The Bachelor

Grâce au service public, j’ai appris les pitchs des cinq romans les plus vendus entre août 2012 et août 2013. Dans La vérité sur les haricots verts de Joël Dicker, Demain, j’aimerais que tu m’attends quelque part, seras-tu là, de Placide Musso et Inferno, de David Ciccone, il y a un personnage professeur d’université. Dans cinquante nuances d’Earl Grey et le Sermon sur la chute de Rome, non, mais presque.

Du coup, j’ai revu mes projets de best-seller pour prendre en compte ces données. Je suis donc en train d’écrire l’histoire d’un trentenaire désabusé qui décide de tout plaquer pour enseigner le droit canon à Navarone. Ou alors un roman haletant dans lequel un jeune étudiant doit rallier Pérolles à Miséricorde en quinze minutes pour ne pas rater le début de son cours de méthodologie appliquée, mais en chemin des professeurs de théologie ninja essaient de l’arrêter alors il va boire une bière aux Grands Places. Ou bien encore une ½uvre touchante, dans laquelle une professeur de français dans une prestigieuse université française, passionnée par son travail, au détriment hélas de sa vie personnelle, apprend à ses étudiants les plus brillants à écrire leur prénom. Ou alors l’histoire de Kikinou, la chatte angora professeure de statistiques appliquées, qui danse la ronde de l’amitié avec tous ses amis, Pélican, le canard assistant en sociologie et Klaus, la loutre doctorante en théories de la communication sociale.

Puis je me suis souvenu de l’époque où, jeune et insouciant, j’usais mes culottes sur les bancs de l’Université (et ça a été difficile parce que bon, j’y allais encore moins souvent qu’un protagoniste moyen d’Hélène et les garçons) et de ce brillant cours d’Histoire, “le sud de la Moldavie entre juin 1917 et octobre 1917, évolution de la culture de betteraves fourragères”. Mais le professeur qui le donnait, un homme ô combien passionnant, portait une barbiche et des pulls, et je me suis dit que ça n’allait pas faire un très bon héros. Alors j’ai repensé à cette amusante anecdote à propos de mon professeur de droit des médias : il avait un bateau. Ça sera un best-seller très court, rep a sa Amélie Nothomb.

Puis je me suis demandé : Pourquoi les professeurs d’université fascinent-ils autant que les vampires ? Pourquoi assurent-ils aux auteurs qui les choisissent félicité et prospérité, alors qu’eux, pendant ce temps, continuent de donner des séminaires de macro-économie II (présence obligatoire) ? Pourquoi, dans toutes ces ½uvres majeures de la littérature moderne que sont les romans de Brown et Musso, les professeurs sont-ils si flamboyants, alors que dans la réalité, la chaire est triste, hélas ?

Je ne sais pas. Je n’ai aucune thèse. Sans doute à cause de la licence poétique.

5 Responses to “The Bachelor”

  1. PHD M. Grandjean says:

    Cet article manque de Moleskine.

  2. Morty says:

    Un vrai professeur se doit d’arborer une veste en tweed. De préférence un modèle avec coudes en cuir.

  3. Mme Oscar says:

    Pas mal cette histoire de droit canon à Navarone, tu pourrais même en faire un film si ça se trouve.

  4. Nekkonezumi says:

    Quoi, le Professeur Jones n’existe pas ????

  5. fonji says:

    Aaaaaaaaaaaaaah les Grands Places.
    Son herbe.
    Sa fontaine de Tingly.
    Ses bières.
    Ses bières vides qui traînent.
    Ses collégiens dreadeux qui jouent du djembé en fumant des trucs que tu ne toucherai pas même avec une combinaison ABC.
    Ses tox, un peu plus loin, représentant l’avenir des collégiens sus-cités.
    Ah lala.
    Ça ne me manque pas.
    Mais c’est pratique. Pour boire des bières.