Cela faisait trente-sept ans, depuis l’effondrement de la troisième union européenne, que la guerre avait éclaté. Au début, les gens allaient la voir le dimanche avec les enfants, mais tout le monde s’était lassé depuis longtemps. Surtout qu’à force d’alliances, de trahisons, de scissions, il devenait difficile de bien comprendre qui se battait contre qui. Et ça commençait à coûter cher.
“Il serait temps que cela cesse”, s’était dit un général d’état-major qui commençait à s’ennuyer sérieusement. A force que tous les pays consacrent plus de 100% à leur budget annuel à l’armement, toutes les écoles avaient fermé et il devait emmener ses onze enfants au travail tous les jours, et ils étaient un peu bruyants, surtout le petit dernier, dont il avait oublié le prénom. Mais il ne convoqua pas, comme tous ces prédécesseurs, une énième conférence internationale de paix.
Selon les vieilles légendes, il existait, au coeur de l’Europe, un petit pays, le seul à encore entretenir une armée sans drones, sans robots, sans chars télécommandés, mais avec des vrais soldats à l’ancienne. Jadis, ce pays avait été prospère, grâce à ses banques, ses montres, ses médicaments et son industrie de précision, puis les Chinois du Brésil et d’Indonésie avaient commencé à faire mieux, car ces gens là ne respectent rien. Quand la guerre avait éclaté, par souci de neutralité, le petit pays avait décidé de s’enfermer sous les montagnes. Depuis, tout le monde l’avait oublié mais l’industrie du médicament était encore très prospère.
Le général d’état-major se dit que vu qu’ils ne s’en servaient probablement pas, on pourrait aller demander aux ressortissants de ce petit pays de prêter leur armée trois semaines, le temps de régler le conflit de manière traditionnelle, et après je vous la rends, promis, et je nettoie tout bien.
Le petit pays refusa parce que si on fait une exception pour un, on doit en faire pour tous et après c’est l’engrenage, vous comprenez, mais est-ce que vous pourriez nous apporter un peu de fromage parce que les vaches dépérissent sous cette montagne.
Alors la guerre repartit pour 37 ans. Mais ce n’était plus pareil. Il n’y avait plus le feu sacré. “On pourrait juste débrancher tous nos drones et aller à la pèche?”, se demanda le général d’état-major, qui fut immédiatement licencié parce que faut quand même pas déconner, mais tout de même, le ver était dans la pêche.
Et c’est ainsi que finalement, l’Europe demanda son adhésion à la Suisse (qui refusa à 57,2%).
Bonjour, je voudrais adhérer à la Suisse moi aussi. Pouvez-organiser une votation le wee-end prochain ? Merci. Bisous.
Y avait-il encore des blogs bleus à cette époque ?
Houa ! Quelle pêche !
T’es sûr que c’est pas 72.5% ?
Encore une fois ya qu’en Suisse qui ya pas de trous. Partout ailleurs les gens seront plein de trous (de balles)