A la demande d’une certaine catégorie du lectorat, ce post ne parle pas de Kevin_du_25

Les médias traditionnels accordent toujours plus de place aux réactions des internautes. Ça prouve qu’ils sont proches de leurs lecteurs, qu’ils ont compris la révolution internet et puis, surtout, ça remplit du papier pas cher.

Mais chaque médaille à son revers.

Au début, les porteurs de pseudos chattaient et c’est à peu près tout. « Ohlala, hier soir j’ai rencontré Mathieu, enfin, JoliPoulet61, il est pas du tout comme j’imaginais ».

Avec les blogs, certains pseudos sont devenus célèbres, donnant lieu aux premières conversation étranges pour l’oreille non avertie: « Ohlala t’as vu Maître Emilzolas, il a écrit une lettre ouverte contre les gens qui sont méchants, j’ai adoré, enfin j’ai pas tout lu, c’était un peu long, mais le début c’était bien, j’étais trop d’accord avec lui ! »

Aujourd’hui, Bogoss_du_52 intervient dans le Gratin pour dire « Moi je trouve que tous ces chiens méchants qui créent de l’insécurité, c’est de la faute du laxisme socialiste ». Comme ça plaît, les journaux exploitent la carte à fond. Ils reprennent ces interventions pour exploiter leurs articles: « Cet hiver aura été le plus froid depuis plusieurs siècles. C’est ce qu’affirme, sur notre site internet, Poutrelle_du_12, allant jusqu’à ajouter « Putain on se les gèle lol ». »

Et demain, peut-être, un politicien interviendra: « Comme le déclare Kikibelle du Poitou sur son blog, pour 4 personnes prendre 300 grammes de farine, oops pardon, trompé de fenêtre, VDM, ^^, je disais, comme le déclare Kikibelle du Poitou, la vie est devenue tellement chère que je ne sais plus comment faire manger des légumes aux enfants, l’Homme en est tout ébourriffé. »
Et, peut-être, va savoir, un jour, une loi contre l’injustice s’appellera la « loi Kouicouic le fou ».

(je tiens d’ailleurs à adresser une pensée émue à Caramail, décédé des suites d’une très longue maladie et où on pouvait avoir plein de pseudos sur le même compte dont un pour le dimanche)

Darwin the yes

Jeudi, c’est le 200e anniversaire de Charles Darwin. Qui n’est plus tellement en état de souffler les bougies, mais tout de même. Il y aura des ballons, des clowns et des tortues-luth géantes.

Avant Darwin, c’était simple. Dieu avait créé les animaux un vendredi, l’homme un samedi avant de partir faire les courses, et si tu osais te demander « Pourquoi le dindon ? », tu brûlais en enfer. Puis Darwin est parti se promener aux Galapagos. Il n’y a pas trouvé sa belle*, mais des tortues. S’il avait essayé de les cuisiner, il ne serait pas entré dans l’Histoire, comme quoi, il suffit parfois de peu de choses. Darwin, en voyant les tortues, il s’est dit : « tiens, je crois que l’homme descend du singe ». Et, surtout, il a réussi à le dire sans se faire brûler vif, ce qui, à l’époque, était un exploit. (Alors que personne ne s’est jamais fait brûler vif pour une recette de soupe, mais je m’égare).

Aujourd’hui, la théorie de l’évolution est assez communément admise. Mais y a quand même des contours qui restent un peu flous. Par exemple, un jour, y a eu un premier homme. Ses parents c’étaient des singes et lui un homme. Alors quand on me parle de fossé intergénérationel, je pouffe. Imagine un peu:

– Papa,maman, je ne veux pas cueillir des bananes et m’épouiller comme vous, je veux suivre mon destin.
– Iiik Iiik Iiiiik
– Pas la peine de vous énerver, ma décision est prise.
– Iiiiik Iiiiik Iiiik
– Je ne sais pas encore, peut-être chasseur, ou inventeur…
– Iiik Iiiik Iiiiik
– Quoi ? Mais je n’ai pas de chambre, on dort dans des arbres ! Et puis d’abord c’est injuste, UuuHGruhr il a eu le droit, lui.

C’est pareil pour les autres animaux : un jour, un couple d’archeopteryx a vu un de ses oeufs éclore, un mignon petit poussin en sortir. Comme ils étaient vieux, sentaient que c’était leur dernière chance d’avoir un enfant, ils ont décidé de le garder et de l’appeler Poule, parce qu’elle était venue après l’oeuf.

Darwin a donc découvert les principes de l’évolution et de la sélection sexuelle: si, l’autre jour, tu es rentré de discothèque avec cette fille aux charmes aléatoires, ce n’est pas à cause du whisky, mais des phéromones. Par contre je sais pas bien comment tu as fait pour les reconnaître sous onze tonnes et demi de parfum.

Le darwinisme permet d’observer de nombreux comportements sous un jour nouveau. Bon, par exemple, si Dieu avait créé le chaton ex nihilo, pourquoi il l’aurait doté de la fonction « pisse partout » ? C’est pas franchement indispensable. Les voies du Seigneur son impénétrables, ok, mais mon canapé en soie pas du tout. Alors que quand tu sais que le truc qui passe le trois quart de ses journées en boule sous ton radiateur et le reste à te demander à manger avec un petit miou qui ne ferait même pas peur à une fillette paranoïaque est en fait le descendant direct du terrible tigre à dents de sabre, tu comprends pourquoi, de temps en temps, il se croit obligé de marquer son territoire. Ça lui rappelle son grand-père.

De même, prend l’homme. Imagine nos lointains ancêtres, valeureux, qui se sont battus pour l’honneur de leur patrie, se sont couverts de gloire en mourant au combat.

Ok, et maintenant imagine ceux qui ont préféré rester à l’arrière au cas où et ont gentiment proposé de consoler les veuves.

Et essaie de te demander lesquels ont le plus laissé de traces dans ton patrimoine génétique.

Maintenant, tu comprends pourquoi y a plus de sites de fesses que de sites sur les épées, sur internet ?

* Quelque part, j’espère que personne ne comprendra la référence. Parfois, je me dis que les profs de musique essayaient en fait de nous dégoûter à jamais.

Sport-addict sporadique

Parfois, dans la vie, tu fais un métier où tu passes quand même pas mal d’heures devant un ordinateur. Et un hobby principal qui consista à passer pas mal d’heures devant un ordinateur. Un jour, tu entends ton corps te dire « dis, je voudrais pas te commander ou quoi mais si tu me refile pas un peu de muscle, tu vois cette articulation, là ? si je lui fais ça, ça fait quoi ? »

Parfois, dans la vie, tu te dis « tiens, si je me remettais à faire un peu la cuisine ? » et je dis pas ça pour recevoir des demandes en mariage ou quoi, mais tu es quand même pas trop mauvais. Sauf que tu as été élevé selon des critères religieux très stricts: la bonne cuisine comporte forcément du vin blanc, du lardon et plusieurs tonnes de crème. Et même si tu es toujours ce garçon un peu fou au charme fuligineux, force est de constater que le délicat arrondi que ton ventre semble désireux de prendre n’est pas de ceux qui annoncent un heureux événement.

Bref, en un mot comme en 437, tu te dis qu’il faudrait te mettre au sport. Jusque là, c’est pas trop dur. C’est comme se dire qu’on va arrêter le cenovis ou apprendre à jouer du banjo: le problème, c’est pas tellement de se le dire. Le problème, c’est de choisir ta discipline avec ruse, afin que ta belle histoire d’amour avec le dépassement de soi, la performance et la sueur soit un peu plus qu’une aventure d’un soir.

Oublie les sports d’équipe. Déjà à 17 ans on te lançait des cailloux parce que ton centre au deuxième poteau avait atterri, suite à un malheureux concours de circonstances, non pas au deuxième poteau mais en Abyssinie orientale, alors imagine le résultat maintenant que tu n’as même plus l’occasion de t’entraîner sur Pro Evo Soccer. Si c’est pour rester assis 90 minutes et regarder des mecs courir, autant un canapé et Chelsea – Barcelone qu’un banc en plein vent et Villars-Tiercelin – Bavois.

Les sports individuels, donc. Oublie tout de suite la course à pieds, la randonnée, le cyclisme et le golf. Le golf parce que c’est pas vraiment un sport. Et les autres, parce que les gars de la météo sont pas super collaboratifs. Pile le jour où tu avais décidé de franchir trois cols avant le dîner, ils te balancent tellement de neige que tu te souviens que tu avais promis à ton voisin de l’aider à regarder son plafond. L’idéal, donc, pour t’obliger moralement à pratiquer une activité physique régulière, c’est de payer un abonnement annuel tellement cher qu’on pourrait quasi s’en servir pour renflouer une demi-douzaine de banques.

Donc, le fitness. J’ai testé pour toi. Je suis entré dans une salle. Y a un mec de 2 mètres sur 2 qui m’a demandé s’il pouvait m’aider, j’ai répondu non, j’aime mieux pas, ça va. Derrière lui, y avait une photo, je me suis dit que c’était pour faire peur aux enfants, « si tu manges tes épinards, tu vas finir comme le monsieur », je comprends pas trop l’éducation moderne, mais non, non, c’était pour montrer comment on pouvait devenir. Le monsieur, sur la photo, si tu veux, il avait des tas de muscles partout, même à des endroits où ça sert pas à grand chose, si tu veux mon avis. Le type de l’accueil, qui était sympa malgré sa ressemblance avec une armoire normande, m’a expliqué que le mieux, c’était de prendre l’abonnement six mois, comme ça je pouvais venir 4 fois par semaine, ou 12, si je voulais. Dans la salle, y avait plein d’engins bizarres partout. Je me suis barré en courant et, depuis, je milite pour que la première mesure du prochain président de la Suisse soit de fermer cet endroit.

Et du coup, il ne reste plus que la piscine. Aux heures où il n’y a personne, le mardi entre 8 heures 24 et 8 heures 27, sinon tu ne fais pas de la natation mais du slalom géant. Un slalom géant avec des très très vieux piquets, en plus.

Du coup, toi je sais pas, mais moi, je pense que je vais m’acheter une wii.

Du flan

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Esculape de Malakoff est un jeune cuisinier incroyablement paresseux. Il a développé une batterie de stratégies pour que les autres cuisiniers vaquent pendant qu’il se tourne les pouces. Il se tourne tellement les pouces qu’on pourrait facilement y installer une petite centrale éolienne. Quand on lui demande de préparer les sauces, il rétorque que le poil qu’il a dans la main pourrait y tomber et ça ferait pas sérieux, que diable.

Ses collègues, forcément, ça les gonfle un peu. Esculape, par la malpeste, lui disent-ils, car l’exaspération leur fait perdre les nerfs, ne reste donc point ainsi les bras ballants, aide-nous donc à faire les desserts. Mais il leur répond que oui mais là c’est pas possible, tu comprends, je suis allergique aux poires, j’ai une banane dans l’oeil, enfin, toutes les excuses sont bonnes pour n’en point foutre une rame.

Sauf quand il y a des flans au menu. Là, le jeune marmiton bat, fouette, monte en neige, caramélise tant et plus qu’à chaque fois, il y en a deux fois trop. Ce jeune homme, se disent ses collègues, s’intéresse enfin à quelque chose, ne le réprimons pas. Le soir, Esculape emporte dans son tupperware en métal chromé tous les flans restants. Intrigué, un de ses collègues apprenti-queux, Ranulphe de Cergy, le suit nuitamment. Peut-être, se dit-il, Esculape nourrit-il en secret de sombres desseins et une famille de réfugiés valaches ?
Mais le spectacle auquel il assiste le laisse pantois. Esculape de Malakoff aligne les flans sur un muret et, un à un, les vise avec son arbalète. Et force est de constater qu’il est plutôt talentueux. Mon dieu, pense le témoin de cette ô combien rocambolesque scène, quel tir aux flans ! Je suis estomaqué. Mais ne voulant pas laisser l’autre se rendre compte de sa stupéfaction, Ranulphe se ressaisit et tient à peu près ce langage : « Zyva, t’es trop un bouffon, tu les a même pas tous quéni, il reste comme deux ronds de flan. »

C’est de cette croustillante anecdote qu’est née l’expression « C’est en flânant qu’on devient flâneron », hélas tombée en désuétude moins de deux semaines plus tard.

36 15 vdm

C’est bien joli, de draguer sur internet, mais le problème c’est que les histoires d’amour finissent mal en général. Si. Même moi, qui suis pourtant un garçon formidable, il est arrivé que des filles me quittent. C’est un comportement plutôt inconscient, certes, mais que veux-tu, de nos jours, les gens sont prêts à toutes les excentricités.

Alors une rupture, en gros c’est « bouhouhou je l’appelle non mais quelle conne celle là de toutes façons elle trouvera pas mieux que moi ahaha mais non je l’ai oubliée tu penses oui je dors avec le pyjama qu’elle a laissé ici mais c’est pour le confort enfin je peux réécouter mes vieux albums de Vincent Delerm elle n’aimait que AC DC bouhouhou ce resto me rappelle trop la fois où on avait été dans un autre resto mais y avait aussi un e dans le nom c’est pour ça huhuhu on s’est revus hier huhuhuhuhu oui on a un peu… hihihihi pffffff on s’est revu la semaine passée, ouais on a un peu… », en mode « random-repeat all » pendant un laps de temps pouvant aller de 23 minutes (mais tu as un problème, là, je pense) à 23 ans (mais tu as un problème, là, je pense).

Bon. Mais imagine un peu. Tu l’as rencontrée sur yahoo questions/réponses ou sur aufeminin.com. Vous vous êtes échangés des mails, puis l’adresse de vos blogs, puis votre adresse msn. Au bout de quelques mois vous avez décidé de faire pc commun, mais avec messageries séparées. Mais un jour les filles se cassent et puis voilà.

That’s life, nanananana. Une de perdue, une de perdue. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Mais est-ce que « j’aimerais qu’on reste amis » veut aussi dire « j’aimerais qu’on reste friends sur facebook » ? Est-ce que poker de temps en temps, c’est grave ? Et puis ok, tu vas lui faire un carton avec des CD et des bouquins qu’elle a oubliés. Mais que faire de tous les moutons qu’elle t’avait envoyés ? Ok, tu ne vas plus aller au bar « Le joyeux turluron » avant un moment, histoire d’éviter de la croiser. Mais faut-il aussi arrêter de lire « Comme dans du beurre » et « Fougères et délires » ? Et faut-il la virer de tes liens ou, au contraire, l’y laisser mais remplacer « choubidou d’amour » (oui, oh, mais on est un peu con quand on est amoureux) par « grosse conne » (oui, oh, mais on est un peu con quand on est malheureux) ? Et est-ce que continuer de la suivre sur twitter, c’est considéré comme du stalking ? Et est-ce que google finit par oublier ?

Je crois que c’est pour éviter de répondre à ces questions qu’il y a encore des Minitel en circulation.

Vol au-dessus d’un nid de kikoo*

*J’ai volé ce titre à dew

C’est demain que sort sur les écrans le film le plus attendu de l’année, LOL.

En attendant ^^, film suédois sur les dangers de l’internet où Lola, une jeune adolescente en quête de sens est filmée en caméra subjective en train de surfer, pendant sept heures de suite ;

En attendant WTF, film américain dans lequel Lola, une jeune génie de l’informatique, découvre que de dangereux terroristes ont décidé de casser l’internet mais réussit à les en empêcher grâce à l’intervention de deux flics bien singuliers et à la création d’un groupe facebook « pour que les terroristes ne cassent pas l’internet » ;

LOL est le premier film français à oser aborder de front des sujets tabous tels que l’adolescence, le divorce et les coupes de cheveux difficiles.


– De mon temps on n’avait pas besoin de tous ces ordinateurs pour rigoler. Je t’ai parlé de quand j’avais été à une boum?
– LOL


– J’ai acheté la nouvelle Wii invisible avec le jeu Coiffure Simulator. Bon, là, je maîtrise encore pas trop.
– LOL


– De mon temps on n’avait pas besoin de tous ces ordinateurs pour rigoler. Je t’ai parlé de ma chevaliérisation ?
– LOL


– Oh regarde regarde on a reçu le scénario du film… Oh dis-donc, tu aurais mieux fait de tourner des nouveaux épisodes de Kaamelott, non ?
– LOL


– Bonsoir, c’est la première fois que je joue avec une vraie guitare, mais je suis super fort sur la Wii, est-ce que vous êtes chauds ce soir ?
– LOL


– Alors là l’autre fou arrive et lui dit…
– Non arrête j’aime pas cette blague elle est raciste.

Les fabuleuses aventures du Suisse sémillant qui ne devint pas tellement milliardaire

Pour renflouer un peu mes finances avant que George Clooney ne rachète les droits de mon billet sur les poneys, j’avais ourdi un plan pour le moins machiavélique: m’inscrire à Tout le monde veut prendre sa place, ravir le trône du malheureux et implorant champion et aligner 432 victoires.

Las, après le casting (oui, ma bonne dame, de nos jours, pour aller jouer dans la télé, on ne passe plus des sélections mais des castings), on ne m’a jamais rappelé. Probablement pour des raisons politiques: à l’heure où France 2 devient la Chaîne Officielle de la République Libre et Sarkozyste de France, ça ferait mauvais genre, un Suisse indétrônable dans un jeu de culture générale.

Adieu donc, gloire, richesse et boîtes de jeux. Toutefois, je peux te faire profiter de mon expérience en t’expliquant un peu comment ça se passe, un casting: d’abord, on t’envoie dans un endroit terriblement difficile à trouver, pour éliminer quelques candidats. Puis on t’enferme 4 heures dans une salle surchauffée, ce qui explique pourquoi TLMVPSP (comme on dit entre initiés) est le seul jeu de culture générale dont les grands gagnants ne sont pas des vieux. En résumé succinct: On te fait répondre à quelques questions de culture générale comme « à quand remonte votre dernier fou rire ? » et « racontez-nous une anecdote rigolote lol », puis on te dit « bon rentrez chez vous, on vous rappellera ». Puis, à mesure que les jours passent, tu finis par te dire que jamais ils ne te téléphoneront et noyer ton chagrin dans le jus de betteraves. Mais avant toutes ces terribles épreuves, on te fait remplir une liste d’anecdotes, tout en précisant que si par malheur tu laisses une case vide, il arrivera de terribles malheurs, Diego G., de Mulhouse, n’a pas répondu à la question 5, le lendemain, il apprenait que son kangourou était décédé. Jean-Palfrenier C., de Perpignan, a répondu à tout et a gagné plusieurs euros au loto.

Pourquoi je te raconte tout ça ? Parce que, statistiquement, il y a forcément parmi toi des gens à qui il n’arrive jamais rien. Ce n’est pas normal que ces gens n’aient pas le droit d’aller écouter les blagues de Nagui. Donc je te propose une liste d’anecdotes imaginaires, pour booster un petit peu tes chances au cas où tu t’inscrirais au casting, et parce que ça me fait un sujet.

On a tous notre quart d’heure de gloire, quel a été le vôtre ?

L’hiver dernier, je rentrais chez moi, dans la banlieue nord de Melun, quand j’ai aperçu un homme qui se noyait dans la rivière. « Le pauvre, il doit avoir froid », me dis-je. Par solidarité, je décidai d’aller boire un chocolat chaud au café « Melun dans l’autre » tout proche, où se déroulaient les championnats régionaux de karaoké. J’ai terminé à une superbe vingt-huitième place avec « Prendre un enfant par la main ».

La plus belle action de votre vie ?

Au temps de ma prime jeunesse, j’ai évolué comme avant-centre du club de fléchettes de Pontarlier. Ma plus belle action reste une double triangulation avec centre en revers et coup du berger.

Le plus beau souvenir enfant ou ado ?

Je me souviens du premier bonbon que m’a offert mon pauvre grand-père. Je lui ai dit que je n’avais pas le droit d’accepter des bonbons d’inconnus, pour faire une blague. C’était très émouvant.

Quelle est votre plus grosse fierté ? (Hormis les enfants et vie de couple).

Oh ça tombe bien parce que mes enfants sont des feignants et que si ma femme apprend que je la considère comme ma plus grosse fierté, elle va encore me cogner. Disons ma collection d’enclumes d’art.

Quel rêve ou projet avez-vous réalisé ?

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d’une quiche aux poireaux et à la vanille. J’en ai mangé hier. C’est pas terrible.

Dans quel domaine excellez-vous ?

La pyrogravure sur bois.

La honte de votre vie

Je ne participe à ce casting ni pour la joie de la compétition, ni pour le bonheur de l’argent, mais pour serrer la main à Nagui et pouvoir dire coucou à ma maman dans la télévision.

Bêtises que vous avez faites (enfance, adolescence ou plus récemment)

J’ai tenté de battre le record du monde de traversée du lac de Joux à la nage et ce n’est qu’à mi-parcours que j’ai constaté l’oubli de ma bouée Donald.

Anecdote professionnelle

Oh vous savez, le quotidien d’un taxidermiste spécialisé dans les caniches est banal à pleurer, mais y a quand même ce jour où je me suis trompé et où j’ai essayé d’empailler Hans, le caniche de ma voisine, il m’a mordu jusqu’au sang, quand je le recroise, on en rit aujourd’hui.

Anecdote de couple

Ah y a cette fois, avec ma onzième épouse, Guntje, où on était chez les Müller et où on a dit, la lumière dans le jardin a l’air si lumineuse, on la voit sûrement mieux sous le cyprès, on revient dans cinq-vingt minutes (j’étais jeune à l’époque)…
Ah c’est filmé ?
Hum.
Oui.
Y a cette fois, avec ma huitième épouse, Petrska, on a enregistré tous les « Des chiffres et des lettres » de la semaine, le samedi, on s’est fait un marathon, c’était terrible.

Tics ou manies

C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de faire quatre fois le tour de ma voiture avant d’y monter. C’est devenu très embêtant depuis que je prends le train.

Activités pratiquées régulièrement (sport, loisirs créatifs, associatif…)

Je danse le mia.

Lavé avec Mylène

Mylène Farmer est une chanteuse mystérieuse, évanescente et rousse dont vous avez probablement entendu le dernier single, appelle mon numéro. Peut-être vous dites vous ahaha mais elle est nulle, on dit appelle-moi, pas appelle mon numéro ! En fait, cette chanson, audacieuse et subtile, ne parle pas de téléphone, mais évoque le tragique et cruel destin de quelqu’un qui attend à la Poste. Et qui a pris un ticket. (le clip ici)

Qui entre dans l’histoire

C’est donc pas entrer dans l’Histoire au sens Obamien du terme, c’est entrer dans l’histoire, parce que à certaines heures, aller à la Poste, c’est toute une histoire tellement y a plusieurs gens.

Entre dans le noir

En plus c’est mal éclairé.

Histoire d’y voir
Mon plus beau geste

On le sait trop peu, mais Mylène Farmer a des origines sudistes. Quand elle dit qu’aller à la Poste est son plus beau geste, c’est bien sûr une légère exagération.

J’ai un pillow du soir

Dans un souci remarquable, bien que peut-être maladroit, de s’adresser à la jeune génération, Mylène décide d’user de l’anglais. Un pillow du soir, c’est donc un oreiller.

Un pillow de star

Mais pas n’importe quel oreiller de pouf, non, bien, un oreiller classe. Ok, te dis-tu, mais pourquoi elle nous cause de ça ? Et bien parce que quand elle va à la Poste, elle prend son oreiller avec. Au cas où ça dure.

Sans pillow je n’ai
Plus l’envie d’être

De nouveau cette très légère tendance à l’exagération.

Qui entre dans l’histoire
Cache derrière un fard, noir
La peur des regards
Qui glissent et blessent

Ça se passe dans une petite ville, je sais pas si vous connaissez l’ambiance mais y a pas mal de ragots qui circulent, surtout quand on est une rousse mystérieuse et qu’on chante des chansons à moitié à poil sur TF1 et la Poste reste un lieu de rencontre et d’échange, donc forcément, quand on va à la Poste et qu’on est la mystérieuse susmentionnée, on a un peu peur des regards.

J’ai un pillow en plumes

Mais quand on se balade avec son oreiller, forcément, faut pas s’étonner non plus

En forme de lune
En forme de dune

Hop, tu le tournes comme ça, on dirait un peu une lune, enfin un croissant de lune et
Hop, tu le tournes comme ça, on dirait une dune.
C’est magique.

Refais le geste

Hop, hop, magique.

Qui entre dans l’histoire
Entre dans le noir

Ils ont toujours pas remis l’électricité.

Velours d’un boudoir

Alors oui avec un peu d’imagination, cette ambiance tamisée et légèrement veloutée, ça peut ressembler à un boudoir. Pas l’endroit où on boude parce que les gens disent du mal, hein, non, l’endroit où on fait de la philosophie et tout.

Et pour le reste…

J’ai un pillow duvet

Un truc qui fait oreiller et duvet à la fois. C’est un concept génial, ça vient d’Asie, je crois, c’est très moderne. Et pratique s’il fait froid à la Poste.

Sans pilosité

Non mais c’est utile de le préciser parce que y a un modèle, le pillow-duvet angora, certains aiment bien, mais faut supporter les longs poils, c’est une question de goût.

Sans pillow je n’ai
Plus rien à mettre

Ça fait duvet, oreiller et pyjama. Non là vous voyez pas bien l’idée mais ça va faire fureur dans pas longtemps.

Allégorie, viens là

Alors si elle parle tellement de cet oreiller, c’est parce que c’est un peu une image allégorique pour le confort, le bien-être, alors elle se dit, allégorie, viens là.

Délit de l’émoi

Parce que là, elle est un peu énervée, mais elle se sent coupable.

Mon au-delà, c’est l’i…

…vresse du geste

Ils viennent d’appeler le 43, elle avance d’une place dans la file, un geste qui l’entraîne vers l’au-delà, ça la rend trop folle de joie.

À la folie j’ai « l’a…llo »
Qui me dit : au lit, là !

Soudain, son mari, Frances Farmer, lui téléphone et lui dit « Non mais ça fait six heures que tu es à la Poste, viens plutôt te coucher ». Ça la rend folle de rage, il se rend pas compte toutes les dures épreuves qu’elle et son oreiller ont dû traverser.

L’embellie c’est l’o…
Reiller, de rêve

Heureusement, elle a son super oreiller, ça met du baume sur son malheur.

Appelle mon numéro
J’humeur à zéro

Mais vraiment, elle aimerait bien que le guichetier appelle le 642, elle devient un peu dépitée.

Appelle mon numéro
J’ai le sang si chaud

Elle commence à avoir l’impression d’être malade en plus.

Appelle mon numéro
Viens dans mon sillage

Ça c’est une erreur classique quand on n’a pas trop l’habitude de la Poste, elle croit que c’est le guichetier qui va se déplacer vers elle pour venir chercher sa lettre, qui n’est…

Ni trop sage
Ni collage
Juste ce qu’il me faut

pas une lettre très sage, elle dit plusieurs gros mots, mais pas un collage non plus.

Appelle mon numéro
Compose ma vie

Toujours ce petit problème d’exagération.

Appelle mon numéro
Fais-moi l’hallali

Parce que si elle est appelée, elle va pouvoir crier victoire (c’est un joli prénom).

Appelle mon numéro
Donne-moi le « la »
Lalalala
Lalalala
Appelle-moi

Sauf si elle pète définitivement les plombs.

En résumé, on peut dire que c’est une chanson engagée, qui dénonce le trop-plein des offices de Poste, mais une chanson d’espoir, parce que dans la vie, on a toujours le choix de se battre et d’amener son oreiller.

(et un groupe facebook de soutien à Mylène (et qui m’a un peu inspiré l’idée de ce post) ici)