Si tu vas à Berlin, n’oublie pas d’aller visiter la Märchenbrunnen. Ça veut dire fontaine des contes et, comme les Allemands sont des gens très carrés, c’est une fontaine illustrée par des personnages de contes. Des frères Grimm, même.
Seulement, si tu n’es familier qu’avec les contes des frères Disney, tu ne les reconnaîtras peut-être pas tous, la fontaine n’étant même pas dûment légendée. Heureusement, je suis là pour pallier à ça.
Le petit garçon dont l’épagneul breton avait une drôle de tête
Il était une fois un petit garçon qui voulait absolument un chien pour Noël. Ses parents, qui voulaient lui faire plaisir mais n’avaient pas les moyens, à cause de la crise mondiale, du taux de chômage et des grévistes qui prenaient en otage les clients des animaleries, décidèrent de miser sur son inculture, car à l’époque les enfants n’avaient ni l’école, ni wikipedia pour s’instruire, et lui offrirent un cochon. « Ça nous fait le rôti pour Noël prochain, quand le môme en aura marre et voudra plutôt un goujon », se disaient-ils, car ils avaient l’esprit pratique des gens pratiques.
Mais leur fils, qui avait pris des cours de cynologie en cachette, se douta de quelque chose assez rapidement. En effet, son jeune cochon, Grouik, passait, comme tous ceux de la gent cochonne, le plus clair de ses journées sur des sites internet cochons, où il s’abrutissait en visionnant à longueur de journée des recettes à base de truffe.
Puis un jour, survint le drame : Grouik répondit à l’appel de la nature et à un sms de son jeune frère pour aller dans la forêt se lancer dans la construction de maisons écologiques entièrement en bois et en paille. Dès lors, le jeune garçon perdit irrémédiablement toute foi en la fidélité animale, et ses parents commandèrent des pizzas pour Noël.
L’enfant qui mangeait des goujonsIl était une fois un jeune enfant qui, au lieu d’apprendre ses leçons bien sagement, passait ses journées à la pêche. Un jour, il ferra un goujon d’au moins 120 kilos. Affamé, il décida de croquer immédiatement dans la pauvre bête.
– Ohla, camarade, pas si vite, je suis un goujon magique ! Si tu me laisses la vie sauve, j’exaucerai pour toi 41 voeux. »
– Ça alors, c’est pas banal ! Allez, soit, tu ne seras point mangé. »
– Mais tout d’abord, il te faudra signer cette décharge qui dit que tu me cèdes tous les droits de cette histoire en cas d’adaptation ultérieure par un studio de dessin animé, et qui stipule que je ne peux pas être tenu pour responsable, légalement, en cas d’accident subséquent à l’un ou l’autre de tes voeux. »
– Boarf. Bon, j’aimerais être immensément riche. »
– Je ne puis hélas créer artificiellement de biens monétaires car cela tendrait à déséquilibrer les marchés mondiaux. »
– C’est nul ton truc. Je pourrais au moins être célèbre et me taper plein de meufs ? »
– Tu dois chercher la solution dans ton coeur, moi, je peux rien faire. En plus, t’es même pas majeur, on va avoir des problèmes avec les droits du conte. »
A ces mots, l’enfant ne se sentit plus de joie et croqua dans le goujon encore cru. Il se rendit compte que c’était pas si mauvais et devint riche et célèbre car il venait d’inventer le sushi.
La meuf qui avait des corbeaux agrippés à ses nichonsIl était une fois une jeune fille simple et très sage qui trouva un malheureux chaton affamé en faisant son jogging matinal.
Emue par le sort de la pauvre bête (qui, en réalité, grâce à une habile stratégie de personal branding basée avant tout sur l’air mignon et le miaulement chou, se faisait dans les 7 kilocroquettes/mois), elle décida de le nourrir en dégrafant tout simplement son corsage. Ne comprenant pas où l’on voulait exactement en venir, le chaton réagit comme un instinct séculaire l’y poussait et, d’un coup de griffe rapide et précis, lacéra le divin nichon.
La jeune fille, furieuse, ne fit pas un geste quand un corbeau, par l’odeur alléché, emporta le chaton pour s’en aller ripailler.
Elle décida alors de se lancer dans l’élevage intensif de chatons pour en nourrir les corbeaux alentours et fut connue dans la région comme la meuf qui avait des corbeaux agrippés à ses nichons, ce qui est exactement le titre de ce conte, comme quoi c’est assez bien foutu, finalement.
La petite ceinture rougeIl était une fois une fille qui était ceinture rouge de karaté.
– Maman, maman, tu m’as lavé mon kimono ? J’ai une compète dans une heure », s’exclama-t-elle un jour qu’elle avait une compète dans une heure et qu’elle ne trouvait plus son kimono.
– Ah ben justement, sur la route du dojo, tu pourrais pas passer chez ta grand-mère lui ramener un peu de beurre ? »
– Encore ? mais elle fout quoi avec tout ce beurre ? »
– C’est parce qu’elle fait le régime Dukan. Bon par contre tu te gafferas, il paraît que la forêt est infestée de loups qui parlent, il paraît que c’est une conséquence de la politique laxiste de la gauche. »
Mais la petite ceinture rouge n’avait pas peur car elle était ceinture rouge de karaté alors si le loup approche, double Mawashi Geri dans ta face et à la niche le caniche.
Mais le loup, qui avait suivi une initiation accélérée aux arts martiaux sur DVD, avait plus d’un tour dans sa besace et, quand il vit arriver la joufflue jeune fille dont il aurait bien fait son quatre heures, il lui lécha doucement le coude, un coup formellement interdit tant en kata qu’en kumite, ce qui déstabilisa la petite ceinture rouge, qui rata sa compétition.
to be continued





