A l’arrière de Berlin

Charmante bourgade de 3,5 millions et quelques sangliers sise au confluent de la Spree et de la Havel, Berlin est également la capitale du Land de Berlin.

Origines

En 1191, un mardi, le duc de Zähringen fonde une nouvelle ville, à laquelle il donne le nom du premier animal abattu dans la forêt du coin : Berne, de Bär, l’ours, future capitale suisse. Jaloux, les Allemands décident de eux aussi buter un animal et donner son nom à une ville qui deviendra leur future capitale. Cependant, ils ne tueront qu’un ourson mignon, en allemand ancien « Lug da, ds Bärli, so süss ! », qui deviendra Berlin.

Histoire
Comme il est interdit, sur Internet, d’utiliser les mots « nazis », « communistes » et « Hohenzollern », le chapitre Histoire sera exceptionnellement remplacé par une photo de poney prise à la Hauptbahnhof

Climat
Voir gastronomie.

Gastronomie

Berlin n’est pas seulement la ville des boules de Berlin, hommages permanents au cholestérol, boules de pâte farcies de confiture et délicatement recouvertes d’une petite soixantaine de kilos de sucre. Non. Berlin la multiculturelle est également la ville d’origine d’un plat emblématique de la fusion food, cette cuisine qui marie savamment les traditions culinaires de différentes provenances pour se les réapproprier. Ainsi, le savoir-faire charcutier germanique, les audaces culinaires outre-atlantiques et les saveurs épicées orientales ont donné naissance à ce plat si unique, la Currywurst. Accompagné évidemment de pommes frites, ce plat savoureux couvre à lui seul les besoins annuels en gras d’un ménage moyen.
Le dimanche, à Berlin, c’est le jour de l’empiffrage. Lors de vos brunches, plutôt que d’aller vous resservir toutes les 5 minutes, remplissez vos assiettes sur une douzaine de couches. Non seulement vous éviterez de perdre quelques unes des précieuses calories emmagasinées, mais, grâce aux glissements, vous pourrez donner naissance à de nouveaux mélanges de saveurs originaux, ainsi de ce mélange oeuf – confiture de cerises qui a eu son heure de gloire à la fin des années 90 : le Spiegelei Cherry.

Tourisme
Longtemps, on a visité Berlin pour son célèbre mur. Jaloux que les maçons soient toujours au centre de l’attention, d’autres corps de métier ont vivement réagi et Berlin est aujourd’hui une capitale de l’electro.

De nombreux parcs immenses sont situés en plein coeur de Berlin. Mais que les amateurs d’urbanisme sombre et humide ne renoncent pas pour autant au déplacement : ils pourront en effet rencontrer de véritables punks dans leur milieu naturel, de splendides squats où de magnifiques objets d’art anticonsumériste traditionnel, à faire pâlir de jalousie tous vos amis, sont en vente.

Quelques Berlinois célèbres
John Fitzgerald Kennedy
Knut
le Spandau Ballet
Le FC Hertha Berlin, seul club de football au monde dont les joueurs sont des jambons.

Culture
Il paraît qu’il y a pas mal de musées et de monuments à Berlin, mais bon, pourquoi visiter des musées et des monuments quand on est dans une ville où le demi-litre de bière coûte le prix d’un demi-centilitre d’eau à Paris et d’une photo de chope en Suisse ?

Comme un oiseau sur le fil du rasoir

– Alors, il paraît que tu as un blog ? »
– C’est vrai, il est bleu. »
– Et ça parle de quoi ? »

Cette question me fit blêmir comme la rosée du matin.

– Euh, bah… des fois, y a des blagues sur les poneys et puis sinon… il est bleu. »
Gunda, ma community manager imaginaire, me convoqua immédiatement dans son bureau, une pièce exiguë et sombre décorée avec goût et des objets en inox.

– Putain, merde », me dit-elle dans son français des quartiers (car elle était originaire de la Vignettaz, qui est un quartier), « il faut que tu trouves un fil rouge à ton blog sinon, on court tout droit à la débandade. »

Je tentai vaguement de glisser une blague sur le fait que c’était en avril qu’il fallait découvrir son fil rouge, et puis que je préférais quand même le bleu, mais seule une pointe de consternation vint faire soubresauter l’impassibilité scandinave de son visage elliptique.

– Tu as déjà pensé au sexe ? »
– Ecoute, Gunda, tu es imaginaire, je préfère qu’on reste amis. »
– Tu as déjà pensé au sexe ? », derechefa-t-elle.
– Ben… j’ai été nerd dans les années 90 alors… »
– Non mais sur ton blog ! »
– Non mais arrête de dire n’importe quoi, Gunda. Je veux dire, ok, c’est un sujet intéressant, mais de là à en parler sur un blog ? Pour y dire quoi ? Premier billet :  » le sexe, c’est super. Et vous ?  » Deuxième billet :  » Si je me mets comme ça (voir figure b) et que je mets mon doigt là et mon pied là, ça reste super. Et vous ? « . Non, à mon avis, un blog qui ne parle que de sexe, ça ne se fera jamais ! »

Je vis une veine tressauter dans son visage lusophone.
– Bon alors un sujet pas super à faire mais dont on peut parler pendant des heures… l’équipe suisse de foot, la politique ? »
– Mouais… »
– T’es chiant, un peu. Les tutos maquillage, ça plaît toujours mais je sais pas pourquoi, je te vois pas bien là dedans… »
– Hmpf !»
– C’est pas une raison. Bon, la cuisine, tu aimes la cuisine ? »
– J’adore. Tu reprendras un peu de pâtes au Gruyère ? »
– Bon en même temps, le marché est un peu saturé. Tu aimes les bébés animaux ? »
– J’adore, mais l’humour de leurs amis est un peu trop glacé et sophistiqué pour que je m’y risque… »
– Et tu as déjà pensé à raconter ta vie sur un ton décalé et désabusé ? Ça marche bien, ça ! »
– Ouais, j’y ai pensé. »
– Et alors ? »
– Bah vendredi dernier, j’ai été à la poste. Et ce matin, j’ai acheté du pain. »
– Ouais, ok, je vois. Trouvons autre chose. ».
– Non mais attends, on peut essayer », insisté-je. « Tu me connais, j’adore le pain. Alors ce matin, j’étais à la boulangerie et j’ai dit, bonjour, donnez-moi une belle baguette… »
– Et un blog sur les chaussures à velcro, tu y as pensé ? »

La discussion se poursuivit pendant de longues heures, au cours desquelles nous évoquâmes moult sujets porteurs, le macramé, l’herpétologie, l’influence de la politique sur la cuisine, les tutos couture, les dindons, les tests comparatifs d’enclumes, les endives, Nicola Sirkis, l’histoire suisse, le pâté, les nouvelles technologies, les anciennes technologies, la danse, la météo, l’astrologie, les mots croisés…

– Bon, y en a marre », souffla l’impétueuse Gunda, « je démissionne. »
– Attends, et si le fil rouge c’était : les billets sans chute ? »
– Ah, oui, ça c’est pas mal ! »
– Hé, au fait, tu as remarqué qu’on était le 11/10 et qu’il était 14 heures 12 ? »
– C’est fou ! Le monde est petit ! »

Thumbs Up

Il y a des inventions qui ont durablement marqué leur époque et changé le cours de l’Histoire : le feu, l’agriculture, l’imprimerie, la télévision, la politique, les filets de maquereau surgelés et le like sur facebook.

D’un seul clic, on pouvait désormais dire « Je suis bien d’accord avec toi », « Quel comique tu fais », « J’aime tout ce que tu dis mais c’est juste parce que j’aimerais coucher avec toi » ou encore « Il se passe quoi si j’appuie-là ? » Vos amis pouvaient enfin claironner leur passion pour des centaines de trucs dont « les chatons », « avoir des relations sexuelles avec une personne majeure et consentante » et « Incroyable, il mange un kougloff en faisant du monocycle, vous n’allez pas en croire vos yeux (vidéo qui spamme ton mur en te faisant des bisous, clique, vite) ».

Sur plein de sites sans rapport avec facebook, l’homo internetis pouvait désormais liker comme un fou et s’unir avec le monde entier dans une grande ronde virtuelle d’amour, ce qui aurait dû attirer son attention sur la volonté de Mark Zuckerberg (en français: Marc Montagne de sucre) de faire du monde une dictature bisounours. Sur le forum des amis de la charcuterie, plus besoin de dire « ahlala ce Paulo du 59 nous aura encore tant fait rire avec ses traits d’esprits ! ». Un like, et tout facebook était au courant. Pareil sur tuning-passion, un simple clic permettait d’afficher son amour pour la VW Polo modifiée de Plectrude du 59. Ou encore sur Banque Départementale du 59 online, où l’on pouvait, toujours le pouce lever, clamer haut sa joie d’être enfin dans les chiffres noirs (cette utilisation a toutefois assez vite été retirée du marché).

Ainsi, quand le facebook phone apparut sur le marché, l’engouement fut immédiat. La fonction like était enfin utilisable dans tous les domaines de la vie. Plus d’achat de céréales ou de croquettes pour chat sans vérifier que 42 friends and 173 917 people like this.
Plus d’erreur de jugement possible: quand vous vous demandiez « c’est moi, ou il est nul ce film ? », vous pouviez instantanément réaliser que 93% de la salle l’aimait, qu’il devait donc être super et qu’en ne partageant pas cet avis, vous prouviez être un dangereux ennemi de la démocratie. Pareil pour les concerts, les jeux vidéos, les puzzles 500 pièces, pour tout. Seules quelques applications ne rencontrèrent pas le succès escompté (« 92 personnes, dont 23 amis, ont aimé Kimberley Dévanthéry. J’aime / Je n’aime plus / Je m’en fous »)

Puis Google installa la fonction « J’aime, mais je préférerais quand même une saucisse de veau » sur son Google phone, et c’en fut fini du like.

Mylène, Colin

EDIT : Comme le disait souvent Lao-Tseu à Confucius, le problème, avec les paroles sur internet, c’est que c’est pas toujours super juste. Petite correction de post, donc, avec des paroles un peu moins fausses j’espère.

Se doutait-il, le pétulant Guyzmo, qu’en postant ce commentaire il allait occuper une bonne partie de mon après-midi ?
Il est vrai qu’à la première lecture, je n’ai rien compris. A la 22e, non plus, mais j’avais envie de faire du mal à des bébés animaux. A la 57e, j’ai décidé d’aller voir sur un site de fans s’ils en savaient plus : FAIL, comme on dit dans les milieux autorisés. Quand soudain, l’illumination.

Oui, mais non

Paroles: Mylène Farmer, musique: le mec qui a commis lady Gaga

Tout pas tout dit le monde entier dépend de nous

Cette chanson évoque le destin cruel et fragile de super-héros qui doivent à tout bout de champ sauver le monde alors qu’ils préféreraient prendre un peu de bon temps de temps à autres, que diable.

Destin fragile et monde hostile on devient fou

C’est un métier très difficile.

Tout pas tout dit

dont ils n’ont pas le droit de parler en dehors du bureau.

mais la vie m’effraie elle a bon dos

C’est bien vrai, ça.

De voir que toi rien qu’une fois rend tout plus beau

Heureusement, la jeune super-héroïne magistralement campée par Mylène Farmer trouve un peu de réconfort dans l’amour de Colin, un jeune loup-garou. (Rien ne précise expressément qu’il s’appelle Colin mais ça me fait plaisir)

Regarde-moi, être au pas c’est n’être pas

Mylène déteste les militaires. Elle a bien raison.

C’est peut-être chic de faire du toc
Tac au tac c’est l’ère du toc
C’est non, ah han

Le métier de super-héros paie très peu. Surtout les loups-garous, qui ne peuvent travailler que quelques jours par mois (de la même manière que l’épouse de l’Homme Invisible, Nana Invisible, mais il n’est pas question d’elle dans cette chanson et je ne voudrais pas vous embrouiller.
Pour arrondir ses fins de mois, Colin aimerait fabriquer des fausses Rolex mais Mylène trouve que ça ferait vulgaire.

Bon
C’est peut-être chic, c’est l’ère du toc
Pour l’authentique on traque du stock
Du tac au tac changeons d’époque
Oh oui, dis-moi

Elle préfère user de ses super-pouvoirs et remonter dans le temps pour aller acheter des pièces authentiques pas cher, parce qu’elle aime quand c’est sans contrefaçons.

Dis-moi oui mais non
Ne dis plus jamais non
L’amour, le loup est risque

Là elle fait du chantage affectif : être amoureuse d’un loup-garou, c’est assez dangereux, un moment de distraction un soir de pleine lune et tu te retrouves un bras en moins, alors tu pourrais être d’accord avec moi, quoi.

Dis moi Oui mais Non
Ne dis plus jamais non
Et plus mon coeur sous X

Y a deux choses qu’elle déteste, Mylène, c’est quand on lui dit « non », ou « mon coeur sous X » (c’est plus rare).

Dis-moi oui mais non
Ne dis plus jamais non
L’amour, mon loup se risque

Jonathan et Jennifer

Dis-moi oui mais non
Dieu mon Dieu que c’est long
Sans toi mon corps sous X

Quand elle fait des trucs qu’on voit dans les films X (réparer des photocopieuses, livrer des pizzas) sans Colin le loup, ça dure nettement plus que 15 secondes, elle a pas l’habitude, elle s’ennuie un peu.

Quand nuit meurt, allongé sur le dos
L’amour rend tout plus beau, oh oh oh oh oh

Oui ben on voit bien que t’as pas besoin de te lever le matin pour aller bosser avec des collègues revêches alors que l’amour reste encore 5 minutes au lit, mais je m’égare.

Dis-moi oui mais non
Ne dis plus jamais non
Amour, le loup c’est ton nom

Oui, j’avais un peu spoilé ce passage, pardon.

Tout pas tout dit, ode à la vie, la mort compose
La nuit se couche les yeux rougis l’aube est morose

Super-héros, c’est un métier risqué et fatigant, le monde ça se sauve surtout de nuit.

Tout pas tout dit, si la vie est gaie tout va à l’eau, oh oh
Oh bateau ivre et joie de vivre me fait défaut

Jamais le temps pour lire un peu de poésie ou rigoler avec les copains.

Au refrain

C’est une très belle chanson, porteuse d’espoir et d’une cape rigolote.

Ne vous faites pas de Biel

Bon. Pour une fois que la presse internationale parle de Bienne, capitale mondiale auto-proclamée de plein de choses dont on ne cause jamais, je suis bien obligé d’en faire un post, ou bien ?

Si tu ne vois pas du tout de quoi je parle, je te laisse avec ce résumé de 20minutes.fr et sa conclusion magique. Si tu sais de quoi je parle, peut-être n’as-tu pas suivi le dernier épisode de cette bien rocambolesque affaire. La police, donc, a eu une idée géniale : balancer des tracts par avion, en espérant que Le Forcené tombe dessus (enfin, techniquement, c’est le contraire, mais ne chipote pas), contenant cette lettre écrite par un de ses proches.

Je trouve ça chou. Probablement inutile, mais chou. Mais tant qu’à balancer du papier, on aurait pu étudier plus avant le contenu du tract. Par exemple, tenez :

– « Kikoo Peter ! Ici c’est la police ! Ecoute on a bien rigolé, sauf quand tu as tiré sur un de nos copains, ça c’était pas bien, mais maintenant on en a un peu assez, tout le monde se moque de nous, tu pourrais te rendre ? Merci ! Ta police qui t’aime. Bisous. »

– « Cher Peter, si tu es dans la forêt, pourrais-tu nous ramener quelques champignons ? Nous avons alerté Olivia Ruiz, elle est d’accord pour te faire des crêpes si tu reviens à la maison. Ta police qui t’aime. Bisous. »

– « Le professeur Karamba résout tout. Désenvoûtement, sentiment de persécution, retour de l’être aimé, traques policières, vente aux enchères, chance au jeu, mauvais sort, examens, permis de conduire, monnaie pour la lessive. Contacter la police cantonale qui transmettra. »

– « Hello Peter, on voudrait racheter les droits de ta fuite pour en faire un film, mais comme ce sera un film suisse, est-ce que tu pourrais fuir de manière plus immobile, une sorte de fuite intérieure ? et on voulait confier un rôle à Jessica Biel, est-ce que tu pourrais t’arranger pour prendre une otage qui tomberait secrètement amoureuse de toi ? Merci, Steven. Non pas Steven Spielberg, Steven Chompard, je suis en deuxième année à l’ECAL, lol, bisous. »

– « Penser à ramener du pain. »

– « Salut Peter ! Tu pourrais m’expliquer comment tu as fait pour disparaître au milieu de cent policiers ? C’est pour relancer ma carrière. Merci, bisous. Sylvain Mirouf »

Dès Métal

Je déambulais, l’autre jour, dans les verdoyantes rues de Lausanne, quand je suis tombé nez à nez avec une affiche, annonçant le nouveau spectacle du chanteur suisse le plus cool, loin devant Franz Treichler et Christian Wicky.

Mon âme d’enfant se mit alors à chanter des histoires de petite Charlotte pas foutue d’avoir du matériel chez elle et à faire de la musique dans la salle de bains. Mais mon regard, soudain, se porta vers l’affiche de droite et là, mon âme d’enfant, terrifiée, décida de partir six mois en vacances aux îles Fidji. Car je venais de voir la nouvelle campagne d’affichage des assureurs-maladie suisses. Un homme à la mine patibulaire me demandait, comme si j’y étais pour quelque chose, « qui n’a pas le droit de faire du profit ? » « Zaz », j’ai répondu. Mais en fait il s’agissait des assureurs suisses, ces Robins des Bois modernes (le mec de la forêt de Sherwood, pas la troupe comique) et de leur nouvelle campagne de pub.

Si tu n’es pas Suisse, je t’explique. Si tu es Suisse, tu peux directement passer au paragraphe suivant en grignotant une cuchaule de ma part. Chez nous, donc, il n’y a pas de Sécu mais plein d’assureurs. Chacun d’entre nous est obligé d’être assuré chez l’un d’entre eux. Chaque année, les primes augmentent mais ce n’est pas de la faute des assureurs, qui se sentent tout de même mal aimés. Ils sont malheureux, ils se sentent rejetés. Et du coup, pour qu’on les aime, au lieu d’offrir des fleurs ou des balades à poney comme vous et moi, ils se paient une campagne de pub. Sauf qu’ils s’y prennent assez mal, les pauvres : bien sûr, on comprend bien qu’ils ont pris des mannequins low-cost pour pas que leurs affiches coûtent trop des sous de la prochaine augmentation. Mais tout de même, était-ce nécessaire de faire peur aux enfants pour se réconcilier ?

Bref, en voyant ces affiches côte à côte, je me suis dit que les assureurs auraient simplement dû confier leurs soucis à Henri Dès, il aurait su nous les rendre sympathique.

Assureur, assureur,
pourquoi tu pleures, pourquoi tu pleures ?

On dit que j’aime l’argent,
C’est rageant, c’est rageant

Que je ne pense qu’aux sous,
Ça m’rend fou, ça m’rend fou !

Les gens ne m’aiment pas,
J’en dors pas, j’en dors pas,

J’en fais une maladie,
Du lundi, au samedi

Chaque fois qu’j’augmente tes primes
Ça m’déprime, ça m’déprime

Pourtant en toute franchise,
T’y laisseras ta chemise !

Je veux du silence

Et si je ne crois plus en la technologie c’est parce que Juliette, mon GPS, a délibérément essayé de me perdre en rase campagne française, quelque part entre une centrale nucléaire, des zones inondables et une inquiétante ferme où on élève des crocodiles. Des contrées hostiles, où les rares habitants lancent des ceps de vigne à l’étranger de passage et où, surtout, on ne capte pas des millions de chaînes de radio. Autant te dire qu’entre RCF, Autoroutes FM, Chemins Vicinaux FM et Radio Virage (sic), j’ai pas mal entendu ceci :

ZAZ – Je Veux

Zaz, au début, je pensais que c’était la moitié de Zazie.

Donnez moi une suite au Ritz, je n’en veux pas !

Les plus attentifs d’entre vous auront noté la tournure de la phrase : la jeune Zaz n’aime pas le Ritz, mais ne refuse pas qu’on lui y donne une suite, bien au contraire. Peut-être pour se convaincre qu’elle n’aime pas ça, c’est une attitude noble, il ne faut pas cracher sur ce qu’on n’a jamais gouté, comme je le disais encore récemment à cette sémillante étudiante norvégienne alors qu’elle refusait de venir dans ma tente de camping avec vue sur le Ritz dans laquelle je venais de lui dire que je ne voulais pas l’inviter.

Des bijoux de chez Chanel, je n’en veux pas !

Par contre un parfum, ou un tailleur, mais c’est vraiment pour dépanner, hein…

Donnez moi une limousine, j’en ferais quoi ?

C’est sûr que pour peu qu’on habite en ville, une limousine, c’est vite contraignant.

Offrez moi du personnel, j’en ferais quoi ?

La jeune Zaz, tout à son souci de refuser bruyamment la société consumériste, ne devrait pas ainsi vouer au chômage ce majordome guindé (j’ai aussi un peu lu de Agatha Christie, dans les bouchons, pendant les vacances) que de mystérieux donateurs voulaient lui offrir car peut-être James aimerait-il s’offrir, de temps à autres, une suite au Formule 1 et une Smart sans forcément en faire tout un foin.

Un manoir a Neuchâtel, ce n’est pas pour moi.

Pourtant c’est joli, Neuchâtel. Mais c’est sûr que sans personnel, un manoir, ça fait vite pas mal de boulot pour le ménage.

Offrez moi la Tour Eiffel, j’en ferais quoi ?

De toutes façons, sans personnel pour le transport ni manoir pour l’entreposer (dans le jardin), la tour Eiffel, à mon avis, c’est même pas la peine d’y penser. Ou alors à la rigueur dans une jolie boule à neige.

Refrain:

Je veux d’l’amour, d’la joie, de la bonne humeur,

A mon avis, on peut très bien avoir ça dans une limousine, surtout si le bar est bien achalandé, mais bon, je veux pas contrarier, c’est pas mon genre.

c’n’est pas votre argent qui f’ra mon bonheur,

Le mien, non, ça c’est sûr

moi j’veux crever la main sur le c½ur

Je trouve que quand on aime la joie et la bonne humeur, c’est pas très sain de vouloir crever, la main sur le c½ur, au panier ou n’importe où.

allons ensemble, découvrir ma liberté,

On est obligés de tous venir ? Parce que moi je préférerais la regarder de loin.

oubliez donc tous vos clichés,

Puisque Zaz n’aime pas trop les dépenses inutiles, je peux me permettre de critiquer gratuitement : je me demande tout à coup si elle s’y est bien prise pour venir parler de clichés

Bienvenue dans ma réalité.

Merci. Mais j’aimais bien la mienne, je peux la garder un peu ? (Les gens y écoutent essentiellement du rock anglais)(et y passent leurs journées à cuisiner nus, mais on s’éloigne du sujet principal)

J’en ai marre d’vos bonnes manières, c’est trop pour moi !

A tous les coups, quelqu’un lui a dit « on ne dit pas je veux mais j’aimerais s’il vous plaît » et nous l’a énervée !

Moi je mange avec les mains et j’suis comme ça !

J’étais sur le site du Ritz (tu crois quoi, je me documente, c’est du travail, blogueur)(d’ailleurs, je trouve que votre argent ferait bien mon bonheur parce que merde, quoi, parfois je passe plus de dix minutes sur le même post !)(je vais passer parmi vous avec un chapeau dès la fin de la lecture, merci), j’ai regardé le menu du brunch du dimanche, y a de la salade de maïs, du hommos et du filet de veau, elle fait bien de pas vouloir y aller. Tout ça avec les doigts, c’est embêtant. Par contre, y a un service, ils te proposent de te téléphoner gratuitement ! Voilà qui procure de la joie et de la bonne humeur !

J’parle fort et je suis franche, excusez moi !

Ah mais on n’a aucun souci avec ça ! le seul problème, c’est que tu chantes aussi un peu fort…

Finie l’hypocrisie moi, j’me casse de là !

Je trouve que c’est peut-être un peu excessif, comme réaction. Je sais pas, on m’offre rarement des suites et des bijoux, mais je pense que ça part d’une bonne intention, à la base.

J’en ai marre des langues de bois !

Ah, ça, les langues de bois, c’est un coup à se coller des échardes.

Regardez moi, toute manière j’vous en veux pas

Tu m’étonnes ! On t’a quand même offert toutes nos limousines, on va devoir rentrer à pieds, on se fait engueuler, manquerait plus qu’en plus tu fasses la gueule.

et j’suis comme ça (j’suis comme ça)

et c’est tout à ton honneur, les gens sont de moins en moins comme ça dans le monde d’aujourd’hui.

Refrain x4

Je propose donc que, chacun, chez vous, vous rendiez ce petit service à cette brave Zaz, si généreuse mais un peu vive : au lieu de lui donner votre argent, ce qu’elle déteste au plus haut point, achetez plutôt de la bonne musique.

I want to believe

Ce soir, Zilina reçoit le Sparta Prague. Je peux concevoir que tu n’en aies rien à foutre. Moi même, encore récemment, peu m’en aurait challu. Mais depuis cet été, j’ai rejoint les rangs obscurs des mecs qui parient sur les matches, facilement reconnaissables au fait que, justement, ils se passionnent pour les tours préliminaires de la Ligue des Champions, pour la 2e division estonienne voire, dans les cas les plus graves, pour les résultats des joueurs de tennis.

Tout ça à cause d’un poulpe. A la base, je ne voulais parier que pendant la coupe du monde. Mais, pour ne pas avoir voulu suivre Paul, j’ai perdu presque toutes les pépettes que j’avais initialement placées. Et là, donc, je compte sur la vigueur slave des attaquants Zilinois et Pragoulottes pour me refaire un brin. J’y peux rien, les céphalopodes, y a guère qu’à la plancha que je leur fais confiance. Un poulpe devin, et pourquoi pas une taupe en tête des ventes de musique, aussi ?

Et sérieusement, comment veux-tu croire un poulpe quand tu ne crois plus en rien ?

C’est un truc générationnel, ça, de ne croire en rien : quand tu as vu tes parents, de retour du camping des possibles, où ils couraient pieds et je ne veux pas savoir quoi d’autre nus en récitant des mantras, remettre leur cravate et filer comme si de rien n’était apprendre les ordinateurs pour pouvoir faire toujours plus de présentations powerpoint, ça calme un peu les utopies. Mais bon, les suivants ne sont pas mieux lotis : les mecs de la génération Y, ou numérique, ont dû perdre une bonne partie de leurs illusions quelque part entre le premier exposé repompé sur un mauvais article wikipedia et l’émission spéciale « artistes connus grâce aux internets » avec Lorie, Kamini et Grégoire. Ceux d’après, ceux de la Z (je viens de perdre la foi dans les mecs qui nomment les générations) ou kikoolol, sont désemparés depuis que bestah et sistah sont devenues bff sur facebook avec l’autre biatch qui a osé envoyer des dauphins à chiwi.

Bon, quand je dis en rien, j’exagère un peu. Je ne crois plus ni en dieu, ni en Steve Jobs (pour les mêmes raisons, plus ou moins, des mises à jour douteuses), ni que l’internationale sera le genre humain, ni au régime Dukan, ni aux promesses électorales, ni au point G, ni au complot mondial visant à nier que Jésus serait en fait devenu chanteur de bal dans le Morbihan, ni à la reprise, ni à la crise, ni que je peux voler, que je peux toucher le ciel, mais il y a des trucs dignes de foi. La souris des dents, par exemple. Attends, dans notre monde ultra-matérialiste, tu crois vraiment que les parents se livreraient à mille simagrées pour pouvoir coller de l’argent sous les oreillers à chaque chute de dent ? Ça ne tient pas la route cinq minutes.

Y a des côtés sympa à ne plus croire en rien : par exemple quand le même jour tu reçois l’enveloppe des impôts, une mauvaise nouvelle et un coup de genou par inadvertance, ce n’est pas ton karma qui est mauvais, ce n’est pas ta divinité préférée qui tente de te faire passer un message, ce n’est pas le Destin, parce que s’ils existaient, les divinités, le Destin, le karma, ils auraient autre chose à foutre qu’à te harceler, et donc tu peux partir du principe que le reste de la journée ne va pas être du même acabit (et là, si en plus le menu de midi à la cantine c’est blanquette, tu hésites à reprendre une petite croyance comme ça, sur le pouce, pour quelques heures). Mais y a aussi pas mal d’inconvénients. Par exemple, tu ne regardes plus jamais une équipe suisse jouer en Champion’s League, et tu es obligé de parier pour t’intéresser un peu.

Jour de repos

Nouveau scandale du dopage : Jean-François Bouchard a été contrôlé positif à la caféine. La contre-expertise a confirmé ce résultat. « Je ne comprends pas, je suis propre », a déclaré l’intéressé. « Quelqu’un m’a probablement tendu un piège ou un bonbon au moka. »

Cette affaire est déjà la septième à la WFTW depuis le début de l’année. Le président de la société a tenté de minimiser : « Caféine ? Ah, ouf, j’avais compris cocaïne, hihihi » Il n’empêche, la fédération internationale des entreprises exige que des mesures sévères soient prises contre la WFTW.
Le syndicat national des comptables est venu au secours de Jean-François Bouchard, pincé alors qu’il venait de réussir un bouclement particulièrement remarqué dans le milieu. « Ça commence à bien faire, à la fin, ou bien ? On parle beaucoup du dopage dans le milieu de la comptabilité, mais les gars du marketing, vous croyez sérieusement qu’ils sont nets ? Tout ça, c’est magouille et compagnie ! » Présent, jean-François Bouchard a ajouté « ou alors c’est la machine à café du deuxième qui est déréglée, j’avais commandé un bouillon mais je trouvais bien qu’il avait un goût bizarre. »

Depuis que l’introduction des contrôles anti-dopages systématiques au sein du monde de l’entreprise, pas un jour ne se passe sans une nouvelle affaire. Les domaines du journalisme, de la publicité et, chez nos amis français, de l’enseignement, semblent particulièrement touchés. Mais la demande des syndicats de retirer au moins la caféine et le pastis de la liste des produits interdits a été refusée par la fédération internationale des entreprises, « parce que bon, si on commence à faire des exceptions, faudra en faire pour tout ».

30 millions d’amis

Je ne peux plus me taire. Je sais que je prends des risques. D’autres avant moi ont essayé et ont disparu dans les limbes éternelles de l’erreur 404. Coïncidence ?

Donc je le crie haut et fort : Paul le Poulpe est un putain d’imposteur. Ce céphalopode n’a pas plus de pouvoirs occultes que vous et moi. Il ne peut rien prédire du tout. Non. Ses phénoménaux pouvoirs de prédiction ont une raison plus simple : il est un chaînon essentiel d’un complot mondial visant à la prise du pouvoir par les animaux.

Mis en confiance par les talents exceptionnels de la bête, les humains devraient, ces prochains mois, faire de plus en plus confiance aux poulpes (ainsi qu’aux pieuvres, aux seiches et même aux calmars, car bon, je suis pas raciste mais ils se ressemblent un peu tous) et leur confient des tâches toujours plus élevées : prédire la météo pour commencer puis jouer en bourse, devenir responsable du budget de l’UMP et entraîneur de l’équipe de France de football et, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Wjfhsgthb (laisse tomber, c’est du poulpe), un céphalopode sera engagé comme conseiller spécial à la Maison Blanche : S’il mange les moules de gauche, on déclare la guerre à l’Iran, s’il mange celles de droite, on attaque le Venezuela, s’il baffre tout, on s’en prend à la Suisse, s’il jette l’encre on envahit Amsterdam et s’il sort de son aquarium pour réclamer plutôt un bon steak, pour changer, on reste tranquille à la maison et on fout la paix à tout le monde.
C’est un plan simple, simpliste, même, mais bon je te rappelle qu’on parle d’animaux. S’ils étaient malins ils auraient inventé le feu, la roue, la télé et les heures supplémentaires, tu crois pas ? D’ailleurs, il ne faut pas les sous-estimer. Pour que Paul le Poulpe réussisse son sans faute, il a fallu observer finement le jeu des 32 qualifiés, ce que tu aurais le temps de faire si tu vivais au fond de l’océan où, franchement, les distractions sont encore plus rare qu’à Lure un dimanche soir. Mais pas seulement. Tu as sans doute remarqué le niveau étrangement déplorable de l’arbitrage pendant cette coupe du monde ? C’est une preuve évidente que des poulpes ont tenté d’influencer les résultats. Grâce aux excellents pronostics de Paul il y a deux ans, ils disposent de richesses considérables et ont ainsi pu graisser quelques pattes. Grâce à l’excellent boulot de complices hollywoodiens bien placés, ils disposent d’une image inquiétante et n’ont eu aucun mal à faire peur aux quelques officiels qui ont tenté de rentrer dans leur jeu.

Et les poulpes ne sont probablement pas seuls dans leur terrible entreprise. Les exploits de Paul le Poulpe n’auraient pas retenti aussi loin à la ronde sans l’apport d’Internet. Or, qui a inventé internet ? Les chats, qui connaissent mieux que personne le comportement humain et se servent largement de leur invention pour faire passer pour cools leurs complices loutres, furets, poneys, pademelons, ratels et même ornithorynques. Je ne serais d’ailleurs pas étonné que ces derniers jouent un rôle bien plus important dans toute cette sordide affaire.

Pardon, je reviens, on frappe à la porte. Tiens, un coati, à cette heure-ci ?