Thierry Tulasne de Noël

Steven était un jeune homme sans soucis (enfin pratiquement sans soucis, mais c’est un joli conte pour illuminer la nuit de Noël, on va pas commencer à parler de trucs scabreux comme sa passion pour les Pokémon et son abonnement à Fripon Magazine). Jusqu’au jour où, alors qu’il visitait le Nocturama de Kerzers, il se fit mordre par un aï particulièrement malicieux.

Steven ne le savait pas, car il ne lisait pas la presse, mais l’animal avait été soumis à des radiations (nul n’ignore que Kerzers se trouve bien proche de Mühleberg). L’insouciant jeune homme constata, au fil des jours, qu’il développait d’étranges facultés paranormales.

Il était désormais capable de remettre n’importe quel travail au surlendemain avant de le boucler en quinze minutes, seize minutes avant l’échéance. Et, surtout, de passer des journées entières à ne rien faire. Il pouvait très bien survivre à une journée de dur labeur constituée uniquement de parties de solitaire. Voire même de démineur. Il était aussi capable de survivre dans un milieu hostile, où la vaisselle à faire remplissait une demi-douzaine de lavabos, où les factures à payer se seraient amoncelées en un tas d’une hauteur qui aurait donné des vertiges à Edmund Hillary si d’aventure Steven en avait fait un tas (de ses factures, il n’aurait eu aucune raison de faire un tas d’Edmund Hillary)(est-ce que ce ressort comique fait encore rire quelqu’un en 2009 ?)(moi j’aime bien)(mais je me renseigne). Il était, imperceptiblement, devenu Procrastinator, le super-héros préféré des flemmasses de tout poil. Procrastinator pouvait, de son rayon de la mort, télécharger n’importe quelle série en quelques secondes. Ses super-pouvoirs lui permettaient de ne jamais battre le record du moindre jeu en flash – et donc d’être obligé d’y rejouer.

Par contre, comme super-héros sauveur de l’humanité, il était moyen. Ce qui ne le gênait pas outre mesure, notez. Déjà, il n’avait pas de joli collant moulant pour qu’on ne le reconnaisse pas quand il était en mission secrète, vu qu’il n’avait jamais fini de le tricoter. Et puis chaque fois que l’alarme secrète de la CMMAA (Confrérie mondiale des mecs qui se sont fait mordre par un animal atomique) retentissait, il se disait que Spiderman, Batman, Yorkshireman ou un autre allait bien y aller, ils étaient plus près, plus expérimentés. C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’aucun film ne retrace ses passionnantes aventures, à part une trop méconnue oeuvre suédoise en noir et blanc qui dure 9 heures 30 et relate, en temps réel, les interrogations d’un homme qui hésite entre aller chercher du pain et zapper sur les 940 chaînes du câble, ça se termine sur un plan merveilleux où il regarde une telenovela béninoise mal doublée en russe.

Jusqu’au jour où un dictateur retors décida d’enfermer tous les super-héros à Guantanamo. Car Procrastinator était le seul homme vivant capable d’affronter les terribles tortures infligées là-bas, depuis le jour où, 72 heures de suite, il s’était dit “Bon dans 5 minutes je vais éteindre la radio, ou au moins zapper, Options Musique en parasité c’est pas possible… Tiens, c’est Dave ou Bryan Adams, ça ?”

Il sauva donc le monde. Mais plutôt dans une heure, quoi.

Bien sûr que c’est un conte de Noël. Après tout, le père Noël n’est-il pas le grand-père de Superman ?

14 Responses to “Thierry Tulasne de Noël”

  1. TT02 says:

    Merci il ne me restait que 2 minutes à ne rien faire. Tu viens de les combler.

  2. filou says:

    Pour le ressort comique, oui ca le fait encore. mais moins quand meme.

  3. M.Shadock says:

    On doit aussi à la volonté inflexible (de douche) de Procrastinator®, que les cadeaux de nouelle ne soient plus distribués le 24 au soir, mais le 25 au matin (enfin, si on émerge le matin)(sinon, c’est l’après-midi)(ou plus tard)(ou pas).

    Encore une victoire de Procrastinator® !

    Procrastinator®, le seul super-héro qui épuise les ressorts !

  4. Sébi says:

    Avec un tas d’Edmund Hillarant, le gag aurait peut-être été encore plus drôle.

  5. frog says:

    ceci est un conte de noël, toute ressemblance avec des personnes réelles est purement fortuite…

  6. loser says:

    Mon héros ! Procrastinator !

    Oui c’est encore drôle, mais peut être pas dans ce contexte, car qu’en a t il fait si ce n’est un tas ?

  7. yotsuya says:

    Tu sauras que grâce à tes super pouvoirs, BPTP m’arrive désormais en pseudo-japonais cryptonisé, pardon, crypté. Je dois deviner les blagues derrière les idéogrammes (gratifiant, certes, mais pas toujours facile). Traduction automatique dernière minute, t’es fort dis donc ! Ou alors c’est la gloire mondiale (mais bien méritée). J’ai un copain qui bosse sur l’inuit, dis-moi si c’est traduit, ça pourrait l’intéresser (du coup. Sinon non).

  8. arpenteur says:

    Je dois avouer que ton ressort comique fonctionne toujours aussi bien sur un esprit “différent” (fin de citation) tel que le mien. Il marche depuis longtemps, et marchera encore… Mais les gens aimant la marche sont de plus en plus rare, et le ressort comique force 12, c’est un peu comme le caviar, c’est tellement bon, que ça ne peut pas plaire à tout le monde….

  9. joseph says:

    quelqu’un pourrait il inventé les rires ajoutés sur papier ?

  10. Lorenzo says:

    Procrastinor est une tappette comparé à The Feignasse Masquée.

  11. Dianinette says:

    Le bradype n’était donc pas un brav’type … (pardon)

  12. M.Shadock says:

    On lui doit quand même « demain, on rase gratis », non ?

  13. Ah… et moi qui croyais que Procrastinator était une divinité antique…

  14. dragibus says:

    moi mon héros préféré c’est “super appelle les flics”

    pour mémoire

    http://jseb.fr/page18/files/page18-1004-pop.html