Et les keufs et les meufs dans le RER

Lectrice, lecteur, public chéri mon amour,

Si tu permets, je vais interrompre le cours habituel de ce blog pour te raconter un peu ma vie (si tu ne permets pas, clique ici).
Depuis le début de l’année, je bosse à 80%. Du coup, j’ai un 20% à occuper. D’une part, parce que la jeune Raoul, 400 kilos au garrot depuis son dernier passage chez le cat-sitter, exige désormais des croquettes au caviar et des baballes serties de diamants. D’autre part, parce que comme le disait souvent Lao Tseu, bosser à 80%, c’est l’occasion de tenter de vivre ses rêves. Et finalement, parce que je vais quand même pas regarder Rex et Arabesque. A vrai dire, j’ai déjà deux mandats, un très alimentaire et un très intéressant, qui me sont tombés dessus un peu par hasard, au point que j’ai failli devenir croyant (mais je peux pas, ma religion me l’interdit)
Alors, te dis-tu, pourquoi te raconte-je cela ? Déjà parce que le fait de l’avoir écrit, quelque part, ça me force un peu à me bouger les miches (voir figure 7). Et puis parce que tu pourrais t’intéresser un peu à ma vie, merde, c’est plus pareil, nous deux, que devenons-nous ?, mais surtout parce que tu peux peut-être m’aider.

Ne t’inquiète pas, je ne suis pas en train de te dire que je vais mettre un bouton PayPal (mais si vraiment tu tiens à me verser des millions de dollars, j’accepte les chèques).
Alors, en gros: j’ai envie de faire ce que je fais ici depuis quasi 6 ans. Raconter des bêtises, tenter de faire rire les gens. Je sais pas trop, en tenant une chronique dans un journal, en co-écrivant des sketches pour de jeunes et fringants comiques, en animant des mariages. Y a deux-trois projets en cours, mais quatre-douze ce serait encore mieux, non ? Oui et oh, je sais, on est plusieurs à avoir ce genre de rêves, mais bon, mais bon.

Du coup, peut-être que tu connais quelqu’un à qui tu pourrais lâcher discrètement l’adresse de ce blog. Et peut-être que tu pourrais plus simplement m’aider à me constituer un dossier, à choisir quels textes je devrais envoyer aux rédactions. Enfin, ce genre de coups de main, tu vois ? Ah, oui, si jamais, mon adresse mail c’est le nom de ce blog @ le service mail du futur maître du monde.

Ah et si rien de tout ça ne marche, tu pourrais aussi me payer une bière dans quelques mois ?

EDIT
Le choix de la rédaction

Bordélisme chronique

Je suis dans un tunnel

L’auberge du poney fringant sera fermée dès le 15 juillet pour travaux

Fabbrica materassi

What is a manamana?

FAQ the system

Où Paul y tique

:'((c)

Même pas tiré par les cheveux du tout

chtoink

Prime Attol

Ce post ne parle pas de Harley Davidson

Chhabsang ga ti mo?

les hommes mangent du mars, les femmes du snickers

je recycle, amen

la danse du pingouin

Tonton Jules


et

chmod 666

Cramine dada

Tu l’as remarqué, le sujet d’actualité le plus actuel (ou, comme disent les blogueurs, le gros buzz du moment), c’est le froid et la neige. Parler météo, c’est so hype. Même les journaux les plus sérieux en parlent, mais apparemment, le froid leur fait un peu perdre les pédales.

Mais en Suisse, ça n’a pas tout à fait la même saveur. Ok, il a neigé, ok, il fait froid. On va pas non plus en faire un fromage (ou alors un petit, genre un mini-babybel). Ailleurs, les autoroutes sont fermées, les gens ne vont pas travailler, les gens font des batailles de boules de neige dans la rue, improvisent des pistes de ski n’importe où. Ici, les trains sont même pas foutus d’arriver un peu en retard alors que sans vouloir me vanter, je croule pas non plus sous le boulot aujourd’hui. Cette inégalité météorologique est une injustice flagrante, qu’il faut dénoncer.

Cela dit, heureusement, il y a d’autres régions où la météo suscite des réactions pittoresques. Prenons la Broye, par exemple. La riante Broye, où l’on sait s’amuser, où les occasions de se divertir joyeusement ne manquent pas. La Broye et ses onze mois de brouillard par année. Et bien, dans l’indifférence générale des caméras, la Broye a connu une journée de soleil pas plus tard que l’an dernier. Bien sûr, la première réaction a été la peur. Des gens croyaient que le ciel prenait feu. Il y a eu une vague de suicides sans précédent. Mais très vite, les aînés, qui avaient vécu une telle expérience en août 1932, ont pu les rassurer. Par contre, les écoles sont restées fermées. (La deuxième réaction a été de râler contre le gouvernement qui ne faisait rien)

De même, bien des Bretons refusent d’aller travailler quand il ne pleut pas. Trop dangereux. Bien sûr, on ne peut pas leur demander d’avoir un équipement adapté à des routes sèches pour à peine quelques jours par année. Et en Franche-Comté, quand l’alerte canicule est déclenchée, on cache les vieux dans la neige.

Des nouilles, encore

Tu me connais, je suis pour l’égalité des sexes. Je trouve donc inacceptable qu’il y ait des blogs de filles et pas de blogs de garçons. Donc.

Pâtes au Gruyère
pour 1 personne
des pâtes
du gruyère râpé (ils en vendent du déjà râpé, c’est plus simple)

Mettre de l’eau à cuire dans une casserole de contenance plus ou moins moyenne. Constater qu’il n’y a plus de sel, aller crier famine chez la voisine, de préférence la jolie du deuxième, sauf qu’elle n’est pas là, elle a dû partir de toute urgence en Indonésie repeindre des plafonds. Sonner alors au troisième, chez le voisin sympa (celui du palier de gauche). Accepter une bière, mais vite. Remonter, sauf si on habite au premier, constater qu’il n’y a plus d’eau dans la casserole, constater qu’on a réussi à brûler de l’eau, se rappeler de le noter quelque part, ça fera toujours une anecdote à raconter au cas où Nagui finirait quand même par nous rappeler, il avait dit qu’il le ferait, salaud, tous les mêmes. Aller emprunter une casserole à la voisine. La remplir d’eau. Faire bouillir. Constater qu’on a oublié le sel, se rappeler que de toutes façons on n’aime pas trop ça, trop salé. Quand des bulles agitent l’eau, admirer un moment cet émouvant spectacle puis insérer délicatement deux poignées et une demi-picholette de pâtes dans l’eau, ça marche avec des farfalle, des linguine, des penne, mais aussi avec des cornettes si vous êtes traditionnaliste. Observer le temps de cuisson sur le paquet et en déduire, grâce à une habile manipulation arithmétique ou à un minuteur si vraiment tu es équipé hi-tech, quand c’est cuit. ne pas oublier d’égoutter, sinon c’est moins bon. Ajouter un demi-sachet de Gruyère râpé, sauf si c’était le sachet familial, mélanger soigneusement. Manger devant la télé en coinçant l’assiette entre les genoux. Attention, c’est une technique un peu difficile à maîtriser au début. En cas de spasme incontrôlé de la jambe gauche, recommencer tout à zéro et noter de ne pas nourrir le chat demain matin.

Astuces:
En cas d’absence de pâtes, remplacer par du riz, de la polenta ou une boîte de thon. En cas d’absence de riz, de polenta ou de thon, manger le Gruyère à même le sachet, ou remplacer le Gruyère par du beurre. Par contre, on ne peut pas remplacer le Gruyère par de l’Emmenthal, ou, s’il n’y en a plus, on peut très bien ne pas remplacer le Gruyère par du mastic.

Accompagner d’une bière fraîche. Vous aurez ainsi mangé 4 de vos fruits et légumes quotidiens: le malt, qui est le fruit du malteesers, le houblon, les céréales et l’herbe fraîche dont les vaches se servent pour fabriquer le fromage dans leurs laboratoires secrets.

Accompagnée d’une salade, cette recette peut aussi servir à emballer sa voisine: ne dit-on pas « épater une fille » ?

Rot de tripes

Tu me connais, à chaque fois que je prends la route, ou environ presque, il faut que je t’en fasse un post. C’est parce qu’il y a quelque chose de très inspirant dans la conduite, tu es seul au volant, un peu comme dans un road trip, du coup l’imagination s’envole vers des contrées lointaines.

Sauf que bon: tout ce que tu as réussi à capter, c’est Nostalgie et un road trip sur du Mike Brant, ça le fait pas. En plus, il fait un peu gris, il fait même un peu dimanche et, en fait de paysages bucoliques, tu passes devant des hôtels désaffectés depuis 121 ans. Du coup, tout ce que ça t’inspire c’est des histoires de chatons neurasthéniques et de poneys retrouvés pendus à un licol, surtout qu’en plus la dernière fois que tu avais pris cette route c’était avec Gudrun, vous étiez jeunes, beaux et innocents, depuis, elle est partie refaire sa vie, aux dernières nouvelles, même pas avec un maître-nageur suédois, qu’est-ce que cette absence de maître-nageur sudéois a de plus que toi, bordel ? vous vous étiez arrêté dans cette auberge si pittoresque où ils servaient des plats typiques (de la pizza quatre fromages, dont du cheddar auvergnat). Bon de toutes façons, aujourd’hui, elle est fermée. L’auberge, pas Gudrun, mais on avait dit qu’on arrêtait avec ça.

123 kilomètres plus loin, tu n’as toujours pas trouvé de bar ouvert, le dimanche à Fayl-Billot, ce n’est pas jour de noce, et c’est ce n’est plus du tout pour boire un café que tu as envie de t’arrêter. Comme il fait à peu de choses près -60 tu ne peux pas profiter du premier arbre venu, je ne sais pas trop trop quelle est la température de gelage de ce genre de problème là, mais c’est un coup à ne pas risquer, même pour la science. Tu repars, sur le bord de la route y a un panneau « les plus beaux détours de France » mais tu commences un peu à t’en foutre, tu as appris qu’on pouvait mourir de trop se retenir et tu commences à te sentir décéder un peu. Quand enfin tu trouves ton bonheur y a un panneau « les wc les plus miteux de France », et c’est là que tu te dis que la route ne t’a vraiment pas inspiré d’idées chamarrées aujourd’hui.

2009, année des trucs à l’oeuf

L’homme des cavernes n’avait pas encore tellement inventé le décompte du temps. Il divisait l’année en deux périodes: la période de la chasse, où il valait mieux ne pas être un mammouth si tu voulais couler des jours heureux, et la période de pas la chasse, où l’homme des cavernes restait dans sa caverne, regardait tomber la neige et peignait des conneries sur les murs.

C’était une période difficile. Imagine un peu te retrouver coincé 24 heures sur 24 avec tous tes collègues de boulot, Estelle, Pascal, Roger, celui qui fait des blagues, Hoyt, celui qui ne les comprend jamais, alors que dehors, la neige n’en finit pas de poudroyer et que ni la télé ni le Scrabble n’ont été inventés. Et que la météo non plus, tu ne sais donc absolument pas combien de temps tout ça va durer, mais la dernière fois ça avait été un peu long, quand UuuhGruhr avait voulu rerereraconter la blague des pies, ça avait failli mal tourner, sacré UuuhGruhr, lui qui avait toujours fermement milité contre le cannibalisme, qui aurait dit qu’il serait aussi pénible en ragoût ?

Le chef Uuuuuuuuuh Grhur le Rubicond eut, un jour, une idée géniale pour lutter contre le stress hivernal: organiser des fêtes. Lors de la première, toute la caverne se réunissait pour manger plein de trucs gras, puis tout le monde s’échangeait des cadeaux, afin d’entretenir l’amitié et la convivialité. C’était du moins l’idée de base, mais ça ne prit pas très bien, vu que tout le monde mangeait déjà ensemble toute l’année et que le choix en cadeaux était bien plus limité que de nos jours, ce qui donnait naissance à des situations du genre : « Oooh du mammouth séché, merci uUuHggggruhr, fallait pas, on avait dit seulement les enfants cette année… Bon ouvre le tien, maintenant… Voilà, c’est du mammouth séché, je me suis dit, ça fait toujours plaisir », voire « alors t’as été gâté, cette année ? Moi j’ai reçu du mammouth séché, du mammouth séché, un os, de ma belle-mère, un os de ma belle-mère, du mammouth séché et du mammouth séché. »

La deuxième, une semaine plus tard, le temps de digérer, était plus complexe et les archéologues se demandent encore où Uuuuuuuuuh Grhur le Rubicond voulait en venir. Il fallait d’abord boire beaucoup d’alcool, qui avait été inventé voici quelques saisons . Puis, à un moment, pendant la nuit, tout le monde faisait un décompte, plusieurs, plusieurs, plusieurs, un, et sur le coup de aucun, tout le monde s’embrassait puis recommençait à boire. A cette occasion, il fallait aussi prendre des résolutions, genre « j’arrêterai de recouvrir les murs de la caverne de petits dessins qui ne veulent rien dire, que va-t-on penser de nous si un jour on les découvre ? », « j’éviterai d’inventer la musique tant que je chanterai aussi faux » ou « j’arrêterai de ronger entre les repas ». Résolutions qui, selon l’état actuel des recherches, étaient avant tout destinées à ne pas être tenues. Pourtant, la tradition est restée, par exemple moi, en 2009, j’essaie d’être un peu ordonné, des fois, d’écrire un peu plus ici et d’écrire un peu ailleurs, de déménager, d’occuper mon 20% à 120% (tu as pas besoin de quelqu’un pour une rubrique super drôle dans ton bimensuel sur le mastic à l’ancienne ou rubrique super chiante dans ton trimestriel sur les faisans ? sinon ajoute « envoyer des CV » à mes résolutions, merci), d’adopter un panda et d’être pour la paix dans le monde.

Et bon 2009 à toi, lectrice, lecteur, pluie de chatons sur toi et la bise à ta cousine germaine.

Thierry Tulasne de Noël

Steven était un jeune homme sans soucis (enfin pratiquement sans soucis, mais c’est un joli conte pour illuminer la nuit de Noël, on va pas commencer à parler de trucs scabreux comme sa passion pour les Pokémon et son abonnement à Fripon Magazine). Jusqu’au jour où, alors qu’il visitait le Nocturama de Kerzers, il se fit mordre par un aï particulièrement malicieux.

Steven ne le savait pas, car il ne lisait pas la presse, mais l’animal avait été soumis à des radiations (nul n’ignore que Kerzers se trouve bien proche de Mühleberg). L’insouciant jeune homme constata, au fil des jours, qu’il développait d’étranges facultés paranormales.

Il était désormais capable de remettre n’importe quel travail au surlendemain avant de le boucler en quinze minutes, seize minutes avant l’échéance. Et, surtout, de passer des journées entières à ne rien faire. Il pouvait très bien survivre à une journée de dur labeur constituée uniquement de parties de solitaire. Voire même de démineur. Il était aussi capable de survivre dans un milieu hostile, où la vaisselle à faire remplissait une demi-douzaine de lavabos, où les factures à payer se seraient amoncelées en un tas d’une hauteur qui aurait donné des vertiges à Edmund Hillary si d’aventure Steven en avait fait un tas (de ses factures, il n’aurait eu aucune raison de faire un tas d’Edmund Hillary)(est-ce que ce ressort comique fait encore rire quelqu’un en 2009 ?)(moi j’aime bien)(mais je me renseigne). Il était, imperceptiblement, devenu Procrastinator, le super-héros préféré des flemmasses de tout poil. Procrastinator pouvait, de son rayon de la mort, télécharger n’importe quelle série en quelques secondes. Ses super-pouvoirs lui permettaient de ne jamais battre le record du moindre jeu en flash – et donc d’être obligé d’y rejouer.

Par contre, comme super-héros sauveur de l’humanité, il était moyen. Ce qui ne le gênait pas outre mesure, notez. Déjà, il n’avait pas de joli collant moulant pour qu’on ne le reconnaisse pas quand il était en mission secrète, vu qu’il n’avait jamais fini de le tricoter. Et puis chaque fois que l’alarme secrète de la CMMAA (Confrérie mondiale des mecs qui se sont fait mordre par un animal atomique) retentissait, il se disait que Spiderman, Batman, Yorkshireman ou un autre allait bien y aller, ils étaient plus près, plus expérimentés. C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’aucun film ne retrace ses passionnantes aventures, à part une trop méconnue oeuvre suédoise en noir et blanc qui dure 9 heures 30 et relate, en temps réel, les interrogations d’un homme qui hésite entre aller chercher du pain et zapper sur les 940 chaînes du câble, ça se termine sur un plan merveilleux où il regarde une telenovela béninoise mal doublée en russe.

Jusqu’au jour où un dictateur retors décida d’enfermer tous les super-héros à Guantanamo. Car Procrastinator était le seul homme vivant capable d’affronter les terribles tortures infligées là-bas, depuis le jour où, 72 heures de suite, il s’était dit « Bon dans 5 minutes je vais éteindre la radio, ou au moins zapper, Options Musique en parasité c’est pas possible… Tiens, c’est Dave ou Bryan Adams, ça ? »

Il sauva donc le monde. Mais plutôt dans une heure, quoi.

Bien sûr que c’est un conte de Noël. Après tout, le père Noël n’est-il pas le grand-père de Superman ?

Picard de tourisme*

Tu me connais, la fin décembre, c’est un peu la période des rétrospectives.

Or, l’année 2008 qui s’achève, seule sur le sable, les yeux dans l’eau, aura été marqué par deux catastrophes.

La crise économique, bien sûr, qui n’en est qu’à ses premiers soubresauts**. Mais tu sais ce que c’est, les crises, ça va ça vient et celle-ci va finir par se finir sans même que l’on pense à pendre le capitalisme par ses tripes encore fumantes.

L’autre catastrophe de 2008 aura sans doute des conséquences bien plus durables, bien plus fâcheuses: Bienvenue chez les Ch’tis. Les scientifiques estiment qu’il faut s’attendre à 8212 ans de rediffusions chaque Noël. Alors, tu te dis, c’est pas grave, dans 8212 ans, on aura 691’320 chaînes de télé différentes, dont une entièrement consacrée aux suricates et une autre sur le beurre. Oui, ok. Mais les mêmes scientifiques ont prouvé qu’à chaque rediffusion d’un film comique culte, tu croises forcément au moins un gars, dans la journée, qui te demande si tu l’as vu puis, quelle que soit ta réponse, enchaîne sur les répliques les plus connues « Ah tu as regardé le père Noël à Saint-Tropez, hier ? Alors Thérèse, vous avez ramené les palmes ? Mais non monsieur Ouille pas avec votre poncho. Vous voulez pas un whisky d’abord ?  » Or, dans Bienvenue chez les Ch’tis, il y a très exactement une réplique.

Mais il y a des conséquences plus immédiates à ce succès. Le Ch’ti est à la mode, le Picard est partout, lui qui était réputé froid se dégèle****, tente de surfer sur la vague. Ainsi, tout l’été, Pascale Picard nous a attendu Gate 22, on faisait semblant de pas l’entendre alors elle criait Here i am. Maintenant, c’est sa cousine, Rachel, envoyant des blagues par e-mail à grande échelle. (Pour ceux qui ne cliquent pas sur les liens, elle essaie de faire croire que voyages-sncf a été élu site favori de l’année 2008)(et pourquoi pas Tokio Hotel groupe de l’année, aussi ?) Et demain, demain, qui sera-ce, quel picard, Frank, Bertrand, Fatal, tentera de profiter de cette mode ? Le suspense est à son comble*****.

*Un grand bravo à tous ceux qui ont répondu « Le plus mauvais jeu de mots de l’Histoire, c’est probablement le titre de ton prochain post ».

** Si tu as un taf à 20% à me proposer (ou deux à 10%, ou 5 à 4%), ou si ta passion dans la vie c’est d’écrire des offres spontanées, tu as mon adresse mail ***

*** Quoi, je peux pas faire passer ça comme recherche d’emploi ?

**** Ah tiens, finalement, c’est peut-être ça, le plus mauvais jeu de mots de l’Histoire

***** Tiens, ce post ne se finit pas vraiment. Je vais mettre des notes de bas de page pour faire illusion.

L’enquête du Graal

Tu me connais, la fin de l’année approche. A l’heure où la crise attend, tapie dans l’ombre, de pouvoir mugir férocement, afin d’améliorer les synergies de ce blog, dans une relation auteur orientée win-win, je te prie de bien vouloir répondre à cette petite enquête conçue par des instituts de coaching bloguesque d’une efficacité à la hauteur de leur facture mirobolante, afin d’optimiser efficacement ton taux de satisfaction en ces lieux, ne partons pas fâchés, ça n’en vaut pas la peine.

Les résultats en exclusivité mondiale ici

Sébastien Grosjean de Noël

Il était une fois une petite fille qui vivait dans un immense château. Elle avait tout, argent, gloire et beauté, mais elle se sentait terriblement seule. Elle avait, bien sûr, 399 pages à qui elle pouvait ordonner n’importe quoi, ce dont elle ne se lassait que tous les troisièmes lundis du mois, mais quand même, cela ne remplaçait pas une véritable amitié, ou bien ?

Un jour qu’elle gambadait allègrement dans les prés environnant, elle aperçut un petit hérisson qui se terrait sous une haie. « Oh, se dit-elle, un petit hérisson qui se terre sous une haie », ce qui prouve qu’elle était pas si conne. « Je vais lui demander de devenir mon unique ami. » Le hérisson est, contrairement à l’ours polaire, un animal hibernateur. Mais notre jeune amie (ça fait classe de mettre notre jeune amie dans la littérature enfantine)(alors que notre sémillante interlocutrice pas du tout)(je private-joke si je veux) avait de la chance, le petit hérisson avait bu bien trop de red bull en goa party avec son ami Roberto et ne parvenait à trouver le sommeil.

« Dis, petit hérisson, veux-tu être mon ami? », lui demanda-t-elle. Mais comme elle n’avait pas bien l’habitude, elle n’attendit pas sa réponse et l’embarqua, séance tenante et, par la même occasion, d’acupuncture. Comme elle l’avait trouvé sous une haie, elle décida de l’appeler « trouvé sous une haie ». Son père, ingénieux, qui pensait déjà au rachat des droits de l’histoire par Disney, lui suggéra plutôt un nom anglais: « Hedge found ».

Hedge found se fit très vite à la vie de château. Il faisait chaud, c’était confortable, et y avait de la bouffe à profusion même si, on a beau dire on a beau faire, le foie gras et le caviar, ça vaut pas une bonne limace ou un lézard les jours de fête. Bien sûr, sa nouvelle amie essayait de lui mettre des habits et de lui apprendre à sauter à travers un cerceau, mais il lui avait montré comment se mettre en boule et rester immobile, comme ça il avait la paix de temps en temps. Mais pas très longtemps.

Mais Hedge found n’était pas l’animal jovial et enjoué que tous voyaient en lui. Son but, c’était de foutre le maximum de dawa partout où il passait, tout en misant sur son petit air mignon pour passer inaperçu. Chaque fois qu’on le laissait seul, il en profitait pour faire une bêtise, faire ses besoins n’importe où, abîmer avec ses piquants les tapisseries précieuses du château, séduire de jeunes hérissones innocentes avant de les quitter par sms, et, un jour qu’il s’ennuyait vraiment et qu’il était de fort mauvaise humeur car il avait perdu une forte somme dans une course de chevaux, plonger toute l’économie mondiale dans le marasme, provoquer des milliers de faillites et des millions de licenciements de par le monde, avant de s’en retourner finir sa sieste.

A l’ombre des jeunes fruits en fleur

Hugo Lévy avait de tout temps voulu devenir écrivain, pour exacerber des sentiments trop longtemps enfouis, cracher sur le papier son incompréhension face aux dérives d’une société trop pressée et niquer des gonzesses, parce que quand tu es célèbre, tu niques plein de gonzesses.

Mais hélas Hugo avait l’imagination par trop collective. Connexion mystique ou mémoire facétieuse, il ne le savait pas, mais il avait fini par se rendre compte que toutes les histoires géniales qu’il inventait l’avaient déjà été avant. Il avait par exemple scénarisé la troublante aventure de jeunes tourtereaux dont hélas l’amour était impossible, leur famille se détestant cordialement depuis cette histoire avec la police. Mais il apprit, au détour d’une conversation anodine avec sa grand-tante Irma, qu’une histoire de ce genre avait déjà été racontée avant, sans l’anecdote de la police, mais quand même, ça ressemblait un peu.

Il froissa son brouillon, ce qui n’était pas évident vu qu’il était au format pdf, et le jeta, avant d’attaquer l’histoire d’une femme qui s’ennuie dans son mariage, rêve de grande vie et tombe malade, mais découvrit hélas que c’était le résumé exact d’un fameux épisode de la clinique de la forêt-noire. Hugo ne pouvait se résoudre à n’être qu’un vulgaire copieur, il était en effet très à cheval sur les principes, car il était issu d’une famille de cavaliers. Il était toutefois déçu car sa version comportait un passage burlesque dans lequel l’héroïne décidait de tout plaquer pour devenir lanceuse de couteaux dans un cirque.

Il venait d’abandonner ses projets de saga familiale au temps de la Préhistoire, trop proche d’un particulièrement audacieux roman-photo retrouvé par hasard dans un vieux Confidences, se disait que toutes les bonnes idées ont déjà été eues et songeait à adopter un nouveau but dans sa vie, par exemple devenir le meilleur plombier-zingueur de tout Reuchenette, quand, dans un dernier soubresaut de motivation, il décida de passer une annonce sur internet pour chercher une Muse.

Mais la seule qui lui répondit était une Muse un peu usée. Elle avait inspiré trois-cent vingt-neuf romans, dont un qui évoquait les aventures d’une langouste transsexuelle, puis les jeunes auteurs s’étaient mis à ne plus rêver que de devenir scénaristes de séries, tandis que, pour une raison qui lui échappait, les vieux auteurs qu’elle avait musés préféraient réécrire le même roman chaque année mais en changeant discrètement un détail, genre la langouste transsexuelle devenait un ramoneur bulgare.

Mais la Muse était un peu rouillée et Hugo se retrouva à ne plus même être capable de brouillonner la moindre liste de courses. Par contre, Hugo avait résolu son problème initial et se dit donc que ce n’était pas si grave, il allait faire autre chose, par exemple de la soudure artistique. Ils vécurent heureux et écrivirent ensemble un livre de blagues sur les oiseaux qui s’est écoulé à onze exemplaires.