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Y a pas de sauce, c’est des nouilles au beurre*

Thursday, August 9th, 2007

C’était pendant l’horreur d’un profond ennui, un soir de novembre, hier après-midi. J’étais mouillé comme un chien qui pue, transi jusqu’au zoo, j’avais envie de crier tout haut ma haine de cette société de consommation dans laquelle je n’avais même pas de parapluie alors franchement, c’est bien la peine. Le train ne partait que dans dix minutes et, après m’être ébroué non sans une certaine sensualité, je me mis en quête de quelque ouvrage littéraire afin d’occuper intelligemment les minutes qui me séparaient de chez moi et d’oublier que y a plus de saisons, mon bon monsieur, et que ça me rend triste comme un film d’Archipatapong Wekesethekul**.

C’est alors que je m’apprêtais à relire pour la douzième fois la bande dessinée de Riad Sattouf parce que forcément, si c’est dans Fluide Glacial, il doit y avoir un moment où c’est drôle, mais où l’ont-ils caché?, que je découvris qu’un lecteur de cette noble revue se demandait l’origine de l’expression “avoir le cul bordé de nouilles”.

Par la malpeste, me dis-je, car j’évite d’être vulgaire dans le train depuis qu’ils les équipent de caméras de surveillance, même quand je lis les planches de Lindingre qui est presque aussi drôle que Sattouf, en voilà une excellente question. Parce que c’est vrai que si tu croises dans la rue un gens avec un collier de nouille autour des fesses, la première chose qui te vient à l’esprit c’est pas “Quelle chance il a” mais bien “J’espère au moins qu’on aura du beau ce week-end”.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Les vendeurs de fleurs n’ont pas encore inventé la fête des mères et ils crient famine***. Les maris volages ont par contre inventé le bouquet de fleur. Le chevalier Honoré de Ploucharpes rentre d’une guerre qu’il a gagnée relativement facilement, en deux sets, dans un lointain pays asiatique où y a de supers hôtels pas chers. Comme il a un peu traîné en route, il a mis dix ans pour rentrer au lieu des six jours initialement prévus, une paille, à cause d’une histoire de dieux contrariés et de sorcière bonnasse, franchement, c’est rien, dix ans, comparé à l’éternité, mais tu sais comment sont les bonnes femmes****, il achète un bouquet pour se faire pardonner. Malin, il a également rapporté un souvenir de vacances, un genre de préparation à base de céréales qu’ils font dans les pays lointains et c’est très pratique, on peut manger ça par exemple avec de la sauce tomate et les barbares ils appellent ça pasta, ça veut dire “Truc très pratique qu’on peut manger par exemple avec de la sauce tomate” en chinois ancien, il est sûr qu’elle lui pardonnera et qu’elle lui en préparera aussitôt une pleine marmite.

Il imagine déjà les retrouvailles poignantes, émouvantes, les longues heures passées main dans la main à regarder le couchant de soleil tout en expérimentant diverses autres choses apprises lors de son séjour asiatique. Comme il a l’imagination fertile et un peu les crocs, il imagine également la casserole fumante où cuit une bonne marmite de pâtes. Il sent déjà leur fumet et déjà lui vient l’eau à la bouche. Mais son imagination se débride, il voit pendant que son aimée se montre peu farouche, l’eau jaillir hors de la marmite, inonder inéluctablement sa cuisine Louis XI, provoquer grand drame et force catastrophes.

C’est ainsi que, quand sa dulcinée lui saute joyeusement au cou, il lâche, sybillin: “On arrête le cul, elles débordent, les nouilles”. Une interruption dont profitera le jeune homme caché dans la penderie pour s’éclipser discrètement. Comme il a mal entendu, les penderies de l’époque étaient très mal sonorisées, quand il contera cette croustillante anecdote à ses amis, il travestira quelque peu l’expression pour lui donner tout son lustre actuel.

* Oui ben moi je le comprends très bien, le titre.
** Franchement, un réalisateur dont personne ne pourra jamais prononcer le nom, c’est triste.
*** Au Moyen-Âge, pour arrondir ses fins de mois, on pouvait faire crieur de famine. Quand la famine arrivait, on allait sonner aux portes de ses voisins et, dès que la bobinette cherrait, on entrait sans crier gare, on hurlait Famiiiiiiiiine (voire Famiiiiiiiiiiiiiiine si vraiment), et on repartait chez le voisin suivant, parce que faut bien que les gens sachent pour qu’ils puissent aller à la Migros acheter des tas de farine, de sucre et d’huile, hein?
**** Maintenant que tu m’en parles, chez Francisque non plus ça me fait pas marrer, sauf des fois.

:'((c)

Thursday, December 14th, 2006

Longtemps, je me suis demandé pourquoi on disait “pleurer comme une madeleine”.

Puis, un jour, alors que ma vieille tante m’avait invité à prendre le thé, j’ai eu l’illumination.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi (ça faisait longtemps). Madelon, fille unique d’une famille bourgeoise, touche un important héritage. Mais la jeunesse est insouciante. Elle dilapide son pécule en organisant des soirées danse acrobatique, se trouve fort dépourvue quand la bise fut venue et se voit contrainte d’éplucher les petites annonces pour se trouver du taf (d’où la célèbre expression Y a plus de pécule, va falloir en racheter)

Madelon finit par trouver un emploi comme serveuse. Souriante, sympathique et bien rouléeaffable, elle ne tarde pas à devenir la coqueluche des clients et, si elle ne retrouve pas le niveau de vie qui était le sien au temps de sa folle jeunesse, elle arrondit considérablement ses fins de mois grâce au pourboire.

Ce que son patron, un type un peu radin, ne voit pas d’un bon oeil. Un soir, alors que la Madelon est en train de manger de la purée avec des knackis, cet homme fourbe et peu jovial frappe à la porte. Paniquée, elle dissimule l’argent qu’elle a amassé durant la journée dans la première cachette qui lui vient à l’esprit: sous sa purée.

Malheureusement, un mignon chaton qui passait par là dévore la purée et permet de ce fait au vil patron de découvrir le poteau rose. La malheureuse Madelon se fait battre comme plâtre (Jean-Jacques Plâtre, un de ses voisins, qui s’était fait battre la veille) n’a plus que les yeux pour pleurer.

Les enfants, cette sympathique anecdote vous apprend qu’il ne faut jamais mentir à son patron. Mais elle est aussi à l’origine de l’expression “Purée comme un bas de laine”, abusivement devenue “pleurer comme une madeleine” dans le langage moderne.

Attention, ce post ne parle pas de Zinedine Zidane (ni de son frère)

Monday, July 10th, 2006

L’expression faire long feu est à ne pas mettre entre les doigts du premier journaliste sportif venu, ni même de grand monde. En effet, faire long feu signifie qu’on a brûlé toutes ses cartouches, et non le contraire, à l’inverse de ne pas faire long feu qui signifie qu’on a été flamboyant. Ou le contraire. A tel point que d’éminents spécialistes déconseillent tout bonnement son utilisation.

Mais où le français, cette langue simple et belle comme un coup de boule dans le thorax, s’en est-il allé chercher cette expression si tortueuse?

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. A l’époque, les croisades battent son plein et le vicomte Jean-Ranulphe de Frambouhans décide, pour ne pas être en reste, de mener sa propre croisade. Seulement, comme il est un peu mauvais en géographie, il se plante et se retrouve à guerroyer de par l’Extrême-Orient.

Une débâcle. Il n’y trouve aucun lieu saint, aucune relique, très peu de villages à violer et de jeunes vierges à dévaster. Par contre, il découvre une spécialité locale, le Phö, un plat à base de soupe et de tas de cochonneries. Il décide alors d’en importer la recette en France et d’ouvrir des tas d’hostelleries estrangères un peu partout dans le XXIIIe arrondissement. Malheureusement, ce sera un fiasco: le jour où la fédération de protection des consommateurs découvrira qu’il allonge sa soupe avec de l’eau, il se fera écarteler sur la place publique, car à l’époque on ne rigolait pas avec ces choses là. D’où l’expression faire long Phö. Les tribulations du malheureux seront vite oubliées, mais il en résultera de nombreuses expressions comme “faire phö de tout bois”, “avoir le phö occulte” ou “tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse”.

Ce post ne parle pas de rugby

Saturday, June 24th, 2006

Lecteuses, lecteurs, je vous prie de bien vouloir excuser la database quelque peu facétieuse de ces derniers jours. D’après mon hébergeur préféré, un type sympa malgré son étrange passion pour les cockers, tout est rentré dans l’ordre. J’ai pas tout compris à ses explications, mais je crois qu’il a su tourner l’Apache
Et à propos de tourner, un post qui parle d’autre chose que de foot

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi.
Johayl et Ayrick sont deux frères unis comme les doigts de la main (à l’époque, on cousais les doigts de la main ensemble, pour éviter de les perdre). Ils sont toujours ensemble, font les 400 coups (200 chacun), ils s’adorent. Surtout Ayrick. Parce que Johayl en a, comme il le dit malicieusement dans le jargon de l’époque “ras-le-bol de ce sale frimeur”. Il faut dire que Ayrick fait tout un petit peu mieux que son frère, qui en a ras-le-bol de ce sale frimeur.

Les deux frères composent ainsi des ballades qu’ils chantent en s’accompagnant à la vielle. Celles d’Ayrick tirent invariablement à ceux qui les entendent des larmes d’émotion, alors que Johayl, ouais, c’est pas mal, c’est sympa, on dirait un peu du Jacques Villeneuve.

Quand les deux frères traversent les landes désertes sur leurs fringants destriers, Ayrick se déplace si vite que ceux qui le croisent ont l’impression qu’il file sur les ailes du vent alors que Johayl, c’est pas mal, on dirait un peu du Jacques Villeneuve.

Les damoiselles des alentours se pâment lorsque Ayrick leur montre ses tableaux ou leur récite ses poèmes. Quand Johayl fait de même, elles lui demandent des nouvelles de sa mère.

Mais un jour, survient le crash. Les deux frères décident d’ouvrir des restaurants et d’y servir diverses spécialités locales (notamment de paella bolognaise). Très vite, le restaurant d’Ayrick, l’hostellerie de la Gare (ainsi nommé on ne sait trop pourquoi) bat de l’aile alors que celui de Johayl, l’auberge de la Cantonade (ainsi nommé parce qu’il est situé dans un canton) marche comme sur des roulettes.

Ayrick ne supporte pas que, pour une fois, son cadet ait plus de succès que lui et, un jour, il entre sans crier gare à la cantonade et lance “Ouais mais t’façons le mien de resto il est mieux, on fait des pieds de porc vinaigrette”.

Une intervention qui aurait pu rester complètement oubliée si l’expression à la cantonade n’était restée.

l’écart ôte son kilt

Tuesday, March 28th, 2006

Depuis deux jours, l’expression qui amène le plus de gens ici en passant par un moteur de recherche avec mes sabots, c’est “les carottes sont cuites”.

Pourquoi cette soudaine recrudescence carottière? Il est possible qu’alors que le printemps tente péniblement de s’installer, un quelconque magazine féminin ait recommandé à ses sémillantes lectrices un merveilleux régime pour maigrir en perdant du poids et le rendre fou de désir sur la plage cet été (et en supplément spécial notre grand test “êtes-vous un ragondin”), uniquement à base de carottes vapeur, le célèbre régime de Vichy. Mais dans ce cas là, pour savoir si elles sont cuites, vous feriez mieux de lâcher votre pc et d’y planter un couteau, dans vos carottes.

Ou alors, les gens se passionnent subitement pour l’expression “les carottes sont cuites”, qui signifie que c’est la fin des haricots. Il y a probablement concours sous roche. Un magazine féminin demande d’où vient l’expression et il faut répondre et on gagne des super prix, par exemple son poids en carottes et ne manquez pas nos 102 pages spéciales comment maigrir en imitant le cri du ragondin et notre supplément spécial astrologie poitevine. Et comme j’ai le coeur sur la main et que j’aimerais bien le poser, merci, ça devient lourd, je vais les aider à résoudre leur concours, ne me remerciez pas, c’est tout naturel, mais bon si vous gagnez le voyage à Saint-Fulrad, pensez à me ramener un pot de moutarde à l’ancienne, merci.

Donc, bref, on s’égare, venons-en au fait, parce que sinon le texte va commencer à être long et que après, comment on fait pour aller à la pêche? L’expression les carottes sont cuites ne vient donc pas d’un obscur film d’art et d’essai croate avec un cheval, une grosse carotte et une casserole. Au contraire.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Le baron Jean-Maurice de Ploutargic a une entreprise florissante mais néanmoins française de transports en commun. Il possède de nombreux carosses qu’il achète en Helvétie voisine, parce que le vendeur lui offre un coucou gratuit pour 12 carosses achetés et il trouve que ça fait bien dans son salon.

Or, voilà qu’un jour, le bon Roy décide de quintupler l’impôt sur le carosse d’exportation, histoire de soutenir l’économie nationale (quelques jours plus tard, il partira, fâché, d’un congrès intitulé “soutenir l’économie nationale, c’est pas très cool, ou bien”, mais prétendra que son courroux est dû au fait que le marquis invité s’était à cette occasion exprimé en latin au lieu de causer français comme vous et moi, mais cela n’est qu’une péripétie de l’Histoire, décidément souvent péripétitienne).

Apprenant la nouvelle, Jean-Maurice sent que sa petite entreprise florissante va déflorer rapidement. “Par la malpeste, me voilà bien, bordel à cul!”, s’exclame le malheureux, “mes carosses sont suisses.” Au fil des siècles, l’histoire s’est perdue et l’expression est devenue “les carottes sont cuites”.

au royaume des pingouins, les manchots sont empereurs

Friday, March 3rd, 2006

Alors
à la demande du jeune Julien G., (c’est fou le nombre de gens qui s’appellent Julien, de nos jours, ça doit être une conspiration mondiale) un post qui parle de cinéma
à la demande de la jeune Audeline, un post qui parle de casser la croûte
et à la demande du jeune Lalune, un post sur les origines du curling.
Dont acte.

Nous sommes au cénozoïque quaternaire. Un mardi, probablement, mais en cette période reculée, le mardi n’a pas encore été inventé. Nous sommes également en pleine période glaciaire et, curieusement, les gens regrettent plus la non-invention du chauffage central que celle du mardi.

En fait, des tas de trucs n’ont pas encore été inventés, car, on a beau dire, les gens de l’époque ne sont quand même pas très bien organisés. Et un peu monomaniaques. Ils passent leurs journées à courir après des mammouths et leurs soirées à peindre des mammouths sur les murs de leurs grottes, au mépris de toutes les règles élémentaires de respect de la propriété d’autrui. Il faut dire qu’ils n’ont même pas penser à inventer le droit du bail, c’est vraiment n’importe quoi.

Nunaviq (à l’époque, ils ont tous des noms inuit, à cause du froid) en a marre de bouffer du mammouth. Ok, ça te fait des châteaubriands kingsize et au moins des centaines de côtelettes, mais au bout d’un moment, ça lasse.

Il décide donc d’inventer la cuisine. Au début, les gens ne comprennent pas trop l’utilité du truc. Ensuite non plus, à vrai dire. Il faut dire que le malheureux Nunaviq n’est pas doué. Un jour, au lieu d’assister à l’atelier “peinture de mammouths niveau 4 – perspectives et approche des défenses” organisé par le sorcier du village, il décide de moudre des trucs. Et d’y ajouter de l’eau, comme ça, pour déconner. Et de faire cuire le truc, comme ça, pour rire.

Turmariq est à la veille d’une invention culinaire majeure, qui pourtant y restera, en veille, encore quelques petits siècles. Quand il fait enthousiastement goûter sa recette au chef du village, il se prend un pain. Il faut dire que sa création est tellement dure qu’on n’arrive même pas à casser la croûte. De dépit, Nunaviq va prendre ses miches et les balancer au lac. Mais elles glissent dessus comme des gouttes d’eau sur les plumes d’un canard, car peu coopératif, le lac est gelé.
C’est en regardant les évolutions circonvolutives de ses velléités culinaires sur la glace gelée que le jeune Nunaviq inventera le curling, avec le succès que l’on sait.

Un peu furax de voir un de ses hommes passer son temps à inventer n’importe quoi plutôt que de s’intéresser aux moeurs du mammouth comme tout le monde, le chef du village condamnera Nunaviq et ses créations culinaires à l’exil, et c’est de là que vient l’expression bouger ses miches.

Plus tard, à la fin de la glaciation, il se vengera en vendant des trucs congelés et les américains, même s’ils n’ont pas encore été inventés à l’époque, en tireront un film qui s’appellera “Brotbäckerei Mountain” et qui fera plusieurs entrées.

ça, c’est fait

Thursday, December 29th, 2005

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi, vers le soir mais pas très.

Ladislas Lambert-Morituri est un riche marchand qui pourrait être sympa sans son entêtante propension à vouloir que partout dans la rue, on parle de lui. Cependant, en cette période reculée où les blogs n’ont pas été inventés, s’autoproclamer célèbre n’est pas chose aisée.

Ladislas n’en a cure, il assiste à des réceptions de l’ambassadeur, organise des bals masqués, ohé, ohé, invente le fer à défriser les moutons polaires. Il se fait une petite notoriété dans le cercle très fermé des éleveurs de moutons polaires de Maubeuge-Sud, mais cela ne lui suffit pas, il veut devenir immortel, entrer au Panthéon. Son rêve le plus cher, c’est que dans des siècles de ça, un animateur présentant une vague ressemblance avec Batman pose, des trémolos dans la voix et une fiche jaune à la main, une question qui va peut-être permettre à madame Chompard de remporter la cagnotte, 12000 euros ce soir la pression est énorme, mais tout d’abord, chez vous cet indice, dont il serait la réponse.

Pour passer à la poste et ritter (un verbe du Moyen-Âge qui veut dire prendre son courrier et tirer un peu la gueule parce que y a que des factures, une pub pour un magasin de porcelaines et un catalogue de chausses) avant de devenir célèbre, Ladislas est prêt à tous les compromis.

Il décide un jour de s’entretenir avec l’éminence grise du roi, un type petit et un peu gris, mais très éminent quand même, qu’on accuse de tirer les ficelles en coulisses, ce qui est idiot puisqu’il n’est pas marionettiste, mais éminence grise. Il souffre de la même maladie: il est prêt à tout pour qu’on cause de lui, même à se produire en concert avec 500 choristes s’il le faut. Mais là, tout ce qu’il a à faire, c’est d’accepter l’entretien, ça fera bien pour son image, c’est son conseiller en image qui lui a dit.

Les médias n’existant pas encore vraiment, Ladislas décide de médiumtiser l’événement: il demande à un célèbre médium du coin de lui donner des bonnes idées de questions auxquelles l’éminence grise sera bien embêtée pour répondre. Le médium lui dit que Le lyon ieune le vieux surmontera, En champ bellique par singulier duelle, Dans cage d’or les yeux lui crevera, Deux classes une puis mourir mort cruelle, ça fera 200 balles, merci.

Ladislas envoie également des invitations des nobles des quatre coins du pays, qui n’en possédait pas encore six en cette époque reculée. Son cousin Henry se charge de crier sur tous les toits, ce qui est très périlleux en cette époque où l’art de la tuilerie est encore balbutiant, la nouvelle du débat public même si, s’empresse-t-il d’ajouter, je ne suis pas un héraut.

Mais le grand débat tourne hélas à la débâcle: Ladislas se rend compte en effet qu’un malfrat a profité de la cohue pour lui subtiliser un magnifique set de table en soie véritable ramené de Constantinople.

Les soupçons se portent alors sur l’éminence grise: selon certaines sources, il aurait été destitué récemment par le roy qui en avait marre qu’on ne parle que de son conseiller alors que bon, faire la une, c’est un job de monarque.

Un jour de janvier, la bourse dans laquelle Ladislas mettait sa monnaie a craqué. Il n’a ainsi pas été en mesure de payer sa chambre d’hôtel et est mort de froid. Quant au roi, il a fini au bistrot avec ses collègues de boulot.

Cette amusante anecdote est à l’origine de l’expression “Tirer le couvert turc en soie”, devenue depuis “tirer la couverture à soi”.

à toute, à Lure

Tuesday, December 6th, 2005

Il y a belle lurette que ce blog pourtant fortement informatif n’a plus informativé quant au glorieux passé de nos nobles expressions. Et justement, d’où vient l’expression belle lurette?

Nous sommes il y a environ fort longtemps, un mardi. Comme aujourd’hui, donc, mais avant.
Laurette est une charmante demoiselle aux charmes avantageux et au regard lancinant, ce qui lui vaut d’être la grande favorite de l’élection de Miss Camping lors de ses vacances. Hamilton s’éprend de la belle sur le champ (les campings étaient sur des champs, à l’époque), s’en va voir son père et lui demande sa main. Mais, en cette époque d’obscurantisme, les manchots n’ont aucune chance de gagner de concours de beauté. Embêté, Hamilton épouse Laurette pour se faire pardonner.

Le jeune homme est un preux chevalier et, bien vite, s’en va guerroyer. Quand il finit de guerroyer, il s’en rentre manger mais en chemin, de nombreux gens l’arrêtent et lui disent: Palsembleu, nous ouîmes le récit de vos exploits, vous êtes super preux, comme gars, je peux avoir un autographe?, ce qui ralentit considérablement sa course de retour. Bien souvent, Hamilton envoie des messages par pigeons à sa jeune épouse pour lui dire qu’il aimerait être un oiseau pour pouvoir voler à tire d’aile vers elle mais que là il va être très en retard et que tant pis, il s’arrêtera manger un truc sur la route, tudududu, sur la route.

Laurette est ce qu’en cette époque reculée, on considérait comme une bonne épouse: elle est économe et cuisine fort bien. Tous les soirs, elle prépare de bons petits plats pour son Hamilton et, tous les soirs, elle finit par les engloutir toute seule, pour pas jeter (René Tupperware n’avait pas encore inventé le tupperware).

Le jour où, quelques années plus tard, elle se dit qu’au lieu de bouffer, elle ferait mieux de prendre un amant, elle doit faire face à l’atroce réalité: elle a pris des tas de kilos, elle a pris des boutons à cause qu’elle cuisine fort gras, sa moustache a poussé parce qu’à l’époque, la super crème que tu peux t’épiler sans douleur ni endommager la couche d’ozone n’a pas encore été inventée, et en plus elle a perdu tous ses cheveux dans un accident de cheveux, bref, il y a longtemps qu’elle n’est plus la belle Laurette qui faisait la fierté de sa maman.

Les linguistes s’accordent à dire que cette histoire n’a strictement aucun rapport avec l’expression belle lurette. Une lurette, c’est une petite lure, un objet disparu depuis tellement longtemps que on a coutume de dire ça fait belle lurette que plus personne ne sait à quoi pouvait bien servir une lurette, mais ceux qui n’en avaient pas étaient bien délurés, comme Laurette.

Beau temps à la Saint Médard

Sunday, November 20th, 2005

Des fois, dans la vie, on dit des trucs.

Prenons un exemple:
Madame Chompard discute avec sa voisine, madame Gremuche. Elles parlent de tout, de rien et de la famille. Madame Gremuche avoue que son petit dernier, qu’elle avait pourtant élevé de son mieux, un garçon poli et propre sur lui, a très mal tourné puisqu’il entreprend des études de droit. Et là, madame Chompard répond: “Il faut de tout pour faire un monde”.

Alors je veux bien, dans l’urgence de la situation, tu veux dire un truc sympa, tu lis le désarroi sur le visage de ton interlocuteur, tu agis vite, tu ne pèses pas le poids de ton mots (en action cette semaine, 50 francs le kilo). Mais quand même… “Il faut de tout pour faire un monde.”

Qu’est-ce qu’elle en sait, madame Chompard, hein? Combien elle en a fait, des mondes. A la limite, une fois, à Civilization, elle a joué avec les Aztèques et un moment, les Mongols l’ont attaquée en traitre. Bon. Mais elle a jamais vraiment fait de monde elle même. Alors qu’est-ce qu’elle en sait, si il faut vraiment de tout?

Est-ce que quelqu’un peut me prouver que, par exemple, si y a plus de griottes au sirop M-Budget à la Migros, c’est impossible de faire un monde?

Non parce que le mien, je vais le prendre sans anchois, merci.

La ballade des gens heureux du temps jadis

Monday, August 8th, 2005

En lisant la note précédente d’avant, vous vous êtes probablement demandés: Ok, d’accord, mais d’où vient l’expression “poser un lapin”? (à l’exception de certains d’entre vous qui se sont demandés qu’est-ce qu’on mange ce soir, où sont les WC, quelle est la capitale du Guatemala, où donc est rangé mon abat-jour, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien et si oui combien, où veut-il exactement en venir, faut-il mettre un s à demandés sachant que l’auxiliaire avoir est placé juste avant le panneau déviation à trois kilomètres, la lecture de skyblogs et de blogs d’entrepreneurs ne finit-elle pas par nuire irrémédiablement à la pratique de l’orthographe en eaux troubles)

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi après-midi. Le jeune Odilon est éperdument amoureux de la belle Orancie. Cependant, leur amour est impossible car il est un peu moche de sa gueule alors que la demoiselle a gagné le concours Miss Picardie cotte de maille mouillée et que bon, loin d’elle l’idée de se fier à la beauté extérieure, c’est la beauté intérieure qui compte, les magazines féminins n’existant pas encore c’est un troubadour féminin qui le lui a annoncé, entre un dossier conparatif épilation à la cire ou au fil de l’épée et un roman-gravures, mais quand même, il est moche, quoi, que diraient les copines si elles me voyaient jouer de la vielle en sa compagnie?

Odilon a quant à lui lu un livre où un type un peu moche dicte en cachette des poèmes à un beau gosse totalement crétin parce qu’il aimerait se taper une belle fille qui porte un prénom de chanson de Police, sauf qu’à l’époque les gens d’armes ne chantent que des chansons paillardes, mais à la fin, c’est quand même le beau gosse qui finit avec la belle fille, alors y a aucun intérêt, franchement.

Mais il se laisse quand même inspirer de l’idée et pose, chaque soir, un lapin sur le parvis de la belle. Comme il a pris des cours de ventriloque avec Tatayet, il fait dire à l’animal des poèmes vachement jolis avec des tas de noms de fleurs et des métaphores trop bien aussi, genre “Ô belle dame, à vos côtés Le pétunia semble trop moche lol Trop mdr comment je l’ai cassé Zyva comme il est moche le pétunia lol”. Orancie est sous le charme.

Du moins, c’est ce que croit Odilon. Un jour, ne parvenant point à trouver de lapin, il se déguise lui même en conil et se pose sur le parvis de la belle. Il lui récite deux-trois histoires jolies, tout ça et, quand la damoiselle s’approche. Elle lui dit “Quelle magnifique ballade allons faire une balade ou alors est-ce le contraire, je sais jamais” et, profitant d’un instant d’inattention, lui fait le coup du lapin. Lui qui rêvait de passer à la casserole finit ses jours en chaud lapin, avec de la polenta et des feuilles de laurier.

Le lendemain, Odilon ne peut poser de lapin sur le parvis d’Orancie, du fait qu’il s’est fait boulotter. Elle s’écrie donc: “ah tiens, je me suis pas fait poser de lapin, qu’est-ce que je vais bien pouvoir manger ce soir?”, ce qui prouve qu’en fait, cette explication n’est pas la bonne, vous m’en voyez sincèrement désolé.