Les aventures de Moritz, le panda géant nain

Au QG du FBI, c’était l’effervescence. “Faites péter les m&m’s bleus, les copains, on a réussi”, s’écria Bob, chef de la section informatique, espionnage et machine à café. Après des mois de travail, lui et ses hommes avaient terminé la programmation de PIFOO (Perfectly Integrated Fuckin’ Ordinateur Oh yeah), un ordinateur surpuissant qui leur permettrait de surveiller le réseau mondial de l’Internet, afin de déceler des activités terroristes, du téléchargement illégal, des tentatives de triche au démineur et autres activités illicites, mais aussi de commander des pizzas sur ebay.
En secret de ses hommes, Bob avait ajouté une petite fonctionnalité de son cru à la plus grande intelligence artificielle jamais concçue que même les Sims à côté ils passent pour des demeurés. Désormais, grâce à la complicité bienveillante de PIFOO, il pourrait, en temps réel, surveiller son voisin, Mike, et ainsi savoir si ses soupçons étaient fondés. Depuis des années, en effet, Bob était persuadé que Mike jouait du bugle en cachette.

***

Dans son vaste bureau silencieux de la banlieue nord de Seattle, Maurice peinait à se concentrer sur son travail. Il cliquait encore et encore sur la touche envoyer / recevoir. Il oscillait entre angoisse, colère et résignation.
Quand soudain, enfin, l’icône indiquant l’arrivée d’un nouveau message surgit comme un cavalier hors de la nuit.
Maurice rayonnait. C’était elle.
Fébrilement, il lut le message.
Très vite, la déception l’étreint comme un sifflet sur le quai de la gare.
“Maurice”, lui disait-elle en substance, “un sourire ne coûte rien et il donne tant de joie à celui qui le reçoit, envoie ce message à 8000 personnes et tu auras joie, bonheur et une deuxième part de nem”
Avant que de n’effacer l’importun courrier et de se jurer, mais un peu tard, qu’il allait définitivement arrêter de draguer sur le net pendant ses heures de bureau, Maurice se demanda, soudain, dans quels cerveaux malades germaient toutes ces blagues en pps et autres chaînes à renvoyer à tous tes amis sinon ton chat va mourir dans d’atroces souffrances lol bisou.

***

– Chef, je crois qu’il y a un petit problème avec PIFOO.
– Comment ça?
– Il ne se contente pas de surveiller, il génère du contenu… IL ENVOIE DES MAILS!
– Mais c’est impossible, voyons! Vous me copierez 100 fois “j’arrête d’importuner mon chef, le valeureux Bob, avec des contes à dormir debout”.

Mais très vite, Bob dut se résoudre à l’évidence. PIFOO semblait comme possédé par une intelligence facétieuse. Au lieu de s’atteler aux tâches pour lesquelles il avait été si minutieusement programmé, l’ordinateur générait des blagues idiotes. La solitude peut-elle rendre fou un ordinateur, se demanda Bob? Ou alors, est-ce que c’est un coup des Cubains et de leurs alliés Chinois? Ou alors aurait-on faire une erreur quelque part? Non, ça doit être les Chinois.

Puis il fit venir Sven dans son bureau.

– Je vous prie d’agréer le sentiment de toutes mes excuses, vous aviez raison, PIFOO est devenu cinglé…
– Allons, ce n’est rien, cela peut arriver à tout le monde, puis-je vous…

Mais Sven ne put jamais terminer sa phrase, éliminé qu’il avait été par Bob, parce qu’il en savait trop et, de toutes façons, il devait s’attendre à huit ans de malheur puisqu’il n’avait pas renvoyé le proverbe chinois qui porte la chance.

***

Dans son terrier, Fonfon le malicieux se frottait les pattes.
– Notre plan a marché à merveille, chef, les humains forwardent jour après jour nos blagues déplorables.
– Ahahaha cela fonctionne encore mieux que prévu!
– Mais j’ai pas bien compris à quoi ça servait.
– Moi non plus, mais bon, l’important dans tout ça, c’est qu’ils annoncent du beau pour la semaine prochaine.

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