Alors il faisait ce qu’il savait faire, Sphinx. Chaque mois, il dévorait le Mickey Parade et le Pif gadget, pour apprendre de nouvelles énigmes, afin que les clients ne se lassent pas. Il lui était même arrivé de lire un Bernard Werber, même s’il refusait toute question à base d’allumettes, sans que sa crédibilité n’en soufre. Le boulot avait bien changé depuis l’époque glorieuse : quand quelqu’un trouvait la bonne réponse, il ne se suicidait plus. Il était devenu trop difficile de trouver de la main d’oeuvre qualifiée pour se permettre ce genre de facéties, certes pittoresques. De même, il ne dévorait plus ceux qui se trompaient, préférant largement les pizza 4 fromages à la chair humaine. Mais à cause de sa réputation sulfureuse, plus personne ne voulait l’engager. Il avait été un temps physionomiste à l’entrée d’une discothèque, puis gardien de phare, et il surveillait désormais les entrées du musée de la vinaigrette artisanale de Pouchardeau-sur-Brougnette.

C’est un bien triste destin. (Je sais, il n’y a pas de chute, mais les Sphinx ont un problème avec les chutes).

Luxembourg et ratatam

Il y a, chez mes confrères journalistes, quelques coutumes que je ne comprends pas bien. Par exemple, celle-ci : quand une équipe de footballeurs pro rencontre une équipe d’amateurs, il y a toujours un portrait d’un joueur. Toujours. En séance de rédaction, y a toujours un mec qui s’exclame : « J’ai eu une idée géniale, pour présenter le match de Coupe Intertoto des noms rigolos Vugelles-la-Mothe – Unirea Urziceni, on pourrait faire un portrait d’un joueur amateur, personne n’y a jamais songé avant, je vais gagner le prix du journalisme et après je pourrai niquer des tas de gonzesses et manger des ouiches. »
Puis il s’aperçoit que le Courrier de Pompaples a fait exactement pareil six mois plus tôt et là, tout dépité, il se dit « Je suis sûr qu’ils nous espionnent, les salauds. » Pourtant, de par le monde, il y a probablement un peu plus de gens qui chauffent le banc du FC Villars-Tiercelin et qui pratiquent un métier à côté du foot, chauffeur de banc dans une entreprise de bancs chauffants par exemple, que de mecs payés 3,2 millions de brouzoufs scandinaves pour faire du tourisme dans le rond central de San Siro, mais les journalistes sportifs, à chaque fois qu’ils apprennent que des mecs jouent au foot pour le plaisir, ils tombent des nues, alors que des nues en cette saison ça court pas les rues.

L’autre truc que je comprends pas très bien, c’est qu’en général le mec portraitisé est postier. A mon avis, y a une loi obscure qui oblige les équipes amateures à faire jouer au moins un postier au cas où un journaliste voudrait faire un portrait.

Bon en fait, tu auras compris, si je critique, c’est surtout parce que je suis jaloux. Et donc, j’ai décidé de me faire plaisir.

Six heures du matin, dans l’aube blanchâtre d’un automne assidu. Comme tous les matins, Belléphoron Pouchard commence sa tournée. Et pourtant, Belléphoron n’est pas un facteur comme les autres. Il est aussi le redoutable numéro 10 de l’Union Sportive Ploutargic, appelée à défier le grand FC Meudon ce soir en dix-huitièmes de finale de la Coupe de France de tchoukball. « Oh, vous savez », coupe-t-il avec la rudesse nonchalante de ceux qui se lèvent tôt, « sur un match tout est possible et je crois que si on arrive à tenir le 0-0 le plus longtemps possible, nous avons une chance, même si ce sera très dur, maintenant tu peux descendre de mon vélo parce que j’ai du boulot, j’aimerais avoir fini ma tournée avant 9 heures pour revoir la rediffusion des Pokémon, merci »

La musique. Oui, la musique.

Une amie m’a un jour demandé d’écrire des paroles de chanson pour un groupe de joddle hardcore qu’elle est en train de monter avec une sienne collègue.

Voyant dans cette demande l’occasion d’enfin percer dans l’art qui m’est le plus cher, la sieste (il suffira, ensuite, qu’elles vendent plusieurs de dizaines de milliards d’albums avant de partir en tournée triomphale à travers la Creuse pour que je devienne enfin riche comme Crésus), je me lançai à corps perdu dans cette voie quasi nouvelle pour moi.

Las, l’angoisse me faisait stresser, effrayé que j’étais de devenir à mon tour la risée des fans de Tokio Hotel, et ce n’est que quand je réalisai qu’ils n’étaient plus que cinq de par le monde que je pus me calmer un peu. Je décidai alors d’invoquer l’esprit du plus grand parolier de tous les temps, Pascal Obispo, pour me venir en aide. Sans succès.
Je me plongeai alors dans l’oeuvre complète de Didier Barbelivien, espérant y trouver quelque inspiration. A la lecture de « Je te survivrai », texte sublime magnifié par Jean-Pierre François, je commençai à comprendre. « Dans l’hiver et le vent, dans le froid des maisons, dans les sables mouvants où j’écrirai ton nom, dans la fièvre et le sang, dans les murs des prisons, je te survivrai » Fallait-il y voir un hommage à Paul Eluard ? « Je te survivrai d’un amour vivant je te survivrai dans des yeux d’enfants je te survivrai comme un revenant je te survivrai je te survivrai et tu m’entendra je te survivrai quelque part en toi je te survivrai je te survivrai au dela de moi je te survivrai ». Fallait-il y voir une allusion aux films de morts-vivants ?

***

Les lapins
Paroles Raphaël Chabloz
Musique Guido Bontempi
12 semaines numéro 1 du top 50 scandinave

Ecrire des chansons c’est pas facile
Il faut trouver des tas de rimes
Des métaphore pas trop futiles
Un peu comme dans un conte de Grimm

Parler d’amour c’est toujours bien
Parce que les gens aiment bien l’amour
Et que ça fait pleurer comme un chien
Et que ça rime avec tambour

Refrain:
I should rather write in english
Nobody would know what i say
But i speak it like a quiche
And i don’t know what i say
Oh yeah baby
All people sings in Shakespeare’s tongue
As easily than on a beach wih tongs
But maybe they are bluffing
Or something

Ou sinon, on peut dénoncer
Des injustices ou son voisin
Et on finit aux Enfoirés
Chez Ruquier ou dans un sapin

Le truc sympa c’est l’name dropping
Audrey Tautou, Melvil Poupaud
L’autre truc sympa c’est le camping
En forêt, mais en chanson pas trop

Refrain

Moi j’aime bien les chansons françaises
Qui parlent de trucs du quotidien
La recette de la mayonnaise
Ou celle des trucs du quotidien

Ecrire des chansons c’est pas facile
En attendant de faire fortune
J’vais agiter ma grosse sébile
Et demander à la lune

Selon que vous serez puissant ou misérable

Je sais pas si ça se sait, mais Roman Polanski a été arrêté. Alors sur le fond, je vais me contenter de linker Krazy Kitty, parce que sinon après je m’énerve et ça me donne mal à l’estomac.

Sur la forme, par contre. Arrêter un homme à l’occasion d’une remise de prix lors d’un festival, je trouve ça d’une classe folle.

Tu n’es pas sans savoir que pour le secret bancaire, là, en Suisse, on est mal. Ou alors, en dernier recours, de payer leurs impôts comme vous et moi… En plus, comme le forfait fiscal a mauvaise presse en ce moment, tous nos riches vont finir par se barrer à Monaco, on va se retrouver avec Alain Delon sur les bras et c’est tout, même les tennismen français vont se barrer (car oui, il y a des tennismen français en Suisse)(à mon avis, ils doivent aussi avoir fait un truc louche et craindre l’extradition, c’est pour ça que personne ne les voit jamais sur un court).

Mais il nous faut des sources de revenus. Parce que le chocolat et les montres, c’est plus ce que c’était. Et je me disais qu’on pouvait organiser des grands happenings, où on ferait semblant de remettre des prix à des fugitifs célèbres pour pouvoir les capturer, moyennant une petite aide financière des états-tiers.

Par exemple, je sais pas…
« Nous sommes réunis ce soir à Grosshochstetten pour la remise du prix de l’ennemi public numéro 1. Nous allons vous dévoiler le classement général en commençant par l’ennemi public numéro 50, Raymond Grouchard dit l’équarrisseur du Marais-Poitevin, dit le sadique à la houpette… Ah mesdames et messieurs, on me signale hélas que l’Ennemi Public numéro 1 ne pourra être présent ce soir, il vient d’être arrêté à l’aéroport en vue de son extradition. Mais accueillons maintenant notre invité spécial, à qui nous remettons un prix spécial pour l’ensemble de sa carrière, Slobodan Milosevic, merci de l’applaudir bien fort…. Ah non, lui non plus n’a pas pu venir ce soir, décidément, quel dommage, nous allons donc vous passer, pour la peine, une page de publicité.

Marketing à la plage

– Nous avons quelque chose pour vous !
–Oui ?
–Voilà… C’est un auteur qui recherche un personnage pour son prochain bouquin. Il vous recontactera prochainement.
– Mais…
– Je vous rappelle que vous êtes tenu d’accepter tous les emplois que nous vous proposons.
– Je sais, je sais… mais vous êtes vraiment sûr que je corresponds ? Et vous n’avez pas comme une impression de déjà lu ?
– Oh vous savez, moi, je suis fonctionnaire, le déjà vu, c’est un peu ma vie.
– Jolie phrase, je peux la noter ?
– Il faut pour cela remplir le formulaire 25bis sur l’utilisation discrète de phrases volées à des fonctionnaires et le 43.2 relatif à l’usage de clichés réducteurs.
– Bigre.
– Je ne vous le fais pas dire. Par ailleurs, je vous rappelle que les dialogues se prolongeant au-delà de cinq phrases sont formellement interdits par la guilde des lecteurs qui finissent toujours par ne plus savoir qui parle.
– Oui mais alors là j’ai une idée géniale.
– Allons bon.

Un chômeur, paresseux et pouilleux, comme ceux de son espèce:
Voilà, c’est tout de suite plus clair comme ça, non ?

Un fonctionnaire,
revêche et obtus mais ne le sont-ils pas tous ?
Mouais

Le chômeur, appelons le Wolfram
Je disais que j’avais comme une impression de déjà-lu

Le fonctionnaire, mettons Abelardo
Je sais, j’étais là.

Wolfram
Ah oui, je sais ! Le début du dialogue, là, c’est le même que dans une nouvelle ô combien passionnante, qui a brillamment été sélectionnée pour figurer dans l’ouvrage « Plumes bigarrées« , paru aux éditions Campiche !

Abelardo
35 textes sélectionnés sur 70 participants, c’est pas encore le Goncourt non plus, hein.

Wolfram
Tu dis ça parce que tu es jaloux parce que tu es un fonctionnaire aigri, mais moi je brûle de savoir ce qui va m’arriver dans la suite de cette magnifique épopée.

Abelardo
Une pauvre nouvelle qui tient sur trois pages, en plus, j’avais tout de suite deviné la fin.

Wolfram
Mais arrête ! arrête ! Tu vois pas que j’étais en train de faire de la pub, discrètement, pour l’ouvrage « Plumes bigarrées« , paru aux éditions Campiche, disponible probablement dans plein d’endroits super ?

Abelardo
Mon pauvre, ça va même pas te rendre riche et célèbre alors hein, j’ai d’autres chats à fouetter.

Un chat
Putain j’y crois pas, à chaque fois c’est sur ma gueule que ça retombe, j’en ai marre, je me casse au Mexique.

Abelardo
Et d’ailleurs, pourquoi on se tutoie ?

Wolfram
L’ouvrage « Plumes bigarrées« , paru aux éditions Campiche.

Abelardo
Tu l’as pas déjà fait, le titre, « Marketing à la plage » ?

Wolfram
Si mais sur un autre blog, alors ça compte pas.

Bande passante

Walburge était revenue positivement impressionnée du cinéma de sa petite ville, où elle se rendait dévôtement chaque vendredi soir. Le film projeté cette semaine-là, Julie&Julia, avait été pour elle comme une révélation. Enfin, elle avait trouvé sa voie : elle allait ouvrir un nouveau blog, se faire adapter au cinéma et, accessoirement, gagner des pétées de thunes.

Ne lui restait donc qu’à trouver un livre de cuisine, à en tester, jour après jour, toutes les recettes et à devenir célèbre. Elle ne s’arrêta pas sur « la Franche-Comté en 200 saucisses », ignora superbement « la cuisine suisse facile » car elle digérait mal la papet, se dit que le temps qu’elle arrive au bout de « 13 312 macarons pour épater les copains », la mode serait passée, ne jeta même pas un regard à « kougloffs et autres trucs pâteux », le best-seller de la rentrée culinaire.
Il faut dire qu’elle était aussi douée pour la cuisine qu’un journaliste sportif du Matin pour le… français. Elle pensait qu’une duxelle était une ville de Belgique, que le salpicon était une maladie honteuse, que la julienne était la femelle du Julien et que faire revenir des oignons, c’était toujours mourir un peu. Tant est si bien que la réputation de son blog, où elle testait chaque jour une page du livre « l’oeuf au plat facile », ne dépassa qu’à peine les frontières de son cercle familial, à l’exception notable de quelques membres du club de cuisine de Chaumont en mal d’expériences nouvelles et de quelques pervers, car une statistique récente prouve que quoi que tu foutes sur internet, quelqu’un trouvera le moyen de tomber dessus en cherchant des trucs cochons.

C’est justement en constatant ce fait que Walburge eut l’idée géniale : ouvrir un blog sur lequel elle testerait chaque soir une page du kama sutra. Une idée couronnée de succès, qui prouve une fois de plus que l’internet est un merveilleux média qui permet à chacun de s’exprimer et de faire connaître ses talents pourvu qu’il y mette un peu du sien.

Lance et compte

C’était par un de ces jours de début d’automne où la grisaille ambiante incite à la mélancolie et à acheter des tas de trucs peu diététiques pour mettre un peu de gras pour l’hiver. Tout naturellement, je me suis donc rendu en Franche-Comté voisine, paradis de la saucisse, Nirvana du fromage (je sais pas si tu te rends compte, ils font de la Morteau au Comté (quand j’ai découvert ça, j’ai failli devenir croyant)). Je me rendis chez un charcutier traditionnel du lieu, un certain monsieur Leclerc, lequel vendait également, c’est cocasse, des billets de concerts.
Et c’est là que je réalisai que, contrairement à tant d’autres en ce mordoré septembre, Roch Voisine n’était pas mort, même si certaines mauvaises langues prétendront qu’artistiquement parlant, se produire à Montbéliard y ressemble beaucoup.
Roch Voisine qui lui aussi s’était fait connaître en se penchant sur cette période vaporeuse où l’été s’achève avec une chanson qui en dérange certains, mais je n’ai pas peur :

Roch Voisine – Hélène

Seul sur le sable les yeux dans l’eau

Ce qui est une position pour le moins inconfortable, surtout à marée montante.

Mon rêve était trop beau
L’été qui s’achève tu partiras

C’est l’histoire d’un amour de vacances, d’une histoire sans lendemain, mais à laquelle on repense les yeux plein de chagrin.

A cent mille lieues de moi

Là je m’excuse, mais il va falloir être un peu technique. Vous n’êtes pas sans savoir que Roch Voisine est québécois. On peut donc déduire qu’il parle de la lieue nord-américaine, soit 4,828032 kilomètres, et non de la lieue postale ou de la lieue marine, ni des bâtonnets de lieu du Cap’tain Igloo.
100 000 lieues équivalent donc à 482 803,2 kilomètres, soit 12 fois le tour de la terre et environ 2800 kilomètres, si vous me permettez d’arrondir, ce qui fait quand même pas mal. Si l’on admet que la plage dont on parle est située au Québec, car oui, il y a des plages au Québec, 2800 kilomètres ça fait soit plein d’endroits qu’on ne connaît pas aux Etats-Unis, soit quelque part à Cuba, nous dit cet outil de calcul de distance (qu’est-ce que tu crois, y a de la recherche, dans mes posts). Alors de là à se demander ce qu’elle peut bien venir foutre à la plage dans un pays qui n’est pas un pays mais l’hiver, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas parce qu’on risque de commencer à s’égarer.

Comment oublier ton sourire
Et tellement de souvenirs

Là, la réponse est assez simple, oublier un souvenir, par définition, on ne peut pas.

Nos jeux dans les vagues près du quai

Car ce n’est pas parce qu’on batifole fougueusement avec une accorte touriste qu’il faut oublier les règles élémentaires de sécurité. C’est un bien bel exemple que nous donne Roch Voisine.

Je n’ai vu le temps passer

Oui, là, je n’ai pas grand chose à ajouter, c’est sûr que s’il s’était ennuyé comme un rat mort, il n’en aurait peut-être pas fait une chanson.

L’amour sur la plage désertée

Là encore, bel exemple de civisme. Si vous aussi, chez vous, vous tenez absolument à faire l’amour sur la plage, attendez que les gens soient partis. Il y a tellement de monde en général qu’on risque de se rouler par mégarde sur le linge de bain d’un voisin. Et, dans ces moments-là, se retrouver nez à nez avec des dauphins qui s’ébrouent devant un coucher de soleil ou des chatons espiègles sous un parasol Ricard peut avoir des conséquences psychologiques irréversibles.

Nos corps brûlés enlacés

Par contre, là, on ne le répète jamais assez, protégez-vous, mettez de la crème solaire, sinon on meurt.

Comment t’aimer si tu t’en vas
Dans ton pays loin là-bas babababa

Skype, msn, voire twitter, mais c’est sûr que ça enlève assez vite le côté roulades sur la plage de la relation.

Hélène things you do make me crazy about you

Comme il est très énervé, limite nervous breakdown, il se met soudain à parler anglais sans crier station. Pour les non-anglophones, il dit Hélène les choses que tu fais me rendent fou de toi, ce qui est joli.

Pourquoi tu pars reste ici j’ai tant besoin d’une amie

Elle part parce que l’été s’achève, tu l’as dit au début de la chanson. En plus, vu la nature de vos jeux de plage, lier une relation d’amitié va s’avérer des plus délicats.

Hélène things you do make me crazy about you
Pourquoi tu pars si loin de moi
Là où le vent te porte loin de mon coeur qui bat

Alors moi je dis ça je dis rien, mais lui, s’il y mettait un peu de bonne volonté, il pourrait se faire engager comme gardien de hockey au CP La Havane et il serait plus si loin d’elle.

Hélène things you do make me crazy about you
Pourquoi tu pars reste ici reste encore juste une nuit

Et là tout s’explique, il veut lui faire rater l’avion juste pour une ou douze galipettes de plus. De là à dire ahlala c’est bien les mecs, il n’y a qu’un pas que je ne me refuse à franchir que par solidarité masculine.

Seul sur le sable les yeux dans l’eau
Mon rêve était trop beau
L’été qui s’achève tu partiras
A cent mille lieues de moi
Comment t’aimer si tu t’en vas
Dans ton pays loin là-bas
Dans ton pays loin là-bas
Dans ton pays loin de moi

Et là, j’aimerais citer le philosophe qui disait « La distance est à l’amour ce que le vent est au feu: Elle éteint le petit. Elle attise le grand. » Le même philosophe qui d’ailleurs disait »Je n’aime que deux choses, la rose pour un jour et toi pour toujours », voire « J’aimerais être une larme pour naître dans tes yeux et mourir dans un vieux mouchoir sale. »

Etreintes délétères

Il ne pouvait s’empêcher d’être un peu nerveux et la clope qu’il venait d’écraser, après trois bouffées à peine, témoignait de cet état. C’était pourtant idiot, il s’en rendait bien compte. Tous les jours, des gens font ça, recroiser des amis d’enfance, se remémorer de très vieux souvenirs, s’amuser ou s’effrayer de la manière dont leurs copains d’avant ont évolué. Pas de quoi se paniquer. Mais ils avaient tant vécu ensemble.

Il s’était imaginé ces retrouvailles bien des fois. Bien sûr, c’était surtout elle qu’il se réjouissait de voir. Bien sûr, c’était surtout elle qu’il appréhendait de voir. Elle, son premier amour, une histoire de gosses… dans les films américains, ils se reverraient, il y aurait des violons et voilà. Mais les films américains, il y avait longtemps qu’il n’y croyait plus. Depuis le jour où il s’était avoué que sa tentative de conquérir Hollywood avait échoué et qu’il était rentré, la mort dans l’âme et quelques rôles anecdotiques sur sa fiche imdb.

C’est dans l’avion qu’il avait eu l’idée de cette soirée, de ce rendez-vous dans vingt-cinq ans. Envie d’une bouffée d’enfance pour oublier. Envie de revoir ses vieux potes, Dipsy, qui travaillait aujourd’hui dans la mode et Po, devenue trompettiste. Et Laa-Laa, qu’il n’avait pas eue au téléphone, mais il était sûr qu’ils auraient tant de choses à se raconter.

Il arrive, lentement, avec cinq minutes d’avance. Les deux autres sont en retard. Il s’approche, timidement.
– Laa-Laa… tu n’as pas changé.
– Eh ho ! Laa-Laa n’a pas changé ! Laa-Laa n’a pas changé ! Oooooh Tinky Winky a beaucoup changé ! Tinky Winky a beaucoup changé !
– Ah merde… tu n’as VRAIMENT pas changé ?

Les chutes, quand il n’y en a qu’une, ça va, c’est quand il n’y en a pas que ça pose problème

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs bonsoir et bienvenue à ces septièmes championnats du monde de mauvaise foi, des championnats du monde que nous nous réjouissons particulièrement de commenter ce soir, puisque la France part archi-favorite et pourrait même réaliser un doublé historique. Attention toutefois au candidat suisse, redoutable même s’il semble un peu émoussé après une saison où il s’est beaucoup dépensé…

Nous sommes, il faut le dire, un peu déçus du niveau technique de ce début de compétition, qui intervient peut-être trop tard dans la saison. Nous avons ainsi eu le droit à un « Mon chien a mangé ma feuille », à un « C’est pas moi, je vous jure, j’étais en train de retendre mon piano », certes bien exécuté mais un peu léger à ce stade de la compétition. Le candidat américain a même été disqualifié pour un « C’est la faute au 11 septembre », qu’il avait déjà tenté l’an dernier, celui d’avant et toutes les années depuis 2001.
Rappelons tout de même que les championnats du monde de mauvaise foi sont les seuls où l’on n’invite que les plus mal placés à la conférence de presse et peut-être certains ont-ils volontairement visé le bas du classement pour pouvoir profiter d’un apéro gratuit. Pour reprendre les paroles du concurrent moldave, en tête avant le passage des favoris, « c’est la faute à la crise ».

Attention, voici le concurrent suisse. Va-t-il tenter la triple pirouette bancaire, toujours appréciée du jury, mais très difficile à réaliser ? Va-t-il se risquer à la double-vrille libyenne ? … c’est fou ! C’est incroyable, c’est le tournant de cette compétition, il se lance dans un « Je ne suis pas candidat, sauf si mon parti me demande de l’être ». C’est peut être efficace au niveau national, mais bien faible pour une compétition de cette envergure, la tactique du sacrifice inversé a fait le bonheur des helvètes pendant des années, mais on attendait plus d’originalité de ce concurren… Quelle déception pour nos amis suisses, mais quelle bonne nouvelle pour nous, voilà qui laisse la voie grande ouverte aux deux français, le tenant du titre, immense favori pour conserver son trophée gagné, faut-il le rappeler, avec son « Estelle, veux-tu m’épouser ? » encore dans toutes les mémoires, et le non moins redoutable challenger, récent champion de France, dont la technique dite de la potée auvergnate est redoutable.

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