Les daims se cachent pour mourir

La petite ruelle était sombre et obscure. Et de toutes façons, la ville était déserte. La Sud-Néolotharingie affrontait le Baloutchistan en demi-finales des championnats du monde de beach sepak takraw. Des bars montait une sourde clameur : je crois bien que nous étions en train de gagner.

Je voulais bien comprendre qu’on se passionne pour le sport, je n’avais moi-même raté aucun match de croquet pendant bien des années (même après la dictature du CIO, cette période où, à tout moment, des milices pouvaient vous arrêter pour non regardage de finale et vous envoyer de force dans un camp de sport – et je peux vous dire que je préférais subir un mauvais match de tchoukball à quatre que de devoir grimper aux perches). Mais j’avais du mal à saisir qu’on se passionne encore parce que des compatriotes étaient en train de vaillamment représenter les couleurs de la nation. Depuis huit ans, la fin de la onzième crise de la dette et l’effondrement de la troisième communauté européenne, j’avais changé dix-sept fois de nationalité. D’ailleurs, avant le début de la compétition, j’étais persuadé que Lemanic City était encore une cité libre enclavée entre l’empire Bas-Valaisan et le Royaume des Deux-Juras. Et pourtant, à chaque fois, la plupart de mes concitoyens arrivaient à y croire. Même la fois où un milliardaire excentrique avait racheté toutes les villes commençant par L du monde pour les unir sous sa bannière étoilée, j’ai vu des gens pleurer en entendant l’hymne national. Alors que c’était une chanson des L5.

Il m’attendait. Il arborait le masque des Anonymous Fraction Armée, tiré paraît-il d’une ½uvre cinématographique majeure du XXIe siècle, irrémédiablement perdue après cette période funeste que les historiens avaient appelée Jour du Grand Couinement (une période dont on ne sait pas grand chose, puisque comme vous le savez évidemment, il n’y a plus d’historiens depuis une bonne cinquantaine d’années, la direction générale de Google Schools ® ayant décidé de ne plus enseigner toutes ces matières improductives).
– Voilà ton empreinte rétinienne. Ça fera 300 images panini de la coupe du monde 2032 au Vatican. »
– Vous êtes sûr que je ne peux pas payer en ZyngaDollar ? »
– Pas de monnaies virtuelles. Trop dangereux. »
– Bon, voilà… »
– C’est pour une fille, hein ? »
– Pardon ? »
– Je suis dans le commerce depuis pas mal d’années. J’espère à chaque fois traiter avec des activistes. Mais non. C’est toujours des histoires de filles. Tu l’as repérée à son hologramme au magasin de chaussures et tu aimerais la rencontrer… mais comme tu n’as plus de compte FaceBook3, tu ne sais pas comment la contacter. Alors il te faut une fausse empreinte rétinienne pour te créer une fausse identité. Au fait, tu t’appelles Buduknor Bollomey. »
– Vous dites n’importe quoi. Acheter des chaussures ? J’ai un kit, comme tout le monde… En fait, c’est une ancienne collègue de boulot. Je ne lui ai jamais parlé, évidemment, le règlement est strict, mais j’ai remarqué dans sa manière de remplir les rapports de surveillance qu’elle était la femme de ma vie. »
– Mettons. Et si on t’a interdit d’accès à FaceBook3, c’est parce que tu as essayé de créer un compte pour ton chat. »
– Je n’ai pas de chat, j’ai un coati. Non et puis ça n’a rien à voir. Je ne me suis pas connecté pendant plus de trois jours, alors le réseau m’a considéré comme décédé. Depuis, je n’ai plus d’existence légale. J’ai bien essayé de m’adresser au gouvernement mais bon, aucun n’a duré assez longtemps pour que ses fonctionnaires reviennent de pause similicafé. »
– Je vois. Au fait, tu sais si on a gagné le match ? »

Autotitrage

Je m’étais dit que j’allais me mettre à l’autofiction, c’était à la mode, ou ça l’avait été mais j’étais toujours si décalé, et puis c’était facile, il suffisait de mettre en scène des scènes de son quotidien et puis d’y ajouter un peu de fiction, je sais pas, du drame, un dinosaure ou des super-héros moustachus. Ou juste une boulangère bourrue.

J’étais encore un peu réticent, tout de même, je me disais mais qui ça va intéresser, est-ce bien raisonnable, à quelle heure passe le bus. La veille, le moment le plus intense de ma journée avait été l’achat d’une nouvelle paire de chaussures, très bien, un peu brunes, en 45 et pas trop chères, mais il n’y avait pas de quoi en faire un roman. Même en y ajoutant en dinosaure Ma zouz avait pris possession d’un panier de légumes, il y avait des choux-fleurs alors qu’elle aurait préféré des haricots, ça aurait pu à la rigueur faire une chanson de Delerm, mais bon, je crois qu’il ne tourne plus trop en ce moment. Et puis je n’osais pas trop raconter cette anecdote, de peur de perdre mes dernières lectrices érotomanes et mes derniers lecteurs qui préfèrent l’aubergine.

Puis j’ai croisé un dinosaure, mais à peine avais-je eu le temps de lui signaler que la météo annonçait des brumes matinales en seconde partie de journée et qu’il n’allait donc pas pleinement profiter de son passage dans la région, des super-héros moustachus sont arrivés pour le ramener au zoo.

Je m’étais dit que j’allais me mettre à l’autofiction, puis il ne m’est rien arrivé de spécial. Alors j’ai écrit une autofiction sur l’autofiction.

Mon blog de mode

Cette fois-ci, il ne pouvait pas rentrer bredouille. Il devait mener sa mission à bien, quelles que soient les difficultés. Il le savait. Demain, il serait peut-être trop tard. Son c½ur battait comme une moissonneuse.

Il devait faire vite. Parce qu’il reprenait le travail à 13 heures, d’une part, mais surtout pour faire taire cette horrible reprise de Francis Cabrel par Shakira.

– Puis-je vous aider ? »

Il avait été repéré. Vite, trouver quelque chose.

– Je cherche des chaussures. »
– Ben oui, on est dans un magasin de chaussures. »
– Des chaussures toutes simples, avec des semelles… »
– A la limite, vous auriez pu chercher des radis. »
– Non, des chaussures. »
– Non mais parce qu’on dit des bottes de radis, alors ça fait une blague. Bon, je vous laisse regarder ? »
– Ok… »
– Non mais on ne vend pas vraiment de bottes en radis, hein, je disais ça pour vous faire rire. »

Très bien, il ne pouvait plus fuir, maintenant. Il devait faire face à son destin. Il repéra une paire acceptable, plutôt brune. Elle existait dans toutes les tailles de l’arc-en-ciel, excepté le 45. « Pute vierge », se dit-il.

– Puis-je vous aider ? », derechefa la vendeuse, qu’un écriteau judicieusement placé dénonçait comme se prénommant Gwendoline. Elle avait, grâce à cet écriteau et un rien de bonnasserie dans le regard, subi plus de 116 demandes d’amitié non désirées au cours de la semaine précédente, mais comme cela n’entre pas tellement dans le sujet de cette histoire (les chaussures), nous ne l’évoquerons que du bout des lèvres (enfin, on peut mettre un écriteau dans des chaussures, bien sûr, je n’ai jamais dit le contraire, vous sortez mes propos de leur contexte).
– Non mais je ne disais pas ça pour vous ! »
– Plaît-il ? »
– Non pardon. Alors, ces radis, vous les avez en 45 ? »
– Vous chaussez du 45 ? »
– Sur certaines paires, je peux accepter un 44 et demi, mais il me faut alors un petit escabeau pour enfiler mes escarpins. »
– Hors de ce magasin. Et plus vite que ça. Sécurité ! Il y a là un communiste qui chausse du 45 ! Que je ne vous y reprenne pas. Ah mais ! Ah non, attendez, pardon, je m’emportais, la paire un peu moche et très chère, là, elle vous intéresse ? Nous avons justement reçu un arrivage de 45 par camion express ce matin. »

Il retenta sa chance dans 17 échoppes, mais sans succès. Même sur adopteunegrolle, le site de chaussage à la mode, toutes les paires qui ne coûtaient pas trois fois le salaire d’un trompettiste luxembourgeois ou n’étaient pas de nature à être portées sans arracher de petits glapissements d’horreur à tous les passants croisés (mais des glapissements dignes, tout de même, on est en démocratie) s’arrêtaient subrepticement au 44 pour reprendre sans crier gare au 46. « Foutrebleu », se dit-il, « comment ça se fait qu’on ne puisse jamais trouver des godasses à sa taille dans ce pays, alors qu’on a un gouvernement de gauche, ça ne m’a servi à rien de commander sur internet cette crème hors de prix pour enlarge your feet ».

Pendant ce temps-là, au siège du Complot Mondial®, le chef du département Chaussures se demandait à quoi pouvait bien servir son boulot.

Buffer froid

A chaque Jeux olympiques, c’est pareil : pendant que certains polémiquent en se demandant si le football, le cyclisme et le tennis y ont vraiment leur place, d’autres font semblant de comprendre les règles du judo ou de se passionner pour le keirin et l’on découvre, ébahi, qu’il y a des spectateurs pour assister aux épreuves de voile et même au pentathlon moderne.

Pendant ce temps, de nombreux sports pas encore olympiques devraient le devenir, prochainement ou plus lointainement. Certains sports aujourd’hui méconnus hors de leur région d’origine mériteraient de gagner en visibilité grâce aux Jeux olympiques : buzkashi, sepak takraw, hornuss, pelote basque, handball.

L’obligation de faire jouer des gens en slip pour faire de l’audience Le réchauffement climatique va provoquer l’apparition de nouveaux sports de sable : le beach-soccer, le beach-tennis, le beach-cyclisme, le hockey sur sable, le beach-slalom géant.

Comment inciter les jeunes générations à pratiquer plus de sport ? En valorisant les sports qu’elle pratique déjà. Ainsi, les Jeux olympiques pourraient accueillir des compétitions de FIFA soccer et de Mario Kart, mais aussi de botellon.

Et tant qu’on y est, je pense qu’un grand tournoi de photos de chatons serait tout à fait à sa place au programme.

Le BMX, lors des Jeux Olympiques d’été, et le ski-cross, en hiver, sont des épreuves qui plaisent car elles sont spectaculaires. Pourquoi ne pas s’en inspirer et, dans toutes les disciplines, concours hippique, plongeon, trampoline, gymnastique aux agrès, corser un peu les choses en faisant s’élancer plusieurs concurrents en même temps ? Pourquoi ne pas rendre le football olympique plus attractif en faisant jouer une douzaine d’équipes en même temps ?

Depuis quelques années, le geek est à la mode. C’est le moment ou jamais de faire entre les échecs et le backgammon au sein de la grande famille olympique. Puis le beach-chess et le beach-gammon. Puis le beach-chess avec huit concurrents par échiquier.

Le ball trap pourrait devenir réellement utile à la société en remplaçant les pigeons d’argile par des pigeons de pigeon.

Pour occuper les journalistes sportifs et, ainsi, leur éviter de plonger dans la dépression et le commentaire d’aviron, on pourrait les impliquer : championnats de poncifs, tournoi de prononciation de noms de famille étrangers, lancer de phrases sans reprendre son souffle, épreuve de commentaire enthousiaste de sports chiants.

Comme personne n’a jamais vraiment bien compris le concept du pentathlon moderne, on pourrait le remplacer par le pentathlon post-moderne : les concurrents doivent disputer cinq épreuves tirées au sort le matin même. Par exemple aviron, 400 mètres quatre nages, belote, haltérophilie et dégustation de fromages.

De plus en plus de gens suivent les épreuves discrètement au travail, sur internet. Pour leur rendre hommage, des épreuves telles que l’onglet incarné (les concurrents doivent, le plus rapidement possible, fermer tous les onglets ne concernant pas le travail et en ouvrir d’autres qui font sérieux)(en finale, l’épreuve débute avec un site pornographique de cul, un de téléchargement illégal de séries américaines vaguement crispantes et 497 pop-ups de pub), le 400 mètres quatre classeurs (une course d’obstacles au cours de laquelle il faut amener le plus vite possible le dossier Fourchaud à la compta en évitant soigneusement Bouchard du service contentieux avant qu’il ne vous raconte son week-end, afin d’arriver à la cantine pendant qu’il reste encore des frites), et la redoutable épreuve du buffering (les concurrents doivent essayer de comprendre une compétition de handball, sachant que toutes les 20 secondes, les images s’interrompent pendant 25 secondes.

Ivre, il assiste aux compétitions de canoë

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est aujourd’hui que débutent les Jeux Olympiques de London.

Mais au fait, à quoi ça sert, au juste, des Jeux Olympiques ?

Si tu poses la question, comme ça, à brûle pourpoint, on te parlera de sublimer l’idéal sportif, ou alors de cohésion nationale.

Brûle pourpoint a toujours raconté n’importe quoi.

L’idéal sportif, bon, on a compris depuis longtemps que c’était une blague. Il me semble que c’était le jour où Zidane est apparu dans une pub pour des lasagnes. Alors que toutes ces histoires de patrie, certains prennent ça encore au sérieux, je crois. Mais tout de même. Je veux bien, à la rigueur, essayer de me sentir suisse quand j’entends monter aux cieux les échos joyeux de la Petite Charlotte, ou plus simplement quand un Français dit du mal. Mais quand un type que je ne connaissais pas il y a deux semaines finit quatrième d’un sport que je ne suis pas sûr de comprendre, est-ce que vraiment je suis obligé d’aller me jeter dans les bras du premier éleveur de cloches appenzelloises de l’Entlebuch venu ?

Mais les Jeux olympiques ont plein d’autres fonctions.

Pour savoir si une année est bissextile. Mais ça ne vaut que pour les jeux olympiques d’été et je ne te cache pas qu’il y a d’autres moyens.

Pour apprendre par c½ur les hymnes nationaux américain et chinois, on sait jamais, ça peut toujours servir.

Pour se rappeler que oui, il existe un pays nommé St Kitts-et-Nevis, ça peut toujours servir

Parce que c’est quand même amusant de forcer des journalistes sportifs à meubler les huit heures de la cérémonie d’ouverture officielle :
– C’est fou, c’est incroyable, il semblerait bien que sous nos yeux soit en train de se dérouler un événement historique, qu’en pensez-vous, Jean-Ponce ? »
– Non mais j’en sais rien, c’est de l’art, je crois, on dirait, en tout cas il ne se passe pas grand chose et puis on m’a engagé comme consultant sur le tir à l’arc. »
– Oui mais je vous interromps, puisque la délégation papouasienne vient d’entrer sur le paddock. »

Pour redécouvrir l’existence de sports méconnus, comme dans l’exemple ci-joint.
– Dites-moi, Jean-Fulgence, qu’est-ce que cela va changer pour vous d’avoir remporté cette médaille d’or en double skip sans barreau synchronisé moins de 64 kilos ? »
– Eh bien tout d’abord, grâce aux réceptions officielles, je vais pouvoir manger plusieurs jours de suite. Et puis j’ai décroché un contrat publicitaire avec la friterie « à la frite joyeuse » d’Aunay-en-Bazois. 60 euros par mois si je place le nom de la friterie « à la frite joyeuse » d’Aunay-en-Bazois trois fois par interview.»
– Tant il est vrai que la fédération vous aide très peu, et qu’il faut prendre les matches les uns après les autres. »
– Si, ils m’ont bien aidé, ils nous ont offert des autocollants. Et si Kwutor Balagruk ne les avait pas collés sur son kayak, il n’aurait pas été disqualifié et je n’aurais pas gagné, comme quoi ça tient à peu de choses et une course n’est jamais finie avant le tribunal final. »
– Ah oui, donc c’est bien du kayak que vous faites ? J’ai gagné mon pari. Les collègues du service des sports disaient trampoline ou tae kwon do. »
– Oui et j’aimerais préciser…
– Ah pardon, nous devons interrompre cette interview, un footballeur vient de passer. »
– Au revoir, je vais à la friterie… et merde, trop tard ! »

Parce que de nos jours, c’est souvent des pays lointains qui gagnent le droit d’organiser des guerres et que du coup, c’est trop rarement qu’on peut voir de belles scènes telles que celle-ci dans nos rues.

[Source]GI JO

Pour rappeler à tous ceux qui se plaignent que comme par hasard, c’est toujours les cyclistes qu’on accuse de dopage que chaque seconde, dans le monde, vingt haltérophiles sont contrôlés positifs.

Parce que c’est quand même amusant que l’haltérophilie existe

Parce qu’on ne parlera jamais assez d’heptathlon

Parce que chaque jour, des millions de gens s’ennuient au bureau et que rien ne vaut regarder en douce une compétition de tir à l’arc par équipes ou de plongeon synchronisé pour se dire que finalement, on ferait peut-être mieux de bosser un peu

Parce qu’il y a des compétitions de dressage. Hélas, c’est avec des chevaux

Noir c’est noir

Aujourd’hui, les Rolling Stones ont 50 ans. Joyeux anniversaire à tous les Rolling Stones

Peins-le noir (JAGGER, MICK / RICHARDS, KEITH)

I see a red door and I want it painted black

Je vois une porte rouge et je la veux peinte en noire
Trop peu de chansons ont ainsi abordé frontalement le thème sensible de la décoration d’intérieur, c’est probablement ce qui explique le colossal succès de ce morceau. Après, le noir, faut aimer, c’est un style, mais Valérie Damidot te le dirait, ça assombrit vite une pièce.

No colors anymore I want them to turn black

Plus de couleurs. Je veux les tourner au noir.
Là, pareil, il faudrait quelque chose pour contraster, je verrais bien une petite touche de rouge pour exiler ta peur, aller plus loin que ces montagnes de douleur.

I see the girls walk by dressed in their summer clothes

Je vois des filles marcher dans leurs habits d’été
Ne les peins pas en noir, surtout !

I have to turn my head until my darkness goes

Je dois tourner ma tête jusqu’à ce que mon obscurité parte
Ça ne va pas aider, et puis tu vas faire peur aux filles.

I see a line of cars and they’re all painted black

Je vois une ligne de voitures et elles sont toutes peintes en noir
Si ça se passe à Londres, ça doit être des taxis, rameute pas la presse pour ça.

With flowers

avec des fleurs
Ça ajoute tout de suite une touche de gaieté, les fleurs.

and my love,

et mon amour,
Peintes en noir avec ton amour ? C’est une goth ? il y a des moyens plus efficaces, tout de même.

both never to come back

Qui ne reviendront jamais
Les fleurs, si. Au printemps prochain. C’est un truc assez inéluctable. Même quand on n’a pas du tout la main verte (puisqu’on l’a peinte en noir), les fleurs, ça revient.
Pour ton amour, en revanche, tu as probablement raison. Forcément, si tu t’en es servi pour étaler la peinture, c’est normal qu’elle se disperse un peu.

I see people turn their heads and quickly look away

Je vois des gens tourner leur tête et regarder ailleurs rapidement
Ça se passerait pas dans un centre pour épileptiques, ton histoire ?

Like a newborn baby

Comme un bébé nouveau-né
Mes préférés. Je déteste les vieux bébés.

it just happens ev’ryday

Ça arrive tous les jours
De peindre des portes en noir en tournant la tête comme des bébés ? Moi, ça ne m’a pas l’air si banal que ça.

I look inside myself and see my heart is black

Je regarde à l’intérieur de moi et mon c½ur est noir
Je ne suis pas médecin mais ça a l’air bizarre.

I see my red door and it has been painted black

Je vois ma porte rouge elle a été peinte en noir
Oui, c’est toi qui l’a peinte, à la première strophe. Tu as aussi des problèmes de mémoire, en plus de ce petit souci de pigmentation… tu devrais peut-être manger plus de légumes.

Maybe then I’ll fade away and not have to face the facts

Peut-être que je vais disparaître pour ne pas devoir faire face aux faits
Ça va, c’est juste une porte peinte, tu vas t’en tirer avec du sursis.

It’s not easy facing up when your whole world is black

Ce n’est pas facile de faire face quand tout ton monde est noir
Ah, c’est pas juste une porte, c’est plusieurs et même des fenêtres ? Là, en effet, ça devient sérieux.

No more will my green sea go turn a deeper blue

Ma mer verte ne deviendra plus bleue foncée
Ça alors.

I could not forsee this thing happening to you

Je ne pourrais pas prévoir cette chose qui va t’arriver
Tu as peint ta boule de cristal aussi ? C’est bon, t’inquiète, j’ai mon horoscope magazine.

If I look hard enough into the setting sun

Si je regarde assez fort le soleil couchant
Ne faites pas ça chez vous, les enfants, ou ça va vous piquer très fort.

My love will laugh with me before the morning comes

Mon amour rira avec moi avant le matin
Ahaha qu’est-ce qu’on a rigolé la fois où j’étais devenu aveugle en regardant le soleil, hein chérie ? Chérie, tu es où ? Ah te voilà ! Ah non, c’est Ploum, mon labrador, lol.

I see a red door and I want it painted black
No colors anymore I want them to turn black
I see the girls walk by dressed in their summer clothes
I have to turn my head until my darkness goes

Je vois une porte rouge et je la veux peinte en noir, plus de couleurs je veux qu’elles virent au noir, je vois des filles dans leurs habits d’été, je tourne ma tête jusqu’à ce que mon obscurité parte
Je crois qu’il ne faut pas se mettre dans des états pareils pour une porte.

Hmm, hmm, hmm…

I wanna see it painted black, painted black
Black as night, black as coal

Je veux le voir peint en noir, peint en noir, noir comme la nuit, noir comme le charbon
J’avais aussi noir comme des corbeaux, noir comme les ténèbres et noir comme un cheval noir

I wanna see the sun, blotted out from the sky

Je veux voir le soleil effacé du ciel
Je me demande soudain si toute ces histoires de météo pourrie, ce serait pas juste pour faire plaisir aux Rolling Stones pour leur anniversaire.

I wanna see it painted, painted, painted, painted black
Yeah

Hmm, hmm, hmm…

Je veux le voir peint peint peint en noir, ouais, hmm
C’est une très belle chanson, porteuse d’espoir pour la communauté gothique.

Vive la viande d’hiver

La Préhistoire, un mardi matin.

Le chef UhGruhr le suspicieux était bien embêté. Lui et les hommes de son clan étaient revenus de la chasse au mammouth bredouille. Ils avaient abattu en chemin un vieux cerf, un renard blessé et quelques douzaines de blaireaux, la subsistance ne viendrait pas à manquer cet hiver, mais tu sais ce que c’est, le blaireau, c’est pas aussi tendre que le mammouth et ça fait nettement moins prestigieux.
Il se confia alors à son fidèle conseiller UggrUhhr.
– Je peux pas me permettre ça en ce moment, avec le renouvellement de la chefferie qui approche, c’est mauvais pour moi. »
– L’important, ce n’est pas le message mais la manière de le communiquer », répondit alors UggrUhhr.
– Ah ben c’est vrai que nous avons joué de malchance, les éléments étaient contre nous avec l’absence de plusieurs chasseurs indiscutables actuellement blessés et un manque d’automatismes collectifs ainsi qu’un fort vent de face qui ne nous a pas aidés et je ne cherche pas des excuses, mais je dois dire que le mammouth a fait preuve d’un manque flagrant de fair-play. »
– Ah mais çe ne passera pas, il faut communiquer sur du positif, parler des réussites et non des échecs, tenter de capitaliser sur le blaireau. Je vais organiser un event. »
– Un évent ? C’est pas du tout la saison de la baleine, là… »

UggrUhhr passa outre cette dernière remarque et lança une grande campagne de communication. Il rappela que le blaireau était un produit de consommation traditionnel et que sans vouloir rien insinuer, depuis qu’on avait commencé à manger du mammouth, il faisait nettement plus froid. Il organisa un grand concours de recettes de blaireau et fit appel à un célèbre cuisinier pour donner des conseils de préparation :

– Là, on va être sur de la viande plus filandreuse, avec une pointe d’acidité en nasale et d’amertume en arrière-bouche, qui va bien se marier avec le côté plus rond de l’épine vinette. Par contre, faut laisser cuire au moins huit heures sinon c’est imbouffable, surtout que bon, la moitié du clan a perdu la moitié de sa dentition. »

Mais la cote d’UhGruhr le suspicieux ne remontaient pas, au contraire, on disait de lui : « Non mais à trois mètres, il le rate le mammouth, même ma grand-mère les yeux fermés elle l’aurait eu, comment veux-tu, il avait été superbement décalé sur le côté gauche par Uhhhhgrhr, c’est pas parmis de rater des mammouths pareils. Et en plus, moi, le blaireau, ça me colle des aigreurs d’estomac. »

Puis UhGruhr le suspicieux fut renversé par UggrUhhr, qui laissa tomber son idée de communication pour lancer le concept de pouvoir de droit divin qui, grâce à une campagne de presse savamment orchestrée et contre toute attente, prit plutôt bien.

Comment t’as trouvé la finale ?

– Bon, les gars, j’attends de vous un engagement total. N’oubliez pas que vous représentez la patrie, ce soir. Tout le pays attend de vous que vous lui fassiez oublier les problèmes au boulot, les impôts et qu’en plus ils vont devoir aller faire des courses samedi matin parce qu’ils n’ont pas eu le temps jeudi soir… »
– Coach, coach… Vous êtes sûr que c’est une bonne idée de titulariser Anselmo d’entrée ? »
– Ah non hein. Je ne veux pas entendre ce genre de discours. On joue en équipe, un point c’est tout ! »
– Oui coach, mais je crois qu’il est mort, là… »
– Mais non, regarde, il bouge encore un peu. »
– Non mais c’est les nerfs, ça, j’ai lu ça sur doctissimo. »
– Bon ben de toutes façons, la feuille de match est faite, on peut plus la changer, au pire il sort à la mi-temps. Et puis d’abord, on ne remet pas mes décisions en cause. Et surtout, on ne va pas sur doctissimo pendant les speeches d’avant match ! Qui c’est qui m’a fichu une équipe pareille ? »
– C’est vous coach, vous m’avez téléphoné hier pour m’annoncer ma sélection. Ah et je peux sortir à la mi-temps, aussi ? J’ai personne pour garder les enfants, ce soir ? »
– Ah non mais c’est pas possible, ça, à la fin ! Y a déjà Hojt qui peut pas rester plus de 60 minutes, parce qu’il a école demain matin et qu’on n’a pas l’autorisation de ses parents pour le faire jouer après 22 heures… »
– Ça fait trois changements, coach, c’est bon. »
– Oui mais si quelqu’un se blesse, je fais quoi ? »
– C’est bon, j’en ai causé aux autres, ils se blesseront pas. »
– Attends, j’ai deux grabataires, un myopathe, un aveugle, ça m’étonnerait un peu que personne se blesse. »
– Oui, d’ailleurs, en tant que représentante du gouvernement dans l’équipe, j’aimerais vous féliciter, vous avez vraiment bien appliqué les nouvelles directives, cette équipe est vraiment représentative de la population. »
– Ouais. Bon. Je reste convaincu que c’est pas une bonne idée. »
– Mais si, les gens vont adorer, l’identification c’est capital. »
– Bon, bon… Il est où Rapunzelo ? Parce que c’est quand même le seul de l’équipe a déjà avoir vu un ballon, je compte un peu sur lui pour animer le milieu de terrain. Et l’attaque. Et un peu la défense aussi. »
– Il est dehors, il s’engueule avec un journaliste. »
– Aïe, mais ça va nous poser des problèmes, ça, non ? »
– Non, non, c’est bon, 18% de cons dans l’équipe, c’est représentatif. »
– Je ne vous permets pas, Rapunzelo a juste un peu de mal à gérer la critique… »
– Je parlais du journaliste, c’est notre avant-centre. »
– Ah non, hein, c’est pas possible, je veux bien être tolérant, mais y a des limites, je peux pas jouer avec un avant-centre ! »

elle me fait pouet pouet

Vous êtes nombreux à vous poser cette question :
Pourquoi faut-il klaxonner après une victoire au football ?
Il y a, dans la vie, trois occasions où l’on a le droit de klaxonner. Les cortèges de mariage, à condition de connaître les mariés, les cinq heures qui suivent un match de foot, à condition d’avoir gagné, et Paris.

Le klaxon ne s’applique à aucun autre sport, tennis, pétanque ou plongeon synchronisé ; de même qu’il ne s’applique pas aux autres cérémonies, enterrements, baptêmes, divorces.

Et il est de nombreuses sources de joie que l’on ne souligne pas d’un klaxon, par exemple quand la journée de travail se termine, quand on mange du fromage ou quand on croise un ami longtemps perdu de vue.

Concernant les matches de foot, attention : il faut impérativement que la rencontre oppose des équipes nationales et soit d’une certaine importance. Pas question d’aller klaxonner après un Union Brenles – FC Suscévaz, même si Jean-Ramon Bollomey a inscrit le but de la victoire d’un superbe rotoillon à la 93e minute. Et pour un Tadjikistan – Bolivie, j’éviterais.

Mais tout cela ne répond pas à la question de départ, pourtant légitime, pourquoi faut-il impérativement klaxonner après une victoire au foot, partageant certes sa victoire avec des centaines d’autres types qui eux n’ont plus, n’ont pas marqué, mais peut-être au prochain match, va savoir ?, mais se mettant à dos des milliers de somniaques qui préfèrent le cricket ?

Il faut savoir que le football a été inventé en Angleterre. Sur une île. A cette époque, la télé n’existait pas encore, la radio n’existait pas encore et même Twitter n’existait pas encore. Et les Anglais gagnaient la plupart des matches, vu qu’ils étaient les seuls à y jouer. Mais comme ils étaient très sportifs, ils décidèrent d’exporter leur sport. Mais comme ils étaient sportifs mais prudents, ils l’exportèrent en France, pour être sûrs de continuer à gagner. Mais d’autres entendirent parler de ce nouveau divertissement et décidèrent de s’y mettre, parce que jusque là, quand tu voulais regarder du sport pour avoir un truc à faire avec ta bière, il fallait se contenter de crapette ou de trampoline synchronisé, et que le foot, c’était quand même plus marrant. Le ballon rond avait conquis le monde mais y avait pas moyen de savoir en direct sur TF1 si on avait gagné ou si l’honneur de la nation avait à jamais été sali sur coup-franc. Alors les capitaines de ferries se mirent à annoncer les résultats de leurs cornes de brume fendant fièrement le silence de la nuit que seule venait troubler une obscure clarté, et c’est depuis qu’on klaxonne après les matches de foot.

Groumpf

Comment adapter une ½uvre littéraire à l’écran ?

Prenons par exemple « Kiki le petit ours », poignante histoire de Kiki, le petit ours, qui aimerait aller visiter le musée du Louvre, mais c’est interdit aux animaux, alors il est déçu et il rebrousse chemin (un énorme classique).

La méthode hyper fidèle au livre
Kiki, le petit ours, aimerait aller visiter le musée du Louvres, mais c’est interdit aux animaux, alors il est déçu et il rebrousse chemin. Sur fansdekiki.com, LE forum où se retrouvent tous les fans de l’½uvre et où Kiki lui-même a une fois répondu à un commentaire, kikidu75 lance un appel au boycott, car l’acteur principal est un grizzly du Kazakhstan alors que tout le monde sait pertinemment qu’il devrait être joué par un ours brun malais.

La méthode Romeo+Juliet
L’histoire est totalement inchangée, sauf qu’elle se passe en 34 avant Jésus-Christ.

Le remake américain
Un grizzly voudrait aller au centre commercial. Il se trompe et arrive dans un musée, mais il s’ennuie alors il mange la dame de la sécurité. Pendant ce temps-là, le centre commercial brûle.

Le sitcom des années 90
Kiki, le petit ours,


aimerait aller visiter le musée du Louvre, mais c’est interdit aux animaux,

alors il est déçu et il rebrousse chemin.

Ses parents étaient très inquiets car il ne les avait pas prévenus.

Ils le privent de sortie pendant 5 ans. Kiki comprend que c’est pour son bien et tout le monde danse la ronde de l’amitié.

La méthode Bollywood
Au moment critique du film (quand la dame de la sécurité dit à Kiki « désolé, mais nous n’acceptons pas les animaux »), 37 200 personnes tombent du ciel et se mettent à danser. Kiki les mange.

La méthode Game of Thrones
Kiki, le vieil ours, décide d’aller visiter le musée du Louvre, surtout la « Liberté guidant le peuple » et la « Vénus de Milo ». Mais c’est interdit aux animaux, alors il couche avec la dame de la sécurité puis l’égorge en gros plan avant de rentrer chez lui. En chemin, il croise 63 filles nues.

La méthode Marmiton – The movie
Kiki est remplacé par Fernand, un dindon. Le musée du Louvre est remplacé par le musée du quai Branly. Les animaux ont le droit d’y entrer, mais de toutes façons c’est fermé le lundi. Mes invités ont adoré. L’homme a repris des légumes.