Poïkilotherme

Quand Fragonard Chourpaud avait déclaré « Je veux que tout le monde, dans ce pays, soit rétribué selon son mérite », tout le monde avait haussé les épaules, sauf ceux qui étaient plutôt en train de regarder des nains s’enduire d’huile d’olives sur une autre chaîne. Et à vrai dire, c’est surtout à défaut de mieux qu’il avait été élu à l’immense majorité des 22,3% de non-abstentionnistes.

Paradoxalement, la plupart des gens qui avaient défilé dans les rues dès l’entrée en vigueur de ses premières mesures faisaient justement partie de ses électeurs. Les mauvaises langues dirent que cette grève fut la moins remarquée de tous les temps, tant les nouvelles grilles de salaire définies par Fragonard Chourpaud étaient bien ficelées. Pendant que traders, coaches de vie et autres responsables du suivi du controlling post-operating battaient le pavé, les éboueurs et les nettoyeurs de WC publics se préparaient une deuxième tartine de caviar.

L’opinion publique commença, comme toujours, par grommeler puis finit, comme toujours, par s’habituer. Et par s’adapter. Un célèbre magazine féminin, dont les rédactrices étaient bénévoles depuis peu, mit en avant les tenues orange dans ses pages mode. Puis la presse people suivit et commença à s’intéresser de près aux frasques de Robert Chompard, éboueur, de son épouse Raymonde, caissière de supermarché et de leurs enfants Robertina, Ramuncho, Rigobert, Rihanna et Supercopter. Le couple fut même rebaptisé Romonde. Ils furent invités à raconter leur itinéraire sur toutes les chaînes de télé («les dates de votre prochaine tournée, les déchets verts, s’affichent en ce moment même à l’écran»).

Robert expliquait de chaîne en chaîne que «vous savez, ça a l’air simple de porter les poubelles, mais c’est beaucoup de travail pour en arriver là», pendant que chez lui, Pernambucco Thijssens, numéro 10 de la sélection nationale de football, pestait en pensant à ces mecs payés des millions à se balader à l’arrière d’un camion pendant que d’autres triment toutes les semaines pour perpétuer l’art ancestral du 4-4-2.

Puis tous les présentateurs télé devinrent éboueurs ou balayeurs, sauf un qui devint réalisateur de biopics racontant le destin magique d’éboueurs ou de balayeurs.

Avatar que jamais

C’est une anecdote peu connue : quand John-Mike Katsopoulos découvrit le voyage transuniversal, il cherchait en fait une nouvelle recette de pâtes.

On connaît mieux les conséquences de sa découverte : l’humanité eut alors une quantité innombrable de planètes habitables à portée de vortex à blougou giratoire inversé et si l’impossibilité de revenir sur ses pas freina quelque peu les ardeurs exploratrices les premiers temps, l’irrespirabilité croissante de la Terre les défreina assez vite.

Les gouvernements tentèrent bien évidemment de s’emparer des nouvelles terres, et je crois qu’il existe encore, quelque part dans l’Univers 63bis (le troisième à gauche en partant de la Terre), une Nouvelle Belgique du Sud. Mais le trop grand nombre de mondes disponibles fit que, bientôt, ce fut l’effervescence, les nouvelles colonies se multipliaient comme petits pains au soleil.

Une bande d’idéalistes décida ainsi de s’installer sur une planète tempérée, aussitôt rebaptisée Esperanza, où ils voulaient vivre dans la paix, la fraternité, le végétarianisme et la nudité. Ils découvrirent six mois plus tard que les genre de koalas rigolos qui peuplaient ce monde n’étaient finalement pas aussi rigolos que ça : lassés par les disputes incessantes de leurs hôtes, ils les expédièrent sur un monde parallèle où la température moyenne était de -16 degrés. Inutile de dire que sur New Esperanza, on vivait dans la nudité, la pneumonie et pas très longtemps.

Moins dramatique fut le cas de ces membres d’un forum de cuisine qui décidèrent de s’en aller tous ensemble s’installer sur une planète, avant de découvrir que seul le chou de Bruxelles y poussait. Les cruciverbistes et les scrabblophiles se réunirent beaucoup plus harmonieusement et l’on dit qu’ils vivent toujours sur Xwyzz, où ils ont inventé un nouveau langage constitué uniquement de mots de 7 lettres.

De nombreux adolescents refusèrent de suivre leurs parents sur des mondes trop nazes, et fondèrent Kikoolandia, une planète merveilleuse où poussaient 647 fruits distillables et 123 fumables. Mais deux ans plus tard, la plupart d’entre eux trouvaient cette planète juste ringarde.

Les catholiques découvrirent un Univers où Dieu existait vraiment et, en plus, répondait personnellement, sous trois jours, à chaque prière. Par contre, il avait un humour relativement douteux et Ses miracles étaient en général des blagues plutôt aléatoires, comme la fois où il avait changé l’eau en mousse à raser. Tout le monde voulait sa propre planète, et celle des amateurs de karaoke était à peine moins insupportable que celle des traders.

Sur Terre ne restaient que ceux qui avaient peur du changement, les vieux et les Suisses, ainsi que les indécis et les procrastinateurs. Les geeks partirent six mois après tout le monde, car ils étaient très pris par un jeu en réseau trop bien. La plupart d’entre eux décidèrent d’aller s’installer sur une planète où, six mois plus tôt, s’étaient réfugiées les blondes lasses des quolibets. D’autres découvrirent un monde merveilleux où vivaient des petits êtres bleus toujours heureux et où tous les êtres vivants étaient connectés en une sorte de réseau planétaire. Une fois encore, les nouveaux venus furent mal accueillis. Premièrement, parce que leur arrivée fut rapidement suivie par celle du premier spam (« Enlarge your ramure »). Deuxièmement, parce que chez des gens qui remercient leur viande avant de la manger, ouvrir un McDonald’s est une très mauvaise idée : il y a très vite des files interminables.

Quant à John-Mike Katsopoulos, il mourut dévoré par des gigantesques spaghettis mangeurs d’homme.

Foulque macroule

– Non mais tout le monde fait ça, c’est humain. Seulement, c’est aussi illégal et là, ben va falloir réparer les dégâts, quoi.

Ce flic était bien trop compréhensif, se dit John-Mike. Il devait se tramer quelque chose de louche.

– Moi même, je peux vous l’avouer, ça m’est arrivé. Seulement, ça n’a pas eu de conséquences aussi embêtantes, vous voyez…

Et l’agent de raconter à un John-Mike ébahi comment, des années auparavant, il avait lui aussi été envoyé en mission temporelle politique et en avait lui aussi profité, discrètement, pour tenter de redessiner quelques contours de son passé. Ses ordres étaient simples : il devait remonter en 1987, retrouver Bertille Schopakowsky, grand-mère de l’actuel Guide Suprême de la Révolution Rosilicorniste Buccorhodanienne, dont la montée en puissance inquiétait les autorités de la République Autonome de Morges, de Monaco, et de Deux Trois Autres Coins Sans Importance., et lui voler une botte de poireaux, des scientifiques ayant calculé grâce à des ordinateurs très compliqués que ce simple fait allait entraîner toute une série de modifications dans la structure du continuum espace-temps et que dans le nouveau présent ainsi engendré, le Guide Suprême serait marchand de volaille dans une triperie à l’ancienne. Ainsi donc, le voyage temporel était organisé depuis des années par les gouvernements ! Quelle stupéfaction !

– Seulement voilà, reprit l’aimable pandore, y a toujours un moment où on se dit, bon, je vais aller corriger deux trois trucs de mon passé. Genre moi, je suis revenu à la 87e minute du match FC Grésivaudan – Chatuzange le Goubet, et au lieu de tirer en force, j’ai passé à Gonçalvo Lambelet, résultat on a gagné le match 2-1, et quand je suis revenu dans le présent, le rosilicornisme n’était plus une menace pour la société, par contre j’étais dépressif et mes enfants étaient désobéissants, colériques et hockeyeurs… Vous voyez, c’est ça le truc, c’est que quand on revient dans le présent, on se rend toujours compte que ce malheur passé que l’on a corrigé, en fait, il avait fait de nous ce que nous étions vraiment, enfin, ce genre de conneries, quoi, pour que les auteurs de science-fiction puissent tirer une morale de notre histoire.

La tête de John-Mike lui faisait mal, tout tournait autour de lui comme ce jour d’enfance où il était allé faire du carrousel avec son père et Flanagan, leur hamster domestique, mais ces souvenirs étaient réels, l’étaient-ils toujours, de quoi pouvait-on être sûr dans un monde où n’importe quel flic pouvait aller repeindre le continuum espace-temps comme une vieille Lada mal tunée ?

– Non mais ça aussi, c’est des conneries pour auteur de science-fiction, si vous vous souvenez un truc, c’est qu’il a eu lieu et basta, faut pas chercher à se mettre martel à quatorze heures. Oui oh, je sais ce que vous allez dire, mais c’est une expression très usitée dans cette réalité. Bref, revenons-en à la raison de votre arrestation, voulez-vous ? Vous être bien Duchomois John-Mike, 116 bis, avenue de la Fonderie, Ploutargic, envoyé en 2015 voler une collection d’images Panini à Sarkozy Solal et qui avez préféré en profiter pour régler divers problèmes personnels d’ordre sentimentaux concernant au premier chef la dénommée Günstra Pélagie ?

– Ben… oui, j’avais oublié d’acheter du pain alors en 2015 alors j’en ai profité pour le faire.

– C’est moi qui pose les questions, reprit le soudain bien moins sympathique policier. Voilà alors avec vos histoires, là, le pouvoir est désormais occupé par une race de limaces géantes à trois têtes, et on ne peut même plus remonter dans le temps car la machine parle désormais breton, une langue morte depuis plus de 42 ans, donc que comptez-vous faire pour réparer ça ?

– Mais, s’interrogea John-Mike dubitatif, tout ça c’est juste parce que j’ai acheté du pain ?

– Hé, c’est compliqué, le continuum, c’est comme les mailles d’un vieux pull, qui sait quelles sont les conséquences quand on tire trop dessus ?

– Ben pas des limaces, en tous cas. Bon, organisez-moi trois tonnes de sel et on va voir ce qu’on peut faire.

– Le sel a été interdit à l’arrivée au pouvoir des limaces, vous voulez pas de la crème chantilly, à la place ?

(Pas à suivre du tout)

Fuligule morillon

« Ouf, tout cela n’était qu’un rêve ! », se dit, encore en sueur, John-Mike, alors que les brumes nocturnes s’estompaient doucement et que son cerveau parvenait tant bien que mal à discerner le gris-pâle du monde réel de la chatoyance bigarrée de ses errances solitaires.

« Ben merde », se dit John-Mike, qui n’était pas du matin. Lui qui ne se souvenait quasi jamais de ses rêves se demandait s’il était aussi génial toutes les nuits. Lui qui avait si peu d’imagination que même James Cameron aurait pu passer pour un génial visionnaire à ses côtés, lui qui était aussi plat qu’une batterie d’iPhone après cinq minutes d’utilisation intensive, avait tissé en songe les contours, il en était sûr, du roman le plus imaginatif depuis le truc avec le hérisson. Il se voyait déjà en haut de l’affiche, scénariste au moins pour Luc Besson.

Fébrile, il se mit à retranscrire sur un carnet ce dont il se souvenait, avant que son rêve ne s’en aille à jamais. Quand sa callipyge épouse Pélagie s’étonna de le trouver là, en caleçon fleuri, ni rasé ni petit-déjeuné, en train de griffonner rageusement alors qu’il ne s’était plus servi d’un stylo depuis l’époque où le sudoku était à la mode, il lui raconta.

– C’est, narra-t-il, l’histoire d’un mec qui a une tache de naissance et une tâche à accomplir. Comme il est plutôt genre cool, il décide d’accepter de sauver le monde, comme le lui demande un vieux magicien que tout le monde croit fou mais en fait non. En chemin il rencontre Zbrodja, son amour d’adolescence, qu’il avait cru morte enlevée par la mafia norvégienne. Leurs sentiments sauront-ils renaître comme jadis, ou seront-ils à jamais effacés par la patine du temps ?, d’autant plus qu’il doit tuer le père de cette dernière à cause d’une sombre histoire de rivalité villageoise ancestrale.

– Ca me rappelle quelque chose, un peu, lui répondit sa pétulante épouse Pélagie, qui avait des lettres. Tu es sûr de pas avoir déjà lu ça quelque part ?

– Ah je pense bien, rétorqua John-Mike tout en nourrissant Flanagan, leur hamster domestique, de l’autre main, puisque de toutes façons, tout a déjà été écrit. Mais c’est là qu’intervient la chute, géniale et surprenante.

– Je suis tout ouïe, s’enquit Pélagie, qui aimait les surprises et les Fiat Panda.

– Alors à la fin, en fait, et ça tu vas pas me dire que tu l’as déjà lu quelque part, le héros se réveille et s’exclame « Ouf, tout cela n’était qu’un rêve ! »

Résolution d’octobre

Lectrice, lecteur, public chéri mon amour,

Je vais pas te faire le coup des bonnes résolutions de début d’année : toi comme moi savons qu’en général, le 5 janvier, on s’est déjà rendu compte qu’on n’allait pas pouvoir les tenir.
Par contre, assieds-toi cinq minutes et causons, veux-tu bien ? Pas de la météo, pour ça il y a facebook ou twitter, mais de ce blog, sur lequel tu viens depuis six ans ou six minutes, régulièrement ou par erreur.

Ces derniers temps, je me retrouve de plus en plus souvent dans cette phase énervante où 117 idées m’arrivent en même temps et où, au mieux, je ne fais rien, au pire, je me lance dans la rédaction d’un billet onze minutes avant l’heure où je dois absolument partir avec, au final, un texte un peu trop bâclé et dix minutes de retard au rendez-vous de ma lasagne, ce qui est mal, j’ai de l’identité nationale suisse plein mes désirs de ponctualité. Et c’est valable aussi pour mes autres projets d’écriture, qui avancent à la vitesse d’une plaque tectonique au galop.

D’ailleurs, là, je dois partir. Et je ne suis pas du tout en train de venir là où je voulais en venir.

Je sais pas toi, mais j’ai bien aimé cette série de posts du mois de décembre – même si, au final, je les ai tous écrits en quatre minutes alors que je voulais en consacrer au moins douze. Et je pense que c’est un peu vers ça que je veux faire évoluer bptp : des textes un peu plus construits, un peu moins souvent. Moins de réactions à chaud à l’actualité, parce qu’il y en a déjà beaucoup (trop) un peu partout ailleurs, moins de paroles de chansons mais ça c’est parce que ça devient quasi impossible de les trouver sans fautes sur les internets, moins de recettes de pâtes. Ce qui devrait faire partir la moitié des gens qui viennent encore ici – mais comme j’ai désinstallé tous les trucs à stat, ça ne se verra pas trop trop.

Mais bon, peut-être que j’aurai changé d’avis avant même d’avoir le temps de poster.

Ah oui, tiens : là, je suis vraiment à la bourre. Alors que je voulais caser une super blague vers le troisième paragraphe et que je l’ai oubliée en route.

John McEnroe de Noël

Il était une fois, il y a bien longtemps, un petit homard qui s’appelait Adhémar. Il aurait pu être heureux et faire des trucs de homard toute sa vie, genre faire le malin avec ses grosses pinces pour faire bisquer les copains. Mais il avait un souci : il détestait tout ce qui était natation. Son truc, c’était les sommets enneigés, le grand air. Dès qu’il eut atteint sa mue définitive, il décida donc de s’en venir en Suisse, à Gstaad, pour y mener une vie de bohème et d’alpinisme.

Adhémar arriva dans la station oberlandaise au début du mois de décembre. Mais quelle ne fut pas sa déception de voir que l’accueil, qu’il avait imaginé chaleureux, était au contraire aussi glacé que les frimas hivernaux qui frimaient hivernalement. Partout, les gens couraient, à la recherche frénétique qui du dernier cadeau pour tante Hiltrude, celle qui est chiante et critique toujours, qui d’un peu de chocolat noir pour la dinde vespérale. Personne n’avait le temps de se soucier de lui et, sans oser se l’avouer, Adhémar commençait à regretter un peu son pays natal et les Noël de son enfance. La larme au pédoncule, il repensait au soir où, alors qu’il était encore tout larve, son oncle Bergundo avait raconté l’histoire du bulot qui repeint sa conque. Las, ce temps était désormais révolu et le malheureux arthropode était contraint de passer ses nuits dans un vivier bon marché et surpeuplé, où les congénères qu’il côtoyait avaient autant de conversation que des anémones de mer.

Pour arrondir ses fins de mois, car le plancton coûtait cher dans cette station huppée, Adhémar avait mis au point un petit spectacle mêlant claquettes, jonglage et arithmétique, qui ne lui rapportait à vrai dire que quelques piécettes et de nombreuses insultes. Le journal local avait même consacré sa Une au danger représenté par ces crustacés peu intégrés qui viennent chez nous jongler, et bien des internautes avaient réagi en affirmant que si on laissait faire, bientôt, des hordes de gastéropodes même pas capables de s’adapter à nos moeurs viendraient voler nos chats pour les manger et convertir de force nos enfants à la sous-marinité. Mais, alors qu’Adhémar songeait sérieusement à entrer en dépression, le miracle de Noël se produisit. Une vieille femme chenue l’appréhenda, et jamais suisse allemand n’avait paru si mélodieux. « Dis donc, mon gaillard, lui dit-elle avec cet accent rocailleux si typique des femmes chenues, ça te dirait pas de passer ce soir à la baraque pour le réveillon ? Tu as l’air de grelotter, je te préparerai un bon bon bien chaud. Bouillant. Tu vas en rougir de plaisir. »

Et jamais homard ne se sentit si aimé que ce soir-là.

Moralité :

Titres de transport

Petit florilège des meilleurs films des années 00, qui resteront dans l’Histoire comme les années des titres à la con :

Ceux qui m’aiment prendront le train

Comédie romantique. L’émouvante histoire de jeunes membres d’un parti partis à  l’enterrement d’un vieux chanteur, en train. Et tout le monde de boire, tout le monde de trinquer, tout le monde de jouer au scrabble et d’exhiber son persil, si bien qu’à  la fin, ils ne sont plus que joie et exubérance, sauf Gilbert qui avait décidé de plutôt y aller en voiture.

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L’abondance de personnages secondaires rend parfois l’intrigue confuse, même quand ils décident de s’écrire leurs noms sur le front.

Je vais bien ne t’en fais pas

Comédie dramatique. L’histoire d’un chanteur que tout le monde croyait mort alors qu’en fait non. On le suit à  Gstaad, où il s’adonne aux joies du ski.


– Je crois que j’ai une ouverture, je vais rester une semaine de plus.

Y aura-t-il de la neige à  Noël ?

Documentaire. Un vibrant plaidoyer pour le réchauffement climatique.

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La neige en hiver, c’est quand même économiquement irresponsable

Ne le dis à personne

Espionnage. Alors que le secret bancaire sévit en Suisse, un courageux ministre français s’infiltre secrètement dans les coffres pour voler des listings, à l’aide d’un courageux et intrépide idéaliste (dont l’idéal est d’avoir plein de fric, certes, mais c’est déjà mieux que rien).


Eric Woerth, moyennement convaincant dans le rôle du super agent secret.

Ce soir je dors chez toi

Drame. Hans a un peu picolé alors il reste dormir sur le canapé.


Gönsstrü, très convaincant dans le rôle du canapé.

Je crois que je l’aime

Un film poignant où un mec rencontre une fille et il croit bien qu’il l’aime.

– Hi hi hi hi hi hi hi
– Ouais, pareil

Je préfère qu’on reste amis

Un film poignant où un mec rencontre une fille et il croit bien qu’il ne l’aime pas.


Là, je savais pas trop quoi mettre comme image du film

Je vous trouve très beau

Un film poignant où un mec rencontre une fille et elle le trouve très beau.


Un des derniers grands rôles de Sim

De battre mon coeur s’est arrêté

Drame social. Parce qu’elles sont musulmanes au coeur de ses sociétés vertigineuse qui tout à l’envers font une plongée, leur casquette à l’envers par exemple porter ou en verlan parler. S’adapter à la société le héros saura-t-il au parler avant Doliprane que les spectateurs besoin n’aient pour son dans une banque travail dont il est amoureux du directeur la fille derechef ?


Un musulman, reconnaissable à sa casquette à l’envers, essaie de prouver qu’il est bien intégré en faisant le mariolle avec sa raquette, mais on n’est pas dupe.

Pars vite et reviens tard

L’émouvante histoire de jeunes membres d’un parti partis à l’enterrement d’un vieux chanteur, en train. Mais comme le train est exceptionnellement à l’heure, ils le loupent. Ils partent donc tous dans la voiture de Gilbert.

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– Allez après tout le pire risque, c’est de ne pas en prendre, LOL.

How i met your modem : Bonus track

– Bonjour, que puis-je pour vous.
– Tu ne me reconnais pas ? Je suis le toi de 2009.
– Je me disais bien, y a une ressemblance. Tu viens me prévenir d’un imminent danger redoutable ?
– Ben non, c’est ton boulot, ça.
– Pas con.
– Je viens à cause de tes posts sur mon blog, là. Les gens ont bien aimé, je crois. Ils ont pas pris ça au sérieux, mais ils ont trouvé ça cool.
– Sérieux, plus personne ne disait cool en 2009.
– Non mais je venais te signaler un oubli.
– Qué oubli ?
– Tiens, tu prends l’accent du Sud, non ?
– Oh ben tout le monde en 2099. C’est à cause du réchauffement climatique. Ah oui, je sais de quoi tu parles. Par contre il va falloir attendre, Kaiwin est parti, il a un tournoi de watertricot à Canberra dans deux heures.
– C’est bizarre, ces noms qui changent d’orthographe d’un jour à l’autre, non ? Enfin, oublie, raconte-moi ça à moi.

« Dans les années 2000, la mode était à la paranoïa. Il faut dire que tout avait mal commencé, avec les attentats du 11 septembre 2001. Immédiatement, les paranoïaques de tout bord en profitèrent pour réclamer les mesures de sécurité dont ils rêvaient depuis des décennies.
Les caméras de surveillance fleurirent un peu partout, sous les yeux désespérés des quelques gauchistes encore survivants qui citaient 1984. Quatre ans plus tard, les sites internet spécialisés dans les photos de soirée allaient envahir la toile, suivis de près par les réseaux sociaux et comment veux-tu dire à un jeune qui passe 92% de son temps à se faire prendre en photo et 7,8% à se recoiffer que les caméras de surveillance sont une entrave à sa liberté ?
Les mesures de sécurité dans les aéroports se renforcèrent et il était désormais interdit de transporter du fromage. Ah tiens, d’ailleurs, puisque tu viens me voir du passé, tu m’en as pas ramené pour l’apéro ? On fait l’apéro huit fois par jour, maintenant, ça va avec l’accent… Non parce que je veux pas jouer les mecs qui disent c’était mieux avant, hein, mais quand même, le fromage synthétique, c’est pas pareil. Quand les vaches ont disparu, on a bien tenté de faire du fromage de lama, mais c’est pas aussi bien.
D’un côté, il y avait les paranoïaques qui avaient peur de l’Islam, des chinois, des roux, de l’autre ceux qui prétendaient que le gouvernement et les médias alimentaient la peur. Les théories du complot les plus folles gagnaient leurs lettres de noblesse grâce à internet – tu sais qu’en 2017, quelqu’un a réussi à prouver que les tours jumelles avaient en fait été détruites par des furets ? Enfin, ses preuves n’ont pas tenu le coup très longtemps. N’empêche, à cette époque-là, personne ne se serait douté que la prochaine guerre mondiale opposerait les fidèles de deux forums internet…

– Oui non pardon, je t’arrête tout de suite, c’est pas de ça que je voulais parler, mais d’une autre mode des années 00, dont j’ai, enfin tu as, enfin nous avons été parmi les premiers adeptes, d’ailleurs.
– Je vois pas… Ah si ! Les poneys, pardon ! Tu sais que c’est un des seuls animaux qui ont survécu à la catastrophe de 2073 ?

How i met your modem S01E05

« Ah tiens, je t’ai raconté des bêtises. Il y avait encore des journalistes en 2009. Je le sais, c’était mon métier. Je suis devenu peintre sur chinchillas plus tard, en 2012. Il y avait encore des journalistes, mais ça commençait à sentir le sapin… C’est une expression qu’on utilisait pour dire que quelque chose touchait à sa fin. Le sapin, c’était un arbre qui… ben qui devait sentir une odeur particulière, je suppose.
Il me semble pourtant qu’en 2000, alors que j’étais un étudiant fringant et consciencieux, c’était encore classe, comme métier. Bien sûr, des gens nous reprochaient déjà de ne parler plus que de people et de faits divers, mais en général, c’étaient les mêmes qui ne lisaient que ces deux rubriques-là.
Puis les sources d’information se sont multipliées comme des lapins OGM sous une pluie d’été, il a fallu aller toujours plus vite, plus loin, plus fort, être le premier à publier l’info ou, à défaut d’info, quelque chose, sous les yeux des blogueurs qui jouaient leur rôle de quatrième pouvoir et demi en hurlant LOL FAIL sitôt qu’ils trouvaient une faute d’orthographe, mais poussaient à la consommation en se jetant comme des morts de faim sur la moindre dépêche histoire d’avoir quelque chose à commenter.
Puis les médias ont commencé à ouvrir leurs commentaires et le village global est devenu le plus grand café du commerce de l’Histoire. Et comme ça faisait des pages vues sur les sites des médias, ceux-ci préféraient rallumer le feu plutôt que de tenter de faire un peu d’information. Et tout ça s’auto-alimentait : les journalistes publiaient des articles, les internautes les commentaient, les journalistes faisaient un article sur les réactions des internautes. Et comme ça faisait de la page vue, ceux-ci se dépêchaient d’être les premiers à réagir sur les premières infos publiées, histoire d’optimiser leurs chances d’être de la revue. En 2014, année de lancement du GoogleNewsDigest, les infos qui « buzzaient » comme on disait à l’époque, je crois que ça venait du bzz de ces insectes qui font beaucoup de bruit pour une bien petite piqûre, étaient évincées en moyenne 34 minutes plus tard. 34 minutes pendant lesquelles il fallait absolument faire un mot d’esprit ou une parodie, voire enregistrer un nom de domaine rigolo.
En 2016, quand un journaliste s’est fait agresser en pleine rue par un ministre pour avoir révélé que celui-ci avait bu du café en public malgré l’interdiction, ses confrères ont commencé à cacher leurs cartes de presse. Comme de toutes façons, leur boulot consistait le plus souvent à trouver des vidéos youtube amusantes en rapport avec les articles qu’ils publiaient, cela ne dérangeait personne.

Voilà, je me suis un peu égaré en route, mais tu devrais avoir de la matière pour ton exposé… »

– Boah zargla koss omagh, de toutes façons, les exposés, c’est limité à 140 caractères.

– Ah, oui, tu vas devoir résumer beaucoup là.

– Non mais c’est bon, blinka, chabawong, j’ai fini, là.

– Fais-voir ? « Lé vie, sa parl bokou. LOL ».