Imaginez un petit village, genre 150 habitants, des vaches et des tas de fumier.
Imaginez d’autres petits villages aux alentours, un peu plus grands quand même, mais pas vraiment New York quand même.
Maintenant, imaginez une bande de jeunes à eux tous seuls, faites les adolescer dans les années 90.
En temps normal, leurs week-ends c’est des parties de kick off et de world games sur C64, des joysticks qui finissent leur vie juste après un record du monde de saut de tonneaux. De temps en temps, une fête au village d’à côté, super animation avec Gaston, son orgue Bontempi, “le petit vin blanc” et “la danse des canards”
Mais fort heureusement, il y a parfois une diversion dans ce morne quotidien, sauf que c’est pas un morne quotidien mais un morne hebdomadaire vu que ça concerne le week-end, grâce au concept mystique de la disco mobile.
Alors toi, lecteur, qui n’a jamais vécu le bal de la jeunesse de Treycovagnes, je te sens supspicieux et circonspect.
Les discos mobiles, en fait, c’est comme des discos, mais mobiles. Elles se balladent (hétéroclite), elles ont une vie trépidante, une semaine à Pompaples, la suivante à Pomy, parfois même à Goumoens-le-Jux où Vugelles-la-Motthe. Elles portent des noms chatoyants, Pink Spider (notez le magnifique logo) ou Pop-Corn (notez le magnifique logo)
Elles sont animées par de facétieux dj au nom rigolo, qui savent fidéliser leur public en lui passant, semaine après semaine, les mêmes morceaux dans le même ordre, l’aventurier toujours après les démons de minuit, pas longtemps avant la série de slows. Et pendant la série de slows, le dj facétieux fait toujours les mêmes plaisanteries. Comme ça, si on les loupe une fois, on n’est pas trop dépaysé la fois suivante.
Et puis, on y trouve à chaque fois quelques indigènes du village hôte et du voisinage, venus sur leurs fringants boguets maquillés, plus quelques habitués, des grands qui ont déjà la voiture et qui viennent toutes les semaines, comme quoi être un grand et avoir la voiture ne veut pas dire avoir une vie sociale.
Mais pour les jeunes gens du petit village à côté où il se passe jamais rien, au début, c’est un événement. Y a toujours un rabat-joie pour dire ouais mais la dernière fois c’était nul, mais on y va quand même. On boit une bière, on écoute le tube de cet été là (scatman, je crois). Et au bout d’un moment, on se dit que tiens, si on allait se faire un petit Winter Games, j’ai racheté un joystick.