Par la bande

“Quand je suis arrivé en ville, je ne me suis douté de rien. Tout semblait très normal. Une petite bourgade comme il y en a tant, des pavillons, des rues tranquilles, des enfants qui jouent, des passants qui passent. Seul un bâtiment, au centre, jurait un peu: un immense bloc de béton, juché au sommet d’une colline. Le propriétaire de cette étrange bâtisse paraissait souffrir de cette schizophrénie qui ne peut affecter que les gens trop riches: il s’était fait construire un bunker ultra-sécurisé, mais ultra-voyant.

J’ai demandé à trois gosses où je pourrais casser la croûte et trouver un lit confortable dans ce patelin. Ils m’ont carrément proposé de m’héberger! “Notre oncle sera d’accord”, ils ont promis. Je les ai suivis. Ils avaient quelque chose d’étrange que je n’ai pas saisi sur le moment. Ma voiture avait choisi ce bled pour me lâcher, je devais être à Milwaukee dès le lendemain pour la convention internationale des coins qui ont un nom difficile à porter et Hrünge, ma onzième épouse, venait de m’annoncer par télex qu’elle souhaitait refaire sa vie avec le jardinier alors pour tout avouer, je n’avais pas le coeur à me méfier de trois mômes.

Même s’ils étaient pour le moins étranges. Triplés, habillés pareils à l’exception de leurs casquettes: une rouge, une verte et une bleue. Ils s’appelaient Richard, Fiodor et Lou Bega. Enfin, je suppose, ils ne m’ont donné que leurs surnoms. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, je n’ai jamais entendu personne les appeler autrement que par leur surnom. Ils avaient une manière surréaliste de se compléter, l’un commençait une phrase, l’autre la poursuivait, c’était à la fois fascinant et terriblement agaçant.

L’oncle, chez qui ils vivaient, était un type soupe au lait, mais plutôt sympa. Il était lui-même le neveu du type au bunker, un vieil avare paranoïaque obsédé par l’argent, pour qui il exerçait de temps en temps des petits boulots. C’était bizarre, quand même, cette ville où tout le monde était l’oncle de tout le monde. Pourquoi ces gens là n’avaient pas de parents? Je n’ai pas osé demander.

Mon logeur m’a un peu parlé de sa vie. Il assurait avoir vécu de nombreuses aventures incroyables auxquelles, d’ailleurs, je n’ai pas cru. Pourtant, je me suis pris d’affection pour ce type. Maladroit, malchanceux, il finissait toujours par retourner à la case chômage. Grognon, probablement mythomane, mais attachant. Détail amusant, son prénom ressemblait au nom de sa ville. Comme s’il en avait été le symbole. Tu l’imagines, ça, baptiser ta ville du nom de son pire loser ? Plutôt sympa, finalement.

Le type, je ne comprenais pas tout ce qu’il disait. Il avait une prononciation étrange, un peu comme s’il avait un bec. D’ailleurs, quand j’y repense, il avait un bec. ”

“Ah, ça, mon bon monsieur, les gens de Donaldville, ils sont bizarres. On les aime pas trop, chez nous. Bon, je peux plus rien pour votre voiture, mon bon monsieur. Il va falloir commander les pièces, vous pourrez pas repartir avant demain… Mais j’ai un ami qui pourrait vous héberger, vous n’avez rien contre les souris qui parlent?”

22 Responses to “Par la bande”

  1. Chick says:

    Attention à son ami, je crois qu’il a un chien plutôt dingo !

  2. Lorenzo says:

    tudududutudududu: vous etes bien entrés dans “la 4e dimension” …

  3. ulfablabla says:

    Oui, non seulement il a un chien chien mais il a aussi un chien ami.
    Incompréhensible, ces gens là…

  4. joseph says:

    mais comme c’est minnie tout ça , mais gaffe ils piquent sous la table mais leurs vêtements ne démarquent pas !

  5. luune says:

    Sinon dans le dernier “picsou géant” j’ai appris que le mot tubiniphile désignait les collectionneurs de radiateurs.Oui oui de radiateurs

  6. Gootsy says:

    voilà ce qui arrive quand on lit “picsou magazine” sous acide… ou en écoutant Radiohead… ah, la jeunesse, mais que voulez-vous, ma bonne dame…

  7. TT02 says:

    Je veux la suite tout de suite. Il manque Géo trouvetout.

  8. ladysaian says:

    Ha oui ben la moi je dis copiteur, non mais parce que bon y a quoi une semaine maxi suite à un billet cruciverbiste j’ai fais une blague avec le journal de Mickey et puis pouf voila que Donald debarque ! M’en fou maintenant je fais des copydroits et toc !

  9. Alix says:

    Quel c-onn-annard tu es Raph !
    J ‘ ai Riri ; tu es cui-cuit ?

    Bis Bald

  10. Absurdum says:

    Je constate que ça s’arrange !

    et ces petites boules bleues … etes vous bien sur cher ami d’avoir respecté la dose prescrite ?

  11. Nandou Guanaco says:

    Pour une fois que l’ univers de Mac Donald nous est décrit en conte, je vais finir par aimer les hamburguères les neuguettes et le ketcheup.
    Merci Raph, j’ ai adoooooooooré.

  12. M. Shadok says:

    Non ! Tout mais pas le ketcheupe, par pitié !

  13. arpenteur says:

    Brrr… comment ça fait trop peur.
    Je me réjouis de voir le film, ça va faire un carton au box-office.
    C’est sur. Et j’y emmenerai mes neveux, comme ça, on aura un prix de groupe.

    Excellent. Merci

  14. Tippie says:

    Tu m’fais marrer. :)
    Je ne sais pas ou tu trouves ton inspiration, mais c’est génial.

  15. Jacques says:

    M’en fous, d’abord ! parce que mon poil était déjà ach’ment bon avant.
    Merci, Meussieu Poil !

    P.S. : A propos de Picsou, je jure sur la tête de qui vous voulez que le caissier de ma banque (à Paris) s’appelle Christian Picsou. Il est charmant, mais je le surveille quand même…

  16. Hellsy says:

    On dirait le début d’un film d’épouvante,le gars qui tombe en panne dans une petite bourgade, il est coincé car les pièces n’arrivent jamais, il est hébergé au village…
    Les signes avant-coureurs de l’horreur se multiplient, les habitants sont trop avenants pour être honnêtes (Horace, Clarabelle, Popop).
    La prudence est de mise et tu aurais du regarder leurs mains (c’est toujours ce qu’il faut faire dans ces cas là, demande à David Vincent) : ils n’ont que 4 doigts planqués dans des gros gants.
    Minnie va se révéler être une fieffée salope. Elle va te faire du gringue avec ses trois cils surdimensionnés et puis rien. Enfin si, elle va t’embarquer dans ses jeux de rôles favoris avec les Rappetout, Miss Tic, et le fantôme noir.
    Un tuyau pour finir : Mickey habite à Mickeyville.

  17. Euh, je ne veux pas être téléportée à Loufok’land !

  18. tupeutla says:

    Du rififi chez Macdo…
    Bien vu l’artiste.

  19. makuramis says:

    Punaise, comment ça fait trop fliper cette histoire … J’imaginais les personnages cromeugnon de notre enfance style yuko le clown psychopathe de la tv. J’ai peur maintenant. Bravo.

  20. makuramis says:

    http://www.youtube.com/watch?v=POHLeHXGZsc
    alors heinn!!! ayé t’es traumatisé aussi maintenant hein ! ahhaaah!

  21. columbine says:

    c’est a eurodisney que l’armee t’a envoye faire ton service cette annee?

  22. OPA says:

    Et après on se rend compte que y’a des types qui ont poussé l’histoire plus loin: http://www.flickr.com/photos/matsgull/sets/72157602185120037/