Les commentaires du post précédent sont édifiants: même quand tu demandes gentiment, personne est foutu capable de t’expliquer ce que c’est le sentiment de fierté nationale. On en cause sans savoir ce que c’est et sans être sûr que ça serve vraiment à quelque chose ni même que ça existe toujours, un peu comme de dieu ou de “des chiffres et des lettres”.
Mais il ne faut pas se voiler la face ni raison garder. L’humain aime à appartenir à des communautés, cela lui permet de créer un tissu social d’un côté, et d’un autre, il faut bien qu’il y ait des étrangers sinon qui nous volerait notre pain ?
Or, permets-moi de te dire que c’est complètement con, comme concept. Se sentir fraterniser avec des gens juste pour une vague histoire de promiscuité géographique, c’est pas toujours évident. Les soirs de foot, tu fais un effort et tu es pour les rouges. Mais le reste du temps, tu as du mal (du coup, on te prend pour un rouge).
Je préconise donc de supprimer cette absurdité. Et de remplacer les pays par un truc beaucoup plus porteur d’avenir: les groupes facebook. Leur avantage principal, c’est de n’être peuplés que de gens qui pensent pareil. Imagine: tu ne vas pas rejoindre le groupe “Les chatons, c’est un peu moche” si tu ne le penses pas, de peur de donner une fausse image de toi à tes 842 friends. Le groupe facebook réunit donc des gens désireux de discuter de points sur lesquels ils sont tous d’accord. Ce qui, jusque là, ne sert pas à grand chose. Mais avoue que l’idée a du bon. Pour le sport, d’abord. Franchement, c’est beaucoup plus logique de crier “Allez les Je trouve Yann Barthès très beau” que “Allez les fuchsias”. Beaucoup plus simple de s’identifier avec quelqu’un parce qu’il est membre de “je mets deux sucres dans mon café” que parce qu’il est vaguement né à Echichens.
Et si ça simplifie les choses pour le sport, imagine un peu pour la guerre. Parce que oui, autant supprimer le concept de nation, ça me semble pas mal, autant celui de guerre, économiquement, ce serait une erreur. Mais bon, c’est bien plus réaliste de partir la fleur au fusil parce que les “10’000 personnes et je traverse La Bourboule nu” menacent l’intégrité de “Je ne dis jamais huit fois tractopelle le même jour”
Alors, tu vas me dire, des gens sont membres de plein de groupes.
C’est vrai.
Euh moi c’est le groupe des “Prem’s à avoir mis un comm”.
Et moi je veux pas être sur facebook, alors je vais être apatride?
Ben, disons que si c’est des groupes comme “Je pense que la loi de 1905 est une fondation de la république”, c’est pas forcément un mal en soi. Mais le communautarisme apporte rarement il est vrai d’illumination intellectuelle. Je crois que c’est ce que Brassens essaye de dire dans La ballade des gens qui sont nés quelque part/Side B Ambalaba.
Aude: pareil. Et j’adore cette idée. Pas de papier, pas de drapeau, pas de nom de poney !
Y a des gens qui arrivent à naître à Echichens ???
Fiouuu…
Eh ben.
Ça c’est du groupe fesse bouq !!
déjà quand on dit LA république, comme s’il n’y en avait qu’une, c’est mal parti
(pour LA loi de 1905, aussi, mais moins)
De toutes façons, ça ne sert à rien de se prendre le choux de Bruxelles, les chatons domineront le monde d’ici peu, nous réduisant en esclavage, c’est bien connu.
(les bourreaux/soldats seront les poneys)
Ha, mais ce serait trop facile ça, une fierté nationale sans test ADN, on voit bien que tu es étranger toi.
En plus, les groupes facebook c’est pas valable parce que tu les choisis, donc tu peux juste en être “fier”, comme quand tu réussis une tourte bien dorée mais pas brûlée, mais pas au point de te sentir bafoué dans ton être intime quand on sifflera ton hymne déjà massacré par une chanteuse de R&B has been.
A la limite, on pourrait remplacer les nations par “les gens qui s’appellent childéric / hubert / joe-wilfried / …” ou “les blonds / les roux / les bruns” mais ça ne va pas rendre les matches de foot plus paisibles (surtout quand l’équipe de 1 Zinédine atomisera l’équipe des 38 000 Bernard)
et y aurait des tests adn pour savoir si les chauves le sont vraiment ou s’ils ont subi un traitement
Et voilà comment j’en suis venu à dire 9 fois de suite “tractopelle”…
La fierté nationale, c’est quand tu vibres en voyant un drapeau bleu blanc rouge. Mais toi ça tu peux pas connaître.
moi c’est à poney que je vibre. mais je vais demander à mes copines qd meme, je crois qu’elles vibrent plus souvent. Une histoire de chatons sans doute?
Si j’eleve des chatons chauves, ca compte?
huhu !
Haha, même !
Sauf que certains groupes ne sont ouverts qu’aux français, alors que tu es d’accord avec leur message. N’est-ce pas?
Moi j’adhère au groupe des bras en l’air. Et on est tous d’accord pour dire qu’on aime le chocolat parce qu’on a des bras.
Ah non alors ! J’ai beau avoir des bras, j’aime pas le chocolat.
Mais vaut-ce la peine de grouper sur fesse bouc pour si peu ?
Par contre, l’½uf-dur marseillaise, je dis pas non…
Zut, je fais partie du groupe “10 000 personnes et je traverse la Bourboule nu” et du groupe “je ne dis jamais tractopelle huit fois le même jour”… du coup, en cas de guerre, je vais être mal…
Ah, les symboles de la république française…
Je me rends compte que ma nourriture a bien plus de points communs avec l’Italie du Nord qu’avec le reste de la France. C’est bien simple : je n’aime ni le vin rouge ni le camembert. Je vis en permanence dans la peur du lynchage si on apprenais combien je suis peu patriotique avec ma polenta et mes lasagnes.
Maman ! Oscour !
(Oui, ok, mes récents soucis de santé me stressent et ne me font parler que de bouffe. Mais c’est vrai qu’il existe des aires culturelles à cheval sur les frontières : quand tu visites le marché de Noël de Strasbourg tu es plus en Allemagne qu’en France, n’est-ce pas ?).
Et la fierté nationale, ce serait d’avoir créé un groupe de plus de 200 membres ?
Je trouve qu’on peux être fier de dire “je suis Suisse” parce que c’est pas facile à dire, d’autant plus si on souffre d’un défaut de prononciation.
A mon tour d’essayer …
Alors le sentiment de fierté nationale … ben c’est … en fait … l’exact contraire de celui que l’on éprouve lorsqu’on a honte d’etre Francais (par exemple) parce qu’a son corps défendant on se trouve associé à tous ceux qui s’insurgent parce qu’on a osé siffler leur “hymne” national …
… pas certain d’etre tres clair …
ah oui moi aussi quand je mange, je suis fier d’être italien
et quand on boit un vin chaud au marché de Noël à Strasbourg, on est pas un tout petit peu suisse aussi ?
Et voila , vous étes tous tombé dans le piege des méchants poneys diaboliques (qui sont en fait des chatons transgeniques , mais ça y a que moi qui le sait )qui veulent dominer le monde en détruisant l’esprit nationale (je veux dire une nation _ un esprit ( ça fait pas beaucoup quand vous tetes > 60 millions)).
Je suis suisse
je suis suisse
je suis suisse
je suis suisse
je suis suisse
je suis suisse
…
Ècoutez !
Vous entendez pas comme des oiseaux qui gazouillent ?
C’est joli non ?
Ça marche beaucoup moins bien avec “je suis français, moi monsieur !”
Alors bon…
Siffler la Marseillaise, ne pas siffler la Marseillaise, se sentir Français ou né quelque part, tout ça c’est la faute à la société. Quand le journal télé ne parle que des deux Français morts dans un terrible accident qui a coûté la vie à 372 personnes, c’est du chauvinisme (d’où le rapport avec les chauves). Quand les Jeux Olympiques ne sont que l’occasion d’exalter les rivalités entre pays, c’est du chauvinisme exalté. Quand la Marseillaise se fait siffler dans un sport où les joueurs viennent des quatre coins du monde et sont achetés à des prix ridiculement élevés, c’est du chauvinisme ridicule.
Une solution assez simple serait de ne pas exalter le chauvinisme quel qu’il soit. Le communautarisme ne me semble pas terrible non plus. En fait, tous les systèmes où on range les gens dans des petits tiroirs avec des petites étiquettes ne me semblent vraiment pas terribles du tout.
Sauf quand on revient des courses, bien sûr, car si on laisse tout dehors sans rien ranger dans les tiroirs, c’est vraiment la pagaille.
Une autre soluce pour lutter contre le chauvinisme : raser tout les monde (ou des implants capillaires pour tous, mais ça marche moins bien qu’un bon coup de tonsure général (Gaaaarde à vous !))!
Purée, t’as trop raison (lmao, i sound like a teenage girl), c’est bête, à quelques jours près j’aurais pu te citer comme source bibliographique dans mon mémoire sur les réseaux sociaux.
La phrase «tu ne vas pas rejoindre le groupe “Les chatons, c’est un peu moche” si tu ne le penses pas, de peur de donner une fausse image de toi à tes 842 friends.» résume tout à fait une partie que j’ai appelé : «la gestion de l’image».
Bref, c’est un plaisir de voir que tu bloggues fréquemment ces temps-ci, et en plus pour parler des sujets où on se sent tous impliqués. Et tu t’améliores d’article en article, bougre de saloupio. Je suis à deux doigts de créer un groupe «Tu sais que tu es un lecteur assidu de bon pour ton poil quand…», je te préviens !
en fait on peut raisonner par l’absurde.
Si des fois tu as honte d’être Français, ou Suisse le cas échéant, c’est que tu peux ressentir de la fierté à ce sujet, puisque le contraire de la fierté t’est connu. Donc si franchement, ça t’est jamais arrivé, alors c’est que tu t’en fous, et que tu es un homme du XXIème siècle.
À noter que l’attirance ou le dégoût d’un ensemble national n’est pas forcément entraîné par le spectacle d’un gens particulièrement stylé ou particulièrement couillon (respectivement), mais plus volontiers par une direction politique, une mesure sociale, une prépondérance dans un secteur économique, une communauté de pensée, un lectorat, un arc de triomphe, un arbre.
Reste à étudier la question de l’Europe, dont on peut manifestement être fier, mais dont on n’entend personne clamer la honte.
Il semble donc nécessaire de conclure sur cet argument indéniable : ?
C’est que tu n’écoutes pas les bonnes personnes, bien des gens ont honte de l’Europe.
Bon, par exemple, j’aime beaucoup le système politique suisse. Le système éducatif suisse aussi. Bon. Mais c’est pas une question de couleur de passeport.