Panais de la dernière pluie

Il est temps de se préoccuper enfin des vrais problèmes de société qui touchent les gens.

Je ne sais pas si tu es familier des sites de cuisine. Moi même aspirant maître-queux, j’aime à y puiser l’inspiration. Or, contrairement à ce qui est en usage ailleurs sur les internets, les commentaires y sont souvent lisibles, voire utiles. Mais j’ai remarqué que dans neuf recettes sur dix, y compris le ragoût vosgien aux neuf viandes, revenait ce commentaire lancinant : « un bon moyen de faire manger des légumes aux enfants »

Nous sommes tous les fruits d’une génération perdue qui ne sait plus comment faire manger des légumes aux enfants.

Heureusement, je t’ai concocté un top 10 aux petits oignons.

Leur préparer de l’alcool de légumes. Passée la première surprise, ils deviendront très vite accro !

La psychologie inversée Emmener les enfants tous les jours au McDo, leur refuser les menus de « A la carotte joyeuse » sous prétexte que s’ils veulent manger ces cochonneries, ils ont qu’à se les payer avec leur argent. Le défaut de cette méthode, c’est que ça risque de prendre une quinzaine d’années pour bien fonctionner. Et que d’ici là, tu devras aller tous les jours au McDo.

La méthode dissimulatrice consiste à préparer des nuggets de navet, des bâtonnets panés de chou-rave, du betterave-burger et de la glace de panais avec de la chantilly aux radis. Cette méthode présente l’immense avantage de faire manger des légumes aux enfants tout en refusant de céder aux diktats de l’alimentairement correct.

La ruse: Disséminez dans le frigo des rondelles de cerfeuil tubéreux arrosées de jus de frites.

La méthode dite du forum de l’internet: Mais pourquoi tu veux faire manger des légumes aux enfants au juste ? Je peux pas t’aider, j’ai jamais eu ce problème, mais bonne chance. Je connais quelqu’un qui a fait manger des céréales aux dindons, je te mets le lien mais je pense que ça ne peut pas t’aider. LOL légumes tu peux leur acheter un chaise roulante LOL. Tu savais qu’Hitler adorait les légumes ?

La compassion: Leur raconter la guerre, ces temps de disette où l’on était obligé de manger de la viande tous les jours, où l’on avait parfois un salsifi le dimanche, à se partager entre les douze enfants (cela devrait fonctionner jusqu’au jour où il réalisera que les seules guerres que tu as vécues, c’était à la télévision ou éventuellement sur la Playstation)(et que tu es fils unique)

La méthode récitative: Les enfants adorent les histoires. Surtout les histoires avec des animaux. Or, c’est bien connu, les enfants aiment le jambon. Coïncidence ? Racontez leur les aventures de Bernard l’épinard et de Régine l’aubergine, vous verrez tout de suite la différence.

Le bon vieux gavage traditionnel, à l’entonnoir, de nuit

Leur laisser le choix entre finir leurs rutabagas et reprendre un peu de foie de Kiki, leur hamster nain

La méthode dyslexique: depuis que je fais manger tous les jours des enfants aux légumes, ils sont plus robustes, plus vigoureux, et quel calme à la maison !

Si j’existe, c’est d’être fan

Un genre littéraire nouveau a récemment défrayé la chronique : la fan-fic. Il s’agit d’imaginer des aventures dont les protagonistes principaux sont des personnages de séries, de films, voire de la vie réelle.
La fan-fic la plus connue est ainsi une trilogie dans laquelle Peter Jackson fait vivre mille folles aventures aux personnages du Seigneur des anneaux, une oeuvre assez mal reçue par les fans qui ont bêtement cru qu’il s’agissait d’une adaptation. L’autre oeuvre la plus connue est ce récit vibrant des amours contrariées d’une adolescente et de son demi-frère Justin Bieber, sorte de Roméo et Juliette moderne, en plus cru et, pour qui n’a pas l’habitude des circonvolutions modernes du français sms, en parfois plus confus. Un genre auquel je m’étais d’ailleurs essayé ici même, sauf que je ne savais pas que ça s’appelait comme ça, car j’étais jeune et naïf.

Peut-être as-tu toi aussi envie de te lancer dans la fan-fic.
Il te faut pour cela: un personnage. Justin Bieber, les personnages de Twilight, ça a déjà été beaucoup fait, essaie autre chose.
« Le téléphone sonnait. Cinq sonneries, dix. D’un pas lent, Stephan se dirigea vers le combiné, qu’il décrocha d’un geste nonchalant. Toutes ses pensées étaient tournées vers Harry, son fidèle acolyte. Le trouble en lui grandissait, et il avait bien du mal à se concentrer sur son enquête, pourtant palpitante, le meurtre sauvage d’une octogénaire sourde dans sa maison de retraite de la Karl-Sturzenbergerstrasse. Comment n’avait-il jamais remarqué le toupet ravageur de son adjoint ? »
Bien entendu, cet exemple n’est pas optimal si tu vises un public jeune, tant ses protagonistes principaux n’exercent plus aujourd’hui la même fascination qu’autrefois. Un personnage principal par trop méconnu du public risque de décontenancer un peu les habitués de ce style bien particulier :

« Jean-Edern Chostackovsky, mon voisin du deuxième, revenait de sa leçon de piano. Soudain, il se rendit compte qu’il avait oublié d’éteindre le gaz en partant. »

Opter pour des héros dont on connaît mal la psychologie te permettra de prendre plus de libertés avec leur psychologie et, ainsi, d’offrir à tes lecteurs plus qu’une simple resucée de l’oeuvre originale, comme dans ce dialogue que, sans vouloir me vanter, je trouve particulièrement émouvant :
« – Pika, pika !
– Bulbi, bulbi, bulbi.
– Pika pika pikaaaaa
– Bulbizarre !
– Pikaaaachu. »

Ensuite, il te faut une intrigue qui puisse tenir en haleine ton lectorat.
Par exemple :
« Un brouillard opaque baignait les rues de Los Angeles. Selena Gomez entra dans la boulangerie et s’exclama : Bonjour, je voudrais une baguette et deux bagels, s’il vous plaît. Elle tendit un billet de 50 dollars. « Vous n’auriez pas plus petit ? Je n’ai plus beaucoup de monnaie », demanda alors la boulangère. 135 comms et je raconte la suite.»

Quant au style, c’est un plus, mais enfin, on est sur internet, quoi. Une ou deux comparaisons, des mots que tu ne comprends pas et tu trouveras bien un lecteur pour trouver que tu es le nouvel Arthur Rambo.
« Hosni Moubarak déambulait, hagard comme un solipsisme au petit matin, errait comme un caracal après les vendanges. Il avait égaré sa verve faconde dans sa bagarre avec René la taupe et Hans, mon concierge. Soudain, sa mère l’appela pour le souper. »

No Heidi

Le week-end prochain, le peuple suisse vote.

Pour une fois, il n’y a qu’un seul objet de vote, enfin, à part les objets communaux, cantonaux et le vote démocratique rituel de la famille Bollomey pour savoir si on regarde TF1 ou M6 ce soir : êtes-vous pour ou contre la violencefaut-il continuer d’autoriser les soldats à conserver leur fusil à la maison. Parmi les arguments avancés par les opposants à cette initiative, la « tradition ». Laisser rouiller son fusil à la cave, ou au contraire le bichonner dans son lit, tu comprends, c’est une de ces traditions sans lesquelles la Suisse s’écroulerait, un peu comme la fondue et le joddle. Car sans traditions, l’homme n’est rien de plus qu’une bête perdue dans une nature hostile.
Fort bien. Voici une liste non-exhaustive de traditions helvètes à conserver ou faire revivre, et plus fissa que ça. Les partis intéressés à développer ces idées peuvent me contacter.

    • Nos vaillants ancêtres helvètes, qui ont tenté d’aller s’installer, pas con, du côté de Toulouse avant de se faire gentiment rétamer par César, ont pris soin, avant de fiche le camp, de brûler tous leurs villages. Renouer avec cette tradition celte, tous les étés au moment d’aller tenter d’envahir l’Aquitaine, vivifierait le secteur du bâtiment ainsi que celui du sapeur-pompisme.
      Les röstis, plat national ? Je rigole. C’est – comme par hasard – les Américains qui ont inventé la pomme de terre. Foin de cette impérialiste tubercule ! De la purée, oui, mais de panais. Des gschwällti, oui, mais avec des navets ! Notre savoir-faire culinaire ancestral (aussi appelé, en pays barbare, le beurre) n’a que faire de ces importations outre-Atlantique. Enfin, sauf le cacao : faut pas déconner non plus. Et le maïs, mais juste pour les vaches.
      Tradition inventée en 1515, la défaite honorable a longtemps été la fierté du peuple suisse : on ne gagnait jamais rien, ok, mais on perdait avec panache. Heureusement, tout semble rentrer dans l’ordre aujourd’hui, sous la férule de notre chef religieux Roger Federer.
      S’il est une tradition bien de chez nous que les autres n’ont pas, c’est bien la fête fédérale. De lutte, de fanfare, de joddle, de saucisses, de gym… Mais la participation est toujours plus mince. C’est un scandale. Les fêtes fédérales de gymnastique sont l’occasion de se retrouver, tout le pays uni, autour de l’exaltation du corps et de l’esprit, comme le démontre clairement cette vidéo
      Le fédéralisme fait notre force. Chaque canton s’organise comme il veut, scolairement, culturellement, gère ses routes et c’est très bien ainsi, cela permet à chacun de garder ses spécificités. Je trouve quant à moi dommage que l’on affaiblisse ce système et que l’on ait renoncé à utiliser des systèmes monétaires et métriques différents dans chaque canton. Cela me semble dangereux pour notre identité. Moi-même, il y a des jours où je ne déteste pas les Vaudois et je me suis même surpris à parler en suisse allemand.
      Guillaume Tell n’a jamais existé. Winkelried encore moins. Le pacte signé le 1er août 1291 n’avait pas grande importance. Alors franchement, pourquoi dépenser des millions pour empêcher les gens de porter de fausses Rolex de temps en temps ?
      La Suisse, sans matières premières, a longtemps été un pays pauvre. Je ne vois pas de quel droit on a renoncé à cette tradition, privant ainsi nos aînés de tous leurs repères en les obligeant à manger à leur faim tous les jours.
      Au XIXe siècle, l’angélisme gauchiste a voué au chômage des milliers de mercenaires. Or, il faut le dire, ce n’est pas la guerre qui tue. Si elle est bien faite, elle est sans danger. Et, grâce à la formation efficace dispensée par notre armée, il n’y a aucune raison de la faire mal. De plus, il est évident qu’on est bien plus concentré sur sa guerre quand on la fait pour des raisons financières, sans se focaliser inutilement sur des considérations nationalistes qui pourraient nous déconcentrer. Certains jeunes tentent aujourd’hui, maladroitement, de faire revivre cette tradition, mais évidemment, tout le monde s’en offusque, à cause de la bien-pensance crasse.
  • Amour, stupre et verrines

    Internet, c’est pratique pour les révolutions mais on le sait, ça sert avant tout à draguer.

    Or, dans l’art millénaire de séduire la donzelle ou le damoiseau en ligne, le plus difficile est de bien savoir rester à jour : on a vu souvent amoureux transi attendre pendant des semaines que quelqu’un veuille bien lui faire clignoter l’icq.

    Voilà donc le troisième volet des fabuleuses aventures de Jean-Raoul et Jennifer.

    Senscritique
    Une oeuvre majeure
    Un film réellement bouleversant. La manière dont l’auteur met en lumière les amours naissantes des deux protagonistes, mais aussi la façon dont il souligne les terribles injustices sociales qui nous renvoient aux inégalités d’aujourd’hui, le jeu, juste et sensible, des acteurs, la musique qui porte magistralement le tout, les effets spéciaux impressionnants, la fin, pour le moins inattendue, tout contribue à faire de Titanic un grand film.
    10. Par Jennifer, critique publiée 3 février 2011
    Ajouter Jennifer à mes éclaireurs ou éventuellement à mes louveteaux.

    12 commentaires
    JeanRawoul
    Je suis trop d’accord avec toi, ce film a exacerbé ma grande sensibilité et rien que d’en reparler j’ai envie de jouer du violon en regardant des tourterelles voler doucement.
    le 3/2/11 à 19:33

    Jennifer
    LOL toi au moins tu me comprends trop.
    le 3/2/11 à 19:35

    JeanRawoul
    C’est parce que je suis quelqu’un de très exacerbé.
    le 3/2/11 à 19:35

    Jennifer
    Hihihi. Dis, personne ne veut m’accompagner pour aller voir « Les morts-vivants de l’espace à Saint-Tropez 3 », il passe au cinéma Appolo de Mouthe samedi soir, tu voudrais pas m’y accompagner ?
    le 3/2/11 à 19:37

    JeanRawoul
    Tu es sensible mais bigarrée, je trouve ça si attendrissant, ce sera avec plaisir.
    le 3/2/11 à 19:42

    Jennifer
    Oh merde, je viens de voir qu’on n’avait que 63% de compatibilité. Et que tu avais mis un 4 à Californication alors que ça vaut au moins un 8
    le 3/2/11 à 19:44

    JeanRawoul
    La série ou l’album ?
    le 3/2/11 à 19:45

    Jennifer
    N’essaie pas de noyer le bébé dans la plaie, je ne m’engage pas à moins de 70%, désolée, j’ai trop peur de me retrouver avec quelqu’un qui n’aurait pas vu tous les épisodes de la saison 1 de Glee, voire qui supporterait d’attendre que les séries sortent à la télé pour les voir. Bye.
    le 3/2/11 à 19:47

    Formspring
    Pourquoi les garçons sont-ils si méchants? Asked by JennyDu39
    LOL tu sais il ne faut pas tous les mettre dans le même panier car il y a encore aujourd’hui des gens qui arrivent à garder sensibilité et respect tout en étant bigarrés.
    JeanRaoul responded yesterday
    Smiled 1

    Jennifer
    Tu as des gros seins?
    Désolée, je ne réponds pas aux questions anonymes, bien qu’ils soient énormes.
    Smiled 42

    Jennifer Asked by JeanRaoul
    Que penses-tu de la polychromie différée dans les oeuvres sous-jacentes à la période post-punk ?
    Je ne me suis jamais posée la question hihihi mais je pense que c’est bien.

    Jennifer
    Est-ce que tu couches le premier soir ?
    Je ne réponds pas aux questions anonymes, bien que ça m’arrive, parfois, si je me sens en confiance.
    Smiled 253

    Jennifer Asked by JeanRaoul
    Souhaiterais-tu venir chez moi afin que je te fasse découvrir ma collection complète d’oeuvres sous-jacentes à la période post-punk?

    Quora

    Why are men so rude?
    1 Answer
    Question added to topic Intersexual Relationships
    1 Answer Collapsed

    Downvoted:
    Jean-Raoul Patanouk
    I don’t speak the english tongue very well because of I am french, but I have a neurobiological answer of that question that I can tell you if you come to me and after we go to the restaurant.

    Les commentaires d’un site aussi contributif que populaire
    Jennifer Chostakowicz and 4732 people recommend this.
    JeanRawouhl
    Posté le 31 janvier 2011 à 15h37 | Permalink
    LOL Fake, je l’avais déjà vu sur VDM
    63 personnes ont jugé ce commentaire pertinent, 52 personnes ont jugé ce commentaire impertinent et 230 reprendraient bien de la purée.

    Réponse de JennyDu29:
    janvier 31st, 2011 à 15h39
    CTB. Désolée, réflexe!
    [Répondre]

    Réponse de JeanRawouhl:
    janvier 31st, 2011 à 15h40
    LOL +1
    [Répondre]

    Réponse de JennyDu29:
    janvier 31st, 2011 à 15h42
    LOL
    [Répondre]

    IRC (20 ans après)
    <Jennifer> Bonjour, y a quelqu’un ?
    <JeanRaoulBotAwayTourtes> Bonjour Jennifer !
    <Jennifer> Oh super ! J’ai lu un article sur le retour d’IRC mais je n’y croyais pas trop ^^
    <JeanRaoulBotAwayTourtes> Le prochain quiz démarrera dans 30 secondes. Scores actuels: 1 JeanRaoul 1540 points.
    <Jennifer> Non mais je voulais juste discuter, quoi, parce que je m’ennuie au boulot, je dois attendre 20 minutes pour brosser mon poney sur FarmVille
    <PoneyBot> Bonjour Jennifer !
    <Jennifer> Hum… bon ben je reviendrai un autre jour.
    * JeanRaoulBotAwayTourtes changed his nickname to JeanRaoul
    <JeanRaoul> Non non attends ! Tu es la première personne vivante ici depuis 18 mois alors forcément ça surprend au début… Chouette, ça fait plaisir d’avoir quelqu’un avec qui chatter hihihi
    <Jennifer> hihihi
    <JeanRaoul> Tu voudrais pas dire un truc drôle ? Comme ça après je deviens enfin une star de bashfr ?
    <Jennifer> Oops trompée de fenêtre mdr

    Questions pour un champion online

    Quelques heures après la partie, dans un restaurant
    – Et tu rencontres souvent des filles via QPUC ?
    – Non, c’est la première fois, j’ai eu le coup de foudre immédiat pour ton avatar.
    – C’est pas parce que je t’ai mis 9-0 en finale ? Tu es pas genre SM au moins ?
    Arrive un assez beau jeune homme, l’air suspicieux
    Le serveur: Bonjour, puis-je prendre votre commande ?
    JeanRaoul: Large pièce de viande d’un animal, généralement le boeuf, je peux également être de cheval ou haché. Accompagné le plus souvent par des tubercules.
    Le serveur: Pfff… Oui, ok, un steak frites, comme d’habitude.
    Jennifer: Euh… il est toujours comme ça ?
    Le serveur: Chaque fois qu’il vient, toutes les semaines, il refait le coup. Alors qu’on a de splendides escargots flambés à la carte.
    JeanRaoul: Animal de la famille des gastéropodes…
    Jennifer: C’est à quel moment que Julien Lepers me demande si je veux rester ? Parce que bon, là, je préfèrerais partir.

    En protestant quand il est encore temps, on peut finir par obtenir des ménagements.

    Parfois, dans la vie, tu cherches un appartement : tu épluches les annonces en ligne (ou dans les journaux, mais je te trouve très XXe siècle), tu élimines celles qui disent beaucoup de cachet, en l’état, cuisine pittoresque, loyer audacieux, tu vas visiter, comme 3520 autres personnes, jeunes, sémillantes et pour tout dire, une gueule à avoir plus de chances que toi d’avoir cet appart’ beau comme une demeure de roi, enfin, c’est surtout que c’est le 128e que tu visites et du coup tu ne vois plus du tout qu’il donne sur un magasin de pizzas odorifère et une rue vrombissante: plus le temps passe, moins tu te souviens pourquoi la vue sur le lac, la baignoire, la piscine pour les chats et la place sur le balcon pour y mettre un trampoline te semblaient si importants au début.

    Enfin, en réalité, il y a plusieurs degrés : si l’appart’ que tu cherches est, par exemple, lémanique, ça se passe comme ça jusqu’au jour où tu apprends que le copain d’un copain cherche quelqu’un pour reprendre son doux foyer parce que selon son bail, il n’a le droit de quitter son appartement qu’un 17 janvier, à condition que ça tombe un mercredi et qu’il fasse beau mais un peu couvert, sinon il doit encore payer 390 mois de loyer et déposer le cadavre d’un bébé faon près de l’ancien port à minuit en guise de garantie. Si c’est à Paris que tu cherches logis, tu devras prendre cinq années sabbatiques pour avoir une chance de trouver un studio plus petit que certains placards à balais. Alors que dans le Jura du sud, les gérances t’offriront trois mois de loyer gratuit et un bol de pistaches si tu t’engages à rester au moins six mois dans la région.

    Mais, quoi qu’il en soit, il y a forcément un moment où tu visites. Tu vas chez des gens que tu ne connais pas, tu ouvres leurs placards, observes leur chambre à coucher, berceau jadis de leurs amours naissantes, et te dis que toi tu aurais plutôt mis le lit dans l’autre sens pour profiter de la vue sur les poubelles, et leur poses des questions sur le quartier, la buanderie, les voisins et le sens de la vie.

    Et là, il y a un mystère que je m’explique à peine. Tous, toujours, quel que soit le quartier, la ville, te répondent la même chose. Invariablement. « L’immeuble est plutôt sympa… enfin, à part la vieille dame du premier qui a tendance à beaucoup se plaindre du bruit et à toujours contrôler que les jours de lessive soient respectées. » Dans tous les immeubles du monde, il y a cette dame, elle vit seule, elle a des chats, et elle téléphone à la gérance quarante fois par mois pour se plaindre de violations graves au règlement de l’immeuble, comme un vélo rangé à 7 centimètres des places pour vélo, une poubelle sortie le mauvais jour ou l’enthousiasme un peu trop enthousiaste du petit dernier à l’occasion de sa première leçon de banjo. Elle téléphone si souvent à la gérance qu’elle a même une ligne spéciale. Pourquoi fait-elle ça, pourquoi font elles-ça, pourquoi n’habitent-elles pas toutes dans le même immeuble ? Sont-elles membres d’une organisation secrète, d’un complot mondial visant à rendre la vie de locataire moins chatoyante ? Est-ce la même personne qui loue en réalité des millions d’appartements ? Je n’en sais rien.

    Tout ce que je sais c’est que, oh, un studio pour 1452 francs par semaine dans un quartier proche de la gare (moins de 4 h en transports publics) et des commerces (de peinture) avec vue sur un superbe mur authentique et une cuisinière à bois, visite publique le 18 mai de 18 heures 23 à 18 heures 24 ! Quelle chance !

    Voyage au bout de l’ennui

    Un mardi comme tant d’autres, pendant la Préhistoire. L’humain n’a pas apprivoisé le langage depuis longtemps. Il sait nommer ce qui l’entoure, animaux, végétaux, roches, étoiles. Il sait nommer quelques sensations quotidiennes, la faim, la peur, le froid, la joie et les blagues salaces quand UhGruhhra et UuhGruuhraah partent ensemble chasser la marmotte chevêche.

    Puis il se met à créer des mots pour des concepts toujours plus abstraits et se rend compte qu’une fois pourvus d’un nom, ceux-ci deviennent soudain plus tangibles.

    Nous sommes, donc, à la Préhistoire. Un mardi après-midi. Brouillardeux, venteux, fort peu giboyeux. Les chasseurs du Clan, enfin, d’un clan, préfèrent ne pas s’aventurer dehors, ils ont assez de réserves pour tenir bien des lunes: la chasse a été bonne cet été. Ils remettent du bois sur le feu, discutent un peu du temps jadis qui était quand même mieux que maintenant, assurent un peu la survie de l’espèce, et font pas mal d’introspection sur eux-même.

    Soudain, un dénommé UhGruhhhr s’exclame : « Je sais pas vous mais purée, qu’est-ce que je m’ennuie ! » UhGruhhhr ne le sait pas, évidemment, mais il vient de faire entrer l’humanité dans une nouvelle ère. L’Âge de l’Ennui. Car l’ennui, bien plus que le rire, le travail ou le Coca light, est le propre de l’homme. Un chat, par exemple, peut rester des mois sans zapper mollement ou traîner sur Facebook. Jamais un opossum n’ira faire une après-midi shopping. Et même les palourdes, dont la vie sociale est pourtant extrêmement limitée, ne découpent pas de fiches bricolage dans les magazines pour occuper les petits le dimanche.
    Frappés par cette révélation, tous les camarades de tribu d’UhGruhhhr renchérissent : « Ben, maintenant que t’en causes, c’est vrai qu’on s’emmerde un peu, là », « je viens de compter beaucoup de fois le nombre de branches de cet arbre sous lequel je ferais ma sieste si j’en avais pas déjà fait beaucoup depuis le lever du soleil et je dois dire que bon c’est pas le truc le plus intéressant du monde (et il serait temps qu’on développe un système de comptage avec autre chose que un et beaucoup, accessoirement) ».

    UhGruhhhr prononça alors une deuxième phrase , devenue l’hymne de toutes les générations d’adolescents qui se sont succédé depuis lors, sauf éventuellement en cas de guerres ou d’épidémies mais c’est même pas si sûr : « Je m’ennuie, mais je sais pas quoi faire ».

    Mais comme il n’y avait pas grand chose à la télé en ce temps-là, il fallut bien trouver de quoi s’occuper. Un dénommé UhhhhGruhUhr découvrit que suivant comment l’on tapait deux os l’un sur l’autre, cela produisait des sonorités différentes, que suivant comment l’on faisait se suivre les sonorités, ça faisait joli et que plus c’était joli, plus les plus jeunes membres du clan se mettaient à pousser des cris hystériques et à fabriquer des portraits de vous en silex taillé ou en purée pour les afficher aux murs de leur caverne.

    Un autre, UuUGrrrh, s’imagina qu’au lieu de toujours manger la même chose, on pouvait concocter de succulents tartare de tigre à dent de sabre aux herbes sauvages et autre carpaccio de porc-épic en croûte d’herbes sauvages.

    D’autres imaginent que l’on pourrait tenter de nourrir des bébés animaux afin de les habituer à la présence de l’humain, puis, à terme, de les observer et de rire de leurs mille maladresses : youtube vient de naître.

    Et tous les jours, une nouvelle idée émerge, un nouveau loisir apparaît: la sculpture, les positions sexuelles acrobatiques, le jonglage, les placements en bourse, le chant diphonique, la natation, l’herboriculture, l’histoire-géo… Puis, un beau jour, la saison du rhinocéros laineux, voilà qu’il faut repartir à la chasse. « Pfff, fait chier », s’exclame UhGruhhhr, « j’ai à peine fini ma broderie, on peut pas y aller la semaine prochaine, plutôt ? »

    Alors il a une nouvelle idée géniale : « si au lieu d’aller au rhinocéros, on allait taper sur les mecs de la tribu d’à côté, de toutes façons ils sont bizarres, avec leur façon de prononcer les gh et leur manie de faire du feu ? Après, ceux qu’on n’a pas tapés trop fort, on les ramène ici, et on leur dit que c’est leur boulot d’aller chercher la viande et le nôtre de la manger ? Ça serait sympa, non ? » L’esclavage venait d’être découvert et, grâce à lui, les membres de la tribu d’UhGruhhhr eurent du temps à foison. Ce qui fit déclarer assez rapidement à UhGruhhhr: « Je sais pas vous mais purée, qu’est-ce que je m’ennuie ! »

    Cougar du Nord

    Toi, jeune, qui surfe sur internet pour regarder des séries au lieu de repasser tes leçons en chantant, tu es peut-être tombé nez à nez avec une pub qui, bien qu’intempestive, te propose de rencontrer des cougars.

    Diable, t’es tu alors dit, qu’est-ce donc à dire ? Eh bien, j’ai enquêté pour toi.

    Il existe, grosso modo, deux sortes de félins.
    Les chats, connus pour avoir inventé l’Internet et domestiqué l’humain. Pendant que l’humain travaille pour gagner leurs croquettes, les chats dorment, font pipi sur le canapé et créent divers sites destinés à occuper le cerveau de leurs fidèles compagnons. Puis, quand leurs humains de compagnie rentrent, le soir, fourbus et déconfits, les chats les houspillent, pour le plaisir, se laissent caresser quelques minutes, pour asseoir leur domination, puis sortent les griffes pour bien montrer qui est le boss.

    Et les autres félins, ceux qui ont choisi la voie de l’indépendance et l’appel de la jungle. Ils savent être mignons, ronronner et dormir dans des positions idiotes, mais sont trop fiers pour en faire un projet professionnel.
    Il en existe de très nombreuses variétés.
    Le tigre, curieux animal curieux, malheureusement en voie d’extinction car l’on s’en sert pour fabriquer les tristement célèbres Frosties. Son ancêtre, le tigre à dent de sabres, a d’ailleurs été une des premières victimes de la politique de déresponsabilisation crasse de la gauche. Le seul qui a pu réchapper à ce sort funeste est le tigre des bois, en latin Tiger Woods, grâce à ses rayures qui lui permettent de se dissimuler et sont particulièrement chic cette année, sa passion pour le golf qui lui assure la protection des grands de ce monde, et son farouche instinct reproductif grâce auquel si on tue un de ses petits pour le mettre devant la cheminée, bah, c’est pas si grave, il lui en reste plein.

    Le lynx, félin préféré des vieux geeks et des professeurs de Scrabble, reconnaissable au petit plumeau qu’il a sur les oreilles

    Le serval, qui a eu le courage d’abandonner sa carrière dans les Marvel avant qu’on ne lui consacre un navet.

    Le lion, pour rugir de plaisir, menacé d’extinction volontaire après avoir entendu dire que Pow Wow allait peut-être se reformer.

    Le caracal, qui est un genre de lynx mais en pas pareil.

    Le vieux félin, qui a un blog un peu vulgaire.

    Le chat rubigineux, qui a un nom rigolo et une tête de con.

    L’ocelot, seul félin originaire de Norvège.

    La panthère, que l’on confond souvent avec le caméléon car elle peut être rose, noire, tachetée ou fuchsia.

    Le jeopardy, un félin particulièrement énervant qui ne répond jamais aux questions qu’on lui pose.

    Et le puma. Un animal fourbe et mesquin, inscrit au livre Guinness des records en tant qu’animal ayant le plus grand nombre de dénominations. Parmi lesquelles celle qui nous intéresse, le cougar. Pourquoi ce regain d’intérêt pour ce félin, certes de couleur uniforme, mais pas plus intéressant, en société, qu’un jaguarondi ou même qu’un manul ? Il faut savoir que le puma est très jaloux du chat. Lui aussi aspire à une vie paisible, confortablement installé sur le canapé devant la télé. Mais va convaincre les gens de te caresser distraitement, du bout des doigts, tout en épépinant leurs haricots, alors que, confortablement lové sur leurs genoux, tu pétris doucement et amoureusement leurs cuisses du bout des griffes quand tu peux peser jusqu’à 120 kilos ? Crois-tu qu’ils t’appelleront Kiki ou Minouche, qu’ils te construiront une pumatière de 2 mètres sur 2 pour que tu puisses sortir à ta guise, qu’ils t’achèteront des baballes de 37 kilos ? Le racisme anti-lourds est encore très fort dans nos sociétés et le puma en souffre. Pour se rapprocher de l’homme et de son canapé, il a donc décidé de se lancer dans le commerce de chaussures de football. Mais cela n’a pas suffi. Aujourd’hui, il profite que bien des gens, ayant abandonné les études trop tôt pour devenir représentants de commerce afin de pouvoir se payer une Jaguar, ignorent tout de ses multiples dénominations, pour tenter un come-back. Par le biais, signe qu’il connaît bien notre société, d’un site de rencontres. Hélas, mal conseillé, au lieu d’une photo trop mignonne

    il a préféré utiliser pour sa campagne publicitaire cette dame, peut-être sympathique, mais bon, on la connaît pas, quoi, on voit pas ce qu’elle vient faire là

    Quel con, ce cougar !

    On peut jamais rien faire avec des dictateurs

    L’actualité récente nous oblige à nous poser cette question fondamentale :
    Que fout un dictateur déchu de ses journées ?

    – Bonjour, je suis votre conseiller Pôle Emploi. J’ai étudié votre CV… Je vois, là, dictateur de 1971 à 1992. C’est un beau parcours, bravo, vous devriez mettre ça en avant positivement sur votre CV. Votre endurance, votre aptitude au leadership… Le fait aussi que vous soyez resté inflexible malgré la pression populaire. Très bon, ça. Cela veut dire que vous êtes capable de garder le cap que vous vous êtes fixé même si cela doit vous rendre impopulaire… Pourquoi avez-vous quitté votre poste de dictateur ? »
    – Eh bien, j’ai été victime d’une odieuse insurrection populaire… »
    – Vous n’avez pas de certificats de travail ? »
    – Ceux qui m’ont remplacé ont refusé de m’en signer un. Mais je peux vous montrer quelques articles de presse élogieux ! »
    – « Le Grand Leader entraîne notre Pays sur la voie du Progrès grâce à sa pratique éclairée de la Torture et sa décision courageuse d’enfermer les journalistes à la solde de l’Ennemi »… Très bon, ça, on voit que vous êtes quelqu’un de déterminé. Pourquoi cela ne figure-t-il pas à votre dossier ? »
    – Vous savez ce que c’est, notre époque ne reconnaît plus le savoir-faire des artisans. On ne sait plus rigoler comme autrefois. »
    – Attendez… je vois ici que vous aviez été porté au pouvoir grâce au soutien américain. Et que la France a toujours entretenu des relations troubles avec vous. Et que la demande de bloquer vos comptes en Suisse est en suspens depuis 18 ans. Apparemment, vous avez un bon réseau de connaissance, vous devriez indiquer quelques référents sur votre CV. »
    – Quand on est dictateur au chômage, tous vos anciens amis vous oublient. »
    – Les gens sont si ingrats, de nos jours. Dans quel secteur aimeriez-vous retrouver de l’embauche ? »
    – Eh bien, je veux reprendre ma place légitime dont le peuple m’a injustement chassé ! »
    – Vous avez de l’ambition, c’est bien, c’est courageux. Mais un peu trop passéiste. Il faut se montrer réaliste, si aucun poste de dictateur n’est à pourvoir dans votre pays, il faudra viser autre chose. Peut-être d’autres pays cherchent-ils un conseiller stratégique ? Et puis vous savez, de nombreuses entreprises ont des CEO dictatoriaux sans que cela ne provoque jamais la moindre intervention militaire, vous devriez y réfléchir. Vous n’avez pas indiqué de hobbies. »
    – J’adore jouer à Civilization. Je pourrais y passer des journées. Mais je ne comprends pas pourquoi mes citoyens finissent toujours par être mécontents… Peut-être parce que je refuse de jouer à un autre niveau que ‘Divinité’ »
    – Mouais… »
    – Et sinon, je m’informe beaucoup sur la situation dans mon pays. Au cas où la situation dégénérerait et qu’ils auraient besoin de moi, vous voyez ? Et je me suis créé une fanpage sur Facebook et un compte Twitter. A 500 followers je poste une photo de moi en slip et à 100’000 fans je tente un putsch. »
    – Bon, très bien, vous vous intéressez aux réseaux sociaux, cherchez donc un emploi de community manager. Si je vous revois le mois prochain, je vous demanderai 27 preuves de recherche d’emploi. »
    – Toi, tu seras le premier pendu quand j’aurai repris le pouvoir. »
    – Plaît-il ? »
    – Non, rien, je pensais à voix haute. Au revoir. »

    Qu’est l’amour ? Bébé ne me blesse pas, non plus.

    De tout temps, l’homme de sexe masculin s’est voué tout entier à une tâche ardue mais ô combien gratifiante : voir sous les jupes des filles. Bien sûr, les sites plus ou moins sérieux t’expliquant l’art de courir le guilledou foisonnent. Mais finalement, comme l’a si bien expliqué le grand philosophe Mel Gibson, le mieux, pour conter fleurette, c’est encore de comprendre ce qui se passe dans la tête des femmes.
    Et pour cela, nous avons à disposition un outil merveilleux : l’alcoolInternet !
    Ainsi, penchons-nous, veux-tu bien, sur le profil de Coralie, experte love pour Girls.fr, ce fabuleux site découvert grâce au jeune mais logorrhique Odieux connard. Car qui mieux qu’une experte love sait ce qu’est le love, je te le demande ?
    Coralie, 25 ans, est étudiante en lettre. Pas en lettres, attention, en lettre. Elle a reçu une lettre, un jour, je crois que c’était de son oncle enfin, ce n’est pas précisé, et depuis, elle l’étudie. Coralie a trois bestah, un bestoh et une biographie qui pourrait être celle de milliers de jeunes filles d’aujourd’hui si les jeunes filles d’aujourd’hui vivaient dans une sitcom à rires enregistrés.

    Et, donc, elle cherche le prince charmant. Ce qui est un peu limite de la part d’une experte love, mais Lao Tseu ne disait-il pas que les cordonniers étaient les plus mal chaussés ? Coralie, donc, cherche chaussure à son pied. Je cite. Parce que c’est là que ça devient important. Pour comprendre ce que veulent les jeunes filles d’aujourd’hui, tu vois ?

    Mais non, pas celui de Walt Disney !

    Tu m’étonnes. Le prince charmant de Walt Disney, c’est un mec, il débarque, il se bat contre des ronces, un dragon, tout ça pour emballer une fille qu’il a jamais vue, avec laquelle il a même pas chatté, qu’il n’a même jamais pokée, vu que la meuf elle pionce depuis cent ans. Bon, admettons, il a vu sa petite annonce dans l’Hebdo, « jf sommeil lourd ch jh pour réveil câlin », il a trouvé ça si subtil et profond qu’il est tombé amoureux. La fille, au bout de cent ans, déjà tu peux être sûr qu’au réveil le premier truc qu’elle va dire c’est ouhlala je suis pas épilée hihihi, ça va bien péter l’ambiance, mais passons : le prince, il arrive, il roule une grosse galoche à la fille qui doit avoir une telle haleine que le dragon, elle aurait pu le mettre à terre en une demi seconde. Il est pas romantique, le mec, il est juste super mort de faim.

    L’autre… le vrai !

    Oui, y a ça, aussi. Non seulement il est chelou, le prince de Walt, mais en plus il a même pas la décence d’exister.

    Celui qui vous harcèle de texto enflammés et vous tags dans toutes ses photos sur Facebook.

    Voilà, c’est donc ça le romantisme en 2011. Je dirais bien monde de merde, mais tu vas me prendre pour un vieux con. Le type, il t’envoie 300 sms par jour, « LOL là je suis à un feu rouge, ça me fait tro pensé à toi, MDR, comme tu avé di ke tu aimé bi1 les communisses » « LOL sa viens de passé o vaire, comme quan on avé mangé des épinarres LOL tu me mank baybay jtm tmtc », je suis pas étudiante en lettre, mais je pense quand même qu’il passe assez vite de « trop chou » à « gros relou ». Et comme il veut qu’on ne voie plus que lui sur ton facebook, c’est une façon moderne de marquer son territoire, c’est plus humain que pisser partout et moins artisanal qu’un énorme suçon, il te tags. Partout. Sur les images dorées, sur tous ses chiffons d’azur, sur l’étang soleil moisi, sur les ailes des oiseaux, au fond d’un vieux volcan, il tague ton nom. Sur la photo prise à l’anniversaire de son pote Roger, où il est saoul, couché par terre, avec des marques de rouge à lèvres et un bonnet phrygien, il tags ton nom.

    Celui qui vous emmène au japonais

    Un resto, donc, pas un copain à lui. C’est pas un peu has been, les sushis ?

    à n’importe quelle heure

    Moi le mec qui me réveille à trois heures du matin pour m’amener au japonais, le resto, pas un pote à lui, il en prend une.

    et viens vous chercher en voiture à 3h du matin lors de vos virées nocturnes entres copines !

    Les horaires des virées sont plus précis que ceux des japonais, heureusement. Bon, là, par contre, c’est du romantisme : ta copine sort virer avec ses copines et tu n’en profites même pas pour picoler plus que de raison, c’est de l’abnégation, c’est beau.

    Je suis à la recherche du grand amour,

    Tu m’étonnes ! Le mec qui passe sept heures par jour à te taguer sur facebook, c’est pas un flirt ridicule, c’est du sérieux !

    celui qui fera scintiller mes yeux et se tordre mon ventre

    Le ventre qui se tord ? Ça c’est pas le grand amour, ma fille, c’est les sushis de trois heures qui étaient pas frais !

    tellement je serais amoureuse !

    Le grand amour tellement je serais amoureuse… Je pense que Coralie a sa chance avec Obispo.

    Bref, donc, jeunes gens qui êtes à la recherche de la princesse charmante, vous savez ce qu’il vous reste à faire, taguer des photos sur Facebook et leur envoyer 200 sms par jour. Si avec ça elles tombent pas toutes, je ne comprends plus rien.

    Un ver, ça va

    Chaque année, l’association Pro natura élit son animal de l’année. Cela permet à l’élu de mieux se faire connaître, de parler de son travail qu’il accomplit souvent dans l’ombre.
    En 2004, le sacre du lièvre brun, avait fait jaser tant il est de notoriété publique que cet animal est un gros branleur. En 2005 vint le tour du lézard agile, choix discutable car il stigmatisait une fois de plus les maladroits et il ne faudra pas s’étonner, à force de mettre cette catégorie de la population à l’index, si un jour ça pète.
    En 2006, le bouquetin gagnait, au terme d’un marathon électoral qui fit un véritable tintamarre.
    Vainqueur en 2008, le caloptéryx éclatant est hélas resté dans l’ombre commun, vainqueur en 2007.
    En 2009, l’ours brun était enfin titré, un choix légitime mais qui donna lieu à de houleux débat sous prétexte que deux animaux bruns en cinq ans, c’était un peu beaucoup.
    L’an dernier, l’abeille à longues antennes n’avait pas réussi à faire le buzz.
    C’est le lombric qui a été choisi cette année. Félicitations à lui. C’est mérité.

    Car le lombric, ce malaimé, est issu d’une famille qui a beaucoup souffert (les lumbricidés (aucun rapport avec la lubricité), ordre des oligochètes, classe des clitellates, embranchement des annélides). Il est souvent raillé car il se nourrit de compost, ce qui est encore très mal perçu en société de nos jours. Or, quelle économie, quel gain de temps, cela serait si les gens, au lieu de chats, de chiens ou d’axolotls, se mettaient à adopter, comme animal de compagnie, des vers de terre ! Plus besoin de se dire, oops, c’est jeudi, j’ai encore oublié de sortir le seau à compost (attention, toutefois, jeunes célibataires, si vous décidez d’adopter un lombric (et de le nommer Jean-Eric), le carton de pizza se composte très mal, contrairement au ticket de métro).

    Preuve que le lombric dérange, non seulement le peu d’articles que lui consacre la presse, trop soucieuse de défendre les intérêts des puissants en nous détournant de cet animal modeste mais courageux, mais surtout, cette croyance populaire trop répandue, probablement colportée par des groupes organisés décidés à lui nuire. Une fois coupé en deux, le ver de terre ne se dédouble pas. Il fait ce que fait tout être vivant sérieux et raisonnable dans la même situation, il meurt dans d’atroces souffrances. Et s’il dérange, c’est peut-être à cause de sa sexualité débridée: hermaphrodite, il possède des testicules dans ses 10 et 11e segments et des ovaires dans le 13e, ce qu’il fait qu’il peut très bien être couillu et féminine sans être taxé d’incohérence. Au moment de la reproduction, nous dit le poète, deux vers s’accouplent en position tête-bêche, étroitement unis par la sécrétion muqueuse du clitellum, ce qui fera rêver, j’en suis certain, nombre de lecteurs adolescents.

    Alain Peyrefitte n’a-t-il pas déclaré, un soir de délire paranoïaque, « quand le lombric s’éveillera la terre tremblera » ? Il faut en effet savoir, c’est important d’en être conscient, qu’il y a environ, chez nos voisins les Français, environ 66 fois plus de kilos de lombrics que de kilos de Français, ce qui laisse songeur, et il faut probablement voir la patte du Mouvement pour la Libération des Lumbricidés dans les récentes attaques terroristes dont ont été victimes récemment de nombreux groupes d’oiseaux.