La ballade des gens heureux du temps jadis

En lisant la note précédente d’avant, vous vous êtes probablement demandés: Ok, d’accord, mais d’où vient l’expression “poser un lapin”? (à l’exception de certains d’entre vous qui se sont demandés qu’est-ce qu’on mange ce soir, où sont les WC, quelle est la capitale du Guatemala, où donc est rangé mon abat-jour, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien et si oui combien, où veut-il exactement en venir, faut-il mettre un s à demandés sachant que l’auxiliaire avoir est placé juste avant le panneau déviation à trois kilomètres, la lecture de skyblogs et de blogs d’entrepreneurs ne finit-elle pas par nuire irrémédiablement à la pratique de l’orthographe en eaux troubles)

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi après-midi. Le jeune Odilon est éperdument amoureux de la belle Orancie. Cependant, leur amour est impossible car il est un peu moche de sa gueule alors que la demoiselle a gagné le concours Miss Picardie cotte de maille mouillée et que bon, loin d’elle l’idée de se fier à la beauté extérieure, c’est la beauté intérieure qui compte, les magazines féminins n’existant pas encore c’est un troubadour féminin qui le lui a annoncé, entre un dossier conparatif épilation à la cire ou au fil de l’épée et un roman-gravures, mais quand même, il est moche, quoi, que diraient les copines si elles me voyaient jouer de la vielle en sa compagnie?

Odilon a quant à lui lu un livre où un type un peu moche dicte en cachette des poèmes à un beau gosse totalement crétin parce qu’il aimerait se taper une belle fille qui porte un prénom de chanson de Police, sauf qu’à l’époque les gens d’armes ne chantent que des chansons paillardes, mais à la fin, c’est quand même le beau gosse qui finit avec la belle fille, alors y a aucun intérêt, franchement.

Mais il se laisse quand même inspirer de l’idée et pose, chaque soir, un lapin sur le parvis de la belle. Comme il a pris des cours de ventriloque avec Tatayet, il fait dire à l’animal des poèmes vachement jolis avec des tas de noms de fleurs et des métaphores trop bien aussi, genre “Ô belle dame, à vos côtés Le pétunia semble trop moche lol Trop mdr comment je l’ai cassé Zyva comme il est moche le pétunia lol”. Orancie est sous le charme.

Du moins, c’est ce que croit Odilon. Un jour, ne parvenant point à trouver de lapin, il se déguise lui même en conil et se pose sur le parvis de la belle. Il lui récite deux-trois histoires jolies, tout ça et, quand la damoiselle s’approche. Elle lui dit “Quelle magnifique ballade allons faire une balade ou alors est-ce le contraire, je sais jamais” et, profitant d’un instant d’inattention, lui fait le coup du lapin. Lui qui rêvait de passer à la casserole finit ses jours en chaud lapin, avec de la polenta et des feuilles de laurier.

Le lendemain, Odilon ne peut poser de lapin sur le parvis d’Orancie, du fait qu’il s’est fait boulotter. Elle s’écrie donc: “ah tiens, je me suis pas fait poser de lapin, qu’est-ce que je vais bien pouvoir manger ce soir?”, ce qui prouve qu’en fait, cette explication n’est pas la bonne, vous m’en voyez sincèrement désolé.

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One Response to “La ballade des gens heureux du temps jadis”

  1. berthe chorizo says:

    Preum’s
    ah ah trois ans de retard, mais bon….