deux mains, deux mains, toujours deux mains

Alors ok, dans plusieurs pays, on est en année électorale.

Mais on est aussi en année footballistorale. La Suisse et l’Autriche organisent l’Euro ensemble. C’est un événement. La dernière fois que la Suisse et l’Autrice avaient organisé un truc ensemble, ça devait être une soirée saucisse et joddle, autant te dire que Cristiano Ronaldo et Francesco Totti ont poliment décliné l’organisation.

Bref, comme je sais que les explications footballistiques te passionnent, il va y en avoir ici. Régulièrement. Ou pas.

Et tout d’abord, je voudrais me pencher, mais pas trop, j’ai le vertige, merci, sur cette expression chère aux journalistes sportifs mais parfois utilisée par les politiciens, peut-être même par certains toiletteurs canins: On applaudit des deux mains.

A priori, c’est très con comme expression. Il n’y a rien d’exceptionnel au fait d’applaudir des deux mains, sauf au concert d’Arno (ou de Benoît Dorémus), parce que tu viens d’aller chercher une bière alors que faire, ne pas applaudir, poser le gobelet par terre et courir le risque que les gens devant le renversent, ils ont l’air un peu agités, non ? de mon temps, les gens fumaient des pétards, ils étaient plus calmes (et en plus comme ils avaient oublié le concert le lendemain, ils achetaient le dvd, ça faisait tourner l’économie), vraiment, tout fout le camp !, ou alors le tenir entre les dents mais c’est pas bien pratique ?

Cette expression a, en fait, une origine historique. Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Hans-Otto Voiture n’a pas encore inventé l’automobile et la plupart des déplacements se font à cheval. La société est par conséquent très différente de celle d’aujourd’hui. Impossible, par exemple, quand un imbécile se traîne à 20 à l’heure devant toi, de lui lancer un appel de phare, et va monter un klaxon sur un cheval ! Impossible, aussi, pour les jeunes amants fébriles de vivre leurs premiers émois amoureux sur la selle arrière du cheval de leurs parents (elle est justement en réparation). Et frimer devant les copains devient bien plus aléatoire : alors, c’est quoi comme cylindrée, le tien ? Oh ben un cheval et le tien ? Un cheval, pareil.

C’est à cette époque, pour relancer l’industrie théâtrale gravement menacée par la crise, qu’un astucieux promoteur aura une idée géniale: le ride-in. L’ancêtre du drive-in. Sauf qu’on y va à cheval, pas en voiture. Et que c’est pas du cinéma, mais du théâtre. Et que, comme le maïs n’a pas encore été inventé, tu n’y manges pas du pop-corn, mais des carottes soufflées. Une salve d’applaudissements par trop soutenue aurait pu effrayer les pauvres bêtes. C’est pourquoi, les spectateurs prirent l’amusante habitude de n’applaudir que d’une seule main. Sauf quand, vraiment, le spectacle était très très bien et que, réflexe malheureux, ils se mettaient à applaudir à tout rompre, à commencer par leur cou, puisque les animaux effrayés ruaient et piétinaient comme des chevaux fourbus mais effrayés. Il est d’ailleurs amusant de constater qu’un autre expression nous vient de cette époque: Ce spectacle, il est trop mortel.

15 Responses to “deux mains, deux mains, toujours deux mains”

  1. Gilles Aitte says:

    On peut tout de même noter qu’il était possible pour frimer de faire des pattes arrières avec son cheval…

  2. Krapo says:

    2 thumbs up!!!
    forecelme,nt= c’estr pzas prtiqsue pooour ecreiren!!!

  3. Nitt says:

    Merci pour ce reportage haut en couleurs et en canassons.

    C’est Jolly Jumper qui va être content.

  4. djib says:

    Ca manque un peu de poneys mais c’est, comme toujours, du haut vol.

    Sinon, le saviez-vous :
    Justement, lors de ces spectacles, plus ce dernier était bon, plus il y avait de monde (à moins des bouchons sur le périph, tout ça à cause d’un accident de charrette, tu sais ce que c’est), et donc plus y il avait de chevaux, et donc, ipso facto, plus il y avait de leurs déjections.
    C’est de là que nous vient ce “merde !” que l’on souhaite aux acteurs de théâtre. On leur souhaite en fait beaucoup de succès.
    Authentique (ou du moins je le crois alors tu me détruis pas tout, hein. merci, t’es gentil)

  5. gootsy says:

    Encore une excellente explication, ton site devrait être parainné par Historia.
    Je suis un peu fatigué, là, mais je te jure devant le Dieu des poneys que j’applaudirai dès demain.

  6. arpenteur says:

    Ok, le ride-in c’est pour aller au théâtre à cheval.
    Alors la cheval-in c’est pour aller à la boucherie quand on a invité les voisins pour une chinoise (et non pas une chinoise pour les voisins, non mais oh!)?

  7. Jilian says:

    et l’aspir-in c’est un peu la version moderne de Madame Doubtfire ?
    (euh…)

  8. Freefounette says:

    Tu serais pas un peu bourrin dans tes explications toi ?

  9. Zartampion says:

    C’est aussi à cette époque qu’a été inventé le métier d’homme qui murmure à l’oreille des chevaux, pour qu’eux aussi puisse comprendre le film sans gêner les autres spectateurs.

    C’est aussi à cette époque que l’expression “le studio a fini sur la paille” est nait, c’est-à-dire quand le ride-in était vide toute la paille prévue pour les chevaux restait en l’état.

  10. Caro says:

    Du coup, au ride-in, ils faisaient comment les cocos pour applaudir des deux mains avec leur carton de carottes soufflées ? Quelle idée aussi de manger des carottes soufflées…

  11. TT02 says:

    N’empêche que Star Wars au théatre, c’est devait être bien.

  12. ad says:

    On nous cache tout, on ne nous dit rien ! Heureusement que ce site existe ! mais chut à trop en parler, on risquerait d’attirer l’attention de messieurs les censeurs.

  13. jM says:

    Cheval le dire à ma mère

  14. Nitt says:

    Zartampion> alors le film avec l’autre blond-là, et la scène traumatisante de l’accident de cheval et tout, c’est de l’esbrouffe?
    Fichus Amerloques, toujours les mêmes : faut qu’ils racontent tout pour qu’on les prenne pour des héros.

    Pffff.

    Quelqu’un connait une adresse de ride-in que j’aille acheter des carottes soufflées pour mon lapin bleu?

  15. borogrove says:

    Le cheval donne des vapeurs comme le moyen âge des mains ( à preuve : jeux de mains ,jeux de vilains). Comment applaudir sous le gibet de la critique ? La critique est facile, l’art est digérable ( de lapin, d’ou les carottes…)