J’ai demandé à la lune

Tu le sais peut-être, des gens prétendent que l’homme n’aurait jamais posé le pied sur la lune. Que tout ça ne serait qu’un vaste complot. Qu’en fait, Armstrong, Aldrin et l’autre que si tu sais son nom, tu vas cartonner dans les jeux télé, se seraient trompés de chemin, auraient eu honte de demander leur route et auraient enregistré toute la scène dans un studio d’enregistrement secret situé sur Pluton. Et que Armstrong aurait en réalité déclaré « Un petit jus de pomme et un grand décaféiné ».

Mais il y a bien d’autres mensonges qui n’attendent que d’être révélés, et on ne me fera pas taire.

Par exemple, la coupe du monde 1998 de football n’a jamais eu lieu. Tout porte à croire que les images ont été montées de toutes pièces. Attends, la France championne du monde, tu y as cru ? Une recherche rapide sur les protagonistes de cette mascarade mise sur pied par les gouvernements afin de détourner l’attention publique des vrais problèmes te prouvera facilement que tous étaient en fait des acteurs de publicités.

Mais il y a a bien plus grave, la découverte de l’Amérique en 1492. Attends. le mec, il part avec trois bateaux, il arrive avec trois bateaux alors que même Leonardo diCaprio a pas réussi à faire le trajet sans couler au milieu, il trouve un nouveau continent, tranquille, il était là depuis des siècles mais personne l’avait vu, à part les Vikings, les Chinois et quelques autres mais comme ils avaient oublié d’en causer, ça compte pas. Il revient, il est persuadé d’être allé en Inde. Bon, moi je connais des gens qui se sont retrouvés à Antalya avec un guide d’Istanbul dans la valise, ok, mais des gens qui sont allés à Los Angeles avec le routard de Bombay, ça, non. Débarquer à Cuba et penser être à Macao, déjà là, c’est pas crédible. Revenir, peinard, dire « Les mecs j’ai découvert l’Inde, c’est nul, y a pas un resto chinois », rentrer chez soi s’amuser avec des oeufs pendant que plein d’explorateurs partent sur tes traces, c’est du grand n’importe quoi. A mon avis, l’Amérique n’a jamais été découverte, n’a même jamais existé, tout ça est un mensonge du gouvernement américain pour relancer le tourisme.

Quant à la question de la lune, soyons sérieux : on ment en général pour des trucs importants. Genre parce qu’on a oublié de faire son devoir de conjugaison, ou qu’on s’est trompé d’adresse à l’heure de faire son devoir conjugal. Marcher sur la Lune, c’est un peu comme jouer au golf ou aller à Moudon, ça ne sert pas à grand chose. Donc si quelqu’un te dit qu’il l’a fait, crois-le, sauf s’il ajoute « c’est pour ça que j’ai pas eu le temps de racheter du pain ».

O sole mio

Que fait Raph lorsqu’il n’a pas trop grand chose à dire mais qu’il faut qu’il sorte une note quand même parce que ses lecteurs vont s’impatienter et qu’un lecteur qui s’impatiente il est capable de tout, même d’aller voir des sketchs d’Eric et Ramzy sur Youtube ? Eh bien, il a une recette infaillible : il prend un film qui vient de sortir ou une chanson qu’on n’arrête pas d’entendre à la radio et il raconte n’importe quoi dessus.

, a déclaré un jour Lao-Tseu un mec dont le pseudonyme est « Le Concombre« , autant te dire qu’il ne faut pas prendre ses allégations trop au sérieux, mais bien au contraire les couper en rondelles pour s’en faire des masques de beauté.

Or, c’est totalement faux, et je ne saurais accepter de telles affabulations.

Il m’arrive aussi de prendre de vieilles chansons.

Mais attention, de vraies chansons de qualité bien.

Richard Cocciante
LE COUP DE SOLEIL
Paroles et musique: Jean-Paul Dréau

(aucun lien de parenté avec Jean-Paul Deux)

J’ai attrapé un coup de soleil,

Ah, oui, j’ai eu ça une fois, ça fait mal.

Un coup d’amour,

La métaphore est intéressante. C’est vrai que l’amour peut parfois faire mal. Comme un coup de soleil. Mais peut aussi, parfois, être bonnard. Comme un coup de soleil (si, bien sûr, un coup de soleil au mois de février, ça rend jaloux les copains qui sont restés sous le brouillard, c’est sympa). Et peut parfois s’attraper en s’exposant au soleil, voire en se noyant dans un verre d’eau. Par contre, aucune étude ne prouve, pour l’heure, ses vertus cancérigènes. Et, surtout, quand ça te tombe dessus, inutile d’essayer de mettre de la biafine, ça passera pas.

un coup de je t’aime.

Là, comme la métaphore est un brin compliquée, il répète l’idée générale pour qu’on comprenne bien.

Je sais pas comment, il faut que je me rappelle.

Ça, en effet, pour les jeunes qui nous lisent, c’est très important : quand tu tombes ouf guedin d’une fille (je dis fille parce qu’il m’est arrivé de connaître ce doux tourment, mais ça peut être garçon, voire (mais plus rarement) lampadaire), essaie de te rappeler comment c’est arrivé, sinon tu risques d’avoir l’air sot : « Mademoiselle, mademoiselle, vos yeux sont comme les étoiles de l’océan dans les steppes mordorées d’un avril incandescent. Au fait, on s’est pas déjà vus quelque part ? Ah oui, à l’anniversaire de ton mari, c’est ça, lol, tu portais un kimono en rotin, j’ai tout de suite eu le coup de foudre. Ah non, c’était pas toi ? Ah non, tu portais un plateau avec des verres, c’est ça, il était sympa le rosé. »

Si c’est un rêve, t’es super belle.

Par contre, pour les jeunes qui nous lisent, évitez ça. Tu sais comment sont les filles, elles interprètent tout, si tu lui dis « Si c’est un rêve t’es super belle » elle va penser « Ah parce qu’éveillé je ne suis pas vraiment belle, c’est ça ? » (évite à ce moment là d’ajouter « ouais ok mais je t’ai rêvée si fort que les draps s’en souviennent, lol »). Note qu’un garçon, beaucoup plus premier degré, va se demander pourquoi tu le trouves belle et, probablement, en concevoir de la rancoeur.

Je dors plus la nuit.

Ce qui résout une question qu’on se posait tous, dis-donc ! S’il ne dort plus, c’est que ce n’est pas un rêve.

Je fais des voyages

Moi aussi, je préfère voyager de nuit.

Sur des bateaux qui font naufrage.

Par contre, je préfère faire naufrage de jour, on voit mieux les requins.

Je te vois toute nue sur du satin
Et j’en dors plus.

Tu m’étonnes. Le satin, ça tient chaud. Il ferait mieux de la voir toute nue sur de la flanelle, il dormirait mieux.

Viens me voir demain.

Mais qu’elle s’habille avant, sinon ça va faire jaser dans le quartier.

Mais tu n’es pas là,

Forcément. Elle l’a entendu parler de satin, elle l’a pris pour un genre de fétichiste, elle se méfie.

et si je rêve, tant pis.
Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit

Par contre, quand elle est là, il dort et il rêve d’elle. Ok, c’est un genre, je juge pas, mais dans ce cas là, elle est pas obligée de rester à poil sur son sapin, si ?

Mais tu n’es pas là, et tu sais, j’ai envie d’aller là-bas,
La fenêtre en face, et de visiter ton paradis.

Donc ça se précise : le mec a flashé sur sa voisine d’en face. Il a d’ailleurs longtemps préféré aux voisins les voisines. Il ‘a croisée par hasard dans une satinerie du quartier, il s’est fait je ne sais quel film et, depuis, il épie ses allées et venues. Dès qu’elle a le dos tourné, il fomente de s’introduire par effraction dans son appartement, je ne veux même pas savoir pour quoi faire. Et il est surpris qu’elle ne soit pas là…

Je mets tes photos dans mes chansons

Pour la draguer, il cause d’elle (oui, c’est encore une métaphore, on peut pas vraiment mettre des photos de gens dans des chansons)(dans ses chaussons, oui, on peut, même si ça ne sert pas à grand chose) dans ses chansons. Ça pourrait marcher, je suis sûr que ça s’est vu, mais là il part avec un sacré passif quand même.

Et des voiliers dans ma maison.

Je pense que cette strophe-là n’a rien à voir avec le reste de l’histoire, simplement le mec collectionne les voiliers et tenait à la signaler discrètement, au cas où.

Je voulais me tirer, mais je me tire plus.

Les gens qui tombent amoureux de leur voisine d’en face sont une plaie pour l’immobilier.

Je vis à l’envers, j’aime plus ma rue.

Quand il aimait sa rue, il voulait se tirer. Maintenant, il veut rester. Il serait pas un peu compliqué, comme mec (limite chiant, j’espère pour lui que sa dulcinée est co-chiante)(pardon) ? Il vivrait pas à l’envers ?

J’avais cent ans, je me reconnais plus.

La vue baisse, à cet âge là. Mais la libido aussi, donc ses problèmes de satin vont pas le tourmenter bien longtemps.

J’aime plus les gens depuis que je t’ai vue.

Pour les jeunes qui sont toujours là, je ne crois pas que ce soit un truc à dire à une fille, ça. Enfin, essayez, vous me direz.

Je veux plus rêver.

Non mais c’est bon, tu rêves pas on a dit.

Je voudrais que tu viennes
Me faire voler, me faire je t’aime.

Ça, c’est un flagrant délit de zeugma foireux ou je ne m’y connais pas…

Mais tu n’es pas là, et si je rêve, tant pis.

Tu viens de dire que tu voulais plus rêver, je te rappelle au passage.

Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit
Mais tu n’es pas là, et tu sais, j’ai envie d’aller là-bas,
La fenêtre en face, et de visiter ton paradis.

Ça y est. C’est sûr. Faut que je me décide.

Oui, ce serait bien.

Je vais faire le mur et je tombe dans le vide.
Je sais que tu m’attends près de la fontaine:
Je t’ai vue descendre d’un arc-en-ciel.
Je me jette à l’eau des pluies d’été.
Je fais du bateau dans mon quartier.
Il fait très beau, on peut ramer.

C’est pas « le coup de soleil » qu’elle devrait s’appeler, la chanson, mais « l’insolation, et carabinée encore »

La mer est calme. On peut se tirer.

Non mais tu ne te tires plus, tu as dit. Faut que tu te décides !

Mais tu n’es pas là, et si je rêve, tant pis.

Elle a peut-être pas le pied marin.

Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit
Mais tu n’es pas là, et tu sais, j’ai envie d’aller là-bas,
La fenêtre en face, et de visiter ton paradis.

Mais tu n’es pas là, non…
Mais tu n’es pas là, et si je rêve, tant pis.
Quand tu t’en vas, je dors plus la nuit…
Mais tu n’es pas là…
Mais tu n’es pas là… non, non…

J’ai attrapé un coup de soleil,
Un coup d’amour, un coup de je t’aime.
Je sais pas comment, il faut que je me rappelle.
Et si je rêve, tant pis.
J’ai attrapé un coup de soleil,
Un coup d’amour, un coup de je t’aime.
Un coup d’amour, un coup de je t’aime.

C’est une chanson pleine d’espoir et très engagée : si vous allez au soleil, protégez-vous, c’est dangereux ces conneries.

Parisienne walks away

Des fois, je me dis que quand même, un blog de racontage de vie, ce serait pas si mal : comme plus personne ne fait ça, de nos jours, ça aurait un côté délicieusement vintage. Bon et surtout, j’aurais pu me la péter grave avec mes cinq ans sans clope (il paraît que c’est super dur, d’arrêter de fumer, alors faut bien que je me vante un peu)(y a d’autres trucs que je trouve vachement plus compliqués, ne pas être sarcastique quand Gudule pleure après sa 89e rupture avec le même mec, manger cinq fruits et légumes par jour, faire son ménage, mais il ne sont pas reconnus comme tels par la société du coup si je m’en vantais personne ne comprendrait), même si j’ai complètement loupé la date.

J’ai bien songé à écrire une méthode sur comment arrêter de fumer, mais ça aurait tenu en 4 lignes : tout ce qu’il faut, c’est un collègue qui dit ahaha dans trois mois tu auras recommencé.

Mais le truc c’est qu’arrêter de fumer, c’est super frustrant. Bien sûr, tu retrouves ton souffle, c’est super. Même si souvent, je me dis heureusement que j’ai du souffle, si j’en avais moins j’en aurais pas beaucoup. Et encore, pour le souffle ça va, mais pour la thune… en cinq ans j’ai économisé près de 10’000 francs (oui je sais ahaha j’ai dit francs), soit près de plus de 6667 euros (oui je sais, j’ai dit euros, ahaha)(pardon, je suis un peu irritable, j’ai arrêté de fumer tu comprends…), aucune idée où ils sont. Faudrait que je mette la police sur le coup, ça me semble super louche, maintenant que tu m’en parles. J’ai bien fait quelques folies comme un abonnement de piscine pour reprendre cette silhouette d’athlète kenyan que le monde m’enviait, mais quand même, un abonnement de piscine à 10’000 balles, ça me semble un peu gros.

Bien sûr, tu retrouves le goût et l’odorat. Mais je vois pas ce que ça a de génial. Essaie un peu de te faire un McDo, avec du goût et de l’odorat ? De prendre le métro ? De lire 20 Minutes ?

Bien sûr, j’ai la satisfaction de ne plus empoisonner les gens qui ne m’avaient rien demandé. Encore que. J’ai une voiture et un déodorant. Il m’est même arrivé, j’avoue, alors que je sais pertinemment que le stress est un des facteurs de mortalité les plus importants dans nos pays occidentaux, de donner du travail à des gens, même si j’en ai un peu honte aujourd’hui.

Bien sûr, quand tu arrêtes de fumer, tu diminues tes risques de mourir d’un cancer de la gorge. Et d’une pneumonie, maintenant que la clope est bannie d’à peu près partout où y a des murs. Mais du coup, là, je me demande de quoi je vais bien pouvoir mourir. C’est un peu angoissant. Parce que c’est un problème dont on parle trop peu: les fumeurs meurent, ok, mais les non-fumeurs aussi. En plus, pendant dix ans, on m’a tellement culpabilisé, les fumeurs coûtent des milliards à la société, que je n’aimerais pas devenir un de ces irresponsables qui vivent sainement, résistent jusqu’à 112 ans, et tout ça aux frais des contribuables, bien sûr.

billet fédérateur

J’ai bien senti, en six ans et des brouettes de blogage, que la Suisse était un concept mystérieux et évanescent. Si je résume bien toutes les questions qu’on m’a posées depuis que j’arbore fièrement un .ch dans mon adresse, les Français pensent que la Suisse est un pays peuplé de marmottes au sommet d’une montagne au fond d’une jungle au milieu d’un désert. Où l’on ne paie pas d’impôts.

J’ai donc décidé de vous parler de quelques-une de nos coutumes.

Par exemple, en Suisse, nous avons un truc que vous n’avez pas en France, je crois, sinon on en aurait entendu parler un jour : des joueurs de tennis.
Deux pour être précis.
Y en a un, c’est un peu comme le type qui est sur les photos du mariage de ta cousine mais que personne ne sait trop si c’est un ami du marié, de la mariée ou du pasteur : Stanislas Wawrinka, 18e mondial sans que personne ne l’ait jamais vu jouer. (ah si, tiens, vous avez Gilles Simon, en France, pardon)
Et il y a Roger Federer, en passe d’être déclaré nouvelle religion d’état de la Confédérération, loué soit son coup droit, puisse l’herbe de Wimbledon à jamais rester verte sous ses chaussures sacrées (89 ¤ la paire).

L’autre jour, dans ma radio, des gens très sérieux se demandaient si Roger Federer incarnait les valeurs de la Suisse. Un mec qui pratique un sport dont les matches sont de durée variable, incarner les valeurs de la Suisse. Laissez-moi rire. S’il avait poutzé son match contre Murray avant 18 heures, histoire d’avoir le temps de souper avant le TéléJournal, je comprendrais qu’on se pose la question, mais là, restons sérieux ! Bon, très bien, mais puisqu’on en est là, concrètement, dans ma vie de tous les jours, à quoi ça me sert d’être de la même nationalité qu’un mec qui gagne des matches de tennis ?

Or, Federer peut beaucoup nous apporter.

Je ne céderai pas à la facilité en te rappelant qu’il gagne en trois heures de baballe de quoi financer un ou deux plans de relance. Non. ce serait mesquin. Après tout, si des gens préfèrent devenir caissière à la Migros plutôt que numéro un mondial de tennis, c’est leur problème et faut pas qu’ils viennent se plaindre après.

Mais je te parlerai des qualités de Federer, dont tu peux t’inspirer pour ta vie quotidienne de tous les jours.

Dans ma radio, ils disaient « Federer incarne les valeurs de la Suisse, car il est modeste ». Je te laisse réfléchir un peu à la dose de modestie qu’il faut pour dire sérieusement « Je me sens très proche de cet homme qui reste très modeste malgré son génie », mais tout de même. Force est de constater que Roger a réhabilité la valeur gentil. Je sais pas si ça s’est vu, mais c’était devenu une insulte, gentil. Or, cela va changer et on constate déjà, dans les préaux des écoles suisses, un léger changement : « Oui, ok, j’ai frappé Pablo pour lui piquer son goûter, mais il faut reconnaître qu’il s’est bien défendu et que c’était un très bon goûter ». De même, toi qui te faisais moquer parce que tu pleurais pour un oui pour un non, dis-toi bien que tout te sera pardonné quand tu seras numéro un mondial de tennis (mais je pense que ça peut marcher avec d’autres sports)(sauf le badminton). Et toi dont on riait parce que tu cousais tes initiales sur tes caleçons, j’espère que tu as bien regardé les chaussures de RF.

Il a également revalorisé les prénoms de merde. Dans le monde, des milliers de gens portant des prénoms difficiles à porter se sont identifiés à Federer et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, on retrouve des Stanislas, des Robin et des Jo-Wilfried sur les courts du monde entier.

Enfin, surtout, il prouve qu’on peut être numéro un mondial de tennis et être très heureux avec une femme mochephysiquement différente et qui fait toujours la gueule émotionnellement différent. Je sais pas si tu as remarqué mais quand tu es sportif (ou politicien), tu te dois d’exhiber ta femme (alors que si tu es sportive ou politicienne, on te laisse relativement tranquille avec ça, je sais pas si tu as remarqué). Comme un trophée de chasse. Or, oui, il y a encore dans ce monde des gens qui préfèrent tirer le faisan qui n’a pas la robe la plus mordorée. Et c’est un beau message d’espoir.

Roger a également fait beaucoup pour la cause du tournage de veste. Car au gré de ses performances, les mêmes ont pu tour à tour, sans rougir, le dire fini puis crier au génie en oubliant quelques légers détails au passage (Rafael qui, vous dites ? Revenir ? Jamais entendu ce nom, désolé, je crois que vous faites erreur)

Donc pour résumer, être de la même nationalité que Roger Federer, ça permet de causer d’autre chose que de Michael Jackson cinq minutes.

Marabout en train

– Oui bonjour, je vous appelle parce que j’ai reçu votre flyer dans ma boîte aux lettres…
– Très bien, que puis-je faire pour vous ? Chance au jeu peut-être ? Retour de l’être aimé ? Ça marche bien en cette saison, ça, les gens l’abandonnent sur une aire d’autoroute et après ils ont des remords.
– Voilà, j’ai un blog, avant je devais me contenir pour ne pas poster quatre fois par jour et là c’est tout juste si j’arrive à un post toutes les quatre semaines, ça m’inquiète.
– Ah oui mais alors là non, ce n’est pas du tout dans mes attributions !
– Mais pourtant vous dites « marabout très puissant »…
– Oui oh, si vous croyez tout ce que dit la pub aussi… Non moi je débute dans le métier, pour arrondir les fins de mois.
– Et c’est quoi, votre truc ?
– Tennisman professionnel.
– Et vous avez besoin d’arrondir vos fins de mois ?
– Grave. Avant ça gagnait bien, je dis pas. Mais là, depuis un moment, partout où je vais, c’est Federer qui gagne. Du coup, c’est la crise.
– Vous exagérez.
– Pas du tout. L’autre jour, je me dis tiens, si je prenais un billet de Tribolo ? C’est Roger Federer qui a gagné deux francs.
– Vous devez en avoir marre !
– Je suis à bout.
– Bon je suis désolé pour vous, mais on fait quoi pour mon problème, là ? Vous savez ce que c’est, les dialogues qui s’éternisent, après le lecteur se perd.
– Ce que je peux faire, c’est vous souffler un jeu de mots avec marabout, pour le titre. Ça fera 417 francs. Merci.
– Ah ouais mais celui-là je l’ai déjà fait en 1927, en plus on n’a pas du tout parlé de train dans ce billet.
– Je vous entends mal, je suis dans un tunnel.

Concours hippique

Enfin. Enfin je fais mon entrée dans la cour des grands, dans le cercle très fermé des Blogueurs Influents.

On m’a en effet envoyé, et je sens que ça va faire des jaloux, d’ailleurs je me demande si je fais bien d’en parler mais allons, soyons courageux, j’assumerai les conséquences, un lien me permettant de télécharger le kit de presse du film Le Hérisson, qui sortira sur vos écrans la semaine prochaine.

« Nous pensons que ce film peut vous intéresser », me précise-t-on, non sans perspicacité.

Car, d’une part, j’adore le cinéma. L’autre jour, j’ai vu un film… ah non, c’était Good morning England, pardon. D’autre part, j’aime bien les hérissons qui, bien qu’insectivores, sont des petits animaux trop mignons, une fois, on en avait eu un au jardin, mais après il est mort. Et, en dernier lieu, j’adore, et c’est un hobby trop peu répandu de nos jours, dire du mal de nouveaux auteurs à succès dont je n’ai jamais rien lu : Marc Lévy (l’inventeur des jeans), Guillaume Musso (l’auteur de Placid et Musso), Anna Gavalda (pourtant moi aussi, je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, genre à la gare, mais pas ce soir, ça va aller), Bernard Werber (ah non, lui, j’ai lu pas mal de ses bouquins, je peux dire du mal en connaissance de cause)(pour résumer brièvement l’oeuvre de Werber, on pourrait dire ceci : lol) . Et, donc, Muriel Barbery (rien à voir avec la Barbarie) et son « élégance du hérisson ».

Et voyez-vous, moi-même, par moments, malgré cet humour piquant qui fait que l’on a trop longtemps hésité à m’envoyer des kits de presse, croyant sans doute que j’allais me moquer, j’aimerais bien qu’on me caresse resse resse, mais on s’égare là.

« Le hérisson », c’est l’histoire de Renée, qui bien que très douée et d’une immense culture générale, a décidé de vivre cachée sous les dehors de la concierge niaise et inculte que les habitants du 7, rue de Grenelle croient connaître, j’ai piqué le résumé sur wikipedia, j’espère que ça ne te hérisse pas trop. Comme les hérissons, qui sont des animaux très cultivés, mais préfèrent se faire écraser comme des cons sur les routes pour passer pour des idiots et qu’on leur foute la paix, sinon tout le monde irait sans cesse leur demander de résoudre des équations à 42 inconnues. C’est un film très beau et très sensible sur les gens qui ne sont pas ce qu’on pense qu’ils sont, à l’image de Richard Gasquet, mais enfin là c’est pas lui, c’est Renée, une concierge. A noter qu’Herrison Ford ne joue pas dans ce film.


– je voyais pas ça comme ça, un hérisson, moi…
– Il ne faut pas juger à l’apparence. On ne voit bien qu’avec le coeur.
– Oui mais moi j’ai eu un souffle au coeur quand j’étais petite alors bon. On dirait plutôt un opossum.

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– J’essaie de finir « Et si c’était vrai, hein ? Eh ouais mais on n’y pense jamais, à ça ! », mais impossible de me concentrer avec cette saleté de hérisson sur mes genoux, j’aurais dû écouter ma mère et prendre un mari plutôt. Ou un okapi.

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– Pardon madame, mais votre hérisson a mangé Kiki, ma limace adoptive, ça m’embête un peu.

leherisson1000
– C’était une si gentille limace, je lui avais appris plein de tours géniaux.
– Oui bon ça va, chiale pas, je t’achèterai un koala pour te consoler.
– Ok, et une glace, sinon j’appelle les flics pour port d’animaux exotiques sans autorisation.

leherisson07
– Ah ça m’énerve ces animaleries ouvertes n’importe quand… Je vais plutôt aller boire un verre avec Jean-Claude Brialy.

leherisson08
– Bonjour, je suis Jean-Claude Brialy, allons prendre un verre.

leherisson14
– Attendez, attendez, le film est bientôt fini et je ne vous ai pas encore raconté la blague de Chplaf le hérisson

Meds alors

Aujourd’hui, c’est la fête de la musique : bonne fête à toutes les musiques

Ça me fait justement penser que Placebo a sorti un nouvel album. Après avoir sorti trois fois le même. Ça s’appelle « Battle for the Sun » et Brian Molko, tu sais, le chanteur qui ressemble un peu à Soan de la Nouvelle Star, explique à qui veut l’entendre (et comme il cause français, tout le monde veut l’entendre, tu penses) que cet opus est celui de la maturité rédemption, parce qu’avant ils se droguaient, maintenant plus.

Deux questions se posent donc : Peut-on faire du rock’n’roll sans drogues, peut-on encore troller sur Placebo de nos jours ou a-ce autant d’effets que des faux médicaments, ah oui, tiens, j’avais jamais fait le rapprochement, et au fait, de quoi causent leurs nouvelles chansons, hein ? J’espère que la traduction vous conviendra, même si mon Japonais est meilleur.

I, I, I, will battle for the sun, sun, sun.

Je, je, je me battrai pour le soleil
Brian Molko reprend ici un thème très fort, celui du soleil, comme avant lui William Baldé et Jenifer. Mais il ne faut pas voir cette bataille pour le soleil au sens premier : on ne peut pas vraiment se battre pour le soleil, on risque de se brûler les doigts très fort. Non, il y a dans cette chanson un sens métaphorique.
Il s’agit en fait d’une dispute entre deux amis, l’un deux veut partir en vacances à Douarnenez, l’autre préférerait une destination plus exotique et plus chaleureuse. C’est donc une chanson engagée, mais pas trop.

And I, I, I wont stop until I’m done, done, done.

et je, je, je ne m’arrêterai pas avant d’avoir fini
Molko est bien décidé à exposer tous ses arguments.

You, you, you are getting in the way, way, way.

Tu, tu, tu es dans le chemin, min, min
Quand bien même il doit pour cela se heurter à l’opposition farouche de son interlocuteur.

And I, I, I have nothing left to say, say, say.

Et je, je, je n’ai rien d’autre à dire, dire, dire.
Bon, finalement, il en avait pas des masses, d’arguments.

I, I, I, I, I will brush off all the dirt, dirt, dirt, dirt, dirt, dirt, dirt.

Je, je, je, je, je nettoierai toute la saleté, saleté, saleté, saleté, saleté
Un argument de son ami le fâche : celui-ci affirme que dans les pays du sud, la propreté des chambres d’hôtel laisse souvent à désirer. Si tel est le cas, rétorque ce bon Brian, je m’engage à faire un brin de ménage.

And I, I, I, I, I will pretend it didn’t hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt.

Et je, je, je, je, je, prétendrai que ça ne fait pas mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal
Même si je n’aime vraiment pas le ménage, je le ferai avec le sourire, ajoute-t-il.

You, you, you, you, you, are a black and heavy weight, weight, weight, weight, weight, weight, weight.

Tu, tu, tu, tu, tu est un poids noir et lourd, poids, poids, poids, poids, poids, poids
La discussion s’envenime, le ton monte, les insultes fusent. La colère fait perdre tout discernement à Molko, puisque tout le monde sait que les poids ne sont pas noirs, mais rouges.

And I, I, I, I, I, will not participate, pate, pate, pate, pate, pate, pate.

Et je, je, je, je, je ne vais pas participer, per, per, per, per, per
Il prévient : si Douarnenez il y a, ce sera sans lui.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

Rêve frère, mon tueur, mon amant
Rêve frère, mon tueur, mon amant

Les relations qui lient les deux protagonistes sont troubles.

I, I, I will battle for the sun, sun, sun, sun.

Je, je, je me battrai pour le soleil, soleil, soleil

Cause I, I, I, have stared down the barrel of a gun, gun, gun, gun, gun, gun, gun.

Parce que j’, j’, j’ai regardé à travers le canon d’un pistolet, pistolet, pistolet, pistolet, pistolet.
L’ami de Molko le menace d’une arme, ce qui est tout de même légèrement exagéré vu le sujet de la dispute.

No fun, you, you, you, you, you are a cheap and nasty fake, fake, fake, fake, fake, fake, fake.

Sans blague, tu, tu, tu, tu es un bon marché et désagréable faux, faux, faux, faux, faux, faux
Brian Molko se rend alors compte que cette amitié n’était pas d’une grande valeur. Et c’est vrai que, bien souvent, quand un ami vous brandit un barillet sous le nez, vos rapports sont ensuite à jamais faussés.

And I, I, I, I, I am the bones you couldnt break, break, break, break, break, break, break, break!

Et je, je, je, je, suis les os que tu ne pourras pas casser, casser, casser, casser, casser!
Brian Molko prévient alors son désormais ex-ami que, si d’aventure, ils devaient en venir aux mains, il ne faudrait pas se fier à son apparence de freluquet et qu’il a l’os pour le moins solide. Je ne voudrais pas émettre de jugement, mais je crois qu’il se surestime un peu.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

[Instrumental Solo]

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

I, I, I will battle for the sun.

Rêve frère, etc. etc. etc. etc.
C’est une chanson très dure sur un thème très fort, mais avec tout de même quelques légères répétitions.

Un million, c’est cher pour une chute

Mêmes causes, mêmes conséquences :

Puisque tu aimes les éléments autobiographiques, je suis tombé dans une dépendance terrible. Questions pour un champion online. L’autre jour, alors qu’un Julien Lepers virtuel s’énervait, en finale, on m’a posé une question qui commençait ainsi : Discipline scolaire, je suis une spécificité française…

Alors j’ai commencé à pâlir, à blêmir, à me demander si vous aviez des cours de fromages, auquel cas je déménage demain et repasse mon bac immédiatement, des cours d’oenologie, des cours d’andouilles… Mon adversaire, lui, s’est posé moins de questions et a répondu « les maths ». C’est là que je me suis demandé « ils parlent quand même pas de la philo ? » Bon. La philo est une spécificité française, Jean-Raymond Platon et Antonin Nietzsche vous le diront.

La spécificité française, donc, ce n’est pas la philosophie en elle même mais le fait que chaque année ça fait un sujet d’actualité. Cette année, ça risque de passer un peu au second plan, vu qu’il y a des événements plus importants qui mobilisent les journalistes : Barack Obama a tué une mouche. Heureusement, je suis là.

Série L:

Le langage trahit-il la pensée ?

Bien sûr. Par exemple quand une fille te demande « à quoi tu penses ? » juste après l’amour, tu aimerais lui répondre « Je pense que tu es comme un roseau qui ondule dans les champs de coquelicots, le soir, sous l’étendue intense de l’ellébore fragile, viens, partons, envolons-nous pour des mondes sans frontières où l’amour touche les ailes des oiseaux » et tout ce que tu arrives à dire est « graaaouh ».

L’objectivité de l’histoire suppose-t-elle l’impartialité de l’historien ?

L’objectivité de l’histoire suppose surtout une machine à remonter dans le temps.

Série ES :

Que gagne-t-on à échanger ?

L’intense satisfaction d’enfin arriver à terminer un album Panini.

Le développement technique transforme-t-il les hommes ?

Pour le savoir, mettons-nous en situation et proposons à UuuhGruhrrr d’ouvrir un compte twitter.
Après un premier temps d’adaptation, où il tente de l’ouvrir à coups de massue, qu’observons-nous :
Aujourd’hui on mange du mammouth LOL
RT @UuuhGruhr Aujourd’hui on mange du mammouth LOL
Bon il faut que j’aille chasser j’ai pas envie VDM
Trop dur la vie aujourd’hui je me suis coupé avec un silex LOL
Donc oui, le développement technique transforme les hommes, en leur permettant de manger plus équilibré et de se raser proprement grâce à ses 21 lames.

Série S :

Est-il absurde de désirer l’impossible ?

Ne me demande pas ça, je suis fan de Servette.

Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?

Celle là, par exemple. Et pourquoi Indochine, aussi.

Amores Perrault

Petit préambule: Cette note est peut-être un peu différente de ce que je fais d’habitude. Mais peut-être pas. On peut pas savoir. Et c’est ça qui est fou

Il était une fois des gens. Ils avaient déjà sept enfants, Paul, Henri, Mathieu, Arnaud, Clément, Perkolator et Poucet, lorsqu’ils décidèrent de se laisser aller à la contraception.
Or, il advint qu’une terrible crise économique frappa le royaume. Les malheureux parents avaient de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts (car leurs mains tremblaient à cause de l’alcool) et, en plus, ils étaient un peu serrés financièrement, autant te dire que c’était pas choucroute tous les jours.

– Oh putain, j’ai une idée de ouf !
, dit un jour le père, que nous appellerons le père, à la mère, que nous appellerons la mère.
– Encore une de tes combines foireuses ?
, lui répondit-elle, car son époux était inventeur de profession. Brillant, mais pas du tout reconnu. Il avait en effet inventé l’ouvre-boîte, mais la boîte de conserve mettrait encore plusieurs siècles avant de faire son apparition. De même, il était le créateur de la télécommande (longtemps avant la télévision) et de la bière (longtemps avant le football) et ses contemporains ne surent jamais relever tout le génie de ses créations. (De la même manière et par la force des choses, il était également l’inventeur du régime, mais là non plus, personne n’en comprit l’intérêt, les magazines féminins étant encore bien loin de faire leur apparition).

– Laisse-moi raconter… Je me disais, vu que pour nourrir les mômes, c’est plus trop ça, on pourrait les paumer dans la forêt, ni vu ni connu.
– Ah ben pour une fois, je dois le reconnaître, c’est génial.

Mais Poucet avait dissimulé des micros sous le lit de ses parents, car il se destinait à une carrière de paparazzi. Il découvrit ainsi ce plan machiavélique et dissimula dans ses poches des petits cailloux, qu’il lâcha le long du chemin afin de le retrouver. Alors tu vas me demander, mais comment ils ont reconnu leurs cailloux au milieu de tous les autres cailloux ? Mais à l’époque, les chemins étaient fort peu caillouteux et il était tout à fait possible de faire usage de cet habile subterfuge, hélas fortement déconseillé aujourd’hui, si tes parents t’abandonnent dans la forêt, je te conseille plutôt de te servir de ton iPhone pour retrouver ton chemin, et n’oublie pas de live blogger toute l’aventure.

Quelle ne fut pas la surprise des parents quand leurs sept enfants frappèrent à la porte comme un seul homme !

– Et voilà, encore une de tes idées foireuses qui a foiré !
– Non mais attends, demain, on recommence, mais ce coup-ci on vend tous les cailloux du pays à une usine de cailloux !

Aussitôt dit, le lendemain fait. Mais Poucet, qui n’était pas la moitié d’un imbécile, mais un imbécile tout court, avait garni ses poches de boulettes de pain. Alors tu vas me dire, où avait-il trouvé du pain ? et je vais te répondre non mais arrête avec tes questions, je raconte, là.

Mais tu peux t’en douter, les oiseaux, qui sont de véritables rapaces, mangèrent tout le pain, et Poucet et ses six grands frères, soit dit en passant encore plus bêtes que lui, se retrouvèrent plantés comme des buses au-milieu de la forêt.

– Ah ben là, on est mal

, dirent-ils d’une seule voix.

Comme le sens de l’orientation n’était pas leur fort, ils se perdirent complètement. Or, en ce temps-là, un ogre vivait dans la forêt (ils ont depuis tous été interdits par le gouvernement et se sont tournés vers des professions moins scabreuses, comme avocats, traders ou charpentiers).
– Bonjour, on pourrait dormir ici ?
, demandèrent-ils d’une seule voix à l’épouse de l’ogre, qui était palefrenière sur licornes, mais ça n’est pas d’une importance fondamentale pour la suite de l’histoire.
– Ben si vous voulez, mais il faut savoir que mon époux mange des enfants, car il est communiste.
– Communiste ? Il a voté pour le NPA ?
– Oui da.
– Génial, on adore Antoine de Caunes.

Puis Poucet relut le scénario du conte dans lequel il était embringué.
– Attends, attends. Bon. On se déguise en filles, l’ogre mange ses propres filles, on lui vole ses bottes, on retourne chez nos parents et tout le monde danse la ronde de l’amitié ?
, demanda-t-il à madame Ogre.
– C’est un peu ça, ouais.
– C’est complètement idiot, ça marchera jamais.
– Moi j’aime bien le passage où mon mari dit « ça sent la chair fraîche »
– Ouais c’est classe, ça, on garde.

Puis l’ogre rentra.
– Ça sent la chair fraîche.
– Tu m’étonnes, choupinou, j’ai fait du gigot.
– C’est pas de la bouffe de capitaliste, ça ?
– Bah y avait une promo.
– Ok lol.

Puis les sept garçons se marièrent avec les sept filles de l’ogre, fondèrent le Nouveau Nouveau Parti Anticapitaliste, Antiabandons et Antioiseaux, intentèrent un procès retentissant à leurs parents, et écrivirent sur leur aventure un roman qu’Eric Naulleau jugea particulièrement mal écrit.
Puis tout le monde dansa la ronde de l’amitié.

Walzer für Niemand

Petit préambule: Cette note est peut-être un peu différente de ce que je fais d’habitude. C’est une nouvelle qui me traînait dans un coin de la tête et que je n’avais pas envie de laisser prendre la poussière toute seule dans un Moleskine.

Elle monta les escaliers bien plus lentement que d’habitude, en fouillant son sac. Elle ne retrouvait pas ses clés. Elle aurait aimé que quelqu’un se foute d’elle. C’est la dixième fois que tu les perds cette semaine, record battu. Elle aurait peut-être même aimé une réaction courroucée. Bien sûr qu’elles sont là, tes clés, tu les perds tous les jours et, au final, elles sont toujours dans ton sac.
Cela faisait longtemps que cela ne lui avait pas fait aussi mal. Entrer, trouver la lumière éteinte, adresser quelques mots au chat, manger devant la télé. En remettant la main sur son trousseau de clés, elle décida qu’elle appellerait une copine, histoire de se faire un cinéma ou une bonne vieille soirée à dire du mal autour d’une bière.
C’était peut-être l’approche de ses trente ans. On a beau se dire qu’on s’en fout, il y a toujours un moment où on se laisse rattraper par les « une belle jeune fille comme vous, célibataire ? » qui se font plus compatissants et moins rieurs, les « vous savez, l’horloge biologique… », les « mais tu leur fais quoi pour pas réussir à en garder un ? », souvent assortis de bons conseils, tous les articles de magazine féminins qui expliquent comment être heureuse quand même quand on est célibataire.
C’était peut-être la conversation du week-end dernier, les retrouvailles avec quelques amies du lycée. Pas parce qu’elles étaient quasi toutes mariées jusqu’aux yeux, pas parce qu’elles insistaient lourdement sur sa chance d’être libre, mais à cause de cette remarque, l’air pourtant banale, lâchée par sa vieille copine Maria : « T’as quand même vraiment pas de chance avec les mecs ».
Ça l’avait plombée. Parce que mine de rien, elle avait fini par se convaincre qu’elle était seule par choix, qu’elle aimait ça, et n’avait même jamais songé à se plaindre de cette série de coups du destin qui faisait que cet été, elle partirait trois semaines en trakking plutôt que « quelques jours au camping parce que tu comprends, avec les gosses… »
Mais pourtant, en y réfléchissant bien… Il y avait eu cet artiste dépressif il y a quoi ? sept ans ? Là, ok, elle était partie, même si ça avait été un déchirement. Juste avant de devenir folle.
Puis celui qui avait décroché une bourse, de façon totalement inespérée, et avait pu partir étudier à New York. Leur relation épistolaire avait duré au moins un mois. Il n’était jamais revenu et elle repoussait chaque été d’une année l’idée de lui rendre visite.
Celui qui avait eu une révélation mystique. Elle aurait préféré qu’il la quitte pour une fille plus jolie qu’elle plutôt que pour un grand gourou. Il lui répondait qu’il n’y avait pas de filles plus jolies qu’elle, et qu’il ne fallait pas appeler Wikram gourou, qu’il était à la fois bien plus et bien moins que ça, mais qu’elle ne pouvait pas comprendre. Aux dernières nouvelles, son ex s’appelait désormais Oiseau de Lumière, était plus heureux qu’il ne l’avait jamais été et vivait en un lieu qu’il ne pouvait révéler.
Celui qui avait recroisé, complètement par hasard, une ex qui vivait pourtant à plus de sept mille kilomètres. Il avait fait des aller-retour émotionnels pendant quelques mois avant de se faire jeter, quasi simultanément, par les deux.
Et puis le dernier en date. Adrien. Ni sa carrière, ni sa foi, ni sa bite ne semblaient vouloir les séparer. Ils as’étaient plus ou moins mis d’accord sur des prénoms et avaient décidé d’où ils se marieraient s’ils se mariaient. Quand il avait eu ce terrible accident de ski. Elle aurait préféré qu’il la quitte pour une fille plus jolie que pour cette salope de faucheuse.
Elle était de ces gens à qui on dit « je sais pas comment tu fais, à ta place je serais au quatrième dessous ». Elle ne pleurait qu’en cachette. Elle avait même rencontré quelques mecs, mais ne les laissait jamais entrer dans sa vie.
Mais là, ce soir, elle se sentait vraiment seule. Au point de délirer, ou alors il y avait quelqu’un assis juste devant son appartement ?

***

– Tu fais quoi ici ?
– Je viens pour ton anniversaire.
– C’est dans un mois.
– Je sais.
– Je ne comprends pas, là.
– Si à trente ans, tu n’es pas mariée, alors tu m’épouses. Tu me l’avais promis. Il n’y a que ton nom sur la sonnette, j’ai vérifié.
– Mon dieu, tu te souviens de ça ? C’est fou comme le romantisme peut avoir l’air effrayant, par moments.
– Tout est prêt. L’église, les faire-parts, le repas, la musique. Tout est prêt.
– Je… Enfin c’est un peu étrange, là, on ne s’est pas vu depuis, quoi, sept ans ?
– Cinq ans et demi. La soirée chez Michaël. Je t’avais ramenée.
– Ah oui, j’avais oublié. Enfin, tu veux entrer, boire un café ? Tout est prêt, tu dis ?
– Tout. J’ai eu du temps, en cinq ans et demi…
– Tu comprends, j’ai pas eu d’histoire sérieuse depuis deux ans et là.
– Une année et demi, en fait.
– Je… Oui, c’est juste, une année et demi.
– L’accident de ski.