Archive for February, 2010

Double take out

Thursday, February 25th, 2010

Le sport est une merveilleuse école de vie*

Il nous apprend le dépassement de soi, l’esprit d’équipe, la victoire, la défaite. Il nous enseigne à toujours trouver un bouc émissaire en cas de défaite.

Le sport amateur nous apprend à se moquer des faibles, et à toujours choisir Oswald, le petit gros, en dernier. Le sport professionnel nous enseigne que dans la vie, il faut savoir rester fair-play en toutes circonstances, sauf si on peut tricher sans se faire gauler.

Bon. Mais il est un sport qui jouit actuellement d’un engouement sans précédent : le curling. Que peut-il nous enseigner ?

– Le curling est un sport dominé où Canadiens, Ecossais et Suisses figurent parmi les meilleures nations. Ce qui prouve qu’un accent rigolo n’est pas toujours un handicap dans la vie.

– Le capitaine des équipes de curling, celui qui est chargé de déterminer la tactique d’ensemble, s’appelle le skip. Ce qui prouve qu’on peut réussir dans la vie quand on a un nom de produit de lessive. Arielle Dombasle a su en tirer les enseignements.

– Quand la pierre est lancée, les coéquipiers peuvent alors balayer pour corriger sa trajectoire. Cela prouve que dans la vie, quand on rate quelque chose, on peut toujours compter sur ses coéquipiers pour crriger le tir, ou les engueuler le tir est incorrigible.

– Les travées pleines lors des compétitions olympiques de curling, même à 9 heures du matin, enseignent à tous ceux qui se plaignent de s’ennuyer au boulot qu’il y a pire ailleurs.

– Si votre enfant rêve de devenir journaliste sportif, les consultants de curling sont un remède idéal.

– De même, à l’heure où tu rechignes à faire ton ménage, savoir que d’autres balaient pour le plaisir est réconfortant.

– Mais surtout, quand, tous les deux ans, les Jeux olympiques nous permettent de nous réconcilier avec tous ces sports dont le seul intérêt est de nous rapporter moult médailles, se dire que si on était français, on devrait se taper le biathlon est une infinie consolation.
*si tu doutes de cette affirmation, il te suffit de demander à google : “le sport est une école de vie” donne 224’000 résultats contre seulement 10’600 pour “le sport est une sorte de cheval” et 4 pour “Street Fighter est une école de vie

Amour, sexes et vilebrequins.

Monday, February 22nd, 2010

Ceci est la suite de ceci.

MySpace
The Funky Ponies feat. Jean-Raoul:
Salut, merci pour l’ajout, nous sommes un groupe de rock de Besançon, cela faisait trois ans que plus personne ne nous avait ajoutés sur MySpace, on était loin de se douter que des gens s’en servaient encore, pour te remercier, nous t’invitions à venir nous rejoindre en coulisses lors de notre prochain concert aux anciens abattoirs de Vesoul.

Adopteunmec.com
– Ecoute, Jennifer, tu es une fille sympa et tout, mais cette histoire de me mettre dans ton panier, je voyais plutôt ça comme une métaphore, moi…

FarmVille
Jennifer Flanagan vous a envoyé une demande en utilisant FarmVille :
Here is a cute kitten for your farm in FarmVille. Could you help me by sending a gift back?

Jean-Raoul Plowsky vous a envoyé une demande en utilisant FarmVille :
Here is a Yellow Barn for your farm in FarmVille. Would you come to sleep with me on the straw ?

Google wave
Jean-Raoul: Hé salut, toi ! Ça va ? Quoi de neuf ? Ça fait plaisir de te parler. Nov 7, 2009.
Jennifer: Hihihi ah oui, ça te fait plaisir ? Jan 12, 2010.
Jean-Raoul: Trop ! Tu veux sortir avec moi ? LOL Jan 12, 2014.
Jennifer: Ça tient toujours ? je viens de voir ton message. Et de divorcer. Ça tombe bien. LOL. Jun 26, 2059.

Chatroulette
You : Cé cool de rencontrer quelqu’un qui parle français ici
Stranger : lol
You : On a trop de points communs en fait lol
Stranger : Lol. Comment ça ?
You : ben on parle français et on utilise Chatroulette
Stranger : Ah oué lol
You : ça te dirait pas qu’on aille plus loin ? Genre devenir amis facebook ?
Stranger : Lol ok mais je peux te demander un truc ?
You : Pas de problèmes
Stranger : Tu pourrais te rhabiller, là ? Ça devient gênant.

par e-mail
Nouveau message de: consuela2147@mail.da.ru
Sujet: La rencontre est-il possible ?
Message:
Bonjour, j’écrive à vous cette lettre car j’ai reçu de vous l’adresse pour la société de rencontre. J’aimerais être à vous envoyer la photographie s’il vous plaît car je suis être femme appelée Jennifer de Russie très jolie et très riche qui penser vous être mari idéal de moi pour l’épouser et l’aider améliorer programme de traductage automatique. Seulement envoyez-moi photo et coordonnées bancaires pour mieux faire la connaissance.

Nouveau message de: jr874214241@hotmail.com
Sujet: Re: La rencontre est-il possible ?
Message:
Chère Jennifer, votre mail m’a beaucoup touché. Rares sont les femmes à avoir su à ce point jouer de ma corde sensible comme un violoniste d’un didgeridoo. Pourrions-nous nous rencontrer ? Je porterai un chapeau-melon.

Nouveau message de: consuela2147@mail.da.ru
Sujet: Re: Re: La rencontre est-il possible ?
Message:
Bonjour, je être très heureux vous faire le réponde de ma lettre. Vous pas être oubli donner moi coordonniers bancaires, pour nous être heureux et aimer comme au premier jour, vous être comme aquarelle de Marie Laurencin.

Roulette russe

Thursday, February 18th, 2010

Le truc dont la bien étrange loi universelle des trucs cool du moment oblige à parler actuellement, c’est chatroulette. Un site étrange et merveilleux, mais surtout étrange, où les dieux du hasard font que parfois, plusieurs personnes de suite décident de ne pas immédiatement te montrer qu’ils n’ont aucun trouble érectile, merci. Et où l’on fait de bien belles rencontres.

Sauf que moi, je ne vais pas te parler de Chatroulette, mais de l’expression « il n’y a pas de quoi fouetter un chat », ce qui est finalement un peu pareil, mais en même temps pas tellement*.

Or, cette expression est bizarre. Imaginons. Tu regardes du curling, Per Oløffsøn pose une magnifique pierre de garde juste devant la maison, obligeant ainsi Wikåsh Burdurrsson à tenter un backflip. C’est embêtant, certes, mais pas grave. Il n’y a donc pas de quoi fouetter un chat. Mais pourquoi diable est-ce que tu en viens à penser fouetter un chat alors que le brave animal tolère tes choix télévisuels désastreux avec une abnégation qui frise la sainteté ?
Ou alors, au contraire : Il t’arrive un truc. Grave, le truc. Tellement qu’il n’y a pas pas de quoi fouetter un chat, tu vois ? Tu as raté ton train et c’était le dernier avant la fin du monde, tu viens de te faire larguer par ton patron et renvoyer par ta copine la même semaine, on t’a offert un album de Pascal Obispo, bref, un truc qui pue. Je ne sais pas comment tu réagis, on se connaît pas si bien que ça, mais j’imagine que tu prends des mesures urgentes. Tu ne perds pas de temps à chercher un fouet et un chat et à te servir de l’un pour frapper sur l’autre, si ?

Cette expression est donc bizarre, ce que je te disais en préambule, tu aurais acquiescé, on aurait gagné un paragraphe.

Bref.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Les rats pullulent, transmettant moult infections et force maladies. De nombreuses personnes se présentent aux administrations communales de par le monde, prétendant savoir comment les débarrasser de ce fléau mais, en général, c’est du pipeau. Certaines villes décident alors d’engager des chats pour éradiquer le nuisible rongeur. Mais à l’époque, le chat est considéré comme un animal démoniaque : on croit en effet qu’il est envoyé par le Malin pour tenter d’attirer l’Homme vers la Paresse, en se roulant sur les documents des scribes à domicile et en faisant ses 18 siestes par jour.

Une fois débarrassé des rats, il faut donc se débarrasser des chats et ainsi de suite. Or, en une bien étrange contrée aujourd’hui oubliée de tous, des adorateurs de la cause animale qui n’ont que ça à foutre décident de se doter d’avocats pour défendre les droits des bêtes. Il est désormais interdit de battre les chats, de se montrer inutilement inamical envers les ours bruns, ou d’inventer l’aspirateur qui pourrait nuire à la santé mentale des acariens. L’on est donc obligé d’avoir recours à des stratagèmes non-violents pour inciter la gent féline à aller voir ailleurs si l’herbe à chats est plus verte.

C’est là qu’un jeune godelureau décide de se lancer dans l’élevage industriel d’anchois. Il les dispose ensuite tout autour du territoire des villes, non sans leur faire force bisou et leur demander pardon pour ce qui va suivre, afin de ne pas indisposer les protecteurs des animaux. Par l’odeur alléchés, les chats quittent donc les faubourgs pour s’en aller refaire leur vie à la campagne. Mais le bourgmestre, tu sais comment ils sont, répond par la négative à la demande de subventionnement de l’ingénieux anchoyeur, en lui rétorquant que “Ouais, bon, mais ils nous embêtaient pas tant que ça, les chats, y a pas de quoi fêter l’anchois”

Mais pour des raisons que les linguistes peinent aujourd’hui à s’expliquer, fêter l’anchois est devenu fouetter l’anchois au fur des années.

* Je suis pourtant sûr que j’avais une transition quand j’ai brouillonné ce post dans ma tête.

La liste de Schindler

Monday, February 15th, 2010

L’inspecteur Polder ne put réfréner un mouvement de dégoût. On ne s’habitue jamais vraiment à la barbarie et cette scène de crime était particulièrement choquante. Peut-être parce que le carnage contrastait violemment avec la quiétude des lieux. Aménagés selon les préceptes du feng-shui, avait reconnu Polder, dont l’ex-femme Hildegarde était adepte de la plupart des philosophies orientales à la mode. Tout, dans cette bâtisse, n’était que quiétude, mais souvent quiétude n’est qu’apparente, se dit l’inspecteur, car l’essentiel est invisible, contrairement aux chamois, que l’on peut observer à force de patience quand fondent les neiges.

– Excusez-moi d’interrompre vos pensées, s’exclama alors son impétueux assistant, Henri Petit, interrompant ainsi le cours des pensées de l’inspecteur, car il était, en matière de zen, novice.
– Ouais ben t’as intérêt à ce que ce soit important, parce que je pensais des trucs super.
– J’ai découvert des indices, mèche de cheveux sur le tapis de la salle de bains, traces de lutte, empreintes digitales diverses ainsi que cette machine à coudre plantée entre les omoplates de la victime.
– Des indices ?, vitupéra l’inspecteur. Tu te crois dans un mauvais roman policier ? Les crimes, c’est toujours des histoires d’ex-mari jaloux ou de dettes impayées, de toutes façons, on va pas commencer à ramasser toutes les cochonneries qui trainent par terre.
– Mais j’envoie quand même le sang au labo ?, rétorqua l’impertinent Henri Petit.
– Si tu crois qu’on a les moyens de se payer un labo. Mon pauvre.

***

Après dix ans passés au sein de l’institut de beauté, relaxation, détente, bien-être et photos de chatons “La Joie du Bonheur”, Pélagie s’apprêtait à remettre sa démission. Après dix ans passés à gommer et à masser, à donner des conseils de beauté, elle aspirait à changer de vie. Complètement. Elle allait travailler un peu dans la boucherie aussi chevaline que paternelle et reprendre des études de criminologie trop tôt abandonnées, à la naissance de son aîné Jean-Hans. Elle s’expliquait de ce choix à ses collègues, essuyait une larme. De crocodile.

***

– Pardon, inspecteur, mais… Un fidèle assistant, vous ne trouvez pas que ça fait un peu cliché ?, interrogea Henri.
– Plaît-il ?
– Admettez la vérité en face, chef : nous sommes dans un mauvais roman policier ! Nous avons donc tout loisir de récolter des indices !
– Il faut dire admettez la vérité ou regardez la vérité en face, sinon c’est idiot, contesta l’inspecteur.
– Vous voyez ! Nous sommes mal traduits ! Si ça, ce n’est pas une preuve !
– Tu me fatigues…
– De plus, je me suis renseigné sur vous sur Google® et j’y ai trouvé plein d’interviews de vous…
– Et alors ?, s’emporta Polder.
– Et alors, ça prouve que nous sommes dans un roman. Dans la vraie vie, jamais personne n’interviewe un inspecteur de police.
– C’était en tant que président du club “Des chiffres et des lettres” de Melun. Les jeunes d’aujourd’hui ne savent plus googliser correctement…
– Tout de même, chef, j’ai pris soin de me renseigner et il y a eu dix-sept meurtres similaires ces dernières semaines. Je crois que nous avons affaire à un serial killer.
– Bah oui mais c’est dans d’autres cantons, on ne peut rien faire. Alors laissons la police faire son travail.

***

La sonnette de l’entrée retentit dans le silence azuréen d’un matin glacial. Sri Jean-Claude sursauta. C’était si rare qu’on le dérange en pleine journée. En soirée aussi, d’ailleurs, maintenant qu’il y pensait. Il avait d’ailleurs mis un temps à comprendre que c’était bien sa porte d’entrée qui tintinnabulait ainsi, tant il l’avait rarement entendue. “Encore un de ces colporteurs de mes deux”, pensa-t-il par-devers lui, tout en se reprochant sa vulgarité.

Ce n’était pas un colporteur. Ni un témoin de Jehovah. Ni des vendeurs de tombola pour la fête de l’école, il faut deviner le poids d’un cochon et vous pourrez le gagner, oui je sais, c’est la septième fête de l’école cette année, mais on est très festifs, c’est pour ça. Ni aucun de ces joyeux troubadours qui aiment à émailler le quotidien des gens qui glandent à la maison.

Sri Jean-Claude avait rendez-vous avec son destin.

– Bonjour, lui dit avec un certain sens de l’à propos une jeune fille accorte, bien que le cheveu en bataille et le front en fontaine, car la température s’était nettement réchauffée en trois paragraphes. Vous êtes bien le compositeur de “Musique relaxante pour la relaxation volume 3” ?
– Oui… En effet… Une fan ?
– Pas à proprement parler, répondit le jeune inconnue d’un ton où l’on sentait poindre l’agacement.
– On vous a mise en attente un peu trop longtemps et vous m’en tenez désormais rigueur ? Vous avez été coincée dans un ascenseur et vous êtes un peu trop relaxée ?

**

Tiens, encore ces soucis de traduction, nota Henri Petit.

**

– Pas exactement. Ou disons que je suis restée coincée dans un ascenseur trop longtemps. Dix ans.
– Pardon ?
– J’en peux plus de ta musique relaxante. J’en peux plus. Dix ans à me taper dix heures par jour de calme et de sérénité. Le soir, quand les copains sortaient boire une bière pour se détendre après le boulot, je sortais m’énerver après le boulot.
– Ça a l’air d’avoir bien marché, vous êtes tout ébouriffée. A mon avis, votre Kapha est un peu déséquilibré. Vous voulez une graine de citrouille ?
– Non mais change pas de sujet, là, ça me coupe tout mon effet.
– Oui pardon. Donc là vous alliez m’expliquer que vous étiez une vengeresse sur le point de débarrasser la Terre de tous les créateurs de musique planante, c’est ça ?
– Voilà, mais ça gâche pas un peu le suspense, dit comme ça.
– Non mais c’est important que le lecteur comprenne, sinon après il comprend pas.

Aimons-nous vivants

Thursday, February 11th, 2010

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est bientôt la Saint-Valentin. Et parce qu’aimer, qu’on le veuille ou non, il ne faut pas se voiler la face, c’est quand même savoir sourire à une inconnue qui passe, j’ai décidé de m’intéresser à quelques une des plus belles chansons d’amour depuis l’invention de l’amour par les blogs de fille et de la tendresse par Michel Sardou.

Je vais t’aimer

Les paroles viennent de là.

A faire pâlir tous les Marquis de Sade,

Oui parce que bien sûr, on ne parle que de celui qui a fait carrière dans l’écriture et le boudoir, mais on oublie que marquis, c’est un truc qui se transmet de père en fils.

A faire rougir les putains de la rade,

Car, c’est bien connu, la putain de la rade est nettement moins rougissante que la putain des terres, car elle a l’habitude de la morsure du vent marin sur ses joues burinées.

A faire crier grâce à tous les échos,

Ce qui est assez simple, il suffit de crier un truc qui finit par grâce, genre “Essuie-grace” ou “patinage artistique”

A faire trembler les murs de Jéricho,

C’est encore plus simple, il suffit de jouer de la trompette.

Je vais t’aimer.

Je sais pas vous mais dis comme ça, je trouve que ça a l’air presque menaçant. Alors que normalement, c’est plutôt un truc qui fait plaisir. Bon c’est sûr, si t’as le vertige et qu’on te dit aimer c’est monter si haut, ou si on te promet de t’aimer comme un fou comme un soldat comme un loup comme un roi et que tu es allergique aux poils de loup, c’est embêtant, mais à la base, normalement, c’est plutôt un truc cool de se faire aimer. Alors que là, je sais pas, je trouve ça limite impérieux.

A faire flamber des enfers dans tes yeux,
A faire jurer tous les tonnerres de Dieu,

Il va tellement lui mettre la fièvre que le temps va se couvrir.

A faire dresser tes seins et tous les Saints,

Oh excellent le jeu de mot seins, saints, je crois que c’est la première fois que quelqu’un le fait, non ? Oui donc là aussi, c’est facile, suffit de baisser le chauffage et hop, les Saints se dressent pour aller voir ce qui se passe.

A faire prier et supplier nos mains,
Je vais t’aimer.

Prier pour que ça s’arrête ?

Je vais t’aimer
Comme on ne t’a jamais aimée.

Alors pour les jeunes qui nous lisent, il faut se méfier quand quelqu’un vous dit ça. C’est pas forcément bien. Comme on ne t’a jamais aimée, ça veut pas nécessairement dire mieux. Par exemple, je vois, mon voisin, si ça se trouve, il a dit “je vais t’aimer comme on ne t’a jamais aimée” à sa copine, sans préciser “non parce que moi, tu vas voir, c’est trop fun, le truc que je trouve cool c’est de taper sur mes femmes. Ouais pis je vis déjà avec quelqu’un, tu vas voir, c’est plus cool pour la lessive et la vaisselle.”

Je vais t’aimer
Plus loin que tes rêves ont imaginé.

Elle a toujours rêvé d’une lune de miel à Lunéville, mais lui préfère l’aimer depuis le Kamtchatka.

Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

En plus, normalement, on n’annonce pas tellement ça trois jours à l’avance, si ? “Bon là, pour le moment, je trouve que t’es une grosse cruche, excuse-moi de te le dire, mais t’inquiète, demain, je vais t’aimer”

Je vais t’aimer
Comme personne n’a osé t’aimer.

De plus en plus sympa. “Comme t’es un peu grosse et conne, les autres mecs ils osaient pas trop te kiffer, t’as vu, mais moi j’ai peur de rien. Mais quand même, tu peux éteindre la lumière, là ?”

Je vais t’aimer
Comme j’aurais tellement aimé être aimé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

Pour les jeunes qui nous lisent, c’est une manière classe de dire “Tu vas voir, je suis un super coup, pas comme cette conne de… comment elle s’appelait, déjà ? Non pas Solange, c’est toi Solange ! Quoi, non ? Ouais bon, ça peut arriver et de toutes façons je suis un meilleur coup que toi aussi”, ce qui est souvent assez mal vu en société.

A faire vieillir, à faire blanchir la nuit,

Ça c’est une métaphore super audacieuse pour dire “toute la nuit”

A faire brûler la lumière jusqu’au jour,

Ça c’est une métaphore super audacieuse pour dire “avec la lumière allumée”

A la passion et jusqu’à la folie,
Je vais t’aimer, je vais t’aimer d’amour.

Oui parce qu’aimer de beurre frais, par exemple, c’est idiot.

A faire cerner à faire fermer nos yeux,
A faire souffrir à faire mourir nos corps,

D’où le côté Marquis de Sade

A faire voler nos âmes aux septièmes cieux,
A se croire morts et faire l’amour encore,

– Oh merde, tu bouges plus, t’es morte ?
– Hein, non ? Pourquoi tu dis ça ? Oops, je crois que je me suis endormie…
– Lol, quelle blagueuse, c’était bien hein ? Je suis vraiment super. On recommence ?
– Non mais là je suis morte.

Je vais t’aimer.

J’ai envie de dire super.

Je vais t’aimer
Comme on ne t’a jamais aimée.
Je vais t’aimer
Plus loin que tes rêves ont imaginé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

Ok, mais vite, alors.

Je vais t’aimer
Comme personne n’a osé t’aimer.
Je vais t’aimer
Comme j’aurai tellement aimé être aimé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

C’est une chanson très belle et très profonde, oh oui, très profonde, comme on dit dans ces pétillantes chroniques sociétales qui passent en seconde partie de soirée sur RTL9 et savent si bien mettre en valeur les rares minutes de récréation dans le quotidien éprouvant des plombiers, livreurs de pizzas et autres réparateurs de photocopieuses.

la fleur aux dents

Wednesday, February 10th, 2010

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est bientôt la Saint-Valentin. Et parce qu’aimer, qu’on le veuille ou non, il ne faut pas se voiler la face, c’est quand même un peu toucher les ailes des oiseaux, j’ai décidé de m’intéresser à quelques une des plus belles chansons d’amour depuis l’invention de l’amour par les éditions Harlequin et de la chanson française par Joe Dassin.

L’été indien
by Joe Dassin

J’ai trouvé les paroles ici.

Tu sais, je n’ai jamais été aussi heureux que ce matin-là
Nous marchions sur une plage un peu comme celle-ci
C’était l’automne, un automne où il faisait beau
Une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique

L’automne ? Non, non, par exemple moi, je suis suisse, j’avais entendu parler de l’automne. C’est la saison où les feuilles tombent, où les colchiques dans les prés fleurissent, fleurissent et où les écureuils un peu fous te parlent encore du mois d’août.

Là-bas on l’appelle l’été indien

Oui oh c’est les Québécois, ça, il faut toujours qu’ils emploient des expressions bizarres, ces topios.

Mais c’était tout simplement le nôtre

Bah ouais, on va pas laisser l’été à ces indiens, avec leurs plumes et leurs chevaux ils vont tout saloper.

Avec ta robe longue tu ressemblais
A une aquarelle de Marie Laurencin

Bon moi j’ai dû chercher sur google images, j’avoue. Je la trouve un peu pâle, ta copine, elle devrait sortir un peu, c’est l’automne, il fait beau. En Suisse, on a une expression marrante pour ça, on dit l’été indien. Et comme en automne, quand il fait beau, on se dit que c’est peut-être la dernière fois avant six mois, on enfile nos robes et on va tous marcher sur la plage, alignés comme des lemmings. Parce que l’été indien vaut mieux que deux tu l’auras.

Et je me souviens, je me souviens très bien
De ce que je t’ai dit ce matin-là
Il y a un an, y a un siècle, y a une éternité

Tu es sûr de bien te souvenir ? parce que niveau temporalité, permets-moi de te dire que tu n’es pas super précis, hein.

On ira où tu voudras, quand tu voudras

Justement, j’aimerais voir Vesoul.

Et on s’aimera encore, lorsque l’amour sera mort

Cette chanson a fait scandale, car elle a été l’une des premières à oser aborder, bien que peu frontalement, le thème tabou de la nécrophilie.

Toute la vie sera pareille à ce matin

Toute la vie à se balader en robe longue sur une plage déserte ? On va se faire chier assez vite, non ? En plus en automne, tous les stands de glace sont fermés et j’avais envie d’une bière.

Aux couleurs de l’été indien

Ouais et y a ça aussi. Les forêts chatoient sévère, c’est beau comme un tableau du douanier Rousseau, et on se promène comme des cons sur la plage alors qu’excuse-moi de te parler si crûment mais les plages, niveau arboriculture, c’est pas vraiment Dinseyland.

Aujourd’hui je suis très loin de ce matin d’automne

Bah ouais, ça a pas l’air mais c’est bientôt le printemps, la saison la plus éloignée de l’automne.

Mais c’est comme si j’y étais. Je pense à toi.
Où es-tu?

Répondre dans ton cul, c’est complètement déplacé, hein ?

Que fais-tu? Est-ce que j’existe encore pour toi?

Oh mais tu sais, si tu n’existais pas, dis-moi pourquoi j’existerais ? Tagada, tagada, voilà les Dalton.

Je regarde cette vague qui n’atteindra jamais la dune
Tu vois, comme elle je reviens en arrière
Comme elle je me couche sur le sable

Heureusement qu’y a pas trop de monde sur la plage en cette saison, je vais te dire, tu aurais l’air un peu con. (Et tu serais obligé de te coucher sur les affaires d’un inconnu, mais c’est un autre débat)

Et je me souviens, je me souviens des marées hautes
Du soleil et du bonheur qui passaient sur la mer

Techniquement, les marées hautes ne passent pas vraiment sur la mer, mais je dis pas ça pour chipoter, c’est joli, cette métaphore, le bonheur est comme une sorte de bateau, en fait. C’est pour ça que les gens se passionnent pour la Coupe de l’America alors ? Je comprenais pas.

Il y a une éternité, un siècle, il y a un an

On ira où tu voudras, quand tu voudras
Et on s’aimera encore lorsque l’amour sera mort
Toute la vie sera pareille à ce matin
Aux couleurs de l’été indien

Ou alors Vierzon. C’est bien, Vierzon, aussi.

Moins d’amalgames, plus de dolce vita

Wednesday, February 3rd, 2010

Pardon de revenir là-dessus, mais dans son affligeante prose, le désolant Yann M. a inventé le concept de “lausannéité”. Pour aussitôt le galvauder. Un peu comme si l’inventeur de la voiture avait décidé que ça servait à ranger des pots de fleurs ou celui d’internet à envoyer des photos de chatons.

De Lausanne, pittoresque village de pêcheurs au bord du lac de Genève, ses vaches, son marché, son lac, on aurait pu dire bien des choses en somme.

Par exemple :

Lausanne est une ville qui monte et qui descend tout le temps : le bord du lac est à 375 mètres, le point culminant de la ville à 900. 500 mètres pour aller à la boulangerie racheter des pneus correspondent dans certains quartiers à environ 32 kilomètres effort, surtout le matin qui suit un bloggy friday. La lausannéité pourrait donc être le fait d’être pentu : “La lausannéité suave des rues de San Francisco”. Ou de faire mal aux jambes. Ou alors celui d’avoir des hauts et des bas : “La cyclothymie et le cyclotourisme ont en commun leur lausannéité”.

Lausanne est une ville qui a la réputation d’avoir une forte densité de jolies filles. Justement à cause de ses dénivellations, dont la légende dit qu’elles fusèlent la gambette. La lausannéité pourrait donc définir le fait de se retrouver en un lieu où s’écarquillent les yeux. Ou alors la frustration de ne pas trouver de lien sur les internets pour corroborer une rumeur entendue 1000 fois : “je konpran pa pourkoa je trouve ri1 kan je tap Joni Alidé émor, sa doi etr ankor 1 kou de la lausannéité”

La lausannéité pourrait aussi désigner le fait d’être dirigé par un obèse aux goûts cravatesques discutables, mais dans ce cas là le mot ne s’utiliserait quand même pas tous les jours.

Lausanne est également une capitale olympique qui n’accueillera jamais de Jeux olympiques, le siège de nombreuses fédérations sportives internationales avec un club de hockey rigolo et un club de football désopilant. La lausannéité pourrait donc être le fait d’avoir beaucoup de structures pour un truc qu’on connaît finalement très peu : “Un ministère des affaires étrangères en France ? Quelle lausannéité !”

Ou alors, la lausannéité pourrait définir le fait de parler, comme Yann M., de quelque chose qu’on ne connaît pas : “La pertinente lausannéité des trois-quarts des détracteurs de Guillaume Musso.” Ou de galvauder un concept : “Rouler dans une voiture ? Alors que ce serait si pratique d’y mettre des fleurs ? Quelle lausannéité !”

Berner Oberland ist schön

Tuesday, February 2nd, 2010

D’un dictateur fou à un écrivaillon en mal de buzz en passant par quelques ministres-receleurs, le Swiss-Bashing est très à la mode en ce moment, joyeusement relayé par les médias d’un pays qui aime tellement qu’on parle de lui qu’il est prêt à donner la parole au premier pinggeli venu, pourvu qu’il ait un peu de Suisse dans les idées.

Or, cette habitude est dangereuse : en voyant cette liste d’ennemis de la patrie s’allonger, moi qui ne suis d’habitude nationaliste qu’en cas de hockey, je me suis dit qu’un pays détesté par autant de gens détestables devait avoir pas mal de qualités et je me suis surpris à siffloter l’hymne national. Alors que je ne comprends même pas ce que ça veut dire, les qualités d’un pays.

Non-compatriotes, regardez, là-bas, je crois que je viens de voir un wapiti géant. Compatriotes, il faut donc réagir, et vite. Et comme le disait souvent Lao Tseu au chat de Schrödinger, la meilleure défense, c’est l’attaque. Et une de nos spécialités nationales, c’est détourner l’attention. Je vous propose donc qu’on trouve un autre pays à détester (mais pas les Etats-Unis ni la France, ça compte pas, tout le monde le fait et pas la Chine, à cause de la crise économique et tout ça), et qu’on s’arrange pour le faire assez fort pour être un peu suivis, histoire de pas se retrouver tous seuls dans notre coin à critiquer le Lesotho ou le Vanuatu.

Mais attention, pas de la détestation de puceaux ! Kadhafi n’a pas dit “La Suisse est un état mafieux, mais Federer, quel revers !”, Yann Moix n’a pas dit “La Suisse n’a pas eu de génies depuis Rousseau, mais le dernier Henri Dès est pas dégueu”. Il faut être prêt à critiquer intensément et aveuglément, sinon ça ne marchera pas. La haine doit être totale, humaine, politique, historique, géographique, gastronomique, culturique.

Maintenant, reste à trouver qui.

J’ai quelques pistes.

  • Le Honduras, parce qu’on sait vaguement où c’est, qu’on ne sait plus trop comment la situation politique a évolué, si ça se trouve c’est des communistes, ce serait bien leur genre. Et, surtout, si on se démerde bien et que tous le monde les déteste dans trois mois quand ils nous sortiront de la Coupe du Monde de foot, on pourra lâcher un “ouais, ouais, ça m’étonne pas que les arbitres soient systématiquement pour eux, quand on sait ce qu’on sait, mais enfin je dis ça je dis rien” toujours efficace.
  • La Suède, parce que plein de gens nous confondent déjà avec eux, donc sur un malentendu ça peut marcher, mais aussi parce qu’ils ont fait énormément de mal à la musique, à l’arbitrage et que c’est quand même à cause d’eux que tous tes amis ont la même armoire que toi.
  • La Lettonie, parce que c’est super pour les jeux de mots.
  • Le Swaziland, parce qu’il y a probablement quelques Américains qui nous confondent avec eux et que leur roi est peu recommandable.
  • Le Vanuatu parce que de toutes façons, avec le réchauffement climatique, ce sera bientôt un état sous-marin, on les regrettera moins.
  • Le Liechtenstein, parce que c’est imprononçable.
  • Le Portugal, parce que bon, quand même, on a beau dire, mais la morue, c’est pas très bon

Maintenant qu’on a le qui et le pourquoi, reste le comment. C’est assez simple, si tout le monde s’y met. Il suffit de manier habilement les clichés (ce qui va être plus dur si on choisit le Vanuatu, je te le concède), puis de lâcher un “quand on voit comment ils se sont comportés pendant la guerre” définitif et assez efficace, les guerres où les protagonistes s’offrent de la soupe restant assez rares.

Voilà, non compatriotes, vous pouvez revenir, c’était pas un wapiti mais un koudou, je confonds toujours.

Catcheurs dans le riz

Monday, February 1st, 2010

J’ai encore fait une mauvaise note à mes examens de droit. Papa va encore me gronder. Je trouve ça injuste, ce système où ce sont ceux qui ont le plus de connaissances qui ont les meilleures notes. Sérieux.
Alors j’ai pris une décision de cinglé. Je suis trop un fou malade dans ma tête. Sérieux. Je vais fuguer. Je suis pas comme tous ces moutons qui affrontent les difficultés, je suis trop un rebelle dans ma tête de fou malade dans ma tête.

Je n’ai peur de rien, moi, tellement je suis un fou malade. Même pas de vider un des huit comptes en banque où je verse chaque mois ce qu’il me reste de mon argent de poche après mes divers placements en bourse pour survivre dans la rue. Même si je dois aller à pieds en Suisse pour ça. J’en profiterai pour visiter la fosse aux ours de Berne, à Zurich. Enfin sauf que je vais pas y aller à pieds, mais prendre le train, je suis comme ça, trop un fou malade qui privilégie la mobilité douce pour mes semelles.

Dans le train il y a une fille qui est belle comme un soleil couchant sur la rosée du matin, elle ressemble un peu à ma copine Pélagie qui est belle comme un soleil couchant sur la rosée du matin (je connais qu’un seul compliment mais il est super). Je lui demande si elle veut que je lui paie un Cacolac mais elle me dit non alors je ne lui en paie pas. LOL, FAIL, VDM. J’arrive à la gare de Zurich, à Genève, et je cherche la banque, mais comme je suis trop un fou malade, je décide de profiter de ma visite pour aller au casino de Montreux.

A l’entrée un type me demande si j’ai vraiment 18 ans, et c’est vrai que je suis beau comme un enfant, mais il ne me laisse tout de même pas entrer, alors je suis très malheureux et je suis obligé de passer la nuit sous un pont. Un hôtel cinq étoiles situé sous un pont, j’avais jamais vu ça.

Mais je m’ennuie un peu, alors je décide d’aller regarder ma soeur dormir, mais comme je me souviens soudain que je suis fils unique, je regarde plutôt un documentaire sur les girafes et Planète, et je m’ennuie un peu.

Ensuite, je n’ai plus d’argent alors je rentre à la maison et mon père me regarde avec des grands yeux tristes, il est obligé de me placer dans une nouvelle école privée, c’est déjà la dix-huitième cette semaine, que va-t-on faire de moi mon pauvre John-Mike ? alors je décide de me lancer dans la politique. Je suis trop un fou malade, sérieux.