Roulette russe

Le truc dont la bien étrange loi universelle des trucs cool du moment oblige à parler actuellement, c’est chatroulette. Un site étrange et merveilleux, mais surtout étrange, où les dieux du hasard font que parfois, plusieurs personnes de suite décident de ne pas immédiatement te montrer qu’ils n’ont aucun trouble érectile, merci. Et où l’on fait de bien belles rencontres.

Sauf que moi, je ne vais pas te parler de Chatroulette, mais de l’expression « il n’y a pas de quoi fouetter un chat », ce qui est finalement un peu pareil, mais en même temps pas tellement*.

Or, cette expression est bizarre. Imaginons. Tu regardes du curling, Per Oløffsøn pose une magnifique pierre de garde juste devant la maison, obligeant ainsi Wikåsh Burdurrsson à tenter un backflip. C’est embêtant, certes, mais pas grave. Il n’y a donc pas de quoi fouetter un chat. Mais pourquoi diable est-ce que tu en viens à penser fouetter un chat alors que le brave animal tolère tes choix télévisuels désastreux avec une abnégation qui frise la sainteté ?
Ou alors, au contraire : Il t’arrive un truc. Grave, le truc. Tellement qu’il n’y a pas pas de quoi fouetter un chat, tu vois ? Tu as raté ton train et c’était le dernier avant la fin du monde, tu viens de te faire larguer par ton patron et renvoyer par ta copine la même semaine, on t’a offert un album de Pascal Obispo, bref, un truc qui pue. Je ne sais pas comment tu réagis, on se connaît pas si bien que ça, mais j’imagine que tu prends des mesures urgentes. Tu ne perds pas de temps à chercher un fouet et un chat et à te servir de l’un pour frapper sur l’autre, si ?

Cette expression est donc bizarre, ce que je te disais en préambule, tu aurais acquiescé, on aurait gagné un paragraphe.

Bref.

Nous sommes au Moyen-Âge, un mardi. Les rats pullulent, transmettant moult infections et force maladies. De nombreuses personnes se présentent aux administrations communales de par le monde, prétendant savoir comment les débarrasser de ce fléau mais, en général, c’est du pipeau. Certaines villes décident alors d’engager des chats pour éradiquer le nuisible rongeur. Mais à l’époque, le chat est considéré comme un animal démoniaque : on croit en effet qu’il est envoyé par le Malin pour tenter d’attirer l’Homme vers la Paresse, en se roulant sur les documents des scribes à domicile et en faisant ses 18 siestes par jour.

Une fois débarrassé des rats, il faut donc se débarrasser des chats et ainsi de suite. Or, en une bien étrange contrée aujourd’hui oubliée de tous, des adorateurs de la cause animale qui n’ont que ça à foutre décident de se doter d’avocats pour défendre les droits des bêtes. Il est désormais interdit de battre les chats, de se montrer inutilement inamical envers les ours bruns, ou d’inventer l’aspirateur qui pourrait nuire à la santé mentale des acariens. L’on est donc obligé d’avoir recours à des stratagèmes non-violents pour inciter la gent féline à aller voir ailleurs si l’herbe à chats est plus verte.

C’est là qu’un jeune godelureau décide de se lancer dans l’élevage industriel d’anchois. Il les dispose ensuite tout autour du territoire des villes, non sans leur faire force bisou et leur demander pardon pour ce qui va suivre, afin de ne pas indisposer les protecteurs des animaux. Par l’odeur alléchés, les chats quittent donc les faubourgs pour s’en aller refaire leur vie à la campagne. Mais le bourgmestre, tu sais comment ils sont, répond par la négative à la demande de subventionnement de l’ingénieux anchoyeur, en lui rétorquant que “Ouais, bon, mais ils nous embêtaient pas tant que ça, les chats, y a pas de quoi fêter l’anchois”

Mais pour des raisons que les linguistes peinent aujourd’hui à s’expliquer, fêter l’anchois est devenu fouetter l’anchois au fur des années.

* Je suis pourtant sûr que j’avais une transition quand j’ai brouillonné ce post dans ma tête.

16 Responses to “Roulette russe”

  1. funambuline says:

    Et “c’est du pipeau” ça vient du même mardi ?

  2. Nekkonezumi says:

    Et quand est-ce qu’on se demandera s’il y a de quoi chatter avec un fouet?

  3. luria says:

    Et bien Fouetterlanchois ca a de la gueule je trouve si on veut se lancer dans “Un site étrange et merveilleux, mais surtout étrange” pittoresque. Et du mardi.

  4. Algayani says:

    c’est pas très bon l’anchois dans la datte

  5. massiliafrog says:

    “ce qui est finalement un peu pareil, mais en même temps pas tellement*.”
    si tu es sage je te prète l’expression consacrée chez moi:
    “c’est un peu pareil mais en complètement différent”
    mais attention ya du copyright: K&So

  6. TT02 says:

    ben ouais quand tu dis c’est du pipeau tu veux dire que c’est moins vrai quand tout est faux, alors que pour d’autre c’est un instrument rock’n roll pour girafe charmée. “I like to move it”

  7. Ako says:

    Personnellement je n’ai jamais à chercher un chat et un fouet quand ça va mal car je me déplace toujours avec. Au cas où, notamment, je rate le dernier train avant la fin du monde. Genre. Bon dans ce cas précis en fait je pense qu’il faudrait fouetter plus qu’un chat pour rétablir l’équilibre. Du coup, si on y réfléchit bien, en cas de fin du monde les éleveurs de chats feraient fortune. Mais finalement, si on y réfléchit encore mieux, ça ne leur servirait à rien, vu que c’est la fin du monde. En fait tout ça pour dire que oui, c’est un expression bizarre et qu’en plus éleveur de chat est un métier stupide (je tiens à m’excuser auprès des éventuels éleveurs de chats qui passeraient par là). Tant qu’a faire autant élever des fouets, ils sont aimables, sérieux et tiennent chaud en hiver. Enfin c’est mon avis personnel à moi qui n’engage que moi.

  8. MinnieM says:

    une contrepèterie, en somme….

  9. Océane says:

    J’y suis allée, j’ai vue une ado, un vieux habillé, un zizi et 3 branleurs qui ricanait.

    Tu crois que j’ai joué de malchance ?

  10. Silvy says:

    Ils sont trop forts ces espagnols au curling!

  11. Nandou Guanaco says:

    Moi j’ aime bien l’ expression consensuelle, non, concensuelle, non, con tout court, qui dit “le changement dans la continuité”. Bon d’ accord, ce sont les hommes politiques qui l’ emploient le plus. Bref, de la pure connerie disais-je.
    Bon, c’ est l’ heure de tremper une langue de chat dans le café.
    Non Raphounet, je n’ étais pas morte, je respire encore. Bah, je ne respire pas les poils de chat car ils sont allergisants mais bon je respire ce que je peux. Merci.

  12. Nandou Guanaco says:

    Ah ben, j’ ai vérifié sur Gougueul, j’ ai bien écrit le premier consensuelle, chais pas pourquoi j’ ai hésité.

  13. monsieur prudhomme says:

    vu que fouetter signifie (aussi) sentir mauvais, fouetter l’anchois parait plus approprié que fouetter un chat.

  14. arpenteur says:

    Wikåsh Burdurrsson a malheureusement beaucoup perdu de son talent depuis sa traumatisante chute dans un tas de confettis agrégé au vomi lors du balayage final de la cantine après carnaval.
    Mais d’aucuns disent qu’il devrait se reprendre en deuxième manche, ne t’en fait pas…

  15. Shadok says:

    Moi, j’utilise plutôt l’expression « fumer un chat »*. Mais promis, la prochaine fois, j’essayerais d’ajouter un anchois !

    (*) Parce que quand un chat fume, c’est qu’il n’y a plus de liquide (bière, en général) dans le radiateur