Dans de beaux draps

Alors que le monde retient son souffle en attendant un funeste Suisse-France, tentons, désespérément, de rapprocher les peuples. Car bien que voisines, France et Suisse ne se comprennent pas toujours, victimes qu’elles sont de l’incompréhension mutuelle.

C’est pourquoi j’ai décidé de vous expliquer l’une de nos coutumes locales traditionnelles, un élément indispensable pour bien saisir l’essence de la suissitude : la buanderie.

La buanderie et son fidèle corollaire : le jour de lessive.

Car voyez-vous, les caves des immeubles helvétiques sont généralement équipées d’une machine à laver destinée à laver le linge sale de toutes les familles, même les Gomez du 7e, qui sont un peu, comment dire, spéciaux. La buanderie, terreau de multiples interactions sociales, lieu où se nouent et se dénouent les passions, parce que le Schindelholz du 7b il a encore dépassé son tour, moi je m’en fous, la prochaine fois, je sors tout comme ça, sans le plier, je laisse tout goger, tant pis pour lui, il me connaît pas, je suis trop un fou, sérieux. La buanderie, lieu de tant d’échanges sociaux, bonjour, dites, la prochaine fois, vous pourriez nettoyer le tumbler ?

A cause de cette tradition, le Suisse est condamné au jour de lessive, le mardi, pourquoi diable ils m’ont collé le mardi ? alors que le petit à son entraînement de poney artistique, mais ça ils s’en foutent, ils peuvent pas comprendre, eux. Condamné à répondre non, désolé, je ne pourrais pas passer ce soir, j’ai jour de lessive, tu sais ce que c’est, oui, je comprends, c’est ton mariage mais jour de lessive, t’inquiète, je viendrai au prochain. Pire encore. A cause de cette tradition, le Suisse est condamné à cet acte désespéré, qu’il redoute parmi toute chose, ce geste d’une violence extrême, cette incroyable audace : aller sonner chez son voisin. Pour lui demander si ce serait pas possible d’échanger vu que là, mardi, on a prévu de repeindre le chat, si en échange on peut faire quelque chose pour vous… non pas sortir votre chien, il fait peur. Non, pas sortir vos gosses, non plus, ils mordent. Non… bon ok, du sel, on veut bien, mais vous nous lée rendez, déjà la dernière fois il en manquait seize grammes. Au fait, on a retrouvé cette culotte dans le tumbler, c’est à vous ? parce que c’est pas à nous. Sur moi, ça fait un peu vulgaire, à cause des dentelles.

Voilà sans doute, pourquoi, ce soir même, sur le coup des 21 heures, les Suisses vont tellement hésiter à mouiller le maillot.

8 Responses to “Dans de beaux draps”

  1. Aurélia says:

    Je pense que je ne regarderai plus jamais un mardi de la même façon, maintenant.

  2. Monsieur Prudhomme says:

    Bah, nous aussi en France on a des coutumes un peu ésotériques que les autres peuples de la terre ont du mal à comprendre. La grève par exemple.

  3. Ah tiens manifestement ici aussi c’est jour de lessive. Ya plein de draps qui sèchent aux fenêtres des voisins. C’est bizarre cette mode des draps bleus, blancs et rouge, d’ailleurs…

  4. funambuline says:

    J’aurais bien lu ton post, mais j’ai lessive.

  5. sylvainj says:

    Et donc la Suisse a perdu car vendredi c’était jour de lessive ? Abusé que la FIFA n’en tienne pas compte.
    Courage !

  6. artypop says:

    Mais concrètement, qu’est-ce qui se passe si quelqu’un va faire sa lessive un autre jour que le mardi ?

  7. artypop says:

    Mon commentaire n’apparaît pas, je suis triste.

  8. Leina says:

    Pas de machine à laver individuelle en Suissie? Ou de laverie?
    Wouche, ça doit pas être pratique.