50 tranches de brie

– Allo oui c’est Gunda, ta Community manager imaginaire.
– Ça faisait longtemps.
– Oui ben ça se voit. Il faut arrêter un peu avec la science-fiction. Le futur, c’est du passé. Le truc qui marche, de nos jours, c’est “50 shades of grey”.
– De Procol Harum ?
– Pfff… je vais pas tarder à aller bosser pour la concurrence.
– Non mais j’ai jamais compris ce que c’était, au juste, ce truc de 50 nuances de gris. Un nouveau magasin de peinture spécialisé dans les cieux broyards ?
– Mais enfin, il faut sortir, un peu… C’est le roman à succès du moment, c’est du mum porn.
– Du porno de maman ?
– Hé ben, t’as bien fait d’étudier les langues…
– C’est dégueu, un peu, non ?
– C’est la mode.
– Bon alors… J’essaie. Ursula sentit le désir affluer en elle comme des furets dans les champs. Mais elle devait d’abord aller chercher Gordon, son petit dernier, à son entraînement de tchouckball, avec le 4×4 qui était au garage, et laver le kimono de Burt, son labrador, qui avait une compétition de judo. Par ailleurs, son époux avait pas mal de repassage en retard et pas trop le temps pour la bagatelle et leur jeune amant Fiodor avait école demain.
– Tu salis tout ! Ça ne vend pas de rêve, ça. Déjà, tes héros, il faudrait qu’ils soient jeunes, riches et beaux.
– C’est pas un peu chiant ?
– C’est la mode.
– Petrouchka sentit le désir affluer en elle comme la marée après les vendanges. Ce qui était plutôt inconvenant, car elle était en train de boucler le dossier des saucisseries générales avant l’assemblée générale des actionnaires qui débutait dans 19 minutes.
– Mais tu le fais exprès ?
– Ben il faut bien du contexte.
– Mais on s’en fout du contexte, ce qu’il faut c’est du cul.
– Tu n’es pas romantique, Gunda.
– Je suis imaginaire, c’est pour ça.
– Tu sais que tu es sexy quand tu t’énerves ?
– Je suis imaginaire…
– Comme l’immense totalité de mes amantes entre 15 et 25 ans, et je peux te dire qu’elles ne rechignaient pas à la bagatelle.
– Je ne veux rien savoir. Arrête, maintenant, ou j’appelle la police.
– Mais enfin, Gunda, ne sens-tu pas le désir affluer en toi comme la neige au printemps ?
– Non.
– Oh.

7 Responses to “50 tranches de brie”

  1. Nekkonezumi says:

    C’était bon et chaud comme la Catalogne imaginaire en automne.

  2. mlle-cassis says:

    Oui. Oh oui. Encore!

  3. M.Shadok says:

    Tu fais dans l’érotique, maintenant ?

  4. NUT says:

    ah ah ah Procol Harum!

  5. Monsieur P says:

    Vraiment pas de quoi en faire un fromage …

  6. Dididoumdida says:

    Bravo pour les tags!

    J’ai parlé de ce chef d’oeuvre sur mon blog! J’ai adoré! (non, c’est pas vrai)

  7. Leïleï says:

    <3