Emmy Nem

Au début, pour fêter le 666e fan de le blog, je voulais vous chanter « The number of the beast », d’Iron Maiden. Sauf que c’est une chanson très vieille et plus du tout d’actualité. J’ai voulu vérifier, j’ai appelé le 666, le numéro de la bête, ça m’a dit « ce numéro n’est pas attribué, bitte rufen Sie später an »

Alors je me suis dit que j’allais plutôt vous chanter Hotel California of death metal des Eagles of death metal, parce que moi, si j’étais Josh Homme, je serais capitaine. Sauf que ce n’est pas un groupe de Death metal. Alors où va le monde si les gens se mettent à faire n’importe quoi ? Pourquoi pas le Paris-Daker en Amérique du Sud et un pape philippin, aussi ? Je ne peux pas cautionner des choses pareilles.

Puis toutes ces émotions m’ont donné faim.

Chop Suey – Sytem of a down

La plupart des chansons abordent le thème de l’amour, perdu, retrouvé, reperdu, détroussé, éperdu. D’autres dénoncent la pauvreté, la misère, les bébés chiens abandonnés ou encore les problèmes de transports en commun. Chop Suey aborde un sujet bien moins fréquent, vous pourrez vérifier : la cuisine chinoise. C’est, à ma connaissance, la seule chanson consacrée à ce sujet trop souvent délaissé, avec « I wanna be your dog » d’Iggy Pop.

Wake up (Wake up)

Réveille-toi (réveille-toi)
Serj se met dans la peau d’un bouillant cuisinier dont le commis est un tantinet lambin.

Grab a brush and put a little makeup

Saisis un pinceau et met un peu de maquillage
Au début, je ne comprenais pas cette histoire de maquillage. Que je sache, il n’y a pas forcément besoin d’être tiré à quatre épingles sur son trente-et-un pour cuisiner chinois. Ni mexicain, d’ailleurs, mais ce n’est pas la question. Il s’agit en effet d’une métaphore, ce dont on ne se doute pas forcément à cause des préjugés. Le maquillage, c’est les épices qu’on ajoute au chop suey pour masquer le goût du chou chinois.

Hide the scars to fade away the shake up
(Hide the scars to fade away the shake )

Cache les cicatrices pour faire disparaître le tremblement
(cache les cicatrices pour faire disparaître le tremblement)

Le commis a eu un petit spasme au moment d’ajouter le poivre du sichuan, du coup ça va être compliqué de masquer.

Why’d you leave the keys up on the table?

Pourquoi laisserais-tu les clés sur la table ?
Du coup, ils vont probablement se faire virer. C’est pour ça qu’ils vont devoir laisser les clés sur la table.

Here you go create another fable

Tu vas créer une autre fable
Et le commis, qui ne peut pas décemment raconter cette histoire de maquillage à Pole Emploi, va encore inventer n’importe quelle histoire, tu sais comment sont les jeunes.

(You wanted to)
Grab a brush and put on a little makeup
(You wanted to)
Hide the scars to fade away the shake up
(You wanted to)
Why’d you leave the keys up on the table?
(You wanted to)

(Tu voulais)
Prendre un pinceau et mettre un peu de maquillage
(Tu voulais)
Cacher les cicatrices pour faire disparaître le tremblement
(Tu voulais)
Pourquoi laisserais-tu les clés sur la table ?
(Tu voulais)

Tu voulais pas que je répète toute l’explication, si ?

I don’t think you trust, in, my,
Self-righteous suicide,

Je ne pense pas que tu croies en mon suicide bien-pensant
Serj réagit très vivement. Il menace de se suicider. Mais attention, de se suicider de manière bien-pensante, sans mettre mon train en retard, merci.
Son commis pense que c’est du bluff. Serj est un peu vexé.

I, cry, when angels deserve to die!

Je pleure quand les anges méritent de mourir!
Serj est pourtant quelqu’un de très sensible qui fond en larmes à chaque fois qu’il doit mettre des cheveux d’ange dans son chop suey, car il trouve injuste de devoir tuer des anges pour cela.

Wake up (wake up)
Grab a brush and put a little makeup
Hide the scars to fade away the shake up
Why’d you leave the keys up on the table?
Here you go create another fable

(You wanted to)
Grab a brush and put on a little makeup
(You wanted to)
Hide the scars to fade away the shake up
(You wanted to)
Why’d you leave the keys up on the table?
(You wanted to)

I don’t think you trust, in, my
Self-righteous suicide,
I cry, when angels deserve to die
In my self-righteous suicide,
I cry, when angels deserve to die

Allô ? Allô ? T’es un ange on te mange les cheveux ? Allô ! Non mais allô quoi, je sais pas, vous me recevez, t’es un ange on te mange les cheveux c’est comme t’es Judas on te mange les oreilles !

Father (father)
Father (father)
Father (father)
Father (father)

Père (père)
Père (père)
Père (père)
Père (père)

Désemparé, Serj décide d’appeler son père. Il ne répond pas tout de suite.

Father Into your hands I commit my spirit

Père entre tes mains je remets mon esprit
Serj supporte très mal l’échec et a peur de devenir fou.

Father Into your hands, why have you forsaken me?

Père entre tes mains, pourquoi m’as-tu abandonné ?
C’est son père qui lui avait appris à cuisiner le chop suey traditionnel, il se sent un peu désemparé d’avoir failli.

In your eyes, forsaken me
In your thoughts, forsaken me
In your heart, forsaken me

Dans tes yeux abandonné
Dans tes pensées abandonné
Dans ton coeur abandonné

Je sais pas vous mais il surréagit un peu.

Oh, trust in my, self-righteous suicide
I cry when angels deserve to die
In my self-righteous suicide
I cry when angels deserve to die

Oh, crois en moi suicide bien-pensant
Je pleure quand les anges méritent de mourir
En mon suicide bien-pensant
Je pleure quand les anges méritent de mourir

C’est une très belle chanson porteuse d’espoir, de toutes façons je préfère largement l’arménien au chinois.

bigbrother@hotmail.com

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– Oui allo ?
– Oui bonjour, ici le FBI !
– Le… Jean-Olaf, c’est toi, pour la caméra cachée ?
– Non, bonjour, c’est le FBI, nous aimerions vous rappeler que votre jeune épouse vous a demandé d’acheter du pain, n’oubliez pas, merci.

***

– Allo oui ?
– Oui bonjour, ici le FBI !
– Fabien ? Quoi de neuf ?
– Non. le FBI. Ne faites pas les mariolles avec nous. La prochaine fois que vous envoyez une animation avec des petites morales à la con, on vous napalme votre maison, je te jure on le fait, on n’en peut plus des pps.
– Mais…
– Et c’est pareil pour les blagues ! Même les racistes, on n’en peut plus.
– Je…
– Et pour le petit chien qui cherche un maître d’urgence, pareil, en plus il est mort depuis douze ans.

***

– Faculté de linguistique de l’Université de Limoges j’écoute.
– Oui bonjour, on aurait besoin de votre aide pour traduire un mail, s’il vous plait.
– Oui mais qui est à l’appareil ?
– Je ne peux pas le dire.
– C’est encore le FBI ?
– Oui.
– Je croyais que vous étiez porté disparu.
– Non. Bon. Pourriez-vous me dire, je vous prie, si « jtm tròòòòòw tròòòòòòw bèèÿÿbèèÿÿ tmtc » est un code secret prouvant que de dangereux terroristes slovaques s’apprêtent à envahir la Beauce ?
– Attendez, vous pouvez épeler tròòòòòw ?
– tròòòòòw
– Non, je crois qu’il s’agit d’une déclaration d’amour.
– Comme dans Ròòòmàààÿÿÿÿhòòòw et Jûûûûûlÿÿÿèèèèt ?
– Oui, voilà, mais sans le balcon.
– Ok, merci, bisous.
– Ça alors, sacré FBI.

***

– Allo ?
– Oui… Bonjour, ici le FBI. Pourriez-vous installer un filtre anti-spam parce que là c’est plus possible, merci.

***

– Oui bonjour !
– Ai-je l’honneur de parler à madame Pernilla Jambon ?
– Oui absolument.
– La maîtresse de M. Boutros-Boutros Boucheron ?
– C’est à dire que… enfin pas tout à fait sa maîtresse, nous sommes ce qu’il est convenu d’appeler dans les milieux autorisés un couple mais je ne…
– Ah non, M. Boucheron est marié à madame Porphyre Boucheron née Poucheron, tiens, c’est amusant…
– C’est toi ? Tu te fais passer pour ces cons du FBi pour m’annoncer que tu me trompes avec ta femme, c’est ça ?
– Non mais pas du tout madame je ne vous permets pas. Mais de toutes façons ce n’est pas pour cela que je vous appelle. Voilà. En date du 7 février, M. Boucheron vous a annoncé, je cite, qu’il voulait vous faire le petit hélicoptère norvégien.
– Oui ben il ne risque plus de me le refaire.
– Tout à fait, tout à fait, mais là encore, il ne s’agit pas de l’objet de mon appel, madame, je vous prie d’être bien attentive, je vous rappelle qu’il s’agit du FBI à l’appareil alors un peu de sérieux, madame.
– Oui…
– Oui alors justement, je voulais savoir de quoi il s’agissait au juste parce que ce soir c’est l’anniversaire de mon épouse, alors je me demandais…

Look at me now

Mesdames et messieurs bienvenue en direct pour ces championnats du monde d’attentionwhorisme qui se déroulent à Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch, une compétition. rappelons-le, suivie en permanence par 40 blogueurs.

Et on me signale dans l’oreillette que le premier candidat refuse de monter sur le podium parce que de toutes façons il est gros et moche et que personne ne l’aime et qu’il sait bien qu’il n’a aucune chance alors à quoi bon à quoi bon ? A QUOI BON ?

Ah, on me signale que le second candidat a un genre de grosseur juste là et qu’il se demande ce que c’est, les médecins prétendent que ce n’est rien, il va probablement mourir, alors vous pensez bien qu’il a autre chose à faire.

Très bien passons donc au champion suisse en titre, vous verrez, c’est un style assez particulier.
– Oui j’aimerais souligner qu’on est venu me chercher pour participer à ces championnats du monde et c’est évidemment quelque chose qu’on ne peut pas refuser, j’en ai parlé avec ma famille et mes amis et ils m’ont conseillé de le faire, probablement pensent-ils que je suis la personne la mieux placée pour cela, qui suis-je pour juger, peut-être en raison de mon incroyable charisme ou de mon sexe énorme, je ne sais pas, difficile à dire, mais j’aimerais me mettre au service de ces gens qui m’ont témoigné énormément de confiance et peut-être un peu d’admiration dont je m’efforcerai d’être digne.

Et la candidate suivante, c’est une première, a été sélectionnée sur les réseaux sociaux.
– Bonjour, j’ai des seins et une vie sexuelle.
C’est sobre, c’est efficace, 37 000 followers sur Twitter à l’heure où je vous parle.
Et en plus je connais des gens connus !
Oui, il faut partir, maintenant !
Mais je sais des choses ! Enfin bon, je peux pas les dire.

Et nous passons maintenant à l’un de nos grands favoris, il est déjà passé dans 17 émissions différentes de télé-réalité, dont une sur Equidia, ça s’appelait « Danse avec les chevaux », ça a été déprogrammé au bout de deux semaines.
– Probablement pour des raisons politiques, on veut me faire taire.

Et la participante suivante, vous la reconnaissez forcément…
– Je ne suis pas là, je suis chez Keith et Anita !
Ah, bon, tant pis…

Et nous nous retrouvons après la pub, nous verrons à l’oeuvre tous les favoris de ces championnats du monde dont le vainqueur de l’an dernier qui est, faut-il le rappeler, un gros chat.
Ne zappez pas. Sinon je me suicide sérieux je le fais.

Godwin&Millau

– Bonjour, puis-je prendre votre commande ?
– Vous ne croyez pas qu’il y a plus important, dans la vie, que de choisir un menu ?
– Si mais… parce que c’est un restaurant ici.
– Un restaurant. UN RESTAURANT. Mon pauvre monsieur. Si tout le monde raisonnait comme vous…
– Non mais parce que j’ai des clients qui attendent.
– Il y a des enfants qui meurent de faim dans le monde, il y a la guerre en Syrie, Federer refuse de jouer la coupe Davis, les abeilles disparaissent et le nouveau single des Strokes est franchement navrant et lui, il me parle de restaurant…
– Je reviens dans un moment ?
– Oh oui, c’est ça, fuyez ! Fuyez ! C’est facile. Mais vous ne pourrez pas toujours fuir.
– C’est à dire que je finis mon service dans une heure et après…
– Vous croyez que Marin Luther King a dit « c’est un restaurant ? »
– Je ne pense pas. Il était pasteur. Ca aurait été idiot.
– Ah oui, alors quand c’est les autres, c’est idiot, mais quand c’est vous ça passe. Trop facile, ça, trop facile. Elle est belle, la France !
– Vous devriez goûter le stroganoff. Il est particulièrement gouleyant.
– Je suis végétarien, monsieur.
– Ah. Le menu végétarien, alors ?
– Tout de suite. Parce que je suis végétarien, je devrais prendre le menu végétarien. C’est à cause de gens comme vous, monsieur, que le monde va mal.
– Bon. Je vous appelle le patron.
– Evidemment. Toujours ployer le genou devant l’autorité. C’est tellement facile.
– Vous prendrez un peu de vin ?
– Qu’est-ce que vous avez, en pichet ?

Lucky on strike

– Tiens, mais c’est cette bonne vieille Gunda. Tu avais pas démissionné ?
– Si. Mais je te laisse une dernière chance. J’aime bien les missions impossibles.
– Je sais, je t’ai vu chez l’esthéticienne.
– C’est sexiste, ça.
– Non, pas quand ça s’adresse à une amie imaginaire.
– Ouais. Bon. Tu sais, là, quand tu faisais des explications de chansons ?
– Ouais…
– Qu’est-ce que c’était nul ! Enfin bon, les gens aimaient bien.
– Alors justement, je viens de trouver les paroles de « Je marche seul » de Jean-Jacques Goldman et…
– NON. On vise un public de jeunes, là. Les retraités ils lisent pas Internet, ils ont pas le temps.
– C’est vrai que tu t’y connais en jeunes, toi, Gunda…
– N’étale pas ma vie privée ici, s’il te plaît, et puis c’était un accident.
– Ah oui mais moi je sais pas ce qu’ils écoutent les jeunes, j’ai pas la télé.
– Mais si. Tu sais. Y a le hockeyeur, là. Il a joué dans Danse avec les stars.
– CAROLINA KOSTNER
– Non mais arrête, tu mets tout le monde mal à l’aide. Je parlais de Bastian Baker. En plus il est Suisse, c’est pittoresque.
– Bastian Baker ? Le mec qui chante « Nobody should die alone » et « Tomorrow may not be better » ? Le monde va mal on va tous mourir… il doit avoir au moins 50 ans.
– Ben il est Suisse, quoi. Bon, sinon y a Matt Pokora.
– Il a été has been pendant au moins 10 ans, il chante du Goldman. Il doit avoir au moins 50 ans.
– Non mais mets-y un peu du tien, sinon tu deviendras jamais une star d’Internet comme Norman.
– Norman ? J’ai vu un sketch de lui à la radio, il disait « Aujourd’hui, les jeunes ont accès super facilement à du porno sur Internet, nous à leur âge on galérait ». Il doit avoir au moins 50 ans.
– Bon, j’abandonne.
– Ah mais sinon y a bien le truc, là, Gangbang Style.
– Ah, tu vois quand tu veux !
– Ce serait drôle, j’appellerais mon post « L’ami rit Corée »
– NON.
– En plus ça parle d’un quartier de Séoul, comme La Sallaz, mais à Séoul. 1010 reprezent, tavu ?
– NON.
– Mais bon, je parle pas coréen. Tu parles coréen, toi ?
– Non mais tu trouveras bien une traduction sur internet.
– Oui mais bon, internet, ils y mettent ce qu’ils veulent.

Mais dis-moi que deviennent les saucisses de Vienne ? (J’avais la flemme de chercher un titre alors j’ai mis celui-ci)

C’est décidé ! A force d’en entendre parler, en 2013, tu te mets enfin à la procrastination, comme tout le monde ! Mais voilà, tu ne sais pas comment t’y prendre. Les vieilles habitudes ont pris le dessus : janvier n’est même pas terminé que déjà, tu te remets à travailler efficacement, tu as même de l’avance sur ton planning.
Ne panique pas, je peux t’aider ! Je ne dis pas ça pour me vanter, mais je suis un expert reconnu dans ce domaine. D’ailleurs, j’ai commencé ce post il y a trois jours. Enfin, il y a trois jours, quand j’ai écrit cette phrase. C’était il y a huit jours.

Pour bien procrastiner, la première chose à faire, c’est de faire des listes ! Tous les matins, au lieu, comme d’habitude, de vaquer à tes occupations matinales, liste-les. Ca te fera perdre quelques précieuses minutes de travail. N’oublie pas de noter chaque détail ! Plus la liste est longue, plus tu seras découragé par l’ampleur de la tâche. Très vite, tu auras envie d’aller te refaire un petit café plutôt que de passer au point suivant. Par exemple, plutôt que « classer dossier », on préférera ouvrir tiroir, chercher l’emplacement exact dans l’ordre alphabétique, réfléchir quelques instants à un système autre que l’ordre alphabétique, ne plus y penser, classer dossier, fermer tiroir, réfléchir quelques instants au mot « tiroir ».

Il est très important d’avoir une petite routine quotidienne : consulter ses mails, répondre aux courriers non professionnels, se faire un petit café, veiller à l’entretien d’une bonne ambiance de travail grâce aux conversations autour de la machine à café, se ronger les ongles, réfléchir quelques instants au sens de la vie… toutes ces choses qui créent une ambiance propice à la créativité et te permettent de ne jamais commencer le travail moins de trois heures après le début du travail.

Il est beaucoup plus facile de procrastiner lorsqu’on travaille à la maison. Non seulement, les distractions y sont plus nombreuses, mais l’univers se chargera de t’aider dans ta noble tâche en te demandant d’aller faire quelques courses puisque tu es à la maison ou encore en te demandant d’aller chercher tes colis à la Poste (car le facteur, redoutable spécialiste du noble art procrastination, a trouvé un peu fatigant d’appuyer sur ta sonnette, il y en a quand même huit dans l’immeuble c’est compliqué de chercher, et a donc préféré t’informer que tu étais absent au moment de son passage, après tout, si tu avait été là, tu lui aurais probablement envoyé un message télépathique). Mais les vrais experts sont capable de procrastiner au bureau, et même en open space.

Le procrastinateur amateur connaît bien les blogs, Facebook, Twitter. Plus averti, il préfèrera se tourner vers des sites a priori moins faits exprès pour son art. Une simple recherche sur Wikipedia peut permettre de passer plusieurs heures à ne pas bosser. Les forums sont également une ressource infinie. Tiens, par exemple, tu t’es déjà demandé qui étaient ces gens qui répondaient dans les cinq minutes sur des forums de traduction alors que tu avais posé une question sur le chantournage en islandais ? Bientôt, tu t’entendras dire « le dossier Berthier ? Je m’y mets dans dix minutes, mais d’abord, il y a quelqu’un qui a une question sur Internet ! » Un peu de pratique, et tu réussiras même à perdre plusieurs heures sur des sites de jardinage, de nouvelles régionales sarthoises, d’apiculture. Certains sont tellement doués qu’ils arrivent à lire le blog d’mry plutôt que de travailler (mais attention, ne t’y lance pas sans quelques années d’entraînement, une rechute est trop vite arrivée) !

Petite astuce, si tu préfères remettre ton blog à jour plutôt que d’écrire ce fameux article sur les vis à turbinage manuel ! La liste de trucs, si prisée des spécialistes, a l’immense avantage de n’être jamais vraiment terminée !

Coming outre

Finalement, ça s’était plutôt bien passé.

Evidemment, sa mère avait fondu en larmes. « Mais comment je vais annoncer ça à mes copines du yoga ? » C’était la première chose à laquelle elle avait pensé. Puis elle avait ajouté, en sanglotant, « c’est de ma faute, j’aurais dû m’en douter, tu aimes tellement le football ». Son père s’était énervé. « Comment est-ce que tu as pu nous mentir si longtemps ? » En réalité, il n’avait jamais menti, il n’avait juste jamais démenti.

Il n’avait pas démenti quand on l’avait appelé « pédé ». C’était au camp de basson, les autres garçons le trouvaient bizarre parce qu’il ne considérait pas quelqu’un qui pète comme la meilleure des plaisanteries possibles et ne pensait pas que relire seize fois le même magazine pornographique était un passe-temps passionnant. Alors quand le grand Fulgence lui avait dit « mais tu serais pas pédé, toi ? », il avait juste répondu « désolé, t’es pas du tout mon genre ». Deux jours plus tard, toute l’école, tout le village, toute sa famille avaient été au courant mais il n’avait pas démenti : ceux qui l’évitaient désormais étaient des gens par lesquels il était assez fier d’être évité, ça lui permettait donc de faire un tri assez efficace.

Il n’avait pas démenti, évidemment, quand Gunda s’était déshabillée devant lui. La plus belle fille de l’école, tous les garçons prétendaient « se l’être faite », presque tous mentaient. Il avait juste fait semblant de détourner le regard mais n’en avait pas perdu une miette. Il avait bien failli tout avouer, deux heures plus tard, quand elle lui avait demandé « mais tu n’as jamais eu envie d’essayer avec une fille ? » mais il avait bien fait de ne pas le faire. Et depuis, il avait entendu cette phrase bien souvent, avec à chaque fois les mêmes agréables conséquences.

Et il n’avait jamais démenti devant ses parents, pour ne pas leur faire de peine. Ils étaient si fiers d’avoir un fils homo. Du jour où ils avaient appris sa prétendue préférence, il avait enfin existé à leurs yeux. Il ne jouait pas de harpe dans un groupe de post-punk comme son frère Anaximandre, il n’avait jamais été en prison pour outrage à agent comme sa s½ur Clytemnestre, il était étudiant en économie et capitaine de son équipe de rugby, il n’avait pas grand chose dont ses parents puissent se réjouir jusque là. Alors il faisait semblant. Il avait même demandé à un ami de jouer le rôle, juste un soir ou deux, de son amoureux pour faire taire un peu les « mais quand vas-tu nous présenter ton copain ? Tu es quand même pas hétéro, ahahah » si récurrents.

Mais là, il ne pouvait plus mentir. « Papa, maman, j’ai rencontré quelqu’un, j’aimerais vous la présenter », ça ne devait pas être si dur à dire. Finalement, ça s’était plutôt bien passé. Comme dans les films, comme personne ne le fait jamais dans la réalité, il avait répété la scène cent fois devant le miroir. Demain, il oserait enfin.

Vive la viande d’hiver

New Morges, janvier 2112

– Grand-papa, grand-papa, c’est vrai que quand tu étais jeune, on mangeait des animaux ?
– Ah oui ! Plein !
– Mais c’est dégueulasse !
– Pas du tout. Je tuerais pour un bon steak. Enfin, si mes dents artificielles étaient un peu plus solides.
– Mais vous mangiez des animaux de compagnie comme des coatis ou des wombats ?
– Mais non. Enfin, pas avant la disparition des vaches (un stupide accident de fourrage). Nous mangions du cheval, de l’agneau, du b½uf, du poulet…
– Du poulet ? C’est quoi ?
– Tu vois l’animal que les Français arborent fièrement sur le maillot de leur équipe de football ?
– Non.
– Ah… bon… dommage, parce que c’est un poulet. Enfin un coq, mais c’est pareil, en moins rôti.
– C’est pas un animal mythique, le coq ?
– Non… enfin, quand on a arrêté d’élever des animaux pour la viande, on les a relâchés dans la nature, vu qu’ils ne servaient plus à grand chose. La plupart s’en sont assez bien sortis. Sauf les poules, qui se sont toutes faites dévorer dans la semaine. Et c’est seulement après ça que les Français ont déclaré que les coqs mesuraient trois mètres de haut et crachaient du feu. Mais en fait non.
– Et ça avait le goût de quoi ?
– Ben… grosso modo, le même goût que la viande reconstituée, mais en meilleur. Et en plus gras aussi, un peu.
– Mais alors tu devais chasser pour manger ?
– Oui, mais essentiellement dans des supermarchés.
– Mais alors, le poisson reconstitué, c’est aussi fait à partir d’un vrai animal ?
– Ben oui, des poissons. Ils vivaient dans nos lacs, nos rivières et nos mers.
– Ouais, ouais, tu me prends pour un jambon reconstitué ! Vivre dans la mer. LOL, comme on disait à ton époque.

Puis Olaf-Quaywyn s’en retourna chez lui en se disant que décidément, le troisième cerveau de son pauvre grand-père ne fonctionnait pas à plein régime. Pendant ce temps, le vieillard s’enferma à double tour dans la pièce secrète au fond du couloir à gauche dans laquelle personne ne devait jamais entrer et il se confectionna un petit kebab reconstituant avec Kiki et Filou, deux des hamsters de son élevage secret.

Björn Borg de Noël

Il était une fois une petite langouste qui s’appelait Omar.
Omar vivait avec quelques congénères dans le vivier d’un grand restaurant. Il l’ignorait totalement. Comme il était peu aventureux, il n’avait jamais vraiment réalisé que ce qu’il appelait l’océan mesurait en réalité moins d’1 mètres carré. Et comme il était myope et, pour tout dire, pas hyper malin, même selon des critères langoustins, il ne se rendait pas plus compte que ses congénères n’étaient jamais les mêmes d’un jour à l’autre.
Omar était le plus vieux du vivier. En effet, il avait pris pour habitude de se tailler les antennes très fin pour ne pas avoir l’air d’un hippie, car il venait d’une famille très à hippocampe sur les principes. Du coup, il avait l’air moins appétissant et ne se faisait jamais manger. Au début, ses camarades venaient le consulter mais très vite, ils déchantaient :

– Bonjour, monsieur. »
– Hé mais c’est ce vieux Pacôme ! Quoi de neuf ? »
– Non mais je suis nouveau ici, monsieur. J’ai été péché ce matin. »
– Où vas-tu pécher de telles idées ! LOL »
– Bon, je vais vous laisser… »
– Non mais c’est drôle parce que pécher, pécher, tu vois ? »
– Non. »
– Tu fais un peu la gueule, Pacôme, que t’arrive-t-il ? »
– Je vais me faire bouffer et je vais passer mes dernières heures avec un demeuré, y a pas de quoi danser la gigue non plus ! »
– LOL sacré blagueur ! »

Et ce genre de conversations recommençait encore et encore. Jusqu’à la douce et belle nuit de Noël quand, la magie des Fêtes aidant, on vint chercher Omar pour lui faire passer un sale quart d’heure à l’armoricaine.
Des mains le saisirent, il réalisa furtivement son rêve, voler, on lui donna un bon bain chaud. Un peu trop chaud à son goût. Il sortit donc pour se plaindre mais, comme il était myope et pas très malin, il tomba hors de sa casserole et se perdit dans les méandres de la cuisine.
Arrivé dans la rue, il demanda son chemin à un quidam.
– Oh putain, une crevette qui parle ! »
– Mais enfin, je ne suis pas une crevette, je suis une langouste. »
– Hé bien, toutes les langoustes sont dans la nature ! »
– Quoi ?»
– Non, rien. »
– Je crois que je suis perdu ! »
– C’est bien triste, ce soir c’est Noël, viens donc à la maison ! »
– Je ne sais pas trop ce que c’est Noël, mais ok, si je ne dérange pas ! »
– Mais non, pas du tout, au contraire ! »

Et Omar passa une belle soirée, entouré de rires d’enfants, de joie et d’une sauce mayonnaise.

Tie break

Longtemps, l’homme préhistorique a marché nu. Puis il s’est dit « on dirait que ça se rafraîchit, non ? Il y aurait une petite glaciation qui se prépare que ça m’étonnerait pas » et a inventé les habits.
Au début, ça restait assez basique : les habits d’un jour reflétait souvent le repas de la veille (parce qu’ils chassaient, je veux dire, pas parce qu’ils s’habillaient avec des assiettes). On tuait un mammouth et toute la tribu revêtait des pelisses de mammouth, on abattait un lapin et on avait un peu froid mais ça faisait un joli bonnet (qui a d’ailleurs inspiré les actuels bonnets militaires helvètes), on se débarrassait d’un tigre à dents de sabre et les rayures revenaient en force ce printemps.

Comme nous l’avons déjà vu, à cette époque, on s’ennuyait ferme, car il n’y avait pas encore 112 nouvelles chaînes du câble par jour. Mais cet ennui était propice à l’invention de mille nouvelles distractions.

Un jour, un dénommé UuhhGruhhhhhhhr proposa à quelques amis une activité ludique à laquelle personne n’avait jamais pensé :
– Alors on s’assied devant la caverne, on regarde les gens passer et on critique comment ils sont habillés. »
– Ah mais pourquoi ? »
– Ben c’est rigolo. »
– Ah bon ? »
– Mais si, essaie pour voir. »
– Ah ben lui, là, avec ses moufles en peau de biche… Il me fait vraiment penser à une biche. »
– Ouais non, t’as raison, c’est assez nul… »

Mais pourtant, l’idée d’UuhhGruhhhhhhhr finit par prendre et petit à petit, tout le monde s’adonnait à ce nouveau concept logiquement « bichage ». Il décida de mettre sur pied une petite société secrète chargée de déterminer, année après année, ce qui était désormais à la mode, pour que tout le monde sache bien de qui se moquer et de qui ne pas se moquer sinon après c’est l’anarchie.

Grisé par le succès, il ne cessait d’inventer de nouvelles idées toujours plus tordues.

– Alors on dirait qu’une femme serait obligée avant de sortir de chez elle de se plaquer des tas de couleurs faites à base de charbon et d’animaux morts sur le visage. »
– Yiiik. »
– Et aussi, elles devraient marcher avec l’arrière du pied plus haut que l’avant. »
– Mais c’est idiot ! »
– Mais non. Et elles devraient s’arracher régulièrement tous les poils, même ceux du visage, sinon elles seraient la risée de la population. »
– Non alors ça, non, mon pauvre vieux UuhhGruhhhhhhhr, une femme sans poils, ça ne marchera jamais. »
– Oh mais vous avez pas le sens du cool. »
– Mais y en a que pour les femmes, dans ton truc ? »
– Oui. J’aime bien les femmes. »
– Non mais faudrait trouver un truc aussi pour les hommes sinon ils vont se sentir lésés. Qu’est-ce que tu dirais de ça : le comble de l’élégance, pour un homme, ce serait de s’attacher un truc autour du cou ! »
– Non. »
– Mais il y en aurait avec des chats ! Ou des rayures ! »
– Oui… non ! »
– Non mais regarde, ça ferait super joli sur une chemise bien repassée. »
– Une quoi bien quoi ? »
– Attends, je vais te montrer… voilà…. non c’est pas bien serré, encore un peu plus… voilà, parfait ! »

Et c’est grâce à cette intervention salvatrice bien qu’un peu trop musclée (ne faites pas ça chez vous les enfants), première victime de la mode de l’histoire, qu’on n’entendit plus jamais parler d’UuhhGruhhhhhhhr et de ses sinistres idées.