Il était une fois un sapin qui s’appelait Elkjaer. Il vivait avec ses frères dans une grande forêt nordique.
A l’approche de Noël, les sapins étaient très excités. « J’ai hâte d’être couvert de guirlandes » disait l’un. « J’espère », répondait l’autre, « que je serai choisi par une famille bobo, qui offre de beaux jouets en bois à ses enfants, je pourrai ainsi bien me moquer de ces crétins d’épicéas, jamais pu les sentir ! » Et le troisième s’exclamait : « Je rêve quant à moi de finir mes jours chez des distraits et de m’en aller sur un bel incendie de bougie ! »
Mais Elkjaer n’avait pas le c½ur à en rire. « Je ne veux pas qu’on me couvre de boules, je ne veux pas entendre la chanson que le petit Matteo a apprise à l’école, je ne veux pas perdre toutes mes aiguilles dans un coin parce qu’on aura eu la flemme de me mettre à la poubelle, et puis je suis trop jeune pour sécher, je m’en fous, je dirai que je suis baha’i ou sikh et que je ne fête pas Noël. »
Mais les sapins, c’est bien connu, détestent la solitude, et ses frères le lui rappelèrent : « Quand nous serons tous débités, tu seras fort dépité. » Ce à quoi Elkjaer répondit « je m’en bats les rémiges » (il n’avait jamais été très bon en biologie).
Il décida alors de fuir loin, loin de chez lui, dans un pays où les sapins pourraient vivre libre. En chemin, il croisa une dinde qui fuyait Thanksgiving et lui dit : « aaaah un sapin qui parle », mais Elkjaer lui répondit qu’il n’avait pas fait tout ça pour finir coincé dans une vieille blague.
Il fila tant et si bien qu’il arriva chez le père Noël, qui était en train de chanter des chansons paillardes avec Rudolf, le renne, devant sa cahute. « Hé mec, il paraît que tu aimes bien faire des miracles, j’ai vu ça dans un film sur M6, tu pourrais pas faire un truc pour moi histoire que j’échappe à mon funeste destin ? », demanda Elkjaer. « Hé ben justement, tu tombes bien, j’ai besoin de bûchettes pour ma cheminée », répondit le père Noël.
Quelle belle histoire! Tu vas la lire sous le sapin le 24?
Très beau conte de Noël écologique et poétique. Tu as raison, non à la déforestation, au consumérisme et aux Mattéo ! Bravo pour ton engagement politique.
(En trois ans de visites régulières, c’est, me semble-t-il, mon premier commentaire sur ton blog pileux, je suis toute émue ! Du coup je me permets de te souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année et d’ajouter un petit coeur de kikou à mes propos : <3 )
Comme quoi on ne peut fuir son destin, dieu est grand ( à peu près comme le centre commercial) et le père Noël est une ordure.
C’est le conte de Noël le plus émouvant et porteur d’espoir que j’aie jamais lu.
Raph, tu es un grand écrivain.
Ho ho ho!
Nom d’une plume, quelle belle histoire !