Hotel California

Ça fait longtemps que j’ai pas parlé musique ici, non ?
J’ai longuement hésité entre Mélanie Laurent et Bertrand Cantat, avant de finalement opter pour une petite jeune qui se lance.

Barbara
L’AIGLE NOIR
paroles et musique: Barbara

En plus, j’ai toujours bien aimé les aigles. Mon côté genevois.

Un beau jour ou peut-être une nuit

L’autre truc que j’aime bien, à cause de mon côté genevois, c’est la précision. Pour confondre le jour et la nuit, faut pas être très ponctuel. Ni très observateur, d’ailleurs, y a d’excellents indices pour distinguer les deux. Les programmes télé, par exemple.

Près d’un lac je m’étais endormie

Hippie !

Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part,

Mais si, du ciel !

Surgit un aigle noir.

L’aigle étant un rapace diurne (qui glapit ou trompette)(ça n’a rien à voir avec la chanson, mais bon, c’est toujours utile à savoir)(par exemple en cas d’invasion du monde par des terroristes trivialpursuitiques), ça devait être un beau jour. On a résolu un mystère, je suis rassuré.

Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer

Justement, à la strophe d’avant, ça me dérangeait un peu : l’aigle est un oiseau plus tournoyeur que surgisseur (c’est connu).

Près de moi, dans un bruissement d’ailes,
Comme tombé du ciel

Non mais non, c’est normal, c’est parce que c’est un oiseau.

L’oiseau vint se poser.
Il avait les yeux couleur rubis

Je sais pas vous, mais je trouve ça super flippant.

Et des plumes couleur de la nuit

Ça non, ça va, un aigle noir aux plumes noires, je peux tolérer.

À son front, brillant de mille feux,
L’oiseau roi couronné
Portait un diamant bleu.

Je m’excuse d’insister sur des détails ornithologiques, mais à ce stade de la chanson, il faudrait qu’on sache si on a affaire à un aigle noir ou à un aigle royal. Alors bien sûr, certains diront “non mais noir, royal, c’est pareil, les aigles, de toutes façons, ils se ressemblent tous (mais quel sens du rythme)”, mais ils feront moins les malins quand Michel Noir sera candidate à l’investiture socialiste.

De son bec, il a touché ma joue

Il est quand même hyper-familier, comme aigle.

Dans ma main, il a glissé son cou

Même mon chat se permet pas des trucs pareils.

C’est alors que je l’ai reconnu

Ah mais c’était un aigle de ses amis ? Très bien, je suis pas sectaire, je trouve que comme animal domestique, un furet ou un ragondin, c’est plus facile à ranger, mais bon, chacun son truc. Par contre, sans vouloir jouer les trouble-fête parce que je ne saurais pas l’accorder sans regarder, j’ai envie d’insister sur le fait que la narratrice n’est pas très observatrice. Je veux dire, si mon wombat qui s’était enfui revenait en tournoyant lentement, je le reconnaîtrais sûrement avant la dernière minute, quoi.

Surgissant du passé

Mais non, du ciel.

Il m’était revenu.

Bon en même temps, je critique, je critique, mais c’est toujours émouvant, les histoires de retrouvailles qui impliquent des animaux domestiques exotiques.

Dis l’oiseau,

Non par contre, ce ne sont pas les aigles qui parlent, mais les mainates. Mais les gens confondent souvent.

o dis, emmène-moi

et ce truc d’aigles qui enlèvent des gens, c’est une légende, une rumeur colportée par ces sales jaloux de milans.

Retournons au pays d’autrefois

Le pays d’autrefois, je pense que c’est une métaphore pour parler du Jura, parce que soi-disant on aurait 25 ans de retard dans la région (vous ferez moins les malins en 2013).

Comme avant, dans mes rêves d’enfant,

Ah non, ça doit être un autre pays d’autrefois, aucun enfant ne rêve de ça.

Pour cueillir en tremblant
Des étoiles, des étoiles.

Par contre, dans le Jura, y a des coins où on voit super bien les étoiles, et c’est joli. Mais les gens viennent plutôt cueillir des champignons, en général.

Comme avant, dans mes rêves d’enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie

C’est météorologiquement confus, comme situation.

Et faire des merveilles.

Allumer le soleil, la pluie en volant sur un nuage, dans 5 minutes, ça finit en double arc-en-ciel et en licorne, tout ça.

L’aigle noir dans un bruissement d’ailes
Prit son vol pour regagner le ciel

En même temps, t’es en train de te balader à dos de nuage, t’as plus besoin de lui alors quoi ? tu voudrais qu’il reste là à faire le poirier ? C’est un aigle, il est supposé être fier et altier, le mec. Il va pas attendre stoïquement que tu aies fini de gambader sur les nuages pour pouvoir faire taxi.

Quatre plumes, couleur de la nuit,
Une larme, ou peut-être un rubis

Ses larmes ressemblent à des rubis ? J’espère que tu as appelé les services vétérinaires, tu sais que les gens ne rigolent pas avec la maltraitance animale, de nos jours.

J’avais froid,

Oui ben c’est ça d’aller vadrouiller dans la stratosphère

il ne me restait rien
L’oiseau m’avait laissée
Seule avec mon chagrin

En laissant ses affaires sous la surveillance d’un aigle. Je suis pas ornithophobe, j’ai pas mal d’oiseaux de proie parmi mes amis, mais quand même, on sait bien comment ils sont. On peut pas leur faire confiance. C’est culturel, chez eux : les oiseaux, ça vole, on le sait bien.

Un beau jour, ou était-ce une nuit

Sinon moi pour repérer, j’ai un truc : s’il fait jour, c’est que ce n’est pas la nuit.

Près d’un lac je m’étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part
Surgit un aigle noir.

C’est une très belle chanson, porteuse d’espoir et d’un message fort : méfiez-vous des oiseaux surgis du passé, n’acceptez pas leur demande d’amis Facebook ni de faire du nuage avec eux. Et puis arrêtez de vous endormir n’importe où, ça fait clodo.

31 Responses to “Hotel California”

  1. Leïleï says:

    Mais comment on sait si Guillaume Delatour qui nous invite sur facebook et avec qui on a 35 amis en communs, est un vrai gens ou un oiseau surgit du passé (et même sans yeux rubis c’est flippant) ??
    Faire du nuage c’est quand même cool, même Aladdin il fait pas ça.
    <3

  2. Nekkonezumi says:

    Est-ce que j’ose dire que c’est encore meilleur si on n’aime pas Barbara ? (je n’aime pas Barbara, rien que pour rire plus fort vous devriez essayer)

  3. des fraises says:

    ah là là, la “licence* du poète” permet de tout dire et à toi d’en faire un commentaire désopilant…
    “la narratrice n’est pas très observatrice”
    huhuhu

    licence IV –> http://www.youtube.com/watch?v=z1QeHwiBjhE

  4. mlle-cassis says:

    “C’est culturel, chez eux : les oiseaux, ça vole, on le sait bien.” *clap clap clap*

  5. Serge says:

    Le critique nous sort magistralement de la confusion en nous assénant son définitif “s’il fait jour, c’est que ce n’est pas la nuit”. Sa propension à la distribution de maximes impérissables le prédestine à devenir à terme parolier de Mylène Farmer, voire Barbara, en tout cas la moins morte des deux.

  6. gootsy says:

    je ne sais pas si c’est meilleur quand on n’aime pas Barbara, mais quand on l’adore, c’est vraiment très drôle! Ca me rappelle une planche de la rubrique-à-brac sur la même chanson (et à laquelle je pense à chaque fois que je l’entend, d’ailleurs)

  7. funambuline says:

    Sauf qu’en fait cette chanson parle d’attouchements sexuels qu’elle a subi enfant… pas très lol… ^^

  8. Océane says:

    Il y a des aigles à Genève ?

  9. raph says:

    funambuline : ouais mais si on sait de quoi ça parle, c’est trop facile.

  10. raph says:

    (et j’adore cette chanson, moins que Göttingen mais tout de même, et je préfère finalement me moquer de chansons que j’aime)

  11. TT02 says:

    Mais pourquoi ce titre ? Non dis pas, je vais trouver.

  12. Papillote says:

    et une chanson des Beatles alors ? McCartney et ses “silly love songs” ya de quoi faire. D’ailleurs en parlant de connerie, il se remarie sans faire de contrat de mariage, se faire plumer la dernière fois ne lui a pas servi de leçon (“How sweet to be an idiot” comme le parodie les Monty Python)

  13. Laure says:

    J’allais dire autre chose mais Papillote m’interpelle…
    QUOI PAUL SE REMARIE??!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    ET PAS AVEC MOI??!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Sinon concernant l’analyse de Raph: excellentissime! (Suis aussi fan du “C’est culturel, chez eux : les oiseaux, ça vole, on le sait bien.”)

    Si tu aimes les aigles, tu sais que tu peux en observer en direct ici:
    http://www.ustream.tv/decoraheagles#utm_campaigne=synclickback&source=http://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2011/04/en-direct-dun-nid-daigle-de-liow.html&medium=3064708
    Il y a quelque temps j’avais vu les petits et tout, c’était chou.
    (Par contre pour ceux de Genève tu sais ce que j’en pense…)

  14. raph says:

    Tu penses qu’ils terrasseraient à serres nues le premier dragon venu

  15. Laure says:

    Ah ah laisse-moi rire à gorge déployée (bien que je n’aie pas le c½ur à ça après ce que m’a fait Paul), d’un banal éternuement le dragon carbonise tous les aigles que tu veux.

  16. raph says:

    et pendant ce temps-là, les suisses allemands gagnent le championnat

  17. […] crise de rire (en ligne) de la semaine, je la dois à Bon Pour Ton Poil et ses célèbres explications de texte de chanson, et là avec L’Aigle Noir de Barbara, il a fait fort !! […]

  18. Emma says:

    je pense qu’elle a confondu avec un corbeau et qu’elle avait trop fumé…

  19. Doc Ronron says:

    J’aurais bien répliqué à la pique sur les Genevois, mais je sens que je vais mettre 25 ans à trouver quelque chose de drôle, ça doit être mon côté juras… ouais, non rien.

    Ceci dit, l’aigle c’est pour les identitaires. Si on continue sur la lancée d’hier il sera bientôt remplacé sur notre drapeau par un fixie rose fluo… \o/

  20. SaintLaz says:

    Ahhhh mais merci ! Parce que je comprenais pas, en fait, pourquoi elle disait “prit son vol pour regagner le ciel”. En fait, je croyais qu’il était blessé, qu’il allait prendre un vol à Roissy, pour Regagnés-Leciel, dans les Alpes.
    Punaise, heureusement que t’es là ! :)

  21. Le Gounjou says:

    Un aigle aux yeux de rubis, c’est un corbeau qui te dit “Freipass für alle ? Nein !”
    Elle a rien compris, cette Barbara (et puis, c’est qui, elle, d’abord ?).

    Merci, Raph, pour cette tranche de laule.

  22. M says:

    Il y a encore un an, vous faisiez les fascistes au sujet de l’affaire Polanski et là, et maintenant, vous tournez en dérision une chanson parlant d’inceste. Comme quoi, les effets de mode…

    (Correction)

  23. raph says:

    « Vous faisiez les fascistes au sujet de l’affaire Polanski » Là, il va falloir être plus spécifique : qui, « vous » ? Qu’est-ce que ça veut dire « faire les fascistes » ? Quels effets de mode ? Barbara est à la mode ?

  24. raph says:

    Aprè, ok, sur le fond. Je ne vois pas le rapport avec Polanski, mais passons (et avec le fascisme… ma foi, ce mot ne veut plus rien dire depuis longtemps à force d’être utilisé à toutes les sauces)
    Le but, ici, est de m’amuser à prendre au premier degré des paroles qui ne le sont pas. Ce que je fais depuis des années sur ce blog. Après, bien sûr, en relisant ce post, c’est vrai que si on ne part pas de ce postulat-là, il y a des passages assez maladroits. Mais les gens qui passent régulièrement sur ce blog comprennent probablement que le but n’est pas tellement de se moquer de l’inceste. Et ceux qui le découvrent savent forcément qu’il ne faut pas prendre tout ce qu’on lit sur internet trop au sérieux, surtout quand il y a des girafes sur le site.

  25. TT02 says:

    Il fait des trucs bizarres ton clavier. Dès que tu prends un accent grave il mouline du chapeau !

  26. raph says:

    Je profite que nous sommes fascistes pour réécrire mon commentaire gnahaha

  27. TT02 says:

    Tricheur !

  28. My name is Sue (how do you do?) says:

    Cher Raph, chef Rare
    Ce post me fait penser à une planche de Gotlib, où un éléphant rose tenait le rôle de l’aigle.
    Autant te dire que ça m’a drôlement perturbée.
    Voilà, j’ai partagé ce que j’avais à dire et peut continuer ma journée normalement.

  29. raph says:

    Je crois que je ne connais pas cette planche et ça me fait pleurer parce que Gotlib est un peu le mec qui me fait le plus rire au monde

  30. My name is Sue (how do you do?) says:

    Rubrique à brac, tome 5, p 38 et 39 “chanson d’aujourd’hui”
    :)