Mon dragon est garé en double file

Si tu lis attentivement ce blog, tu auras peut-être noté mon intérêt marqué pour la fantasy et ma complicated relationship avec la randonnée.

Le truc bien avec la fantasy c’est qu’en général, il se passe un peu toujours la même chose. Tu prends un groupe d’aventuriers, avec quelques guerriers et mages pour buter la gueule des méchants, un nain pour l’élément comique, une meuf pour l’élément romantique, tu leur colles une quête et tu les envoies la résoudre à l’autre bout du pays, dont tu as pris soin de mettre une carte en page 5. A pied, en général.

Puis tu décris sur un minimum de 900 pages comment ils chassent les méchants gobelins, trolls et autres trucs chelou au service des forces du Mal. 900 pages, à pied, et jamais, jamais, tu ne vois un de tes héros se plaindre d’avoir des cloques alors qu’il n’a probablement pas pensé à emporter les chaussettes spéciales pour la marche chaudement recommandées par le vendeur d’un magasin de sport.

De même, jamais ils se trompent de chemin. Les associations de tourisme pédestre doivent être sacrément plus efficaces dans les mondes mal dessinés en page 5 que par chez nous parce que jamais tu ne vois de conversation du genre :
– Méfions-nous, hardis compagnons, dès lors que nous aurons franchi ce champ, nous entrerons dans le pays de Khandi.
– Aurait-il basculé du côté du Mal ? Je ne puis y croire.
– Non, fort heureusement. Mais la signalisation là-bas, c’est une horreur, pire qu’en France, chaque fois que j’y vais je me paume.
– Mais notre puissant mage n’a-t-il pas quelque artefact pour nous guider ?
– Ouais, mais il peut pas s’en servir dans le coin, il a pas pris un abonnement international.

Et même s’ils doivent affronter kobolds, gobelins et autre trolls, jamais ils ne sont aux prises avec les terribles bêtes qui jalonnent régulièrement le chemin de tout promeneur qui se respecte et encore, je ne te parle même pas des vicieuses et sournoises tiques qui s’installent n’importe où et peuvent te coller des tas de maladies.
– Hardis compagnons, nous allons être obligés de faire un périlleux détour.
– Auriez-vous détecté la présence de quelque diablerie magique ?
– Bien pis, bien pis ! regardez ce panneau !
– « Attention, vaches allaitantes. » Est-ce là ce qui vous effraie ?
– C’est super dangereux quand elles sont avec leurs veaux, je connais un mec dont le cousin a failli se faire charger. Nous ne pouvons prendre le risque de passer.

Grimm et châtiment

Il était une fois, il y a bien longtemps, dans un royaume genre super loin, un prince, pas des masses charmant. Comme, de plus, il était le futur roi d’un royaume de moins de 40 mètres carrés, sa seule chance pour se dégotter une princesse était de venir à bout d’une quête.

Il se rendit donc à l’Agence Nationale de Placement des Princes afin de s’enquérir des possibilités de sauver de l’héritière de trône en détresse sans trop se fatiguer, car il était un peu feignasse sur les bords.

– Ah y a bien un truc, lui dit le comte chargé de répartir les missions, une meuf qui pionce depuis cent ans.
– Et faut la réveiller ? Ça me tente, mon père regardait l’inspecteur Derrick donc je sais bien réveiller les gens plongés dans un sommeil éternel.
– Oui alors je te cache pas qu’il y a aussi une mission, hein, c’est pas que ça, faut qu’on vende les droits à Disney et en ces temps de crise ça devient compliqué.
– Un maléfice ? J’aime pas trop ça les maléfices. Une méchante sorcière qui l’a endormie pour se venger ?
– Non non elle s’est endormie après une fête un peu trop arrosée et là on peut pas la réveiller.
– Un dragon alors ? Non parce que moi les dragons je fais pas.
– Non, non, pire.
– Non mais parce que les dragons, ça tache et après c’est tout un bordel pour nettoyer.
– Oui non mais là c’est pas ça. Non mais tu vois, la meuf, elle dort depuis un siècle.
– Ouais c’est cool, toutes ces histoires de libération de la femme elle connaît pas, elle risque pas de se barrer pour enregistrer un disque avec un poissonnier.
– La ferme. Donc je te cache pas que chez elle, c’est un peu les écuries d’Augias…
– Des écuries ? Non mais les chevaux je fais pas, c’est super dangereux !
– …le bordel…
– Un bordel ? Ça non plus je fais pas, hein !
– … le chenit quoi.
– Ah ouais mais les communes de la Vallée de Joux je fais pas !
– Non mais arrête, on est en train de perdre tous nos lecteurs, là. Bref, elle s’est endormie, y a un siècle…
– Jusque là j’avais suivi ouais.
– Et du coup y a de la mite alimentaire dans tous les placards, une horreur, le service de nettoyage est passé parce que les princes charmants aiment pas trop les insectes en général, ça nuit à leur image, mais pas moyen, ça revient toujours ces saloperies de bêtes là.
– Bah moi je suis pas charmant, ça marche, je prends !

Alors le prince s’en fut vers son tragique destin mais là, il y est toujours.
(et je vous laisse méditer une semaine ou deux sur ce conte très beau et porteur d’espoir)

Plein le ddos

L’autre jour, twitter, facebook et tout ce genre de trucs ont été ralentis, voire paralysés, entraînant de terribles conséquences économiques. Des millions de gens de par le monde ont en effet été obligés de travailler, ce qui a entraîné des surcharges de trafic à la machine à café et à la pause clope.

La cause, un attaque DDoS ou attaque par déni de service, à ne pas confondre avec attaque par Denis la Malice, qui est un mauvais dessin animé des années 80. En quoi cela consiste-t-il ?

Que se passe-t-il en général quand quelqu’un nous lance « Dis, tu peux me rendre un service ? » En général, bien sûr, on répond par un oui franc et massif que l’on regrettes, quelques heures plus tard, un piano sur le deux, quand le même quelqu’un ajoute « je t’avais pas dit que c’était au huitième sans ascenseur ? » Plus rarement, on répond « ok, je te rends ta fourchette en porcelaine » : il faut, pour cela, soit avoir volé une fourchette au mandant du service, ce qui ne se fait pas, soit que les deux protagonistes disposent d’un sens de l’humour particulièrement fin et sophistiqué, ce qui est de plus en plus rare en cette période d’individualisme et de consumérisme. Mais rares sont les gens osant dire à brûle pourpoint « Non », sauf après la huitième fois qu’on te fait le coup de « non mais ce sera pas long t’inquiète, y a que 82320 pages à corriger. Non j’avais pas dit 500 francs, mais une photo de Camille Saint-Saëns… Non mais t’inquiète si je peux faire un truc pour toi… ah non pas mardi, je dois nettoyer mon panda. Jeudi aussi, c’est gros un panda. Non la semaine prochaine je peux pas je dois réparer mon générateur automatique d’excuses. »

Or, les gens qui travaillent dans les ordinateurs sont souvent appelés à rendre des services. Selon un récent sondage que je viens tout juste d’inventer pour les besoins de la cause, ce serait la catégorie socio-professionnelle à qui on dirait le plus souvent « dis, toi qui t’y connais, tu pourrais pas regarder un truc, là ? », juste devant les garagistes, les comptables et les trapézistes. Et le fait qu’ils répondent « Non mais j’ai juste suivi des cours du soirs sur Excel, et j’ai envoyé un mail une fois » n’y change souvent rien. Les malheureux se retrouvent à dépiauter le PC familial qui ne redémarre plus depuis que le petit dernier a tenté d’y introduire un CD de Florent Pagny, et quand ils disent des trucs du genre « ah tiens, y a bien beaucoup de fourbi là-dedans », ladite famille émerveillée note le mot « fourbi » dans son grand dictionnaire des mots bizarres qu’il faut utiliser pour briller quand on parle d’ordinateurs.

Que se passerait-il si tous les informaticiens du monde arrêtaient de rendre des services en même temps ? On ne peut pas savoir, personne ne comprend vraiment ce qu’ils font, ces gens. L’attaque DDoS n’a probablement rien à voir avec ça, mais je n’ai pas compris l’explication que m’a fournie le pote à qui j’ai demandé, il travaille dans les ordinateurs je crois.

Bambouléééééé

Quand ils ont inventé les saisons, ils ont fait un peu n’importe quoi : l’hiver ne sert strictement à rien alors que tous les trucs sympa, apéros, pédalo et Paléo, ont lieu en été.

Cela dit, les trois saisons dites inutiles peuvent être mises à profit. Pour s’entraîner. Car le festival est un sport de combat.

L’épreuve printanière de l’achat des billets, plus la musique est au bord du gouffre plus les gens vont à des concerts, histoire peut-être de se souvenir comment c’était bien le rock’n’roll quand, à cause de toi, Matteo, qui télécharge à tour de bras l’intégrale de Maxime Le Forestier, toutes les majors auront fait faillite et que la seule musique que l’on pourra entendre sera celle des sanglots longs de Jean-Côme Vivendi-Universal le soir au fond des bars, n’est qu’un échauffement.

Une fois à Nyon, Benicassim, Belfort, Reading, Adenau, Düdigen ou Landresse, il te faudra affronter de terribles épreuves à côté desquelles Fort Boyard à l’air d’un camp de vacances pour nains.

Tout d’abord l’épreuve d’endurance, seul dans ta voiture, sous le cagnard, pile au milieu de 23 kilomètres de bouchon (pour votre santé, ne sortez pas de l’autoroute à Morges), à écouter le début du concert du type qui joue en ouverture de soirée parce que c’est pas très connu, mais un peu bien quand même.

Puis le téléphone synchronisé : dès ta sortie du parking, tu tenteras de retrouver Hojt, qui arrive un peu plus tard parce qu’il bosse, Gwendoline, qui arrive un peu plus tard parce qu’elle a pris un raccourci et Wienceslas, qui arrive un peu plus tard, parce qu’il est déjà sur place, au camping, et que le seul moment où il peut dormir c’est pendant les concerts. Autour de toi, plusieurs milliers de gens tenteront de retrouver Piotr, Bérénice, voire Esculape, saturant joyeusement 900 réseaux de téléphonie mobile différents.

Ensuite, le slalom géant parallèle. Avant, en festival, tu connaissais une tête d’affiche. Tu allais l’écouter et le reste de la soirée était consacrée aux découvertes musicales, en général celles passées à la radio du bar de l’Amicale du Foot de Pompaples, où tu finissais par passer la moitié de la soirée. Aujourd’hui, à cause de Matteo qui t’a entraîné dans la spirale infernale du téléchargement illégal qui, je te le rappelle, est en train de tuer la malheureuse industrie du disque, déjà morte dans d’atroces souffrances le jour de l’invention de la cassette puis celui de celle du graveur de CD, sur les 20 groupes à l’affiche, il y en a 22 que tu as envie de découvrir (il paraît que la radio du bar de l’Amicale du Foot de Pompaples est bien, et tu as un copain qui joue Stairway to Heaven à 22 heures sur Guitar Heroe au stand de l’Amicale des Geek qui vont en festival jour à Guitar Heroe).

Cette déplorable habitude de ne pas aimer que la musique mainstream est très dangereuse pour l’industrie du kebab, puisque à cause de ce comportement indécent tu n’auras pas le temps de flâner des heures durant entre les stands de bouffe. De même, tu risques de passer une soirée au Paléo sans passer acheter de t-shirts ni signer de pétition contre la guerre et la famine, faute de temps. Cela dit, il faudra bien, à un moment donné, te nourrir et c’est là que ton entraînement hivernal s’avérera de prime importance. En effet, il ne faut pas s’aventurer en festival sans auparavant avoir soigneusement testé ta résistance au régime merguez chantilly – gaufre mayonnaise et sinon, je vais chercher des bières, tu en reprends une ?

Foule

N’oublions pas la redoutable épreuve du lever de bras. Parce que le chanteur t’a dit de la faire et que tu es docile, ou parce que tu tentes de prendre des photos floues, voire de faire des enregistrements inaudibles qui iront rejoindre des milliers d’autres enregistrements inaudibles sur youtube. Dis-toi que grâce à la mode du téléphone portable, tu échappes à la bien plus terrible épreuve du secoué de briquet qui, en plus de coller des crampes, brûlait les doigts et, surtout, te laissait fort dépourvu quand tu voulais donner du feu à ta jolie voisine. Ne passons pas sous silence la toujours périlleuse immersion dans la foule parce que tu viens de recevoir un sms de Hojt, il est vers le huitième rang, un peu sur la gauche (tu le vois qui agite le bras, là)(enfin tu vois 432 bras qui s’agitent, l’un d’eux lui appartient probablement).

Bras

Une fois tous ces obstacles surmontés avec succès, il ne te restera plus que l’affrontement final, seul face à l’immensité du parking boueux, tentant de retrouver ta voiture, encerclé par plusieurs milliers de personnes qui ont eu la même idée géniale que toi, tenter la feinte de l’ouverture à distance, c’est joli toutes ces voitures qui s’illuminent dans la nuit, ça fait très ambiance disco.

J’ai demandé à la lune

Tu le sais peut-être, des gens prétendent que l’homme n’aurait jamais posé le pied sur la lune. Que tout ça ne serait qu’un vaste complot. Qu’en fait, Armstrong, Aldrin et l’autre que si tu sais son nom, tu vas cartonner dans les jeux télé, se seraient trompés de chemin, auraient eu honte de demander leur route et auraient enregistré toute la scène dans un studio d’enregistrement secret situé sur Pluton. Et que Armstrong aurait en réalité déclaré « Un petit jus de pomme et un grand décaféiné ».

Mais il y a bien d’autres mensonges qui n’attendent que d’être révélés, et on ne me fera pas taire.

Par exemple, la coupe du monde 1998 de football n’a jamais eu lieu. Tout porte à croire que les images ont été montées de toutes pièces. Attends, la France championne du monde, tu y as cru ? Une recherche rapide sur les protagonistes de cette mascarade mise sur pied par les gouvernements afin de détourner l’attention publique des vrais problèmes te prouvera facilement que tous étaient en fait des acteurs de publicités.

Mais il y a a bien plus grave, la découverte de l’Amérique en 1492. Attends. le mec, il part avec trois bateaux, il arrive avec trois bateaux alors que même Leonardo diCaprio a pas réussi à faire le trajet sans couler au milieu, il trouve un nouveau continent, tranquille, il était là depuis des siècles mais personne l’avait vu, à part les Vikings, les Chinois et quelques autres mais comme ils avaient oublié d’en causer, ça compte pas. Il revient, il est persuadé d’être allé en Inde. Bon, moi je connais des gens qui se sont retrouvés à Antalya avec un guide d’Istanbul dans la valise, ok, mais des gens qui sont allés à Los Angeles avec le routard de Bombay, ça, non. Débarquer à Cuba et penser être à Macao, déjà là, c’est pas crédible. Revenir, peinard, dire « Les mecs j’ai découvert l’Inde, c’est nul, y a pas un resto chinois », rentrer chez soi s’amuser avec des oeufs pendant que plein d’explorateurs partent sur tes traces, c’est du grand n’importe quoi. A mon avis, l’Amérique n’a jamais été découverte, n’a même jamais existé, tout ça est un mensonge du gouvernement américain pour relancer le tourisme.

Quant à la question de la lune, soyons sérieux : on ment en général pour des trucs importants. Genre parce qu’on a oublié de faire son devoir de conjugaison, ou qu’on s’est trompé d’adresse à l’heure de faire son devoir conjugal. Marcher sur la Lune, c’est un peu comme jouer au golf ou aller à Moudon, ça ne sert pas à grand chose. Donc si quelqu’un te dit qu’il l’a fait, crois-le, sauf s’il ajoute « c’est pour ça que j’ai pas eu le temps de racheter du pain ».

billet fédérateur

J’ai bien senti, en six ans et des brouettes de blogage, que la Suisse était un concept mystérieux et évanescent. Si je résume bien toutes les questions qu’on m’a posées depuis que j’arbore fièrement un .ch dans mon adresse, les Français pensent que la Suisse est un pays peuplé de marmottes au sommet d’une montagne au fond d’une jungle au milieu d’un désert. Où l’on ne paie pas d’impôts.

J’ai donc décidé de vous parler de quelques-une de nos coutumes.

Par exemple, en Suisse, nous avons un truc que vous n’avez pas en France, je crois, sinon on en aurait entendu parler un jour : des joueurs de tennis.
Deux pour être précis.
Y en a un, c’est un peu comme le type qui est sur les photos du mariage de ta cousine mais que personne ne sait trop si c’est un ami du marié, de la mariée ou du pasteur : Stanislas Wawrinka, 18e mondial sans que personne ne l’ait jamais vu jouer. (ah si, tiens, vous avez Gilles Simon, en France, pardon)
Et il y a Roger Federer, en passe d’être déclaré nouvelle religion d’état de la Confédérération, loué soit son coup droit, puisse l’herbe de Wimbledon à jamais rester verte sous ses chaussures sacrées (89 ¤ la paire).

L’autre jour, dans ma radio, des gens très sérieux se demandaient si Roger Federer incarnait les valeurs de la Suisse. Un mec qui pratique un sport dont les matches sont de durée variable, incarner les valeurs de la Suisse. Laissez-moi rire. S’il avait poutzé son match contre Murray avant 18 heures, histoire d’avoir le temps de souper avant le TéléJournal, je comprendrais qu’on se pose la question, mais là, restons sérieux ! Bon, très bien, mais puisqu’on en est là, concrètement, dans ma vie de tous les jours, à quoi ça me sert d’être de la même nationalité qu’un mec qui gagne des matches de tennis ?

Or, Federer peut beaucoup nous apporter.

Je ne céderai pas à la facilité en te rappelant qu’il gagne en trois heures de baballe de quoi financer un ou deux plans de relance. Non. ce serait mesquin. Après tout, si des gens préfèrent devenir caissière à la Migros plutôt que numéro un mondial de tennis, c’est leur problème et faut pas qu’ils viennent se plaindre après.

Mais je te parlerai des qualités de Federer, dont tu peux t’inspirer pour ta vie quotidienne de tous les jours.

Dans ma radio, ils disaient « Federer incarne les valeurs de la Suisse, car il est modeste ». Je te laisse réfléchir un peu à la dose de modestie qu’il faut pour dire sérieusement « Je me sens très proche de cet homme qui reste très modeste malgré son génie », mais tout de même. Force est de constater que Roger a réhabilité la valeur gentil. Je sais pas si ça s’est vu, mais c’était devenu une insulte, gentil. Or, cela va changer et on constate déjà, dans les préaux des écoles suisses, un léger changement : « Oui, ok, j’ai frappé Pablo pour lui piquer son goûter, mais il faut reconnaître qu’il s’est bien défendu et que c’était un très bon goûter ». De même, toi qui te faisais moquer parce que tu pleurais pour un oui pour un non, dis-toi bien que tout te sera pardonné quand tu seras numéro un mondial de tennis (mais je pense que ça peut marcher avec d’autres sports)(sauf le badminton). Et toi dont on riait parce que tu cousais tes initiales sur tes caleçons, j’espère que tu as bien regardé les chaussures de RF.

Il a également revalorisé les prénoms de merde. Dans le monde, des milliers de gens portant des prénoms difficiles à porter se sont identifiés à Federer et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, on retrouve des Stanislas, des Robin et des Jo-Wilfried sur les courts du monde entier.

Enfin, surtout, il prouve qu’on peut être numéro un mondial de tennis et être très heureux avec une femme mochephysiquement différente et qui fait toujours la gueule émotionnellement différent. Je sais pas si tu as remarqué mais quand tu es sportif (ou politicien), tu te dois d’exhiber ta femme (alors que si tu es sportive ou politicienne, on te laisse relativement tranquille avec ça, je sais pas si tu as remarqué). Comme un trophée de chasse. Or, oui, il y a encore dans ce monde des gens qui préfèrent tirer le faisan qui n’a pas la robe la plus mordorée. Et c’est un beau message d’espoir.

Roger a également fait beaucoup pour la cause du tournage de veste. Car au gré de ses performances, les mêmes ont pu tour à tour, sans rougir, le dire fini puis crier au génie en oubliant quelques légers détails au passage (Rafael qui, vous dites ? Revenir ? Jamais entendu ce nom, désolé, je crois que vous faites erreur)

Donc pour résumer, être de la même nationalité que Roger Federer, ça permet de causer d’autre chose que de Michael Jackson cinq minutes.

Marabout en train

– Oui bonjour, je vous appelle parce que j’ai reçu votre flyer dans ma boîte aux lettres…
– Très bien, que puis-je faire pour vous ? Chance au jeu peut-être ? Retour de l’être aimé ? Ça marche bien en cette saison, ça, les gens l’abandonnent sur une aire d’autoroute et après ils ont des remords.
– Voilà, j’ai un blog, avant je devais me contenir pour ne pas poster quatre fois par jour et là c’est tout juste si j’arrive à un post toutes les quatre semaines, ça m’inquiète.
– Ah oui mais alors là non, ce n’est pas du tout dans mes attributions !
– Mais pourtant vous dites « marabout très puissant »…
– Oui oh, si vous croyez tout ce que dit la pub aussi… Non moi je débute dans le métier, pour arrondir les fins de mois.
– Et c’est quoi, votre truc ?
– Tennisman professionnel.
– Et vous avez besoin d’arrondir vos fins de mois ?
– Grave. Avant ça gagnait bien, je dis pas. Mais là, depuis un moment, partout où je vais, c’est Federer qui gagne. Du coup, c’est la crise.
– Vous exagérez.
– Pas du tout. L’autre jour, je me dis tiens, si je prenais un billet de Tribolo ? C’est Roger Federer qui a gagné deux francs.
– Vous devez en avoir marre !
– Je suis à bout.
– Bon je suis désolé pour vous, mais on fait quoi pour mon problème, là ? Vous savez ce que c’est, les dialogues qui s’éternisent, après le lecteur se perd.
– Ce que je peux faire, c’est vous souffler un jeu de mots avec marabout, pour le titre. Ça fera 417 francs. Merci.
– Ah ouais mais celui-là je l’ai déjà fait en 1927, en plus on n’a pas du tout parlé de train dans ce billet.
– Je vous entends mal, je suis dans un tunnel.

Meds alors

Aujourd’hui, c’est la fête de la musique : bonne fête à toutes les musiques

Ça me fait justement penser que Placebo a sorti un nouvel album. Après avoir sorti trois fois le même. Ça s’appelle « Battle for the Sun » et Brian Molko, tu sais, le chanteur qui ressemble un peu à Soan de la Nouvelle Star, explique à qui veut l’entendre (et comme il cause français, tout le monde veut l’entendre, tu penses) que cet opus est celui de la maturité rédemption, parce qu’avant ils se droguaient, maintenant plus.

Deux questions se posent donc : Peut-on faire du rock’n’roll sans drogues, peut-on encore troller sur Placebo de nos jours ou a-ce autant d’effets que des faux médicaments, ah oui, tiens, j’avais jamais fait le rapprochement, et au fait, de quoi causent leurs nouvelles chansons, hein ? J’espère que la traduction vous conviendra, même si mon Japonais est meilleur.

I, I, I, will battle for the sun, sun, sun.

Je, je, je me battrai pour le soleil
Brian Molko reprend ici un thème très fort, celui du soleil, comme avant lui William Baldé et Jenifer. Mais il ne faut pas voir cette bataille pour le soleil au sens premier : on ne peut pas vraiment se battre pour le soleil, on risque de se brûler les doigts très fort. Non, il y a dans cette chanson un sens métaphorique.
Il s’agit en fait d’une dispute entre deux amis, l’un deux veut partir en vacances à Douarnenez, l’autre préférerait une destination plus exotique et plus chaleureuse. C’est donc une chanson engagée, mais pas trop.

And I, I, I wont stop until I’m done, done, done.

et je, je, je ne m’arrêterai pas avant d’avoir fini
Molko est bien décidé à exposer tous ses arguments.

You, you, you are getting in the way, way, way.

Tu, tu, tu es dans le chemin, min, min
Quand bien même il doit pour cela se heurter à l’opposition farouche de son interlocuteur.

And I, I, I have nothing left to say, say, say.

Et je, je, je n’ai rien d’autre à dire, dire, dire.
Bon, finalement, il en avait pas des masses, d’arguments.

I, I, I, I, I will brush off all the dirt, dirt, dirt, dirt, dirt, dirt, dirt.

Je, je, je, je, je nettoierai toute la saleté, saleté, saleté, saleté, saleté
Un argument de son ami le fâche : celui-ci affirme que dans les pays du sud, la propreté des chambres d’hôtel laisse souvent à désirer. Si tel est le cas, rétorque ce bon Brian, je m’engage à faire un brin de ménage.

And I, I, I, I, I will pretend it didn’t hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt.

Et je, je, je, je, je, prétendrai que ça ne fait pas mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal
Même si je n’aime vraiment pas le ménage, je le ferai avec le sourire, ajoute-t-il.

You, you, you, you, you, are a black and heavy weight, weight, weight, weight, weight, weight, weight.

Tu, tu, tu, tu, tu est un poids noir et lourd, poids, poids, poids, poids, poids, poids
La discussion s’envenime, le ton monte, les insultes fusent. La colère fait perdre tout discernement à Molko, puisque tout le monde sait que les poids ne sont pas noirs, mais rouges.

And I, I, I, I, I, will not participate, pate, pate, pate, pate, pate, pate.

Et je, je, je, je, je ne vais pas participer, per, per, per, per, per
Il prévient : si Douarnenez il y a, ce sera sans lui.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

Rêve frère, mon tueur, mon amant
Rêve frère, mon tueur, mon amant

Les relations qui lient les deux protagonistes sont troubles.

I, I, I will battle for the sun, sun, sun, sun.

Je, je, je me battrai pour le soleil, soleil, soleil

Cause I, I, I, have stared down the barrel of a gun, gun, gun, gun, gun, gun, gun.

Parce que j’, j’, j’ai regardé à travers le canon d’un pistolet, pistolet, pistolet, pistolet, pistolet.
L’ami de Molko le menace d’une arme, ce qui est tout de même légèrement exagéré vu le sujet de la dispute.

No fun, you, you, you, you, you are a cheap and nasty fake, fake, fake, fake, fake, fake, fake.

Sans blague, tu, tu, tu, tu es un bon marché et désagréable faux, faux, faux, faux, faux, faux
Brian Molko se rend alors compte que cette amitié n’était pas d’une grande valeur. Et c’est vrai que, bien souvent, quand un ami vous brandit un barillet sous le nez, vos rapports sont ensuite à jamais faussés.

And I, I, I, I, I am the bones you couldnt break, break, break, break, break, break, break, break!

Et je, je, je, je, suis les os que tu ne pourras pas casser, casser, casser, casser, casser!
Brian Molko prévient alors son désormais ex-ami que, si d’aventure, ils devaient en venir aux mains, il ne faudrait pas se fier à son apparence de freluquet et qu’il a l’os pour le moins solide. Je ne voudrais pas émettre de jugement, mais je crois qu’il se surestime un peu.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

[Instrumental Solo]

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

I, I, I will battle for the sun.

Rêve frère, etc. etc. etc. etc.
C’est une chanson très dure sur un thème très fort, mais avec tout de même quelques légères répétitions.

Un million, c’est cher pour une chute

Mêmes causes, mêmes conséquences :

Puisque tu aimes les éléments autobiographiques, je suis tombé dans une dépendance terrible. Questions pour un champion online. L’autre jour, alors qu’un Julien Lepers virtuel s’énervait, en finale, on m’a posé une question qui commençait ainsi : Discipline scolaire, je suis une spécificité française…

Alors j’ai commencé à pâlir, à blêmir, à me demander si vous aviez des cours de fromages, auquel cas je déménage demain et repasse mon bac immédiatement, des cours d’oenologie, des cours d’andouilles… Mon adversaire, lui, s’est posé moins de questions et a répondu « les maths ». C’est là que je me suis demandé « ils parlent quand même pas de la philo ? » Bon. La philo est une spécificité française, Jean-Raymond Platon et Antonin Nietzsche vous le diront.

La spécificité française, donc, ce n’est pas la philosophie en elle même mais le fait que chaque année ça fait un sujet d’actualité. Cette année, ça risque de passer un peu au second plan, vu qu’il y a des événements plus importants qui mobilisent les journalistes : Barack Obama a tué une mouche. Heureusement, je suis là.

Série L:

Le langage trahit-il la pensée ?

Bien sûr. Par exemple quand une fille te demande « à quoi tu penses ? » juste après l’amour, tu aimerais lui répondre « Je pense que tu es comme un roseau qui ondule dans les champs de coquelicots, le soir, sous l’étendue intense de l’ellébore fragile, viens, partons, envolons-nous pour des mondes sans frontières où l’amour touche les ailes des oiseaux » et tout ce que tu arrives à dire est « graaaouh ».

L’objectivité de l’histoire suppose-t-elle l’impartialité de l’historien ?

L’objectivité de l’histoire suppose surtout une machine à remonter dans le temps.

Série ES :

Que gagne-t-on à échanger ?

L’intense satisfaction d’enfin arriver à terminer un album Panini.

Le développement technique transforme-t-il les hommes ?

Pour le savoir, mettons-nous en situation et proposons à UuuhGruhrrr d’ouvrir un compte twitter.
Après un premier temps d’adaptation, où il tente de l’ouvrir à coups de massue, qu’observons-nous :
Aujourd’hui on mange du mammouth LOL
RT @UuuhGruhr Aujourd’hui on mange du mammouth LOL
Bon il faut que j’aille chasser j’ai pas envie VDM
Trop dur la vie aujourd’hui je me suis coupé avec un silex LOL
Donc oui, le développement technique transforme les hommes, en leur permettant de manger plus équilibré et de se raser proprement grâce à ses 21 lames.

Série S :

Est-il absurde de désirer l’impossible ?

Ne me demande pas ça, je suis fan de Servette.

Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?

Celle là, par exemple. Et pourquoi Indochine, aussi.

On vit une période très DJ*

Au commencement, il y eut les related videos sur youtube : parce que tu avais, dans un moment de faiblesse, voulu te réécouter Chop Suey, tu te retrouvais, mi-fasciné mi-effrayé, à regarder la reprise du même plat chinois par Jojo et son banjo. Puis, c’était plus fort que toi, tu cliquais tant et plus que finalement, mi-horrifié mi-horrifié, tu étais désormais en train de regarder la vidéo de Mariette et son bandonéon en train de reprendre Je te donne seule devant sa webcam.

Puis vint facebook et ses people you may know et plus les créateurs du célèbre réseau social de perte de temps affinaient l’algorithme, moins tu connaissais ces gens que tu étais supposé connaître. Et plus tu te rendais compte que quatorze de tes amis étaient fans des couchers de soleil et vingt-trois du cancer de la prostate. Pendant cinq ans, tu as donc refusé de parler à quiconque.

Mais pendant ce temps-là, la mode s’étendit. Tu t’en rendis compte le soir où tu décidas de sortir de ta tanière pour aller au cinéma voir « La Nuit au musée 42 ». A la sortie, un employé du cinéma vint te dire « les gens qui ont aimé ce film ont aussi aimé Astérix, les glaces à la vanille, danser le fandango et les arbres ».

Puis au restaurant, le serveur t’affirma sans sourciller « si vous avez aimé le steak de boeuf au poivre vert vous aimerez aussi le filet d’agneau aux champignons, la bavette à l’échalote et la salade aux 7 porcs ». Effrayé, tu t’enfuis, mais comme tu avais un peu bu (de « les clients qui ont apprécié le pinot de Toul ont aussi commandé le Gewurztraminer vendanges tardives » en « si vous avez apprécié la mirabelle, ne manquez pas la williamine », tu t’es même retrouvé à commander une Suze).

Tu rentras ensuite à la maison avec Hanneke, ta jeune épouse, mais au centième « convaincu par la brouette norvégienne ? ne manquez pas le poney renversé », tu décédas d’une crise cardiaque en pensant que rien de tout ceci ne serait arrivé si tu étais resté tranquille chez toi à cliquer sur le fameux « lien bien au hasard » du célèbre blog « bon pour ton poil » qui, à cette époque, était devenu blog officiel du gouvernement moldave.

*Je t’en prie, ne cherche pas la signification du titre.