God save, je couine

Alors que toute la Suisse se passionne pour un projet de futurs nouveaux billets qui pourrait bien capoter à cause de ses billets de 200 francs et de 1000 francs moyennement hilarants, l’un de ses citoyens les plus éminents, de la Suisse, pas du billet de 1000 balles (quoique, ajouteront les mauvaises langues), Sepp Blatter, chef de le football de le monde, jette un pavé dans la marmite en proposant de virer les hymnes nationaux des compétitions sportives.

Parce que, c’est bien connu, si y a des débordements à l’issue de certains des matches, c’est à cause des hymnes nationaux.

Si vous êtes français, pas besoin de dessin pour comprendre que bon, ok, l’hymne national ça peut rendre un peu nerveux: marchons, marchons, par ce froid, c’est de la provocation.

Mais l’hymne suisse, lui, semble inoffensif et bucolique alors pourquoi diable, hein, rend-il les gens agressifs alors que merde, on est là pour jouer à la balle, bordel.

(Si tu veux l’écouter en même temps que tu lis clique ici)(un peu comme chez Ak, mais sans le tigre vert)

Sur nos monts, quand le soleil
Annonce un brillant réveil,

Bon alors ça, déjà, ça énerve, quand le matin tu prend le soleil dans la gueule. Y a un truc utile dans ce genre de situations, c’est de baisser ses stores.

Et prédit d’un plus beau jour le retour,

Ca énerve d’autant plus, le soleil dans la gueule, quand c’est le seul rayon et que tu te dis les beaux jours vont s’en retourner mais pas aujourd’hui, alors que j’avais l’intention de tondre mon chat. Du coup, tu te recouches.

Les beautés de la patrie
Parlent à l’âme attendrie;

Bon alors tu te lèves quand même, tu vas acheter ton journal du matin et là, paf, y a trois pages sur Miss Suisse et son amoureux. Pour bien situer la situation, Miss Suisse elle s’appelle Lauriane Gilliéron, mais le journal de le matin fait des articles pour savoir si elle s’appellerait pas plutôt Gillièron, c’est passionnant, on a les people qu’on mérite, et elle sort avec un hockeyeur dont l’équipe est plutôt mauvaise, mais au lieu de lui demander “Alors, ça fait pas trop mal, quand on est défenseur, de se manger sept buts par match”, ils préfèrent lui demander des trucs sur Miss Suisse, histoire qu’il révèle des trucs croustillants. D’où la strophe suivante,

Au ciel montent plus joyeux
Les accents d’un coeur pieux,

Parce que les histoires de coeur, c’est bien joli, mais les hockeyeurs, ils les préfèrent quand même quand elles se finissent au pieux.

Les accents émus d’un coeur pieux.

Là, je voudrais pas chipoter, mais ça fait deux fois émus d’un coeur pieux. Et deux fois accent, mais ça, c’est pour bien séparer le valaisan du vaudois, qué?

2e strophe

J’ai copié-collé depuis le site de la Confédération à laquelle je paie mes impôts, donc ça doit être important. Par contre, je vous préviens tout de suite, c’est moins marrant après.

Lorsqu’un doux rayon du soir
Joue encore dans le bois noir,

Dans ton journal du matin, y a pas que des people, y a aussi des programmes télé. Le bois noir, c’est une erreur de traduction: il faut lire forêt noire. Et la forêt noir, c’est bon. Sauf que là, ils parlent de la clinique de la forêt-noire, les télévisions suisses aimant les séries allemandes presque autant que les vieux chanteurs.

Le coeur se sent plus heureux près de Dieu.
Loin des vains bruits de la plaine,
L’âme en paix est plus sereine,

C’est un épisode qui parle d’un type qui se casse une jambe en faisant une randonnée dans les Alpes, et il en meurt. Une série très énervante.

Au ciel montent plus joyeux
Les accents d’un coeur pieux,
Les accents émus d’un coeur pieux.

Mais même quand on est mort, on a le coeur plus léger quand on peut se mettre au pieux.

3e strophe

Lorsque dans la sombre nuit
La foudre éclate avec bruit,
Notre coeur pressent encore le Dieu fort;
Dans l’orage et la détresse
Il est notre forteresse;
Offrons-lui des coeurs pieux:
Dieu nous bénira des cieux,
Dieu nous bénira du haut des cieux.

Cette strophe là a probablement été faite sous l’emprise de l’alcool, la Suisse est tout de même la patrie de l’absinthe.

4e strophe

Des grands monts vient le secours;

Et un bon journal du matin ne serait rien sans une partie sportive. La chanson a été composée à l’époque où on était mauvais en foot, mais où on gagnait tout en ski.

Suisse, espère en Dieu toujours!

Par contre, là, c’est probablement une erreur, ce type n’a jamais gagné la moindre course à mon sens.

Garde la foi des aïeux, Vis comme eux!

Et c’est cette phrase qui a causé la débâcle de l’équipe suisse de ski, la seule à encore utiliser des skis en bois taillés à la main et fartés avec de la graisse d’ours véritable.

Sur l’autel de la patrie
Mets tes biens, ton coeur, ta vie!
C’est le trésor précieux
Que Dieu bénira des cieux,
Que Dieu bénira du haut des cieux.

Je ne connais pas cet autel ou l’équipe suisse de ski avait l’habitude de séjourner, mais il paraît qu’on y mange bien (cela dit, j’y mettrais pas tous mes biens quand même). Maintenant, ils dorment sous tente devant une auberge de jeunesse.

Bref, c’est normal que les gens s’énervent en entendant des hymnes qui racontent des histoires
incohérentes de Miss, de séries allemandes, de dieux qui font aussi parapluie et de skieurs retraités.
Cela dit, tout ceci prouve bien que, plus que les hymnes, c’est peut-être les journaux du matin qu’il faudrait virer des compétitions sportives.

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3 Responses to “God save, je couine”

  1. […] suissitude forcée ne m’empêche pas outre mesure de trouver l’hymne national suisse un peu couillon. Bucolique, mais couillon. Si, si. Je l’ai jamais entendu chanté par Lââm, […]

  2. Monsieur Prudhomme says:

    “l’autel de la patrie” c’est le petit nom de l’UBS sans doute ?

  3. TT02 says:

    “marchons marchons, par ce froid c’est de la provocation”
    ça dépend. Pour un nageur il risque surtout une mort par immersion prolongée dans de l’eau. Pour un footeux ça reviendrait plutôt à remettre à demain le but qu’il aurait pu marquer aujourd’hui.