Tout le monde le sait, la fin du monde est prévue pour le 21.12.2012. Et au vu des préliminaires, c’est mal parti pour une fin genre « On fait un bisou et on éteint la lumière ». On est nettement plus sur du « On éteint la lumière, on se montre nos côtés sombres et on zigouille tout le monde à la petite cuillère ».
Pour se protéger de la fin du monde, oublie, c’est foutu, c’est écrit dans les calendriers mayas, c’est te dire l’inéluctabilité du truc. Mais on peut un peu minimiser son impact émotionnel. En se dépêchant de tomber dans la misanthropie.
Et pour cela, l’homme moderne a un outil formidable : les réseaux sociaux. Si tu sais choisir convenablement tes amis, Facebook et Twitter sont un peu comme un métro à l’heure de pointe pour un télépathe : une incitation à dévorer en quatrième vitesse le best-seller « Osez… vivre en ermite ».
Mais pour la misanthropie comme pour la procrastination ou pour les sitcoms en live, le plus important est de bien choisir ses amis. Il faudra donc te munir d’un compte Facebook, d’un compte Twitter et des amis suivants :
le dragueur compulsif
L’équivalent virtuel du mec qui, dans les soirées, commence par scruter ostensiblement l’assemblée, les mains dans le dos, à la manière d’un éleveur bovin dans une foire aux bestiaux, à la recherche d’une personne sur qui balancer sauvagement son dévolu. Lui, il fait ça dans ta liste d’amis Facebook. Tout, pour lui, est sujet à l’interprétation graveleuse, au sous-entendu vaseux, au like libidineux. Il commencera par t’amuser, te fera un peu de peine s’il est du genre à manger à tous les râteaux, mais te confortera assez vite dans l’idée que le mâle de sexe masculin n’est guère fréquentable. Et, si ça se trouve, il parviendra à conclure avec Pernula, que tu couvrais pourtant de pokes depuis des mois.
le narcissique dépressif
Avec, avouons-le, un certain talent et une imagination sans bornes, il arrive à se plaindre de tout. Un vent de liberté souffle sur l’Afrique du Nord ? « Je vais devoir annuler mes vacances » Une centrale explose au Japon ? “Pff, je ne vais plus pouvoir manger de sushis ». Tu annonces, éploré, à la virtualité tout entière le décès de ton caniche nain ou de ton grand-père ? Il est le premier à commenter « Pff c’est comme moi, j’ai un rhume »
l’optimiste
Il est plutôt sympa, mais sa tendance à s’enthousiasmer pour un oui pour un non finit par te rappeler que… Bon, ok, c’est juste moi qui ai un problème sérieux avec les gens qui emploient plus de dix-sept points d’exclamation par phrase, suite à un terrible accident de ponctuation.
le mec au premier degré
Incapable de saisir la moindre ironie alors qu’il passe la moitié de ses journées sur Twitter, un réseau social principalement dédié aux jeux de mots sur les lapsus, les morts et les catastrophes naturelles, il est tout à fait capable de t’expliquer tes propres blagues. D’où hésitation entre laisser passer, en rajouter une couche ou t’abaisser au désormais condamné par toutes les instances compétentes « han mais c’est du deuxième degré », d’où frustration, d’où aigreur, d’où misanthropie réussie.
le naïf
Parce que bon. La première fois que tu l’as vu cliquer sur « Incroyable, regardez ce qu’il a fait après avoir mangé un kougloff », tu n’as rien dit. La deuxième fois (« Cauet raconte une super blague à un kougloff »), non plus. La troisième, « Cette fille nue mange tous ses vêtements en les confondant avec un kougloff », toujours pas. Mais il t’invite huit fois par jour à deviner qui regarde le plus ton profil (en mangeant du kougloff) et ça commence à t’inquiéter, il est quand même maire de ta commune.
le chat
A priori, il est plutôt sympa, même s’il publie des vidéos de chats et des jeux de mots, et joue à FarmVille. Mais le problème, c’est qu’il a des amis. Beaucoup. Qui ont l’air de penser qu’ils sont vraiment des chats. Et te donnent envie de faire du tennis.
le geek autoproclamé
Il adore internet, il connaît tous les mèmes, il sait même que ça ne s’écrit pas comme ça. Sa plus grande joie dans la vie c’est de t’avoir rickrollé, il utilise à dessein et sans sourciller des trucs bizarres comme haters gonna hate ou pathignon, il dit +1 quand il est d’accord avec quelqu’un, il appelle tous les blogueurs à la mode du moment par leur prénom, il a lu et applique à la lettre les 1512 articles intitulés « comment gagner des followers sur twitter » sans jamais se demander « pourquoi gagner des followers sur twitter ». Il retweete tout ce que dit @maitre_eolas, même s’il n’y a rien compris. Surtout s’il n’y a rien compris. Il se tient au courant de l’actualité pour pouvoir être le premier à faire des jeux de mots dessus, et ainsi, gloire suprême, être cité dans le premier article de 20minutes ou de melty qui parlera du hashtag cool de ces 20 dernières minutes. Il dit merci et bonsoir pas parce qu’il trouve ça dans le contexte, mais parce qu’il a lu que ça se faisait, un peu comme un type qui aurait appris par coeur tout Nadine de Rotschild mais se moucherait dans la nappe parce que c’est pas précisé qu’il ne faut pas le faire.
Un jour, il a fait une phrase complète entièrement de lui, sans rien copier sur personne. Depuis, il a très peur pour sa e-reputation.
le mec qui n’en manque pas une pour faire son auto-promo









