Jo-Wilfried Tsonga de Noël

Il était une fois un petit ours blanc qui s’appelait Jarod. Oui, oh, je sais. C’est facile de se moquer. Mais imagine-toi. La banquise. Six mois d’hiver et six mois de nuit. Le temps dure longtemps, la vie sûrement plus d’un million d’années, sauf si tu meurs du rhume avant. Quand, en plus, tu es un ours blanc, tu hibernes. L’hibernation, c’est un peu un dimanche, mais en plus long (et sans pantoufles Kermit).
Donc tu as le temps, entre deux siestes, de regarder des tas de mauvaises séries. Et quand tes petits viennent au monde, alors que tu es toujours en train d’hiberner, forcément, les idées de prénom, t’en as pas des masses.

Dans la famille, on était plutôt chasse, pêche et traditions. Mais Jarod était un jeune ours espiègle et curieux. Autant te dire que quand il affirma que son rêve le plus fou était de visiter le musée du Louvre, ses parents le prirent relativement fraîchement. « Zyva, t’es complètement ouf, sérieux ? », s’enquit sa mère, inquiète de cette curieuse marotte. Comme c’était une ourse consciencieuse et prévoyante, elle l’enferma à double tour dans son terrier pour l’hiver.

Mais Jarod était le plus malicieux des oursons. Il parvint à s’échapper et se glissa discrètement dans l’avion d’une organisation écologiste qui organisait des voyages organisés pour que les touristes puissent se rendre compte de l’état alarmant de la banquise.

Une fois arrivé à Paris, Jarod, qui avait eu tout le temps d’étudier google maps, tu penses, se dirigea tout droit vers le Louvre. Hélas, alors qu’il allait enfin réaliser son rêve, le videur lui barra la route d’un ton sec et péremptoire. « Pas d’ours ici », lui dit-il, « c’est contraire à la législation européenne en vigueur ».

« Groumpf », se dit le malheureux plantigrade, « aurais-je fait tout ça pour rien ? » Désappointé, il se dirigea vers un bar des environs et entreprit d’y écluser moult bières. Il était en larmes. Or, même à Paris, il se trouve des gens que le sort d’un ours, seul, en larmes, à la table d’un bar en plein de milieu de l’après-midi émeut, par exemple s’ils n’ont pas déménagé depuis très longtemps ou s’ils sont avec un cousin provincial: « C’est normal, l’ours, là `? » « Ahaha mais bien sûr, attends, tous les jours y a des ours, ils aiment bien ce bar, ça leur rappelle l’Afrique je crois, ou l’Asie, enfin ça leur rappelle un truc » « Oui mais là, il pleure » « Non mais c’est normal, c’est les ours, ça, ils ont l’air costauds et tout, mais ils sont sensibles » « Tu veux pas lui demander ce qu’il a ? » « Ahahaa mon pauvre, tu es si province… bon allez je vais voir mais c’est pour te faire plaisir »

Jarod raconta donc son histoire à un sémillant autochtone, Doogie. Sous ses dehors blasés, celui-ci cachait un coeur d’or, enfin c’est une métaphore, sinon il serait mort, car l’or est très mauvais conducteur, et décida de s’investir pour son nouvel ami en créant un groupe facebook.

La nouvelle de la présence d’un ours muséophile, dépressif, alcoolique et doté d’un prénom rigolo fit vite le tour de la capitale de la France et, très vite, ce qui devait arriver arriva: il fut invité chez Laurent Ruquier. Eric Zemmour, touché, expliqua que c’était de la faute à l’Europe si les ours ne pouvaient plus aller tranquille dans les musées. Puis tout s’enchaîna, Ardisson, Denisot, et même Drucker. Mais Jarod n’était pas habitué à ce déferlement médiatique et, un soir, sur le plateau de Ça se discute, alors que son interlocuteur était en train de faire je ne sais quoi avec un saumon, il lâcha un « Groumpf » décontenancé. La vidéo fut visionnée des milliards de fois sur youtube dès le lendemain, les blogueurs s’indignèrent, les journaux gratuits reprirent l’info et, très vite, de nouveaux groupes facebook se créèrent pour qu’on renvoie chez eux ces putains d’ours qui viennent dire Groumpf sur nos plateaux sans que personne ne s’en offusque, et tout ça aux frais du contribuable bien sûr.

Jarod décida alors de repartir sur sa banquise, ça vaut pas la peine de quitter ceux qu’on aime pour aller tourner des pubs pour le fromage, mais, à cause de la crise et du réchauffement climatique, sa famille vivait à 18 sur un iceberg de 50 mètres carré et avait sombré dans l’alcool et les rediffusions de Ça va se savoir.

Sémaphore filé

Il est un lieu de perdition où je ne me suis plus aventuré depuis belle lurette, belle lurette moins le quart: la blogosphère. La vraie, je veux dire. Pas celle des beatniks qui pensent qu’internet est un lieu d’échange et de créativité. Celle où l’on se mesure le classement wikio à tour de bras entre deux billets sponsorisés.

Par contre, j’ai entendu dire combien ça rapportait, un billet sponsorisé: c’est pas encore la prime de fin d’année d’un patron d’UBS à la belle époque, mais l’idée est la même, y a au moins deux zéros de trop. Leur petite entreprise ne connaît pas la crise (heureusement, seraient bien capable d’organiser des soirées à thème Le Cheap c’est so Chic, des concours de recettes de topinambours et de tester le jean élimé et le pull trop petit de chez C&A)

Comme il n’y a pas de sot métier, je me suis dit que moi aussi, j’étais bien d’accord pour gagner en 5 minutes ce que tu gagnes en 12 heures en échange de quelques lignes mal torchées et suffisantes sur la dernière crème de jour à la goyave. Alors, forcément, si tu es un célèbre annonceur, tu dois te dire ahlala non mais lui là, tout le monde sait qu’il n’est pas sérieux, il va faire des tas de jeux de mots et notre super crème de jour, on pourra plus la vendre qu’aux fidèles de l’almanach Vermot.

Penses-tu. Je sais me tenir. J’ai pas seulement été nourri, j’ai aussi été élevé. Mais là, j’aimerais bien être nourri, y a pas de raisons.

J’ai donc une idée géniale: pour prouver aux célèbres annonceurs que je suis tout à fait capable, j’ai décidé de me commander mon propre billet sponsorisé, que je vais me payer très cher.

Hop hop.

Tu me connais, au début, j’étais un peu réticent. Crise ou pas crise, j’ai bien failli me renvoyer l’article que je m’étais demandé de tester. Je suis comme ça, moi, so libre dans ma tête, un vrai petit punk. Mais je dois bien t’avouer que j’ai vite changé d’avis. So incroyable. J’en suis tout emballé. Ça va vraiment avec tout, on peut s’en servir pour toutes les occasions. Pour tout te dire, j’en ai parlé à tous mes amis et eux aussi, now, sont grave convaincus des bienfaits du fromage.

Les lacs du Connemara bientôt vont se refermer

Parfois, dans la vie, tu te retrouves dans une ville inconnue dont les subtilités de la vie nocturne t’échappent. D’autres fois, tu donnes rendez-vous à Hans et Lieselotte au bar Le Petit Lapin Joyeux, tu n’y as pas trop tes habitudes mais c’est pratique pour se garer, mais tu oublies qu’on est vendredi soir, et en plus ils arrivent très en retard, par principe. Ou alors tu as un peu la flemme et tu décides d’aller juste au bar du coin. Ou bien tu suis des amis à la fête du Pied de Veau de Vitruve-sur-Grésil. Ou, plus simplement, tu es pris d’un accès subit de sado-masochisme. Bref, parfois, dans la vie, à l’insu de ton plein gré, tu te retrouves coincé plus ou moins contre ton gré dans une soirée karaoké.

Il te reste alors des alternatives évidentes: fuir ou boire plus que de raison. Mais tu peux aussi, car tu es un esprit scientifique, en profiter pour vérifier une propriété biologique étonnante : où que tu trouves dans le monde, il y a toujours les mêmes gens. Ils peuvent varier un peu, en habillement, en accent, en moustache, mais grosso modo, il y a toujours :
un mec qui connaît par coeur tout le répertoire de Johnny, qui va passer 4 ou 5 fois dans la soirée, et qui va forcément chanter Gabrielle au moins une fois. Qui porte des santiags. Et qui chante atrocement faux.
un gens qui est sincèrement persuadé que c’est la chance de sa vie, qu’un producteur se cache, ce soir, parmi le public du bar-karaoké-discothèque-pizzeria-salle de billard-cabinet de dentiste The Funky Pony de Vesoul, et qui va te gratifier d’une prestation incroyablement vibrante de Céline Dion
un gens qui est sincèrement persuadé que c’est la chance de sa vie, qu’un producteur se cache, ce soir, parmi le public du bar-karaoké-discothèque-pizzeria-salle de billard-cabinet de dentiste The Funky Pony de Vesoul, et qui va te gratifier d’une prestation incroyablement vibrante de Céline Dion, mais avec la voix du père de Vincent Delerm
un petit couple trop mignon (lui chante atrocement faux, elle personne ne sait vraiment, sauf les gens dotés d’une ouïe particulièrement développée, mais que veux-tu que Superman vienne foutre à la discothèque La Licorne Sémillante de Roquefort-la-Bédoule un deuxième jeudi du mois, grande soirée karaoké et moules-frites ?)
un gens qui décide de chanter sa chanson préférée, sauf que finalement il ne connaît que le refrain, et encore
un mec qui passe sa soirée à regarder la liste des chansons, rêvant secrètement que ses potes décident d’aller chanter un truc et oh non vraiment moi c’est pas mon truc mais si vous y allez hein je veux bien ohlala c’est rigolo j’adore cette chanson, la B33, non non mais moi c’est pas mon truc, vous y allez pas vous ? vous devriez y aller quand même, non mais juste pour rigoler quoi, moi ? non non c’est pas mon truc…
et tout un tas de bourrés qui massacrent allègrement les Beatles et Carlos. Ou Johnny, en duo avec le mec du début qui était resté
un célèbre producteur tapi dans l’ombre qui se dit que le futur Pascal Obispo est probablement au karaoké La Mouette Baladeuse du camping de Ploutargic ce soir.

Dans le viseur

Ce truc de mode, c’est décidément très compliqué. Je comprends qu’on y consacre une chaîne de télé, alors que pas du tout à la calvitie, par exemple. Par exemple, tiens: boire du Beaujolais ou du Red Bull, faut vraiment être courageux, limite inconscient, pour faire ça (Ou alors à la limite mélangés).

Cela dit, y a pas que pour le manger, le boire, la musique, les saucisses apéritives, les habits et les cheveux que ça marche. La mode est partout, même dans le cul. Alors qu’aujourd’hui, on ne parle plus de métrosexuels (maintenant que y a un métro à Lausanne, est-ce que ça va arriver chez nous, cette mode ?(faire du sexe dans le métro, quelle idée… (c’est un truc à se faire pincer (très fort))(à la limite dans un train de banlieue, je dis pas, mais le métro ?))), ni d’übersexuels (le seul über que je connais, c’est -Félix Thiéfaine, j’adore, mais je le trouve pas si sexuel).

Bon, donc, maintenant, j’apprends (si à Paris c’est dépassé, sois gentil, fais semblant de rien) grâce à mes lectures que la nouvelle mode, c’est les rétrosexuels. (Et là, tu sens venir la parenthèse avec un mauvais jeux de mots sur rétro. Tu as tort, la suite te le prouvera)

Genre. Mode: après les übersexuels, les rétrosexuels sont désormais à la mode. Jean vit depuis 5 ans une passion torride avec Hans, un rétroviseur d’Opel Corsa. Il accepte de témoigner pour nous. « Au début, c’était une relation épisodique. Je l’appelais quand j’avais un créneau. Mais aujourd’hui, je ne peux plus me passer de lui. Ce que j’aime, c’est le reflet qu’il me renvoie de moi-même. Dans ses yeux, je me sens unique. Au début, mon entourage l’a mal pris, surtout mes parents. Mais aujourd’hui, ils l’ont accepté, il fait vraiment partie de la famille. » La cohabitation n’a pourtant pas toujours été facile. « Il est très passéiste, il a un peu tendance à toujours regarder derrière lui, alors que je suis plutôt quelqu’un qui va de l’avant. »

Faux Bond

Sinon, aujourd’hui, en Suisse romande, y avait la sortie mondiale de James Bond 007: Quantum of Solace. Si tu as pas vu le 006, je te résume, James Bond c’est un agent secret tellement fort que même Barack Obama ne peut pas l’arrêter, mais en même temps super classe, même quand il boit du martini c’est avec classe et de la vodka, les filles tombent à ses genoux alors que jamais il a pris le métro à Barbès, et en plus il a des tas de gadgets rigolos et une montre biennoise.

Quantum of Solace c’est un double hommage. Quantum c’est un hommage à la série Code Quantum, dans laquelle y avait un mec, au début de chaque épisode, il se retrouvait dans le corps de quelqu’un d’autre et hop, il devait résoudre une mission et c’est ça qui était trop fort, toi, moi, on se serait trouvé un corps sympa, genre au soleil, et on aurait tout fait pour pas résoudre la mission histoire de rester peinard, mais lui pas, presque aussi classe que James Bond. Bon ok, toi tu en aurais aussi profité pour tester l’orgasme féminin (oui oh, ou masculin, si tu veux), quelques douzaines de drogues et ce sport compliqué où on doit se jeter contre des murs, mais pas dans le même épisode, mais franchement je te trouve un brin nonchalant. Et Solace une référence à la chanson de Noir Désir les Ecorchés, qui dit puisqu’on Solace de tout pourquoi nous entrelaçons-nous, parce que James Bond, c’est trop un écorché, et en plus il change régulièrement de tête, en ce moment il est blond.

Dans le cadre d’un programme d’aide aux pays cinématographiquement défavorisés, Quantum of Solace a été réalisé par un Suisse, Marc Forster, qui vient des Grisons, comme Heidi, la viande séchée et le forum économique de Davos. L’intrigue de cet épisode est compliquée: James Bond doit arrêter des méchants, qui veulent découvrir le secret bancaire et la recette de la fondue moitié-moitié. Pour cela, il est engagé par les services secrets suisses, qui sont les meilleurs services secrets du monde et envoient par erreur un fax au magazine le Chasseur vaudois, dont le numéro est étrangement proche de celui de l’association mondiale d’échange d’agents secrets. Du coup, les méchants retrouvent la trace de James Bond. Celui-ci décide alors de se déguiser en sportif, parce qu’il aime bien les sportifs.


Pour passer inaperçu, James se déguise en champion du monde de bateaux. Force est de constater qu’il n’est pas doué


En champion du monde de moto, c’est pas terrible, non plus


En champion du monde de je te tiens par la barbichette, c’est une vraie catastrophe


En champion du monde d’acrobates, par contre, c’est pas si mal.


A noter que le cinéma suisse est très pauvre. Pour cet épisode de James Bond, on a par exemple dû utiliser un très vieux téléphone. Par contre, y a des super gadgets dedans: il fait pouet quand on appuie dessus

In Google we trust reloaded

2009: La crise des subprimes fait une victime, l’Islande, déclarée en faillite. Un groupe d’investisseurs se décide de se constituer en société anonyme, de racheter le pays pour un Króna symbolique. L’Islande devient ainsi le premier pays géré par un conseil d’administration. L’idée séduit vite quelques autres pays (dont le Nauru), car elle comporte de nombreux avantages: le président peut être limogé à la moindre bourde, plus besoin d’organiser de coûteuses élections.

2010: Le conseil d’administration détermine que le problème principal du pays, c’est sa situation géographique, qui limite fortement les possibilités de développement du tourisme. Il décide donc de le reconstruire en méditerranée. Il détermine aussi que la force économique principale est la production de chanteuses aphones et décide donc de faire couper les cordes vocales des filles dès la naissance. L’Islandais, qui comporte un peu trop d’accents et de machins, est supprimé et remplacé par le français, plus rentable.

2011: Google acquiert 51% des parts de l’Islande (comme quoi je ne m’étais pas trompé de beaucoup). Les jeunes qui réussissent leur permis de conduire reçoivent gratuitement la googlemobile, équipée du google gps.

2012: Google et Facebook lancent leur programme en commun, face-view. Il est désormais possible, d’un seul clic, de savoir en temps réel ce que font vos amis équipés du google phone. Très vite, les programmes télé sont délaissés, c’est quand même bien plus drôle de regarder des vrais gens, ou bien ?


La dernière dispute de Björn et Anjeke Gudursson avait battu tous les records d’audience sur google tv.

Cela entraîne la disparition complète des billets sponsorisés sur les blogs inutiles. Désormais, on sponsorise des gens pour entrer dans des magasins.

2014: Le conseil d’administration se dit que Face-view pourrait permettre de réduire considérablement les frais de sécurité du pays. Tous les Islandais sont équipés dès la naissance d’un google phone.


Finalement, la réunion de Bjurdur Fjördurrsson s’avérait moins ardue qu’il l’avait annoncé à son épouse.

Bush de là

J’avais commencé un post, ça disait:

Cette année, les Américains organisent une élection thématique. Jaloux de l’incroyable succès de Bienvenue chez les Ch’tis, ils ont décidé de se choisir un président dont le nom évoque le monde de la frite : Barack Obama, John McCain. Les chances de Ralph Nader sont bien plus minces : les frites Nader pas à la poêle, vu qu’on les fait plutôt à la friteuse.

Je ne savais pas trop comment le continuer, mais je ne voulais pas jeter ce début avec l’eau du bain.

Je pense donc que je vais poster une photo de chaton.

raoulette ruse

L’important, c’est pas le titre

Il avait reposé le téléphone encore un peu sous le choc. Bien sûr, il s’y attendait un peu, beaucoup. Les premiers jours, il avait espéré, plus la semaine avançait plus il se disait que voilà, tout était fini. Mais là, cette fois, c’était dit, c’était officiel. Il n’avait pas dit grand chose. Dans sa tête, il refaisait le téléphone, se disait j’aurais pu dire ceci ou ceci, tour à tour agressif, « c’est ça, bon courage avec l’autre, mais faudra pas revenir après », injuste « tous les mêmes, dès qu’il s’agit d’engagement, y a plus personne… », pathétique « mais on pourrait pas au moins passer un dernier entretien ? » Il avait juste lâché un « allez, on reste en contact, vous avez toujours mon CV », fait semblant de croire aux « vous savez, votre dossier était vraiment très bon, ça va être difficile de vous oublier, vous méritez mieux, mais je préfère que nous restions confrères pour le moment, ce n’est pas vous, c’est nous, c’est un peu compliqué en ce moment avec le recul des entrées publicitaires »

Quand ses potes disaient « non mais tu te fais du mal, s’ils ont pas rappelé, c’est qu’ils ne veulent pas de toi, il faut t’y faire », il répondait « tu sais pas, ils ont peut-être un empêchement, mon téléphone est en panne, je devrais peut-être rappeler ? », mais au fond de lui, il savait qu’ils avaient raison. Maintenant, ils allaient lui dire « allez, un de perdu dix de retrouvés, tu étais trop bien pour ce poste ». Il serait d’accord, ou ferait semblant. Oui, ils ont probablement raison, mais quand même, ça aurait pu marcher… Il allait cracher sur ce boulot dont, la veille encore, il parlait avec des étoiles dans les yeux, profiter de se faire réconforter un peu, puis aller de l’avant.

Le plus dur, maintenant, ça allait être de se reconstruire un avenir, sans ce taf, avec qui il avait imaginé tant de lendemains. Faire de nouvelles rencontres. Arrêter de lire le « courrier de Ploutargic », au début, tant qu’il serait encore amer, tant qu’il ne serait pas capable de le feuilleter sans se dire « ils seraient tellement mieux avec moi », se faire violence quand il aurait envie de les appeler, « allez, on pourrait pas se revoir juste une dernière fois, je sais pas, je pourrais faire les cafés ? ». Il s’imaginait, dans quelques mois, revanchard : « j’ai un nouveau boulot, je suis très heureux… et vous, tout va bien avec ton stagiaire, là ? ah, il est parti dans un autre service ? désolé, désolé, sincèrement… tu sais, en fait, avec mon nouveau taf, c’est rien de sérieux, juste un CDI alors si tu as besoin de piges de temps en temps, tu sais où me trouver… »

Nota bene: Ceci est surtout un exercice de style, une auto-fiction avec beaucoup de fiction, une métaphore à la con, si je voulais parler de moi, je ferais un blog, ou alors j’aurais facebook je sais pas. Ou alors j’irais chez Michel Drucker. Mais je kiffe quand même ceux qui me laissent des messages gentils, hein (même si je sais pas bien pourquoi, quand on croit que quelqu’un est au chômage, ce qui n’est pas tellement mon cas, on s’adresse à lui avec un peu le même ton que s’il venait de perdre une jambe dans un accident de tabouret)

Devoirs conjugaux de vacances (ce titre est déplorable)(de lapin)(tre en bâtiment)

Cela se sait trop peu, mais bloguer ne se fait pas à la va-vite. Cela demande du travail, de l’abnégation, des pantoufles Kermit. Et, bien sûr, un solide réseau d’indics.

Ainsi, tel que tu me vois, je dispose de pantoufles Kermit (photo disponible sur demande accompagnée d’une attestation de la police nicaraguayenne) et d’un solide réseau d’indics. Cela dit, force est de constater que je suis un rien en retard, là.

Tout a en effet commencé à la fête de l’Huma. Mes camarades et moi-même fomentions un coup d’état pour renverser le gouvernement corrompu et rendre enfin le pouvoir aux masses laborieuses, quand nous constatâmes que Pete Doherty et Benny XVI étaient à Paris (une charmante bourgade du Nord de la France) le même jour. Coïncidence ? Je ne crois pas. La sémillante Fabienne me chargea alors de me renseigner plus avant sur les troublantes corrélations entre ces deux hommes, oui je sais bien qu’on ne peut pas dire corrélations entre les deux hommes mais nous étions jeunes, nous étions fous, la bière coulait à flots, Pif le Chien nous regardait de son oeil bienveillant. Je vis bien vite qu’il fallait enquêter du côté de cette histoire d’opium du peuple mais, hélas, vingt-deux fois hélas, d’autres affaires plus pressantes telles que aller rechercher des bières m’empêchèrent de creuser plus avant. La toujours aussi sémillante, celle-là même qui m’avait suggéré de vérifier si Cali ne serait pas un agent à la solde de l’Ennemi, me demanda ensuite, connaissant mon amour pour la grande musique et les interprètes de qualité, de me pencher sur les paroles des chansons dudit Doherty, celles de Benoît XVI étant nettement moins intéressantes (l’on préférera son frère, Damien XVI, mystérieusement disparu).

Puis c’est le ténébreux Bastien, bientôt 18 ans que je lui sors la même vanne, qui se tourna vers moi: il se souvint du temps où je lui apprenais de son métier les petites ficelles, métier qu’il a d’ailleurs abandonné depuis mais je te prie de n’y voir aucune relation de cause à effet, merci, et vint me demander, car il s’agit d’un jeune homme curieux et perfectionniste, si à tout hasard j’avais compris le sens caché des paroles d’une chanson du célèbre Julien Doré, fils puîné de Gustave et Garance, mais pas les limites, une autre.
Je lui dis que j’allais y réfléchir mais, hélas, mon esprit fut distrait par un reportage sur les poneys et toute l’affaire me sortit de la tête comme l’on sort parfois de route ou de ses gonds.

Puis la sulfureuse Tica s’adressa à moi en ces termes, « dis, toi qui connais des gens qui ont des amis qui connaissent le cousin d’un mec du FBI, saurais-tu d’où vient l’expression mettre en bière ? ». Mais son mail, parti à mon adresse professionnelle, atterrit à la suite de diverses manoeuvres qu’il m’est encore douloureux de vous narrer ici, sous les yeux d’un valeureux collaborateur. La suite, vous la devinez: il ne comprit pas qu’il s’agissait d’un courrier privé, se mit aussitôt sur la trace de l’information, on parle de lui pour le Pulitzer de cette année. Fort marri de cette mésaventure, je ne me penchai pas plus sur les origines de l’expression « Reprendre du poil de la bête », que je m’étais soufflée à moi-même dans un accès de schizophrénie.

Puis c’est le mystérieux Daniel, être secret qui change de prénom onze fois par jour, qui me demanda si je ne voulais pas participer à une série de posts sur le thème « si j’étais homosexuel(le) ». Immédiatement intéressé, je décidai de me documenter en regardant, comme quoi la nature est bien fait, un troublant documentaire évoquant sans tabous les difficultés à se faire accepter par la société d’un couple gay parisien. J’en étais à me demander pourquoi, si j’étais homosexuel(le), il faudrait absolument que j’essaie de manger une biscotte, alors que je n’aime pas vraiment ça, si vraiment y a plus rien, je veux bien, mais tout de même, quand soudain, je décidai, bouleversé par ce spectacle, de zapper.

Tout ça pour te dire que malgré environ pléthore de sujets en cours, tombe la neige, je ne poste pas ce soir.

gRrrRRrRRrRr (titre de travail)

Parfois, il fait nuit, il fait moche, le brouillard ne s’est levé que pour laisser la place à cette pluie qui veut dire « tu devrais te dépêcher d’aller mettre tes pneus neige », tu as passé l’heure gagnée grâce à un général à qui tu n’avais rien demandé à attendre qu’elle passe (de nos jours, ils fabriquent des téléphones portables qui se remettent à l’heure tout seuls, des autoradios qui se remettent à l’heure tout seuls, (même ton chat, ce matin, il était si ponctuel, ils doivent fabriquer des chats qui se remettent à l’heure tout seuls, de nos jours) mais toi t’es un vieux modèle, quand un général mort décide qu’il faut régler sa montre deux fois par année pour économiser 0,08% d’énergie environ, tu ne retrouves pas le gousset de ton horloge interne, tu insomnises et le lendemain tu te retrouves avec environ 72,17% d’énergie en moins), les gens sont des cons, je veux dire encore plus que d’habitude, les gens à qui tu ne demandes rien viennent râler que le sketch des valises, il est contre moi ? parce que moi des valises, je peux en avoir tant que je veux, alors ne parlons même pas de ceux à qui tu demandes quelque chose, ce ne serait pas très convivial, tes collègues sont chauves, les voitures bouchonnent, les feuilles mortes se ramassent à la pelle, bref, la vie est un peu une pute bon marché.

Bref, tu es d’humeur à dépecer la première truite venue: c’était ça ou déprimer, tu as essayé un peu, pour voir, c’était pas drôle. Tu as comme envie de sang sur les murs, mais ça salit, comme envie d’accident de voiture, mais ça pique. Du coup tu te dis que tu pourrais aller à la Migros faire des croche-pattes aux petites vieilles, tu sais, celles qui débarquent 11 minutes avant la fermeture et embarquent tous les articles à prix réduit ?, ou alors passer tes nerfs sur des bébés chats, mais tu n’en as pas sous la main, ou alors essayer de battre tes amis, parce que se battre avec des copains c’est très jus de raisin, surtout que là c’est à geo challenge sur facebook, un jeu super où tu dois reconnaître le drapeau de Nauru, vraiment bien, quand tu rencontreras des Nauruiens tu pourras les impressionner et après ils te présenteront à leur chef et t’offriront des fruits, mais comme tu es de mauvaise humeur, là, ce sera probablement des fruits à la con genre noix de coco. Et là du coup tu rentres chez toi et dans ta boîte aux lettres y a un flyer pour le professeur Bambo, un mec plutôt sympa qui résoud tous les problèmes et les traite une fois pour toutes, même les cas les plus désespérés, même les cas rares et inconnus, et une carte postale moche très bien, avec des mots touchants et graciles au dos, surtout un, et là tu te dis que tous ces gens qui essaient de te redonner le sourire pile au moment où tu te demandes comment conclure une note sur les gens qui sont des cons n’ont vraiment aucun respect.