Archive for October, 2009

Légende urbaine

Monday, October 19th, 2009

Or, il advint qu’en ce temps-là, Procrastinator, Dieu de la Glande, des Travaux remis à demain, du Démineur et du Solitaire, fut combattu par la diabolique coalition de Burokrator, dieu de la paperasse, et Chefredaktor, fulminant et vociférant héros chargé de veiller sur les délais rédactionnels.

Mais alors qu’il avait un genou à terre, Procrastinator, la plus habile et la plus ingénieuse des divinités de son époque, inventa Internet.

Et l’on dit que depuis, il est le plus fort des Dieux du Panthéon. Car quand l’homme, naïf et docile, croit que cette invention lui facilite la tâche pour s’acquitter des nombreuses épreuves que mettent sous ses pas le cruel Burokrator et le perfide Chefredaktor, il ne se doute pas qu’il est déjà dans les filets du puissant Procrastinator.

Et au moment où il réalise qu’il est en train de regarder des vidéos de chaton plutôt que de terminer sa déclaration d’impôts en ligne, qu’il est en train de retwitter celle-là même qu’il avait pokée le matin même plutôt que de se documenter en ligne sur l’évolution du PIB du Kazakhstan au deuxième semestre, et quand il se dit que tout cela est blogable, alors il est déjà trop tard.

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Aucune fille au monde

Wednesday, October 14th, 2009

La sortie cinéma de la semaine c’est évidemment G-Force, film d’action, de hamster et de Hoyt Yeatman.

Un film que je serais bien allé voir, tout ébahi que je suis d’apprendre que oui, Hoyt est un vrai prénom. Hélas, Benjamin-Constant, mon fils imaginaire, semble peu intéressé parce que, je cite “c’est naze ce truc, c’est pour les bébés”. Le problème des enfants imaginaires, c’est que leur âge évolue de façon totalement anarchique et B-C a hélas 13 ans cette semaine.

Par contre, le probable succès de ce film va probablement donner des idées aux réalisateurs. En ces temps de crise, en effet, faire jouer des rongeurs est une idée bankable, comme disent les jeunes.

The full cage, titre français de Like a squirrel in its wheel, film anglais
Dans une petite ville minière du nord de l’Angleterre rongée par le chômage et l’alcoolisme, des chinchillas trompent l’ennui en rongeant les barreaux de leur cage. Un jour, l’un d’entre eux décide de monter un spectacle d’acrobaties. Les autres chinchillas du village sont d’abord réticents, mais décident ensuite de l’aider, malgré les difficultés.

Gnavere karminrøde, film danois.
Hjørg, un cobaye de laboratoire amputé des pattes avant, réussit à s’échapper. Il est recueilli par une famille, qui l’apprivoise, mais le chat l’attaque et les enfants lui tirent les poils. Il sombre dans la dépression et passe des journées entières à tourner sur sa petite roue. Hélas, le film, tourné en caméra subjective, s’arrête là, le monteur s’étant suicidé après le troisième tour de roue.

J’aimerais que tu nettoies la cage plus souvent, film français
Bernardo et Blanche, deux souris se sont aimés follement. Mais la vie les a séparés. Bianca a quitté l’Italie pour refaire sa vie à Paris avec Jean-François, un furet. Aujourd’hui, Bernardo vit seul avec Moustaches, leur fils en proie aux troubles de l’adolescence. Bernardo et Blanche se revoient chaque année, à l’époque des vacances de Noël. Et si tout recommençait enfin comme avant ?

C’est pas moi, c’est Murphy

Monday, October 12th, 2009

Il y a bien longtemps que ce blog, jadis haut lieu de l’effervescence scientifique et de l’émulation intellectuelle, n’a plus ouvert de véritable débat philosophique de fond. Or, un jeune lecteur de Melun me soumet cette intéressante question : Pourquoi diable, me demande-t-il, se fait-on trois fois plus draguer dès lors qu’on est casé ?

Et il met là le doigt sur un sujet sensible. Prenez un jeune homme, avec ce qu’il faut de sémillance, installez-le dans un train dans l’indifférence générale. Envoyez-le dans le wagon adjacent trouver l’âme soeur, ou au moins l’âme cousine, laissez mijoter quelque temps, disons suffisamment pour l’apparition des premiers surnoms ridicules, puis remettez-le dans le wagon initial. Des rames entières de jeunes filles lascives et nubiennes accourront alors, l’oeil pétillant, la moue concupiscente et le genou aguichant, lui lançant sans vergogne aucune de compromettants “Excusez-moi, cette place est libre ?”

Comment expliquer ce mystérieux phénomène ?

Certains ont alors supposé que les femmes seraient des agents du FBI, connectées en permanence à un réseau secret appelé à remplacer facebook, où l’on peut découvrir par simple voisinage ferroviaire si une personne est in a complicated relationship, et engagées par une organisation para-catholique pour juger de notre capacité à résister à la tentation. Mais cette thèse semble légérement empreinte de paranoïa.

D’autres se sont simplement dit que les jeunes gens au coeur fraîchement conquis faisaient plus d’efforts pour repasser leurs chaussettes snoopy et/ou manger cinq fruits et légumes par jour, ce qui est bon pour le teint, mais cette déduction est quelque peu passéiste, puisque les études prouvent que l’homme moderne, ou post-néo-cyber-metro-über-dodo-sexuel, n’hésite plus à se nourrir de façon équilibrée, jusqu’au jour où il rencontre, en même temps qu’un individu du sexe dit féminin, le régime quinoa-épeautre.

Or, une autre explication semble tenir la corde. Nous l’avons vu précédemment, la passion des femmes pour les plantes vertes ne peut s’expliquer que d’une seule façon : elles sont nées à la campagne. Or, on le sait, à la campagne, tout le monde se connaît. Et c’est tout naturellement, par esprit critique, qu’elles veulent vérifier la véracité des propos qu’elles n’ont pas manqué d’entendre rapporter, non sans une légère exagération due à l’enivrement d’une histoire naissante, quant aux talents du jeune homme dans des domaines aussi variés que la tonte du rhododendron et la chasse à l’épagneul breton.

La mère de Poum a trois fils

Friday, October 9th, 2009

Il n’y a pas de sot métier, dit un dicton. Fulgencio n’était pas tout à fait d’accord. Mais il ne le disait pas trop fort, de peut d’attrister ses parents. Il exerçait, en effet, sans conviction ni grand talent, la profession pratiquée par tous les membres de sa famille depuis tant de générations que plus personne n’en avait le compte exact : Sphinx.

Fulgencio se disait, avec fatalisme, qu’avec son physique, on ne lui proposerait jamais autre chose et, de fait, ses rares tentatives, à l’adolescence, pour tenter sa chance dans une autre filière s’étaient soldées par des échecs. Les recruteurs renâclaient. Fulgencio était victime des préjugés. Oh, on ne le lui avait jamais dit clairement, mais il savait bien que dès qu’il avait les ailes tournées, les gens jasaient : “On sait bien comment ils sont, ils ne peuvent pas s’empêcher de poser des énigmes à tout va et de boulotter ceux qui répondent faux ! Moi, avec cette crise, je peux pas me permettre de perdre des clients comme ça.” Et il ne pouvait leur donner complètement tort. Son stage dans la police s’était ainsi très mal passé, Fulgencio ayant insisté pour demander à chaque automobiliste arrêté ce qui a trois pattes à midi, monte à cheval et fait piou piou. De même, son entraîneur lui avait gentiment mais fermement suggéré de cesser toute activité footballistique le jour de la défaite par forfait contre le SC Vignoble-sur-Mer (gardien de but, il exigeait que les tireurs de pénaltys adverses lui disent ce qui est blanc le matin, pèse 300 kilos et ne mange pas de saumon).

Alors il faisait ce qu’il savait faire, Sphinx. Chaque mois, il dévorait le Mickey Parade et le Pif gadget, pour apprendre de nouvelles énigmes, afin que les clients ne se lassent pas. Il lui était même arrivé de lire un Bernard Werber, même s’il refusait toute question à base d’allumettes, sans que sa crédibilité n’en soufre. Le boulot avait bien changé depuis l’époque glorieuse : quand quelqu’un trouvait la bonne réponse, il ne se suicidait plus. Il était devenu trop difficile de trouver de la main d’oeuvre qualifiée pour se permettre ce genre de facéties, certes pittoresques. De même, il ne dévorait plus ceux qui se trompaient, préférant largement les pizza 4 fromages à la chair humaine. Mais à cause de sa réputation sulfureuse, plus personne ne voulait l’engager. Il avait été un temps physionomiste à l’entrée d’une discothèque, puis gardien de phare, et il surveillait désormais les entrées du musée de la vinaigrette artisanale de Pouchardeau-sur-Brougnette.

C’est un bien triste destin. (Je sais, il n’y a pas de chute, mais les Sphinx ont un problème avec les chutes).

Luxembourg et ratatam

Thursday, October 8th, 2009

Il y a, chez mes confrères journalistes, quelques coutumes que je ne comprends pas bien. Par exemple, celle-ci : quand une équipe de footballeurs pro rencontre une équipe d’amateurs, il y a toujours un portrait d’un joueur. Toujours. En séance de rédaction, y a toujours un mec qui s’exclame : “J’ai eu une idée géniale, pour présenter le match de Coupe Intertoto des noms rigolos Vugelles-la-Mothe – Unirea Urziceni, on pourrait faire un portrait d’un joueur amateur, personne n’y a jamais songé avant, je vais gagner le prix du journalisme et après je pourrai niquer des tas de gonzesses et manger des ouiches.”
Puis il s’aperçoit que le Courrier de Pompaples a fait exactement pareil six mois plus tôt et là, tout dépité, il se dit “Je suis sûr qu’ils nous espionnent, les salauds.” Pourtant, de par le monde, il y a probablement un peu plus de gens qui chauffent le banc du FC Villars-Tiercelin et qui pratiquent un métier à côté du foot, chauffeur de banc dans une entreprise de bancs chauffants par exemple, que de mecs payés 3,2 millions de brouzoufs scandinaves pour faire du tourisme dans le rond central de San Siro, mais les journalistes sportifs, à chaque fois qu’ils apprennent que des mecs jouent au foot pour le plaisir, ils tombent des nues, alors que des nues en cette saison ça court pas les rues.

L’autre truc que je comprends pas très bien, c’est qu’en général le mec portraitisé est postier. A mon avis, y a une loi obscure qui oblige les équipes amateures à faire jouer au moins un postier au cas où un journaliste voudrait faire un portrait.

Bon en fait, tu auras compris, si je critique, c’est surtout parce que je suis jaloux. Et donc, j’ai décidé de me faire plaisir.

Six heures du matin, dans l’aube blanchâtre d’un automne assidu. Comme tous les matins, Belléphoron Pouchard commence sa tournée. Et pourtant, Belléphoron n’est pas un facteur comme les autres. Il est aussi le redoutable numéro 10 de l’Union Sportive Ploutargic, appelée à défier le grand FC Meudon ce soir en dix-huitièmes de finale de la Coupe de France de tchoukball. “Oh, vous savez”, coupe-t-il avec la rudesse nonchalante de ceux qui se lèvent tôt, “sur un match tout est possible et je crois que si on arrive à tenir le 0-0 le plus longtemps possible, nous avons une chance, même si ce sera très dur, maintenant tu peux descendre de mon vélo parce que j’ai du boulot, j’aimerais avoir fini ma tournée avant 9 heures pour revoir la rediffusion des Pokémon, merci”

La musique. Oui, la musique.

Thursday, October 1st, 2009

Une amie m’a un jour demandé d’écrire des paroles de chanson pour un groupe de joddle hardcore qu’elle est en train de monter avec une sienne collègue.

Voyant dans cette demande l’occasion d’enfin percer dans l’art qui m’est le plus cher, la sieste (il suffira, ensuite, qu’elles vendent plusieurs de dizaines de milliards d’albums avant de partir en tournée triomphale à travers la Creuse pour que je devienne enfin riche comme Crésus), je me lançai à corps perdu dans cette voie quasi nouvelle pour moi.

Las, l’angoisse me faisait stresser, effrayé que j’étais de devenir à mon tour la risée des fans de Tokio Hotel, et ce n’est que quand je réalisai qu’ils n’étaient plus que cinq de par le monde que je pus me calmer un peu. Je décidai alors d’invoquer l’esprit du plus grand parolier de tous les temps, Pascal Obispo, pour me venir en aide. Sans succès.
Je me plongeai alors dans l’oeuvre complète de Didier Barbelivien, espérant y trouver quelque inspiration. A la lecture de “Je te survivrai”, texte sublime magnifié par Jean-Pierre François, je commençai à comprendre. “Dans l’hiver et le vent, dans le froid des maisons, dans les sables mouvants où j’écrirai ton nom, dans la fièvre et le sang, dans les murs des prisons, je te survivrai” Fallait-il y voir un hommage à Paul Eluard ? “Je te survivrai d’un amour vivant je te survivrai dans des yeux d’enfants je te survivrai comme un revenant je te survivrai je te survivrai et tu m’entendra je te survivrai quelque part en toi je te survivrai je te survivrai au dela de moi je te survivrai”. Fallait-il y voir une allusion aux films de morts-vivants ?

***

Les lapins
Paroles Raphaël Chabloz
Musique Guido Bontempi
12 semaines numéro 1 du top 50 scandinave

Ecrire des chansons c’est pas facile
Il faut trouver des tas de rimes
Des métaphore pas trop futiles
Un peu comme dans un conte de Grimm

Parler d’amour c’est toujours bien
Parce que les gens aiment bien l’amour
Et que ça fait pleurer comme un chien
Et que ça rime avec tambour

Refrain:
I should rather write in english
Nobody would know what i say
But i speak it like a quiche
And i don’t know what i say
Oh yeah baby
All people sings in Shakespeare’s tongue
As easily than on a beach wih tongs
But maybe they are bluffing
Or something

Ou sinon, on peut dénoncer
Des injustices ou son voisin
Et on finit aux Enfoirés
Chez Ruquier ou dans un sapin

Le truc sympa c’est l’name dropping
Audrey Tautou, Melvil Poupaud
L’autre truc sympa c’est le camping
En forêt, mais en chanson pas trop

Refrain

Moi j’aime bien les chansons françaises
Qui parlent de trucs du quotidien
La recette de la mayonnaise
Ou celle des trucs du quotidien

Ecrire des chansons c’est pas facile
En attendant de faire fortune
J’vais agiter ma grosse sébile
Et demander à la lune