C’est Sempach tu verras (reloaded)

Chaque peuple a ses figures légendaires, plus ou moins réelles: Jeanne d’Arc pour les Français, je ne sais pas qui pour les Fidjiens, Zorba pour les Grecs, Gary Lineker pour les Anglais,…

En Suisse, nous avons Guillaume Tell, qui n’aimait pas trop qu’on mette des pommes sur la tête de son fils. Il a fait la carrière internationale que l’on sait, grâce à un opéra de Rossini (c’est toujours les Italiens qui font le sale boulot). Et nous avons Winkelried, qui est un peu comme un film suisse: il a beau être très connu chez nous, personne n’en a jamais entendu parler au-dehors.

Alors, pour toi, étranger qui aimerait te cultiver entre deux vols de pain: au Moyen-Âge, l’Autriche et la Suisse se battaient, les uns préférant les pommes en strudel et les autres en brochette. Depuis, les relations entre les deux pays se sont nettement améliorées, malgré quelques rechutes bien irritantes.
En 1386, Leopold III de Habsbourg décide de mettre la pâtée aux Confédérés, mais ça ne marche pas très bien. Les guerres, à l’époque, c’était pas aussi bien foutu que maintenant, on n’avait pas toutes ces bombes qui tuent plein de civils collatéraux, ça se faisait à la pique et à la hachette, un peu comme pour un barbecue mais sans les chips. Winkelried aurait, dit la légende, pris une pleine brassée de piques ennemies dans ses grands bras pour ouvrir une brèche dans les rangs ennemis (et, accessoirement, dans son sternum) et aurait eu cette phrase devenue aussi culte qu’une tirade d’Edouard Baer: « Prenez soin de ma femme et de mes enfants », se sacrifiant ainsi pour sa patrie et permettant aux Confédérés de tataner sévère les Autrichiens pourtant supérieurs en nombre, en équipement, en entraînement et en ski. Un geste héroïque (ou couillon, c’est selon).


On constate sur ce document que les Suisses allemands portaient déjà des chaussettes dans leurs sandales à l’époque

Les historiens se sont interrogés sur la véracité de cette histoire, et sur l’existence dudit Arnold. En exclusivité mondiale de l’univers, je suis aujourd’hui en mesure de vous révéler quelques extraits de son journal intime.

12 janvier 1356:
Aujourd’hui, madame Stauffenacher, la maîtresse, m’a dit que je n’arriverai à rien dans la vie si je ne travaillais pas. Quand je serai grand, je serai célèbre et elle s’en voudra bien de m’avoir dit ça. VDM*.

* Les historiens sont encore très partagés quant au sens de cette signature.

3 août 1362:
Aujourd’hui, j’ai rencontré une très jolie jeune fille avant-hier lors du brunch du 1er août. J’aimerais bien me marier avec elle, mais je ne peux pas car mon papa dit que les Zougois sont de sales étrangers du dehors qui font rien qu’à manger notre pain. VDM.

4 juillet 1364:
Aujourd’hui, je me suis marié avec Hulge von Graffenried, mon papa a dit que ce serait un très bon mariage parce que ses parents ont des terres très propices à la betterave. VDM.

17 novembre 1364:
Aujourd’hui, mon épouse vient d’accoucher de notre fille, Silke. J’espère que maintenant, elle acceptera enfin qu’on consomme notre mariage. VDM

17 janvier 1366:
Aujourd’hui, ma fille aînée a dit son premier mot, papa. Je n’étais pas là. VDM.

11 juin 1367:
Aujourd’hui, j’ai réussi mon test d’entrée dans l’armée. VDM.

8 juillet 1368:
Aujourd’hui, mon épouse est enceinte de notre cinquième enfant. VDM.

9 juillet 1386:
Aujourd’hui, on va se battre contre les Autrichiens. Je suis excité comme un foufou. VDM.

Brouillon

Lectrice, lecteur, public chéri mon amour,

Un mois et quelques après ce post, je te sens complètement languissant, limite frémissant. Bon, je t’explique, en gros: je suis actuellement en train de mettre le point final au chapitre trois d’une saga familiale épique dans les steppes normandes, qui raconte l’histoire terrible et désabusée d’un riche producteur de pommes qui aime en secret une Golden Delicious, de plancher avec un pétulant camarade de jeu sur le scénario d’une saga radiophonique sur l’univers des truites, de forcer une malheureuse dessinatrice à réaliser 420 planches par jour pour un futur projet de blog bd sur l’Histoire de la poterie, d’avancer à pas de cnidaire dans la planification d’un très célèbre projet secret, de songer avec une amie à une incroyable série télé qui aurait pour héros un jongleur bègue, de supplier tous les magazines de Suisse et de Navarro de me laisser rédiger une chronique bi-quotidienne sur les filtres de machine à laver et d’avancer sur le projet d’adaptation de Bon Pour Ton Poil en pâte à modeler.
Et, accessoirement, comme Raoul exige désormais que je lui paie des cours de macramé, d’écrire des piges pour le magazine des horticulteurs vaudois, de songer sérieusement à en proposer d’autres à Passion Bichon et de me brouiller sérieusement avec tous mes amis journalistes à qui j’écris 91 mails par jour pour les supplier de me confier la météo ou l’horoscope, je sais pas, même le sudoku, ou les vitres ? Sans oublier, bien sûr, ma participation à un blog de voyages pour lequel je suis prêt à accepter n’importe quelle invitation à passer six mois dans les mers du Sud, car je suis un rédacteur consciencieux.

Comme j’ai toujours été un gars organisé, dans ma tête, c’est un peu le périph un jour de neige, mais sans Smart, quand même, faut pas déconner. J’ai donc décidé de remettre à plus tard les activités annexes non-urgentes telles que l’achat d’un agenda.

Avec tout ça, quand sonne l’heure de bloguer, mes pensées sont aussi claires qu’un discours présidentiel français, sauf que ce n’est pas la faute des Tchèques. C’est pour ça que pour la 932e fois sur ce blog, je vais te faire le coup du post super long pour dire qu’en fait je ne vais pas poster. Pourrais-tu faire semblant d’être surpris ?

Avec trois décis, vous nous remettrez une bouteille

Bon. Prenons un exemple. Au hasard. Fortuit. Un jeune homme, soyeux et scintillant, oublie bêtement son porte-monnaie à la maison. L’angoisse l’étreint: si on le lui avait volé ? Après tout, maintenant, on a des hordes de Roumains et de Bulgares qui mugissent dans nos campagnes, donc on sait jamais. Mais en fait, non, il l’avait vraiment oublié.
Il raconte cette piquante anecdote à des connaissances et là, au lieu d’imaginer toutes les terribles épreuves par lesquelles il a dû passer, quelqu’un lui dit: « Tu pourrais faire un peu attention. Un beau jour, tu oublieras ta tête. »

J’ai toujours cherché à comprendre les gens qui disent ça. A la limite, le jour où on maîtrisera le voyage dans le temps… « Tu aurais quand même pu faire attention… Bon si tu retournes à 7 heures moins le quart le chercher, tu me prends mes clés en passant ? » Mais sinon, j’ai du mal à comprendre. En plus, oublier sa tête, c’est pas possible. Ses jambes, à la limite, mais sa tête, ça se voit tout de suite. Et les deux en même temps c’est pas possible, le gars du paragraphe d’avant te l’a d’ailleurs rappelé: « Quand on n’a pas de tête, on a des jambes. »

Ou alors, un plantureux jeune homme, pas forcément le même, est en train d’éplucher des pommes de terre, il se coupe malencontreusement une jambe ou la tête avec une scie à métaux et là, quelqu’un, pas forcément le même, vient lui dire « Tu aurais quand même pu faire attention. » C’est pourtant pas forcément une information de première nécessité. Mais tout de même. Vous remarquerez, chaque fois que vous êtes distrait, maladroit, malchanceux, y a un mec qui débarque pour venir dire que vous auriez pu faire autrement. Je n’ai rien contre le conditionnel imparfait, au contraire, je le trouve vachement plus classe que le futur antérieur, mais force est de constater que ce genre d’avis, « Si tu avais tondu le gazon le 8 juillet 1971, on n’en serait pas là », n’est que très rarement pratique au quotidien contrairement, par exemple, au tournevis ou au tupperware.

Et pourtant, il y a toujours des gens qui le disent. Et on les laisse agir, impunément. Et bien, s’ils pensaient à ne pas se trouver à proximité d’une clé à molette quand ils viennent avec leurs bons conseils rétroactifs, on serait tous tranquillement à la maison en train de boire un bon thé glacé, monsieur le Juge.

Darwin the yes

Jeudi, c’est le 200e anniversaire de Charles Darwin. Qui n’est plus tellement en état de souffler les bougies, mais tout de même. Il y aura des ballons, des clowns et des tortues-luth géantes.

Avant Darwin, c’était simple. Dieu avait créé les animaux un vendredi, l’homme un samedi avant de partir faire les courses, et si tu osais te demander « Pourquoi le dindon ? », tu brûlais en enfer. Puis Darwin est parti se promener aux Galapagos. Il n’y a pas trouvé sa belle*, mais des tortues. S’il avait essayé de les cuisiner, il ne serait pas entré dans l’Histoire, comme quoi, il suffit parfois de peu de choses. Darwin, en voyant les tortues, il s’est dit : « tiens, je crois que l’homme descend du singe ». Et, surtout, il a réussi à le dire sans se faire brûler vif, ce qui, à l’époque, était un exploit. (Alors que personne ne s’est jamais fait brûler vif pour une recette de soupe, mais je m’égare).

Aujourd’hui, la théorie de l’évolution est assez communément admise. Mais y a quand même des contours qui restent un peu flous. Par exemple, un jour, y a eu un premier homme. Ses parents c’étaient des singes et lui un homme. Alors quand on me parle de fossé intergénérationel, je pouffe. Imagine un peu:

– Papa,maman, je ne veux pas cueillir des bananes et m’épouiller comme vous, je veux suivre mon destin.
– Iiik Iiik Iiiiik
– Pas la peine de vous énerver, ma décision est prise.
– Iiiiik Iiiiik Iiiik
– Je ne sais pas encore, peut-être chasseur, ou inventeur…
– Iiik Iiiik Iiiiik
– Quoi ? Mais je n’ai pas de chambre, on dort dans des arbres ! Et puis d’abord c’est injuste, UuuHGruhr il a eu le droit, lui.

C’est pareil pour les autres animaux : un jour, un couple d’archeopteryx a vu un de ses oeufs éclore, un mignon petit poussin en sortir. Comme ils étaient vieux, sentaient que c’était leur dernière chance d’avoir un enfant, ils ont décidé de le garder et de l’appeler Poule, parce qu’elle était venue après l’oeuf.

Darwin a donc découvert les principes de l’évolution et de la sélection sexuelle: si, l’autre jour, tu es rentré de discothèque avec cette fille aux charmes aléatoires, ce n’est pas à cause du whisky, mais des phéromones. Par contre je sais pas bien comment tu as fait pour les reconnaître sous onze tonnes et demi de parfum.

Le darwinisme permet d’observer de nombreux comportements sous un jour nouveau. Bon, par exemple, si Dieu avait créé le chaton ex nihilo, pourquoi il l’aurait doté de la fonction « pisse partout » ? C’est pas franchement indispensable. Les voies du Seigneur son impénétrables, ok, mais mon canapé en soie pas du tout. Alors que quand tu sais que le truc qui passe le trois quart de ses journées en boule sous ton radiateur et le reste à te demander à manger avec un petit miou qui ne ferait même pas peur à une fillette paranoïaque est en fait le descendant direct du terrible tigre à dents de sabre, tu comprends pourquoi, de temps en temps, il se croit obligé de marquer son territoire. Ça lui rappelle son grand-père.

De même, prend l’homme. Imagine nos lointains ancêtres, valeureux, qui se sont battus pour l’honneur de leur patrie, se sont couverts de gloire en mourant au combat.

Ok, et maintenant imagine ceux qui ont préféré rester à l’arrière au cas où et ont gentiment proposé de consoler les veuves.

Et essaie de te demander lesquels ont le plus laissé de traces dans ton patrimoine génétique.

Maintenant, tu comprends pourquoi y a plus de sites de fesses que de sites sur les épées, sur internet ?

* Quelque part, j’espère que personne ne comprendra la référence. Parfois, je me dis que les profs de musique essayaient en fait de nous dégoûter à jamais.

Sport-addict sporadique

Parfois, dans la vie, tu fais un métier où tu passes quand même pas mal d’heures devant un ordinateur. Et un hobby principal qui consista à passer pas mal d’heures devant un ordinateur. Un jour, tu entends ton corps te dire « dis, je voudrais pas te commander ou quoi mais si tu me refile pas un peu de muscle, tu vois cette articulation, là ? si je lui fais ça, ça fait quoi ? »

Parfois, dans la vie, tu te dis « tiens, si je me remettais à faire un peu la cuisine ? » et je dis pas ça pour recevoir des demandes en mariage ou quoi, mais tu es quand même pas trop mauvais. Sauf que tu as été élevé selon des critères religieux très stricts: la bonne cuisine comporte forcément du vin blanc, du lardon et plusieurs tonnes de crème. Et même si tu es toujours ce garçon un peu fou au charme fuligineux, force est de constater que le délicat arrondi que ton ventre semble désireux de prendre n’est pas de ceux qui annoncent un heureux événement.

Bref, en un mot comme en 437, tu te dis qu’il faudrait te mettre au sport. Jusque là, c’est pas trop dur. C’est comme se dire qu’on va arrêter le cenovis ou apprendre à jouer du banjo: le problème, c’est pas tellement de se le dire. Le problème, c’est de choisir ta discipline avec ruse, afin que ta belle histoire d’amour avec le dépassement de soi, la performance et la sueur soit un peu plus qu’une aventure d’un soir.

Oublie les sports d’équipe. Déjà à 17 ans on te lançait des cailloux parce que ton centre au deuxième poteau avait atterri, suite à un malheureux concours de circonstances, non pas au deuxième poteau mais en Abyssinie orientale, alors imagine le résultat maintenant que tu n’as même plus l’occasion de t’entraîner sur Pro Evo Soccer. Si c’est pour rester assis 90 minutes et regarder des mecs courir, autant un canapé et Chelsea – Barcelone qu’un banc en plein vent et Villars-Tiercelin – Bavois.

Les sports individuels, donc. Oublie tout de suite la course à pieds, la randonnée, le cyclisme et le golf. Le golf parce que c’est pas vraiment un sport. Et les autres, parce que les gars de la météo sont pas super collaboratifs. Pile le jour où tu avais décidé de franchir trois cols avant le dîner, ils te balancent tellement de neige que tu te souviens que tu avais promis à ton voisin de l’aider à regarder son plafond. L’idéal, donc, pour t’obliger moralement à pratiquer une activité physique régulière, c’est de payer un abonnement annuel tellement cher qu’on pourrait quasi s’en servir pour renflouer une demi-douzaine de banques.

Donc, le fitness. J’ai testé pour toi. Je suis entré dans une salle. Y a un mec de 2 mètres sur 2 qui m’a demandé s’il pouvait m’aider, j’ai répondu non, j’aime mieux pas, ça va. Derrière lui, y avait une photo, je me suis dit que c’était pour faire peur aux enfants, « si tu manges tes épinards, tu vas finir comme le monsieur », je comprends pas trop l’éducation moderne, mais non, non, c’était pour montrer comment on pouvait devenir. Le monsieur, sur la photo, si tu veux, il avait des tas de muscles partout, même à des endroits où ça sert pas à grand chose, si tu veux mon avis. Le type de l’accueil, qui était sympa malgré sa ressemblance avec une armoire normande, m’a expliqué que le mieux, c’était de prendre l’abonnement six mois, comme ça je pouvais venir 4 fois par semaine, ou 12, si je voulais. Dans la salle, y avait plein d’engins bizarres partout. Je me suis barré en courant et, depuis, je milite pour que la première mesure du prochain président de la Suisse soit de fermer cet endroit.

Et du coup, il ne reste plus que la piscine. Aux heures où il n’y a personne, le mardi entre 8 heures 24 et 8 heures 27, sinon tu ne fais pas de la natation mais du slalom géant. Un slalom géant avec des très très vieux piquets, en plus.

Du coup, toi je sais pas, mais moi, je pense que je vais m’acheter une wii.

Du flan

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Esculape de Malakoff est un jeune cuisinier incroyablement paresseux. Il a développé une batterie de stratégies pour que les autres cuisiniers vaquent pendant qu’il se tourne les pouces. Il se tourne tellement les pouces qu’on pourrait facilement y installer une petite centrale éolienne. Quand on lui demande de préparer les sauces, il rétorque que le poil qu’il a dans la main pourrait y tomber et ça ferait pas sérieux, que diable.

Ses collègues, forcément, ça les gonfle un peu. Esculape, par la malpeste, lui disent-ils, car l’exaspération leur fait perdre les nerfs, ne reste donc point ainsi les bras ballants, aide-nous donc à faire les desserts. Mais il leur répond que oui mais là c’est pas possible, tu comprends, je suis allergique aux poires, j’ai une banane dans l’oeil, enfin, toutes les excuses sont bonnes pour n’en point foutre une rame.

Sauf quand il y a des flans au menu. Là, le jeune marmiton bat, fouette, monte en neige, caramélise tant et plus qu’à chaque fois, il y en a deux fois trop. Ce jeune homme, se disent ses collègues, s’intéresse enfin à quelque chose, ne le réprimons pas. Le soir, Esculape emporte dans son tupperware en métal chromé tous les flans restants. Intrigué, un de ses collègues apprenti-queux, Ranulphe de Cergy, le suit nuitamment. Peut-être, se dit-il, Esculape nourrit-il en secret de sombres desseins et une famille de réfugiés valaches ?
Mais le spectacle auquel il assiste le laisse pantois. Esculape de Malakoff aligne les flans sur un muret et, un à un, les vise avec son arbalète. Et force est de constater qu’il est plutôt talentueux. Mon dieu, pense le témoin de cette ô combien rocambolesque scène, quel tir aux flans ! Je suis estomaqué. Mais ne voulant pas laisser l’autre se rendre compte de sa stupéfaction, Ranulphe se ressaisit et tient à peu près ce langage : « Zyva, t’es trop un bouffon, tu les a même pas tous quéni, il reste comme deux ronds de flan. »

C’est de cette croustillante anecdote qu’est née l’expression « C’est en flânant qu’on devient flâneron », hélas tombée en désuétude moins de deux semaines plus tard.

36 15 vdm

C’est bien joli, de draguer sur internet, mais le problème c’est que les histoires d’amour finissent mal en général. Si. Même moi, qui suis pourtant un garçon formidable, il est arrivé que des filles me quittent. C’est un comportement plutôt inconscient, certes, mais que veux-tu, de nos jours, les gens sont prêts à toutes les excentricités.

Alors une rupture, en gros c’est « bouhouhou je l’appelle non mais quelle conne celle là de toutes façons elle trouvera pas mieux que moi ahaha mais non je l’ai oubliée tu penses oui je dors avec le pyjama qu’elle a laissé ici mais c’est pour le confort enfin je peux réécouter mes vieux albums de Vincent Delerm elle n’aimait que AC DC bouhouhou ce resto me rappelle trop la fois où on avait été dans un autre resto mais y avait aussi un e dans le nom c’est pour ça huhuhu on s’est revus hier huhuhuhuhu oui on a un peu… hihihihi pffffff on s’est revu la semaine passée, ouais on a un peu… », en mode « random-repeat all » pendant un laps de temps pouvant aller de 23 minutes (mais tu as un problème, là, je pense) à 23 ans (mais tu as un problème, là, je pense).

Bon. Mais imagine un peu. Tu l’as rencontrée sur yahoo questions/réponses ou sur aufeminin.com. Vous vous êtes échangés des mails, puis l’adresse de vos blogs, puis votre adresse msn. Au bout de quelques mois vous avez décidé de faire pc commun, mais avec messageries séparées. Mais un jour les filles se cassent et puis voilà.

That’s life, nanananana. Une de perdue, une de perdue. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Mais est-ce que « j’aimerais qu’on reste amis » veut aussi dire « j’aimerais qu’on reste friends sur facebook » ? Est-ce que poker de temps en temps, c’est grave ? Et puis ok, tu vas lui faire un carton avec des CD et des bouquins qu’elle a oubliés. Mais que faire de tous les moutons qu’elle t’avait envoyés ? Ok, tu ne vas plus aller au bar « Le joyeux turluron » avant un moment, histoire d’éviter de la croiser. Mais faut-il aussi arrêter de lire « Comme dans du beurre » et « Fougères et délires » ? Et faut-il la virer de tes liens ou, au contraire, l’y laisser mais remplacer « choubidou d’amour » (oui, oh, mais on est un peu con quand on est amoureux) par « grosse conne » (oui, oh, mais on est un peu con quand on est malheureux) ? Et est-ce que continuer de la suivre sur twitter, c’est considéré comme du stalking ? Et est-ce que google finit par oublier ?

Je crois que c’est pour éviter de répondre à ces questions qu’il y a encore des Minitel en circulation.

Vol au-dessus d’un nid de kikoo*

*J’ai volé ce titre à dew

C’est demain que sort sur les écrans le film le plus attendu de l’année, LOL.

En attendant ^^, film suédois sur les dangers de l’internet où Lola, une jeune adolescente en quête de sens est filmée en caméra subjective en train de surfer, pendant sept heures de suite ;

En attendant WTF, film américain dans lequel Lola, une jeune génie de l’informatique, découvre que de dangereux terroristes ont décidé de casser l’internet mais réussit à les en empêcher grâce à l’intervention de deux flics bien singuliers et à la création d’un groupe facebook « pour que les terroristes ne cassent pas l’internet » ;

LOL est le premier film français à oser aborder de front des sujets tabous tels que l’adolescence, le divorce et les coupes de cheveux difficiles.


– De mon temps on n’avait pas besoin de tous ces ordinateurs pour rigoler. Je t’ai parlé de quand j’avais été à une boum?
– LOL


– J’ai acheté la nouvelle Wii invisible avec le jeu Coiffure Simulator. Bon, là, je maîtrise encore pas trop.
– LOL


– De mon temps on n’avait pas besoin de tous ces ordinateurs pour rigoler. Je t’ai parlé de ma chevaliérisation ?
– LOL


– Oh regarde regarde on a reçu le scénario du film… Oh dis-donc, tu aurais mieux fait de tourner des nouveaux épisodes de Kaamelott, non ?
– LOL


– Bonsoir, c’est la première fois que je joue avec une vraie guitare, mais je suis super fort sur la Wii, est-ce que vous êtes chauds ce soir ?
– LOL


– Alors là l’autre fou arrive et lui dit…
– Non arrête j’aime pas cette blague elle est raciste.

Les fabuleuses aventures du Suisse sémillant qui ne devint pas tellement milliardaire

Pour renflouer un peu mes finances avant que George Clooney ne rachète les droits de mon billet sur les poneys, j’avais ourdi un plan pour le moins machiavélique: m’inscrire à Tout le monde veut prendre sa place, ravir le trône du malheureux et implorant champion et aligner 432 victoires.

Las, après le casting (oui, ma bonne dame, de nos jours, pour aller jouer dans la télé, on ne passe plus des sélections mais des castings), on ne m’a jamais rappelé. Probablement pour des raisons politiques: à l’heure où France 2 devient la Chaîne Officielle de la République Libre et Sarkozyste de France, ça ferait mauvais genre, un Suisse indétrônable dans un jeu de culture générale.

Adieu donc, gloire, richesse et boîtes de jeux. Toutefois, je peux te faire profiter de mon expérience en t’expliquant un peu comment ça se passe, un casting: d’abord, on t’envoie dans un endroit terriblement difficile à trouver, pour éliminer quelques candidats. Puis on t’enferme 4 heures dans une salle surchauffée, ce qui explique pourquoi TLMVPSP (comme on dit entre initiés) est le seul jeu de culture générale dont les grands gagnants ne sont pas des vieux. En résumé succinct: On te fait répondre à quelques questions de culture générale comme « à quand remonte votre dernier fou rire ? » et « racontez-nous une anecdote rigolote lol », puis on te dit « bon rentrez chez vous, on vous rappellera ». Puis, à mesure que les jours passent, tu finis par te dire que jamais ils ne te téléphoneront et noyer ton chagrin dans le jus de betteraves. Mais avant toutes ces terribles épreuves, on te fait remplir une liste d’anecdotes, tout en précisant que si par malheur tu laisses une case vide, il arrivera de terribles malheurs, Diego G., de Mulhouse, n’a pas répondu à la question 5, le lendemain, il apprenait que son kangourou était décédé. Jean-Palfrenier C., de Perpignan, a répondu à tout et a gagné plusieurs euros au loto.

Pourquoi je te raconte tout ça ? Parce que, statistiquement, il y a forcément parmi toi des gens à qui il n’arrive jamais rien. Ce n’est pas normal que ces gens n’aient pas le droit d’aller écouter les blagues de Nagui. Donc je te propose une liste d’anecdotes imaginaires, pour booster un petit peu tes chances au cas où tu t’inscrirais au casting, et parce que ça me fait un sujet.

On a tous notre quart d’heure de gloire, quel a été le vôtre ?

L’hiver dernier, je rentrais chez moi, dans la banlieue nord de Melun, quand j’ai aperçu un homme qui se noyait dans la rivière. « Le pauvre, il doit avoir froid », me dis-je. Par solidarité, je décidai d’aller boire un chocolat chaud au café « Melun dans l’autre » tout proche, où se déroulaient les championnats régionaux de karaoké. J’ai terminé à une superbe vingt-huitième place avec « Prendre un enfant par la main ».

La plus belle action de votre vie ?

Au temps de ma prime jeunesse, j’ai évolué comme avant-centre du club de fléchettes de Pontarlier. Ma plus belle action reste une double triangulation avec centre en revers et coup du berger.

Le plus beau souvenir enfant ou ado ?

Je me souviens du premier bonbon que m’a offert mon pauvre grand-père. Je lui ai dit que je n’avais pas le droit d’accepter des bonbons d’inconnus, pour faire une blague. C’était très émouvant.

Quelle est votre plus grosse fierté ? (Hormis les enfants et vie de couple).

Oh ça tombe bien parce que mes enfants sont des feignants et que si ma femme apprend que je la considère comme ma plus grosse fierté, elle va encore me cogner. Disons ma collection d’enclumes d’art.

Quel rêve ou projet avez-vous réalisé ?

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d’une quiche aux poireaux et à la vanille. J’en ai mangé hier. C’est pas terrible.

Dans quel domaine excellez-vous ?

La pyrogravure sur bois.

La honte de votre vie

Je ne participe à ce casting ni pour la joie de la compétition, ni pour le bonheur de l’argent, mais pour serrer la main à Nagui et pouvoir dire coucou à ma maman dans la télévision.

Bêtises que vous avez faites (enfance, adolescence ou plus récemment)

J’ai tenté de battre le record du monde de traversée du lac de Joux à la nage et ce n’est qu’à mi-parcours que j’ai constaté l’oubli de ma bouée Donald.

Anecdote professionnelle

Oh vous savez, le quotidien d’un taxidermiste spécialisé dans les caniches est banal à pleurer, mais y a quand même ce jour où je me suis trompé et où j’ai essayé d’empailler Hans, le caniche de ma voisine, il m’a mordu jusqu’au sang, quand je le recroise, on en rit aujourd’hui.

Anecdote de couple

Ah y a cette fois, avec ma onzième épouse, Guntje, où on était chez les Müller et où on a dit, la lumière dans le jardin a l’air si lumineuse, on la voit sûrement mieux sous le cyprès, on revient dans cinq-vingt minutes (j’étais jeune à l’époque)…
Ah c’est filmé ?
Hum.
Oui.
Y a cette fois, avec ma huitième épouse, Petrska, on a enregistré tous les « Des chiffres et des lettres » de la semaine, le samedi, on s’est fait un marathon, c’était terrible.

Tics ou manies

C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de faire quatre fois le tour de ma voiture avant d’y monter. C’est devenu très embêtant depuis que je prends le train.

Activités pratiquées régulièrement (sport, loisirs créatifs, associatif…)

Je danse le mia.