Archive for January, 2011

En protestant quand il est encore temps, on peut finir par obtenir des ménagements.

Thursday, January 27th, 2011

Parfois, dans la vie, tu cherches un appartement : tu épluches les annonces en ligne (ou dans les journaux, mais je te trouve très XXe siècle), tu élimines celles qui disent beaucoup de cachet, en l’état, cuisine pittoresque, loyer audacieux, tu vas visiter, comme 3520 autres personnes, jeunes, sémillantes et pour tout dire, une gueule à avoir plus de chances que toi d’avoir cet appart’ beau comme une demeure de roi, enfin, c’est surtout que c’est le 128e que tu visites et du coup tu ne vois plus du tout qu’il donne sur un magasin de pizzas odorifère et une rue vrombissante: plus le temps passe, moins tu te souviens pourquoi la vue sur le lac, la baignoire, la piscine pour les chats et la place sur le balcon pour y mettre un trampoline te semblaient si importants au début.

Enfin, en réalité, il y a plusieurs degrés : si l’appart’ que tu cherches est, par exemple, lémanique, ça se passe comme ça jusqu’au jour où tu apprends que le copain d’un copain cherche quelqu’un pour reprendre son doux foyer parce que selon son bail, il n’a le droit de quitter son appartement qu’un 17 janvier, à condition que ça tombe un mercredi et qu’il fasse beau mais un peu couvert, sinon il doit encore payer 390 mois de loyer et déposer le cadavre d’un bébé faon près de l’ancien port à minuit en guise de garantie. Si c’est à Paris que tu cherches logis, tu devras prendre cinq années sabbatiques pour avoir une chance de trouver un studio plus petit que certains placards à balais. Alors que dans le Jura du sud, les gérances t’offriront trois mois de loyer gratuit et un bol de pistaches si tu t’engages à rester au moins six mois dans la région.

Mais, quoi qu’il en soit, il y a forcément un moment où tu visites. Tu vas chez des gens que tu ne connais pas, tu ouvres leurs placards, observes leur chambre à coucher, berceau jadis de leurs amours naissantes, et te dis que toi tu aurais plutôt mis le lit dans l’autre sens pour profiter de la vue sur les poubelles, et leur poses des questions sur le quartier, la buanderie, les voisins et le sens de la vie.

Et là, il y a un mystère que je m’explique à peine. Tous, toujours, quel que soit le quartier, la ville, te répondent la même chose. Invariablement. “L’immeuble est plutôt sympa… enfin, à part la vieille dame du premier qui a tendance à beaucoup se plaindre du bruit et à toujours contrôler que les jours de lessive soient respectées.” Dans tous les immeubles du monde, il y a cette dame, elle vit seule, elle a des chats, et elle téléphone à la gérance quarante fois par mois pour se plaindre de violations graves au règlement de l’immeuble, comme un vélo rangé à 7 centimètres des places pour vélo, une poubelle sortie le mauvais jour ou l’enthousiasme un peu trop enthousiaste du petit dernier à l’occasion de sa première leçon de banjo. Elle téléphone si souvent à la gérance qu’elle a même une ligne spéciale. Pourquoi fait-elle ça, pourquoi font elles-ça, pourquoi n’habitent-elles pas toutes dans le même immeuble ? Sont-elles membres d’une organisation secrète, d’un complot mondial visant à rendre la vie de locataire moins chatoyante ? Est-ce la même personne qui loue en réalité des millions d’appartements ? Je n’en sais rien.

Tout ce que je sais c’est que, oh, un studio pour 1452 francs par semaine dans un quartier proche de la gare (moins de 4 h en transports publics) et des commerces (de peinture) avec vue sur un superbe mur authentique et une cuisinière à bois, visite publique le 18 mai de 18 heures 23 à 18 heures 24 ! Quelle chance !

Voyage au bout de l’ennui

Tuesday, January 25th, 2011

Un mardi comme tant d’autres, pendant la Préhistoire. L’humain n’a pas apprivoisé le langage depuis longtemps. Il sait nommer ce qui l’entoure, animaux, végétaux, roches, étoiles. Il sait nommer quelques sensations quotidiennes, la faim, la peur, le froid, la joie et les blagues salaces quand UhGruhhra et UuhGruuhraah partent ensemble chasser la marmotte chevêche.

Puis il se met à créer des mots pour des concepts toujours plus abstraits et se rend compte qu’une fois pourvus d’un nom, ceux-ci deviennent soudain plus tangibles.

Nous sommes, donc, à la Préhistoire. Un mardi après-midi. Brouillardeux, venteux, fort peu giboyeux. Les chasseurs du Clan, enfin, d’un clan, préfèrent ne pas s’aventurer dehors, ils ont assez de réserves pour tenir bien des lunes: la chasse a été bonne cet été. Ils remettent du bois sur le feu, discutent un peu du temps jadis qui était quand même mieux que maintenant, assurent un peu la survie de l’espèce, et font pas mal d’introspection sur eux-même.

Soudain, un dénommé UhGruhhhr s’exclame : “Je sais pas vous mais purée, qu’est-ce que je m’ennuie !” UhGruhhhr ne le sait pas, évidemment, mais il vient de faire entrer l’humanité dans une nouvelle ère. L’Âge de l’Ennui. Car l’ennui, bien plus que le rire, le travail ou le Coca light, est le propre de l’homme. Un chat, par exemple, peut rester des mois sans zapper mollement ou traîner sur Facebook. Jamais un opossum n’ira faire une après-midi shopping. Et même les palourdes, dont la vie sociale est pourtant extrêmement limitée, ne découpent pas de fiches bricolage dans les magazines pour occuper les petits le dimanche.
Frappés par cette révélation, tous les camarades de tribu d’UhGruhhhr renchérissent : “Ben, maintenant que t’en causes, c’est vrai qu’on s’emmerde un peu, là”, “je viens de compter beaucoup de fois le nombre de branches de cet arbre sous lequel je ferais ma sieste si j’en avais pas déjà fait beaucoup depuis le lever du soleil et je dois dire que bon c’est pas le truc le plus intéressant du monde (et il serait temps qu’on développe un système de comptage avec autre chose que un et beaucoup, accessoirement)”.

UhGruhhhr prononça alors une deuxième phrase , devenue l’hymne de toutes les générations d’adolescents qui se sont succédé depuis lors, sauf éventuellement en cas de guerres ou d’épidémies mais c’est même pas si sûr : “Je m’ennuie, mais je sais pas quoi faire”.

Mais comme il n’y avait pas grand chose à la télé en ce temps-là, il fallut bien trouver de quoi s’occuper. Un dénommé UhhhhGruhUhr découvrit que suivant comment l’on tapait deux os l’un sur l’autre, cela produisait des sonorités différentes, que suivant comment l’on faisait se suivre les sonorités, ça faisait joli et que plus c’était joli, plus les plus jeunes membres du clan se mettaient à pousser des cris hystériques et à fabriquer des portraits de vous en silex taillé ou en purée pour les afficher aux murs de leur caverne.

Un autre, UuUGrrrh, s’imagina qu’au lieu de toujours manger la même chose, on pouvait concocter de succulents tartare de tigre à dent de sabre aux herbes sauvages et autre carpaccio de porc-épic en croûte d’herbes sauvages.

D’autres imaginent que l’on pourrait tenter de nourrir des bébés animaux afin de les habituer à la présence de l’humain, puis, à terme, de les observer et de rire de leurs mille maladresses : youtube vient de naître.

Et tous les jours, une nouvelle idée émerge, un nouveau loisir apparaît: la sculpture, les positions sexuelles acrobatiques, le jonglage, les placements en bourse, le chant diphonique, la natation, l’herboriculture, l’histoire-géo… Puis, un beau jour, la saison du rhinocéros laineux, voilà qu’il faut repartir à la chasse. “Pfff, fait chier”, s’exclame UhGruhhhr, “j’ai à peine fini ma broderie, on peut pas y aller la semaine prochaine, plutôt ?”

Alors il a une nouvelle idée géniale : “si au lieu d’aller au rhinocéros, on allait taper sur les mecs de la tribu d’à côté, de toutes façons ils sont bizarres, avec leur façon de prononcer les gh et leur manie de faire du feu ? Après, ceux qu’on n’a pas tapés trop fort, on les ramène ici, et on leur dit que c’est leur boulot d’aller chercher la viande et le nôtre de la manger ? Ça serait sympa, non ?” L’esclavage venait d’être découvert et, grâce à lui, les membres de la tribu d’UhGruhhhr eurent du temps à foison. Ce qui fit déclarer assez rapidement à UhGruhhhr: “Je sais pas vous mais purée, qu’est-ce que je m’ennuie !”

Cougar du Nord

Wednesday, January 19th, 2011

Toi, jeune, qui surfe sur internet pour regarder des séries au lieu de repasser tes leçons en chantant, tu es peut-être tombé nez à nez avec une pub qui, bien qu’intempestive, te propose de rencontrer des cougars.

Diable, t’es tu alors dit, qu’est-ce donc à dire ? Eh bien, j’ai enquêté pour toi.

Il existe, grosso modo, deux sortes de félins.
Les chats, connus pour avoir inventé l’Internet et domestiqué l’humain. Pendant que l’humain travaille pour gagner leurs croquettes, les chats dorment, font pipi sur le canapé et créent divers sites destinés à occuper le cerveau de leurs fidèles compagnons. Puis, quand leurs humains de compagnie rentrent, le soir, fourbus et déconfits, les chats les houspillent, pour le plaisir, se laissent caresser quelques minutes, pour asseoir leur domination, puis sortent les griffes pour bien montrer qui est le boss.

Et les autres félins, ceux qui ont choisi la voie de l’indépendance et l’appel de la jungle. Ils savent être mignons, ronronner et dormir dans des positions idiotes, mais sont trop fiers pour en faire un projet professionnel.
Il en existe de très nombreuses variétés.
Le tigre, curieux animal curieux, malheureusement en voie d’extinction car l’on s’en sert pour fabriquer les tristement célèbres Frosties. Son ancêtre, le tigre à dent de sabres, a d’ailleurs été une des premières victimes de la politique de déresponsabilisation crasse de la gauche. Le seul qui a pu réchapper à ce sort funeste est le tigre des bois, en latin Tiger Woods, grâce à ses rayures qui lui permettent de se dissimuler et sont particulièrement chic cette année, sa passion pour le golf qui lui assure la protection des grands de ce monde, et son farouche instinct reproductif grâce auquel si on tue un de ses petits pour le mettre devant la cheminée, bah, c’est pas si grave, il lui en reste plein.

Le lynx, félin préféré des vieux geeks et des professeurs de Scrabble, reconnaissable au petit plumeau qu’il a sur les oreilles

Le serval, qui a eu le courage d’abandonner sa carrière dans les Marvel avant qu’on ne lui consacre un navet.

Le lion, pour rugir de plaisir, menacé d’extinction volontaire après avoir entendu dire que Pow Wow allait peut-être se reformer.

Le caracal, qui est un genre de lynx mais en pas pareil.

Le vieux félin, qui a un blog un peu vulgaire.

Le chat rubigineux, qui a un nom rigolo et une tête de con.

L’ocelot, seul félin originaire de Norvège.

La panthère, que l’on confond souvent avec le caméléon car elle peut être rose, noire, tachetée ou fuchsia.

Le jeopardy, un félin particulièrement énervant qui ne répond jamais aux questions qu’on lui pose.

Et le puma. Un animal fourbe et mesquin, inscrit au livre Guinness des records en tant qu’animal ayant le plus grand nombre de dénominations. Parmi lesquelles celle qui nous intéresse, le cougar. Pourquoi ce regain d’intérêt pour ce félin, certes de couleur uniforme, mais pas plus intéressant, en société, qu’un jaguarondi ou même qu’un manul ? Il faut savoir que le puma est très jaloux du chat. Lui aussi aspire à une vie paisible, confortablement installé sur le canapé devant la télé. Mais va convaincre les gens de te caresser distraitement, du bout des doigts, tout en épépinant leurs haricots, alors que, confortablement lové sur leurs genoux, tu pétris doucement et amoureusement leurs cuisses du bout des griffes quand tu peux peser jusqu’à 120 kilos ? Crois-tu qu’ils t’appelleront Kiki ou Minouche, qu’ils te construiront une pumatière de 2 mètres sur 2 pour que tu puisses sortir à ta guise, qu’ils t’achèteront des baballes de 37 kilos ? Le racisme anti-lourds est encore très fort dans nos sociétés et le puma en souffre. Pour se rapprocher de l’homme et de son canapé, il a donc décidé de se lancer dans le commerce de chaussures de football. Mais cela n’a pas suffi. Aujourd’hui, il profite que bien des gens, ayant abandonné les études trop tôt pour devenir représentants de commerce afin de pouvoir se payer une Jaguar, ignorent tout de ses multiples dénominations, pour tenter un come-back. Par le biais, signe qu’il connaît bien notre société, d’un site de rencontres. Hélas, mal conseillé, au lieu d’une photo trop mignonne

il a préféré utiliser pour sa campagne publicitaire cette dame, peut-être sympathique, mais bon, on la connaît pas, quoi, on voit pas ce qu’elle vient faire là

Quel con, ce cougar !

On peut jamais rien faire avec des dictateurs

Monday, January 17th, 2011

L’actualité récente nous oblige à nous poser cette question fondamentale :
Que fout un dictateur déchu de ses journées ?

– Bonjour, je suis votre conseiller Pôle Emploi. J’ai étudié votre CV… Je vois, là, dictateur de 1971 à 1992. C’est un beau parcours, bravo, vous devriez mettre ça en avant positivement sur votre CV. Votre endurance, votre aptitude au leadership… Le fait aussi que vous soyez resté inflexible malgré la pression populaire. Très bon, ça. Cela veut dire que vous êtes capable de garder le cap que vous vous êtes fixé même si cela doit vous rendre impopulaire… Pourquoi avez-vous quitté votre poste de dictateur ? »
– Eh bien, j’ai été victime d’une odieuse insurrection populaire… »
– Vous n’avez pas de certificats de travail ? »
– Ceux qui m’ont remplacé ont refusé de m’en signer un. Mais je peux vous montrer quelques articles de presse élogieux ! »
– “Le Grand Leader entraîne notre Pays sur la voie du Progrès grâce à sa pratique éclairée de la Torture et sa décision courageuse d’enfermer les journalistes à la solde de l’Ennemi”… Très bon, ça, on voit que vous êtes quelqu’un de déterminé. Pourquoi cela ne figure-t-il pas à votre dossier ? »
– Vous savez ce que c’est, notre époque ne reconnaît plus le savoir-faire des artisans. On ne sait plus rigoler comme autrefois. »
– Attendez… je vois ici que vous aviez été porté au pouvoir grâce au soutien américain. Et que la France a toujours entretenu des relations troubles avec vous. Et que la demande de bloquer vos comptes en Suisse est en suspens depuis 18 ans. Apparemment, vous avez un bon réseau de connaissance, vous devriez indiquer quelques référents sur votre CV. »
– Quand on est dictateur au chômage, tous vos anciens amis vous oublient. »
– Les gens sont si ingrats, de nos jours. Dans quel secteur aimeriez-vous retrouver de l’embauche ? »
– Eh bien, je veux reprendre ma place légitime dont le peuple m’a injustement chassé ! »
– Vous avez de l’ambition, c’est bien, c’est courageux. Mais un peu trop passéiste. Il faut se montrer réaliste, si aucun poste de dictateur n’est à pourvoir dans votre pays, il faudra viser autre chose. Peut-être d’autres pays cherchent-ils un conseiller stratégique ? Et puis vous savez, de nombreuses entreprises ont des CEO dictatoriaux sans que cela ne provoque jamais la moindre intervention militaire, vous devriez y réfléchir. Vous n’avez pas indiqué de hobbies. »
– J’adore jouer à Civilization. Je pourrais y passer des journées. Mais je ne comprends pas pourquoi mes citoyens finissent toujours par être mécontents… Peut-être parce que je refuse de jouer à un autre niveau que ‘Divinité’ »
– Mouais… »
– Et sinon, je m’informe beaucoup sur la situation dans mon pays. Au cas où la situation dégénérerait et qu’ils auraient besoin de moi, vous voyez ? Et je me suis créé une fanpage sur Facebook et un compte Twitter. A 500 followers je poste une photo de moi en slip et à 100’000 fans je tente un putsch. »
– Bon, très bien, vous vous intéressez aux réseaux sociaux, cherchez donc un emploi de community manager. Si je vous revois le mois prochain, je vous demanderai 27 preuves de recherche d’emploi. »
– Toi, tu seras le premier pendu quand j’aurai repris le pouvoir. »
– Plaît-il ? »
– Non, rien, je pensais à voix haute. Au revoir. »

Qu’est l’amour ? Bébé ne me blesse pas, non plus.

Thursday, January 13th, 2011

De tout temps, l’homme de sexe masculin s’est voué tout entier à une tâche ardue mais ô combien gratifiante : voir sous les jupes des filles. Bien sûr, les sites plus ou moins sérieux t’expliquant l’art de courir le guilledou foisonnent. Mais finalement, comme l’a si bien expliqué le grand philosophe Mel Gibson, le mieux, pour conter fleurette, c’est encore de comprendre ce qui se passe dans la tête des femmes.
Et pour cela, nous avons à disposition un outil merveilleux : l’alcoolInternet !
Ainsi, penchons-nous, veux-tu bien, sur le profil de Coralie, experte love pour Girls.fr, ce fabuleux site découvert grâce au jeune mais logorrhique Odieux connard. Car qui mieux qu’une experte love sait ce qu’est le love, je te le demande ?
Coralie, 25 ans, est étudiante en lettre. Pas en lettres, attention, en lettre. Elle a reçu une lettre, un jour, je crois que c’était de son oncle enfin, ce n’est pas précisé, et depuis, elle l’étudie. Coralie a trois bestah, un bestoh et une biographie qui pourrait être celle de milliers de jeunes filles d’aujourd’hui si les jeunes filles d’aujourd’hui vivaient dans une sitcom à rires enregistrés.

Et, donc, elle cherche le prince charmant. Ce qui est un peu limite de la part d’une experte love, mais Lao Tseu ne disait-il pas que les cordonniers étaient les plus mal chaussés ? Coralie, donc, cherche chaussure à son pied. Je cite. Parce que c’est là que ça devient important. Pour comprendre ce que veulent les jeunes filles d’aujourd’hui, tu vois ?

Mais non, pas celui de Walt Disney !

Tu m’étonnes. Le prince charmant de Walt Disney, c’est un mec, il débarque, il se bat contre des ronces, un dragon, tout ça pour emballer une fille qu’il a jamais vue, avec laquelle il a même pas chatté, qu’il n’a même jamais pokée, vu que la meuf elle pionce depuis cent ans. Bon, admettons, il a vu sa petite annonce dans l’Hebdo, “jf sommeil lourd ch jh pour réveil câlin”, il a trouvé ça si subtil et profond qu’il est tombé amoureux. La fille, au bout de cent ans, déjà tu peux être sûr qu’au réveil le premier truc qu’elle va dire c’est ouhlala je suis pas épilée hihihi, ça va bien péter l’ambiance, mais passons : le prince, il arrive, il roule une grosse galoche à la fille qui doit avoir une telle haleine que le dragon, elle aurait pu le mettre à terre en une demi seconde. Il est pas romantique, le mec, il est juste super mort de faim.

L’autre… le vrai !

Oui, y a ça, aussi. Non seulement il est chelou, le prince de Walt, mais en plus il a même pas la décence d’exister.

Celui qui vous harcèle de texto enflammés et vous tags dans toutes ses photos sur Facebook.

Voilà, c’est donc ça le romantisme en 2011. Je dirais bien monde de merde, mais tu vas me prendre pour un vieux con. Le type, il t’envoie 300 sms par jour, “LOL là je suis à un feu rouge, ça me fait tro pensé à toi, MDR, comme tu avé di ke tu aimé bi1 les communisses” “LOL sa viens de passé o vaire, comme quan on avé mangé des épinarres LOL tu me mank baybay jtm tmtc”, je suis pas étudiante en lettre, mais je pense quand même qu’il passe assez vite de “trop chou” à “gros relou”. Et comme il veut qu’on ne voie plus que lui sur ton facebook, c’est une façon moderne de marquer son territoire, c’est plus humain que pisser partout et moins artisanal qu’un énorme suçon, il te tags. Partout. Sur les images dorées, sur tous ses chiffons d’azur, sur l’étang soleil moisi, sur les ailes des oiseaux, au fond d’un vieux volcan, il tague ton nom. Sur la photo prise à l’anniversaire de son pote Roger, où il est saoul, couché par terre, avec des marques de rouge à lèvres et un bonnet phrygien, il tags ton nom.

Celui qui vous emmène au japonais

Un resto, donc, pas un copain à lui. C’est pas un peu has been, les sushis ?

à n’importe quelle heure

Moi le mec qui me réveille à trois heures du matin pour m’amener au japonais, le resto, pas un pote à lui, il en prend une.

et viens vous chercher en voiture à 3h du matin lors de vos virées nocturnes entres copines !

Les horaires des virées sont plus précis que ceux des japonais, heureusement. Bon, là, par contre, c’est du romantisme : ta copine sort virer avec ses copines et tu n’en profites même pas pour picoler plus que de raison, c’est de l’abnégation, c’est beau.

Je suis à la recherche du grand amour,

Tu m’étonnes ! Le mec qui passe sept heures par jour à te taguer sur facebook, c’est pas un flirt ridicule, c’est du sérieux !

celui qui fera scintiller mes yeux et se tordre mon ventre

Le ventre qui se tord ? Ça c’est pas le grand amour, ma fille, c’est les sushis de trois heures qui étaient pas frais !

tellement je serais amoureuse !

Le grand amour tellement je serais amoureuse… Je pense que Coralie a sa chance avec Obispo.

Bref, donc, jeunes gens qui êtes à la recherche de la princesse charmante, vous savez ce qu’il vous reste à faire, taguer des photos sur Facebook et leur envoyer 200 sms par jour. Si avec ça elles tombent pas toutes, je ne comprends plus rien.

Un ver, ça va

Thursday, January 6th, 2011

Chaque année, l’association Pro natura élit son animal de l’année. Cela permet à l’élu de mieux se faire connaître, de parler de son travail qu’il accomplit souvent dans l’ombre.
En 2004, le sacre du lièvre brun, avait fait jaser tant il est de notoriété publique que cet animal est un gros branleur. En 2005 vint le tour du lézard agile, choix discutable car il stigmatisait une fois de plus les maladroits et il ne faudra pas s’étonner, à force de mettre cette catégorie de la population à l’index, si un jour ça pète.
En 2006, le bouquetin gagnait, au terme d’un marathon électoral qui fit un véritable tintamarre.
Vainqueur en 2008, le caloptéryx éclatant est hélas resté dans l’ombre commun, vainqueur en 2007.
En 2009, l’ours brun était enfin titré, un choix légitime mais qui donna lieu à de houleux débat sous prétexte que deux animaux bruns en cinq ans, c’était un peu beaucoup.
L’an dernier, l’abeille à longues antennes n’avait pas réussi à faire le buzz.
C’est le lombric qui a été choisi cette année. Félicitations à lui. C’est mérité.

Car le lombric, ce malaimé, est issu d’une famille qui a beaucoup souffert (les lumbricidés (aucun rapport avec la lubricité), ordre des oligochètes, classe des clitellates, embranchement des annélides). Il est souvent raillé car il se nourrit de compost, ce qui est encore très mal perçu en société de nos jours. Or, quelle économie, quel gain de temps, cela serait si les gens, au lieu de chats, de chiens ou d’axolotls, se mettaient à adopter, comme animal de compagnie, des vers de terre ! Plus besoin de se dire, oops, c’est jeudi, j’ai encore oublié de sortir le seau à compost (attention, toutefois, jeunes célibataires, si vous décidez d’adopter un lombric (et de le nommer Jean-Eric), le carton de pizza se composte très mal, contrairement au ticket de métro).

Preuve que le lombric dérange, non seulement le peu d’articles que lui consacre la presse, trop soucieuse de défendre les intérêts des puissants en nous détournant de cet animal modeste mais courageux, mais surtout, cette croyance populaire trop répandue, probablement colportée par des groupes organisés décidés à lui nuire. Une fois coupé en deux, le ver de terre ne se dédouble pas. Il fait ce que fait tout être vivant sérieux et raisonnable dans la même situation, il meurt dans d’atroces souffrances. Et s’il dérange, c’est peut-être à cause de sa sexualité débridée: hermaphrodite, il possède des testicules dans ses 10 et 11e segments et des ovaires dans le 13e, ce qu’il fait qu’il peut très bien être couillu et féminine sans être taxé d’incohérence. Au moment de la reproduction, nous dit le poète, deux vers s’accouplent en position tête-bêche, étroitement unis par la sécrétion muqueuse du clitellum, ce qui fera rêver, j’en suis certain, nombre de lecteurs adolescents.

Alain Peyrefitte n’a-t-il pas déclaré, un soir de délire paranoïaque, “quand le lombric s’éveillera la terre tremblera” ? Il faut en effet savoir, c’est important d’en être conscient, qu’il y a environ, chez nos voisins les Français, environ 66 fois plus de kilos de lombrics que de kilos de Français, ce qui laisse songeur, et il faut probablement voir la patte du Mouvement pour la Libération des Lumbricidés dans les récentes attaques terroristes dont ont été victimes récemment de nombreux groupes d’oiseaux.

2011, année de la bronze

Monday, January 3rd, 2011

En ce début d’année, vous vous demandez tous, du moins ceux d’entre vous qui utilisent le calendrier grégorien, mais franchement, il est bien plus pratique que le calendrier sayana, ce que nous réserve 2011. Je laisse à d’autres le soin de se livrer à des prévisions météorologiques, économiques, astrologiques ou zoologiques, pour me concentrer sur des faits, on n’est pas là pour raconter n’importe quoi, il y a des hôtels pour ça.

2011 est une année de type impair, c’est à dire qu’il n’y aura ni Jeux olympiques ni Coupe du monde de football ni fin du monde prévue (mais dans ce domaine, on n’est jamais à l’abri d’une surprise). 2011 est d’ailleurs un nombre premier et qui a donc l’amusante particularité de ne pas être divisible par 43, une information qui semble ne pas présenter le moindre intérêt. Toutefois, l’année 2011 sera marquée par des événements importants : la Coupe du monde de Cricket et le mariage du prince Albert. De plus, l’ONU l’a nommée à la fois année internationale de la jeunesse : dialogue et compréhension mutuelle (avec son amie 2010 car il faut bien deux ans pour comprendre les jeunes, ces êtres étranges et malicieux qui <3 bestààh plus que koupiin), Année internationale des personnes d’ascendance africaine , Année internationale des forêts et Année internationale de la chimie, autant de thèmes sur lesquels nous aurons souvent l'occasion de revenir. Inutile donc de préciser que 2011 va être particulièrement joyeuse pour les chimistes noirs arboricoles et je sais qu'ils sont nombreux à lire ce blog. On déplorera au passage l'absence d'Année internationale des objets qui font pouet quand on appuie dessus, qui se fait cruellement sentir et nombreux sont ceux qui y voient une forme de censure déguisée. Selon nos amis chinois, toujours aussi facétieux, 2011 sera l'année zodiacale du lièvre de métal*. Le lièvre, cousin sauvage du lapin, peuple nos forêts où il gambade gaiement devant les phares des voitures et est reconnaissable facilement par les promeneurs citadins grâce à sa grâce, à sa couleur lièvre et au fait qu'il ne ressemble pas du tout à un chevreuil ou à un sanglier. Les personnes nées durant l'année du lièvre de métal sont vives, sautillantes, résistantes à la chaleur et de couleur lièvre. Je prie toutefois ceux qui souhaiteraient devenir parents d'un petit lièvre de métal, et c'est un voeu légitime, d'attendre la fin de ce post avant de faire leurs cochonneries, merci. Politiquement, 2011 sera marquée par des élections en Suisse qui n'ont pas fini de nous faire rigoler et par un exode massif vers l'étranger et la fin octobre. 2011 est une année particulièrement problématique pour tout ce qui est des rimes. Les experts n'ont relevé que "2011, année du bronze". Seules les années 2014 et 15 font pire dans ce domaine, alors que 2012 (année de l'arbouse) et 2013 (année de la catachrèse) s'en sortent la tête haute. * ou du chat, ou du lapin, suivant les sources, comment veux-tu t'y retrouver ?