Barjabulle

Lectrice, lecteur, aujourd’hui, une fois n’est pas couture, je voudrais rendre hommage à une femme sans qui la culture francophone ne serait pas tout à fait ce qu’elle est, une femme qui est au petit écran ce que le zwieback est à la gastronomie, une femme qui connaît personnellement Patrice Laffont, une femme qui mériterait le prix Nobel de la Paix, ou au moins celui de la Tranche panée, je veux bien entendu parler de Marie-Ange Nardi.

Marie-Ange Nardi a empreint de son aura divers jeux télévisés devenus mythiques.

Le monde abasourdi l’a découverte aux côtés de Laurent Broomhead dans Pyramide, ce jeu édifiant. Souviens-toi. Pyramide, ce jeu présenté par le grand Patrice Laffont lui-même, ce jeu toujours étonnant, avec des dialogues tels que “cheval? je vais dire antilope!”, ce jeu qui, grâce à la présence vivifiante de la sémillante Pépita, rappelait subtilement le glorieux passé colonial de la France.
Marie-Ange était capable de trouver les mots les plus improbables en trois briques, avec cette aisance et cette modestie qui font la marque des grands. Jamais elle ne s’énervait quand Michel hésitait, dans le ping-pong, alors que Laurent avait dit ventricule et Marie-Ange trompette, franchement, même un fan de Kyo aurait trouvé, mais pas Michel, et bien Marie-Ange ne lui en tenait pas rigueur, elle gardait ce petit sourire énigmatique mais franc

Son talent ne pouvait passer inaperçu. Alors que Laurent Broomhead continuait de deviner ptérodactyle et deux briques avec brio et maestria, tout en développant des jeux éducatifs que le monde lui envie, Marie-Ange pouvait voler de ses propres ailes. Et ce fut l’avènement de Qui est qui, ce merveilleux programme dont la portée philosophique dépassait largement le cadre étriqué du petit écran. Car, bien plus qu’un simple divertissement, Qui est qui était un message d’espoir. Tous les soirs, des candidats tntaient de deviner qui était l’ornithologue et qui était passionné de Michel Sardou. Et dans son rôle de présentatrice, Marie-Ange restait souriante, affable. Mais en filigrane, on devinait ce message: “L’habit ne fait pas le moine. Par exemple, moi, j’ai l’air ravie d’être là, mais ce que je voudrais, c’est être sur la Canebière en train de jouer à la pétanque avec Jean-Pierre Foucault.”

Puis ce fut la traversée du désert à la nage. Les fans, éplorés, se demandaient où était passée l’idole de toute une génération. Après un retour discret par la case Millionnaire, elle fait aujourd’hui un retour triomphal dans le monde fabuleux du jeu télévisé, puisqu’elle remplace le grand Olivier Minne lui-même dans La Cible. La Cible, c’est un jeu délicat à présenter puisque personne ne gagne jamais.
C’est une spécialité France Télévisions. Questions pour un champion, c’est le même principe, tu dois être surhumain pour pas repartir avec le dictionnaire des crustacés. Ils aiment tellement le concept des jeux où tu gagnes pas que même le Tour de France n’a plus de vainqueur.
Bref, la Cible, jeu merveilleux où tu as douze secondes pour citer 6 noms d’ingrédients traditionnels de la tourte ou de noms d’acteur tchèques qui commencent par Zly, a nettement gagné en crédibilité depuis que sa présentatrice faint à merveille de n’absolument pas comprendre de quoi elle parle, tellement que quand elle te demande des plats berrichons contenant des palmes, tu as l’impression que tu pourrais lui répondre Marlène Jobert sans que cela ne choque personne.

Tout ça pour dire qu’une fois n’est pas couture, je n’ai aucune idée pour la chute de ce post.

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