Mylène Farmer

La brouette zigzague dangereusement. Bientôt, elle va déverser son précieux chargement sur le sol. Car dans l’art de bien sortir les fumiers, le plus difficile n’est pas de bien savoir jouer de la fourche, mais de doser judicieusement. Trop et c’est la catastrophe, trop peu, c’est la garantie de multiplier les voyages entre la piétinante source et l’odorante destination finale. Quand il est six heures du matin et que le petit-déjeuner, c’est seulement après les brouettes, chaque voyage compte. Chaque voyage refroidit un peu ton café, diminue la pause, la première d’une journée qui en comptera bien peu, rapproche cette heure maudite où il faudra y retourner. Tu oses à peine imaginer les joyeusetés que M. Chompard te réserve aujourd’hui. Tes mains sont couvertes de cloques, tu as mal dans deux bonnes douzaines de muscles. Trois jours depuis que tu es là. Tu ne vois pas comment tu pourras tenir jusqu’à la fin du mois. Tout ça pour un salaire plus ridicule que le plus mal payé de tes jobs d’étudiant. Bon, au moins, tu auras bronzé.

***

– Dis-voir, mon gaillard, t’avais jamais bossé sur une exploitation, ou bien ?
– Euh… non.
– Et ça te plaît, la campagne, tout ça ?
– Euh… Enfin on s’est bien amusés aujourd’hui, quand j’ai coincé le tracteur dans un fossé !
– Bon. Ecoute. Je te paie ta semaine et on s’arrête là ?
– Oui, oui, je crois aussi que c’est le mieux.
– Mais tu peux m’expliquer un truc ? T’es déjà le cinquième cette année. C’est quoi cette nouvelle manie des citadins à vouloir travailler à la campagne depuis quelques temps ? A s’imaginer que les champs, ils se plantent tous seuls ?
– Je… ben…
– C’est quand même pas à cause des pubs, là ?

***
Concerne : dépôt de plainte
Cher Maître,
Je souhaiterais attaquer en justice les programmateurs du jeu FarmVille pour publicité mensongère, tort moral, cloques et brouettes de fumier. Comment faire ?

Twitt again

Le monde moderne est compliqué. A l’heure où tout un pan de la population reste persuadé qu’ils y mettent ce qu’ils veulent, sur leur Google, d’autres sont confrontés à un problème qui va en s’accentuant : twitter, facebook, blog, comment utiliser tout ça de concert au mieux, sans risquer de s’emmêler les pinceaux et de poster par inadvertance les photos de la première communion du petit destinées à l’album picasa accessible uniquement à la famille sur tounu.com, provoquant ainsi l’incompréhension et l’ire des habitués de ce site ?

Voici une série de situations qui nous arrivent à tous quotidiennement, ainsi que la façon dont il convient d’en informer un monde qui, dans leur attente, n’est que trépignement et palpitation.

C’est lundi matin
Voilà une excellente raison de mettre à jour votre statut facebook ! Un « comme un lundi » bien placé suscitera des avalanches de like et des heures de savoureux commentaires, suffisamment pour tenir jusqu’au lendemain.

Il fait mauvais temps
Un tweet rapide et pendant des heures, de RT en RT, vous serez informés de la météo mondiale.

et en plus, vous avez mal dormi
Il existe une application iPhone qui permet d’afficher ses cycles de sommeil, songez à la télécharger et vous pourrez en informer en temps réel vos amis sur 18 réseaux sociaux différents.

Un ami vous raconte une bonne blague
Créez immédiatement une fanpage sur facebook. Et n’oubliez pas d’aller tous les deux jours indiquer le nombre de fans dans son statut : « – Salus sa vas – Et toi yau de poil déjà 4300 fans inviter vos amis xpdr »

Vous vous promenez dans Paris. Soudain, un ours blanc vous attaque
Un message rapide sur le forum des amis du krav maga et très vite, quelqu’un vous enseignera comment vous tirer habilement de cette situation.

Vous apprenez qu’un type connu couche avec une meuf connue
Mais qui tu veux que ça intéresse, franchement ?

Vous êtes victime d’une panne de voiture par un jour férié et ensoleillé à mille miles de toute civilisation, au sud de la France.
Live-tweetez l’opération jusqu’à ce que votre batterie tombe en rade, soit environ 27 secondes si vous êtes l’heureux propriétaire d’un iPhone. Sans téléphone, vos soucis n’en seront qu’accrus et vous accentuerez ainsi vos chances d’obtenir un joli succès sur vdm.

Il ne s’est rien passé de spécial aujourd’hui. La routine, vous êtes allé à la poste, vous avez mangé un kebab et vous avez écouté votre collègue chauve se plaindre
Créez un blog, si possible en bd, dans lequel vous racontez votre quotidien avec humour et détachement.

Ça devient sérieux avec l’ours blanc et sur le forum, ils disent « lol mé pourkoi tu ve frapé set ours? », « sé sureman toi kila provokez », « sa me rapel une foi javé vu un ourse au zo lol » et « désolé mais ce topic a déjà été ouvert, ça m’énerve les gens qui ne prennent même pas la peine de contrôler avant de poster ! », vous stressez un peu.
Essayez de trouver rapidement un site destiné aux ours de plus de 18 ans, cela pourrait détourner son attention. Ou alors frappez-le du plat du téléphone.

Vous venez d’assassiner votre concierge.
Si c’est juste pour vous vanter, faites-le sur twitter un soir de Nouvelle Star. Si vous souhaitez inconsciemment que l’on vous arrête, annoncez la nouvelle sur twitter, mais assortissez-la d’un « please RT ».

Vous venez d’assassiner un ours blanc
Evitez d’en parler sur internet, un mauvais buzz est si vite arrivé.

Vous êtes témoin de l’assassinat d’un ours blanc (à coups de concierge)
Faites des photos que vous posterez sur twitpic, informez-en quelques médias en ligne, faites une note de blog sur votre traumatisme, une note facebook pour informer de l’existence de votre note de blog, allez contrôler si des gens ont relayé la photo, puis si l’un des protagonistes bouge encore, tentez d’en informer la police.

Je m’appelle Hellène

L’autre jour, j’ai gagné 100 francs au tactilo. Plus jeune, je me serais empressé d’aller les dépenser dans quelque bar louche des faubourgs. Mais j’ai décidé de plutôt les faire fructifier.

Mais des années d’anarchozieglerisme forcené laissent forcément des traces et je n’ai pu me résoudre à acheter actions, obligations ou FC Sion, tous facteurs de récession.

J’ai décidé d’investir dans une valeur actuellement en baisse, mais qui reprendra bientôt des couleurs : J’ai racheté la Grèce.

La première chose que j’ai faite est de changer ce nom, trop péjoratif, pas assez signifiant, trop gras, trop salé. J’aurais pu opter pour la version originale, hellas, ce n’était pas une bonne idée. J’ai donc décidé de miser sur une nouvelle identité moderne, de faire ressortir les aspects positifs du côté lipide de ce nom, tout en insistant sur les valeurs traditionnelles du pays : la Grèce s’appelle désormais Omega 3. Et sa capitale n’est évidemment plus Athènes, mais Epidaure.

Puis je me suis penché sur les infrastructures. Il y a vraiment beaucoup de laisser-aller dans ce pays. Que vont penser les touristes s’ils voient toutes ces vieilles pierres un peu partout dans le pays ? J’ai donc décidé de rassembler un peu tout ça, d’optimiser les ressources pierreuses du pays et de rendre l’Acropole à son utilisation première, l’Acrobranche.

Pour améliorer l’image du pays à l’étranger, j’ai également pris soin de veiller à redorer sa réputation online, en effaçant tant que faire se peut toute référence à Nana Mouskouri ou Demi Roussos, puis en demandant à un pool sélectionné de blogueuses de repenser les recettes de la moussaka et des dolmadaki pour les rendre plus urbaines, plus branchées et plus ayurvediques. Je suis assez partant pour les macarons d’aubergines aux trois huiles et leur cupcake viticole aux verrines de saveurs méditerranéennes.

J’ai également décidé de me repencher un peu sur toutes ces histoires de mythologie. A mon avis, c’est trop compliqué, il y a bien trop de personnages, ce n’est pas vendeur. Prenez l’histoire d’Oedipe, par exemple: c’est bien trop complexe.

Voilà. Avec ces mesures, je compte bien réaliser une intéressante plus-value dans quelques années, et racheter alors le Portugal, l’Espagne et la France. Et me garder la Coupe d’Europe 2004 en souvenir.

Coeur de loup, peur du lit.

La tomate coeur de boeuf, charnue et peu juteuse, n’est pas parmi les plus appropriées quand il s’agit de montrer son mécontentement aux chanteurs énervants. Comme Coeur de Pirate.

Coeur de Pirate, c’est une preuve supplémentaire que les Québécois nous veulent du mal, gardant pour eux Kermess et Groovy Ardvaark et nous envoyant ce qu’ils font de pire, de Chouchou et Loulou à Coeur de Poney en passant par Anthony Kavanagh. Coeur de Pigeon pousse la plaisanterie jusqu’à faire semblant de ne pas avoir d’accent pentoute, ce qui donne à ses intonations cette saveur niaiseuse en criss.

Alors tu vois, Coeur d’Enfants de Comme des Pirates a été élue meilleure chanson du monde de l’année par les Victoires de la Musique, qui ont définitivement le sens de l’humour. Mais de quoi parle cette chanson ? Et pourquoi la chanteuse a-t-elle une voix si agaçante ?

Comme des enfants – Coeur de Pirate

Les paroles viennent de Tourte.org, ce qui est particulièrement approprié.
Cette chanson s’appelle donc Comme des enfants, car elle parle de gens qui font des trucs comme des enfants (sauter dans les flaques, faire des caprices, ne pas aimer les courgettes, se réjouir de la sortie du prochain Pokémon, vouloir des frites).

Alors tu vois, comme tout se mêle
Et du coeur à tes lèvres, je deviens un casse-tête

Là je t’arrête tout de suite : si tu es un casse-tête, tu n’es pas un jeu d’enfant.

Ton rire me crie, de te lâcher
Avant de perdre prise, et d’abandonner
Car je ne t’en demanderai jamais autant

Nous sommes manifestement devant une situation de rupture. Là encore, le titre est assez mal choisi puisque les enfants, ça dit « T’es plus mon copain » et basta, ça ne nous impose pas trois couplets d’explication. Coeur de Pirate, je t’en prie, appelons-la Coeur est une jeune fille habile et même quelque peu rusée : elle explique au charmant jeune homme au rire criard que c’est lui qui en fait veut secrètement qu’elle se barre tellement elle lui en demande beaucoup.

Déjà que tu me traites, comme un grand enfant

En plus, il l’a privée de télé et de dessert parce qu’elle n’avait pas fini ses devoirs conjugaux.

Nous n’avons plus rien à risquer
A part nos vies qu’on laisse de côté

Je spoile un peu le couplet suivant mais nous sommes face à cette situation qui a inspiré tous les plus grands noms de la littérature, de D. H. Lawrence a Sacha Guitry, le triangle amoureux. Et, apparemment, le jeune cocu est sicilien et les jeunes cocuficateurs risquent donc leurs vies.

Mais il m’aime encore, et moi je t’aime un peu plus fort
Mais il m’aime encore, et moi je t’aime un peu plus fort

Donc là, ça confirme que je ne te mentais pas au paragraphe d’avant. Il y a bien triangulation.

C’en est assez de ces dédoublements

Alors si je puis me permettre, le problème, dans ce genre de situations, c’est justement l’absence de dédoublement.

C’est plus dur à faire, qu’autrement

Oui parce que quand c’est pas pareil, c’est moins facile que quand c’est plus la même chose.

Car sans rire c’est plus facile de rêver
A ce qu’on ne pourra, jamais plus toucher

Alors ce qu’elle ne pourra plus jamais toucher, c’est le garçon qu’elle aime encore plus fort que l’autre qu’elle aime moins fort qu’elle l’aime mais qui l’aime plus qu’elle l’aime moins. Plus. Par contre, plus il la fait rire, moins il la fait rêver.

Non mais je sais, ça a pas l’air super clair comme ça (d’ailleurs, je ne suis pas le seul à ne pas être sûr de ne pas avoir tout compris). Mais Coeur de est québécoise ET c’est une femme en train d’expliquer à un homme pourquoi c’est pas pareil, eux deux, tu vois, c’est justement parce que je t’aime que je te quitte, c’est pas toi, c’est moi, mais ça, peux-tu seulement le comprendre ? Alors dans ces circonstances, je la trouve étonnamment claire.

On se prend la main, comme des enfants
Le bonheur aux lèvres, un peu naïvement
Et on marche ensemble, d’un pas décidé
Alors que nos têtes nous crient de tout arrêter

Mais finalement, ils décident de ne pas tout arrêter et d’aller au square ensemble jouer au sable.

Il m’aime encore, et toi tu t’aime un peu plus fort

Même les gens des sites de paroles sur internet semblent avoir un peu la tête qui tourne, là.

Mais il m’aime encore, et moi je t’aime un peu plus fort
Mais il m’aime encore, et moi je t’aime un peu plus fort
Mais il m’aime encore, et moi je t’aime un peu plus fort

Coeur répète bien plein de fois, pour être sûre que le message passe, quand soudain c’est le…

Encore, et moi je t’aime un peu plus fort
Mais il m’aime encore, et moi je t’aime pas plus fort

FAIL !

Malgré ça il m’aime encore, et moi je t’aime un plus fort
Mais il m’aime encore, et moi je t’aime un peu plus fort

L’embêtant avec cette chanson, c’est qu’elle reste.

Kafka sur le gazon

J’avais marché plusieurs jours et plusieurs nuits (mais moins), par la forêt et la montagne, sous la pluie brûlante et le soleil battant. Je touchais enfin au but et décidai de passer sous silence le fait qu’un arrêt de bus m’y avait précédé.

Je reconnus immédiatement la cabane, qui était telle que je l’avais imaginée, vétuste mais dégageant une atmosphère de sérénité, avec juste une antenne parabolique en plus, et qui contrastait drôlement avec le magasin de souvenirs adjacents. « Entre, je t’attendais », me dit sans tambour ni regrets une voix qui semblait sortie du fond des âges. Je m’essuyai nonchalamment les pieds sur le paillasson, où était écrit « Un sourire ne coûte rien mais produit beaucoup », notai la présence, au-dessus de la sonnette d’un pannonceau précisant « On ne voit bien qu’avec le coeur » et, effectivement, l’essentiel de la sombre demeure resta invisible pour mes yeux le temps que je m’habitue à l’obscurité qui y régnait. « Le bonheur, c’est quand on est bien », reprit la voix, avant d’ajouter « N’engueulez pas le patron, la patronne s’en charge. »

Pas de doute, j’étais bel et bien dans l’antre du vieux sage ardéchois que l’on m’avait chaudement recommandé sur internet, car tous les vieux sages tibétains, japonais et même laotiens ne prenaient pas le moindre rendez-vous avant six mois. « La vieillesse est dans l’oeil de celui qui la voit, et la sagesse dans l’oreille des autres », me reprit-il, et je ne comprends toujours pas ce qu’il entendait par là. « Oui oh, et pour la voix, c’est juste que je fume un peu trop, hein », ajouta-t-il.

J’entrepris alors de lui conter la raison de ma venue en ces lieux. Peu de temps auparavant, il m’était arrivé grand malheur : j’avais été tagué dans une chaîne de blogs. Je savais que je ne pouvais simplement faire comme si de rien n’était, sous peine que de terribles malheurs s’abattent sur moi et ma famille sur sept générations. La dernière fois que j’avais tenté d’ignorer une telle chaîne (le tristement célèbre questionnaire « quelles sont tes 103 couleurs préférées, et pourquoi ? ») avait coïncidé avec de terribles souffrances (dès le lendemain, on m’avait invité à concert de De Palmas)(pas Brian, l’autre). Comment m’en sortir ? Car il ne s’agissait pas cette fois-ci d’une innocente chaînette, balance la couleur de ton soutien-gorge et on est quittes, non, voilà que je devais tous les jours, pendant un mois, lâcher un détail me concernant. Et pourquoi pas aussi ouvrir un blog ou un formspring ? Et où allais-je trouver autant de détails me concernant sans tomber dans des considérations scabreuses concernant des choses aussi privées que ma passion pour les Pokémon de type plante ?

Mes yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité et l’envie me prit de fuir quand je me rendis compte que les murs de l’endroit étaient tapissés de posters de licorne. Mais il était trop tard. Alors le vieux sage prit la parole. « Ouais, ben mon gars, t’es dans la merde », me dit-il et aujourd’hui encore, ses paroles résonnent en moi comme un phare dans la nuit. « Par exemple moi, tel que tu me vois, j’étais un homme respecté et chéri de mes pairs jusqu’au jour où j’ai refusé de répondre au « Questionnaire bricolage, littérature et vernis de fougères et délices ». Aujourd’hui, je ne suis plus qu’un ermite errant. » Quand je lui signalai que le dernier à avoir fait ce jeu de mots était Jean Roucas, il entra dans une colère noire et s’enfuit dans la nuit comme un cheval au galop, tant et si bien que j’ai repris son échoppe de vieux sage. Et depuis, j’apprends à faire des grimaces.

Double take out

Le sport est une merveilleuse école de vie*

Il nous apprend le dépassement de soi, l’esprit d’équipe, la victoire, la défaite. Il nous enseigne à toujours trouver un bouc émissaire en cas de défaite.

Le sport amateur nous apprend à se moquer des faibles, et à toujours choisir Oswald, le petit gros, en dernier. Le sport professionnel nous enseigne que dans la vie, il faut savoir rester fair-play en toutes circonstances, sauf si on peut tricher sans se faire gauler.

Bon. Mais il est un sport qui jouit actuellement d’un engouement sans précédent : le curling. Que peut-il nous enseigner ?

– Le curling est un sport dominé où Canadiens, Ecossais et Suisses figurent parmi les meilleures nations. Ce qui prouve qu’un accent rigolo n’est pas toujours un handicap dans la vie.

– Le capitaine des équipes de curling, celui qui est chargé de déterminer la tactique d’ensemble, s’appelle le skip. Ce qui prouve qu’on peut réussir dans la vie quand on a un nom de produit de lessive. Arielle Dombasle a su en tirer les enseignements.

– Quand la pierre est lancée, les coéquipiers peuvent alors balayer pour corriger sa trajectoire. Cela prouve que dans la vie, quand on rate quelque chose, on peut toujours compter sur ses coéquipiers pour crriger le tir, ou les engueuler le tir est incorrigible.

– Les travées pleines lors des compétitions olympiques de curling, même à 9 heures du matin, enseignent à tous ceux qui se plaignent de s’ennuyer au boulot qu’il y a pire ailleurs.

– Si votre enfant rêve de devenir journaliste sportif, les consultants de curling sont un remède idéal.

– De même, à l’heure où tu rechignes à faire ton ménage, savoir que d’autres balaient pour le plaisir est réconfortant.

– Mais surtout, quand, tous les deux ans, les Jeux olympiques nous permettent de nous réconcilier avec tous ces sports dont le seul intérêt est de nous rapporter moult médailles, se dire que si on était français, on devrait se taper le biathlon est une infinie consolation.
*si tu doutes de cette affirmation, il te suffit de demander à google : « le sport est une école de vie » donne 224’000 résultats contre seulement 10’600 pour « le sport est une sorte de cheval » et 4 pour « Street Fighter est une école de vie« 

Amour, sexes et vilebrequins.

Ceci est la suite de ceci.

MySpace
The Funky Ponies feat. Jean-Raoul:
Salut, merci pour l’ajout, nous sommes un groupe de rock de Besançon, cela faisait trois ans que plus personne ne nous avait ajoutés sur MySpace, on était loin de se douter que des gens s’en servaient encore, pour te remercier, nous t’invitions à venir nous rejoindre en coulisses lors de notre prochain concert aux anciens abattoirs de Vesoul.

Adopteunmec.com
– Ecoute, Jennifer, tu es une fille sympa et tout, mais cette histoire de me mettre dans ton panier, je voyais plutôt ça comme une métaphore, moi…

FarmVille
Jennifer Flanagan vous a envoyé une demande en utilisant FarmVille :
Here is a cute kitten for your farm in FarmVille. Could you help me by sending a gift back?

Jean-Raoul Plowsky vous a envoyé une demande en utilisant FarmVille :
Here is a Yellow Barn for your farm in FarmVille. Would you come to sleep with me on the straw ?

Google wave
Jean-Raoul: Hé salut, toi ! Ça va ? Quoi de neuf ? Ça fait plaisir de te parler. Nov 7, 2009.
Jennifer: Hihihi ah oui, ça te fait plaisir ? Jan 12, 2010.
Jean-Raoul: Trop ! Tu veux sortir avec moi ? LOL Jan 12, 2014.
Jennifer: Ça tient toujours ? je viens de voir ton message. Et de divorcer. Ça tombe bien. LOL. Jun 26, 2059.

Chatroulette
You : Cé cool de rencontrer quelqu’un qui parle français ici
Stranger : lol
You : On a trop de points communs en fait lol
Stranger : Lol. Comment ça ?
You : ben on parle français et on utilise Chatroulette
Stranger : Ah oué lol
You : ça te dirait pas qu’on aille plus loin ? Genre devenir amis facebook ?
Stranger : Lol ok mais je peux te demander un truc ?
You : Pas de problèmes
Stranger : Tu pourrais te rhabiller, là ? Ça devient gênant.

par e-mail
Nouveau message de: consuela2147@mail.da.ru
Sujet: La rencontre est-il possible ?
Message:
Bonjour, j’écrive à vous cette lettre car j’ai reçu de vous l’adresse pour la société de rencontre. J’aimerais être à vous envoyer la photographie s’il vous plaît car je suis être femme appelée Jennifer de Russie très jolie et très riche qui penser vous être mari idéal de moi pour l’épouser et l’aider améliorer programme de traductage automatique. Seulement envoyez-moi photo et coordonnées bancaires pour mieux faire la connaissance.

Nouveau message de: jr874214241@hotmail.com
Sujet: Re: La rencontre est-il possible ?
Message:
Chère Jennifer, votre mail m’a beaucoup touché. Rares sont les femmes à avoir su à ce point jouer de ma corde sensible comme un violoniste d’un didgeridoo. Pourrions-nous nous rencontrer ? Je porterai un chapeau-melon.

Nouveau message de: consuela2147@mail.da.ru
Sujet: Re: Re: La rencontre est-il possible ?
Message:
Bonjour, je être très heureux vous faire le réponde de ma lettre. Vous pas être oubli donner moi coordonniers bancaires, pour nous être heureux et aimer comme au premier jour, vous être comme aquarelle de Marie Laurencin.

La liste de Schindler

L’inspecteur Polder ne put réfréner un mouvement de dégoût. On ne s’habitue jamais vraiment à la barbarie et cette scène de crime était particulièrement choquante. Peut-être parce que le carnage contrastait violemment avec la quiétude des lieux. Aménagés selon les préceptes du feng-shui, avait reconnu Polder, dont l’ex-femme Hildegarde était adepte de la plupart des philosophies orientales à la mode. Tout, dans cette bâtisse, n’était que quiétude, mais souvent quiétude n’est qu’apparente, se dit l’inspecteur, car l’essentiel est invisible, contrairement aux chamois, que l’on peut observer à force de patience quand fondent les neiges.

– Excusez-moi d’interrompre vos pensées, s’exclama alors son impétueux assistant, Henri Petit, interrompant ainsi le cours des pensées de l’inspecteur, car il était, en matière de zen, novice.
– Ouais ben t’as intérêt à ce que ce soit important, parce que je pensais des trucs super.
– J’ai découvert des indices, mèche de cheveux sur le tapis de la salle de bains, traces de lutte, empreintes digitales diverses ainsi que cette machine à coudre plantée entre les omoplates de la victime.
– Des indices ?, vitupéra l’inspecteur. Tu te crois dans un mauvais roman policier ? Les crimes, c’est toujours des histoires d’ex-mari jaloux ou de dettes impayées, de toutes façons, on va pas commencer à ramasser toutes les cochonneries qui trainent par terre.
– Mais j’envoie quand même le sang au labo ?, rétorqua l’impertinent Henri Petit.
– Si tu crois qu’on a les moyens de se payer un labo. Mon pauvre.

***

Après dix ans passés au sein de l’institut de beauté, relaxation, détente, bien-être et photos de chatons « La Joie du Bonheur », Pélagie s’apprêtait à remettre sa démission. Après dix ans passés à gommer et à masser, à donner des conseils de beauté, elle aspirait à changer de vie. Complètement. Elle allait travailler un peu dans la boucherie aussi chevaline que paternelle et reprendre des études de criminologie trop tôt abandonnées, à la naissance de son aîné Jean-Hans. Elle s’expliquait de ce choix à ses collègues, essuyait une larme. De crocodile.

***

– Pardon, inspecteur, mais… Un fidèle assistant, vous ne trouvez pas que ça fait un peu cliché ?, interrogea Henri.
– Plaît-il ?
– Admettez la vérité en face, chef : nous sommes dans un mauvais roman policier ! Nous avons donc tout loisir de récolter des indices !
– Il faut dire admettez la vérité ou regardez la vérité en face, sinon c’est idiot, contesta l’inspecteur.
– Vous voyez ! Nous sommes mal traduits ! Si ça, ce n’est pas une preuve !
– Tu me fatigues…
– De plus, je me suis renseigné sur vous sur Google® et j’y ai trouvé plein d’interviews de vous…
– Et alors ?, s’emporta Polder.
– Et alors, ça prouve que nous sommes dans un roman. Dans la vraie vie, jamais personne n’interviewe un inspecteur de police.
– C’était en tant que président du club « Des chiffres et des lettres » de Melun. Les jeunes d’aujourd’hui ne savent plus googliser correctement…
– Tout de même, chef, j’ai pris soin de me renseigner et il y a eu dix-sept meurtres similaires ces dernières semaines. Je crois que nous avons affaire à un serial killer.
– Bah oui mais c’est dans d’autres cantons, on ne peut rien faire. Alors laissons la police faire son travail.

***

La sonnette de l’entrée retentit dans le silence azuréen d’un matin glacial. Sri Jean-Claude sursauta. C’était si rare qu’on le dérange en pleine journée. En soirée aussi, d’ailleurs, maintenant qu’il y pensait. Il avait d’ailleurs mis un temps à comprendre que c’était bien sa porte d’entrée qui tintinnabulait ainsi, tant il l’avait rarement entendue. « Encore un de ces colporteurs de mes deux », pensa-t-il par-devers lui, tout en se reprochant sa vulgarité.

Ce n’était pas un colporteur. Ni un témoin de Jehovah. Ni des vendeurs de tombola pour la fête de l’école, il faut deviner le poids d’un cochon et vous pourrez le gagner, oui je sais, c’est la septième fête de l’école cette année, mais on est très festifs, c’est pour ça. Ni aucun de ces joyeux troubadours qui aiment à émailler le quotidien des gens qui glandent à la maison.

Sri Jean-Claude avait rendez-vous avec son destin.

– Bonjour, lui dit avec un certain sens de l’à propos une jeune fille accorte, bien que le cheveu en bataille et le front en fontaine, car la température s’était nettement réchauffée en trois paragraphes. Vous êtes bien le compositeur de « Musique relaxante pour la relaxation volume 3 » ?
– Oui… En effet… Une fan ?
– Pas à proprement parler, répondit le jeune inconnue d’un ton où l’on sentait poindre l’agacement.
– On vous a mise en attente un peu trop longtemps et vous m’en tenez désormais rigueur ? Vous avez été coincée dans un ascenseur et vous êtes un peu trop relaxée ?

**

Tiens, encore ces soucis de traduction, nota Henri Petit.

**

– Pas exactement. Ou disons que je suis restée coincée dans un ascenseur trop longtemps. Dix ans.
– Pardon ?
– J’en peux plus de ta musique relaxante. J’en peux plus. Dix ans à me taper dix heures par jour de calme et de sérénité. Le soir, quand les copains sortaient boire une bière pour se détendre après le boulot, je sortais m’énerver après le boulot.
– Ça a l’air d’avoir bien marché, vous êtes tout ébouriffée. A mon avis, votre Kapha est un peu déséquilibré. Vous voulez une graine de citrouille ?
– Non mais change pas de sujet, là, ça me coupe tout mon effet.
– Oui pardon. Donc là vous alliez m’expliquer que vous étiez une vengeresse sur le point de débarrasser la Terre de tous les créateurs de musique planante, c’est ça ?
– Voilà, mais ça gâche pas un peu le suspense, dit comme ça.
– Non mais c’est important que le lecteur comprenne, sinon après il comprend pas.

Aimons-nous vivants

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est bientôt la Saint-Valentin. Et parce qu’aimer, qu’on le veuille ou non, il ne faut pas se voiler la face, c’est quand même savoir sourire à une inconnue qui passe, j’ai décidé de m’intéresser à quelques une des plus belles chansons d’amour depuis l’invention de l’amour par les blogs de fille et de la tendresse par Michel Sardou.

Je vais t’aimer

Les paroles viennent de là.

A faire pâlir tous les Marquis de Sade,

Oui parce que bien sûr, on ne parle que de celui qui a fait carrière dans l’écriture et le boudoir, mais on oublie que marquis, c’est un truc qui se transmet de père en fils.

A faire rougir les putains de la rade,

Car, c’est bien connu, la putain de la rade est nettement moins rougissante que la putain des terres, car elle a l’habitude de la morsure du vent marin sur ses joues burinées.

A faire crier grâce à tous les échos,

Ce qui est assez simple, il suffit de crier un truc qui finit par grâce, genre « Essuie-grace » ou « patinage artistique »

A faire trembler les murs de Jéricho,

C’est encore plus simple, il suffit de jouer de la trompette.

Je vais t’aimer.

Je sais pas vous mais dis comme ça, je trouve que ça a l’air presque menaçant. Alors que normalement, c’est plutôt un truc qui fait plaisir. Bon c’est sûr, si t’as le vertige et qu’on te dit aimer c’est monter si haut, ou si on te promet de t’aimer comme un fou comme un soldat comme un loup comme un roi et que tu es allergique aux poils de loup, c’est embêtant, mais à la base, normalement, c’est plutôt un truc cool de se faire aimer. Alors que là, je sais pas, je trouve ça limite impérieux.

A faire flamber des enfers dans tes yeux,
A faire jurer tous les tonnerres de Dieu,

Il va tellement lui mettre la fièvre que le temps va se couvrir.

A faire dresser tes seins et tous les Saints,

Oh excellent le jeu de mot seins, saints, je crois que c’est la première fois que quelqu’un le fait, non ? Oui donc là aussi, c’est facile, suffit de baisser le chauffage et hop, les Saints se dressent pour aller voir ce qui se passe.

A faire prier et supplier nos mains,
Je vais t’aimer.

Prier pour que ça s’arrête ?

Je vais t’aimer
Comme on ne t’a jamais aimée.

Alors pour les jeunes qui nous lisent, il faut se méfier quand quelqu’un vous dit ça. C’est pas forcément bien. Comme on ne t’a jamais aimée, ça veut pas nécessairement dire mieux. Par exemple, je vois, mon voisin, si ça se trouve, il a dit « je vais t’aimer comme on ne t’a jamais aimée » à sa copine, sans préciser « non parce que moi, tu vas voir, c’est trop fun, le truc que je trouve cool c’est de taper sur mes femmes. Ouais pis je vis déjà avec quelqu’un, tu vas voir, c’est plus cool pour la lessive et la vaisselle. »

Je vais t’aimer
Plus loin que tes rêves ont imaginé.

Elle a toujours rêvé d’une lune de miel à Lunéville, mais lui préfère l’aimer depuis le Kamtchatka.

Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

En plus, normalement, on n’annonce pas tellement ça trois jours à l’avance, si ? « Bon là, pour le moment, je trouve que t’es une grosse cruche, excuse-moi de te le dire, mais t’inquiète, demain, je vais t’aimer »

Je vais t’aimer
Comme personne n’a osé t’aimer.

De plus en plus sympa. « Comme t’es un peu grosse et conne, les autres mecs ils osaient pas trop te kiffer, t’as vu, mais moi j’ai peur de rien. Mais quand même, tu peux éteindre la lumière, là ? »

Je vais t’aimer
Comme j’aurais tellement aimé être aimé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

Pour les jeunes qui nous lisent, c’est une manière classe de dire « Tu vas voir, je suis un super coup, pas comme cette conne de… comment elle s’appelait, déjà ? Non pas Solange, c’est toi Solange ! Quoi, non ? Ouais bon, ça peut arriver et de toutes façons je suis un meilleur coup que toi aussi », ce qui est souvent assez mal vu en société.

A faire vieillir, à faire blanchir la nuit,

Ça c’est une métaphore super audacieuse pour dire « toute la nuit »

A faire brûler la lumière jusqu’au jour,

Ça c’est une métaphore super audacieuse pour dire « avec la lumière allumée »

A la passion et jusqu’à la folie,
Je vais t’aimer, je vais t’aimer d’amour.

Oui parce qu’aimer de beurre frais, par exemple, c’est idiot.

A faire cerner à faire fermer nos yeux,
A faire souffrir à faire mourir nos corps,

D’où le côté Marquis de Sade

A faire voler nos âmes aux septièmes cieux,
A se croire morts et faire l’amour encore,

– Oh merde, tu bouges plus, t’es morte ?
– Hein, non ? Pourquoi tu dis ça ? Oops, je crois que je me suis endormie…
– Lol, quelle blagueuse, c’était bien hein ? Je suis vraiment super. On recommence ?
– Non mais là je suis morte.

Je vais t’aimer.

J’ai envie de dire super.

Je vais t’aimer
Comme on ne t’a jamais aimée.
Je vais t’aimer
Plus loin que tes rêves ont imaginé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

Ok, mais vite, alors.

Je vais t’aimer
Comme personne n’a osé t’aimer.
Je vais t’aimer
Comme j’aurai tellement aimé être aimé.
Je vais t’aimer. Je vais t’aimer.

C’est une chanson très belle et très profonde, oh oui, très profonde, comme on dit dans ces pétillantes chroniques sociétales qui passent en seconde partie de soirée sur RTL9 et savent si bien mettre en valeur les rares minutes de récréation dans le quotidien éprouvant des plombiers, livreurs de pizzas et autres réparateurs de photocopieuses.

la fleur aux dents

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est bientôt la Saint-Valentin. Et parce qu’aimer, qu’on le veuille ou non, il ne faut pas se voiler la face, c’est quand même un peu toucher les ailes des oiseaux, j’ai décidé de m’intéresser à quelques une des plus belles chansons d’amour depuis l’invention de l’amour par les éditions Harlequin et de la chanson française par Joe Dassin.

L’été indien
by Joe Dassin

J’ai trouvé les paroles ici.

Tu sais, je n’ai jamais été aussi heureux que ce matin-là
Nous marchions sur une plage un peu comme celle-ci
C’était l’automne, un automne où il faisait beau
Une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique

L’automne ? Non, non, par exemple moi, je suis suisse, j’avais entendu parler de l’automne. C’est la saison où les feuilles tombent, où les colchiques dans les prés fleurissent, fleurissent et où les écureuils un peu fous te parlent encore du mois d’août.

Là-bas on l’appelle l’été indien

Oui oh c’est les Québécois, ça, il faut toujours qu’ils emploient des expressions bizarres, ces topios.

Mais c’était tout simplement le nôtre

Bah ouais, on va pas laisser l’été à ces indiens, avec leurs plumes et leurs chevaux ils vont tout saloper.

Avec ta robe longue tu ressemblais
A une aquarelle de Marie Laurencin

Bon moi j’ai dû chercher sur google images, j’avoue. Je la trouve un peu pâle, ta copine, elle devrait sortir un peu, c’est l’automne, il fait beau. En Suisse, on a une expression marrante pour ça, on dit l’été indien. Et comme en automne, quand il fait beau, on se dit que c’est peut-être la dernière fois avant six mois, on enfile nos robes et on va tous marcher sur la plage, alignés comme des lemmings. Parce que l’été indien vaut mieux que deux tu l’auras.

Et je me souviens, je me souviens très bien
De ce que je t’ai dit ce matin-là
Il y a un an, y a un siècle, y a une éternité

Tu es sûr de bien te souvenir ? parce que niveau temporalité, permets-moi de te dire que tu n’es pas super précis, hein.

On ira où tu voudras, quand tu voudras

Justement, j’aimerais voir Vesoul.

Et on s’aimera encore, lorsque l’amour sera mort

Cette chanson a fait scandale, car elle a été l’une des premières à oser aborder, bien que peu frontalement, le thème tabou de la nécrophilie.

Toute la vie sera pareille à ce matin

Toute la vie à se balader en robe longue sur une plage déserte ? On va se faire chier assez vite, non ? En plus en automne, tous les stands de glace sont fermés et j’avais envie d’une bière.

Aux couleurs de l’été indien

Ouais et y a ça aussi. Les forêts chatoient sévère, c’est beau comme un tableau du douanier Rousseau, et on se promène comme des cons sur la plage alors qu’excuse-moi de te parler si crûment mais les plages, niveau arboriculture, c’est pas vraiment Dinseyland.

Aujourd’hui je suis très loin de ce matin d’automne

Bah ouais, ça a pas l’air mais c’est bientôt le printemps, la saison la plus éloignée de l’automne.

Mais c’est comme si j’y étais. Je pense à toi.
Où es-tu?

Répondre dans ton cul, c’est complètement déplacé, hein ?

Que fais-tu? Est-ce que j’existe encore pour toi?

Oh mais tu sais, si tu n’existais pas, dis-moi pourquoi j’existerais ? Tagada, tagada, voilà les Dalton.

Je regarde cette vague qui n’atteindra jamais la dune
Tu vois, comme elle je reviens en arrière
Comme elle je me couche sur le sable

Heureusement qu’y a pas trop de monde sur la plage en cette saison, je vais te dire, tu aurais l’air un peu con. (Et tu serais obligé de te coucher sur les affaires d’un inconnu, mais c’est un autre débat)

Et je me souviens, je me souviens des marées hautes
Du soleil et du bonheur qui passaient sur la mer

Techniquement, les marées hautes ne passent pas vraiment sur la mer, mais je dis pas ça pour chipoter, c’est joli, cette métaphore, le bonheur est comme une sorte de bateau, en fait. C’est pour ça que les gens se passionnent pour la Coupe de l’America alors ? Je comprenais pas.

Il y a une éternité, un siècle, il y a un an

On ira où tu voudras, quand tu voudras
Et on s’aimera encore lorsque l’amour sera mort
Toute la vie sera pareille à ce matin
Aux couleurs de l’été indien

Ou alors Vierzon. C’est bien, Vierzon, aussi.