la vengeance est un plat qui se mange avec des saucisses

Nous sommes le 12 juin 1878, un mardi. La chaleur est suffocante. L’atmosphère est lourde de moiteur et du délicat parfum de la vanille sauvage qui imprègne les prés matinaux. Le soleil darde fièrement ses rayons jaunes comme un taxi new-yorkais, et cette description se prolonge d’autant plus inutilement que je ne sais pas vraiment où je veux en venir.

Armée de sa Remington, Laetitia Pathakkess est en sueur. Elle se dirige, d’un pas décidé, vers la machine à café de l’entreprise où elle pourra s’abreuver de quelque boisson caféinée. Sa septième de la journée. Depuis treize jours, elle essaie désespérément de taper le rapport intitulé “Entreprises et humour crétinesque” à la demande de son patron, un type chelou qui se balade avec des casques et qui aime les pythons. Il lui a commandé pour une réunion de gens qui font de l’entreprise, un genre de secte dont le gourou arrive à faire sortir des appareils téléphoniques de ses oreilles. Mais elle a de la peine à avancer, son chapitre “Nasdaq et tartes à la crème” lui posant moult problèmes.
Elle n’en est qu’à la page 12 quand, soudain, sans crier gare ni même arrêt de bus, sa Remington crève un pneu. Laetitia devient blême. Que va-t-il adviendre d’elle? Pourra-t-elle encore regarder en face celui que, tendrement, affectueusement, elle a coutume d’appeler “patron”? Et s’il la renvoie, pourra-t-elle décemment rentrer chez elle et expliquer à ses vingt-trois enfants que, désormais, elle ne pourra plus leur payer de glaces à la rhubarbe? Et le petit dernier, Adhémar-Raoul, devra-t-il cesser ses études de water-polo à cause d’une situation financière désormais lacunaire (“avant, j’écrivais financierre, mais désormais, lacunaire”)?

Vite, très vite, Laetitia doit trouver un subterfuge pour dérober à l’opprobre patronale, C’est alors qu’elle à l’idée avec un grand I mais un d plutôt moyen, faut pas déconner: avant que quiconque ne puisse réagir, elle lance cette phrase qui rentrera dans les annales: “C’est pas ma faute, patron, j’avais fini au moins 20 pages sur 20, mais malheureusement, il n’y a plus de PQ dans les toilettes des filles.”

Comments are closed.