Les restos indiens, c’est sympa, mais ça n’a qu’un maigre rapport avec la bouffe qui te ravit le palais et déchiquette l’oesophage à Bombay.
Du coup, en apprenant que ton village allait organiser pour la première fois la fête de la musique, avec l’ensemble municipal de fifre et la présence exceptionnelle de DJ Maurice, tu t’es peut-être dit tiens, si j’allais voir comment c’est, la vraie fête de la musique, à Paris.
Il ne faut pas. Je peux tout t’expliquer.
Le truc, c’est que quand nous, on imite sans connaître, on part naïvement du principe que la fête de la musique doit avoir un rapport avec la musique. Donc on organise des concerts un peu partout, c’est joli, y a la fanfare de l’école primaire, c’est festif, y a un groupe de ska mal accordé.
A Paris, ça se passe complètement différemment. Le principe est de boire de la bière jusqu’à environ le début de la nuit, de lancer les bouteilles par terre pour préparer la fête de la voirie qui a traditionnellement lieu le 22 juin et la fête des podologues qui aurait pu avoir lieu au moment où tu as posé le pied sur un tesson gros comme ça (voir figure 1), heureusement habilement stoppé par ta semelle orthophonique (voir figure 2), parce que comme tu n’es pas parisien, tu n’as pas développé les réflexes de fakirisme nécessaires pour bien appréhender cette fête.
Quand ils ont suffisamment bu, les gens chantent. Mais pas n’importe quoi. Ils se lancent dans une réinterprétation libre et audacieuse de Seven Nations Army. Pour exprimer leur anticonformisme, leur rejet d’une musique ancrée dans des considérations archaïques, ils rejettent toute notion de gamme ou d’harmonie. Pour signifier leur haine de la société consumériste, ils se passent délibérément d’instruments, marquant le rythme en tapant sur les vitres, les parois, les voisins. Une chanson popularisée par les supporters de foot, que le monde de la rue reprend et magnifie pour en faire un hymne à la joie moderne (ou alors c’est juste que les parisiens ils ont tellement pas l’habitude qu’ils savent pas que si y a pas de ballon ni de Jérome Rothen, c’est pas un match du PSG et que y a donc aucune raison de chanter Po Polopopopo Po, ta gueule, merci).
Bien sûr, à première écoute, ce n’est pas beau. Mais le Beau ne se définit-il pas en vertus de canons ancrés dans un présent toujours fugace, alors que l’Art est sempervirent, ou pas vraiment ?
La question est donc, pourquoi cette chanson plutôt que, par exemple, la petite Charlotte ?, mais ce post étant déjà long comme les sanglots du mec qui se rend compte que tiens, ce truc qu’on entend, c’est pas des hollandais déçus par l’élimination de leur équipe qui décident de manger un bébé pour se détendre, mais bien un groupe en train de reprendre le bonne du curé au violon à 21 centimètres de la table où il avait enfin réussi à s’attabler, je vais te faire le terrible affront d’un
A SUIVRE
(pour fofo: la version originale et la version Kop moyen)
Edit:
Non mais c’est de l’autofiction hein, y a eu de très bons moments
(je me souviens d’un temps où les gens auraient sorti leurs briquets, pas leurs portables)(mais ça brûle les doigts, après)










