Pardon de revenir là-dessus, mais dans son affligeante prose, le désolant Yann M. a inventé le concept de « lausannéité ». Pour aussitôt le galvauder. Un peu comme si l’inventeur de la voiture avait décidé que ça servait à ranger des pots de fleurs ou celui d’internet à envoyer des photos de chatons.
De Lausanne, pittoresque village de pêcheurs au bord du lac de Genève, ses vaches, son marché, son lac, on aurait pu dire bien des choses en somme.
Par exemple :
Lausanne est une ville qui monte et qui descend tout le temps : le bord du lac est à 375 mètres, le point culminant de la ville à 900. 500 mètres pour aller à la boulangerie racheter des pneus correspondent dans certains quartiers à environ 32 kilomètres effort, surtout le matin qui suit un bloggy friday. La lausannéité pourrait donc être le fait d’être pentu : « La lausannéité suave des rues de San Francisco ». Ou de faire mal aux jambes. Ou alors celui d’avoir des hauts et des bas : « La cyclothymie et le cyclotourisme ont en commun leur lausannéité ».
Lausanne est une ville qui a la réputation d’avoir une forte densité de jolies filles. Justement à cause de ses dénivellations, dont la légende dit qu’elles fusèlent la gambette. La lausannéité pourrait donc définir le fait de se retrouver en un lieu où s’écarquillent les yeux. Ou alors la frustration de ne pas trouver de lien sur les internets pour corroborer une rumeur entendue 1000 fois : « je konpran pa pourkoa je trouve ri1 kan je tap Joni Alidé émor, sa doi etr ankor 1 kou de la lausannéité »
La lausannéité pourrait aussi désigner le fait d’être dirigé par un obèse aux goûts cravatesques discutables, mais dans ce cas là le mot ne s’utiliserait quand même pas tous les jours.
Lausanne est également une capitale olympique qui n’accueillera jamais de Jeux olympiques, le siège de nombreuses fédérations sportives internationales avec un club de hockey rigolo et un club de football désopilant. La lausannéité pourrait donc être le fait d’avoir beaucoup de structures pour un truc qu’on connaît finalement très peu : « Un ministère des affaires étrangères en France ? Quelle lausannéité ! »
Ou alors, la lausannéité pourrait définir le fait de parler, comme Yann M., de quelque chose qu’on ne connaît pas : « La pertinente lausannéité des trois-quarts des détracteurs de Guillaume Musso. » Ou de galvauder un concept : « Rouler dans une voiture ? Alors que ce serait si pratique d’y mettre des fleurs ? Quelle lausannéité ! »