Ivre, il assiste aux compétitions de canoë

Je ne sais pas si ça se sait, mais c’est aujourd’hui que débutent les Jeux Olympiques de London.

Mais au fait, à quoi ça sert, au juste, des Jeux Olympiques ?

Si tu poses la question, comme ça, à brûle pourpoint, on te parlera de sublimer l’idéal sportif, ou alors de cohésion nationale.

Brûle pourpoint a toujours raconté n’importe quoi.

L’idéal sportif, bon, on a compris depuis longtemps que c’était une blague. Il me semble que c’était le jour où Zidane est apparu dans une pub pour des lasagnes. Alors que toutes ces histoires de patrie, certains prennent ça encore au sérieux, je crois. Mais tout de même. Je veux bien, à la rigueur, essayer de me sentir suisse quand j’entends monter aux cieux les échos joyeux de la Petite Charlotte, ou plus simplement quand un Français dit du mal. Mais quand un type que je ne connaissais pas il y a deux semaines finit quatrième d’un sport que je ne suis pas sûr de comprendre, est-ce que vraiment je suis obligé d’aller me jeter dans les bras du premier éleveur de cloches appenzelloises de l’Entlebuch venu ?

Mais les Jeux olympiques ont plein d’autres fonctions.

Pour savoir si une année est bissextile. Mais ça ne vaut que pour les jeux olympiques d’été et je ne te cache pas qu’il y a d’autres moyens.

Pour apprendre par c½ur les hymnes nationaux américain et chinois, on sait jamais, ça peut toujours servir.

Pour se rappeler que oui, il existe un pays nommé St Kitts-et-Nevis, ça peut toujours servir

Parce que c’est quand même amusant de forcer des journalistes sportifs à meubler les huit heures de la cérémonie d’ouverture officielle :
– C’est fou, c’est incroyable, il semblerait bien que sous nos yeux soit en train de se dérouler un événement historique, qu’en pensez-vous, Jean-Ponce ? »
– Non mais j’en sais rien, c’est de l’art, je crois, on dirait, en tout cas il ne se passe pas grand chose et puis on m’a engagé comme consultant sur le tir à l’arc. »
– Oui mais je vous interromps, puisque la délégation papouasienne vient d’entrer sur le paddock. »

Pour redécouvrir l’existence de sports méconnus, comme dans l’exemple ci-joint.
– Dites-moi, Jean-Fulgence, qu’est-ce que cela va changer pour vous d’avoir remporté cette médaille d’or en double skip sans barreau synchronisé moins de 64 kilos ? »
– Eh bien tout d’abord, grâce aux réceptions officielles, je vais pouvoir manger plusieurs jours de suite. Et puis j’ai décroché un contrat publicitaire avec la friterie “à la frite joyeuse” d’Aunay-en-Bazois. 60 euros par mois si je place le nom de la friterie “à la frite joyeuse” d’Aunay-en-Bazois trois fois par interview.»
– Tant il est vrai que la fédération vous aide très peu, et qu’il faut prendre les matches les uns après les autres. »
– Si, ils m’ont bien aidé, ils nous ont offert des autocollants. Et si Kwutor Balagruk ne les avait pas collés sur son kayak, il n’aurait pas été disqualifié et je n’aurais pas gagné, comme quoi ça tient à peu de choses et une course n’est jamais finie avant le tribunal final. »
– Ah oui, donc c’est bien du kayak que vous faites ? J’ai gagné mon pari. Les collègues du service des sports disaient trampoline ou tae kwon do. »
– Oui et j’aimerais préciser…
– Ah pardon, nous devons interrompre cette interview, un footballeur vient de passer. »
– Au revoir, je vais à la friterie… et merde, trop tard ! »

Parce que de nos jours, c’est souvent des pays lointains qui gagnent le droit d’organiser des guerres et que du coup, c’est trop rarement qu’on peut voir de belles scènes telles que celle-ci dans nos rues.

[Source]GI JO

Pour rappeler à tous ceux qui se plaignent que comme par hasard, c’est toujours les cyclistes qu’on accuse de dopage que chaque seconde, dans le monde, vingt haltérophiles sont contrôlés positifs.

Parce que c’est quand même amusant que l’haltérophilie existe

Parce qu’on ne parlera jamais assez d’heptathlon

Parce que chaque jour, des millions de gens s’ennuient au bureau et que rien ne vaut regarder en douce une compétition de tir à l’arc par équipes ou de plongeon synchronisé pour se dire que finalement, on ferait peut-être mieux de bosser un peu

Parce qu’il y a des compétitions de dressage. Hélas, c’est avec des chevaux

9 Responses to “Ivre, il assiste aux compétitions de canoë”

  1. Laurent says:

    Prix “bloggeur pertinent et caustique 2012” pour le dernier paragraphe! Tu peux aller chercher ton prix à l’ambassade du sud-liban, bureau 4, Canberra.

    Et merci aux slips brésiliens Toutouffe, notre généreux sponsor.

  2. JulienW says:

    “Pour savoir si une année est bissextile. Mais ça ne vaut que pour les jeux olympiques d’été et je ne te cache pas qu’il y a d’autres moyens.”

    Ouais, et puis on le sait trop tard avec ta méthode.

  3. Monsieur Prudhomme says:

    Les patries c’est bon, surtout les coquilletteries.

  4. TT02 says:

    Ben en fait le problème c’est que les jeux olympiques c’est après Roland Garros, Wimbledon, le tour de France pendant la F1 et la moto. Je ne vais pas me facher pour si peu avec Chewi. C’est quoi après ?

  5. Je Rêve says:

    Mais qu’en pense Doctor Who, hein ?

  6. Lambda Man says:

    Meilleure déscription des JO que j’ai lue “ever”. Vous avez les félicitations du jury que je représente de façon unilatérale et autocratique et qui n’a de toute façon pas les moyens de vous fournir la médaille d’or que vous mériteriez.

  7. Ça manque de saut ASCII.
    Et hop : ␍, ␊, ␤.

  8. Nekkonezumi says:

    Si je dis pas du mal et que je fais un compliment, tu penses que ton quotient patriotique va baisser de combien de points ?

  9. Un nouvel éclairage qui me convainc définitivement que j’ai bien raison de ne plus m’intéresser au sport que je ne pratique pas moi-même.
    Question annexe : J’aime beaucoup votre utilisation de l’expression “entrer sur le paddock”. Je pense qu’elle mériterait une chronique :-)
    Merci, je vous laisse, je vais à la friterie…
    s.