Participe hâtif

L’autre jour, sur M6, il y avait une nouvelle émission très intéressante: après un match de foot, ils avaient laissé tourner une caméra dans un bistrot et on pouvait entendre les conversations des gens.

En fait, j’ai appris que pas du tout, ces gens sont en fait des journalistes (voire des chanteurs). Et ils ne racontent pas n’importe quoi sur des matches qu’ils n’ont pas vus, non, ils les analysent à chaud. Tu noteras que la différence est ténue.

Et que mon exemple est mal choisi. Parce que je voulais te parler du nouveau truc à la mode: le participatif. (Bon ok, c’est plus vraiment nouveau. Mais c’est à la mode.)

Ton journal préféré a vite redécoré sa vieille page courrier des lecteurs et lui a donné un titre pompeux, mais sinon c’est comme avant. Ta radio donne la parole à un auditeur tous les matins, sauf que c’est toujours les trois mêmes qui appellent. Tout le monde se lance dans le participatif et tu connais un restaurant super hype, à Paris, où tu peux toi même apporter tes propres aliments et les cuisiner, c’est génial et en plus c’est pas très cher.

Afin de masquer un manque d’inspiration de plus en plus récurrent mais oh je voudrais t’y voir, toi, après 1’003 postsprendre le train de la modernité dans la gare du 2.0, wagon-restaurant voie de la sagesse (oui oh ben ça va, fais-en des métaphores filées, toi) et de te permettre une plus grande interactivité dans le domaine du bloggisme, j’ai décidé de lancer une grande expérience de Bonpourtonpoil participatif.

Bon en gros, s’il y a des questions qui t’interrogent, quelque part, genre qu’est-ce qu’il veut dire, Christophe Maé, dans ses chansons (ah non, ça, quelqu’un l’a déjà fait), qui a inventé la machine à coudre et surtout pourquoi, c’est quoi au juste un hedge found, comment on fait les bébés, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien, on bouffe quoi ce soir ?, tu m’envoies un mail à l’adresse suivante :
un.kougloff.pour.la.12(AT)bonpourtonpoil(POINT)ch

Et j’en ferai peut-être un post.
Mais peut-être pas.

Berne, bon voisin

Alors que l’Euro 08 se termine pour l’équipe de Suisse sur un bilan bien plus 0 que 8, et que le vrai tournoi peut enfin commencer, penchons-nous, jeune guedin, sur l’origine d’une expression ô combien de circonstance:
Mettre les drapeaux en berne.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Le nationalisme n’a pas encore été inventé, mais les gens ont déjà, au fond de leur coeur, le sentiment fugace et indistinct que les étrangers sont des cons malpolis et un peu sales. Ce qui est vrai, la politesse a été inventée vers le 18e siècle et la propreté quelques années après la plomberie. Par contre, les drapeaux, il y en a déjà plein partout. Ils permettent aux héraldistes de se la ramener en racontant des trucs comme de sable et de gueules sur chevron de sinople.

Vers environ le centre de l’Europe, un petit état dirigé par un bailli, c’est dire si c’est pas un état sérieux, décide d’organiser de grandes joutes où tous les nobles du continent viendraient s’affronter et se friter, et où tous les spectateurs du continent viendraient manger des saucisses et des frites.

Les jouteurs montent sur leurs grands chevaux et accourent des quatre coins de l’Europe, sauf du coin en haut à droite, peuplé de sauvages et de barbares. Leurs blasons claquent fièrement aux vents.

Les joutes commencent, l’organisation est parfaite, tout le monde s’amuse, même les perdants, sauf les perdants décédés qui sont toujours un peu rabat-joie. L’organisation est parfaite, jusqu’au jour où quelqu’un demande ok, mais et si il pleut ?

Et en effet, quand la pluie se met à couvrir hommes et bêtes de son manteau nacré, c’est la gabegie. Le terrain de joute devient impraticable, les chevaux ne tiennent plus sur leurs fers, c’est l’enfer. Les jouteurs refusent de jouter dans ces conditions et décident de regagner leurs pénates et leurs pays, abandonnant sur place les bagages superflus et ne ramenant même pas de souvenirs tellement ils en ont gros. Les organisateurs se retrouvent alors les bras flanqués de moult blasons et décident de flanquer les drapeaux en benne. Et le bailli aux corneilles, dans la foulée, histoire de se détendre un peu.

Des années plus tard, relatant l’histoire, un scribe fantaisiste décida de remplacer benne par berne. Et d’ajouter que les chevaliers portaient parfois des souliers de verre, aussi. Et de remplacer tous les chevaux par des poneys Shetland.

Madame rêve de fougères (parce qu’elle se drogue, probablement)

A priori, chercher le sens des paroles d’une chanson écrite par Gaëtan Roussel pour Alain Bashung, c’est un peu comme chercher un sourire sur le visage de Raymond Domenech ou un éclair de génie dans le jeu de Marco Streller. Parce que bon, des scientifiques prétendent avoir découvert des gens qui auraient compris une chanson de Louise Attaque, mais personne n’a jamais pu le prouver, alors les deux en même temps, hein ?

Mais des fois, on te lance des gants que te te crois obligé de relever, jeune présomptueux, quand bien même ça te prend une semaine. Donc quand faut y aller, faut y aller.

Résidents de la République (G. Roussel)

Le titre fait immédiatement penser à la République et canton de Genève. Il s’agit donc d’un hommage au plus beau canton du monde.

Un jour je t’aimerai moins
Jusqu’au jour où je ne t’aimerai plus

Loin de moi l’idée de vouloir critiquer la forme, même si on ne peut décemment pas tout mettre sur le compte de la licence poétique. En plus, on comprend bien l’idée: Genève a beau être la plus belle ville de l’Univers, y a un jour où tu en as un peu marre, c’est comme tout, sauf les cacahuètes au wasabi et deux trois autres trucs aussi.

Un jour je sourirai moins
Jusqu’au jour où je ne sourirai plus

Là, c’est toujours la même idée, et c’est sans doute pour ça que des gens pernicieux prétendent que les Genevois ont tendance à faire la gueule.

Un jour je parlerai moins
Jusqu’au jour où je ne parlerai plus

Lui, du coup, comme tout le monde fait la gueule et qu’il aime faire les choses à fond, ce qui l’honore, il décide de faire carrément voeu de silence.

Un jour je courirrai moins
Jusqu’au jour où je ne courirrai plus

Je te jure que sur le site officiel, c’est écrit courrirai. Donc c’est juste. A mon avis, si il courira moins, c’est grâce au nouvel horaire de bus.

Hier on se regardait à peine
C’est à peine si l’on se penchait
Aujourd’hui nos regards sont suspendus

Là je t’explique, c’est une chanson terriblement visionnaire. C’est un hommage au ballon qu’ils ont mis au-dessus du jet d’eau pendant que des gens jouent au foot, pour leur rappeler que y a un jet d’eau et qu’ils sont là pour jouer au foot, si tu comprends pas de quoi je parle clique ici, et qui est dégonflé environ neuf jours sur dix. Du coup, des fois il faut se pencher pour le regarder et des fois pas.

Nous résidents de la république
Où le rose a des reflets de bleu

N’empêche, le coucher de soleil sur le lac Léman de Genève, ça poutre.

Résidents, résidents de la république
Des atomes, fais ce que tu veux

Par contre, le CERN, on s’en fout.

Un jour je te parlerai moins
Peut-être le jour où tu ne me parleras plus

Bon ça c’est logique, sinon on se retrouve à parler tout seul et ça, ça fait pas sérieux. Et nous, en Suisse, on aime pas trop trop avoir l’air pas sérieux.

Un jour je voguerai moins
Peut-être le jour où la terre s’entrouvrira

Par exemple, on ne fait jamais de voile quand la ville vient d’être détruite par un tremblement de terre, sinon les voisins risqueraient de médire.

Refrain

Bref, je pense que j’aurais plutôt dû chercher à comprendre La nuit je mens, ou comment on met des bateaux dans des bouteilles.

FAQ the system, saison II

La saison I était ici

Je viens de me promener en Suisse et je viens de voir plein de voitures avec des petits drapeaux dessus. Il y a vraiment tant de diplomates que ça, dans ce pays ?
Que nenni, que nenni. L’UEFA Euro 2008 ™, qui commence demain dans ce verdoyant pays, coûtant très cher à organiser, et même à co-organiser, se réjouir est un devoir national. Les Suisses étant des gens très à cheval sur les principes, ils s’ingénient à prouver qu’ils se réjouissent mieux que leur voisin.

Ok mais que va-t-on faire de tous ces drapeaux une fois la Suisse bêtement éliminée ?
Premièrement, sache que, sur une série de malentendus, la Suisse peut très bien gagner Roland Garros cette année. Mais pour répondre à ta question, jeune irrespectueux, je pense que tu peux très bien t’en servir pour tapisser le fond de la caisse de ton chat.

Dans ce post sur l’euro austro-suisse, y aura-t-il des blagues sur les caves ?
Ce n’est pas le genre de la maison, je suis claustrophobe.

Mais dis-moi que deviennent que deviennent les valses de Vienne ?
Je crois qu’elles ont été annulées quand une horde de supporters moldaves sont entrés en hurlant « Strauss, enculé »

Je trouve que ça ne parle pas tellement de foot, ici, pourquoi ?
L’UEFA a strictement interdit à quiconque de parler de foot pendant l’Euro, à moins de citer le nom de tous les sponsors de l’événement, de porter un t-shirt officiel et d’être roux.

Mais jouer au foot dans le jardin avec des copains, on peut ?
Oui, mais après chaque but, vous devrez tous chanter les slogans publicitaires de tous les sponsors de l’UEFA Euro 2008(tm)

Et est-ce qu’on est aussi obligés de chanter Champs Elysées chaque fois que Ribéry marque ? Parce que moi, Michel Drucker…
Orange étant sponsor officiel de l’UEFA Euro 2008(tm), et l’orange étant la couleur du modem, je te conseille quand même de plutôt chanter « le petit bonhomme en mousse ». Mais le mieux, ce serait quand même que Ribéry ne marque pas du tout.

Je suis journaliste au Tapin. Ca fait un mois que je fais des articles sur ce que mangent les joueurs de l’équipe suisse, la couleur des draps de l’hôtel des joueurs de l’équipe suisse, la concierge de l’hôtel des joueurs de l’équipe suisse. Là, j’hésite entre faire une dépression nerveuse et un article sur les savonnettes préférées des joueurs de l’équipe suisse. Que faire, que faire ?
Non mais dès dimanche, tu auras le droit de parler de matches aussi un peu, et sinon le monde entier se demande si les joueurs de l’équipe suisse préfèrent les fléchettes ou le baby-foot.

Je suis entraîneur de l’équipe nationale d’un petit pays d’Europe centrale. Ca fait 4 ans que je réponds « l’important, c’est d’être prêt le 7 juin » à toutes les questions qu’on me pose, y compris « vous avez l’heure » et « qu’avez-vous pensé du dernier album de Lorie ». J’avoue que je suis un peu inquiet, que vais-je faire le 8 juin ?
Des crêpes.

Faut-il dire corner, coup de pied de coin ou frötj ?
Il faut dire Il y avait 6 mètres, là, mais évidemment, avec un arbitre suédois…

Mais pourquoi il fait la gueule, au juste, Raymond Domenech ?
Parce que l’important, c’est les trois points, alors que lui, il aurait préféré ce soit la rose, car c’est le dernier grand romantique.

Comment je me suis presque prostitué (ma vie textuelle)

Même si, certains jours, en période glaciaire, il lui arrivait de ne pas manger ses cinq légumes, l’homme préhistorique menait une vie saine et proche de la nature. Jamais il n’attrapait le cancer du natel ou autre maladie honteuse liée aux turpitudes de la vie moderne.

Mais ne va pas croire, pourtant, que son quotidien était sans dangers (ou alors si tu y vas quand même, tu pourrais me ramener des pâtes ?, parce que avec cette pluie). Chasseur de mammouth, c’est un métier avec une énorme prime de risque. Sauf que comme les primes se payaient en mammouth, c’est un peu le serpent qui se mord la queue, sauf que c’est pas un serpent. Et que jamais un mammouth, en imaginant qu’il soit assez souple, ne ferait ça. Un serpent non plus, d’ailleurs, mais je sens qu’on se perd, là.

La médecine n’existait pas encore, le chasseur blessé par un mammouth tragique le restait longtemps, sauf s’il finissait mort. Le socialisme n’existait pas encore, les chasseurs se gardaient sans remords les meilleurs morceaux et, las, l’alité se languissait, livide, léchouillant une laitue, lacérant un lapin laineux pour en laper l’os. (On appelait ça une alité-ration).

Or, il advint qu’un jour le dénommé UhGruhrrrrrrrrrrrrrrr, une feignasse qui avait à coeur le bien-être de ses pairs, lança une idée révolutionnaire: l’assurance. Toutes les semaines, les chasseurs payeraient un cuissot de mammouth. Puis, le jour où ils viendraient à subir un accident, ils auraient le droit à 4 cuissots / mois, pendant toute la durée de leur blessure.

A condition bien sûr qu’elle dure moins de trois semaines, et à l’exception des huit premiers jours. Et elle devait survenir dans l’exercice de la chasse au mammouth, mais ne devait pas être provoquée par l’animal, auquel cas c’était son assurance qui devrait couvrir les faits. Ni par un tiers. Ni par un objet de plus de 12 centimètres. Et le blessé devait pouvoir prouver qu’il avait pris toutes les précautions nécessaires avant de se blesser.
Pour un modeste supplément de deux blancs et un bout de couenne, l’assuré pouvait également se prémunir contre les invasions de termites, les chutes de stalagmites et les fins brutales de l’ère glaciaire.

Hélas, les contemporains d’UhGruhrrrrrrrrrrrrrrr étaient des êtres frustes et, pour le dire franchement, peu ouverts aux idées modernes et, peu de temps après avoir inventé le deuxième plus vieux métier du monde, assureur, le malheureux inventa, contraint et forcé, le troisième plus vieux métier du monde, dentiste animalier.

Dans les choux

Parmi les phénomènes que les scientifiques ne parviennent toujours pas à expliquer, le plus effrayant est celui de la mode.
Imagine un peu. Des extraterrestres débarquent sur terre et tu essaies de leur expliquer calmement que le même poncho en velours peut être, en l’espace de deux ans, ridicule, übertendance puis totalement dépassé, sans la moindre modification de sa structure moléculaire (sauf qu’il était resté au fond de l’armoire et que oh c’est mignon, le chat s’en est servi comme couverture). Comment vas-tu t’y prendre (sachant qu’en plus ils ont sept bras et parlent un dialecte où poncho veut dire « excusez-moi madame, mais je pense que vous avez un fer à souder coincé entre les fanons », d’où quiproquo amusant, mais gênant) ?

Si, en l’état actuel des connaissances, il est impossible d’expliquer pourquoi les gens s’intéressent à la mode, on peut vaguement comprendre pourquoi elles démarrent. En cherchant à qui profite le crime.
Prends les modes musicales, par exemple. Au début, tu as un groupe qui parvient à sortir de la masse grâce à son originalité (musicale ou capillaire). Puis 4232 clones apparaissent. Le chanteur du plus connu des clones meurt d’une overdose, le bassiste du deuxième plus connu des clones sort avec un mannequin, la presse spécialisée évoque la haine que se portent ces deux groupes pendant que celui du début sombre dans l’oubli. Des adolescents achètent des t-shirts et/ou s’évanouissent pendant les concerts. Bon. Mais pour tout ça, au début, il faut une major qui pousse le groupe puis un journaliste qui avait un quart de page à remplir et titre « la nouvelle folie joddlecore ».

Tu remarqueras d’ailleurs qu’il suffit souvent que quelqu’un, mais pas ta coiffeuse, plutôt quelqu’un dans ta télé, affirme qu’un truc est super à la mode pour qu’effectivement, il le devienne. Tu remarqueras que des millions de gens ont poussé le vice jusqu’à remplir des grilles de sudoku deux jours après le reportage de notre envoyé spécial « la nouvelle folie sudoku ». Tu remarqueras aussi que le reportage précède souvent de très peu l’apparition de tas de produits dérivés mais tu n’en tireras pas de déductions, merci, je trouve que tu as l’esprit un peu retors.

Bon. Mais il y a des modes qui n’ont apparemment aucune logique commerciale. Les modes de prénoms, par exemple. Tes copains entre 25 et 30 ans s’appellent tous Julien, tu rigoles dès que tu entends le nom Kevin et ton pote prof d’école primaire a 11 Matteo dans la même classe, pendant que tes copains qui viennent d’avoir un bébé trouvent ça chou et tellement original, les prénoms anciens.
Et dans 60 ans, tu entendras des gens dire Léa ? Mais c’est un prénom de vieille ça ! et s’entendre répondre Ah non mais ça revient à la mode, les prénoms désuets, d’ailleurs si c’est un garçon on l’appellera Lucas.

Donc, d’un côté, aucune explication logique au fait que tout le monde ait envie d’appeler son gosse pareil en même temps. Tu imagines, tu es dans la rue, ta fille est en train de jongler avec des bébés phoques, soudain elle s’approche un peu trop du trottoir, tu cries « reviens immédiatement, Jean-Edern » et là, 34 fillettes blondes reviennent immédiatement, n’est-ce pas terriblement problématique ? alors que si tu l’avais plutôt appelée Bernard-Henri, on n’en serait pas là aujourd’hui. Mais d’un autre côté, qui aurait intérêt à manipuler le gouvernement et la presse afin de pousser la population à appeler son fils Horst ?

Exactement. Les fabricants de bols souvenirs nous manipulent dans le but sournois d’écouler leurs stocks.

We Feet

Il y a une époque, je sais pas si tu te souviens, les appareils électroménagers survivaient plus de trois semaines à leur garantie. Par exemple, moi, dans la vie, j’ai une très vieille télé. Tellement vieille que y a un temps, je la regardais, parce que dieu n’avait pas encore inventé msn. Tellement vieille que, tu vois, je peux pas l’abandonner comme ça, au bord d’une autoroute, pour la remplacer par un vulgaire écran plat, après tout ce qu’on a vécu ensemble (une soirée Shining, la coupe du monde 2002, Dream On avec le son tout bas pour pas qu’on me signale que non mais t’as pas cours demain?,…)

Du coup, tu comprendras bien qu’il m’est impossible de faire comme sur tous les blogs et de te parler de la wii-fit.

Du coup, j’ai été obligé, constatant que le canapé sis face à la dite télé commençait lentement mais sûrement à épouser la forme veloutée de mes fesses évanescentes, tandis qu’à l’inverse, mon ventre jadis jalousé commençait à trahir légèrement la tendresse que je porte aux boissons houblonneuses, de tester un truc archaïque, le fit sans wii.

Mais pas dans une salle de sport ni sur un terrain de squash, hein, faut pas déconner, c’est un blog respectable, ici, y a des enfants qui pourraient tomber dessus en plus. J’ai donc testé pour toi le Nordic Walking, mais sans bâtons. Un sport hype, vivifiant et on sait jamais, au cours de mes 12 heures de pc par jour, je pourrais croiser une fan de randonnée, les chances sont minces, mais tout de même, faut que je m’entraîne au cas où. Oui, en gros, j’ai été me promener, quoi.

Alors comme ça, ça n’a l’air de rien mais crois moi, ce n’est pas un sport sans dangers.

Au début, il fait beau, tu es plein d’entrain, d’espoir et de mp3. Tu arrives vers les petits panneaux jaunes, tu te dis 3 heures, ça a l’air faisable, je vais suivre plutôt celui-là .

Et tu commences à monter, plein d’entrain et de vigueur. L’air poudroie, les buses cacadent, les chevreuils chevrotent, tu es seul au monde, l’esprit libre et la jambe alerte.
Et tu montes encore.
Et encore.
Un coup d’oeil en contrebas, vers un panorama magnifique…
Et là , tu te rends compte que le panorama magnifique, c’est ton point de départ.
Plus petit qu’avant, certes, mais c’est ton point de départ.
Devant toi, la route a pas l’air de vouloir s’arrêter de grimper.
Et y a personne, bordel. Seul trouble l’inquiétant silence le cri déchirant d’un… ah non, c’est juste ton téléphone qui vient de sonner, tu viens de recevoir un sms, tu en profites pour constater que sur les 3 heures, il te reste environ 2 heures 48.

Tu repars, plein de crampes et d’entrain, parce que si tu mourais de fatigue ici, sûr que les secours se moqueraient en portant ta dépouille encore fumante. Tu es toujours seul au monde, ah non, tiens en fait y a des gens qui montent en voiture, ils sont rusés, j’aurais dû faire pareil. Mais tu tiens bon, tu t’accroches. Quand, au deuxième panneau jaune, tu te rends compte que tu as mis une demi-heure dans la vue aux poseurs de panneaux, tu commences à te ressentir léger et primesautier, surtout que tu es sorti de la forêt, il y a des gentianes et des autres fleurs, plutôt genre bleues.

Les mecs des panneaux décident de se venger de toi, d’abord en décidant de faire grève à une intersection pourtant tripartite, puis en racontant franchement n’importe quoi.

Tu commences à sentir le second souffle arriver, sauf qu’objectivement c’est plutôt le 4 ou 5ème, tu es à nouveau plein d’entrain et tu commences à imaginer un petit Moutier – Genève par les crêtes cet été. C’est à ce moment là que tu croises deux types, environ cinq fois ton âge, immédiatement suivis par deux sac à dos, environ cinq fois ton poids et qui n’ont absolument pas l’air (je parle des vieux, pas des sacs)(je crois que cette blague est interdite depuis environ 1922) essoufflé.

Et là, tu décides d’attendre qu’on construise un téléphérique pour redescendre.

Avant, tu riais

Il y a trois films dont il est difficile de ne pas entendre causer en ce moment.
Bienvenue chez les Ch’tis, d’abord, qui vient de dépasser la barre des beaucoup de spectateurs, des tas de millions de gens se sont pressés au cinéma pour avoir la confirmation que oui, avec un peu de bonne volonté, il est possible de tenir pendant 108 minutes avec comme propos « dans le Nord, ils ont pas le même accent que dans le Sud », vivement qu’un mec adapte la blague du fou qui repeint son plafond pour le grand écran.

Sex and the City, ensuite, qu’on ne peut pas traduire par Baise en Ville, adaptation probablement mauvaise d’une série qui a réussi à tenir dix ans avec comme propos « des fois, des femmes et des hommes ont des relations sexuelles ».

Et puis le nouvel Indiana Jones, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal.
Indiana est un archéologue retraité. Il se souvient du temps de sa splendeur passée en picolant dans des bars louches de la banlieue de Tegucigalpa. C’est là qu’il rencontre Cristal, qui finance ses études de strip-teaseuse en résolvant des équations à treize inconnues dans les pubs des environs. Indiana engage la conversation et propose à Cristal de venir chez lui regarder sa grosse collection d’objets antiques. Hélas, trois fois (au moins) hélas, la sémillante jeune fille souffre de terribles maux de tête. Qu’à cela ne tienne, se dit Indiana, toujours pragmatique sauf les premiers mardis du mois de 8 heures 30 à 9 heures 16, je vais lui acheter de l’aspirine. Mais où vas-tu trouver une pharmacie d’ouverte à cette heure-ci dans la banlieue de Tegucigalpa ?


Cette radio prouve que effectivement, Cristal souffre d’un sacré mal de tête.


– Excusez-moi, jeune homme, pourriez-vous me dire où trouver une pharmacie ?


Le pharmacien accepte d’ouvrir son échoppe, à condition qu’Indiana Jones le batte à feuille caillou ciseaux


Battu, Indy décide d’aller chercher une pharmacie à Tegucigalpa, en train


En chemin, il rencontre des tas de gens qui ont aussi mal à la tête et décident de le suivre.


Malheureusement, ils se perdent.


– Alors là, le mec il a fait ciseau et moi feuille…


Pour se détendre, Indiana Jones monte un petit spectacle d’ombres chinoises


Et il faut l’admettre, il est très fort.

Félin pour l’autre

Comme il faut toujours répondre aux désirs de son lectorat, des photos de nichons, les origines des expressions avoir d’autres chats à fouetter, pas de quoi fouetter un chat, donner sa langue au chat, mettre le chat en rut devant les b½ufs et tu l’aimes ton chaton ? alors reprends-en une tranche

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Une période d’obscurantisme. Les blogs n’ont pas encore été inventés pour apporter paix, amour et connaissance aux peuples et, quand la conjoncture n’est plus ce qu’elle était, on préfère fustiger le premier bouc émissaire venu ou, en période de fièvre caprine, le premier koala émissaire venu.

Quand le prix de l’avoine augmente brusquement, le premier réflexe est donc de dire « C’est de la faute aux étrangers ». Mais le bon roi Fulgence XLVIII , qui a eu un terrible accident de labrador étant jeune, ne l’entend pas de cette oreille. En effet, c’est une période marquée par l’instabilité politique. Les frontières sont en constante évolution, les profs de géo en dépression nerveuse et les étrangers d’aujourd’hui pourraient très bien devenir les voisins de demain si on arrive à marier le petit et à empoisonner le grand. Fulgence XLVIII s’arrange donc pour faire courir le bruit dans la population que ce n’est pas la faute aux étrangers, mais aux chats. A l’époque, en effet, bien loin d’orner tes cartes postales de vacances, le chat est encore considéré comme créature maléfique. Voire famélique, la croquette de régime pour matou d’appartement ne sera d’ailleurs inventée que bien longtemps plus tard.

Chaque fois que la situation l’exige, flambée des prix, mauvaise récolte, nouvel impôt, épidémie, (et alors là, tu te dis que je vais glisser un truc un peu olé olé dans la liste, genre pour provoquer l’hilarité de par l’aspect saugrenu et inattendu de cet élément)(tu te trompes du tout au tout)(je ne suis pas si prévisible que ça)(je suis un peu vexé) concert de Michel Sardou, les bourreaux municipaux ont pour ordre de capturer quelques chats et de les fouetter jusqu’à ce que flagellation s’ensuive. Seulement, ces fiers artisans estiment que ces nouvelles tâches nuisent à la bonne image de leur corporation. Incapables de désobéir à un ordre royal, car ils ont le sens du devoir autant que l’amour du travail bien fait, ils renâclent tout de même, invoquent la surcharge de travail en cette période de crise ou tentent de minimiser les fautes reprochées aux vils félins.

Aujourd’hui, le fouet n’est plus guère employé qu’en cuisine et dans quelques salons SM branchés, où le chaton n’est que rarement admis, et les bourreaux ont tous perdu leur travail ; leur art séculaire a été sacrifié sur l’autel du politiquement correct et ils ont dû se reconvertir, ils sont désormais patrons ou organisateurs de concerts de Tokio Hotel, et très peu de gens fouettent leur chat, ou alors seulement s’il a fait un truc vraiment grave comme pisser sur le canapé ou organiser une soirée electro en l’absence de son maître. L’expression, par contre, est restée.

J’ai mangé que 4 légumes aujourd’hui, je me sens tout pâle

Deux films plein de testostérone sortent en salle prochainement. Indiana Jones et JCVD.
Si toi aussi, chez toi, tu veux avoir l’air d’un survivor sans devoir passer par des situations terrifiantes et périlleuses comme traverser une fosse remplie de serpents ou écouter Arthur et Jean Dujardin se moquer de toi, il y a un moyen simple: l’hypocondrie.
En effet, la somatisation te permet, avec un peu d’entraînement, de guérir, dans la même semaine, de trois cancers, dont un du sein (ou de la prostate, si tu es une fille), d’un sida et d’une maladie non-répertoriée.

Alors, bien sûr, ça demande un peu d’entraînement. D’imagination. Il faut réussir à te convaincre que si tu es si fatigué, c’est à cause d’un grave problème sanguin, pas à cause de tes trois heures de sommeil de la veille.

Au début, tu auras peut-être le réflexe de foncer chez ton médecin. Surtout pas, malheureux. Les salles d’attente, c’est dangereux. Dans la salle d’attente, tu risques d’attraper une maladie contagieuse. Voire une dépression à force de relire des vieux Gala. Le mieux, c’est d’entretenir le doute. Tu sais que tu n’as rien, que tout ça c’est dans la tête, mais tout de même, si tu souffrais encore des séquelles de cette chute à vélo quand tu avais 5 ans ?

Heureusement, l’Argan moderne a un allié de choix. Fonce sur ton google, tape quelques symptômes et tu te verras conforté dans ta certitude de souffrir de mille maux. Tu finiras forcément, tôt ou tard, sur doctissimo, paradis de la somatisation où, pour ton mal de bras gauche, on te diagnostiquera bien vite une lèpre ou une gale.

N’hésite pas, non plus, à lire attentivement les posologies des médicaments que ton pharmacien t’aura délivrés. Avec un peu de bonne volonté, tu devrais très vite ressentir tous les effets secondaires décrits, même les très rares.

N’hésite pas à lire la presse de boulevard. Ainsi, entre deux éternuements de canard, une agréable promenade en forêt au bras d’une blonde pourra se transformer en expérience mystique. Alors que vous vous allongerez langoureusement pour tenter de capturer au lasso une fraise des bois égarée, tu sentiras une légère chatouille le long de la gambette puis, dans la foulée, les premiers effets de l’encéphalite à tiques et tu te diras que tiens, c’est bien la première fois que c’est toi qui a la migraine en de telles circonstances.

Au bout de quelques temps de cet entraînement, chaque édition du journal de la santé sera pour toi synonyme de vertiges, de sueurs froides et de tiens, j’ai pas un genre de boule, là ? ah non c’est un coude, pardon. Parfois, tout de même, tu trouveras ça un peu absurde, la vision qui commence à se brouiller après un reportage poignant et émouvant de 30 millions d’amis consacré au glaucome chez la truite saumonée, est-ce bien raisonnable ?